#42 - I can't forget ~ Jamie

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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyMer 1 Juil 2015 - 6:14



❝I can't forget❞


James Evans & Jamie Keynes
21h37, j'entre dans le bar. Il s'agit du Canvas, c'est presque toujours dans celui-ci que je viens, surtout en compagnie de Kaleb. Cette fois, je suis seul. Mon meilleur pote n'était pas disponible, et je n'avais pas envie d'être accompagné de quelqu'un d'autre. Je me dirige donc vers le comptoir, pas besoin d'occuper une table en étant seul, et commande un Cuba libre. Mon regard parcourt la pièce et je tombe sur une silhouette qui m'est familière. C'est un grand brun assez baraqué. Mais quand il se retourne, je me rends compte que ce n'est pas lui. Jamie. Penser à lui me fait sourire. Voilà maintenant un peu plus d'un moins que je l'avais retrouvé. Quand je repense à cette soirée... Il était apparu comme ça, tel un fantôme. Au début, je n'en menais pas large. Mais au fil de la soirée, je m'étais détendu et finalement nous avions passé un bon moment. Enfin, avant que Soren ne me contacte pour me prévenir que Luna était malade. Je l'avais amenée chez le vétérinaire, qui se trouvait être André, un ami de New-York, et finalement ce n'était rien de grave, elle avait mangé un truc qui n'était pas passé. Quelques semaines plus tard, j'avais rendu visite à l'anglais, comme promis. Il avait tenu parole et m'avait préparé une liste de contacts pour bosser, c'était vraiment gentil de sa part. Il m'avait invité à boire un café et nous avions longuement parlé. Il était seul, et je n'avais pas vraiment pris le temps de regarder les lieux, je supposais qu'il était célibataire. Je n'avais pas remis le sujet de sa sexualité sur la table, ce n'était pas nécessaire. Il m'en parlerait le jour où il voudra que je sois au courant. On venait à peine de se retrouver, je suppose qu'il n'avait pas envie de se dévoiler d'un coup. Ah, Jamie, Jamie, Jamie...  On avait finalement parlé un peu de Londres et j'avais repensé au passé. J'étais parti précipitamment, un peu tendu. Et dire qu'il m'avait lâchement abandonné à Londres. Mais j'ai grandi, évolué, je suis passé à autre chose. Surtout, je lui ai pardonné. Vraiment... ? Je regarde devant moi et m'aperçois que de nombreux verres vides s'y trouvent. Des verres à cocktail, à whisky, des shots de Vodka. Oula, je suis dans mes pensées depuis combien de temps ? Je regarde autour de moi et ne reconnais personne. Pas grave, je n'ai besoin de personne pour boire. Je commande un nouveau verre. Besoin de personne, non. J'ai appris à me débrouiller seul, à m'en sortir seul. Pas le choix, quand on te laisse tomber comme la dernière des merdes. Jamie... Je vide mon verre d'une traite et en reprends un. Il était parti, comme ça. Plus de nouvelle, plus de message, il ne répondait pas aux appels. C'était sa façon d'être un ami ? Je venais de perdre Emma merde, je l'aimais comme un fou ! C'était normal que je déprime, non ? J'avais le droit d'être misérable ! Et quand je le revois, il fait comme si de rien n'était. Pas d'excuse, pas de regret, rien. Monsieur va parfaitement bien, dans sa petite vie parfaite à l'autre bout du monde. C'est si simple de fuir, de partir loin, d'oublier. Moi j'ai dû rester là-bas, me battre, affronter mes démons. La perte d'Emma, son absence, son manque, le vide laissé derrière elle... Jamie. Qui était-il vraiment ? N'avait-il jamais été mon ami ? En y repensant, il ne parlait jamais de son passé, de sa famille, de ses proches. Je n'avais jamais rien su de lui. Quel enflure, il m'avait bien eu. Je sors de mes pensées quand un bruit de verre brisé se fait entendre. Oh, c'est moi qui ai fait tombé le mien. Le barman me prévient qu'il ne peut plus me servir de verre, que je dois rentrer. Quoi, déjà ? Je regarde l'heure : 23h07. Ouah, déjà. Je grommelle mais me lève et prends la direction de la sortie en n'oubliant pas de jeter quelques dollars pour payer ma consommation. Ouh, ça tourne un peu. Je suis dehors et je reste immobile, je ne veux pas rentrer. Je mets la main dans la poche de ma veste et en ressors un petit bout de carton. Au dos, l'adresse de Jamie est écrite. Tiens, je pensais l'avoir laissé chez moi. M'enfin. Voir ça me donne envie d'aller le voir, il est temps d'obtenir des réponses. Je fais signe au premier taxi que je croise et lui donne l'adresse de Jamie, dans le quartier de Logan City. Une dizaine de minutes plus tard et je suis en train de marcher. Je regarde les numéros : 36, 38 , 40, 42... Je m'arrête, c'est là, au 42. Je reconnais la maison puisque je suis venu la dernière fois. Titubant, je m'approche de la porte d'entrée. Une fois sur le pas de la porte, je sonne assez longuement. Pas de réponse. Jamiiiiiiiiiiiiiiiiie ! Répond, j'sais qu't'es là ! Ouuuuuuuuuuuuuuvre ! criais-je en frappant de grands coups à la porte. En fait, je ne sais absolument pas s'il se trouve ici, peut-être est-il de sortie. Mais mon esprit embrumé par l'alcool ne réfléchit plus logiquement depuis un bon moment.

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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyVen 3 Juil 2015 - 9:00

Impossible de trouver le sommeil. Mes yeux fatigués restent grand ouverts, fixant les ombres des feuilles projetés sur les murs de la chambre. Cela doit faire une bonne heure que je me tourne et retourne dans mon lit, inlassablement. La couette a atterri par terre depuis un bon moment. L'un des oreillers n'est pas loin de la rejoindre. La fenêtre légèrement entrouverte laisse passer un agréable courant d'air. La nuit est noire. Tout est réuni pour que je puisse m'endormir. Et pourtant, mon esprit s'y refuse. Heureusement que je ne travaille pas demain, le réveil serait des plus ardus. J'ai revu Joanne la veille. Après des semaines sans nouvelles, sans le moindre signe de vie, elle était apparue au gala d'hier soir. Magnifique. Accompagnée. Mal accompagnée. Un cavalier trop envahissant que j'étais parvenu à lui faire abandonner pour passer le reste de la soirée ensemble. Des retrouvailles étranges et plaisantes à la fois. Une légère distance avait subsisté. Tout avait semblé si irréel sur le moment. Beaucoup trop beau pour être vrai. Etre dans le même endroit, au même moment, dans un cadre parfait, et passer une excellente soirée. Je reste perturbé par le retour de la jeune femme dans ma bulle, alors que je commençais à ne plus y croire. J'avais retrouvé l'habitude de dormir seul, sans trop ressentir son absence au réveil. Et maintenant, sa présence me manque à nouveau. C'est sûrement passager. Je dois me faire à l'idée que, même si nous pouvons désormais nous revoir, Joanne ne reviendra pas ici avant encore un certain temps, qu'il faudra attendre avant de pouvoir sentir sa présence près de moi pendant la nuit. Si cela arrive un jour. Je ne peux pas en être sûr. Perdu dans un flot continu de pensées, la sonnette me fait violemment sursauter. Mon regard se pose sur le réveil de la table de nuit. A peu près vingt-trois heures trente. Qu'importe l'endroit sur le globe, je ne suis pas sûr que cela puisse être considéré comme un horaire raisonnable pour une visite intempestive. Je décide d'ignorer cela, enfouissant mon visage dans mon oreiller -me disant que si je manque assez d'air pour m'endormir sans asphyxier, ça sera déjà ça de gagné. Mais une voix se met à brailler. Je rêve. Le son provient de la rue. On hurle mon nom. Je plisse les yeux, essayant de deviner à qui appartient ce timbre, mais mon cerveau englué n'y parviens pas. Je grogne, je peste, mais finalement je me lève. Comme toujours, je suis uniquement vêtu d'un pantalon de pyjama pour dormir. C'est dans cette tenue que je sors de ma chambre pour me rendre dans le couloir, dont les fenêtres donnent sur la rue, pour en ouvrir une et me pencher pour découvrir qui vient un peu plus bousiller ma nuit. « James ? » Je crois deviner sa silhouette devant ma porte, mon gaillard à l'épaisse crinière. Vu les coups qu'il donne sur ma porte, il est soit bourré, soit bien énervé. Ou les deux. Essayant de ne pas hurler trop fort, pour les voisins, je lance depuis l'étage ; « J'arrive ! Mais, nom de dieu, tais toi. » Je referme la fenêtre, retourne dans la chambre et attrape le premier t-shirt qui me passe sous la main. Au rez-de-chaussée, j'entends Ben aboyer comme un fou. Forcément, James l'a réveillé. Je descends les escaliers et me fait immédiatement aborder par un chien fort désireux de savoir ce qui a interrompu son sommeil. Je soupire. « Est-ce cette maison ressemble à une chambre de dégrisement ? » je demande à mon compagnon à quatre pattes tout en enfilant mon haut. Entre Kelya il y a quelques temps, apparue complètement stone sur le pas de a porte, et aujourd'hui James qui n'a pas l'air dans un meilleur état, j'ai l'impression que je devrais ouvrir un refuge pour âmes en détresse. J'attrape mes lunettes sur la table basse du salon et pose la monture noire sur mon nez, parce que mes yeux ne tiennent définitivement pas la route à cette heure-ci. Respirant un grand coup, je prends quelques secondes avant d'ouvrir la porte afin d'être aussi aimable que possible. « Allez, entre. » dis-je à James en indiquant l'intérieur d'un signe de tête. Je referme derrière lui et le pousse un peu à s'avancer dans la pièce principale d'une main entre ses omoplates. Je tapote un peu son épaule avant de me diriger vers la cuisine ouverte. « Qu'est-ce qu'il t'arrive, hm ? » je demande en servant deux verres d'eau. Mon regard se pose de temps en temps sur le jeune homme, dans un état relativement mauvais. Je me vois déjà en train de l'écouter raconter je ne sais quelle peine de coeur.
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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyDim 5 Juil 2015 - 8:01



❝I can't forget❞


James Evans & Jamie Keynes
Le silence retombe et m'entoure dès que j'arrête de crier. J'attends. Les secondes passent et rien, je n'entends aucun bruit venant de l'intérieur, ni la porte s'ouvrir. Se pourrait-il que Jamie ne soit pas chez lui ? Ce serait bien ma veine, je n'ai pas envie d'être dans cet état tous les soirs et, sans ça, je ne pense pas avoir la force de le confronter. Je m'impatience et lève la main pour porter de nouveaux coups. S'il le faut, je crierai encore plus fort. Les voisins, je n'y pense même pas, ni la possibilité qu'ils appellent la police. Une voix m'appelle et interrompt mon geste. Reculant d'un ou deux pas, je regarde autour de moi pour savoir d'où ça vient mais je ne vois personne. Pourtant c'était mon prénom, j'en suis sûr. Enfin, autant que possible dans cet état. « J'arrive ! Mais, nom de dieu, tais toi. » Relevant la tête, j'aperçois enfin la silhouette de Jamie penché à sa fenêtre avant qu'il ne disparaisse. Je retourne juste devant la porte et serre le point. L'alcool brouillant mes esprits, j'ai envie de l'accueillir avec un bon direct du droit. En plein dans la mâchoire, qu'il ressente un aperçu de ce qu'il m'avait fait. Et encore, ce n'était rien. Les blessures physiques guérissent rapidement elles. Alors que les blessures de l'âme, sont plus profondes, elles ne cicatrisent jamais vraiment. En plus il me dit de me taire, à moi, alors que c'est lui le fautif, sur tout, tout le temps. Plusieurs secondes passent et j'ai l'impression d'attendre pendant des heures. Enfin, la porte s'ouvre sur Jamie. Il me sourit et porte ses lunettes. Cette vision ébranle ma volonté et je flanche, décidant de garder mon bras contre moi, ne lui offrant pas le coup qu'il mérite. Pour l'instant en tout cas. « Allez, entre. »

Je m'exécute en restant silencieux, toutefois ma démarche n'est pas très sûre et je sens la main de l'anglais, entre mes omoplates, me guider. J'essaye de me dégager de lui d'un geste de l'épaule, mais cela me fait perdre l'équilibre et je trébuche mais parvient à rester debout en saisissant le mur près de moi. Nous arrivons dans ce qui semble être sa cuisine, et je m'appuie sur le premier meuble que j'ai sous la main. L’œil mauvais, je suis Jamie du regard alors qu'il nous sert des verres d'eau et en dépose un devant moi. Je le fixe quelques instants. Je n'ai pas envie de boire, oh non, absolument pas. Ce que je veux, ce sont des explications, voir des excuses. Qu'est-ce qui m'arrive ? Tu veux savoir ce qui m'arrive ?! Sa question me fait rire autant qu'elle m'énerve, tant elle me semble inconsciente et ridicule. Restant debout, je me redresse et le regarde durement. Pourquoi ? parvins-je à dire en articulant très difficilement. Cela fait bien longtemps que je n'ai pas été dans un état aussi pathétique. Des mois, si ce n'est des années. D'habitude je bois jusqu'à être assez joyeux pour me lâcher complètement, pour m'amuser, faciliter le contact avec les autres et rentrer accompagné. Je tiens bien l'alcool et connais mes limites. Mais ce soir, j'avais bu pour oublier, et les verres s'étaient enchaînés, me rendant aussi mauvais que je peux l'être, faisant ressortir toute la noirceur qui m'habitait. Celle que tout le monde a au fond de soi, qui nous dévore petit à petit, jusqu'au jour où elle trouve le moyen de se montrer. C'est exactement ce moment pour moi. Pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu n'as pas été là ? Au fur et à mesure que les mots sortent de ma bouche, mes plus douloureux souvenirs refont surface. Emma, sa disparition, Jamie, son abandon, ma solitude, l'incompréhension, l'envie d'en finir. Avec eux, une colère sourde que je pensais avoir surmonté. Mes mains se mettent à trembler sous cette émotion qui me dévore petit à petit. Tu m'as laissé comme la dernière des merdes ! N'avons-nous jamais été amis ?! A moins que ce ne soit comme ça que tu les traites ?! m'exclamais-je, en essayant d'être le plus compréhensible possible malgré mes hésitations et bégaiements.

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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyMar 7 Juil 2015 - 12:30

James tient à peine debout. Mais j'ai pris l'habitude d'avoir un regard détaché sur les personnes dans ce genre d'état, dénué de tout jugement. N'importe qui est libre d'avoir la volonté de se mettre aussi misérable qu'il le souhaite, cela ne me regarde pas. Comme si de rien n'était, je sers de quoi boire à mon invité surprise, un réflexe, par politesse. Je prends une gorgée d'eau, attendant qu'il m'explique la raison de sa venue. Problème de coeur, trou noir dans sa carrière, décès dans sa famille. Qu'importe. J'ai toujours su tout écouter. Loin de toujours être en mesure de comprendre, les personnes ayant besoin d'une épaule pour se lamenter m'ont pas toujours besoin de ça. Une oreille attentive suffit, une phrase aimable, un encouragement, parfois un conseil. N'ayant pas été là quand James a eu besoin de moi par le passé, je suis assez surpris qu'il ait frappé à ma porte pour partager un problème, s'il en a un. Je ne me doute pas une seule seconde que c'est bien cela qu'il est venu me reprocher. Il lance un « pourquoi ? » qui ne veut rien dire pour moi. Je plisse les yeux, interrogateur. « Tu peux faire plus explicite ? » je demande, haussant les épaules. Je suis fatigué, extirpé de mon lit de force. Je n'ai pas vraiment les capacités neuronales pour jouer aux devinettes. Alors James reprend, à peine plus précis, mais juste assez pour que je comprenne de quoi il veut parler. Je baisse le regard, soupirant. « Oh, on en arrive là alors... » A quoi pensais-je ? Cela allait forcément arriver un jour. La confrontation, les comptes à rendre. Je lui ai tourné le dos dans jamais me retourner, et sans donner d'explications. J'ai abandonné mon ami. Je pensais que, des années plus tard, la plaie serait refermée. Pas au point de pouvoir me défausser face à un moment comme celui-ci. Mais au moins assez pour qu'il ne frappe pas à pas d'heure à ma porte, complètement saoul. Je déglutis et fais le tour de l'îlot de la cuisine pour arriver à côté de lui. Je tire deux des chaises hautes d'en dessous du comptoir, m'assied et invite James à faire de même avant que ses jambes ramollies par l'alcool ne le lâchent. Pendant ce temps, je cherche mes mots. Je n'ai jamais vraiment préparé de discours pour me justifier en attendant que ce jour vienne. Je ne sais pas par où commencer. Passant une main sur mon visage, je rassemble mes idées. A vrai dire, je doute que mes explications et mes excuses puissent lui suffire pour me pardonner. « Ca a été une décision très difficile à prendre, de couper les ponts. J'ai toujours refusé de m'attacher aux gens, et tu étais une des rares personnes pour lesquelles j'avais de l'affection. Je sais que la situation était bien plus difficile pour toi, j'en ai bien conscience. Mais tu dois savoir que je n'ai pas agi comme ça de gaîté de coeur, et je n'ai jamais cessé de le regretter. » dis-je de toute bonne foi. C'est sûrement égoïste de ma part de commencer ainsi, à parler de ma propre peine alors que celle de James était, et est encore, infinie. Mais cela me semble important qu'il comprenne qu'il n'était pas une connaissance jetée aux ordures comme un moins que rien. Il avait sa valeur, et tirer un trait sur un de mes rares amis de l'époque m'avait affecté. « Le fait est que même si je voulais être là pour toi, je ne le pouvais pas. » Je soupire. Je doute que son cerveau soit en état de comprendre pourquoi. Expliquer qu'au delà de mon statut qui ne me permettait pas de compter de mauvaises fréquentations dans mon entourage, je ne pouvais pas supporter de voir quelqu'un s'autodétruire à nouveau sous mes yeux, et retrouver le sentiment d'impuissance que j'avais ressenti face à mon frère. Sans oublier les terribles migraines liées à ce sentiment de déjà-vu que tout mon corps rejetait. « Les raisons sont… nombreuses, et difficiles à expliquer. Je n'avais simplement pas le choix. » dis-je pour survoler le sujet. Je ne tiens pas vraiment à ce que James connaisse toute l'histoire et être pris pour un fou doublé d'un cruel petit aristocrate sans coeur. Peut-être saura-t-il se contenter de mes sincères excuses, de mes regrets. Mais d'après ce que j'ai pu expérimenter avec Kelya, les gens se contentent rarement de cela. Ils veulent comprendre, avoir raison, et avoir le droit de t'enfoncer. Traiter de la même manière qu'ils l'ont été les personnes leur ayant fait du mal. L'esprit de vengeance, œil pour œil, dent pour dent. De fait, je ne m'attends à rien d'autre qu'à un juste retour des choses. Que James me rendre la pareille, pique une colère, m'insulte, m'en colle une. Je ne pourrais pas l'en empêcher. « Tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir. J'ai merdé. » j'admets sans sourciller. « Je suis désolé. »
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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyJeu 16 Juil 2015 - 10:47



❝I can't forget❞


James Evans & Jamie Keynes
Je tiens difficilement sur mes deux jambes, faisant face à Jamie. Plus je parle, plus les souvenirs refont surface. Les plus mauvais, les plus douloureux. Je ressens une nouvelle fois toutes ces émotions du passé. L'alcool embrouille mon esprit, je tremble de colère et me fais violence pour ne pas sauter à la gorge de Jamie. Tout ce que je veux, c'est le frapper. Encore et encore, qu'il ait un aperçu de ce que j'avais ressenti à l'époque. Bien sûr, vu mon état, je risque surtout de frapper à côté et l'anglais n'aurait aucun mal à me maîtriser. Mais je n'ai pas les idées assez claires pour m'en rendre compte. Je lui crache les raisons de ma venue. Sa réaction me déstabilise, il semble juste... fatigué ? blasé ? Cela a le don de renforcer ma colère. N'a-t-il donc aucun regret ? N'est-ce pas important à ses yeux ? « Oh, on en arrive là alors... » Sa façon de parler, de soupirer, tout cela a le don de me mettre hors de moi. Je dérange peut-être ? Mon poing se referme et je sens mes ongles s'enfoncer dans la paume de ma main. Je ne sais pas ce qui me retient de lui en foutre une maintenant. On en est là. dis-je, étrangement calme et lucide. C'est l'heure de régler nos comptes, de se confesser, de se dévoiler. J'attends des regrets, des remords, des explications, des excuses, j'attends... Tellement de choses au final, et rien à la fois. Je ne sais pas ce que j'attends, je ne sais pas s'il y a une bonne excuse, un bon comportement. En fait, je suis juste là pour moi, c'est une démarche totalement égoïste. Maintenant qu'il est revenu dans ma vie, je veux qu'il me dise quelque chose pour oublier le passé, pour m'empêcher d'y repenser, pour me permettre de continuer à aller de l'avant. Je veux qu'on enterre la hache de guerre et qu'on reprenne notre amitié comme si rien ne s'était jamais passé.

Jamie fait le tour de l'îlot et vient à mes côtés. Je ne le lâche pas du regard alors qu'il extirpe deux chaises et s'assoit, m'invitant à en faire de même. Encore une fois, son comportement me désarçonne, ma volonté vacille. Il est tellement avenant et... calme. Je refuse de m'asseoir mais je sens mes jambes flancher, l'alcool a raison de moi et je n'ai d'autre choix que de coopérer. « Ca a été une décision très difficile à prendre, de couper les ponts. J'ai toujours refusé de m'attacher aux gens, et tu étais une des rares personnes pour lesquelles j'avais de l'affection. Je sais que la situation était bien plus difficile pour toi, j'en ai bien conscience. Mais tu dois savoir que je n'ai pas agi comme ça de gaîté de cœur, et je n'ai jamais cessé de le regretter. Le fait est que même si je voulais être là pour toi, je ne le pouvais pas. » Les paroles de mon ami d'autrefois atteignent lentement mon cerveau. Je suis complètement perdu. Est-il vraiment en train de me dire que ce n'était pas de sa faute ? Qu'il n'avait pas eu le choix ? Qu'il a souffert ? Je crois rêver ! Je n'arrive pas à déceler s'il est sérieux ou s'il se fout de ma gueule. Je ne sais pas si je dois lui en coller une ou rire. Je finis par pouffer, mauvais. On a toujours le choix. Tu as choisi d'être un lâche, de m'oublier. Je n'aurais jamais fait ça. pestais-je en le fixant. Je parle sans connaître l'histoire de Jamie, son passé, sa famille, son frère. Je parle de quelque chose dont je ne sais rien. Mais est-ce de ma faute ? Je suis justement ici parce que je ne sais rien, parce que j'ai toujours été dans l'inconnu avec lui.

« Les raisons sont… nombreuses, et difficiles à expliquer. Je n'avais simplement pas le choix. Tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir. J'ai merdé. Je suis désolé. » Je le fixe, incrédule. C'est tout ? Ça s'arrête là ? J'ai l'impression que Jamie et moi ne vivons pas dans le même monde, ne vivons pas le même moment. Il semble tellement déconnecté de cette réalité qui est la mienne, tellement insensible. J'ai l'impression que rien ne le touche, qu'il est au dessus de tout. Il me sort des phrases banales, sans saveur, toutes faites. Il ne me donne aucune explication, aucune raison, ne m'apprend rien. Je sais juste qu'il est désolé, ça me fait une belle jambe. Tu te fous de ma gueule putain ! m'exclamais-je en me levant d'un coup, faisant tomber le tabouret en arrière. Jamie se lève aussi, me faisant face. Il ne me défie pas, j'ai l'impression qu'il attend tout simplement. Son comportement totalement hautain et attentiste me met hors de moi. L'alcool prend le dessus, je cède. Mon sang ne fait qu'un tour, mon poing droit vient percuter la mâchoire de l'anglais. Je ne pense pas lui avoir fait bien mal, je ne suis pas en état de me battre et Jamie est beaucoup plus musclé que moi, mais ce coup a un effet libérateur pour moi. Il me permet de relâcher la pression, d'exprimer des sentiments sur lesquels je n'arrive pas à mettre des mots. Toute la douleur que sa perte m'a fait, c'était un ami, un vrai à l'époque. Et le perdre en même temps qu'Emma, ça avait été horrible, insupportable. Je m'en fous que tu sois désolé Jamie ! Je veux savoir pourquoi, quelles étaient tes raisons ? Arrête de te cacher merde ! Pour une fois soit franc avec moi, montre-moi qui tu es réellement ! Je prononce ces paroles en criant de toutes mes forces. A la fin, je le regarde, essoufflé. Je sens des larmes couler sur mon visage et les essuie rageusement. Je ne sais pas si c'est la colère - ou plutôt la rage que j'éprouve en ce moment, ou le fait de me remémorer le passé, ou encore un peu de tout ça avec l'alcool que j'ai dans le sang, mais elles sont là. Je me sens incroyablement faible, et surtout mis à nu. J'espère que Jamie va enfin finir par comprendre à quel point il comptait pour moi, et que si je viens ici à cette heure-ci et dans cet état, c'est avant tout pour retrouver un vieil ami que je pensais avoir perdu pour toujours.

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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyLun 20 Juil 2015 - 15:56

Lâche. Je sais que je l'ai été. Je ne peux pas le nier. J'aurais pu appeler James, un jour, et lui expliquer ma situation. Lui dire que ma position ne me permettait plus de le côtoyer tant qu'il faisait des mauvais choix. Que j'avais assez souffert d'assister à la descente aux enfers d'un proche, et que je ne pouvais pas revivre ça. Je l'aurais quand même abandonné, il m'en aurait quand même voulu. Mais peut-être aurait-il compris. Ce que je vois, ce soir, c'est que le plus difficile pour lui est de ne pas comprendre pourquoi je n'ai pas eu le choix. Parce que je ne cherche pas à me défiler en lui disant ça. C'est un fait : il n'y avait rien que je puisse faire pour l'aider, et absolument tout me poussaient à lui tourner le dos. J'aimerais acquiescer, dire qu'on a toujours le choix. Mais pas dans ma peau, pas dans mes chaussures, pas dans ma vie. Je reste silencieux, et lorsque je m'explique -si l'on peut appeler ça ainsi-, je reste on ne peut plus vague. Et bien sûr, cela est loin de satisfaire la rage de mon ami. Je reste déboussolé par sa virulence. J'avoue que le voir dans cet état de rage par ma faute serre mon coeur. C'est la seconde fois en quelques semaines que je dois constater les dégâts de mon attitude à Londres sur les gens pour qui j'ai eu de l'affection. A moi, tout me semblait normal. Mais ma dimension n'était pas celle du reste du monde. Une réalité complètement déshumanisée, me faisant oublier que toutes ces personnes sont dotées d'une âme. J'assiste quasi-scientifiquement à la colère de James, expérimentant de l'autre côté du miroir le genre de crises de rage noire dont j'étais moi-même sujet avant d'être mis sous traitement. Et je comprends désormais la crainte, la peur que je pouvais susciter chez Joanne. Le jeune homme qui me fait face est une brindille comparé à moi. Mais si sa colère peut me paraître impressionnante, à quel point pouvaient l'être les miennes ? Il se lève soudainement, fait tomber sa chaise. Sur mes gardes, je me redresse à mon tour. La seconde suivante, son poing rencontre mon visage. Ma mâchoire devient douloureuse. Je pose ma main dessus, la tête encore tournée quelques secondes par la force du coup -et surtout, la surprise. Ma bouche ouverte, mon regard rond, trahissent mon étonnement. James m'a collé une droite. Vraiment. Visiblement, les excuses ne marchent pas. Je l'observe, alors qu'il vide ses poumons à force de mots hurlés vers moi. La personne que je suis réellement répondrait à son coup dans un premier temps, et l’assommerait en écrasant sa belle gueule sur le meuble de cuisine pour qu'il se calme ensuite. Après, éventuellement, dans un bon jour, je pourrais préférer parler que de finir de l'envoyer dans un lit d'hôpital. Heureusement, cette personne là est endormie par les médicaments. Ses réminiscences, agacées, se contentent d'attraper James par la nuque, de bel et bien écraser son crâne français sur l'îlot de la cuisine, et tordre son bras dans son dos. « Tu te calmes. Après on parle. » dis-je près de son oreille. Je le garde bien en place une poignée de minutes, jusqu'à ce qu'il ne se débatte plus du tout, et cesse de fulminer. Si besoin, je relève un peu plus son avant bras vers ses omoplates, de quoi le dissuader de bouger. Lorsqu'il m'a l'air un peu plus tranquille, je le lâche, progressivement. Prêt à le maîtriser de nouveau si besoin. Finalement, l'ayant complètement libéré, je retourne m'asseoir et prends un peu d'eau. « C'est quoi cette manière de débarquer chez les gens à pas d'heure pour leur en coller une, hein ? » dis-je en massant un peu ma mâchoire. Je vois le regard toujours aussi noir et humide de James planté sur moi. Oppressant. Je déglutis, mordille ma lèvre inférieure, puis soupire, n'ayant aucune idée de ce que je dois dire. « Je ne sais pas par où commencer. » Je passe une main par mes cheveux. Moi qui déteste par dessus tout devoir narrer mon histoire, me voilà bien loti. « Mon père est un type important. Et tu as sûrement déjà vu ma mère à quelques reprises à Londres, en zappant sur ton poste de télévision. Le genre de personnes qui ne plaisantent pas avec la réputation. Ni la leur, ni la mienne. Et rien que pour ça, il était hors de question qu'on se côtoie plus longtemps, à l'époque. A partir du moment où tu as commencé à tomber dans la catégorie des personnes infréquentables de leur classement, je devais me détourner de toi. » Je soupire. C'est la partie la plus simple de l'histoire, les mots sont encore faciles à prononcer. « Comme je t'ai dit, je n'avais pas le choix. » Mais bourré comme il est, il va sûrement encore me cracher à la figure de beaux principes de liberté. Sauf qu'il n'y a rien de moins libre que les personnes qui semblent avoir tout pour l'être. Je n'adresse pas un regard à James. Je n'ai pas vraiment envie d'affronter la haine dans son regard. Je noie mon malaise dans une gorgée d'eau, et attends un peu avant de poursuivre. Sauf que je n'ai strictement aucune envie de raconter la suite. « J'avais un frère. » Je prends une profonde inspiration. Comme quoi, les années ne rendent n rien son évocation moins difficile. « Oliver. Mon aîné. » Joanne l'avait si bien dit ; mon frère a toujours été mon univers. Je n'aimerais sûrement jamais qui que ce soit plus que lui. Et ce, même plus de quinze années après sa mort. « Il était trop sensible pour réussir à tenir la pression quotidienne qu'on nous mettait sur les épaules. » Pour faire court. Si je m’épanche trop, je sais que je vais frôler la crise de nerfs. Si je commence à lui dire à quel point il était gentil, doux, généreux, malléable -un vrai plaisir pour mon père- ou terriblement intelligent… Je pourrais simplement m’effondrer comme un château de cartes. Plus je parle, plus mes dents se serrent. « Il a eu de mauvaises fréquentations, il pensait que ces personnes pouvaient l'aider à s'évader de sa vie. Il y a eu l'alcool, la drogue, des allées et venues incessantes à l'hôpital dans un état toujours plus grave. Et puis il s'est suicidé, j'avais quinze ans. » L'âge où l'esprit est encore en construction, et le mien n'a pas encaissé le choc. J'épargne les quinze années suivantes à James, pendant lesquelles je me suis complètement perdu ; années où il m'a connu, étant finalement l'ami d'une personne décédée depuis longtemps. Je ne tiens pas à me faire traiter de fou par un homme ivre. « Je n'ai rien pu faire pour lui. Alors je ne pensais pas pouvoir faire quoi que ce soit pour toi. Sauf que cette fois, je ne voulais pas être témoin de ça. Je ne pouvais pas le supporter. » Je ne regarde toujours pas James. Je baisse les yeux, passe une main sur ma nuque. Toujours, je fais de mon mieux pour garder contenance. Mais je sais bien que je m'affaisse de plus en plus.
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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyMer 29 Juil 2015 - 15:22



❝I can't forget❞


James Evans & Jamie Keynes
Debout, l'un en face de l'autre, Jamie et moi nous défions du regard. Le mien est dur, mauvais. Je n'arrive pas à déchiffrer le sien, Jamie est une énigme pour moi. Je me rends compte qu'il l'a toujours été, je ne l'ai jamais connu. L'avoir revu il y a quelques semaines m'avait donné l'impression de revoir un vieil ami, maintenant je ne vois qu'un inconnu. L'inconnu qu'il a toujours été. Je n'en peux plus de tous ces mensonges, ses cachotteries, de toute cette mascarade. Pire encore, j'en ai marre de lui. De son attitude hautaine et méprisante, comme si monsieur était bien au dessus de tout ça, de mon malheur, de mon mal-être. J'en ai marre de ses paroles bienveillantes, de ses faux-semblants. Je suis à bout, j'explose en même temps que j'implose. C'en est trop, je lui décoche un droite, bien placée. Je hurle, je pleure. Est-il tellement insensible ? Ne suis-je rien pour lui ? Si ce n'est l'emmerdeur qui l'empêche de dormir. Je peux lire la surprise sur son visage, alors qu'il se frotte sa mâchoire douloureuse. Alors, on fait moins le fier maintenant ?! Je jubile intérieurement. Pas de l'avoir frappé ou de lui avoir fait mal, mais d'avoir attiré mon attention. Il me regarde, les yeux ronds. J'attends sa réaction, sur mes gardes. Va-t-il continuer à se la jouer pacifiste ? Ou va-t-il me faire regretter mon geste ? La réponse ne tarde pas à arriver, et elle est douloureuse.

L'anglais me saisit la nuque sans qui je ne puisse esquisser le moindre mouvement, et m'écrase le crâne contre l'îlot de sa cuisine. Le choc me sonne alors que je ressens une vive douleur au niveau des tempes. Douleur vite remplacée par celle de mon bras, qu'il tord dans mon dos. C'est bien ce que je pensais, je ne fais pas le poids face à lui. Et encore moins dans mon état actuel. Mon premier réflexe est - bien sûr - d'essaye de me libérer par la force. Cependant, cela s'annonce compliqué. « Tu te calmes. Après on parle. » Sa remarque a le don de m'énerver un peu plus. Furieux, je me débat encore plus. Mais il resserre son étreinte sur mon bras et je finis par abandonner, la douleur devenant insoutenable. Il me faut plusieurs secondes pour me calmer réellement, en reprenant mon souffle. C'est bon, je suis calme. Je lève l'autre bras - celui qui est libre - en l'air en signe de bonne foi. Jamie me lâche et je me redresse précipitamment, frottant mon épaule douloureuse. T'y vas pas de main morte. soupirais-je en continuant de masser mon épaule. « C'est quoi cette manière de débarquer chez les gens à pas d'heure pour leur en coller une, hein ? » Comme réponse, je lui lance un nouveau regard noir. Je ne risque toutefois pas de le frapper une nouvelle fois, j'ai compris la leçon. Je ne le quitte pas des yeux, alors qu'il se rassoit et boit un peu. « Je ne sais pas par où commencer. » Je fronce des sourcils, il vient d'attiser ma curiosité. Serait-il prêt à se dévoiler enfin ? Je ne dis rien, attendant fébrilement la suite.

Le récit de Jamie débute enfin. Il ne saute pas les étapes et commence par le commencement : ses parents. Des personnages importants apparemment, d'autorité publique. J'avoue ne pas me rappeler avoir jamais entendu parler d'une Keynes à la télévision, en même temps je ne la regardais que très peu. J'étais soit dehors, soit en train de bouquiner, soit avec Emma. Je n'ai jamais été fan de la télé. Il m'explique alors qu'il n'avait vraiment pas le choix, que dans ce milieu la réputation est importante, l'image aussi, et qu'il devait me rayer de sa vie quand j'ai déconné. Mon premier réflexe est d'ouvrir la bouche, offusqué par ce qu'il me dit. Mais aucun son ne sort, je me ravise presque aussitôt. Je ne peux pas persister sur mes idéaux de liberté et de choix. C'est peut-être valable maintenant, peut-être qu'aujourd'hui il ne ferait pas le même choix. Mais à l'époque, si jeune, nous dépendions encore de nos parents. J'ai l'impression que le coup que j'ai reçu sur la tête a remis un peu d'ordre là-dedans, je me sens moins ivre qu'en arrivant, c'est peut-être ce qui me permet d'être un peu plus lucide maintenant. Je demeure donc silencieux, laissant à Jamie la possibilité de continuer son histoire tranquillement. Il m'apprend alors l'existence d'un frère aîné, Oliver. J'hausse des sourcils sur le coup, véritablement surpris par cette révélation. Je ne le savais pas, absolument pas. Je comprends rapidement que la suite ne sera pas plaisante à entendre, ou à dire pour l'anglais. Si je n'entends parler d'Oliver qu'aujourd'hui, il doit bien y avoir une raison. La façon qu'a Jamie d'en parler, au passé, d'amener les choses en parlant d'abord de sa faiblesse, tout laisse supposer une issue dramatique à tout ça. De dos, je vois ses épaules s'affaisser, sa voix être de moins en moins sûre. J'ai beau être un peu alcoolisé, je ne suis pas aveugle ni idiot. Je vois bien qu'on atteint le cœur du problème, que Jamie est sur le point de se confier à moi comme jamais. S'il me regardait, il verrait que mon regard noir et rageur a laissé place à de l'inquiétude. Finalement, l'anglais ne fait pas durer le suspens : son frère aîné s'est suicidé. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais à ce moment une vague de tristesse me submerge. J'étais à mille lieux d'imaginer ça de Jamie, de sa vie. Au final j'avais raison, je ne connaissais rien de lui. Maintenant si, mais à quel prix...

« Je n'ai rien pu faire pour lui. Alors je ne pensais pas pouvoir faire quoi que ce soit pour toi. Sauf que cette fois, je ne voulais pas être témoin de ça. Je ne pouvais pas le supporter. » Les derniers mots de l'anglais me concernent directement, et me touchent en plein cœur. Il ne voulait pas revivre ça. Je prends alors conscience que oui, il m'avait considéré comme son ami. Si ce n'est plus, d'après ce que je peux comprendre maintenant. Ma chute vers la abîmes lui rappelait trop celle d'Oliver... Je reste interdit à la fin de son monologue, et le silence nous enveloppe pendant un instant. Jamie, je... J'essaye de dire quelque chose, de trouver mes mots, mais rien ne vient. Je me sens terriblement con à cet instant, et je m'en veux plus que tout. Je suis venu le confronter, l'insulter, imaginant que monsieur avait fait preuve de lâcheté. Au final, la vérité était bien plus moche. J'aurais préféré qu'il m'abandonne lâchement, que mes reproches soient vrais, mais qu'il ait toujours son frère près de lui. Je finis par ramasser la chaise que j'avais renversé au sol pour la remettre debout, et je m'assois à côté de Jamie. J'attrape le verre d'eau qu'il m'avait préparé et en bois une gorgée. Même si à cet instant, j'aimerais quelque chose de bien plus fort que de l'eau. Je suis désolé vieux... Je lui jette un regard en coin, gêné. Sur le moment, je ne trouve pas mieux. Je suis désolé pour sa perte, pour sa souffrance, que cela lui soit arrivé, qu'il ait perdu son frère. Je finis par soupirer longuement et me donner plusieurs coups sur le front avec la paume de ma main. Je suis vraiment trop con ! Je viens te balancer toutes ces horreurs alors qu'au final... Je ne termine pas ma phrase. Au final, on connaît tous les deux son histoire maintenant et ça ne valait pas le coup que je m'énerve contre lui. Il n'était, lui aussi, qu'une victime en fin de compte. Je suis désolé... soupirais-je en fixant mon verre entre mes mains. Cette fois, c'est de mon comportement que je m'excuse. J'ai été puéril, et égoïste. Et je le regrette amèrement. Bien sûr, je pense quand même qu'il aurait du m'en parler plus tôt, que j'aurais pu l'aider d'une façon ou d'une autre, que cela aurait évité tant de malentendus par la suite. Mais chacun fait son deuil à sa manière, et je sais d'expérience qu'on ne fait pas tout le temps les bons choix, malheureusement. Merci. C'est la dernière chose que je trouve à dire. Le remercier, pour sa sincérité, pour s'être dévoilé, pour avoir lever mes doutes. Même si au fond, je ne lui ai pas vraiment laissé le choix en venant ici, il aurait pu me fracasser la tête, appeler les flics ou me virer de chez lui seul. Mais il avait choisi de me parler, et ça, je ne l'oublierai jamais.

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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyMer 5 Aoû 2015 - 9:42

Parler d'Oliver me laisse toujours dans un sale état. Je me souviens à quel point il m'avait été difficile de l'évoquer auprès de Joanne la première fois. Je m'étais alors rendu compte que si j'avais réussi à enfin vivre pour moi, lui faire quitter ma tête petit à petit, il restait là, à me hanter, à me suivre partout. Il n'avait plus l'ascendant sur moi, mais il m'influençait encore. Mon deuil n'était absolument pas fait, je ne voulais toujours pas accepter qu'il soit mort. J'avais eu besoin de retourner à Londres, sur sa tombe, pour définitivement lui dire au revoir. Et me sentir enfin libéré. Aujourd'hui, je parviens à en parler plus facilement. Mais la peine reste la même, tant d'années plus tard. Elle ne diminuera peut-être jamais. Je ne sais pas s'il est vraiment possible de complètement se relever de la découverte du corps de son propre frère pendant à sa ceinture. C'est une image qui reste gravée à jamais, une culpabilité qui demeure, qu'importe le nombre de fois où l'on s'entend répéter que l'on y est pour rien. D'un geste de la main, je balaye les paroles de James. J'ai tellement horreur d'entendre les gens être désolés. Désolé de ne pas me rendre mon frère ? Ca n'a pas de sens. « Ne le sois pas. » dis-je avant de prendre une nouvelle gorgée d'eau. Je respire profondément, essayant de retrouver ma contenance -mais pour le moment, trop de pensées fort tristes pèsent sur mes épaules. « C'est comme ça, on y peut rien. » Quelque chose aurait pu être fait par le passé, quelqu'un aurait pu aider Oliver mieux que l'adolescent que j'étais. Mais non, le monde préfère être désolé. Je jette un regard désapprobateur à James qui assène quelques coups sur son front. L'alcool, quelle connerie. « Arrête. Tu savais pas. » Encore désolé. Je devine qu'il demande pardon pour son attitude, cette fois. Je soupire. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Rester relativement honnête, je suppose. « Ce n'est rien. C'était bien l'idée, que personne ne sache. » je murmure, regardant le fond de mon verre, et me disant que quelque chose de plus fort ne serait pas de refus -si je ne tenais pas à ma règle prohibitive au sujet de l'alcool. « Disons que, après sa mort, tout a été très compliqué pour moi. Je ne voulais pas en parler à qui que ce soit. » Il serait plus juste de dire que je ne le pouvais pas. Mais James pourrait me demander de le justifier, et je ne le pourrais pas. A cette époque, j'occultais encore complètement sa mort, en refusant la réalité. Je ne pouvais pas parler d'un frère mort, puisqu'il ne l'était pas. Bon Dieu, plus j'y songe, plus je me trouve parfaitement cinglé. S'il savait. Si quiconque savait. Je serais vu comme un véritable alien, bon à enfermer. Ouvrez mon cerveau, et allez trouver ce qui peut bien clocher. Mais ce soir, James n'en aura pas l'occasion. Il en sait bien assez. Il s'est calmé, sa colère est partie. C'est amplement suffisant. Je soupire pour la énième fois -c'en est lassant. Mis c'est ma manière d'évacuer un peu les émotions qui me traversent avant qu'elles ne deviennent trop oppressantes. Je reprends ; « J'ai toujours été très secret. Je ne pensais pas que ça pourrait blesser qui que ce soit. Mais entre toi et Kelya, je me rends compte que j'ai fait énormément de mal autour de moi à cette époque. » Il faut être sacrément idiot pour ne rien voir, être aveugle à ce point. Ne pas deviner les sentiments de Kelya, ne pas comprendre à quel point couper les ponts du jour au lendemain avec James était cruel. Maintenant que tout m'apparaît, je m'en veux terriblement. Je ne demande qu'à faire mieux, effacer tout ceci. « Quitter Londres m'a fait énormément de bien, j'ai vraiment beaucoup changé depuis que je suis ici. » J'espère qu'il le voit. J'ai toujours mes secrets, mais au moins, je suis moi-même. « Je me rattraperai, tu verras. » dis-je en lui adressant enfin un regard. Pour l'avoir blessé, abandonné. Nous étions amis, et cela ne m'a pas empêché de le tenir complètement à l'écart de ma vie. Je ne ferais pas l'erreur deux fois, si cette amitié tient toujours. Et j'en demande plus ou moins la confirmation lorsque j'ajoute, avec un léger sourire ; « Bon, je te prépare la chambre d'amis ? »
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Message(#)#42 - I can't forget ~ Jamie EmptyVen 7 Aoû 2015 - 11:32



❝I can't forget❞


James Evans & Jamie Keynes
Parler d'Oliver avait visiblement éprouvé Jamie. Je ne l'avais jamais entendu parler d'une voix si faible, ni vu ses épaules s'affaisser autant. De mon côté, cette révélation a eu l'effet d'une douche froide. Toute ma colère, toute ma rancœur, toute ma rage est partie. A la place, il ne reste que ce sentiment de culpabilité qui m'envahit, peu à peu. J'ai tant haï Jamie ces dernières années, je l'ai tenu responsables de tant de chose, et ce soir encore je suis venu lui cracher ma haine égoïstement, demander des explications. Au final, Jamie a subi les mêmes souffrances que moi, il n'était qu'une autre victime. Et je n'avais rien vu, rien découvert, rien compris. Je m'assois à côté de lui en soupirant. J'attrape le verre qu'il m'avait servi plus tôt et bois une longue gorgée d'eau, j'en ai bien besoin à cet instant. Sans vraiment jeter un regard vers Jamie, je lui dis que je suis désolé. Je n'ai rien de mieux à dire, c'est pathétique. Du coin de l’œil, j'aperçois son geste de main, balayant mes paroles. « Ne le sois pas. C'est comme ça, on y peut rien. » Malheureusement, il a raison. Le fait que je sois désolé ne ramènera jamais son frère, parti trop tôt. Et pourtant, je suis désolé, vraiment. J'aimerais lui ramener Oliver, comme j'aimerais qu'on me ramène Emma. La mort est peut-être un triste sort, mais bien moins cruel que ceux qui restent. Nous devons apprendre à vivre sans l'être aimé, avec les souvenirs, avec ce goût d'inachevé et ce sentiment d'impuissance. Dieu, que la vie peut être cruelle à certains moments. Elle peut tant nous donner, et tant nous reprendre. Rageur, je me porte plusieurs coups sur le front. Je m'en veux, terriblement. « Arrête. Tu savais pas. » J'arrête et fixe ma main quelques secondes. Un long soupire franchit mes lèvres. C'est pas une raison. J'ai agi égoïstement, comme si tu avais eu la vie parfaite. Quel con. maugréais-je contre moi. S'il y a bien quelque chose que je sais faire, c'est m'en vouloir. Je m'en suis tant voulu après la mort d'Emma, pour tout et pour rien. Comme si son accident était de ma faute. Mais on cherche toujours des explications, des fautifs. Ce sentiment de culpabilité qui nous assaille, d'être vivant et pas eux. Je garde le verre en main, l'observant distraitement, cherchant un point à fixer. Je suis bien trop honteux pour regarder l'anglais dorénavant. Je m'excuse, encore une fois. Cette fois pour mon attitude, tellement puérile au final. « Ce n'est rien. C'était bien l'idée, que personne ne sache. » Je hoche de la tête. Je le comprends enfin, après tant d'années. Je ne peux pas lui en vouloir d'avoir voulu cacher ça. Ne pas en parler, c'est ne pas souffrir. C'est ne pas rendre cet événement un peu plus vrai qu'il ne l'est déjà. C'est éviter de s'exposer au regard des autres, de s'attirer de la pitié. Si j'avais su... « Disons que, après sa mort, tout a été très compliqué pour moi. Je ne voulais pas en parler à qui que ce soit. » Je comprends. dis-je simplement. Pas besoin d'en dire plus, je suis passé par le même chemin, bien des années après lui. Il le sait.

Le silence retombe entre nous deux, pendant plusieurs minutes. Seuls nos soupires viennent le briser, on fait peine à voir. Mon verre est désormais vide, et je continue de le fixer. Comme s'il allait se remplir comme par magie. J'aimerais quelque chose de plus fort, pour faire passer ce goût amer que j'ai en bouche. Celui de culpabilité, de dégoût envers moi-même aussi. Mais je sais que Jamie ne boit pas d'alcool, il n'en buvait pas à l'époque, et au gala il m'avait confirmé que c'était toujours le cas. Alors je ne demande rien. D'un autre côté, ce n'est pas plus mal, j'ai assez bu pour ce soir. Demain j'aurai un horrible mal de crâne, renforcé par le coup que m'a porté Jamie en m'écrasant contre la table. Je pouffe en y repensant, il aurait pu me péter le bras tellement facilement dans cette position. « J'ai toujours été très secret. Je ne pensais pas que ça pourrait blesser qui que ce soit. Mais entre toi et Kelya, je me rends compte que j'ai fait énormément de mal autour de moi à cette époque. » J'ose enfin relever les yeux dans sa direction, même si lui regarde toujours vers le bas. Ce n'est pas de ta faute. A ta place, j'aurais sûrement réagi de la même manière. J'avoue, comprenant enfin que lui aussi éprouve énormément de culpabilité. Mais ce n'est pas de sa faute, il a été victime de sa famille, de certains événements de sa vie, de son milieu social. Je comprends maintenant quand il me disait ne pas avoir le choix, il ne plaisantait pas. « Quitter Londres m'a fait énormément de bien, j'ai vraiment beaucoup changé depuis que je suis ici. Je vois ça. dis-je toujours en le regardant, espérant enfin qu'il daigne relever les yeux. Cela se voit, depuis que je l'ai recroisé. Depuis le début, je suis troublé par son attitude, comme si ce n'était pas vraiment Jamie en face de moi. Plus souriant, plus décontracté, il semble heureux. En y réfléchissant, c'est vrai qu'à l'époque il était toujours un peu plus crispé, mesuré, comme s'il faisait attention à tout, comme s'il se retenait. Depuis cette soirée, je le trouve différent, et voilà qu'il confirme cette impression. Je ne m'étais pas trompé. « Je me rattraperai, tu verras. » dit-il en relevant enfin les yeux vers moi. Je ne sais pas quoi dire face à cette promesse, mais elle me fait un bien fou. Je comprends que pour lui aussi, notre amitié compte. Jamie a toujours été un ami à part dans ma vie, et je suppose que si nous ne nous étions pas séparés, il serait comme un frère pour moi. Son amitié compte plus que n'importe quoi, sinon je ne serai pas chez lui, dans ce piteux état. Je me contente de sourire en coin, l'intensité de nos regards suffisant à ce qu'on se comprenne. Oui, on se rattrapera. On rattrapera le temps perdu, on sera là l'un pour l'autre. On fait table rase du passé, on redistribue les cartes. Il me confirme cette impression en me proposant de rester cette nuit, un sourire se formant sur son visage. Ce n'est pas de refus ! souriais-je aussi, soudain plus léger. L'anglais se lève et se dirige vers les escaliers. Je le suis un peu difficilement, titubant. Il m'aide à monter les escaliers en me tenant, pour éviter que je ne m'écrase lamentablement. Avoue que t'aimerais quand même me voir tomber là. riais-je légèrement, voulant dédramatiser un peu plus la situation. Une fois à l'étage, il m'indique une porte. En quelques minutes, il me sort oreillers et couvertures. Prévenant, il apporte un sceau qu'il dépose près du lit, m'expliquant que ce serait gentil de ma part de ne pas en foutre partout. Je vais faire de mon possible. le taquinais-je, sachant pertinemment que je ne vomirai pas de toute façon. Il sort finalement de la pièce pour retourner se coucher et retrouver le sommeil que j'avais interrompu. Il ne me faut que quelques secondes pour moi aussi, tomber dans les bras de Morphée. La soirée fut forte en émotions pour nous deux, mais augurait un bien meilleur futur.


The End.




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