J'ai peur. Le genre de peur paralysante que je n'ai plus ressenti depuis plusieurs mois. Cette même peur qui a souvent été à l'origine de mes crises d'angoisses l'année dernière et l'année d'avant aussi. Celle qui me prend aux tripes et engourdie mon cerveau et de laquelle j'ai du mal à m'en sortir. Elle a commencé a s'installer en moi cette nuit lorsque, la veille après ma discussion avec Hayden, j'ai pris la décision d'annoncer l'odieuse nouvelle à Loan aujourd'hui, me privant de mon sommeil. Elle s'est un peu calmé lorsqu'Elora est revenue à l'appartement avec le magasine me montrant en première page puis a reprit de plus belle quand je me suis rendu compte que cette connerie pourrait me coûter ma place dans la compagnie et donc ma carrière.

Et maintenant j'ai enclenché le pilote automatique en marchant dans la rue. Il fait chaud mais j'ai tout de même enfilé un pull, comme si cacher mon visage sous la capuche allait pouvoir m'aider à passer incognito. En entrant dans le théâtre, j'ai l'impression que le regard de mes collègues ont changés. Ont-ils, eux aussi, vu les articles ? Sont-ils au courant de tout ça ? Que ma consommation de cannabis est devenue un peu trop excessive ces derniers temps ? A tel point que j'ai décidé de tester d'autres substances la dernière fois ? Je n'ai pas non plus tapé dans l'héroïne ou la cocaïne, mais je pense que c'est seulement parce que mon père a débarqué avant et m'a sorti de là par la force.

J'essaie d'ignorer les regards pénétrants des uns et des autres et me dirige directement vers Loan. Un fois devant lui, je retire ma capuche et, sans un mot, l'attrape par le poignet pour l'entraîner derrière moi dans ma loge. Le relâchant, je referme la porte derrière nous puis m'y adosse et le regarde, l'ai totalement perdu, me passant une main sur le visage.  « Je ...» commençais-je avant de prendre une profonde inspiration  « Je sais pas comment le dire autrement donc je vais être direct» soufflais-je.

 «Je reprends mon rôle » annonçais-je de but en blanc. Ce n'est pas du tout la technique qu'on avait mit en place Hayden et moi, mais la peur et la panique sont bien trop présentes pour m'aider à réfléchir d'avantage et prendre des pincettes  «Je ...je veux pas te virer » précisais-je  « Ce ...c'est juste que j'ai le feu vert et que je veux reprendre ce qui me revient de droit» reprenais-je, croisant les bras. Je ne fait pas ce geste pour donner l'impression d'avoir une position de force et de supériorité car cette position est bien d'avantage celle de celui qui est pas sûr de lui, qui veut essayer de se protéger par la gestuelle mais qui n'y arrive pas.

@Loan Severide

Je les entends prononcer le prénom de Clément bien plus que de raison, mais je ne me focalise pas là-dessus. Il a encore dû dire une connerie hier soir et certaines âmes sensibles ont besoin d’en débattre pendant des heures. Il est comme ça parfois Clément, un peu tranchant dans ses blagues, mais jamais méchant. Je commence à prendre l’habitude. Puis je n’ai jamais été du genre à courir après les ragots. Je ne supporte pas que l’on se mêle de ma vie, je ne vois pas pourquoi je me mêlerai de celle des autres. Je prends mon café pour finir de me réveiller et vais me changer dans ma loge. C’est le bordel dans la pièce, il serait temps que je range un peu. Mais la plupart du temps, je file avec Clément dès la fin du spectacle et si je ne suis pas avec lui, je pars rejoindre des amis. Je vais un peu à cent à l’heure en ce moment. Je profite de chaque instant comme si c’était le dernier. Si seulement je savais…

Il arrive un peu en retard Clément. Je fronce les sourcils en voyant son visage caché dans la capuche de son hoodie. Il a l’air d’avoir mal dormi. Je m’approche pour l’accueillir, mais il est bien plus rapide que moi. En quelques secondes, il me tire jusqu’à sa loge par le poignet. « T’es si presser de m’avoir pour toi. » Je voulais faire une blague, mais il ne réagit même pas. En réalité, au moment où la porte se referme derrière nous, un silence de plomb s’abat dans la pièce. Je le regard inquiet. Quelque chose ne va pas. « Clément ? » Je n’aime pas ça.

Et elle tombe sans prévenir la claque. Il va reprendre son rôle. Comme ça. Sans préavis. Le retour de la gifle est encore plus violent. Reprendre ce qui lui revient de droit. Un rire nerveux s’échappe d’entre mes lèvres. « Ce qui te revient de droit hein. » C’est la meilleure celle-là. Je ne lui ai jamais demandé de me donner le rôle. Il a pris la décision comme un grand. Et c’est comme ça qu’il conclut l’affaire. Tu étais bien utile Loan, mais maintenant, tu vas partir sans faire de bruit. Le pire, c’est que je savais parfaitement que ce moment allait arriver. Je n’avais pas prévu que Clément me parle comme ça. Je recule et m’assois sur le bord de sa table de maquillage. « T’en fais pas, je te ferais pas d’ombre. » J’ai l’habitude. Partir sans faire de vague. M’écraser pour laisser la place aux autres. C’est pas la première fois que l’on me demande ça. Tu peux dire au revoir à tes rêves de carrières Loan. Je passe une main sur mon visage et soupire longuement. « Le pire, c’est que je le sentais venir. Je suis définitivement trop con. » Parce que je suppose que je peux remballer mes sentiments pour lui en même temps que mes affaires.

La réaction de Loan est normale et absolument pas surprenante. En vrai, c'est exactement celle à laquelle je m'attendais. Il prend tout de suite tout personnellement et ne cherche même pas à comprendre le pourquoi du comment. Il se montre agressif et se renferme sur lui-même pensant sans aucun doute qu'on va le virer, me faisant dire des choses que je n'ai pas dites et je dois avouer que je n'ai aucune envie d'essayer de le rassurer car je sais que je vais encore parler à un mur et qu'il ne comprendra que ce qu'il veut comprendre.

 « Je savais que tu réagirais comme ça» dis-je en roulant des yeux  « Mais oui, exactement. Ce qui me revient de droit» dis-je, plantant mon regard dans celui de mon copain  «J'AI travaillé dur pour ce rôle, J'AI passé toutes les auditions possibles pour avoir ce rôle. C'est MOI qui ait été choisi en premier. Toi... » je me tais et prend une profonde inspiration  «Tu es parfait. Tu a sauvé le show et je ne regretterais jamais de t'avoir donner ce rôle. Mais tu n'as rien fait en amont pour le mériter. C'est moi qui suis venu à ta rencontre, c'est moi qui t'ai choisi et ça t'as assuré ta place »

Je prends une profonde inspiration et m'approche de lui  «Comprends moi Loan. Ça ne me fait pas plaisir de te virer de la sorte, mais j'ai juste envie de reprendre le rôle pour lequel j'ai travaillé dur et longtemps, que j'ai préparé pendant des mois » je me redresse légèrement  «Pendant que toi tu étais avec ta troupe à l'autre bout du globe » Ce n'est pas dit comme un reproche, mais plutôt comme quelque chose pour lui faire comprendre qu'il a déjà aussi eu droit à son heure de gloire avec le show qui l'a fait voyagé un peu partout  « Je la mérite cette place. J'y ai mit tout mon cœur et mon âme, alors je t'en supplie Loan, ne me l'enlève pas ...» et ne pars pas, ne m'en veut pas et reste avec moi, s'il te plaît.

@Loan Severide

Je m’attendais à ce qu’il m’annonce cela. Je m’y préparais depuis quelques jours. Il ne m’en avait pas parlé, mais j’ai bien vu que sa cheville allait bien mieux, qu’il prenait de plus en plus d’espace sur scène. J’attendais qu’il m’en parle. Je pensais être prêt à entendre la nouvelle. Puis Clément à lâcher cela de but en blanc, il s’est mis sur la défensive à la minute où il est venu croiser ses bras sur sa poitrine et je me suis braqué. C’est plus simple de réagir comme cela à une attaque frontale. On essaye de tout cacher alors que je dois être un livre ouvert. J’avais tenté de me préparer, mais ça fait mal malgré tout. Je ne sais plus trop quoi dire, je m’emporte dans mon coin alors que c’est complètement inutile. Tu joues à quoi Loan ? Je soupire et adopte la même position que Clément alors que le jeune homme tente de justifier ses propos.

« Clément… » Il continue, il me dit que je n’ai pas travaillé aussi dur que lui pour le rôle, qu’il en avait trop rêvé pour que cela lui file sous le nez. Il me donne toutes les excuses possibles et imaginables. Il se fatigue et je le laisse faire. « Clément. » Il commence à me supplier que ce soit tout ce dont il a besoin et je me lève pour m’approcher de lui. « Clément, je savais. » A la minute où il m’a donné le rôle, je savais qu’il allait le reprendre. Il est jeune, il avait une blessure importante certes, mais il allait s’en remettre. Je le savais. Et peut être que j’ai voulu l’oublier pendant un temps, mais au plus profond de moi, je ne me faisais pas d’illusion. Je soupire quelque peu et frôle son bras du bout des doigts. « Je voulais me voiler la face encore un peu et t’arrive comme un boulet de canon. » Il n’avait même pas laissé échapper quelques petits indices. Rien du tout. C’est venu sans prévenir comme une bonne claque en pleine figure. « Je vais pas le cacher ça me fait mal au cœur malgré tout. » Je l’aimais ce rôle. Je m’étais enfin trouvé une place au sein de la troupe et je ne sais pas trop ce que je vais devenir maintenant. « J’ai pas vraiment de roue de secours. » dis-je tout bas sans trop oser croiser son regard.

Je ne veux pas virer Loan, je ne veux pas qu'il se sente mis à la porte ou qu'il pense qu'il perdra à jamais sa place au sein de la compagnie. J'aurais dû montrer plus d'empathie, être moins direct et amorcer les sujet avec plus de douceur. Mais je ne l'ai pas fait et voilà que Loan se braque, qu'il se victimise comme toujours lorsque quelque chose lui échappe. Alors je sors tous les arguments possibles et imaginables qui devraient jouer en ma faveur. Je parles, je lui explique pourquoi c'est moi qui devrait avoir ce rôle et il finit par me comprendre.

Lorsqu'il s'approche de moi, frôlant mon bras avec ses doigts et me dit avec douceur qu'il savait, j'ai l'impression que c'est un énorme poids qui tombe de mes épaules, si bien que je fini par passer ses bras autour de ses haches pour me blottir contre lui. Usant de cette proximité pour me calmer un peu, je ferme les yeux et niche mon visage dans le creux de son épaule. Peut-être est-ce la dernière fois que je pourrais profiter de ces bras et de cette chaleur?Autant en profiter alors.

Ce n'est qu'au bout de plusieurs instants que Loan fini par reprendre la parole. Captant mon regard, il m'avoue que cette situation lui brise quand même le cœur mais surtout qu'il n' a aucune roue de secours.  «moi j'en ai une pour toi » avouais-je en me redressant, le relâchant.  « Je ...» je me mordilles légèrement la lèvre inférieure puis prend une profonde inspiration  « Je ...enfin tu te doutes sûrement que cette décision ne vient pas du jour au lendemain, pas vrai ? Pour tout t'avouer ça fait déjà au moins deux semaines sinon trois que je sais que je vais pouvoir reprendre ton rôle» je baisse le regard  «Je ne t'en ais pas parlé avant simplement parce que j'attendais le bon moment »

Je me recule et me détourne pour attraper mon sac à dos duquel je sors une pochette.  « Tien» dis-je en lui tendant une petite liasse de feuille  «Avec Charles on t'as écrit un rôle » je baisse le regard sur mes doigts que j'entortille nerveusement  «C'est plus ou moins celui que j'avais moi mais on l'a réécrit pour qu'il te correspondes plus à toi. Tu peux le lire et si jamais t'as des modifications à faire Charles à dit que tu ne devrais pas hésiter à aller lui parler » j'hoche doucement la tête  « Mais je crois qu'il a plutôt bien réussi à te cerner» je pince les lèvres en un petit sourire que j'adresse à mon petit ami espérant au plus profond de mon être qu'il ne me tiendra pas rigueur de cette confrontation.

@Loan Severide

J’ai mal réagi parce que l’annonce a été brutale. J’avais beau l’avoir prévu depuis le départ, je ne m’attendais pas à ce qu’elle tombe aujourd’hui. Et il réalise Clément, que le dire de cette manière n’était peut-être pas la meilleure des façons. Ce qui est fait, est fait. Alors, je tente de le rassurer comme je peux sur le fait que ce n’est rien. Il a tous les droits de reprendre son rôle. Après tout, c’est lui qui avait passé les auditions, c’est lui qui avait tout porter à bout de bras. Je le sais. C’est juste un peu compliquer de l’accepter. Mais lorsque ses bras s’enroulent autour de mes hanches, je comprends que tout va déjà mieux. Je le garde contre moi et le serre un peu plus lorsque je l’entends soupirer. J’embrasse sa tempe tout en pensant à ce que je vais devoir faire désormais. Courir à nouveau les auditions, trouver un autre projet, reprendre à zéro. C’est compliqué, je ne l’avais pas vraiment prévu et j’ai la sensation que l’on me coupe l’herbe sous les pieds. Je suis déstabilisé, mais il semblerait que Clément ait réfléchi bien plus que moi. Il est tout timide lorsqu’il m’annonce avoir beaucoup réfléchis avant de reprendre son rôle. Je l’observe ébahi alors qu’il me tend une liasse de papiers, m’expliquant que Charles et lui avait repenser un rôle pour moi. « T’as vraiment fait ça ? » Je suis tellement surpris qu’il me faut quelques secondes avant de prendre le script. Je regarde les papiers entre mes doigts et relève le regard vers mon petit ami. « Je te mérite pas. » J’embrasse ses lèvres avant de l’entraîner avec moi dans le canapé de sa loge pour lire le script. Je veux tout de suite savoir à quoi, ils ont pensé pour moi. Je feuillette d’abord le tout avant de revenir au début pour lire un peu plus calmement. Le rôle a été taillé sur-mesure pour moi, ça se sent. Ils ont pensé aux moindres détails. Je lis encore un peu avant de me coller à Clément. « Merci… » Parce qu’avec ce rôle, je vais pouvoir rester dans la troupe, je vais pouvoir rester auprès de lui aussi. « Tu me rattraperas alors ? » dis-je en référence au petit subterfuge que l’on avait créé ensemble.

Brutale. Voilà comment était mon annonce. Alors que j'avais pourtant élaboré tout un plan avec l'aide d'Elora, Sybbie et même Hayden, j'ai paniqué à la dernière minute et j'ai parlé sans prendre de pincettes. J'aurais vraiment dû montrer plus de compréhension et d'empathie, Loan aurait peut-être pas réagit de cette manière, mais ce qui est fait. Je ne peux malheureusement plus rien y changer. Tout ce que je peux faire c'est essayer de sauver les apparences afin de ne pas empirer la chose.

Ainsi je lui sors tous les arguments qui jouent en ma faveur et au final, Loan comprend mon point de vu. Il n'est pas idiot non plus, il sait parfaitement combien j'attendais ce rôle et combien ça m'a fait mal de le lui refiler. Alors afin de parfaire cette nouvelle situation, je m'empresse de lui montrer le donner le script sur lequel apparaît son nouveau rôle que j'ai co-écrit avec Charles.

Silencieux, je laisse mon copain feuilleter les pages et lire son rôle et sourit doucement lorsque son regard s'éclaircit avant qu'il ne vienne me prendre dans ses bras en me disant qu'il ne me mérite pas.  « Tu rigoles ? Je sais parfaitement comment s'est compliqué de se retrouver du jour au lendemain sans travail et de devoir à nouveau passer des auditions diverses et variées » j'hausse les épaules  « Si déjà je reprends ton rôle, la moindre des choses c'est d'assurer la suite de ton parcours. Et ...» je me tais et baisse le regard  «Au moins je peux t'avoir encore un peu avec moi et partager la scène avec toi »

Nous nous installons ensuite sur le canapé de ma loge et je lui laisse le temps nécessaire pour lire son rôle avec attention avant de rigoler doucement  « Non on a enlever cette partie là. C'était notre truc à nous et ça n'aura pas la même saveur si on inversait les rôles » je souris doucement et m'installe correctement  « Je ...j'ai pensé à un truc»

Je pince les lèvres et m'installe en tailleur, hésitant  « Ce n'est qu'une pensée quelconque et il n'y absolument rien de concrêt mais ...» je soupire doucement  «J'ai envie de faire plus que seulement la northlight. Alors oui je veux me produire à Broadway avant mes 30 ans mais ...la danse et le théâtre on toujours fait parti de ma vie dans les bons moment comme dans les pires. La scène était ma thérapie quand ça n'allait pas et mon exutoire quand j'avais trop d'énergie. » je me passe une main dans les cheveux  « J'ai envie de trouver un moyen de montrer aux autres combien ça peut être bon d'être scène. Tu vois ? Genre...donner un endroit à des personnes qui,par exemple, manquent de confiance en eux pour leur permettre de s'exprimer à travers la danse et le théâtre» je secoue la tête  « J'ai absolument aucune idée de comment je peux mettre ça en place mais ...» je lance un coup d'oeil vers Loan  «...est-ce que tu me suivrais si je décidais de me lancer dans cette aventure ? » car il faut dire ce qu'il en est : avec l'histoire dans le magasine, j'ai de plus en plus l'impression que ma carrière dans la northlight est finie et qu'il me faut un nouveau départ.

@Loan Severide

Je suis comme un gamin lorsque Clément me tend une liasse de feuilles renfermant le rôle qu’il a pensé et créer avec Charles rien que pour moi. Je suis déjà touché par le geste, mais lorsque je lis les premières lignes, je comprends qu’il a vraiment tout fait pour que je me sente bien et que j’ai encore ma place au sein de la pièce et surtout de la troupe. Et j’entends tout ce qu’il me dit et je suis véritablement touché de voir qu’il a pensé à moi et à mon avenir. Surtout, j’entends la fin de son petit discours, lorsqu’il affirme qu’au moins il pourra me garder un tout petit peu plus longtemps auprès de lui. Je fronce les sourcils et remarque que Clément a baissé la tête. Alors, il doute vraiment de ça. Je pose le script et viens glisser mes doigts sous son menton pour que nos regards se croisent. « Même si je n’avais plus eu aucun rôle dans cette pièce, je serais resté dans ta vie. » Et lentement, je viens embrasser ses lèvres. Nous ne sommes pas ensemble depuis longtemps, mais je sais que je n’ai pas l’intention de mettre un terme à cette relation, qu’importe à quoi ressemble ma vie professionnelle. Nous sommes partenaires de scène, mais une fois descendu de cette dernière, on est juste Clément et Loan.

Il a envie de parler Clément, alors je mets de côté le script pour me concentrer sur ce qu’il souhaite me dire. Je le vois hésiter et se reprendre plusieurs fois avant d’enfin me parler de cette idée qui semble lui trotter dans la tête depuis un bon moment. Et mon sourire ne cesse de s’agrandir au fur et à mesure de ses paroles. Je me reconnais tellement en tout cela que ça en devient presque effrayant. « Bouge pas. » que je lui dis alors qu’il me demande si je voudrais le suivre dans son idée d’aventure. J’ai beaucoup de choses à lui dire, mais pour que tout soit clair, je vais avoir besoin de lui montrer quelque chose en particulier. Je lui vole un dernier baiser avant de partir en courant dans ma loge pour prendre mon carnet dans mon sac à dos. Lorsque je reviens, je m’assois tout proche de Clément et lui glisse le carnet à la couverture noir sur les genoux. « J’ai cette idée en tête depuis une dizaine d’années. » A l’intérieur du carnet, des croquis de lieux, une liste d’idée en pagaille et surtout tout ce que j’aimerais un jour mettre en place. « Un lieu où partager ma passion avec les plus jeunes. Enfin… Avec n’importe quel type de public. » Je tourne les pages avant d’arriver sur un croquis dont je suis particulièrement fière, l’idée la plus proche que j’ai de ce lieu rêver. « J’imagine une immense salle de danse où on pourrait donner des cours, n’importe quel type de danse. Un melting pot d’idées et d’influence. » Un lieu de partage tout simplement. « Un immense playground pour des gens passionnés comme nous et pour faire découvrir ce qui nous aide à nous lever tous les matins. » Je souris probablement comme un malade, mais l’idée de Clément est si proche de la mienne que c’est tout simplement dingue. « Alors clairement, je suis partant pour l’aventure. » que je lui avoue en souriant.

C'est un petit sourire reconnaissant qui s'affiche sur mon visage lorsque mon copain me dit que, peu importe comment  tout cela se serait déroulé, il serait quand même resté dans ma vie. En entendant cela, c'est comme si un gros poids se dégageait de mes épaules et je pousse un petit soupire de soulagement avant de le rejoindre sur le canapé. Je lui laisse tout le temps du monde pour lire le script que je lui ai donné avant de lui donner de plus amples explications concernant la suite de notre show.

Toutefois, je fini par changer de sujet et lui parle de ce projet que j'ai en tête depuis quelques temps déjà, celui d'un endroit où je pourrais, moi-même, transmettre ma passion pour la danse à des gens. Jeunes, vieux, en difficulté physique ou mentale ou qui ont simplement besoin d'un exutoire. Car la danse représente bien plus qu'un sport pour moi, c'est une thérapie, des moments précieux que jamais je ne pourrais et ne voudrais échangé pour rien au monde. Si je ne perds pas de vu le but de ma vie qui est de me produire à Broadway avant mes 30 ans et encore moins d'abandonner ma place dans la Northlight, j'ai envie de faire quelques changements dans ma vie et je pense que c'est un bon moment pour le faire.

En parlant, je suis bien loin d'imaginer que Loan avait le même genre d'idée derrière la tête ! Se levant, il sort de la loge et revient quelques instants plus tard en posant un carnet sur mes genoux. Je le prend presque délicatement dans mes mains puis interroge Loan du regard puis fini par ouvrir ledit. Et, alors que mon copain m'expose son idée qui fait étrangement écho à la mienne, mon regard, lui, se pose sur tous les croquis et les idées écrites en pagaille sur les première pages.  « Mais c'est génial» soufflais-je en relevant mon regard sur Loan  « C'est exactement ce que je veux faire moi aussi» souriais-je en tapotant les pages avec mon index  « Simplement faire profiter n'importe qui des bienfaits de la danse et ... » Mon sourire se fait plus doux  « Je serais heureux de partager cette aventure avec toi» concluais-je cette discussion avec un baiser, persuadé qu'on y arrivera d'une manière ou d'une autre.

@Loan Severide