≈ ≈ ≈
{in my head, i play a supercut of us}
crédit/ (hqroleplaygifs/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Il est tard, près de deux heures et demi du matin et si on t’avait dit que tu mettrais les pieds sur le campus de ton ancienne université ce matin, tu n’y aurais pas vraiment cru. Mais on va dire qu’il y a un début à tout et que tu as vraiment envie de te changer les idées. Oui, tu as gardé le contact avec quelques connaissances de la fac, des amis, des membres de ton groupe d’étude, le même qui vous a rapproché Mira et toi. Tu bloques immédiatement la pensée, aussitôt qu’elle est arrivée, préférant la ranger dans sa propre case, sa propre catégorie pour ne pas y revenir. Tu as dit ce que tu avais à lui dire, autant passer à autre chose et ne plus y penser. Ressasser le passé, essayer de tourner et de retourner les événements en boucle dans ta tête… ce n’est pas saint, il faut que tu ailles de l’avant, c’est ce que tu fais de mieux, c’est ce que tu as toujours fait de mieux d’ailleurs.
Réconfortée par cette pensée-là, tu chasses une de tes mèches rosées de devant ton visage et continues d’avancer jusqu’au lieu de rendez-vous. Tu arrives un peu tard, tu le réalises, la soirée a déjà dû battre son plein, mais tu fais comme tu le peux avec ton emploi du temps. Il y a quelques heures, tu étais en train de faire des tours sur toi-même avec une barre de pole-dance coincée entre les cuisses et avec très peu de vêtements. Un exploit pour quelqu’un d’aussi souple que toi et le genre de performance qui ravie toujours tes spectateurs, qu’on se le dise, tu es capable de danser n’importe où, face à n’importe qui et peu importe la tenue. Ce n’est pas vraiment pour eux que tu le fais au final, tant mieux s’ils peuvent se rincer l’œil, non, c’est pour toi que tu le fais, pour payer tes factures, pour soigner ton ego et pour récolter un peu d’amour-propre au passage. Pas quelque chose que beaucoup peuvent comprendre d’ailleurs… tu as cependant pris le temps de te changer, optant pour une tenue avec un peu plus de tissus mais mettant tout autant en valeur tes formes qu’une de tes tenues de scène. Une jupe en denim rose, des bottines hautes trouvées lors de ta dernière séance de shopping et un haut semi-transparent en strass, révélant un soutien-gorge noir. Non, tu ne passes pas inaperçue et en poussant la porte du lieu de festivités, tu t’attires quelques regards bien placés et même quelques sifflements.
Tu roules des yeux, parce que si tu cherchais l’attention d’étudiants qui passent plus de temps devant leur ordinateur qu’autre chose, tu serais au bon endroit, mais ce n’est pas le cas, tu cherches quelqu’un que tu connais et tu te fais rapidement accostée par Suzie, une petite blonde avec laquelle tu te rendais souvent à la bibliothèque. Elle a clairement bu, cela se voit à son sourire et la façon qu’elle a de t’enlacer. Oh okay, songes-tu un brin alarmée.  "Oh Lara ! Tu es venue, je n’arrive pas à croire que tu sois là, ça fait tellement longtemps…" Tu fais de ton mieux pour la maintenir en équilibre, pour qu’elle ne t’entraine pas dans sa chute surtout et tu lui adresses un léger sourire, tentant de lui parler. "Wow… wow, je suis là… et visiblement la soirée a commencé depuis longtemps, combien de verres tu as dans le nez dis-moi ?" Tu n’as pas de réponse directe, elle se contente de chanter, et fort, un air familier et tu roules des yeux, avant de passer un bras autour de ses épaules et de l’aider à marcher. "Ouais, on va te trouver un endroit où tu poser." Voilà, pourquoi tu ne bois pas d’alcool, tu n’en as jamais trouvé l’intérêt, ça n’a jamais rendu qui que ce soit d’intelligent, bien au contraire. Même du temps où tu étais étudiante ici à temps plein, tu trouvais ça ridicule. Tu finis par trouver la salle de bain à quelques mètres et tu installes Suzie dans la baignoire, plus par défaut qu’autre chose.
"Ne sois pas fâchée okay ? J’ai invité Mira aussi, je sais qu’il s’est passé un truc entre vous deux, elle a fait une tête bizarre quand j’ai parlé de toi." Comment est-ce que tu pourrais lui en vouloir ? Tu ne sais même pas ce qu’il y a entre Mira et toi, ou du moins ce qu’il y avait alors... "Je ne suis pas fâchée, pourquoi je le serais ? Ne bouge pas, je vais te chercher de l’eau." Que tu déclares, décidant d’être productive, plutôt que de ruminer tout ça encore une fois. Tu fais demi-tour, indiques aux curieux que oui, la salle de bain est prise et tu cherches une boisson non-alcoolisée. Tu repères un évier dans ce qui ressemble à une petite cuisine, maintenant tout ce qu’il te faut c’est un verre propre, le remplir et …  "Hey." Tes yeux ont repéré Mira avant qu’elle n’entre dans la pièce, il faut dire que quelque part, tu la cherchais du regard, elle que tu as été si rapide à rayer de ta vie. Mais c’est bien toi, tu fais toujours dans les extrêmes alors… "Je suppose que ne pas se croiser va être difficile vu qu’on a des amis en commun." Simple constat, tu hoches la tête ne t’attendant pas vraiment à une réponse de sa part.

Les paupières closes, Mira dodeline de la tête au rythme de la musique, les lèvres légèrement entrouvertes qui chuchotent les paroles de la chanson qu’elle connait par cœur. Ses membres supérieurs se heurtent aux bras transpirants de ses connaissances de la fac alors qu’elle danse sans grande élégance ni grâce, tandis que ses jambes anesthésiés par le trop plein d’alcool la maintiennent encore debout malgré la fatigue. Elle est bien, là. Ca fait deux heures qu’elle danse, deux heures qu’elle se contente de vivre toutes les sensations de cette soirée sans se poser de questions, et surtout deux heures qu’elle s’est résignée à ne pas voir la tête de Lara apparaître. Parce qu’elle ne va pas venir Lara, non elle ne va pas venir se fondre dans la masse étudiante ni venir faire coucou à ses anciens potes de fac. Elle est bien trop occupée pour consacrer son temps à ce genre de soirée, maintenant Lara fait partie de celles qui divertissent les autres en vendant son corps, en acceptant que des mains rugueuses et insistantes viennent se poser sur ses cuisses, viennent caresser sa peau nue qu’elle leur offre volontairement. La doctorante secoue la tête alors que ces pensées reviennent lui pourrir l’esprit, elle ne veut pas accorder plus d’espoir à ce qu’elle ne peut pas obtenir, et il valait de toute façon mieux que Lara ne débarque pas ce soir. « Ca fait beaucoup trop de bien de te revoir parmi nous. » gueule Suzie dans son oreille. Elle est alcoolisée la petite Suzie, presque autant que Mira, et elle ne maîtrise pas l’intensité de sa voix quand elle crie pour communiquer, pour faire en sorte que le son de sa voix dépasse le volume sonore des basses. « Je suis d’accord, ça fait beaucoup trop de bien d’être de retour. » Pas pour tout, mais au moins pour ça. Parce qu’elle a retrouvé des amis alors qu’elle était complètement seule à Los Angeles, parce qu’elle a retrouvé ses parents, son appart, sa stabilité, et qu’elle peut passer à autre chose maintenant qu’elle sait que Lara ne veut plus avoir affaire à elle. Les bras en l’air et les hanches en mouvement, l’asiatique crie à son tour le refrain que tout le monde connait, parce que c’est le but non, de connaître toutes les chansons ? Elle ne pouvait pas passer à côté de la soirée à thème des chansons des années 2000 avec tout le répertoire de Britney et des Destiny’s Child, et Suzie lui aurait fait la gueule de toute façon si elle ne s’était pas pointée, parce que ça faisait quasiment deux ans qu’elles ne s’étaient pas vues, et que Mira avait fait la morte auprès de leur groupe d’amis. C’était l’occasion de tous se retrouver. Sans Lara. « J’vais m’chercher à boire, je reviens. » La gorge asséchée par l’exercice physique que lui demandait la danse, mais surtout le fait d’être enfermée parmi tous ces corps transpirants lui donnaient chaud, et l’alcool n’aidait pas non plus. Alors que Suzie lui tourne le dos pour continuer de danser avec les autres, Mira se faufile à travers la foule pour atteindre la cuisine et choper un verre d’eau. Pour sa bonne conscience, mais aussi parce qu’elle avait un peu forcé sur les mojitos ce soir et qu’elle allait certainement le regretter si elle continuait ainsi. "Hey." Elle la connait cette voix, elle sait parfaitement à qui elle appartient, et sur le coup elle pourrait presque penser que l’alcool lui joue de mauvais tours. Mais en se retournant, c’est bien Lara qui lui fait face, c’est bien Lara avec ses cheveux roses et ses tenues peu conventionnelles qui se trouve face à elle. "Je suppose que ne pas se croiser va être difficile vu qu’on a des amis en commun." Alors que Mira baisse la tête et s’humidifie les lèvres, elle n’arrive pas à retenir un petit rire. Parce qu’elle ne l’attendait plus ce soir, elle s’était fait mille films pour au final retourner à la case départ, persuadée que leur histoire s’était achevée l’autre matin. « Pardon, c’est nerveux. » qu’elle sort ironiquement. « C’est juste que j’pensais pas que t’allais venir ce soir. » Elle ne veut pas que les mojitos qu’elle a ingurgités tout au long de la soirée lui fassent défaut, mais elle doute pouvoir réussir à jouer la sobre plus longtemps. « Yuuuuuup. On va certainement se croiser plus d’une fois ce soir mon amour. » qu’elle sort en riant, plus elle essaie de se retenir, et plus ses gestes sont amplifiés. « Pardon, j’ai un peu bu. GUIIIIIILTY, I know, don’t judge me please I needed that. » finit-elle par lâcher, toujours plus hilare, en relevant les yeux pour la première fois en direction de l’aînée. « Comment tu vas ma p’tite Lara depuis la dernière fois ? Aïe aïe aïe qu’est-ce que j’ai chialé ce jour-là putain, j’avais l’air tellement conne face à ta froideur. » Il va falloir qu’elle se taise si elle ne veut pas que leur rencontre se termine comme l’autre fois, mais une Mira bourrée, c’est l’équivalent d’une Mira qui ose exprimer ses sentiments, et c’est pas toujours beau à voir. « Hoooop on a dit qu'on en parlait plus. J'ai eu tort sur tous les points, je l'avoue, c'est ma faute, right ? Pardon je me tais. » Elle essaie de se rattraper comme elle peut, de garder un minimum de dignité, mais l'alcool n'aide vraiment pas.

≈ ≈ ≈
{in my head, i play a supercut of us}
crédit/ (hqroleplaygifs/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Tu serais une belle menteuse si tu disais que tu n’avais pas songé à ta prochaine rencontre avec Mira. Bien sûr que tu y as pensé. Tu y as tellement pensé qu’une sorte de nervosité profonde a fait son apparition au creux de ton estomac. Le genre de sentiment qui prouve que l’on est vivant, que certaines personnes recherchent toutes leurs vies, mais que tu voudrais franchement éviter. Tu voudrais la rayer de ton esprit dans un sens, oublier cette nuit, oublier tout ce que tu as pu ressentir à son départ, et tout ce que tu ressens à son retour. Oui, être complètement anesthésiée et ne plus rien ressentir. Pour une heure, une journée au moins, histoire de faire le point et ne pas être aussi perdue. Car oui, les choses ne sont plus pareilles depuis que tu n’as plus ta meilleure amie, depuis qu’elle n’est plus dans ta vie, il t’a fallu un peu d’ajustement avant de l’admettre, avant de réaliser que tu ne pourrais plus t’appuyer sur elle et comprendre que c’était une mauvaise idée. Mira peut t’accuser d’être froide, mais non, tu as fait de ton mieux pour survivre à son absence. Peut-être que cela te rend froide et sans cœur, mais elle n’a pas la moindre idée de ce qui fait battre ton palpitant ou pas. La brune ne sait pas comment fonctionne vraiment ton cœur et tu sais que tu ne peux guère la blâmer pour cela, beaucoup ignore comment tu évolues.
Elle parle, tu écoutes, son discours est décousu et tu ne peux t’empêcher de froncer les sourcils quand elle t’avoue avoir bu. C’est une fête, c’est normal, c’est ce qui est attendu et pourtant, Mira connaît ton aversion pour toutes les boissons alcoolisées. Du moins, l’ancienne Mira savait ce que cela réveillait en toi et que tu n’étais pas une fan. Voilà, une légère perte d’inhibition, une excuse parfaite pour ramener votre dernière rencontre sur le tapis. Tu poses le verre d’eau sur une des tables, l’observant et croisant les bras sur ta poitrine, pour te défendre, un peu comme la dernière fois. "… Plus qu’un verre, j’ai l’impression en plus." Est-ce un semblant d’accusation dans ta voix ? Oui, et pas qu’un peu, tu sais que tu ne devrais pas, tu sais que cela risque de lui passer complètement au-dessus au vu de son état, mais… c’est plus fort que toi. C’est ainsi que tu fonctionnes, et c’est la première fois que tu rayes, ou du moins que tu tentes, de rayer quelqu’un complètement de ta vie. Tu ne connais pas vraiment la marche à suivre dans ce cas-là. Tu évites toujours ces moments-là, avec tes amis, avec les quelques femmes qui partagent ton lit. Les moments où il faut tourner la page n’arrivent pas, d’ordinaire, tu pars avant ou tu fais tout pour que les gens restent. Sauf que c’est Mira qui est partie et toi qui ne veux plus qu’elle reste.
"Enfin ça ne me regarde pas. Et ouais, il s’en est passé des choses ce jour-là." Tu n’as pas envie d’en parler, tout comme tu n’as pas envie de lui demander ce qui lui est passé par la tête quand elle a avoué qu’elle t’aimait. Comme si… comme si ce n’était rien au final, tu ne peux pas vraiment faire ça, ce n’est pas ton style. Tu pousses un soupir et attrapes le verre d’eau qui était destiné à une autre personne. "Il se fait tard, tu devrais commencer à tourner à l’eau, si tu ne veux pas finir avec une méchante gueule de bois demain. Enfin, il parait que ça marche, je n’en sais rien, j’évite ce genre de vices personnellement." Chacun son poison pas vrai ? Mira est capable de boire, toi, tu peux enlever tes fringues devant de parfaits inconnus dans une paire de talons de 14 cm tout en continuant de bouger au rythme de la dernière chanson pop. C’est de l’art vraiment. "J’allais apporter un verre d’eau à Suzie et vérifier qu’elle aille bien, elle est dans la salle de bain." Tu ne sais pas pourquoi tu l’informes encore de tes agissements, tu dépasses Mira, ne fais pas exprès de passer aussi près d’elle, mais quand tu débarques dans la salle de bain, l’autre jeune femme a légèrement pali, tu lui tends le verre d’eau mais tu n’as pas le temps de t’éloigner que déjà, elle commence à vomir.
" … Are you for real ?" Tu recules, pas assez vite, pas assez pour épargner tes chaussures et tu laisses échapper un hell no assez audible pour alerter quelqu’un d’autre. Zac, un autre ami commun qui pousse un léger soupir face à la scène et décide de prendre le relais. "Oh… Laisse tomber Lara, elle fait ça à chaque fois, je vais m’en occuper, merci hein." "Merci… Elle a juste ruiné mes chaussures." Tu pars sans vraiment demander ton reste, ayant plus que l’impression de ne plus être à ta place. Tu te débarrasses de tes chaussures dans le même temps, comptes bien les abandonner dans la poubelle la plus proche et c’est pieds nus que tu croises de nouveau Mira, qui t’avait peut-être suivie sans que tu le saches et tu lâches un simple : "Je crois que c’était une très mauvaise idée que je vienne." Pour toi, pour elle. "Je suis plus étudiante, je devrais arrêter de traîner autant ici. On va dire que le campus est à toi maintenant." Et oui, tu admets cela avec un léger pincement au cœur.

Elle ne tient pas bien l’alcool Mira, et seulement quelques verres lui suffisent pour qu’elle se jette sur la piste de danse sans se soucier du regard des autres. Quand elle se retrouve dans la cuisine avec pour seule compagnie ses tympans qui sifflent et son grand verre d’eau dans la main, c’est uniquement à ce moment-là qu’elle prend conscience de son état d’ébriété. Elle a le rire facile quand elle est bourrée, et de voir Lara ici ne l’aide pas à contenir ses gloussements. "… Plus qu’un verre, j’ai l’impression en plus." Mira sait à quel point son ancienne meilleure amie déteste les gens bourrés, trop euphoriques, trop désinhibés, c’est too much pour elle. Son ton accusateur appuie ses propos, mais la cadette n’en a rien à faire, elle n’est pas venue pour se prendre la tête, elle est venue pour s’amuser avec ses anciens amis, et l’alcool faisait partie intégrante de la soirée. "Enfin ça ne me regarde pas. Et ouais, il s’en est passé des choses ce jour-là." Elle se contente de répondre une généralité, elle n’a apparemment pas envie de rentrer dans les détails alors que Mira cherche visiblement une confrontation, elle qui habituellement adopte la posture de l’autruche en espérant que ça passe. "Il se fait tard, tu devrais commencer à tourner à l’eau, si tu ne veux pas finir avec une méchante gueule de bois demain. Enfin, il parait que ça marche, je n’en sais rien, j’évite ce genre de vices personnellement." Effectivement, Lara est toujours bien plus supérieure que les autres, toujours plus dans le contrôle, elle ne boit pas, ne fume pas, le genre de nana parfaite qui va quand même se dénuder devant des mecs en chien pour les laisser lui caresser ses jambes nues. A cette pensée, Mira pouffe fort, très fort. « Ouais, c’est ça. » qu’elle sort au ralenti, sa langue anesthésiée par l’alcool. « T’inquiète, j’étais venue à la cuisine pour ça de base, pour boire de l’eau. » Elle chope le verre d’eau qu’elle avait rempli juste avant que Lara ne fasse irruption, et le lève en sa direction. « Cheers my love. » Certainement affligée face à l’attitude de l’asiatique, Lara sort de la cuisine en lui disant qu’elle va s’occuper de Suzie, et Mira ne répond pas, trop occupée à se désaltérer d’une boisson neutre et non-alcoolisée alors que Lara frôle son bras en passant et laisse trainer sa douce odeur sucrée sur le passage. Oh, weird, that’s something i reeeeeaaally like pense-t-elle, les souvenirs de leur première nuit remontant soudain à la surface. La brune secoue sa tête de droite à gauche comme si ce geste pouvait la réancrer au sol et ne pas se laisser envoûter par Lara à nouveau, et se ressert un deuxième verre pour sa bonne conscience – parce qu’elle sait que l’alcool la fait pisser toutes les trente minutes et que son corps se vide de son eau lors de ces soirées-là – et se retrouve à suivre son ancienne meilleure amie sans trop savoir pourquoi. Le bruit d’un vomi qui sort suivi d’un "Hell no" à la Lara, Mira se doute que Suzie vient de vider son estomac sur la Pearson, et c’est un rire qu’elle essaie de cacher qui sort de sa gorge. Elle se met la main devant la bouche pour éviter de se faire remarquer, mais elle est carrément hilare de la situation. Ressaisis-toi Mira, ressaisis-toi, Lara va vraiment pas aimer que tu te foutes de sa gueule. Elle prend alors une grande respiration et s’arme du plus grand sérieux qu’elle puisse avoir pour neutraliser ses expressions faciales, pile au moment où son anicienne meilleure amie sorte de la salle de bain. Pour une fois, le timing était en faveur de Mira. "Je crois que c’était une très mauvaise idée que je vienne." Oh non, elle va certainement quitter la soirée, et Mira n’aura même pas profité d’elle. Est-ce important ? Non. Ne voulait-elle pas ne plus avoir affaire à elle ? Si. Mais malgré tout, la doctorante ne peut s’empêcher d’être attristée. "Je suis plus étudiante, je devrais arrêter de traîner autant ici. On va dire que le campus est à toi maintenant." Elle ne comprend pas pourquoi Lara délimite le territoire de la sorte, est-ce qu’elle sous-entendait que les amis qu’elles s’étaient faites lors de leurs années partagées n’étaient désormais plus que ceux de Mira ? Non, elle ne pouvait pas accepter ça, parce que Lara a été celle qui l’avait introduite à toutes ces personnes, elle avait été celle qui l’avait prise sous son aile, celle qui l'avait aidée à grandir en dépit de toutes ces fois où Mira la repoussait. Son air jovial se dissipa pour de vrai cette fois, elle ne pouvait pas accepter ça. « Arrête, si l’une d’entre nous devait partir, c’est bien moi, pas toi. » Elle s’était certes intégrée facilement dans ce groupe, les amis de Lara étaient devenus les siens, mais elle ne pouvait pas laisser ce genre de situation arriver. « Passe-moi tes chaussures, j’vais te les nettoyer et je partirais après. De toute façon tu les abimerais si tu les nettoyais, tu sais bien que je suis plus douée que toi sur ça. » Elle lui offrit un sourire dénuée de sarcasme et d’ironie avant de s’emparer des chaussures dégoulinant de vomi, et fit de son mieux pour retenir le sien qui risquait de sortir aux vues de l’odeur.

≈ ≈ ≈
{in my head, i play a supercut of us}
crédit/ (hqroleplaygifs/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Ce qu’il vous faut en fait, à Mira comme à toi, c’est une coupure nette et brutale. Le genre de truc épique qu’on ne voit que dans les films et qui se finit avec beaucoup de larmes. Des larmes ont été versées, pas les tiennes, celles de Mira, toi tu ne pleures plus depuis des années. Trop excédée que beaucoup voit cela comme une faiblesse, ou pire encore, associe cela au fait que tu sois une femme alors non… tu ne pleures plus depuis longtemps, plus pour qui que ce soit, préférant de loin cogner et t’insurger contre le monde, contre la vie elle-même quand les émotions sont un peu trop fortes et un peu trop intenses. C’est ta spécialité et Mira en déjà payé les frais il y a quelques jours de cela, et maintenant également, tu ne sais pas vraiment ce que tu dis, mais tu le dis néanmoins. Tu ne possèdes pas vraiment de filtres et si quelque chose te passe par la tête, tu vas le dire tout simplement. Et là plus que jamais, avec tes chaussures ruinées, tu sais que ta soirée l’est également et tu te trouves idiote pour être là. Tu ne sais pas vraiment ce que tu cherchais en fait, une soirée sans aucune complication ? Retrouver ta vie d’avant ? C’est complètement ridicule, tu es beaucoup mieux maintenant, du moins, ta vie est beaucoup mieux qu’il y a quelques mois.
Tu pousses donc un soupir quand ton regard croise de nouveau celui de Mira, observant le sourire de la brune disparaitre, comme si tu venais de dire une bêtise astronomique. Non, c’est elle qui ne sait pas ce qu’elle dit dans toute cette histoire, pas toi. "Pourquoi tu devrais partir ça ne fait pas plus de sens ce que tu dis Mira…" Tu dis cela avec une légère pointe de quelque chose dans la voix, tu as toujours détesté que Mira se rabaisse devant toi et pourtant, la brune l’a toujours fait facilement. Mira renvoie une image forte au premier contact, une certaine légèreté et une sympathie sont souvent présentes sur son visage, ça et le fait qu’elle en assez vu, assez vécu pour se mettre dans les chaussures de beaucoup et les aider si elle estime que cela est nécessaire. Elle doute pourtant souvent, sur sa place ici, sur son intelligence, sur son talent. Plus d’une fois, tu l’as rassurée, et lui as indiqué la marche à suivre. Parfois il faut faire comme toi, foncer, rentrer dans des portes et se frayer un chemin pour se faire entendre.  
Tu pousses un autre soupir et tu finis par lui tendre tes chaussures, simplement car elle vient de te dire qu’elle va rentrer après, une sage décision. "Okay… si ça te fait plaisir, je comptais juste les balancer dans la poubelle la plus proche, mais okay." Une belle perte quand on sait que c’est la première fois que tu mets les bottines. Tu suis donc Mira une nouvelle fois, en direction de la cuisine qui est toujours déserte, marchant sur la pointe des pieds pour compenser la soudaine absence de talons. Tu préfères ne pas trop te pencher sur l’évier et tu laisses Mira tenter de sauver tes chaussures, toi, tu n’y crois déjà plus et ton attention est soudainement accaparée par ton écran de portable. Rentrer. Retrouver ton canapé, ou mieux encore, ton lit. Pour huit heures. Au moins. "Je me commande un Uber, tu rentres comment ? A pied ? Si tu es sur le campus, c’est plus pratique." Tu réalises en posant la question à voix haute que non, tu ne sais pas de quoi la vie de Mira est faite depuis qu’elle est de retour à Brisbane, et c’est tellement bizarre… Tu étais celle qui la connaissait par cœur et maintenant, c’est une étrangère. Tu reçois une notification sur ton smartphone, t’indiquant que ton chauffeur est à une vingtaine de minutes, satisfaite, tu t’appuies contre un des bords de l’évier, le regard oscillant entre le sol jonché de bouteilles et verres vides, et Mira qui s’active.
"Encore une fois, tu n’es pas obligée de faire ça, j’ai été … Well I was a bitch to you, I’m probably going to be for a while so yeah." Mais est-ce qu’elle peut vraiment t’en vouloir ? La revoir après tout ce temps a été un véritable choc, et les insultes et accusations que Mira a eu pour toi… Pas agréable du tout. Il est vrai que tu lui as bien rendu la pareille, un peu trop d'ailleurs. Tu ne sais pas si tu es en train de lui pardonner et mettre l’incident de côté, tu ne sais pas, tout ce que tu sais c’est que vous êtes coincées dans cette cuisine pour les vingt prochaines minutes et que ne pas parler aurait été encore plus bizarre. Tu l’observes donc du coin de l’œil, un brin alarmée quand tu réalises qu’elle tangue un peu trop à ton goût, clairement elle a beaucoup bu. "Bois de l’eau Mira, tu vas finir avec une affreuse gueule de bois demain et … tu as quoi comme cours demain ? Non parce que je te connais, tu es déjà super distraite pour prendre des notes en temps normal, mais là…" Et les habitudes reprennent le pas sur tout le reste, sur tout ce qui s’est passé entre vous deux, car tu te rapproches d’elle l’instant suivant, poussant les mèches brunes loin de son visage, posant ensuite une main sur son front et l’autre sur sa joue droite. Pour t’assurer que Mira est bien là et qu’elle ne va pas disparaitre et qu’elle va bien.
C’est donc avec un temps de retard, voyant le regard de la brune, que tu captes ce que tu fais vraiment et à quel point vous êtes proches, ton visage seulement à quelques centimètres du sien. "Sorry…" Tes mains retombent, viennent lisser les pans de ta jupe rose et tu recules dans un autre soupir. Désolée de quoi au juste ? De tout, de tes mots précédents, ou juste d’avoir franchi une limite dont vous ne semblez pas vous remettre... ? Un peu de tout.

Elle n’avait jamais vraiment pris soin de Lara toutes ces années, c’était plutôt l’inverse, en fait. Pourtant, elle aimait penser qu’elle jouait un rôle important dans la vie de sa meilleure amie, et que celle-ci appréciait réellement les petites attentions de Mira, ces petites choses qui lui faisaient comprendre que leur relation était bien réciproque et qu’elle ne partirait pas, elle non plus. Les bottines remplies de vomi, c’était son prétexte à elle pour prendre soin de Lara, elle avait besoin de croire que l’aînée avait encore besoin d’elle, ne serait-ce qu’une dernière fois. Elle se raccrochait à ces chaussures comme à l’illusion d’être utile, comme si Lara avait besoin d’elle en ce moment, comme si Mira la suppliait intérieurement pour que l’aînée ne la pousse pas en dehors de cette soirée. Au fond, il n’y avait pas de raison pour que Mira prenne le monopole sur leur groupe d’amis et Lara était tout aussi légitime qu’elle (si ce n’est plus) à rester ici ce soir. "Pourquoi tu devrais partir ça ne fait pas plus de sens ce que tu dis Mira…" Tout faisait pourtant sens dans sa petite tête, mais la doctorante n’avait pas la force de débattre sur ça, elle n’avait pas envie d’une autre dispute, surtout pas ici, pas maintenant. Elle se contente de lever les épaules en soupirant en guise de réponse, puis s’empare des bottines de Lara avant de se diriger vers la cuisine. De toute façon, elle n’était plus d’humeur à se bourrer la gueule, l’alcool exacerbait toutes ses émotions et là présentement, elle avait juste envie de se foutre dans son lit jusqu’au lendemain. L’évier était rempli de vaisselle sale, de gobelets usagés et de reste de tabac, le tout laissant une odeur de pourriture envahir les narines de chaque personne qui passait par là. Une réelle expression de dégoût sur son visage, Mira ferme les yeux lorsqu’elle fait un peu de place parmi tout ce bordel puant afin de ne pas foutre du vomi partout quand elle le rincerait dans le lavabo. Lara, elle, s’en contrefout. Elle se balade pied nus au milieu des restes de liquide qui jonchent le sol, et son attention est focalisée sur son écran. "Je me commande un Uber, tu rentres comment ? A pied ? Si tu es sur le campus, c’est plus pratique." Elle ne semblait pas disposée à rester plus longtemps en compagnie de la cadette, et c’est un sentiment puissant de tristesse qui s’abat sur le sourire forcé de la brune. Elle ne sait pas si Lara veut quitter la soirée parce qu’elle s’y sent mal à l’aise, ou si elle la quitte simplement parce qu’elle ne veut plus voir Mira. « J’habite plus sur le campus. J’ai déménagé depuis que je suis rentrée, j’avais pas forcément envie de revenir vivre parmi toute la masse étudiante. Je… Je me débrouillerai pour rentrer, t’inquiète pas. » qu’elle se contente de dire sans même exprimer son chagrin. Elle en serait presque étonnée, sa voix ne l’avait pas trahie, elle qui d’habitude aurait déjà fondu en larmes après tant d’alcool ingurgité. "Encore une fois, tu n’es pas obligée de faire ça, j’ai été … Well I was a bitch to you, I’m probably going to be for a while so yeah." Elle l’avouait quand même, sa mauvaise foi n’était peut-être pas si grande finalement. Elle ne répond pas Mira, elle se contente de frotter un peu plus fort sur la bottine en feignant ne pas réussir à débarrasser le cuir de ce qui avait vraiment collé, et s’acharne peut-être un peu trop puisqu’elle en perd presque l’équilibre. « Putain de vomi de merde. » qu’elle crache alors qu’elle s’empare du rouleau de sopalin pour en enrouler cinq généreuses feuilles (peut-être plus) autour de sa main. "Bois de l’eau Mira, tu vas finir avec une affreuse gueule de bois demain et … tu as quoi comme cours demain ? Non parce que je te connais, tu es déjà super distraite pour prendre des notes en temps normal, mais là…" La voix de Lara résonne dans sa tête, la ramène quelques années auparavant, la douce Lara qui faisait attention à elle, celle qui se préoccupait d’elle alors qu'elle ne faisait que de la repousser. Fuck. Comme si Mira avait besoin d’elle. Elle savait qu’elle avait besoin de boire de l’eau, que demain allait être une journée affreuse, qu’il faudrait qu’elle assume les conséquences de ses actions, blablabla, mais pour l’instant elle était en train de nettoyer ce putain de vomi de merde. Elle s’acharne sur des chaussures qui auraient très bien pu finir aux ordures, et pourquoi au juste ? L'asiatique s'agite un peu trop et son amie ne la connait que trop bien pour la laisser dans cet état. Lorsque la main de Lara se pose sur son visage, c’est une décharge qui vient parcourir son corps, laissant toute la rancœur et l’irritation s’échapper. Elle ne s’attendait pas à ce que l’aînée se rapproche à ce point, elle ne pensait pas qu’elle était aussi près déjà de base. Et quand sa peau vient effleurer la sienne, Mira peut jurer ressentir exactement la même tendresse que celle qu’elle avait reçue avant son départ pour Los Angeles. C’est peut-être l’alcool, peut-être l’émotion, mais la doctorante s’autorise à ressentir à nouveau la chaleur qui envahit son cœur, ce même cœur qui tambourine si fort contre sa poitrine et qui lui hurle de se rapprocher un peu plus de Lara, ce besoin incompréhensible et pourtant viscéral de sentir son corps contre le sien. Sa respiration se fait plus courte alors que ses palpitations s’accélèrent, et elle a du mal à déglutir tellement sa gorge est sèche. Elle met ça sur le dos de l’alcool même si elle sait au fond que la cause ne vient pas de là, que c’est bel et bien cette proximité qui l’ébranle plus qu’elle ne souhaiterait l’admettre. Elle se tourne finalement pour lui faire face, son regard brillant cherche à déceler les émotions qui passent dans ceux de l’aînée, tente de déchiffrer son comportement : elle a besoin de savoir si elles sont sur la même page, si Lara a tout autant envie qu’elle de cette proximité si familière et presque nouvelle à la fois. Mais cet échange est bref, Lara se reprend, son regard se détourne, elle s’éloigne. "Sorry…" Pourquoi s’excuse-t-elle ? Pourquoi s’éloigne-t-elle ? Pourquoi ne la touche-t-elle plus ? L’asiatique reste plantée devant son amie qui s’est éloignée d’elle comme si elle était toxique, sans savoir quoi faire. A-t-elle le droit de vouloir que tout redevienne comme avant ? A-t-elle le droit de vouloir plus ? Alors que l’incompréhension refait à nouveau surface, elle emprisonne sa lèvre inférieure de ses incisives, et se force à se focaliser sur cette petite douleur qu’elle s’inflige. Elle a peur que l’alcool ne reprenne le dessus sur le semblant de contrôle qu’elle pensait avoir, elle a peur de plonger à nouveau dans cette spirale amoureu… Dans cette spirale de sentiments incompris, dans tout ce qui lui faisait tant de bien mais tant de mal à la fois. La distance que Lara a mise entre elles lui semble trop grande, le fait de mâchouiller sa lèvre ne lui suffit plus à la distraire et c’est d’un pas incertain qu’elle s’avance vers elle. Elle ne sait pas bien ce qu’elle fait, ni pourquoi. Son cœur bat vite et ses joues rougies aussi bien par l’alcool que par la situation trahissent son inconfort, mais elle se rapproche doucement de son ancienne meilleure amie jusqu’à ce que leur corps se touchent, naturellement. Sa main se tend alors vers la joue de Lara, son pouce venant caresser sa peau. Elle lui rend ce geste bourré d’affection qu’elle a reçu quelques secondes plus tôt, et rapproche finalement sa tête afin que la distance entre leurs lèvres ne se compte qu’en centimètres. Mira est fortement alcoolisée mais elle a pourtant l’impression qu’elle n’a jamais été aussi lucide, ses lèvres viennent alors rencontrer celle de Lara, son cœur explose contre sa poitrine alors qu’elle l’attire un peu plus contre elle et qu’elle s’autorise à ressentir toute la chaleur qui parcourt son corps à ce moment-là. Le bruit sourd de la musique qui tambourine contre les parois de la pièce devient tout à coup plus intense dans ses tympans, elle pense que c’est un des effets que lui procurent ce baiser, mais c’est une voix masculine qui les interrompt. « BWAAAAAAAAAAAH CA S’PECHO PAR ICIIIIIII. » Mira se décolle alors brusquement de Lara, un regard noir en direction du mec qui était rentré dans la pièce. « Putain mais t’as rien d’autre à foutre, connard. » qu’elle gueule en se dirigeant furieusement vers lui avant de le dégager à l’extérieur de la cuisine et de claquer la porte. L’entrée du jeune homme l’avait surprise, elle avait complètement surréagi aux vues du taux d’alcoolémie du jeune homme et de sa capacité (nulle) à tenir debout, mais elle s’était sentie piétinée dans son intimité. Elle n’osait pas affronter le regard de Lara, elle avait l’impression qu’elle lui avait rendu son baiser mais au fond elle n’était sûre de rien. Les paupières closes, Mira se retourne finalement en laissant son dos glisser contre la porte pour finir assise sur le sol, avant d’emprisonner sa tête dans ses mains. « Je suis désolée, je sais pas ce qui m’a pris... » souffle-t-elle finalement en espérant secrètement que Lara la rejoigne et lui dise que tout va bien.

≈ ≈ ≈
{in my head, i play a supercut of us}
crédit/ (hqroleplaygifs/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Non, ce n’est pas ton premier baiser. Loin de là, ton premier baiser remonte à bien des années et ironiquement, c’était dans le même type de soirées. Une bande de presque adolescents laissés seuls, sans surveillance et avec un peu trop d’alcool. Et d’autres lèvres inconnues, celles d’une femme, alors tout de suite, tu as su que c’était fait pour toi et qu’il n’y avait plus de retour en arrière possible. Sauf qu’à l’époque, tu ne savais pas vraiment à quoi t’attendre, là tu le sais. Tu le sais exactement, d’autant plus qu’il s’agit de Mira et que vous vous êtes déjà embrassées. C’est la même chose et pourtant, c’est différent à la fois. Et tu as assez de temps pour voir le baiser venir et pour l’en empêcher, la brune se rapproche de toi, un peu trop, presse son corps contre le tien et tu sens ton propre cœur faire une embardée dans ta poitrine tandis qu’elle pose la main sur ta joue, imitant ton geste d’il y a quelques secondes.
C’est déjà trop, tu pourrais lui dire de bouger, tu ne sais pas pourquoi tu as l’impression que ta peau te brûle à l’endroit où elle vient de poser sa main et pourtant c’est le cas. Ton regard est ancré dans le sien, tu n’oses pas bouger, tu n’oses pas respirer, laissant Mira décider si elle veut t’embrasser ou pas. Si elle veut essayer encore une fois. Et elle le fait, tu ne fais rien pour l’arrêter, laisses le baiser se dérouler et si pendant les trois premières secondes tu ne bouges toujours pas, comme si ton cerveau enregistrait encore l’information, tu finis bien par le faire. Parce que c’est Mira, et que le contact de ses lèvres à elle sur les tiennes est électrisant et s’il y a bien quelqu’un que tu as envie d’embrasser… c’est elle. Tu en fais la réalisation, tandis que tes paupières se ferment, que le temps lui-même semble être suspendu et que tu poses une main sur sa hanche droite pour l’embrasser en retour. Peut-être pour une minute ou deux, sans doute pour une éternité, tu n’es pas vraiment certaine, mais il est bien certain que personne ne t’a jamais embrassé comme ça.
Sauf que l’instant est court, il est abrégé par une présence extérieure et un commentaire débile et masculin à souhait, tu bats des cils pour te rappeler où tu es et articules rapidement un : "Mon dieu ta gueule !" tandis que Mira se charger de virer l’intru. Maintenant que vous n’êtes plus collées l’une contre l’autre, tu prends une profonde inspiration, te demandant même si tu n’as pas rêvé tout ça. Pourquoi est-ce qu’elle t’embrasserait ? Cela ne fait aucun sens, tout, son mot, sa presque fuite, tout indique que tu n’es pas la bonne personne pour elle, que tu n’es pas son type. Et pourtant, c’est elle qui a initié le baiser, pas toi. Tu es perdue, tu détestes ce nouveau sentiment qui t’envahit, ton cœur battant un peu trop vide, et ton propre corps soudainement trop froid car il te manque cette proximité… avec elle.
C’est trop d’émotions d’un coup, tu lui en veux et plus que tout, tu t’en veux... Depuis quand un simple baiser te remue autant ? C’était juste un baiser. "T’es désolée, tu ne sais pas ce qui t’as pris." Tu répètes les mots de l’autre jeune femme, essayant d’y trouver du sens, mais non, ce que Mira te dit ne fait pas de sens, surtout pas la pose qu’elle est en train de prendre maintenant, surtout pas comme ça, pas ici… Pourquoi maintenant ? Pourquoi comme ça ? "Tu as bu, et tu as décidé que la meilleure chose à faire était de m’embrasser." Un constat qui ne fait pas plaisir à encaisser, pas du tout, qu’est-ce que tu es au juste pour elle ? Un jouet ? Un punching-ball ? Juste un simple test pour voir si elle est gay ou si elle est bisexuelle ? Non, rien de tout cela ne te décrit c’est certain. "Qu’est-ce que je suis censée faire de tout ça Mira, dis-moi !" Tu as besoin de réponses, tu avais besoin de réponses il y a un an et demi de cela et tu as besoin de réponses maintenant. Car cela ne peut plus durer, tu ne peux plus craindre chacune de vos confrontations. Tout ceci n’aurait jamais dû arriver, tout était plus simple… avant.
"Est-ce qu’on est toujours de simples amies ? Ou est le genre d’amies qui vont s’embrasser et même plus de temps en temps ? Ou alors il y a quelque chose de plus entre nous ?" Oui, le quelque chose de plus, l’attachement, l’engagement, cela t’a toujours fait peur. Tu fuis les relations mieux que personne, tu ne t’attaches pas, jamais, ne t’encombres pas de crush, d’amourettes ou de petites-amies. Parce que cela rend les choses plus compliquées, parce qu’il y a des responsabilités et que quelqu’un finit toujours avec un cœur brisé. Et non, tu ne lui demandes pas soudainement sortir avec toi et de mettre de côté toutes tes appréhensions, non, mais tu as besoin de savoir où vous en êtes. "On aurait dû avoir cette conversation avant ton départ, mais tu es partie." Vous avez évité le lendemain matin, les sourires un peu gênants et les mots encore plus blessants. Mira est partie, comme une lâche et tu lui en as toujours voulu pour cela, et ce soir, après ce baiser, tu lui en veux encore plus. Tu pourrais te mettre en colère, l’envoyer sur la touche encore une fois, sauf que tu l’as déjà fait. Tu prends une autre inspiration et lui fait signe de se relever, par ses propres moyens. Non, tu ne vas pas l’aider, elle s’est mise toute seule dans cet état-là, toute seule dans ce pétrin, alors qu’elle assume. Le temps où tu passais pour nettoyer ses erreurs est révolu, surtout que maintenant… tu fais partie de la liste de ses erreurs, c’est aussi simple que cela.
Tu prends une autre inspiration, faisant de ton mieux pour repousser au loin tout ce que tu ressens. Tant pis pour la rancœur, tant pis pour ton ego un peu blessé, et tant pis pour le reste également, il faut faire ça bien, Mira a bu, elle n’est clairement pas en état d’avoir une vraie conversation, pourrait t’embrasser une nouvelle fois et ce n’est pas la chose à faire. Cela serait aussi disgracieux que de prendre avantage d’une fille trop bourrée pour la guider dans sa chambre et non… ce n’est définitivement pas toi. Tu as tenu à Mira et quelque part, tu tiens toujours à elle. "Et tu sais quoi, on ne va pas faire ça maintenant. Tu as besoin de rentrer chez toi et moi aussi." Une sage décision, car la nuit porte conseil et tout ça. Et que vous méritez mieux que cela. Oui, toi, elle, hors de question que tu te mettes à faire des confessions, ou non, au beau milieu de la nuit, près d’une trentaine d’étudiants bourrés, tes chaussures ruinées et pas certaine que Mira se souvienne de votre conversation. "Mais que les choses soient claires Mira, ne viens pas me voir si tu n’es pas prête à avoir une vraie discussion avec moi. Pas d’alcool, pas de larmes et pas de cris. Il faut qu’on en parle et que je sache si on passe vraiment à autre chose ou pas." Comme des adultes, ce que vous auriez dû faire dès le début, mais vous n’avez jamais été connues pour votre grande maturité, et c’est difficile pour toi de ne pas claquer des portes ou de dire merde à l’univers quand tu as envie de le faire.
Ce n’est pas le cas ce soir, à croire que passer autant de temps en compagnie d’Evie commence à faire ses effets. Pas de doute que ton aînée ne se serait jamais retrouvée dans une pareille situation. "Parce que je ne vais pas continuer comme ça. Je refuse de continuer comme ça, compris ?" Ta voix est sans appel et c’est non-négociable, si elle ne veut pas avoir cette vraie discussion lors de votre prochaine rencontre, parfait, qu’elle t’évite alors, mais tu as annoncé la couleur et tu ne comptes pas revenir sur tes mots. "… Tu peux balancer mes chaussures. Mon Uber arrive dans … dix minutes, est-ce que tu veux que je t’en appelle un aussi ou qu’on partage la même voiture et que je te dépose ? Je ne pense pas que tu sois en état de rentrer toute seule." La dernière faveur de la soirée, s’assurer que Mira rentre bien chez elle.

Elle n’avait jamais goûté de lèvres aussi douce que celles de Lara, et même si elle avait déjà ressenti une accélération de son rythme cardiaque après avoir embrassé quelqu’un, les baisers de Lara étaient les seuls qui enrobait son cœur de cette chaleur agréable qui semblait se disperser dans tout son corps. Assise au sol, les jambes ramenées à son buste et la tête dans les mains, Mira se raccroche au carrelage froid qui transperce son pantalon pour tenter de calmer ses palpitations. Elle s’excuse sans trop savoir pourquoi, elle ne regrette pas du tout ce baiser. Elle n’a pas pensé une seule seconde aux répercussions que cela pourrait avoir sur elle, sur elles. C’est peut-être l’alcool qui parle mais elle en veut plus, elle veut Lara pour elle. Le moment gâché par cet abruti alcoolisé, Mira ne sait plus où se mettre, elle ne sait pas si elle est la seule à avoir réellement apprécié, si elle était légitime de tenter à nouveau. Lara ne l’avait pas repoussée, elle lui avait même rendu son baiser, non ? Sa meilleure amie essaie tant bien que mal de comprendre ce geste elle-aussi, aux vues de ses réactions. Mira se contente de frotter ses tempes de ses paumes de main tandis qu’elle essaie de trouver une réponse qui pourrait apaiser Lara, mais les mots ne viennent pas, la réflexion non plus. Elle a bu, beaucoup trop bu, et les gestes sont bien évidemment plus conséquents que sa simple pensée. La doctorante se terre dans un silence tandis que sa meilleure amie l’incendie de questions auxquelles elle-même n’a pas la réponse, sont-elles réellement de simples amies ? Sont-elles toujours amies au fait ? Que veut Lara ? "On aurait dû avoir cette conversation avant ton départ, mais tu es partie." Le ton accusateur de son ancienne meilleure amie lui fait relever la tête, les yeux humides qui n’ont toujours pas versés une larme. C’est une grande première pour Mira, elle a tenu plus de cinq minutes sans laisser l’émotion prendre le dessus et inonder le sol de ses gouttelettes salées. Evidemment qu’elle s’en veut d’être partie avec un pauvre mot de remerciements, évidemment qu’elle s’en veut d’avoir tout gâché entre elles, mais que pouvait-elle lui dire ? Elle ne savait pas ce qu’elle ressentait à l’époque, et aujourd’hui encore elle se voile toujours la face. La gorge serrée, elle parvient tout de même à s’excuser, pour la énième fois. « Je suis vraiment désolée Lara… » Des pauvres excuses qui n’expliquent rien, ça en devient presque pathétique à ce stade-là. Lara n’en a que faire de ces excuses, ce ne sont pas celles-là qu’elle attend, ce n’est pas une Mira misérable qu’elle veut voir, c’est une Mira qui porte ses couilles et qui s’explique face à elle comme une adulte. Mais elle n’en est pas capable, pas aujourd’hui, pas maintenant. Lara lui ordonne de se relever en soupirant, parce que l’asiatique est lamentable et qu’elle sait qu’elle n’arrivera à rien avec Mira dans cet état. Telle une gamine qui obéit, la doctorante se relève difficilement après s’être appuyée sur ses genoux, et se retrouve debout sans savoir quoi faire de ses mains, ni de sa capacité d’humaine dotée de la parole. Elle baisse simplement les yeux au sol, signe de résignation face à une Lara sobre qui en impose, une Lara bien plus mature qui sait poser des mots sur ses émotions. "Et tu sais quoi, on ne va pas faire ça maintenant. Tu as besoin de rentrer chez toi et moi aussi." Encore une fois, l’adulte ici ce n’est pas la brunette. Mira acquiesce faiblement en hochant de la tête, elle n’est clairement pas en état de tenir des propos construits ni réfléchis. "Mais que les choses soient claires Mira, ne viens pas me voir si tu n’es pas prête à avoir une vraie discussion avec moi. Pas d’alcool, pas de larmes et pas de cris. Il faut qu’on en parle et que je sache si on passe vraiment à autre chose ou pas." Sans larmes, ça risquait d’être compliqué pour elle. Elle avait déjà réussi par on ne sait quel miracle à ne pas vider son corps du peu d’eau qu’il contenait encore, c’était beaucoup pour elle. En fait, soit elle parlait en chialant, soit elle mettait toute son énergie à retenir ses sanglots. Elle avait opté pour la seconde option ce soir, la bonne décision étant donné le taux d’alcool dans son sang même si elle pourrait jurer être sobre après cet échange (c’est faux). "Parce que je ne vais pas continuer comme ça. Je refuse de continuer comme ça, compris ?" Elle non plus ne voulait pas continuer comme ça, cette situation la faisait beaucoup trop souffrir et c’était pourtant elle qui les mettaient dans cette position, sans rien faire pour les sortir de là. « C’est compris. Mais je te promets rien pour les larmes. » qu’elle lâche finalement en esquissant un sourire. « Je te promets en revanche de faire de mon mieux pour qu’on puisse discuter, vraiment. Tout ce que je peux te dire pour l’instant » Dans son état surtout… « C’est que je ne veux pas te perdre. Pas une deuxième fois. Je sais que la première fois était en partie ma faute, et j’en suis désolée. Je veux me racheter. » Comment elle avait réussi à sortir cette phrase entière sans balbutier, personne ne le sait, mais elle l’avait fait, et de façon plutôt convaincante. L’asiatique se dirige à nouveau vers le lavabo pour terminer le nettoyage qu’elle avait entrepris, Lara n’allait tout de même pas rentrer sans chaussures. « J’vais juste finir de nettoyer tes ch… » Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase que Lara lui indique qu’elle compte de toute façon les jeter, avant de lui proposer de l’escorter jusqu’à chez elle. « J’ai pas encore reçu ma paye donc je vais pas me prendre un Uber. » Et elle allait surtout refuser que Lara le prenne pour elle. Elle savait à quel point Mira détestait qu’on lui achète des choses par bonté d’âme. « Je comptais attendre le bus pour rentrer tôt demain, mais j’ai plus vraiment envie de rester là. Si ça te dérange pas, je veux bien partager une voiture oui... Je te rembourserai la différence payée. » dit-elle timidement. Ca faisait beaucoup de marche pour rentrer à pied, partager la voiture lui semblait être la meilleure option, ça lui reviendrait moins cher aussi. « Dix minutes tu dis ? Je passe aux toilettes et je te rejoins dehors. Je serais à l'heure, promis. » affirme-t-elle alors que sa vessie est pleine, avant de se faufiler à l'étage pour rejoindre les WC. Après un pipi express qui ne demandait qu'à sortir, un bref passage dans la salle de bain pour se laver les mains mais surtout se recoiffer, puis foutre du dentifrice sur son doigt pour faire mine de se brosser les dents parce qu'elle a l'impression de puer du bec, elle retrouve finalement Lara qui attend dehors, deux minutes avant l'échéance de l'offre. « J'suis même en avance, t'as vu. » qu'elle dit toute fière, comme si ça pouvait détendre un peu l'atmosphère. Elles montent toutes les deux à l'arrière du uber et Mira attend que la Pearson prenne les commandes comme habituellement lorsque le chauffeur demande l'adresse, mais elle se rappelle alors que son ancienne meilleure amie ne sait pas où elle habite. La doctorante n'avait toujours pas envoyé de SMS à Lara pour lui donner son adresse afin que celle-ci lui fasse parvenir ses cours et le reste de ses affaires, elle n'avait pas sauté le pas parce que cela annonçait réellement la fin de leur amitié, définitivement, et elle n'avait pas osé le faire. « Euh, 8 James Street s'il vous plaît. » annonce-t-elle au chauffeur. Si elle pensait que la route allait la bercer, c'est tout l'effet inverse. Le chauffeur conduit brusquement - à moins que ce ne soit l'alcool qui exacerbe tous les virages - et la brune prend sur elle pour se concentrer sur sa respiration afin de ne pas laisser le mal-être prendre le dessus, mais fermer les yeux n'est décidément pas la bonne attitude à prendre non plus. Elle finit par se focaliser sur les étoiles qui brillent dans le ciel tout en s'agrippant au siège du milieu : ça lui donne un semblant de stabilité alors que tout tourne autour d'elle. Lorsqu'ils se rapprochent de plus en plus de chez elle, Mira n'a qu'une hâte : sortir de la voiture. « Euhm... Au fait je te l'ai jamais dit mais tu sais la jupe que je devais te coudre, ben je l'ai terminée et elle est toujours chez moi. Si tu la veux toujours, tu peux monter si tu veux, le temps que je la retrouve. » En vérité elle savait parfaitement où elle était, c'était une simple excuse pour passer un moment supplémentaire avec Lara sans qu'elle n'ait envie de vomir. « Enfin, je peux aller te la chercher aussi sinon, mais je pense pas que monsieur uber attendra. » souffle-t-elle suffisamment bas pour que le chauffeur n'entende pas. « Enfin, tu la veux peut-être plus en fait... » qu'elle finit par dire presque triste d'envisager cette réponse. Lara avait été la première pour qui elle avait cousue en dehors d'elle-même, et cela comptait beaucoup pour elle.

≈ ≈ ≈
{in my head, i play a supercut of us}
crédit/ (hqroleplaygifs/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Mira n’a pas à dire oui à tout ce que tu lui imposes. Ce sont tes termes à toi, c’est toi qui as besoin que vous posiez les choses à plat et ce sans aucune distraction autour de vous. Parce que tu commences à sérieusement en avoir assez de tout ce bruit. Et pas juste là tout de suite, pas juste la musique que tu peux entendre dans le fond, tandis que quelque part, à quelques mètres de vous, certains s’amusent, certains oublient leurs problèmes, donnent leurs corps à quelqu’un d’autre parce qu’ils sont jeunes et c’est ce qu’il faut faire dans ces moments-là. A côté de tout ça, les choses entre Mira et toi sont d’un sérieux certain… et tu ne sais même plus comment vous en êtes arrivés là, toi qui as toujours été prudente pour éviter tout ça… Tout le drama lié à la monogamie et toutes ses complications, voilà que tu te retrouves à gérer toutes ses nouvelles émotions là avec une fille qui n’est peut-être même pas homosexuelle. C’est aussi un autre problème pour le futur, tu ne sais même plus dans quelle catégorie ranger l’autre femme : hétéro un peu curieuse ? Bisexuelle ? Homosexuelle ? Pas de doute, la brune va devoir se pencher sur sa propre sexualité en plus de tout le reste.
Mais tout de même… c’est elle qui a initié le baiser de ce soir, donc c’est qu’elle est un minimum attirée par toi, si ce n’est pas par toute la gente féminine. Tu ne peux pas vraiment l’aider à répondre à ces questions-là, toi, tu as toujours su dans quelle catégorie tu te rangeais, et tu n’as jamais regardé en arrière. Tu n’as jamais considéré avoir une aventure avec un homme pour être sûre et certaine de tes préférences, non, sur ce sujet-là, tu as toujours été dans l’absolu. L’extrême même, ne voyant que très peu d’attrait aux hommes et ne leur accordant pas vraiment de place dans ton cœur ou dans ta vie. Mais c’est toi, tu ne sais pas ce qui se passe vraiment dans l’esprit de Mira, si tu l’as su un jour, ce n’est plus du tout le cas à présent. Et oui, tu aimerais de nouveau faire partie intégrante de sa vie, ne plus être autant sur la touche, mais vous n’allez pas rattraper un an et demi de silence ce soir, c’est certain.
Elle se redresse, lentement et tu attends la réponse de la brune, prête à faire demi-tour si Mira estime que tu lui fais perdre son temps ou… si elle essaye encore de t’embrasser. Tu n’es plus certaine de rien à cette seconde précise, tu es surprise par ta propre initiative, celle de laisser tomber pour ce soir, alors … Tout est possible, il te semble. Mira reprend la parole et tu hoches la tête à ses prochains mots, contente de savoir qu’elle veut discuter aussi. Tu fronces cependant les sourcils quand la brune jure, trop solennellement, trop sérieusement. "Je…" Tu prends une profonde inspiration, pour te calmer les nerfs, calmer ton cœur et mettre un peu d’ordre dans tes pensées. Vous devez vraiment arrêter d’être aussi dramatique, mais toute votre relation a toujours fonctionné ainsi. Mira qui tire sur la corde, juste pour voir si tu vas l’arrêter et venir à son secours, et toi qui le fais, bien évidemment, sans poser davantage de questions, sans te dire que ce comportement peut être très dangereux ou destructeur. Cela ne peut décemment pas continuer ainsi, c’est certain.
"On ne devrait pas se faire de promesses pour l’instant Mira, mais oui, on va parler, dans un futur proche, quand on sera toutes les deux prêtes." Tu te sens obligée de la corriger, tu ne veux pas déjà condamner votre prochain échange, car dans le fond, tu n’es pas certaine de pouvoir essuyer un autre échec. Tu n’es pas sûre de pouvoir le supporter, mais ça, tu ne le dis pas à voix haute, car cela ne serait pas juste, tu es celle qui est en train de suggérer une potentielle trêve et une discussion… si tu n’y crois pas, cela fait juste de toi une hypocrite, et Mira, mieux que quiconque, sait à quel point tu détestes les gens qui ne sont pas francs. Toi, tu l’es toujours. Tu hoches la tête quand la brune te dit qu’elle a besoin d’un peu de temps pour passer aux toilettes notamment et tu ajoutes un simple : "Je t’attends devant alors."
Tu la laisses quitter la cuisine et finis enfin par pousser le soupir que tu retenais depuis une longue minute déjà. Après cela, tu vérifies que votre voiture sera bientôt là et tu traverses le salon pour te diriger devant le bâtiment. Tu es confrontée à l’air frais de la nuit et tu te balances d’un pied à l’autre, bien contente de porter des collants légèrement plus épais que d’habitude. Tu as eu de pires nuits que celles-ci c’est certain, tu rentres avec juste des chaussures en moins, mais bien habillée et avec ta dignité, tu connais une certaine cousine qui serait fière de toi. Tu offres un léger sourire à Mira, ne sachant pas quoi ajouter d’autres et bien contente que la voiture arrive. A l’arrière du véhicule, tu conserves ton silence et tu préfères observer les rues de Brisbane après avoir confirmé ton adresse à toi, plutôt que de fixer la jeune femme. Ce silence-là est légèrement bizarre mais qu’est-ce que tu peux ajouter de plus ? Tu pourrais lui demander encore et encore pourquoi elle t’a embrassée, mais tu ne te sens pas encore prête à entendre la réponse, pas maintenant. Et puis il y aussi une autre question, pourquoi l’as-tu embrassée en retour ? Est-ce que tu espères naïvement la faire changer de bord et la garder pour toi toute seule ? C’est complètement stupide dans le fond.
Tu ne veux même pas te pencher sur ce sujet-là, et tu n’as pas à le faire quand Mira reprend la parole, elle te parle de quelque chose que tu avais complètement oublié, oui, c’est vrai qu’elle a toujours sa fidèle machine à coudre et que tu l’as toujours encouragé à faire quelque chose avec ça. Tu as aimé jouer les modèles pour elle, de temps en temps, toujours excitée à l’idée de pouvoir porter un jour une de ses créations. "Mira, respire." lances-tu dans un premier temps, car à en juger par l’expression de la brune, elle pourrait tomber dans les pommes, et cela ne serait pas idéal dans l’immédiat. "Je pense que tu peux la garder pour le moment, ça ne presse pas trop, pas vrai ?" Parce que tu avais très sincèrement oublié et que tout ce que tu veux là tout de suite, c’est rentrer chez toi et te laisser retomber dans ton propre lit. "Rentre chez toi, on se parlera à un autre moment." Au moment où tu ajoutes les derniers mots, le chauffeur vous indique que vous êtes arrivés et quand le véhicule finit par s’arrêter complètement, tu as toujours le regard posé sur Mira.
"Oh et si tu n’as pas effacé mon numéro de téléphone, je ne l’ai pas changé, c’est toujours le même." Car il vous faut bien un moyen de communication pour les prochains jours pas vrai ? Cela te paraît être une explication des plus raisonnables et même logique quand on y pense. "Fais le moi savoir quand… quand tu seras prête pour parler okay ?" Voilà, la balle est dans son camp, littéralement, tu la laisses décider où et quand et tu feras en sorte de libérer ton emploi du temps pour elle. Car après tout, tu lui dois bien cela, non ? Oui, pour Mira tu peux faire un effort. Ceci étant dit, tu défais ta ceinture pour glisser sur la banquette en cuir du véhicule et te rapprocher d’elle. Tu te penches pour déposer un bisou, léger et rapide, sur sa joue droite, en guise d’au revoir et avec beaucoup moins de sens que votre étreinte précédente. "Bonne nuit." murmures-tu tout près du visage de la brune avant de finir par reculer et retourner dans ton siège à toi.