Quand on venait vous dire que la guerre arrivait, vous pensiez directement à la grosse artillerie et à toutes les choses qui s'y apparentaient. Vous pensiez à faire des provisions pour les prochaines semaines et encore plus au cas où quelque-chose de plus graves choses venaient à arriver - Ezra, pour dire vrai, n’avait pas trop compris pourquoi toutes ces personnes venaient au magasin pour prendre autant de papier toilette. Lui, était venu faire les courses pour simplement pouvoir avoir de quoi grignoter, ici et là, pendant les prochains jours qui allaient se dérouler. Il souhaitait surtout ne pas paraitre idiot devant Cora. Après plusieurs discussions par messages, après avoir pesé le pour et le contre, il savait que c’était la bonne solution. Il ne désirait pas passer les quarante-cinq prochains jours seul, il ne savait pas faire. Il aurait eu de quoi s’occuper, sans se poser la moindre question - après tout, le boulot lui promettait de bien l’occuper pendant les prochaines jours voire même les prochaines semaines; le nombre de dossier en attente avait de quoi faire peur. Mais l’idée de se faire livrer des pizza seul, il ne l’aimait pas. L’idée de regarder ses films préférés seul, il ne l’aimait pas non plus. Il avait beau prétendre être tout ce que vous voulez, il faisait partie des gens qui n’aimaient pas rester seul. Le premier nom auquel il avait pensé lorsqu’il avait compris que le confinement était proche, c’était Cora. C’était peut-être idiot et tellement simple à la fois, mais Cora lui était apparue comme par magie devant lui. C’était si simple si pur - qu’il avait été jusqu’à lui proposer de ne pas être seule pendant les temps qu’ils étaient prêts à affronter. Il ne désirait pas la savoir seule, à dire vrai. Il préférait savoir qu’elle serait à ses côtés. Alors, il avait pris son téléphone pour envoyer un message à la dite jeune femme. Un simple the quarantine sucks - but it will sucks less if you’re with me devrait suffire. Il l’espérait fortement, vraiment. Ce message pouvait changer la perspective des quarante-cinq prochains jours. Ezra espérait que ça changerait ce qui allait se dérouler pendant les quarante-cinq prochains jours.

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La nouvelle était tombée brusquement sur ses épaules, lui laissant un sacré goût amer au travers de la gorge. Son premier réflexe avait été d’appeler Bryn et de vérifier où celle-ci était,  si rien ne manquait autour d’elle et si elle se sentait d’être privée de la plage pendant les semaines à venir. Après plusieurs minutes d’appel approchant de l’heure, elle s’était laissée aller à son second réflexe : celui de regarder le plafond et de se perdre dans ses pensées en remuant combien elle n’est pas enchantée à l’idée d’être enfermée seule pendant des semaines et surtout, pile au moment où elle retrouve de nouveau la joie de sortir et la liberté de le faire sans que personne ne se soucie de ses histoires. L’eau avait coulé sous les ponts et Cora est désormais libre que de vivre comme n’importe qui. Même si les mois précédents passés à rester confiner étaient de son plein gré, de se voir forcée de l’être désormais ne provoque pas le même engouement et ajoute surtout plus d’appréhension chez la jeune femme que n’en retire. Ce qui l’inquiète grandement alors qu’elle ne sait pas comment se portera sa santé mentale à la fin. Elle qui prenait à nouveau goût à la vie, de se voir stoppée dans son élan. C’est rude. Puis la rédemption apparait, sous la forme d’une notification dont le nom de l’auteur provoque un sourire sur le visage de la jeune femme. Un mois de confinement, c’était aussi un mois sans Ezra et ça, cela doit être le plus dur à envisager alors qu’elle avait pris l’habitude de sa présence. the quarantine sucks - but it will sucks less if you’re with me du bout des doigts, elle effleure l’écran avec le message, ne sachant pas quoi répondre. Est-ce que c’est bien une invitation ? Elle a envie d’y croire et pour une fois, elle ne se démonte pas et répond automatiquement. « Est-ce que ça veut dite que je suis qualifiée pour être ta colocataire ces prochaines semaines ? »

Quelques années plus tôt, l’idée de prendre les devants ne l’aurait en rien dérangé. Il n’aurait hésité un instant avant de proposer à Cora de venir emménager temporairement chez lui, afin d’être sûr que tout se déroule pour le mieux pour les deux. Avant, il en aurait même ri un peu, aurait même profité pour taquiner la jeune femme sur l’idée d’agir comme un semblant de couple, un duo bien huilé, sur les prochaines semaines. Mais ces temps là étaient révolus depuis longtemps et ce fut avec le coeur battant à cent à l’heure qu’il avait enfin proposé son idée à la jeune femme. Car dernièrement, il devait avouer que la perspective des choses était en train de changer. Il essayait de ne pas se trouver idiot en pensant ça, mais les discussions avec Cora s’étaient plus longues, plus régulières - et il devait avouer qu’un fin sourire venait régulièrement fendre son visage si le prénom de la demoiselle venait à apparaître sur son écran. Ezra n’était plus habitué à tout ça, il avait l’impression d’être un enfant de quinze ans de nouveau. Les événements des dernières années ne lui avaient plus réellement donné le goût de tout ça, de l’aventure et de l’imprévisible. Maintenant que Noah était sain et sauf, que sa vie promettait d’être longue et bien remplie, qu’il avait tourné les différentes pages un peu difficiles qu’il avait écrites avec Ginny, de nouveaux horizons s’offraient à lui. Alors, bien sûr que ce fin sourire apparut lorsque la réponse de Cora vint s’afficher sur son écran. Est-ce que ça veut dite que je suis qualifiée pour être ta colocataire ces prochaines semaines ? Les doigts du jeune homme ne se firent pas prier pour répondre dans la foulée. Si tu n’as pas d’autres plans, ma porte est ouverte. Ne pas paraître trop insistant, ne pas paraitre non plus désespéré. L’idée de passer les prochaines semaines aux côtés de Cora lui paraissait douce, mais elle avait peut-être d’autres plans en tête, mis en place, d’autres prévisions pour les temps qui s’avançaient. Il était hors de question qu’elle compromette tout ça si la machine était lancée pour d’autres projets. Il prendrait son mal en patience et abuserait des blagues nulles par messages interposés - il savait y faire, en vrai, il avait eu tout l’entrainement du monde depuis qu’il était né. Mais pouvoir lui faire les blagues de vive voix paraissait plus tentant - et le voilà à scruter l’écran de façon un peu trop insistante, jouant distraitement avec son briquet d’une main, se retenant de ne pas allumer de suite la première clope d’une longue série, il le savait d’avance.

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Il s’écoule un instant de silence complet qui semble durer plus que les quelques secondes qui défilent en réalité. Et si elle l’avait mal interprété ? Et si c’était hyper présomptueux de sa part que de penser qu’il proposait de passer effectivement les semaines suivantes ensemble ? Est-ce qu’il n’était pas juste en train de dire que ce sera chiant de ne pas se voir mais sans penser réellement à faire en sorte de se voir tous les jours ? Cela faisait bien longtemps que Cora avait arrêté de se poser ce genre de question et d’essayer de pénétrer l’esprit masculin pour y découvrir le sous texte de chaque chose. Elle était déjà nulle à ce jeu mais sa carrière et son emploi du temps de ministre, suivi du deuil de son fils ont eu raison du peu de capacité qu’elle aurait pu avoir dans un domaine sentimental. Pourtant, c’était bien là qu’elle se trouvait depuis un moment, à guetter chaque texto, à réfléchir à chacune de ses réponses comme si elle misait sa vie à chaque message et à se languir des cafés et autres promenades qu’elle et Ezra prévoient à leur planning quand le temps semble le leur permettre. Si tu n’as pas d’autres plans, ma porte est ouverte. La réponse ne tarde pas et avec elle, le rose monte aux joues de la starlette qui s’empresse de se lever de son canapé pour rester bêtement debout devant un message qu’elle relit plusieurs fois pour le saisir. « Tu acceptes mes chats ? » ajoute t-elle rapidement en observant les deux bêtes qui, si elles peuvent rester seules deux-trois jours ne tiendront pas aussi longtemps. « Je ne voudrais pas te les imposer, mais j’ai très envie de venir, ça me fout le bourdon de rester seule aussi longtemps. »

Et même si elle vint répondre dans l’instant juste après celui où il avait appuyé sur envoyer, et même si l’attente n’était en réalité pas si longue - il avait déjà la cigarette glissée délicatement entre ses lèvres, la flamme venant consommer le bout à l’extrémité. A quel moment il avait pu juger qu’envoyer un message à Cora, et ce dernier pour s’assurer que tout irait bien pour elle, était-ce devenu une situation nécessitant une cigarette ? C’était ce que les personnes normales faisaient avec leurs proches. Elles les appelaient, prenaient des nouvelles lorsqu’une situation qui échappait à l’ordinaire venait à se présenter. Rien d’extraordinaire là-dedans. Mais il aurait également simplement pu lui demander si tout allait bien de son côté, et si elle n’avait besoin de rien. Il aurait pu simplement s’assurer qu’elle pouvait prendre soin de ses proches et de leurs nouvelles, et laisser tout le reste de côté. Faire comme si de rien n’était lorsque son coeur approchait la chamade lorsque son nom s’affichait de nouveau sur l’écran. Il vint prendre une inspiration, et une deuxième à même la cigarette. Ce n’était pas normal d’en arriver à réagir de la sorte. Alors, bien sur qu’il vint regarder la réponse de la jeune femme. Tu acceptes mes chats ? Je ne voudrais pas te les imposer, mais j’ai très envie de venir, ça me fout le bourdon de rester seule aussi longtemps. Alors bien sûr qu’un sourire attendri fendit son visage. Mais il se donna un instant de plus avant de répondre précipitamment. Il vint finir sa cigarette, avant de rentrer dans l’appartement - qui, avec un coup d’oeil, avait clairement besoin d’attention et de rangement. Ezra aurait pu passer les quelques prochaines semaines seul, il avait vécu seul presque toute sa vie après tout. Il savait y faire, et même si son garage allait se retrouver fermer, il se devait d’être tout de même réactif pour les dépannage d’urgence. Il ne désirait pas retrouver sa boite sous l’eau en sortie de cette quarantaine ou qu’importe comment c’était appelé. Mais son appartement avait d’abord besoin de rangement pour lorsque que Cora arriverait - parce-qu’il venait de lui répondre Du moment que tu mets la litière sur le balcon !; comme un oui et définitivement une invitation. Avec un beau sourire idiot en prime collé sur le visage. Ressaisis toi dude, et regarde le bordel dans ton deux pièces.

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Instinctivement, elle fait déjà la liste de toutes les choses qu’elle va avoir besoin d’emmener avec elle, de la valise de vêtement à son ordinateur et autres documents pour pouvoir continuer à travailler de chez elle. Ça a beau s’agiter là-dedans, elle ne bouge toujours pas de son emplacement tant que le feu vert n’a pas été donné par un Ezra qui, elle l’espère, ne doit pas être allergique aux chats. Elle sent son estomac se tordre comme s’il était réellement possible qu’il se ravise et lui souhaite un bon mois de quarantaine, comme si c’était encore possible que cet échange en reste là alors que tout spectateur aurait déjà saisi les tenants et aboutissants. Il faut croire que Cora manque de perspicacité dans certains domaines. Du moment que tu mets la litière sur le balcon ! Il faut approximativement deux secondes pour qu’elle saisisse le sous texte et que ses gestes reflètent ses méninges qui s’agitent. « Je mets une valise en route, merci de rester avec moi. » Elle hésite un instant avant d’y ajouter un cœur qui finit bien vite par ponctuer son message avant qu’elle ne mette le projet valise en route. Le téléphone rejoint la poche arrière de son jean alors qu’elle se précipite vers son dressing, ignorant encore ce qui est intelligent de prendre en fonction de la situation. Evidemment, à chaque fois qu’elle voyait Ezra, elle faisait en sorte d’être au top mais est-ce que ça allait être jouable pendant un mois entier ? Ne valait-il pas mieux arrêter l’illusion et ne prendre que les vêtements loose qui sont de rigueur dès qu’elle est chez elle sans personne pour la regarder ? La réflexion est réelle pour une Cora qui a toujours fait en sorte de cacher ses insécurités et ça lui prend plusieurs minutes pour se tranquiliser en s’disant que de toute façon, l’illusion serait bien tombée un jour. Ce sont donc ses habits les plus pratiques qui viennent remplir une valise bien trop petite pour le mois qui s’annonce. « As-tu besoin que je ramène quelque chose ? » L’espace d’un instant, une blague sur les pénuries de papiers hygiénique l’effleure mais bon, c’est Cora, elle a une image de princesse à conserver un minimum.

Il avait à peine appuyé sur la touche envoyé qu’il se mit à faire de l’ordre chez lui. Ce n’était pas grand chose, mais comme il avait passé le plus clair de son temps ces dernières semaines au garage plutôt que chez lui, Ezra n’avait pas vraiment eu le temps de faire le vrai tri, le rai rangement et tout ce qui s’en suivait. Il s’était contenté du strict minimum pour ne pas que son appartement ressemble à une décharge publique et qu’il puisse y vivre correctement. Ce fut cependant lorsqu’il vint ouvrir son réfrigérateur qu’il passa à deux doits de la crise cardiaque. Les étagères étaient vides, et seulement quelques restes d’un diner de la veille semblaient avoir survécu. Son téléphone vint biper à ce moment là, détournant un instant son regard de ce désarroi. Je mets une valise en route, merci de rester avec moi. Il eut un fin sourire, mais glissa de nouveau son téléphone dans sa poche. Il avait, apparemment de son côté, une nouvelle mission qui venait de lui être imposé. Il ne pouvait recevoir personne, et encore moins Cora, sans avoir de quoi diner un minimum. Il savait qu’ils allaient abuser d’UberEats dans les prochains jours et surement même les semaines qui s’en suivraient, mais il pouvait aussi tenter de faire un semblant de bonne impression avant que la jeune femme n’arrive. Je vais faire quelques courses en attendant que tu sois prête, tu veux que je passe te chercher ? Ils devaient être connectés quelque-part, car Ezra avait à peine appuyé sur envoyer que son téléphone lui indiquait qu’il avait reçu également un message. As-tu besoin que je ramène quelque chose ? Parcourant du regard rapidement son appartement, il vint hausser les épaules comme si la jeune femme pouvait le voir - pas encore. Rien de particulier, mais si tu as des choses qui tiendront pas la quarantaine seules chez toi, en dehors de tes chats, hésite pas à les emmener. L’instant d’après, il dévalait les marches de la cage d’escaliers pour se rentre au supermarché le plus proche.

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Elle continue à peser à cent à l’heure et à lister les choses dans sa tête parce qu’au-delà du tas de vêtement qui s’entasse dans sa valise, il reste encore bien des choses à penser et à mettre en ordre. Ce n’était jamais compliqué que de partir longtemps autrefois mais désormais elle avait commencé à vivre comme n’importe qui et sa maison n’avait plus rien du catalogue ikea mais d’un vrai endroit où l’on vit et qu’on ne peut pas quitter en se disant qu’il restera comme tel, c’est-à-dire rangé. Je vais faire quelques courses en attendant que tu sois prête, tu veux que je passe te chercher ? Bon, donc le temps presse parce que le message d’Ezra suppose qu’il pourrait être là d'une minute à l’autre. L’idée lui vient naturellement de proposer ses placards même si tout le monde le sait bien : ils sont vides. Cora ne sait pas cuisiner et si le traiter ou ubereats n’existait pas, elle serait perdu. Rien de particulier, mais si tu as des choses qui tiendront pas la quarantaine seules chez toi, en dehors de tes chats, hésite pas à les emmener. Elle a du vin, mais de là à dire qu’il ne tiendra pas la quarantaine, ce serait peut-être exagéré un petit peu. « Rien à déclarer chez moi, je termine de mettre mes affaires en ordre. Je veux bien que tu passes me prendre. » ajoute t-elle en reposant le téléphone, la mission allait être désormais d’attraper les deux bêtes pour les mettre dans leurs cages de voyage et si l’une était docile, l’autre est sauvage et bien difficile à attraper. Se préparant à toute chose avec sérieux, elle commence déjà par positionner sa valise devant la porte d’entrée et toujours en regrettant de ne pas avoir pris de fripe plus chic même si sa raison lui répète que ce serait stupide, puis elle se met enfin en chasse de la seconde donzelle pour la préparer au voyage.

Les voitures se suivaient sur la route et les gens semblaient tous, à l’instar d’Ezra, se presser pour aller dans le magasin le plus proche. C’était quelque-chose qu’il n’avait pas anticipé, à dire vrai, que tout le monde puisse décider le même jour d’aller faire ses courses. Les actualités n’étaient en rien rassurantes, et s’il savait qu’il allait pouvoir tirer énormément de positif de cette quarantaine, ce n’était pas le cas pour tout le monde. De plus, une sorte d’angoisse et d’anxiété générale s’était installée parmi la population, ce qui n’arrangeait rien. Les semaines qui arrivaient seraient étranges, Ezra le savait et le sentait, bien au delà du fait que le monde entier était sous pression d’un certain virus sorti de nulle part. Qu’importe ce qu’il en était cependant, il lui fallait remplir le réfrigérateur de son appartement et le saut au supermarché ne pourrait être réellement repoussé. Soupirant, un embouteillage se formant à l’entrée du magasin, il vint attraper son portable pour envoyer un message à la jeune femme. Ne te presse pas, y’a énormément de monde au supermarché, je suis pas sorti ! Le confinement total n’avait pas encore été annoncé chez eux, ils avaient donc le temps de s’installer. Cependant, bien choisir l’endroit et la personne avec qui vous pourriez rester confinés était important. Et Ezra était persuadé, en voyant tous ces gens se presser dans les rayons à la recherche d’articles qu’ils n’auraient jamais acheté en temps normal, qu’il n’aurait su faire face à cette quarantaine seul. Le travail, oui, c’était bien, mais le manque d’interactions sociales serait ce qui aurait raison de lui à la longue. Il avait vécu toute sa vie plutôt entouré, de jour comme de nuit, à commencer par le fait de naitre dans une grande fratrie. C’était surement la décision la plus sage que de proposer à Cora de venir chez lui tant qu’ils seraient tous assignés à domicile. De plus, le garage ne serait plus ouvert au public d’ici à quelques jours, il aurait donc le temps de se libérer la tête et l’esprit. Les rayons s’enchaînaient sous ses yeux, ne ressemblant plus du tout à ce qu’ils étaient en temps normal, et il s’écoula bien deux bonnes heures finalement avant qu’il ne ressorte enfin à l’air libre. Il avait l’impression de sortir d’une maison de fous, et se dit que finalement, abuser d’UberEats ne serait peut-être pas une mauvaise chose dans les jours à venir, le temps que la folie se tasse en ville. Avant de démarrer, Ezra vint attraper son téléphone de nouveau. Enfin sorti du magasin. Tu veux que je passe maintenant ?

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C’est pas encore le cas officiellement dehors mais le salon de Cora vient de se transforme en zone de guerre, ou du moins, pour ne pas exagérer, de combat intense entre elle et Penny qui ne se laissera pas avoir aussi facilement. La chatte était restée sauvage et si quand elle partait quelques jours, Cora n’avait pas d’inquiétude à la laisser dehors pour vivre sa meilleure vie, là, le temps allait être beaucoup trop long. Ne te presse pas, y’a énormément de monde au supermarché, je suis pas sorti ! annonce Ezra, ce qui arrange bien ses affaires au final parce qu’une heure ne sera pas de trop vu que l’animal, voyant les cages sorties et la valise prêt de la porte, se doute bien de ce qui va advenir d’elle. Sans attendre, Cora noue un élastique dans ses cheveux et tente d’appâter la bête, ce qui est sans grand résultat. Il lui faut prêt d’une heure pour y arriver et pas sans perte et fracas puisque dans ces moments-là, le félin sait faire usage de ses griffes. L’heure n’aura été une suite de cascade et piège ratés à la bonne vieille façon d’un cartoon, observé de très près par une Audrey vieillissante et déjà fatiguée d’avance d’observer tout ce duel. Forte heureusement, Cora ne faiblit pas et si elle attrape une bonne marque de griffure au moment de saisir l’animal, la bataille est terminée et elle a gagné. Il ne lui reste désormais qu’à mettre de l’ordre dans tout l’appartement parce qu’elle ne peut pas le quitter comme ça, avec des coussins éparpillés partout, des livres renversés et des tasses usagés vieilles de quelques jours. Enfin sorti du magasin. Tu veux que je passe maintenant ? Le téléphone se fait entendre à nouveau. L’endroit n’est pas parfait mais à quoi ça servirait de faire le ménage à fond pour le laisser prendre la poussière pendant trois semaines. Son chez elle reste présentable et tout en se laissant tomber dans le canapé elle répond. « Je suis prête, je me prépare à sauter en route ! »

Quelques minutes vinrent s’écouler, lui attendant sur le parking du supermarché pour être sûr qu’il ne parte pas en direction de chez Cora pour rien. Si la jeune femme n’était pas prête de suite, ça n’était d’aucun soucis, simplement il reprendrait le volant plus tard dans la journée pour ne pas se pointer chez elle trop tôt. Enfin, son téléphone lui fit parvenir une notification sonore d’une réponse de la demoiselle. Je suis prête, je me prépare à sauter en route ! Il sourit et vint démarrer le moteur de sa voiture. Je suis là dans une vingtaine de minutes alors. Et il s’engagea de nouveau dans la circulation de la ville. Une main sur le volant, une autre tenant une clope, expulsant la fumée par la fenêtre ouverte. Les derniers vrais rayons de soleil de l’été venant caresser la peau de son bras. La saison chaude allait lui manquer - Ezra faisait clairement partie de ces personnes qui préféraient largement l’été aux autres saisons de l’année, et oui toutes confondues. Il aimait le soleil, les longs diners sur la terrasse et les barbecue de matchs. Même s’il ne possédait lui-même pas de jardin, il avait toujours pris pour habitude de venir squatter le plus souvent n’importe lequel de celui de ses frères et soeurs dès que l’occasion se présentait. Cela lui fit penser qu’il avait toujours ce petit barbecue d’appoint sur sa terrasse, surement rouillé à l’heure qu’il était - peut-être qu’il tenterait d’y jeter un coup d’oeil pendant la quarantaine. Quelques coups de volant plus tard et il se garait en bas de chez Cora. Sortant de la voiture, il vint écraser sa cigarette et la jeter dans l’une des poubelles se situant dans la rue. Inspirant une dernière fois, il releva le regard en direction de chez la jeune femme. Il y était vraiment, devant chez elle, seulement quelques heures après lui avoir proposé de venir cohabiter chez lui pour le reste de la quarantaine. Un instant, il se demanda s’il n’était pas fou, mais ne voulant faire demi-tour ou perdre confiance en son instinct, il vint sonner à la porte.

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