L’histoire de Sid et sa petite amie, elle l’écoute bien plus que n’importe quoi que ce soit qui lui a un jour été conté. Lily a l’impression qu’au milieu de ses mots se trouve la réponse universelle à toutes les questions du monde et qu’avec son histoire à lui elle arrivera à compléter la sienne. A défaut d’y arriver, la jeune femme se contente d’être sincèrement heureuse pour lui et pour eux qui reviennent de loin mais semble s’en être sortir et continuer à naviguer à travers les obstacles aujourd’hui encore. Il a eu quatre ans et demi pour lui parler, il n’y a donc rien de surprenant à ce qu’elle ne s’en soit pour sa part pas encore capable au bout de quelques mois à peine. La peur de ne jamais pouvoir trouver les mots nécessaire est omniprésente mais elle sait aujourd’hui qu’elle devra lui parler, de gré ou de force, si elle veut vraiment construire quelque chose en compagnie du McGrath. « On en a rarement parlé par la suite. Elle aussi est du genre à éviter les sujets difficiles… » Se reconnaissant dans ces mots là, elle a un petit rire amusé mais nullement moqueur. Bien qu’elle ne toucherait jamais aux drogues de sa vie - elle n’est pas faible, elle - elle arrive tout de même à se reconnaître dans l’esquisse de sa petite amie. Tant que les points communs restent minimes, en tout cas, elle n’a pas de mal à en venir à une telle conclusion. Lily veille cependant à rester loin de cette femme puisque, ne l’oublions pas, elle reste une droguée. Repentie, peut être, mais le passé ne peut être réécrit.

« La dernière chose que j’veux, c’est te dire quoi faire parce que je ne connais rien à ta relation ni à ton mari, mais… si ça te torture autant de ne pas lui en parler, j’pense que tu devrais le faire. » Elle est stupide et naïve, à simplement sourire qu’il utilise la périphrase “ton mari” parce que oui, enfin, elle partage une alliance commune avec un être qu’elle aime sincèrement. Tout ne s’est pas passé de manière très conventionnelle, il est vrai, mais mise à part ses parents le reste du monde ne semble pas lui en vouloir. Quoi qu’il en soit c’est la bienveillance inattendue qui lui réchauffe le coeur, certaine qu’il partait de bien plus loin qu’elle et s’il a réussi alors elle le peut aussi. De toute façon, elle est la seule à devoir déballer des secrets et Matt n’en a aucun pour elle, n’est ce pas ? Tant que ce n’est pas elle qui doit apprendre à prendre sur elle même et pardonner, alors cela ne peut que bien se passer. Si les rôles doivent être échangés, par contre, la complexité augmente de façon exponentielle. « Si ma copine et moi avons réussi à nous trouver et à rester ensemble alors que nos histoires respectives auraient dû nous séparer, j’vois pas pourquoi ça ne pourrait pas être la même chose pour toi et ton mari… Si ça s’trouve, ça l’aidera à mieux te comprendre. » Ses paroles sont avisées et semblent couler de source, à tel point que son esprit de contradiction ne trouve rien à redire là dedans. Après tout, Sid ne cesse de lui dire ce qu’elle a envie d’entendre, alors pour rien au monde elle ne voudrait remettre en cause ses mots ou sa parole en règle générale. Il trace un avenir joyeux, un qui vaille la peine d’être vécu. Il lui donne de l’espoir et c’est tout ce à quoi elle se raccroche depuis toujours. “Merci.” Ce n’est pas le genre de remerciements que l’on donne par simple habitude et ce mot là lui parvient du fond de son coeur. Il ne lui coûte rien, pour une fois, et c’est en ancrant le bleu de ses yeux dans le sien qu’elle cesse de cligner des paupières pendant un instant pour lui assurer sa sincérité. Merci pour sa présence, ses mots, son escapade. Merci de n’être qu’un étranger à qui cela ne coûtait rien de parler puisque, de toute façon, elle ne recroisera jamais sa route. “Je vous souhaite d’être heureux pour longtemps encore, vous le méritez.” S’ils ont eu le droit à quatre ans et demi alors elle en aura le droit à autant. Plus ils accéderont longtemps au bonheur et plus il en sera de même pour elle. Ce n’est qu’ainsi que Lily voit les mathématiques de la vie, désormais.