Alors que je suis en train d'attendre mon tour a la caisse du supermarché, mon regard est attiré par le portant des magazines. Habituellement, je ne prête jamais attention à ce genre de presse people qui ne déblatère que des mensonges pour ce faire de l'argent. Mais aujourd'hui je reste sans voix lorsque je finis par réaliser que c'est bel et bien la photo de mon colocataire qui se retrouve en première page. Non pas pour se répandre en éloge sur ses dernières prestations, mais plutôt pour l'accuser d'utiliser de la drogue. J'en lâche mon panier afin d'attraper un exemplaire. Le titre est affreux, l'article est encore pire. Clément a été pris en photo dans une position assez compromettante. Je ne veux pas y croire, mais les images sont assez parlantes. Je n'en reviens pas. Ce n'est pas possible. Clément ne ferait jamais une connerie pareille. Tu parles Elora, tu as fait la même chose il y a quelques semaines. Je secoue la tête pour ne pas penser à mes propres actions, mais plutôt à la répercussion que cet article va avoir sur la vie de mon ami. Je ne réfléchis pas lorsque le torchon se retrouve sur le tapis roulant avec le reste de mes articles.

Lorsque je rentre à la maison, je prends le temps de ranger les courses avant de retrouver Clément allonger sur le canapé. Il a l’air fatigué, un peu ailleurs aussi. Il est en tee-shirt et je ne peux m’empêcher d’observer le creux de ses bras. Non quand même Elora… Il en viendrait pas à ce point. Je secoue la tête et me râcle la gorge afin d’attirer un peu son attention. Est-ce qu’il est au courant ? J’en doute. Comment je vais bien pouvoir lui dire ça. « J’ai vu un truc pendant que je faisais les courses. » Il faut croire que j’ai toute son attention désormais. Il suffit de faire le plongeon maintenant. Je tire mon sac en toile vers moi et en sors l’exemplaire du magazine pour le tendre à Clément. « Tu es en première page. » Je suis désolée. « C’est… Enfin c’est pas très bon. » Je fais de mon mieux pour ne pas enclencher le mode maman tout de suite. Je me retiens et analyse le moindre de ses mouvements. Qu’est-ce qui t’arrive Clément ?

Cet après midi c'est la grande heure. Celle où je vais jouer ma relation avec Loan. Si après notre discussion, où je lui annoncerais que je reprend mon rôle dès la prochaine représentation, nous sommes encore ensemble alors nous tenons quelque chose de solide et nous pourrons affronter tout le reste de notre vie. J'avoue n'avoir absolument aucune idée de comment il va réagir. Va-t-il m'en vouloir ? Va-t-il me crier dessus, me dire qu'il mérite le rôle autant que moi ? J'ai déjà mes contre arguments, je sais ce que je lui répondrais dans ce cas là. Mais peut-être viendra-t-il avec des arguments dont je n'avais aucune idée et me prendra-t-il de cours ? Je n'en sais sincèrement rien.

Allongé sur le canapé, bras gauche sous la tête et main droite reposant sur mon ventre, je me demande depuis combien de temps je contemple le plafond. Sans doute que ça fait assez longtemps pour que je me dise qu'on devrait y mettre un coup de peinture tant qu'il y a des imperfections. J'avoue être tellement obnubilé par le blanc hypnotisant que je ne remarque le retour d'Elora seulement lorsque sa tête arrive dans mon champ de vision. Je cligne quelque fois des yeux puis fronce les sourcils lorsque, sans un bonjour, elle me dit avoir vu un truc en faisant des courses. L'interrogeant du regard, je me redresse et attrape le magasine qu'elle me tend.

J'allais éclater de rire en voyant un magasine people, persuadé pendant quelques instants qu'elle se mettait dans cet état parce que Joe Jonas avait divorcé, mais mon rire n'a même pas le temps d'atteindre la base de mes cordes vocales alors que ma respiration, elle, se bloque dans ma gorge tandis que mon cœur s'accélère subitement.  « que ...» c'est le seul son qui sort de ma bouche alors que je me redresse d'avantage et que j'ouvre le magasine, le feuilletant jusqu'à tomber sur l'article en question.

Alors que mes yeux parcourent les écris, je suis persuadé que mon visage perd ses couleurs tout à coup et je déglutis avant de prendre une petite inspiration et afficher un faux sourire  «C'est pas moi » Y en a sûrement plus d'un ici, en Australie, qui possède un hoodie des all black, non ? Et qui a les cheveux court et brun, comme moi. De même qu'il n'est pas rare de voir des pantalon bordeaux dans la rue. Cet accoutrement, agrémenté de converse noires, est plutôt banal, non ? Dites moi que c'est le cas. Dites moi que … c'est moi. La photo suivante anéantie tous les doutes qu'on aurait encore put avoir  « Tu ...tu l'as trouvé où ?» demandais-je en refermant le magasine, le regard fixé sur cette photo de moi entrain de rire à gorge déployée, le regard vitreux et un joint dans la main gauche.

@Elora Dawson

Habituellement, je suis toujours la première à lancer un bonjour lorsque je rentre à l’appartement. Surtout lorsque je sais que Clément ou Sybille sont là. Je les énerve des fois avec mes manières de petite maman, mais que c’est devenu une petite routine pour nous. Pourtant aujourd’hui, je ne dis rien. Perdue dans mes pensées, je me dirige directement vers la cuisine et aperçois la silhouette de Clément sur le canapé. Il va falloir que je lui parle de cet article. Je ne voudrais pas qu’il l’apprenne au travers des réseaux sociaux. Peut-être qu’il le sait déjà et qu’il n’a rien dit. Je me décale et l’observe toujours allonger sur le sofa. Il a l’air complètement ailleurs et je dois dire que ça commence à m’inquiéter. Et pourtant, je prends le temps de tout ranger dans le frigo et les placards. Je cherche à gagner du temps avant de le rejoindre dans le salon.

Je ne sais comment aborder le sujet. Je crois qu’il n’y a pas de bonne ou mauvaise manière de lui montrer ce torchon. Alors, j’y vais d’un seul coup. Comme on retire un pansement pour éviter la douleur. Il se redresse subitement Clément. Son visage perd ses couleurs, il bégaye. Promets-moi que tout va bien, Clément… Je voudrais lui dire tellement de choses, mais je me contente de venir m’asseoir à côté de lui. Je lui laisse tout le temps dont il a besoin. Il feuillette les pages, ralentit avant d’arriver à ce fameux article. De suite, il affirme que ce n’est pas lui et je voudrais tellement le croire. Mais cet article, je l’ai observé sous toutes les coutures. La dernière photo… C’est forcément lui. « Clément… » Je ne sais quoi lui dire d’autres. Je voudrais qu’il me fasse confiance. J’aimerais lui dire que je serais toujours là pour lui, mais j’ai peur qu’il ne s’énerve. Ce n’est pas le moment de créer une dispute, je crois.

Il est déstabilisé et lentement, je viens poser ma main sur son avant-bras. « C’était sur le stand de magazine au supermarché. » Et je te jure que je regarde jamais ce genre de merde habituellement. « C’était tout devant. » Et je te promets que j’ai caché les autres exemplaires tout derrière. Si j’avais eu les sous, j’aurais tout acheté pour que personne ne le voit. « Tu… Tu veux en parler ? » J’espère qu’il dira oui. Sinon je laisserai couler, juste un temps.

Si je ne me sentais pas déjà assez misérable par rapport à ma discussion de cette après midi, je le suis maintenant totalement face à ces photos et cet article. Ces mots qui résonnent dans ma tête, me crèvent le cœur et déchirent mes entrailles, ceux-là même qui sont tant criant de vérité et qui, je le sais, me suivront encore longtemps. Dans le fond, je savais qu'un jour ou l'autre ça allait arriver, qu'avec la notoriété qui arrive, ne viennent pas seulement les bonnes choses et qu'à un moment donner de ma carrière je devrais faire face aux critiques et aux paparazzi qui me feront la misère. Mais jamais je ne pensais que ça arriverait si tôt, jamais je n'imaginais devoir faire face à ce genre de ragots alors que ma carrière commence tout juste à se lancer.

Fermant brusquement le magasine, je fini par le jeter plus loin sur le canapé, l'observant comme on observe une veuve noire tout en espérant que celle-ci ne viendra pas nous attaquer. Je ne bouge plus, je reste figé sur place alors que mon cerveau semble comme engourdit. C'est, finalement, Elora qui me sort de ma torpeur. S'installant en face de moi, mettant la Veuve noire plus loin et hors de ma vue, elle pose sa main sur mon bras et m'explique avoir vu ça dans le stand de magasine du super marché.

Puis, après un silence, elle me demande de parler et de lui expliquer les origines de cet articles.  « Je ...» je retire doucement mon bras et me passe une main sur le visage  «C'était juste une fête » juste... ?  « Il y a 5 jours ...tu sais, la fête à laquelle je suis allé après la répétition et de laquelle je ne suis revenue que le lendemain soir ?» je pince les lèvres  «Je ne sais pas ce qui s'est passé, j'ai un total black out. La dernière chose dont je me rappelle c'est d'avoir prit un cachet avant que mon père ne vienne me chercher pour me sortir de là par la force » la légère ecchymose que la baffe de mon père a laissé sur ma joue en est le résultat  « Je ne sais pas ce que j'ai prit ni combien j'ai bu. Je sais juste que ...ma consommation de cannabis est devenue de plus en plus incontrôlée ces derniers temps et j'ai absolument aucune idée pourquoi...» je prend une profonde inspiration puis pince les lèvres  « J'aurais dû faire plus attention putain ...c'est pas bon ça. Pas bon du tout» se faire prendre de cette façon au tout début de sa carrière, c'est quelque chose qui risque de tout mettre à mal d'un coup.

@Elora Dawson

J’aurais préféré ne jamais avoir lui montrer ce genre d’article. Il ne mérite pas de voir sa tête étalée en première page des magazines. Pas alors qu’il n’a jamais rien fait de mal et qu’il reprend enfin sa carrière en main. J’aurais pu lui cacher tout cela, mais il aurait fini par l’apprendre autrement et je m’en serais voulu pour le reste de ma vie d’avoir su avant lui sans rien partager. Et il m’en aurait probablement voulu pour toujours également. Alors, je lui tends le torchon que j’ai entre les mains et j’attends que les choses explosent. Si Clément sait très souvent contrôler ses émotions, aujourd’hui, j’ai l’impression de lire en lui comme un livre ouvert. Plus il tourne les pages, plus il blêmit et je me retiens de le prendre dans mes bras immédiatement. Il a besoin d’espace et de digérer cela à son rythme. Je reste en arrière, prête à récupérer les morceaux.

Il me fait sursauter lorsqu’en quelques secondes, il jette brusquement le journal. Il ne bouge plus et je commence vraiment à trop m’inquiéter pour rester sagement silencieuse. Je ne veux pas le presser, je le questionne à peine. S’il me dit ne jamais vouloir parler de tout cela, je le laisserai tranquille. J’ai appris de mes erreurs au fil du temps et Clément a toujours besoin que l’on avance à son rythme. Et d’un coup, il commence à raconter. La soirée qu’il a faite il y a de cela une semaine, je me souviens, on c’était un peu inquiété avec Sybille de pas le voir rentrer le lendemain. Je hoche la tête et le laisse continuer à vider son sac. Il me parle de pilule et de consommation de cannabis et je me mords la lèvre. Je ne parlerais pas de mon expérience avec Jet, de l’euphorie que j’ai ressentie après qu’il m’ai donné un peu d’ecstasy et le fait que j’ai cruellement envie de recommencer. On ne parle pas de moi. Il faut gérer Clément pour le moment. « Ça te manque ? » que je demande un peu maladroitement. « Je veux dire… Tu penses que tu pourrais t’en passer ? » Si la réponse est non, il va falloir s’inquiéter un peu. Et pourtant, je suis personne pour lui donner des leçons de morale vu le chemin que je prends. Je regarde à nouveau le magazine au loin avant que mon regard se pose sur Clément. « Dans le fond, c’est… Enfin là sur le papier, c’est juste une soirée. » Ça ne veut pas dire qu’il le fait constamment. Il a passé une soirée un peu sauvage et alors ? Ça arrive à tous les jeunes de son âge après tout. « T’as pris un peu de cannabis d’accord, mais… ça fait pas de toi un junkie incapable de monter sur scène. » Je souris un peu. « Juste un jeune un peu rock’n’roll ? » Je tente de le rassurer sans vraiment savoir si ce que je dis fonctionne complètement.

Idiot. Je suis un sombre idiot qui ne sait pas comment gérer les choses et qui, surtout, s'oublie et ne sait pas se faire plus discret. Pourquoi a-t-il fallut que j'aille à cette fête ? Et surtout pourquoi a-t-il fallut que je me montre ainsi ouvertement ? Sur le coup, je ne trouve la faute que chez moi et je ne pense pas une seule fois que les véritables coupables sont ces putain de photographes sournois qui se font du fric sur le dos des autres parce que les gens aiment beaucoup trop les potins. Ils font tout pour gâcher la vie et la carrière de quelqu'un, ils s'en prennent à tout le monde, chaque célébrité, qu'elle soit déjà en haut de l'affiche ou qu'elle ne commence qu'à monter se fait chopper. Ils auraient au moins pu attendre que j'ai quelques années de carrières derrière moi au lieu de tout gâcher dès le début.

Brusquement, je jette le magasine comme si l'avoir loin de moi allait régler tout ça d'un coup avant de commencer mes explications. J'avoue ainsi à Elora tout ce qui se passe dans ma vie. Et elle, sa question c'est si ça me manque ? Je pose un regard d'incompréhension sur elle puis fronce les sourcils  «Non » dis-je sans hésité  « ça me manque pas du tout. Et j'ai pas envie de recommencer» quelle question ? S'entend-t-elle simplement parler ? Je baisse le regard et pince légèrement les lèvres alors qu'elle reprend que ce n'est qu'une soirée  «Ouais mais une soirée peut avoir des conséquences désastreuses sur une carrière d'une personnalité publique » je secoue la tête  « Et je t'ai dis, je n'ai, là, pas QUE prit du cannabis, je ...» je pousse un lourd soupire puis secoue la tête me passe une main sur le visage  « si seulement Charles me verrait aussi comme un 'un jeune un peu rock'n'roll'» reprenais-je ses paroles en mimant les guillemets.

 «bon. » essayais-je de rationaliser  « Évidemment que tout le monde va voir ce magasine et ces articles» je prend une profonde inspiration puis relève mon regard sur Elora  «A ton avis, qu'est-ce que je dois faire ? Prendre les devants ? En parler directement avec Charles et les autres concerné ? Ou plutôt laisser couler en mode 'ni vu ni connu' ?» je me passe une main sur mon épaule  «Évidemment que je vais éviter les fêtes maintenant et ... » je pince les lèvres  «faudrait que je demande à mon père s'il connaît les paparazzi. Peut-être qu'on peut faire un truc contre eux ... » sauf que, ben mon père ne me parle plus. Ça va donc être assez compliqué

@Elora Dawson

Il n’aime pas la question que je lui pose, Clément, je le vois dans son regard, à l’expression de son visage. Pourtant, pour moi, cela semble si important. Sa réponse fera tout pencher dans la balance. Soit il est en manque et il aura besoin d’aide, soit il n’a fait cela que de manière occasionnelle et il va pouvoir s’en sortir après cette douche froide qu’à provoquer l’article. Il m’assure ne ressentir aucune dépendance et je soupire de soulagement. J’avais peur pour lui, peur qu’il soit tomber dans une spirale infernale. Il insiste sur les faits Clément, me rappelle que ce soir-là, il n’a pas seulement fumé du cannabis. C’est toujours pareil lorsque quelque chose ne va pas pour lui, il refuse d’entendre le positif, il refuse de voir, ne serait-ce qu’une lueur d’espoir. Mais je ne sais pas faire comme cela, moi. J’ai besoin de penser à cette fin positive. Je suis comme ça, que cela lui plaise ou non d’ailleurs. « Je sais Clément. » que je tente de raisonner calmement. « Je voulais simplement te rassurer. » que j’assure en baissant la tête. S’il prenait deux minutes pour penser a toutes ces stars qui ont probablement fait mille fois pire, mais qui sont toujours sur le devant de la scène aujourd’hui. « L’important, c’est que tu ne comptes pas recommencer, les gens entendront cela. Surtout Charles. » Il en parle très souvent Clément, de ce metteur en scène et ils semblent avoir une relation bien plus fusionnelle qu’une simple relation professionnelle.

Il inspire enfin Clément et soudainement son discours change quelque peu. Il se pose les bonnes questions et je le laisse cheminer dans ses pensées et ses paroles. Je prends le temps d’inspirer avant de lui répondre en espérant ne pas le vexer une nouvelle fois. « Je pense que tu devrais lui en parler de toi-même. » C’est bien connu que l’on préfère apprendre quelque chose de la bouche de la personne concernée, plutôt que par le biais d’un tier. « A sa place, j’apprécierais ton honnêteté. » que je lui affirme un peu plus calmement. Et déjà, Clément est en train de ressortir la tête de l’eau. Il envisage le damage control et j’ai soudainement une idée. « Je travaille dans un cabinet d’avocat, tu sais. » Et je suis persuadé qu’un des collègues de Milena, à déjà gérer ce genre de choses. « Je peux leur demander des conseils, pour protéger ta notoriété. » Mon regard se pose sur le magazine jeté dans un coin. « Il y a peut-être un moyen de les attaquer pour diffamation. Tu sais les avocats savent tordre la vérité. » Peut-être qu’il acceptera ma main tendue cette fois.