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 Bastard, I love you | Ft Sid

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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 30 Mar 2020 - 15:02

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.
8h00. L'heure affichée par la montre en cuir noir accrochée au poignet de Caroline. Une montre que, d'ordinaire, elle n'aime pas porter tant le défilement du temps l'ennuie, ou l'effraie ? Qui sait. Une heure qu'elle a attendu impatiemment, assise devant un immeuble, bâtiment qu'elle a recherché à tout prix. Comment a t-elle fait pour obtenir cette adresse ? Une recherche fastidieuse et longue auprès de plusieurs sources dont elle ne révélera nullement l'identité. Une recherche que son cœur réclamait depuis plusieurs années.

Assise sur le trottoir à regarder les gens passer dans l'espoir que l'un d'entre eux pénètre dans cet immeuble précis afin qu'elle puisse feindre d'y habiter ou alors feindre d'attendre quelqu'un puis de s'y introduire tel un chat sauvage travaillant en pleine nuit. Sonner à l'interphone ? Impossible. La surprise fonctionnerait davantage. Et puis elle voulait lui faire peur, lui faire mal, lui tordre son petit cœur comme le sien avait été tordu, piétiné, laissé pour mort sur le sol. Il était tôt, très tôt, trop tôt pour certain qu'elle imaginait encore endormi.

« Parfait. Il sera d'autant plus perturbé. »

Elle commençait à parler à haute voix.. L'attente se faisait sentir et l'australienne s'impatientait de plus en plus. Personne ne sortait ou n'entrait donc dans cette foutue battisse ? Elle n'allait tout de même pas devoir briser tout son plan ingénieux et subtile à cause d'une si bête situation ? Mais à l'instant où elle voulu entreprendre de se mettre debout pour renoncer à son facteur de surprise, une demoiselle sortit du bâtiment. Gentille, polie, ou naïve ?, cette même femme attendit en lui tenant la porte puis ajouta un petit "vous voulez entrer ?". Une demande qui chamboula légèrement Caroline, la vouvoyez lui faisait encore drôle.. Elle était conscience et avait accepté le fait de ne plus être une petite fille mais de là à être considérée comme une femme qu'on vouvoie.. C'était encore trop tôt. Elle accepta malgré tout et pénétra dans l'immeuble.

Elle y était. Elle n'était plus qu'à quelques mètres, quelques minutes de cette entrevue, de cette rencontre, de ces retrouvailles qu'elle avait tant espéré. Elle avait souvent imaginé la scène, sautant dans les bras de son frère afin de s'enlacer pendant des heures. Ils riraient aux éclats avant de se poser autour d'un café, ou d'une bière (ou un cocktail pour l'australienne aux goûts de princesse). Une scène qui, à peine imaginée, volait en éclat tant Caroline avait un trop plein de haine, de colère et de chagrin a expulser en même temps. Ce scénario était impossible. Tout en repassant ses idées farfelues et imagées dans la tête, elle ne se rendit pas compte qu'elle arrivait devant la porte du-dit appartement. Elle sentait son cœur battre la chamade puis s'arrêter, puis repartir au grand galop dans sa poitrine. Elle en avait presque mal finalement. Mais elle sentait aussi ses sourcils se plisser, ses lèvres trembler tant elle avait du mal à contenir ses émotions qui se voulaient particulièrement intenses en cet instant. Il était temps, c'était l'heure. Elle ne pouvait plus reculer et, de toute façon, elle ne le souhaitait pas. Il était là, derrière cette porte et elle voulait le voir de ses propres yeux, le confronter réellement. Il était temps. La porte formait le dernier obstacle la séparant de son frère. Un obstacle qu'elle commençait à vouloir détruire avec une volonté qu'elle redécouvrait. Elle plaignit presque les voisins à ce moment précis..


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Pando
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Sid Bauer
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le tatoueur au coeur tendre
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ÂGE : trente-trois ans, né le 26 janvier 1990.
SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent.
STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise...
MÉTIER : tatoueur, propriétaire de son propre salon, wild ink.
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GENRE : Je suis un homme
ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié.
PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.
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INSCRIT LE : 01/03/2016
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyVen 3 Avr 2020 - 3:44

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Sid dort. Ses rêves sont désagréables, violents, peuplés de bruits sourds qui retentissent à répétition dans son crâne. Il résiste aussi longtemps que possible, mais il finit par rendre les armes. Tiré de son sommeil contre son gré, il entrouvre un œil vitreux. Les relents d’alcool qui lui embrument encore l’esprit masquent à peine la gueule de bois qui transformera sa vie en enfer pour la journée. Avec un grognement pathétique, il se hisse sur un coude un peu mou pour voir la petite horloge qui traîne sur sa table de nuit. 8h06. Il pousse un soupir de désespoir et se laisse retomber, la tête enfouie dans l’oreiller. Les souvenirs de sa soirée sont flous, mais il croit être rentré vers 4 ou 5 heures du matin, complètement bourré et désespérément seul. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de ramener quelqu’un chez lui. Il se souvient étrangement bien d’avoir dragué une jolie rousse. Et juste au moment où il pensait que l’affaire était dans le sac, son copain s’était pointé pour foutre la merde. Il n’avait pas apprécié la proposition de Sid, qui lui avait gracieusement offert à lui aussi une virée dans son lit. Sa pommette élance brusquement, douleur fantôme qui lui rappelle le poing aussi solide que du béton qui s’est écrasé contre son visage. Un sursaut déplaisant lui remonte la colonne vertébrale quand le bruit qui hantait ses rêves se reproduit dans son appartement. Maudissant le voisin d’en haut qui a décidé de ressortir son marteau en ce samedi matin, il s’enfouit sous les couvertures, bien décidé à se rendormir. Sauf que l’écho d’une voix féminine qui gueule son prénom à tue-tête lui parvient presque aussitôt, traversant sans mal le barrage totalement inefficace de la couette. Il comprend brusquement que quelqu’un cogne à la porte de son appartement. Son premier instinct est de l’ignorer, sauf que l’individu ne semble pas près de se décourager, à en juger par la force des coups sur sa porte qui font presque vibrer les murs de l’appartement. Il a intérêt à aller ouvrir avant que les voisins ne rappliquent tous pour se plaindre d’avoir été tirés de leur sommeil. Repoussant à grands coups de pied les couvertures pour se libérer, il manque de tomber en bas de son lit et se rattrape de justesse au rebord du matelas. Il accorde à la pièce quelques secondes pour arrêter de tourner avant de se lever. Se rendant compte un peu à retardement qu’il ne porte qu’un boxer, il attrape un jean au hasard dans le bordel qui recouvre le plancher de sa chambre. En l’enfilant maladroitement, il se félicite d’avoir réussi à retirer ses vêtements dans l’état où il se trouvait quand il est rentré. Ça n’aurait pas été la première fois qu’il s’endormait tout habillé. Il se traîne dans le couloir qui débouche sur l’aire ouverte qui sert à la fois de salon et de salle à manger. Ici, le bruit est insupportable. « C’est bon, j’arrive ! » beugle-t-il en direction de la porte dans l’espoir de faire cesser les coups qui se réverbèrent dans son crâne. Sans succès. À bout de patience, il presse le pas et ouvre enfin le battant à la volée. « C’est quoi ton problème putain ?! » Déstabilisée par la disparition subite du panneau contre lequel elle tambourinait, une tornade ni tout à fait blonde ni tout à fait brune mais bien échevelée lui tombe presque dans les bras. Elle retrouve toutefois son équilibre (plus aisément que lui tout à l’heure). Repoussant une mèche folle vers l’arrière, elle lève la tête vers lui. Deux grands yeux bleus furieux le transpercent violemment. Elle a changé depuis la dernière fois que Sid l’a vue. Ce n’est plus la fillette dont il s’est occupé ni l’adolescente un peu maladroite qu’il a abandonnée, mais une jeune femme ravissante. Malgré la colère qui déforme ses traits, il la reconnaît aussitôt. « Caro ? » Nerveux tout à coup, il s’humecte les lèvres du bout de la langue. Sa main moite se contracte sur la poignée de la porte. « Je… Tu… Qu’est-ce que tu fais ici ? » demande-t-il d’une voix moins assurée qu’il ne l’aurait voulu. Il se doutait bien qu’elle aurait le courage qu’il lui manquait et qu’elle finirait par le retrouver. D’ailleurs, il espérait autant qu’il redoutait ce moment. S’il avait su que ça se produirait aujourd’hui, il aurait certainement bu quelques shots de moins hier.



just kiss me in the dark
maybe i’m just as scared as you. it's alright, stay by my side on the edge of everything we know. it's alright, just don't look down and i will hold on and never let go. you're right beside me, so just close your eyes, i'll never let go. you're all that i need, so just close your eyes. • close your eyes, rhodes

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Dernière édition par Sid Bauer le Dim 12 Avr 2020 - 18:28, édité 1 fois
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 6 Avr 2020 - 10:41

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

La porte s'ouvre. Caroline n'ayant pas entendu la moindre voix s'annoncer, c'est avec un manque d'équilibre légendaire qu'elle pénètre, malgré elle, dans la pièce de l'appartement qu'elle tambourine depuis de longues minutes. Il est là, il est vraiment là. Juste devant elle. Mais il lui pose une question, enfin à la personne qui tambourinait jusqu'alors. Elle se fige sur place, le regardant sans être vraiment présente, outrée par sa question, écœurée aussi mais morte d'envie de lui sauter dessus, de le prendre dans ses bras et de rattraper le temps perdu. La lèvre retroussée tel un chien enragé, elle répond en tentant d'imiter de façon vulgaire et grossière la voix de son frère.

« "C'est quoi ton problème putain ?!" T'es sérieux là ?!! C'EST QUOI MOOOOON PROBLEME ? J'PEUX SAVOIR QUEL EST LE TIEN ? Ah mais attends je vais t'le dire, MOI, c'est quoi TON* PUTAIN DE PROBLEME ! »

La demoiselle, sans même prendre la peine de se déchausser, entre davantage dans la pièce, prenant peu à peu sa place en emplissant l'atmosphère de ses paroles qu'elle voulait sanglantes et perçantes. Ses pas résonnèrent à travers la pièce tant elle s'était transformée en une machine de guerre encore en fonctionnement dont le bombardement était d'une force extrême, résultat d'une programmation à retardement qui finirait dans tout les cas par exploser un jour. Ce jour était arrivé. Caroline faisait de grands gestes en tournant autour de la table basse, d'une manière aussi théâtrale que possible. Elle ne s'arrêtait pas de tourner, de revenir sur ses pas tout en préparant et en débutant sa tirade. Il s'agissait là d'une méthode de protection pour camoufler ce qu'elle ressentait réellement, pour éviter qu'elle n'explose en larmes et qu'elle s'effondre dans ses bras car non, cette fois, elle allait lui passer un savon. Elle était terrorisée par ces retrouvailles, terrifiée à l'idée de le perdre à nouveau, morte de peur d'être à nouveau seule car c'est ce qu'elle était, ce qu'elle est depuis son départ. Seule.

« MOOONSIEUR prend la décision de vivre sa vie on n'sait où, du jour au lend'main comme ça. MOOOONSIEUR pense que c'est une super idée de se barrer de la maison sans prévenir ni laisser le moindre mot, en laissant la gentille Caroline seule avec son père, NOTRE père qui n'avait pas la moindre idée de comment s'occuper d'une ado. MOOONSIEUR a eu l'EXCELLENTE IDEE de me laisser me démerder avec la maison, l'administratif, faire vivre décemment le père complètement anéanti. MOOONSIEUR a préféré partir vivre sa belle vie loin de toute cette merde qu'a laissé maman en partant. MOOONSIEUR trouve ça excellent de se barrer et laisser.. sa petite soeur.. toute seule.. MERDE SID TU T'ES BARRE SANS MOI ! »

Elle fit une pause, comme si il lui fallait du temps, à elle, pour accueillir ce qu'elle venait de dire, pour réaliser ses propres mots. La plupart de ceux qu'elle avait employé, la plupart des "raisons" énoncées, elle le savait, étaient bien futiles. En réalité elle ne lui en voulait que pour une seule chose: l'avoir laissée, l'avoir séparée de lui, lui avoir volé ce temps à ses côtés. Le reste n'avait aucune putain d'importance mais elle sentait le besoin de justifier sa furie avec une multitude de raisons.

« Je* te* déteste j'te déteste j'te déteste.. »

Elle était maintenant au beau milieu de ce qui semblait être la pièce à vivre du jeune homme et, à ce moment-là seulement, son sens de l'observation fut piqué au vif et passa en revue l'intégralité de l'endroit où ils se trouvaient. C'était en désordre, vraiment en désordre. Un peu comme la vie de Caroline depuis que Sid s'était volatilisé. Elle essayait vraiment de mettre de l'ordre mais surtout de conserver cet équilibre. Mais comment faire lorsque notre moitié, notre ange gardien n'est plus là et ne donne plus signe de vie ? Mais l'environnement présent eu un effet troublant sur la jeune femme, elle était presque apaisée. Elle sentait un poids doucement se lever. Elle sentait aussi son cœur devenir plus lourd, paradoxe infernal qu'elle tentait de refouler. Elle avait relativement bien réussi mais là c'était trop intense, elle avait trop de choses en elle pour les conserver, c'était impossible. Le cœur lourd, la gorge nouée, Caroline fit un effort surhumain pour ne pas se laisser aller. Ses jambes étaient beaucoup dangereusement faibles et elle n'avait qu'une envie c'était de s'étaler au sol et de rester là le temps d'encaisser. Mais elle n'avait pas encore terminé. Il lui fallait des réponses, elle manquait d'informations. Elle ne pouvait pas croire qu'il soit partit de la sorte, c'était tout bonnement pas.. Sid.

« Tu m’as abandonnée, tu m’as laissée pour compte, tu m’as... Tu m’as trahie ! Comment as-tu pu me faire ça ?! »

Sa voix se voulait plus calme, plus audible. Mais cela masquait simplement sa réelle peine. C'était la première fois depuis qu'elle était entrée en trombe dans l'appartement qu'elle s'attardait à le regarder droit dans les yeux, en ayant conscience de cet échange visuel, en étant réellement "là". Ils avaient les mêmes yeux c'était indéniable. Elle avait bien entendue sa question mais elle sentait bien qu'il s'agissait d'une question citée par surprise, elle savait bien qu'il ne s'attendait pas à la voir débarquer comme ça, surtout si tôt. Elle sentait bien que la soirée de la veille n'avait pas été simple et la marque sur sa joue en disait long. Mais elle s'occuperait de ça plus tard, pour le moment, elle voulait ses réponses à elle. Il passerait en second.


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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyMer 15 Avr 2020 - 21:06

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Caroline se fige un instant, aussi immobile qu’une statue. C’est le calme avant la tempête qui se déchaînera immanquablement entre eux. Et Sid l’attend cette tempête, la craint autant qu’il l’espère, souhaite qu’elle éclate enfin pour que Caro lui crache au visage toutes les sombres pensées qui le grugent de l’intérieur depuis deux ans. Il s’en veut déjà d’avoir été trop lâche pour l’affronter avant, d’avoir attendu qu’elle le retrouve plutôt que d’aller au-devant de sa colère. Et elle ne le déçoit pas. Elle s’anime, reprend vie et fureur tout à la fois, lui retourne brusquement et sans pitié la question qu’il lui a posée sans savoir à qui il s'adressait. Elle s’avance vers lui, un pas mesuré à la fois, et Sid recule au même rythme, les entraînant lentement mais sûrement à l’intérieur de l’appartement. La porte claque en se refermant derrière eux comme devant un tombeau. Enfermé, coincé, il n’a d’autre choix que d’accepter les coups qu’elle lui portera. Bientôt, il se heurte à la table basse. Il s’arrête, vacille légèrement pour retrouver son équilibre. Caro lui tourne autour comme un prédateur autour de sa proie. Tendu, il s’oblige à suivre son étourdissant ballet du regard. Il y a tellement longtemps qu’il ne gère plus la colère, l’inconfort, la tristesse ou la honte qu’en sortant les poings ou en enfouissant tous ces ressentis discordants loin, très loin en lui, sous l’alcool et le déni, qu’il ignore comment accueillir le cocktail bouillant d’émotions qu’a réveillé sa petite sœur. « MOOONSIEUR prend la décision de vivre sa vie on n’sait où, du jour au lend’main comme ça. » Ce premier coup ne lui fait pas trop mal. Car il s’y attendait, s’y préparait depuis la seconde où il s’est enfui au petit matin de la maison de son enfance, ne laissant derrière lui que des souvenirs et une absence inexpliquée. « MOOOONSIEUR pense que c’est une super idée de se barrer de la maison sans prévenir ni laisser le moindre mot, en laissant la gentille Caroline seule avec son père, NOTRE père qui n’avait pas la moindre idée de comment s’occuper d’une ado. » Celui-là est plus difficile à encaisser. Sid serre la mâchoire pour ne pas lui montrer à quel point ses paroles font écho à la culpabilité qui le bouffe de l’intérieur et lui lacèrent les entrailles. « MOOONSIEUR a eu l’EXCELLENTE IDEE de me laisser me démerder avec la maison, l’administratif, faire vivre décemment le père complètement anéanti. MOOONSIEUR a préféré partir vivre sa belle vie loin de toute cette merde qu’a laissé maman en partant. » J’en pouvais plus okay ? J’en pouvais plus de toute la merde qu’elle semait déjà partout en vivant, comment j’aurais pu gérer celle qu’elle a laissé en crevant en plus, hein ?! « MOOONSIEUR trouve ça excellent de se barrer et laisser.. sa petite soeur.. toute seule.. MERDE SID TU T’ES BARRE SANS MOI ! » Enfin, son petit manège prend fin. Elle cesse de tourner autour de lui. Son regard l’écrase, la fureur qui émane d’elle le fait sentir tout petit. Incapable de la regarder en face, il détourne la tête, se concentre sur les lignes parallèles des lattes de bois qui forment le plancher. Elles sont si droites, si organisées, si parfaites. Tout le contraire de sa vie en lambeaux. « Je te déteste j’te déteste j’te déteste.. » Chacun des mots s’enfonce comme un clou dans son cœur explosé. Il a mal, terriblement mal. Il ne mérite pas mieux que ces mots, il le sait, mais il espérait tout de même futilement ne jamais les entendre tomber de la bouche de sa petite sœur adorée. Mais moi je t’aime, je t’aime, je t’aime. Ce cri du cœur aussi simple que sincère se noie pourtant dans les prochaines accusations qu’elle lui jette à la figure, d’une voix désagréablement calme et posée, comme si elle voulait lui faire savourer pleinement l’amertume de ses paroles. « Tu m’as abandonnée, tu m’as laissée pour compte, tu m’as... Tu m’as trahie ! Comment as-tu pu me faire ça ?! » Une colère sourde s’éveille dans sa poitrine, le tire de son apathie et de sa douleur. Il relève nerveusement la tête et les yeux pour croiser le regard de Caroline. « J’ai tout donné pour toi. Pendant des années, pendant presque toute ta vie. J’t’ai préparé à manger, j’t’ai aidée à faire tes devoirs, j’t’ai raconté des histoires et j’t’ai réconfortée au beau milieu d’la nuit quand tu faisais des cauchemars. » Il s’avance vers elle, les prunelles orageuses et les poings serrés. Elle ne recule pas. Elle l’affronte du regard. Cette fois, il ne cède pas. « Et j’m’occupais de maman aussi. J’ai fait des trucs que tu pourrais même pas imaginer pour elle, mais surtout pour toi, pour qu’tu saches jamais à quel point ta vie était merdique. » Il ne saurait dire combien de fois il a trouvé leur mère à moitié nue dans la chambre, la cuisine ou le salon, combien de fois il lui a tenu les cheveux quand elle vomissait ses tripes au-dessus de la cuvette des toilettes ou de l’évier de la cuisine, combien de fois il l’a ramenée à la maison quand elle s’égarait dans le quartier, combien de coups il s’est pris en voulant l’aider quand elle était trop défoncée pour le reconnaître, combien de fois il l’a consolée quand elle fondait en larmes, certaine que Randy se réfugiait dans les bras d’une autre femme chaque fois qu’il partait en mission avec les Wild Devils. « J’me suis sacrifié pour toi sans jamais rien demander en retour. J’me disais qu’on s’en sortirait un jour, qu’elle arrêterait d’se tuer à p’tit feu ou qu’on finirait par grandir et partir ensemble, toi et moi. Sauf qu’elle a décidé de crever pour vrai. » La colère qui l’enveloppait se dissout et se mue en une boule de tristesse et de regrets qui lui bloque la gorge. « T’as raison, j’t’ai trahie, mais pas quand j’ai décidé d’partir. Il était déjà trop tard parce que t’avais vu un truc que t’aurais jamais dû voir. J’ai pas été capable de te protéger. » Il passe une main nerveuse dans sa chevelure, s’arrête un instant pour tirer sur quelques mèches comme si ça pouvait suffire à mettre de l’ordre dans ses pensées. « J’avais trop honte, j’t’avais fait assez de mal, alors j’suis parti. » Mais la honte n’avait pas disparu avec son départ, comme il l’avait espéré, et il avait regretté bien assez tôt d’avoir abandonné Caroline comme ça. Sauf que maintenant, en plus du reste, il avait trop honte d’être parti pour revenir. Alors il s’était bassement complu dans sa culpabilité malsaine en attendant le jour où elle aurait le courage de venir lui dire ses quatre vérités. « T’es contente, là ? C’est ça qu’tu voulais entendre ? À quel point j’ai merdé ? À quel point j’m’en veux ? Si t’as eu c’que tu voulais, tu peux t’en aller maintenant. » Il croise les bras sur sa poitrine pour empêcher son cœur qui se débat violemment d’en tomber. Il veut paraître défiant, sûr de lui-même. Il veut lui faire croire qu’il n’a pas besoin d’elle, qu’il s’en fout si elle décide de lui rendre la monnaie de sa pièce et de sortir de sa vie alors qu’elle vient tout juste d’y resurgir. Mais la vérité, c’est qu’il en crèverait, s’il ne crève pas d’abord d’envie de la prendre dans ses bras pour ne plus jamais la laisser repartir. Autrefois, elle aurait immédiatement vu clair dans son jeu, mais il craint que le temps et leurs déchirures ne soient venu à bout de ce lien si spécial qui les unissait, et que cette façade de fausse bravoure derrière laquelle il s’est réfugié ne réussisse à la berner.



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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:18

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

Sid semble encaisser la pluie démentielle que l'australienne décharge sur lui, sans se soucier une seule seconde de l'impact que tout ses mots pourrait avoir sur son frère. Elle était dans un égoïsme pur et simple, presque beau finalement. Elle n'avait que faire de son ressenti, du fait qu'il puisse, lui aussi, avoir son mot à dire, sa vision de la chose. Elle attendait les explications de son départ autant qu'elle les redoutait. Elle connaissait plus que bien Sid, elle savait pertinemment qu'il ne serait pas partie sans raisons valables, sans être à bout de quelque chose, de quelqu'un. Mais elle ne voulait pas entendre, pour elle, elle n'avait que le vide laissé depuis son départ.

Puis, à un moment, le vase semblait plein du côté du tatoué et la pression devait sortir. Caroline s'y attendait, sans vraiment s'y attendre. Elle fut surprise de voir cette bombe sidienne exploser, et avec une telle force que, au final, les mots utilisés plus tôt par la blondinette, lui revinrent en pleine face. Avec une violence égale.

S - « J’ai tout donné pour toi. Pendant des années, pendant presque toute ta vie. J’t’ai préparé à manger, j’t’ai aidée à faire tes devoirs, j’t’ai raconté des histoires et j’t’ai réconfortée au beau milieu d’la nuit quand tu faisais des cauchemars.  »

Elle le regardait, dans les yeux, en face à face, avec le nez plissé et les lèvres retroussées, tel un chien qu'on excite négativement. Elle sentait une agressivité étrange monter en elle, une agressivité qu'elle savait insortable, qu'elle savait incontrôlable aussi. Elle avait envie de lui rire au nez, comme si elle n'était pas capable de s'en sortir toute seule. Elle l'avait bien fait ces dernières années. Elle avait le sentiment que tout les phrases que pouvait sortir Sid, étaient des reproches mais des reproches sur des choses futiles et sans intérêts. Après tout, n'était-ce pas le rôle du grand frère que de s'occuper ainsi de sa petite soeur ? Dans sa tête, c'était indéniable, mais elle n'avait que la vision de la benjamine, et non de l'aîné.. Elle ne connaissait pas les responsabilités auxquelles il avait du faire face, pour lui, pour elle mais aussi pour leur famille entière. Caroline croisa les bras comme pour se protéger des dires suivant.

S - « Et j’m’occupais de maman aussi. J’ai fait des trucs que tu pourrais même pas imaginer pour elle, mais surtout pour toi, pour qu’tu saches jamais à quel point ta vie était merdique. »
C - « Ma vie ????! Merdique ??!! Pfaa ! »

L'australienne pouffa d'exaspération, tentant de feindre son indignation et le fait qu'elle ne partageait pas son avis. En réalité, avec du recul qu'elle pouvait se permettre maintenant, son enfance, leur* enfance, n'avait pas été des plus joyeuses. Soudain, Sid exprima une nouvelle vérité qui vint taper directement le cœur de la demoiselle. Leur mère s'était effectivement donné la mort. Des enfants avaient perdu leurs maman. La demoiselle s'immobilisa, enfin calma ses gesticulations. Elle était touchée désormais. Et la voix bouleversée de son frère fini de l'achever. Ses lèvres tremblotaient, tant la tristesse était difficile à étouffer.

S - « J’ai pas été capable de te protéger... J’avais trop honte, j’t’avais fait assez de mal, alors j’suis parti. »

Elle resta bouche-bée, pentue aux mots de son frère, de son ange gardien, de son pilier.

S - « T’es contente, là ? C’est ça qu’tu voulais entendre ? À quel point j’ai merdé ? À quel point j’m’en veux ? Si t’as eu c’que tu voulais, tu peux t’en aller maintenant. »

Elle se put répliquer de suite car elle devait tout d'abord retrouver une concentration colérique perdue entre temps. Il semblait tellement affecté par tout ça, par leur passé, par ce temps durant lequel il s'était littéralement épuisé. Mais partir ? Alors qu'elle venait d'arriver et surtout de le retrouver ? c'était impensable.

Elle voulait répondre, relancer le débat, crier encore la rage qu'elle avait encore au fond d'elle mais elle mourrait d'autre chose. Sans reprendre la parole, elle parcouru rapidement les quelques pas qui les séparaient, et se jeta à son cou. Sa chaleur, son contact, Sid..

C - « Je t'aime Sid. De tout mon coeur. »

Elle n'avait pas pu se reculer, même de quelques millimètres pour lui parler. Elle se voulait menaçante, lui faire comprendre qu'il était hors de question qu'ils se perdent à nouveau.

C - « Je n'veux plus jamais qu'on se sépare. Tu m'entends ?! Promets-le moi ! »

Cette fois-ci, elle avait mis un petit espace entre eux pour lui laisser la possibilité de lui répondre en direct, droit dans les yeux. Cette promesse, elle ne lui laisserait finalement pas beaucoup le choix, il serait contraint de la lui faire. Depuis son départ, une angoisse avait fait son nid, l'angoisse d'être abandonnée, d'être laissée une nouvelle fois seule. Elle veillerait à ce que ça n'arrive plus jamais et si, pour ça, elle devait attacher son frère à une chaise pendant des jours jusqu'à ce qu'il prononce un "je te promets", elle le ferait.

Elle revint ensuite autour de son cou, elle n'en avait pas eu assez. Elle avait cette impression qu'elle n'en serait jamais rassasiée, à l'image d'un alcoolique ayant besoin de sa boisson fétiche, elle, elle avait besoin de lui. Il était toute sa famille à la fois. Caroline ne voulait pas se séparer de lui, elle aurait aimé rester en koala encore un moment mais il restait tout de même quelques questions sans réponses et certaines paroles de son frère lui restait en mémoire. Alors, l'australienne se détacha de son précieux et revint à l'interrogatoire, moins violent cette fois.

C - « Pourquoi tu dis que tu t'es sacrifié pour moi ? Et pourquoi tu dis que t'as pas été capable d'me protéger ? »

C'était une réelle incompréhension pour elle car, dans ses souvenirs, son frère était son mentor, celui dont elle n'avait que des images positives, chaleureuses et bienveillantes. Sauf les fois où il ne la laissait pas regarder la télé le soir ou qu'il ne lui faisait pas manger ce qu'elle voulait. Là c'était un tyran. Dans son esprit à elle, Sid n'était pas simplement le frère qui joue de temps en temps et qui partage sa console vidéo, c'était aussi celui qui reste avec sa soeur jusqu'à ce qu'elle s'endorme parce que dehors l'orage est perturbant, c'est celui qui lui bouche les oreilles quand, apparemment, les parents se grondent fort. C'est ce frère là que Caroline a en mémoire donc elle ne comprends pas comment il peut nourrir de tels remords envers lui-même.

Elle voyait bien cependant qu'il était réellement affecté par tout ça, et son retour n'avait pas du apaiser les choses. Elle décida alors de faire la Caroline pénible, la petite soeur en vérité.

C - « Par contre, le fait qu'tu sois paumé n'est pas une excuse pour vivre dans un taudis pareil.. T'aurais pas du jus de fruit ? Je meurs de soif. »

Un petit sourire vint écraser une larme qui coulait lentement et, en tentative infructueuse, discrètement le long de sa joue. A trop se retenir, le corps finit par parler pour soi.



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SURNOM : sid, c'est déjà bien assez court... et c'est déjà un surnom aussi, même si très peu de gens le savent.
STATUT : il a finalement trouvé le courage d'avouer ses sentiments à sa belle irlandaise...
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PETIT PLUS : Il a un chat noir et blanc. • Il est bisexuel. • Il adore lire et regarder des documentaires. • Il a une sœur cadette. • Il déteste qu’on le prenne en photo. • Il n’a jamais touché à la drogue. • Il a arrêté de fumer et a réduit sa consommation d’alcool. • Il se spécialise dans les tatouages personnalisés. • Il adore dessiner. • Il aime les chats, la crème glacée à la pistache, les musées, les livres de recettes. • Il n'aime pas les épinards, les huîtres, le marron, les imbéciles et les gens bornés.
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptySam 2 Mai 2020 - 3:42

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Le cœur de Sid se débat toujours inconfortablement. Le silence s’étire, lourd de sens. Immobile, figé, il attend, impuissant, qu’elle prenne une décision. Elle ne bouge pas non plus. Elle essaie peut-être encore de digérer tout ce qu’il vient de lui jeter à la figure. Jusqu’à ce qu’enfin, elle s’avance vers lui. Désemparé, il ne sait trop comment réagir quand elle se pend à son cou. Mais bien vite, son instinct reprend le dessus et il l’encercle de ses bras pour la serrer contre lui. Les yeux fermés, il l’étreint, heureux de retrouver sa chaleur et cette affection dont il s’est bêtement privé en fuyant comme un voleur de sa vie. « Je t’aime Sid. De tout mon cœur. » Moi aussi je t’aime. Je t’aime tellement, si tu savais. Les mots restent coincés dans la boule d’émotions qui lui bloque la gorge. Alors il resserre sa prise sur elle et espère qu’elle comprendra qu’il essaie de lui dire qu’il l’aime lui aussi, qu’il n’a jamais cessé de l’aimer même s’il le lui a bien mal démontré au cours de ces années d’absence. Trop tôt, elle s’écarte. Il voudrait la retenir. Elle braque sur lui ses yeux bleus, si semblables aux siens qu’il a parfois l’impression de se regarder dans le miroir quand il les voit. À l’exception de cet éclat d’intrépidité qui y brûle depuis qu’elle est toute petite et qui lui a valu le surnom de « petite psychopathe » dont elle s’est retrouvée affublée. Aujourd’hui, une menace à peine voilée luit aussi dans son regard et se mêle à l’affection féroce qu’il a l’habitude d’y voir quand elle ajoute : « Je n’veux plus jamais qu’on se sépare. Tu m’entends ?! Promets-le moi ! » Il hoche aussitôt la tête. Il n’a pas besoin d’y réfléchir un instant, c’est une évidence : il ne fera pas deux fois cette erreur stupide. Il a déjà de la chance qu’elle soit prête à lui pardonner cet écart impardonnable, il ne tentera certainement pas sa chance. De toute façon, dès l’instant où il a franchi la porte de la maison de leur enfance, il sentait tout au fond de lui-même qu’il faisait une grosse bêtise en abandonnant sa sœur. Mais il s’était laissé aveugler par sa fierté et la culpabilité qui le grugeait jusqu’à ce qu’il réussisse à se convaincre qu’il avait pris la meilleure décision pour elle comme pour lui. Il se trompait, évidemment. Non seulement son départ n’avait pas du tout aidé Caroline, il s’était puni en même temps en se privant d’elle. Et même si, en quelque part, c’est peut-être exactement cette punition qu’il recherchait, ça ne rendait pas cette fuite en avant moins égoïste ou plus noble. Elle revient se blottir contre lui et, tandis qu’il l’encercle à nouveau de ses bras, il lui souffle la réponse qu’elle espère entendre. « Promis. On n’se séparera plus jamais. » L’étreinte s’étire, rassurante et confortable. Ce sont les retrouvailles que Sid espérait vivre sans croire un instant qu’il y aurait droit. Car il a bien plus mérité sa colère, sa désapprobation et son mépris que son pardon ou même sa compréhension, et il le sait.

Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Caroline se détache une fois de plus de Sid. Les sourcils froncés, l’air vaguement perplexe, elle l’observe un instant. « Pourquoi tu dis que tu t’es sacrifié pour moi ? Et pourquoi tu dis que t’as pas été capable d’me protéger ? » Mais… parce que c’est vrai ? La question le prend totalement par surprise. Pour la première fois depuis la mort de leur mère, il envisage la possibilité qu’elle ne lui en veuille pas d’avoir été incapable de lui épargner l’horrible spectacle du cadavre de la femme qui lui a donné la vie. L’idée lui paraît tellement saugrenue qu’elle le laisse estomaqué et confus. Car si elle ne lui en veut pas, si elle n’avait même pas compris pourquoi il a ressenti le besoin de s’enfuir, ça signifie qu’il s’est éloigné d’elle, s’est privé de sa compagnie et de sa présence dans sa vie, s’est exilé… pour rien. Complètement démuni, il reste les bras ballants, jusqu’à ce qu’elle vienne, consciemment ou non, le repêcher de son désarroi. « Par contre, le fait qu’tu sois paumé n’est pas une excuse pour vivre dans un taudis pareil.. T’aurais pas du jus de fruit ? Je meurs de soif. » Il balaie la pièce du regard. C’est le bordel dans l’appartement, comme d’habitude. À cause des carnets et des feuilles qu’il a semées partout, mais aussi des cadavres de bouteilles qui traînent un peu partout. Embarrassé, il penche légèrement la tête, une main sur sa nuque. « Euh… ouais. J’crois que j’ai du jus d’orange. » Il traverse la pièce jusqu’à la cuisine, confiant que Caroline lui emboîtera le pas. Il essaie de l’empêcher autant que possible de regarder dans son frigo, conscient qu’elle remarquera certainement que l’essentiel de ses provisions se résume à des bouteilles de bière et à des restes plus ou moins frais de plats à emporter. Il sort le carton de jus d’orange, qu’il avait acheté à l’origine pour le mélanger à de la vodka avant de finalement consommer l’alcool sans mixer, et tire deux verres propres de l’armoire, qu’il pose sur le comptoir. Après les avoir remplis, il en tend un à Caroline et garde l’autre pour lui. Appuyé sur le comptoir, il baisse la tête vers le liquide orangé. « J’suis désolé, » marmonne-t-il. Il voudrait avoir le courage de regarder Caroline en face, mais il n’y arrive pas. Alors il se concentre lâchement sur le jus qu’il fait mollement tournoyer dans son verre. « D’être parti, de t’avoir abandonnée. De c’que j’t’ai dit tout à l’heure aussi… » Il craint de lui avoir fait croire qu’il regrette de s’être occupée d’elle comme il l’a fait alors que ce n’est pas le cas. Même si c’est vrai qu’il a sacrifié beaucoup de choses pour garantir le bien-être de sa sœur, il ne lui en a jamais voulu. Ce n’était pas sa faute. Elle n’était elle aussi qu’une victime collatérale d’une situation merdique causée par des adultes trop paumés faire quoi que ce soit. En quelque part, il a toujours su qu’ils ne jamais s’en sortir indemnes tous les deux, mais il espérait qu’elle au moins y arriverait. « Toute notre enfance, j’ai voulu qu’une seule chose, que tu grandisses normalement, sans rien savoir des problèmes de maman. » En rétrospective, il voit bien à quel point il était naïf de croire que c’était possible. Il aurait dû savoir que le jour viendrait où il n’aurait d’autre choix que de révéler à Caroline tout ce qu’il lui cachait depuis des années. Mais son aveuglement aura seulement servi à aggraver la situation. Et au final, il se sera démené autant pour rien puisqu’elle aura été confrontée à la réalité de la façon la plus brutale qui soit. « J’ai presque réussi, mais… elle est morte. Et c’est toi qui l’as trouvée. » Il serre la mâchoire comme si ça pouvait lui donner un peu de courage et relève la tête pour croiser le regard de Caroline. « Ça aurait dû être moi. J’aurais dû être capable d’te protéger jusqu’au bout, tu comprends ? »



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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyMar 5 Mai 2020 - 12:00

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

L'amour fraternel est quelque chose de très puissant. Une force qu'on ne soupçonne à peine, dont personne ne se soucie réellement et dont on ne comprend la véritable valeur qu'après en avoir perdu une partie. Cet amour entre personne du même sang est une source de toute une palette émotionnelle qu'on ne peut ressentir avec nul autre type d'amour. Caroline, elle, en avait fait l'expérience. Au cours des dernières années, elle était passée par différente phase concernant le départ et l'absence de son frère. Au départ, elle était dans une incompréhension des plus totales, à ne pas saisir la raison de son départ et encore moins la raison de son abandon. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Elle le pensait sincèrement, se sentant coupable de quelque chose tout en ne sachant pas de quoi. Pouvait-on ne plus aimer sa propre famille ? Elle le pensait peut-être mais elle ne partageait pas cette conviction personnellement, gardant en tête qu'un lien indéfectible uni une famille entière. Ensuite vint la phase la plus puissante et la plus destructrice: celle de la colère, de la haine et de la rancœur. Cette étape-là, l'australienne en avait fait sa couverture de survie, sa ligne de conduite en ne réussissant pas à calmer ses émotions et ses sentiments. La colère naît de cette incompréhension, cet état de "néant" dont le cerveau n'arrive pas à se sortir seul. Elle prend petit à petit une grande place dans la tête mais surtout dans le cœur, donnant cette impression de déchirure, de compression puis d'implosion de cet organe vital. Cette étape fait surgir de nous-même une personnalité encore méconnue, celle qui reste cachée au fond de notre psyché pour éviter de devenir fou, agressif voir violent. Cette personnalité-là, Caroline l'a vue à l’œuvre et sa chambre en fit les frais. Le papier-peint déchiré, ses oreillers ouverts, ses affaires éparpillées dans toute la pièce.. Une véritable scène de crime sur un fond de hurlements de terreur de la part de la brunette. Cette Caro-là, elle ne voulait plus la voir, plus jamais. Elle lui avait fait une vraie frayeur, la vraie peur. Mais cela lui permettait, l'espace d'un instant, de ne plus avoir mal, de ne plus penser puisque ce n'était plus vraiment elle, ce n'était plus vraiment la Caroline Bauer, plus réellement la sœur de Sid. D'ailleurs, ce dernier était mort de nombreuses fois dans l'esprit de sa petite soeur, à travers des scénarios plus ou moins élaborés, plus ou moins terrifiants et plus ou moins douloureux. Là encore, elle ne voulait plus avoir ces idées en tête. Plus jamais.

L'australienne eut une période délicate pendant laquelle elle fut sujette à la dépression. Légère malgré ce qu'elle avait pus voir en documentaire mais suffisante pour la clouer au lit pendant des jours à manger des cochonneries et à pleurer toutes les larmes de son corps. Cette phase-là, elle en avait apprécié les "bons côtés": les glaces, le chocolat et toute l'attention possible de son père régulièrement absent. Là encore, tout lui rappelait l'absence de son frère, celui qui l'avait finalement amenée à grandir en sécurité. Elle n'avait plus sa base, son pilier. La dépression ne fut pas aussi longue qu'elle l'imaginait, passant alors dans une phase revigorante, celle qui redonne l'espoir, l'espoir de retrouver Sid, de renouer avec le passé et de revenir à la normale. Caroline s'était lancée à la recherche de son frère, posant des questions au voisinage qui ne voyait pas l'objectif de sa quête. Le représentant de la ville avait, lui-aussi, fait les frais de son interrogatoire mais, évidemment, il ne pouvait avoir les réponses à ses questions. C'était surtout le fruit d'une folie, d'un déni important dont Caroline ne pouvait pas avoir conscience. Après une période de rejet sur son paternel, à l'avoir incendié de remontrances et de reproches, la brunette était revenue à la normale. Désormais, elle avait juste besoin de Sid. C'était ce dont elle s'était rendue compte en l'ayant enfin contre elle, cette alchimie sans explications logiques, cette aisance et ce sentiment d'être "à sa place", toutes ces sensations qui permettait à l'organisme de se sentir simplement bien. La promesse de son frère vint sceller le moment et permettre à Caroline de s'en faire un ancrage.

Du jus d'orange, une boisson dont l'australienne était très friande, et ce depuis gamine. Ravie par sa proposition, elle emboita le pas de son frère puis patienta jusqu'à être servie. Elle remarqua sans difficultés à quel point Sid veillait à garder secret le contenu de ses placards et de son réfrigérateur. Il n'était pas compliqué d'en comprendre la raison mais Caroline lui avait déjà fait une réflexion sur l'état de son appartement, elle s'en contenterait. Elle voulait juste savourer ce moment. Une première gorgée de ce jus de fruit lui fit un bien fou, comme s'il emmenait sur son passage les tracas qu'elle avait accumulé jusqu'ici. Elle n'avait plus besoin de ce fardeau désormais. Mais, visiblement, son frère n'en était pas encore au même point.

S - « J’suis désolé, d’être parti, de t’avoir abandonnée. De c’que j’t’ai dit tout à l’heure aussi… »

La tête baissée sur son verre, il semble réellement peiné et cela trouble beaucoup Caroline qui le regarde avec attention. Elle l'écoutait, entendait ses mots mais elle ne comprenait pas pourquoi il tenait tant à s'excuser. Elle lui en avait voulu à un point qu'elle ne s'était pas reconnue elle-même mais elle avait beaucoup réfléchi aussi et avait compris certaines choses. Pas tout, évidemment, mais elle avait compris que le rôle d'un frère comporte lui aussi ses propres limites et que derrière ce frère, il y a un être humain avant tout.

S - « Toute notre enfance, j’ai voulu qu’une seule chose, que tu grandisses normalement, sans rien savoir des problèmes de maman. J’ai presque réussi, mais… elle est morte. Et c’est toi qui l’as trouvée. » Sid fit une pause. « Ça aurait dû être moi. J’aurais dû être capable d’te protéger jusqu’au bout, tu comprends ? »

Sur le moment, Caroline ne savait pas quoi penser de ces phrases. Effectivement leur mère était décédée et elle avait un vague souvenir de l'avoir vue partir avec l'ambulance. Mais c'était vraiment.. Flou, comme si finalement c'était quelque chose qu'elle avait inventé, rêvé (ou cauchemardé dans ce cas-ci). Caroline se redressa sur le bar, son verre toujours caché entre ses deux mains.

C - « Sid, c'est moi qui l'ai trouvée c'est un grand concept hein.. Elle était malade tu sais donc ça devait arriver à un moment ou à un autre.. Et pis j'te rappelle que t'étais là aussi donc.. »

Etait-il vraiment là ? Oui, il était là. Enfin peut-être..? Si elle avait déjà revécu la scène dans ses cauchemars et Sid était là, c'est lui qui appelait les secours. D'ailleurs, c'était étrange car, dans ces rêves-là, Caroline restait immobile la vision trouble en constatant que le monde continuait à s'agiter autour d'elle mais sans qu'elle puisse suivre le mouvement. Elle était paralysée, regardant la scène morbide continuer son déroulement.

C - « Si tu étais là c'est obligé. T'étais toujours là, c'est signe que tu m'as protégée tu sais ! »

Elle était légère, trop légère pour ce type de confidences mais c'était très certainement une manière pour elle de se protéger. Les souvenirs ou les faux souvenirs étaient ses seuls images de ce moment-là. Adèle était malade, grandement malade, ce n'était finalement que la suite logique de ce type d'atteinte. Oui c'était logique. Il ne pouvait pas en être autrement. Mais, malgré cette quasi certitude qu'avait la brunette au sujet de la mort de sa mère, quelque chose venait perturber son raisonnement, comme si elle n'avait pas toutes les pièces du puzzle. Elle prit une nouvelle gorgée de son jus puis fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Sid ne lui disait pas tout.

C - « Comment ça ça aurait dû être toi ? De toute façon j't'ai appelé et tu es venu tout de suite au salon donc.. Et pis de quoi voulais tu me protéger ? Plus que tu ne l'as déjà fait en tout cas je comprends pas. »

Elle cherchait à comprendre, à décrypter ce message visiblement codé mais dont elle n'avait pas les moyens d'en comprendre le sens. C'était une langue qu'elle n'avait jamais apprise et pourtant elle connaissait bien le parlé de son frère. En parallèle, des images revenaient en pop-up, Sid qui court la rejoindre au salon en faisait partie et elle prenait une grande place dans sa tête. C'était donc une preuve de sa véracité. Caroline n'en doutait presque pas.

C - « Et puis les médecins ont dit que son corps était trop affaibli par toutes ces années de maladie donc.. Elle ne pouvait pas.. Il ne pouvait pas en être autrement.. »

Elle hésitait. Etait-elle vraiment convaincue par ses paroles, avait-elle vraiment entendu un médecin dire de telles choses ? Elle n'en était plus aussi sûre qu'avant désormais.

C - « C'est pas vrai ? »

Les yeux étaient rouges, humides, sa voix n'était plus aussi assurée que jusqu'à présent. Elle était quasi sûre de ces souvenirs et pourtant, c'était comme si elle était en quête de réponses qu'elle imaginait déjà posséder.


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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyJeu 7 Mai 2020 - 22:59

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

La confusion se lit clairement sur les traits de Caroline. Ses mains enroulées autour de son verre de jus serrent douloureusement le cœur de Sid. D’aussi loin qu’il se souvienne, elle a toujours eu cette manie, depuis l’époque où elle n’était encore qu’une gamine et qu’elle n’arrivait pas à tenir un verre autrement qu’en utilisant ses deux petites mains potelées. « Sid, c’est moi qui l’ai trouvée c’est un grand concept hein.. Elle était malade tu sais donc ça devait arriver à un moment ou à un autre.. Et pis j’te rappelle que t’étais là aussi donc.. » C’est au tour du jeune homme de froncer les sourcils d’incompréhension. Malade, maman ? Trop faible et lâche pour arrêter de s’enfiler les cochonneries qui la détruisaient, oui. Perturbé par l’assurance qui vibre dans la voix de sa sœur, il ravale pourtant son commentaire cinglant. L’innocence de l’enfance n’est pas éternelle, et Caroline avait bien fini par remarquer les absences et les défaillances de leur mère. À l’époque, Sid ne comprenait lui-même qu’à moitié ce qui se passait, mais il savait déjà d’instinct que c’était mauvais et qu’il valait mieux que sa petite sœur n’en sache rien. Alors il lui avait expliqué qu’Adele était malade et souvent fatiguée. Cependant, au cours des dernières années, alors que sa sœur approchait de l’adolescence, il avait eu l’impression qu’elle savait pour les mensonges, même si elle n’avait jamais ouvertement posé la question. Il était convaincu que la découverte macabre du cadavre d’Adele avait dissipé les derniers doutes qui auraient pu coller à l’esprit de la jeune fille, mais en la voyant aussi certaine de connaître la vérité aujourd’hui, il se demande s’il ne s’est pas trompé. « Si tu étais là c’est obligé. T’étais toujours là, c’est signe que tu m’as protégée tu sais ! » Il détourne les yeux. Non, j’étais pas là Caro. C’est ça le problème… Il ne se souvient même plus de ce qu’il faisait, juste que sur le coup, ça lui avait paru incroyablement important. Assez pour qu’il décide pour une fois de ne pas rentrer immédiatement à la maison et qu’il ne s’inquiète même pas des problèmes qui auraient pu survenir pendant son absence. Pour un moment de légèreté, il a déchiré la toile de mensonges protectrice qu’il tissait autour de Caroline depuis des années. Cet instant d’irresponsabilité a eu raison de tous ses efforts. Et pour quoi ? Pour un instant fugitif de plaisir dont il se souvient à peine alors que le traumatisme qui a suivi l’a marqué au fer rouge pour le reste de sa vie. Et Caro aussi, malgré sa mémoire qui déraille. « Comment ça ça aurait dû être toi ? De toute façon j’t’ai appelé et tu es venu tout de suite au salon donc.. Et pis de quoi voulais tu me protéger ? Plus que tu ne l’as déjà fait en tout cas je comprends pas. » Il nage en plein surréalisme. Si sa gueule de bois ne lui rappelait pas brutalement que ce qui se déroule devant ses yeux est bien réel, il se croirait en train de rêver. Des centaines de fois, il a imaginé leurs retrouvailles. Dans sa tête, elle criait, trépignait, l’abreuvait d’insultes aussi cuisantes que méritées, le frappait même parfois, avant de disparaître à nouveau de sa vie. Ou alors ils tombaient dans les bras de l’autre et pleuraient ensemble le temps perdu avant qu’elle ne lui pardonne sa connerie et son échec. Mais il n’avait jamais imaginé un instant que ses souvenirs de leur enfance et de l’événement tragique qui les a séparés seraient aussi faussés. Estomaqué, il scrute le visage de sa sœur, comme s’il espérait pouvoir découvrir sur ses traits ce qui a tordu sa mémoire de cette façon. « Et puis les médecins ont dit que son corps était trop affaibli par toutes ces années de maladie donc.. Elle ne pouvait pas.. Il ne pouvait pas en être autrement.. » Le cœur de Sid bat sourdement à ses tempes. Après avoir essayé pendant toutes ces années de la protéger en lui racontant précisément l’histoire à laquelle elle s’accroche désespérément en cet instant, il n’aurait jamais cru qu’il se sentirait aussi mal d’avoir réussi. Il devrait pourtant être content qu’elle n’ait pas conscience de ce qu’ils ont vécu, qu’elle vive une version édulcorée de leur passé dans laquelle leur mère est la victime, pas la méchante. Mais il ressent plutôt un malaise qui lui comprime péniblement la poitrine. Peut-être à cause de la nervosité qui fait trembler sa voix ou de la question qui brille au fond de son œil. Elle n’essaie pas de rafraîchir la mémoire à son frère, elle essaie de se convaincre elle-même qu’elle a raison. Il pourrait lui dire que oui, leur mère était effectivement malade. Que oui, il est débarqué dans le salon pour prendre les choses en main quand elle a hurlé son nom. Et pendant un instant, il est terriblement tenté de le faire. D’effacer le passé et ses erreurs comme il en a si souvent rêvé. Mais il en est incapable. Et les larmes qui menacent de déborder de ses grands yeux bleus ont raison ont raison de ses derniers doutes. « C’est pas vrai ? » Pendant un instant qui lui semble durer une petite éternité, il soutient son regard. Enfin, il hoche lentement la tête. « Non, c’est pas vrai, » souffle-t-il avec l’impression désagréable de la pousser tête première dans un précipice. Bêtement, il espérait que cet aveu suffirait à ramener la mémoire à Caroline, mais la confusion sur son visage lui démontre le contraire. Il doit en dire plus, mais les mots se bousculent dans sa gorge et menacent de l’étrangler. Pour gagner du temps, il prend une gorgée de jus. « M’man n’était pas malade. » Son regard se perd sur le comptoir. Le jeune homme observe avec une attention un peu trop marquée la résine tachetée qui le compose. « Mais c’est c’que j’tai raconté quand t’étais petite. J’voulais pas que tu saches la vérité. » Il s’oblige à croiser le regard de Caro. Il lui doit au moins de la regarder droit dans les yeux alors qu’il s’apprête à détruire tout ce qu’elle pensait savoir sur sa propre vie. « J’voulais pas que tu saches pour les drogues. » Il résiste à l’envie de porter une main à son front pour appuyer sur ses tempes douloureuses et se force à continuer. « Elle est morte d’une overdose, Caro. » Il hésite une fraction de seconde, le temps d’écouter la petite voix insidieuse qui lui souffle de s’en tenir là. Il pourrait au moins la laisser croire qu’il était là, qu’elle n’était pas toute seule pour gérer sa terrible découverte. Mais il sait tout au fond de lui-même qu’il doit lui dire la vérité. Leur relation a certainement été endommagée par ces deux ans d’absence. Ils ne peuvent espérer rebâtir quelque chose de solide s’il lui ment sur quelque chose d’aussi important. « Tu l’as trouvée. T’étais toute seule à la maison. C’est toi qui as appelé P’pa. Et l’ambulance, parce qu’il pouvait pas arriver assez vite pour t’aider. » Tu te souviens ? « J’suis rentré tard. Tout était déjà terminé. M’man était déjà à la morgue. Toi et P’pa étiez assis à la table de la cuisine. » Il revoit les traits tirés de son père, le visage blême de Caroline. Elle fixait la table, presque inerte. Il avait immédiatement senti que quelque chose de grave s’était produit. Il avait instinctivement compris le drame qui s’était déroulé en son absence. « J’suis reparti en claquant la porte. J’ai passé une bonne partie de la nuit au parc. » À espérer en vain que quelqu’un viendrait le rejoindre, l’écouterait déverser sa colère et sa peine. « Quand j’suis rentré, P’pa était plus là. Toi, tu pleurais dans ton lit. » Vidé, complètement claqué, il était resté debout derrière la porte fermée de sa chambre un long moment avant de se résoudre à entrer. C’est en tenant une Caroline qui s’était finalement endormie au bout de ses larmes qu’il avait pensé pour la première fois à s’enfuir.



just kiss me in the dark
maybe i’m just as scared as you. it's alright, stay by my side on the edge of everything we know. it's alright, just don't look down and i will hold on and never let go. you're right beside me, so just close your eyes, i'll never let go. you're all that i need, so just close your eyes. • close your eyes, rhodes

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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 11 Mai 2020 - 10:30

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

Alors que les souvenirs, ou faux souvenirs, se bousculaient dans l'esprit de Caroline dans l'unique but d'y voir plus clair, de chercher une issue, la porte ouverte sur la vérité et la clarté qui leur permettrait de vite dépasser cette conversation, l'australienne voyait bien les traits de son frère progressivement se plisser. Signe d'une incompréhension teintée très légèrement d'une colère qu'elle ne comprenait pas réellement. Elle avait simplement le sentiment qu'il savait et qu'il pourrait l'aider à éclaircir ses pensées mais elle savait aussi que cette colère qu'elle pouvait voir sur son visage était très certainement liée à cette nécessité de lui faire une piqure de rappel. Elle détestait les piqures, c'était sa pire phobie.

Mais les piqures, qu'il s'agisse d'une prise de sang ou d'un vaccin, sont généralement à usage bénéfique. Ces premières sont réalisées dans le but d'en apprendre davantage sur sa condition médicale, savoir si tout est en ordre. Ces derniers sont à visée curative et préventive à la fois, il s'agit de pouvoir immuniser son corps contre une maladie qui revient par vague en fonction des saisons ou même contre des maladies bien plus coriaces et dévastatrices. Bien qu'ils soient encore controversés, notamment à destination des nourrissons, ils sont à usage positif. Ils font le bien. Les piqures font le bien. Un exemple un brin plus nuancé mais les toxicomanes en sont particulièrement friands. Bien que ce soit le produit injecté qui soit à l'origine de leur bonheur éphémère, l'ustensile utilisé n'en reste pas moins une seringue. Caroline avait donc peut être vraiment de ce rappel douloureux mais bénéfique au long terme. Et elle savait qu'elle allait se faire piquer à plusieurs reprises, à plusieurs endroits à la fois. Le visage de Sid basculant de gauche à droite, répondant négativement à sa question qui représentait son dernier espoir d'y voir clair, d'ancrer son histoire, sa version de l'histoire, dans son esprit et d'être apaisée avec la mort de leur mère. Ce dernier espoir fut balayer par la tête de son frère. Elle reste là, figée, à attendre une suite car il allait en avoir une. Elle n'allait pas lui plaire, comme lorsqu'elle regarde un film à l'eau de rose et que le couple fétiche se sépare bêtement pendant la quasi-totalité du film. Ils se remettent ensemble à la fin bien entendu mais là, Caroline savait que la fin ne serait pas de la même couleur. Ses mains entourant encore son verre, à l'image du cocon dans lequel elle aurait aimé se faufiler à l'instant T, cocon duquel elle ne serait jamais sortie. Un contenant bienveillant, sécurisant et débordant d'amour. Mais non, elle était en face de son frère qui lui rafraichissait la mémoire, ou plutôt qui réorganisait ses pensées, avec autant de retenu dont il pouvait faire preuve. Là encore, il tentait de conserver son innocence. Caroline en avait conscience mais c'était tellement.. Douloureux. D'être dans le faux depuis tout ce temps, de prendre conscience que son propre corps, son propre esprit lui mentait depuis des années. Finalement, elle se sentait perdue à l'intérieur de son propre soi.

S - « M’man n’était pas malade. Mais c’est c’que j’tai raconté quand t’étais petite. J’voulais pas que tu saches la vérité. »

La vérité ? Mais de quelle vérité pouvait-il bien parler ? Son regard d'un bleu pur et pénétrant vint croiser celui de Caroline qui le regarde, les larmes glissant silencieusement le long de ses joues. Elle n'avait pas pus empêcher leurs courses, en fait elle ne les sentait absolument pas. Elle était bien trop perturbée par la douleur qu'elle pouvait ressentir à l'intérieur. Elle ne savait pas comment la décrire, elle n'avait jamais ressenti ça. Le cœur qui se brise, qui se serre, qui se compresse, oui elle l'avait déjà eu au départ de son frère. Et juste devant son appartement aussi, avant de tambouriner à la porte. Mais là c'était autre chose, c'était une déchirure, mais pas seulement du cœur, elle sentait ses poumons se remplir de quelque chose qui vint rapidement accélérer ses inspirations et expirations. C'était ses membres, inférieurs comme supérieurs, qu'elle sentait progressivement lui échapper. Puis vint ces mots. Des mots au coup fatal.

S - « J’voulais pas que tu saches pour les drogues. Elle est morte d’une overdose, Caro. Tu l’as trouvée. T’étais toute seule à la maison. C’est toi qui as appelé P’pa. Et l’ambulance, parce qu’il pouvait pas arriver assez vite pour t’aider. J’suis rentré tard. Tout était déjà terminé. M’man était déjà à la morgue. Toi et P’pa étiez assis à la table de la cuisine. J’suis reparti en claquant la porte. J’ai passé une bonne partie de la nuit au parc. Quand j’suis rentré, P’pa était plus là. Toi, tu pleurais dans ton lit. »

Des jambes ne répondant plus, une explosion interne autant physique que psychique et une chute vertigineuse dans un puits d'ignorance et de tromperie. Enfin, pouvait-elle réellement appeler ça de la tromperie ? Elle n'en pensait pas un mot. Son verre fut bientôt libéré de l'emprise de ses mains et Caroline glissa au sol, ses membres ayant fait une pause dans leur rôle de support. Elle était encore là, consciente, mais elle aurait tout donné pour s'éteindre quelques instants. Faire comme un reset et revenir à ce jour, une journée où elle aurait pus intervenir et faire en sorte que sa mère soit encore là. Voilà le premier sentiment qui parcourut son corps une fois par terre.

C - « C'est ma faute. C'est ma faute.. C'est ma faute ! »

Les sanglots laissèrent la place à une véritable souffrance exprimée par des pleurs intenses et difficilement contrôlables tant l'australienne avait du mal à se concentrer sur sa respiration. Sa mère, droguée ? Comment avait-elle pu passer à côté de tout ça ? Elle aurait peut-être pu l'empêcher d'y toucher, ou d'y retoucher. Caroline avait tendance à oublier qu'à l'époque, elle était encore trop jeune pour comprendre quoi que ce soit mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était là, à ses côtés, qu'elle avait volontairement manquer des indices. Et au nom de quoi ? De sa propre protection ? Bien entendu Sid s'était accroupi à ses côtés, tentant de la maintenir calme et tentant de contrôler un peu la situation. Mais il était difficile pour la brunette de rester "là", avec lui, dans cet appartement, dans cette dimension temporelle. Elle voulait être ailleurs, ne pas être Caroline Bauer.

C - « Je n'ai rien vu, je n'ai jamais rien vu. Comment j'ai pus rien voir comme ça ? J'peux pas être une si mauvaise personne, pas au point de n'pas remarquer que sa propre mère est totalement défoncée ! »

Elle était mitigée entre insulter cette fameuse mère pour son attitude totalement irresponsable et s'insulter elle-même d'être une fille aussi individualiste, centrée sur elle-même.

C - « Finalement, j'avais rien vu pour elle, mais j'avais rien vu pour toi non plus. J'me souviens pas tout c'que tu m'dis, j'me souviens pas de tout c'que t'as pus faire pour moi. J'me souviens pas que papa soit rarement là. Oui il partait mais il revenait toujours.. J'me souviens pas tout ça. Pourquoi j'me souviens pas Sid ?! »

Ses yeux reflétaient particulièrement bien la détresse dans laquelle elle se trouvait actuellement. La veine avait mis du temps à se montrer et la piqure avait été bien douloureuse. Le sang n'avait pas encore été pompé suffisamment et elle sentait à présent quelque chose sortir de son corps, comme si on la vidait de sa substance première, sa substance vitale. Elle se perdait.

C - « Et papa qui ne m'a jamais rien dit. »

Caroline fit une pause, les lèvres légèrement retroussées, signe d'une colère extrême virant petit à petit à de la rage.

C - « En fait, on me ment depuis des années. Tout le monde me ment. »

Elle était méchante, elle le sentait bien, elle n'aimait pas cette émotion qui prenait la place de toutes les autres alors qu'elle fixait Sid du regard. Elle aurait voulu disparaître là, tout de suite, avant de continuer à parler.

C - « C'était quoi votre but. Me détruire lorsque j'aurais l'âge de comprendre toute cette m*rde ? Quand j'serais assez grande pour comprendre que notre famille est complètement bidon ?! »

Elle ne pensait pas un mot de ce qu'elle venait de dire. Mais elle n'était plus totalement elle, c'était une Caroline pleine de colère dirigée contre le monde entier, une Caroline en grande détresse émotionnelle qui ne savait absolument pas quoi faire de toutes ces informations et surtout de tout ce trop plein de larmes qu'elle n'arrivait pas à écouler assez rapidement selon elle. Mais, en total perte de contrôle, elle bouscula les épaules de son frère pour le faire reculer. Elle se mit sur ses genoux, pas assez forte pour se mettre debout, et renouvela son acte.

C - « Tu m'as menti. Tu m'as tellement menti. J'suis bousillée et c'est à cause de toi. »

Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle avait l'impression de décharger une partie de son ressenti sur les épaules de son frère qui, encore une fois, encaissait. Finalement, ce n'était pas contre lui qu'elle en avait, mais contre elle-même. Elle s'en voulait tellement de n'avoir rien vu, de n'avoir rien fait pour empêcher ça. Elle avait fait souffrir son frère inconsciemment pendant des années et elle ne savait pas si elle allait pouvoir se faire pardonner.

C - « J'te déteste tellement.. J'te déteste.. Je suis tellement désolée Sid.. »

Elle s'était arrêtée de le faire reculer à coup de tapes dans les épaules ou le torse. Désormais, elle était vidée, seule avec elle-même. Elle s'effondra dans les bras de son frère, son protecteur, son pilier, sa famille.



Spoiler:

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Sid Bauer
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyDim 31 Mai 2020 - 3:59

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Le verre glisse entre les doigts de Caroline, s’écrase au sol et éclate en mille morceaux, projetant une flaque de jus sur le plancher. Mais Sid s’en fout, parce qu’au même instant, c’est sa sœur qui s’effondre. En un éclair, il a contourné le comptoir. Le cœur battant, il s’agenouille à côté d’elle en la couvant d’un regard inquiet. À son grand soulagement, elle a évité de justesse les éclats de verre. « C’est ma faute. C’est ma faute. C’est ma faute ! » Il essaie de la réconforter comme il le peut, mais elle n’écoute rien, trop plongée dans sa souffrance pour le faire. Impuissant, il tente de l’envelopper dans une étreinte rassurante en se demande comment ils ont pu inverser les rôles de la sorte. Il y a un quart d’heure à peine, c’est lui qui s’obligeait à porter toute la culpabilité de leur enfance détraquée sur ses épaules. « Je n’ai rien vu, je n’ai jamais rien vu. Comment j’ai pus rien voir comme ça ? J’peux pas être une si mauvaise personne, pas au point de n’pas remarquer que sa propre mère est totalement défoncée ! » C’est un flot de paroles que Caroline déverse, des mots acides, corrosifs, incandescents qui débordent de ses lèvres comme une chaîne de barbelés qui étrangle Sid de l’intérieur. Elle a le cœur en sang, les nerfs à vif. Il ignore totalement complètement comment l’apaiser, ne l’a jamais vue aussi en détresse. Est-ce comme ça qu’elle a vécu le déchirement de son départ, quand elle pleurait sa douleur sans avoir personne pour l’écouter ? C’est normal qu’t’aies rien vu, Caro. J’ai tout fait pour t’empêcher de comprendre. Tant qu’il l’a pu, il a maintenu l’illusion et les mensonges pour réécrire leur vie et la protéger de leurs démons. T’es pas une mauvaise personne, t’étais trop jeune, c’est tout. Faut pas qu’tu t’en veuilles pour ça. « J’me souviens pas tout ça. Pourquoi j’me souviens pas Sid ?! » J’en sais rien, j’comprends pas c’qui t’arrive ! Et ça le fait flipper de voir que sa mémoire a été grugée de la sorte. Il n’ose même pas imaginer comment elle a pu se sentir en comprenant qu’elle ne pouvait pas avoir confiance en ses propres souvenirs, que sa vision du monde et de sa vie est complètement faussée. Incapable de détourner le regard du désastre qui se déroule en direct devant lui, il a l’impression de se noyer dans la détresse qui inonde ses grands yeux bleus. Il en a presque du mal à respirer, ses poumons douloureusement comprimés. Il accueille avec soulagement le retour des flammes destructrices qui s’allument au fond de ses prunelles. D’un coup, la tristesse s’est muée en colère, et il retrouve la Caroline en furie qui tambourinait à sa porte avec suffisamment de force pour ameuter tout le quartier. « C’était quoi votre but. Me détruire lorsque j’aurais l’âge de comprendre toute cette m*rde ? » Blessé, Sid se rembrunit et fronce les sourcils. Il a beau savoir, quelque part au fond de lui-même, qu’elle laisse sûrement parler sa colère et sa douleur sans réfléchir, il n’arrive pas à croire qu’elle puisse penser une chose pareille. Elle ne pourrait pas être plus loin de la vérité. La seule chose qu’il voulait, son but depuis l’instant où il a compris que quelque chose clochait dans leur famille, c’était de protéger sa petite sœur. Il ne cherchait qu’à rendre son monde un peu moins moche, un peu plus supportable. Comment aurait-il pu savoir que son esprit bloquerait et déformerait ses souvenirs ainsi ? « Quand j’serais assez grande pour comprendre que notre famille est complètement bidon ?! » Un instant, un éclair de colère le traverse. Il voudrait s’insurger, protester à grands cris, affirmer que leur famille en était une vraie. Mais aussi rapidement qu’elle s’est allumée, son indignation s’éteint. Ce serait de l’hypocrisie : comment pourrait-il affirmer qu’elle a bel et bien eu une famille, entre sa mère junkie, son père quasi absent et son frère qui l’a abandonnée au moment où elle avait le plus besoin de lui ? Quant au lien qui les unit, il aurait autrefois peut-être suffi à prouver qu’ils formaient une sorte de famille tous les deux, ensemble contre vents et marées. Mais tout ça a changé quand Sid a décidé de s’enfuir, et devant son incapacité à apaiser sa sœur, il n’est plus certain qu’il en reste grand-chose.

Brusquement, la jeune femme se redresse dans son étreinte. Elle le repousse violemment. Une fois, puis deux, et encore une autre, jusqu’à ce que le choc sourd de ses paumes contre la poitrine de Sid se transforme en une percussion malsaine qui semble remplir la pièce. « Tu m’as menti. Tu m’as tellement menti. J’suis bousillée et c’est à cause de toi. » Il encaisse les coups physiques et psychologiques, s’engourdit le corps et l’esprit pour ne plus sentir ses mains s’enfoncer dans sa chair, ni ses mots lui lacérer le cœur. Ses paroles répètent comme un écho la culpabilité dévorante qu’il ressent depuis des années. C’est ta faute si elle vit ça. Si t’avais été là pour l’empêcher de trouver votre mère, elle serait pas comme ça. « J’te déteste tellement.. J’te déteste.. Je suis tellement désolée Sid.. » Même la morsure de cette condamnation qu’elle lui crache à la figure pour la deuxième fois en moins d’une heure ne lui parvient qu’à moitié. Il ne sent plus rien tandis qu’elle s’effondre finalement dans ses bras, en larmes. Il la serre contre lui, la berce tendrement, sans éprouver le moindre soulagement, même lorsqu’il la sent se calmer légèrement. Quand elle lui semble suffisamment stable pour être déplacée, il l’encourage à se relever, l’aide à prendre appui sur lui pour qu’elle se mettre debout. Il l’entraîne vers la table de la salle à manger, la guide jusqu’à une chaise en contournant les éclats de verre. Une fois qu’elle est assise, il prend place devant elle. Légèrement penché vers elle, ses coudes appuyés sur ses cuisses, il serre les mains de sa sœur entre les siennes. « Faut qu’tu m’écoutes, okay ? » lance-t-il en guise d’ouverture pour attirer son attention. Il veut s’assurer qu’il a toute son attention et il attend qu’elle ait hoché la tête, les yeux toujours pleins de larmes, pour expirer longuement. « Rien de c’qui est nous est arrivé était ta faute. T’étais qu’une enfant, tu pouvais pas comprendre et tu pouvais rien faire. » L’ironie de ses paroles lui échappe complètement. Il ne se rend même pas compte que les réassurances qu’il offre à Caroline s’appliqueraient tout aussi bien à lui-même. Peut-être parce que ce serait juste trop douloureux de penser à tout ce qu’il a dû sacrifier, d’imaginer même pour un instant à quoi leur enfance aurait pu ressembler dans une autre vie. « J’suis désolé de t’avoir menti. J’voulais te protéger… mais j’pense que j’ai fait plus de dommages au final. » Il ne peut totalement empêcher l’amertume de percer dans sa voix, mais il tente quand même de la ravaler. « Si tu veux, si c’est de ça qu’t’as besoin… j’vais t’aider à retrouver tes souvenirs. J’vais répondre à tes questions, t’raconter ce qui nous est arrivé. » L’angoisse monte et l’étrangle presque juste à l’idée de devoir se replonger dans ce passé qu’il a tenté par tous les moyens de mettre derrière lui. Mais il ne peut rien lui refuser, et encore moins le droit à la vérité. Il lui doit au moins ça après être parti comme un voleur. Encore plus s’il est responsable de ses trous de mémoire. « Mais peut-être pas aujourd’hui. Peut-être pas d’un coup… » Ça serait trop pour lui – il ne se sent pas prêt à lui balancer toute leur histoire maintenant – et pour elle aussi. Qui sait quel effet un tel déversement pourrait avoir sur son esprit et ses souvenirs fragmentés ? « Et puis j’ai pas trop envie de continuer à parler du passé en ce moment. Pas quand on pourrait s’concentrer sur le présent et l’avenir. » Il esquisse un petit sourire triste. « Parle-moi de toi, de ta vie. Comment tu vas ? » Après une courte hésitation, il ajoute en un souffle : « Qu’est-ce que j’ai manqué ? » Laisse-moi te retrouver, retrouver une petite place dans ta vie. J’en ai besoin. Si tu savais comme j’en ai besoin…



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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyDim 7 Juin 2020 - 18:25

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

Les bras rassurant de Sid enveloppe doucement l'australienne qui, perdue dans les ténèbres de son inconscient, est restée immobile, bloquée, figée au sol. Avec l'aide et le soutien de son frère, elle semble se mouvoir et être amenée progressivement vers la table de la salle à manger où elle prend place sur une chaise, sans être quittée un instant par les mains de Sid. Elle semble car elle ne ressent rien à ce moment-là, elle ne se sent pas bouger, elle ne sent pas le changement de texture sous ses fesses, elle ne sent pas non plus ses jambes se délier, s'étendre et venir s'alléger sur la chaise. Elle est comme.. Loin de l'instant T.

C'est difficile d'avoir ce type de révélations à propos d'une enfance qu'on croit pourtant vraie, complète, sereine. Caroline venait d'ouvrir sa boîte de Pandore, une boîte où était enfermé les souvenirs qu'elle avait visiblement pris grand soin de fermer à double tour. L'inconscient joue des tours désastreux au cerveau, elle commençait à le comprendre. Comment peut-on être si facilement destructible ? Mais sa question reste sans réponses car Sid attire son attention. Les yeux embués comme un pare-brise en pleine tempête, la brunette le regarde dans les yeux après avoir hoché la tête en guise d'accord.

S - « Rien de c’qui est nous est arrivé était ta faute. T’étais qu’une enfant, tu pouvais pas comprendre et tu pouvais rien faire. J’suis désolé de t’avoir menti. J’voulais te protéger… mais j’pense que j’ai fait plus de dommages au final. »

Elle l'écoutait avec soin, buvant littéralement le moindre mot sortant de sa bouche. La sincérité était évidente, elle n'en aurait jamais douté de toute façon. Elle voulait croire en tout ça, elle voulait croire en sa bienveillance et sa protection. Mais elle ne pouvait pas croire en ce qui venait d'être dit, c'était impossible. Elle ne pouvait pas avoir eu une telle enfance, ils ne pouvaient pas subit autant de souffrances au point de s'être séparés, et dont elle n'aurait aucun souvenirs. C'est insupportable pour elle, c'est impensable qu'on puisse littéralement vivre une autre vie, une double vie dans le simple but de quoi ? La protection ? C'est pas possible.

S - « Si tu veux, si c’est de ça qu’t’as besoin… j’vais t’aider à retrouver tes souvenirs. J’vais répondre à tes questions, t’raconter ce qui nous est arrivé. »

Des questions ? Étrangement, elle n'en avait aucunes. Elle ne souhaitait qu'une chose à ce moment-là, disparaître, aller loin, loin de tout ce qu'elle pouvait connaître, avoir vu ou entendu. Elle voulait être une autre fille. Mais ce souhait défit toute logique et c'est son maître mot, la logique. Le terre-à-terre, c'est ce qu'elle est, la plupart du temps, c'est ce qui l'aide aussi à rester debout dans les situations difficiles. Même si elle n'a jamais connu aussi compliqué à encaisser, la logique devrait l'aider. La voix peu confiante de son frère lui rappelle qu'elle n'est pas la seule dans cette histoire. Elle ne sait pas ce qu'il a du ressentir toutes ces années, elle ne sait pas ce que ça a été pour lui, tout ces sacrifices, ces manipulations pour la garder la plus pure face à tout ça. Elle ne sait rien du tout. Les larmes coulent sans pauses sur ses joues mais les sanglots ce sont tuent. Elle n'a plus l'énergie suffisante pour permettre à son corps de toussoter de tristesse ou même de se défouler sur les épaules de Sid par colère. Elle n'a plus cette force.

S - « Mais peut-être pas aujourd’hui. Peut-être pas d’un coup… Et puis j’ai pas trop envie de continuer à parler du passé en ce moment. Pas quand on pourrait s’concentrer sur le présent et l’avenir.  Parle-moi de toi, de ta vie. Comment tu vas ? Qu’est-ce que j’ai manqué ? »

Qu'est ce qu'il pouvait avoir manqué.. En tout cas, son sourire, même s'il semblait triste là tout de suite, avait beaucoup manqué à Caroline. Elle lui rendit un sourire timide.

C - « J'ai une seule question à te poser, si tu me le permets.. Comment toi tu vas ? »

Elle s'était vidée de toutes énergies, positives comme négatives. Elle partait du principe que replonger dans de lourds souvenirs n'était pas une bonne idée là, elle n'avait plus la force pour supporter de nouvelles révélations et souhaitait d'abord se ressourcer. Mais elle voulait par dessus tout, entendre de la bouche de son frère qu'il ne souffrait de rien, que sa vie avait suivi son chemin et qu'elle le retrouvait avec, au moins, la moitié de sa lumière d'antan. Elle savait qu'un tel déchirement familial ne laissait personne indemne mais elle espérait qu'il n'ait pas été affecté au point de se laisser dépérir.. Elle lui attrapa les mains, l'attira à elle puis se leva de sa chaise pour venir le prendre dans ses bras une nouvelle fois. Elle souhaitait marquer le fait qu'elle l'avait retrouvé, qu'ils s'étaient retrouvés et qu'elle ne souhaitait plus le voir partir. Il lui avait beaucoup trop manqué et ce n'était pas vivable d'être aussi loin.

Lui raconter sa vie ? Bizarrement, elle n'avait que peu de choses à dire.. D'intéressant. C'était peut-être l'occasion de faire une petite rétrospection et de voir un peu où elle pouvait bien en être..

C - « Moi.. Qu'est-ce que je pourrais te dire.. J'ai décidé de me lancer dans des études de psychologie. Pour le moment je n'ai pas encore de spécialisation même si je serais tentée par le milieu de l'enfance et de l'adolescence.. Je verrais surtout où me mène la première année. Mais je dois t'avouer que j'ai aussi des envies d'évasion, de voyage. Pas très compatible avec les études de psycho ! »

Elle ne voyait pas quoi dire d'autres. Effectivement, elle avait des envies d'ailleurs, sûrement liées au fait qu'il lui avait manqué quelque chose pendant une trop longue période, que ses repères avaient été effacés et qu'elle souhaitait désormais les retrouver pour mieux les graver dans la pierre. En réalité, elle était comme.. Séparée de son frère par une barrière invisible, une barrière qui l'empêchait de pouvoir se livrer comme ils avaient l'habitude de le faire étant plus jeunes. Désormais âgée de dix-sept ans, Caroline n'avait plus cette innocence à vouloir et pouvoir tout raconter dans les moindres détails. Elle avait son jardin secret et ce dernier venait d'être bien arrosé.. Plutôt inondé d'ailleurs. Toutes ces choses lui semblait si banales finalement, comparé aux retrouvailles d'avec son frère mais aussi face à tout ces dires échangés entre les deux jeunes gens. Des dires qu'elle ne savait toujours pas où mettre dans sa tête. Elle n'avait aucun tiroir annoté "terreurs d'enfants".

C - « Et de ton côté ? »

Cela lui fit d'un seul coup un grand pincement au cœur. "De son côté", son côté à lui, seul. Cela lui fit drôle dans sa propre bouche. Elle espérait ne plus avoir à lui poser une telle question..


Spoiler:

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Sid Bauer
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le tatoueur au coeur tendre
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyMer 8 Juil 2020 - 6:20

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Caroline a l’air absente dans sa propre tête. Le regard vide, le teint blême, elle semble complètement dans les vapes. Le cœur de Sid cogne nerveusement dans sa poitrine tandis qu’il essaie désespérément de percevoir le moindre signe de vie sur son visage. Enfin, elle s’anime et une certaine lumière se rallume dans ses grands yeux tandis qu’un pâle sourire s’étire sur ses lèvres. Marginalement rassuré, le jeune homme se détend sur sa chaise de bois. « J’ai une seule question à te poser, si tu me le permets.. Comment toi tu vas ? » Je… survis. La véracité de cette réponse lui donne envie de grimacer. Ces temps-ci, il n’est heureux que s’il dessine ou s’il boit. L’art et l’alcool sont les seules armes dont il dispose pour gérer la colère et repousser les souvenirs trop douloureux qui menacent de l’envahir dès qu’il s’approche un peu trop du passé. « Ça va… » souffle-t-il plutôt. Réponse succincte pour camoufler le mal-être et ne pas inquiéter sa petite sœur. C’est un réflexe bien ancré en lui, même après toutes ces années. Et puis, il a un peu honte aussi. Il ne veut pas qu’elle entraperçoive la spirale d’autodestruction dans laquelle il s’est enfoncé et dont il essaie encore mollement de s’extirper. « Moi.. Qu’est-ce que je pourrais te dire.. J’ai décidé de me lancer dans des études de psychologie. » D’un coup, l’amère vérité lui saute aux yeux : sa petite sœur n’est vraiment plus si petite que ça. En quelque part, il savait que le monde n’avait pas arrêté de tourner en son absence, que s’il vieillissait, Caro aussi. Mais s’il est sur le point d’entamer des études en psychologie, c’est qu’elle a fini le lycée. La gorge nouée, il l’imagine monter sur l’estrade à la collation des grades pour recevoir son diplôme. A-t-elle salué la foule en souriant pour ne pas voir les deux sièges vides à côté de son père, là où sa mère et son frère auraient dû être assis ?

La tête baissée, il fixe leurs mains pour ne pas croiser son regard. « Pour le moment je n’ai pas encore de spécialisation même si je serais tentée par le milieu de l’enfance et de l’adolescence.. Je verrais surtout où me mène la première année. » L’ironie ne le laisse pas indifférent. Elle songe à se pencher spécifiquement sur l’esprit de gens qui vivent le même genre d’enfance tordue qu’elle a connue. Comme si elle avait l’envie innée d’aider des personnes aux prises avec des démons semblables aux siens, alors même qu’elle ignorait en avoir. Pourtant, une bouffée de fierté et d’espoir enfle en lui. Si Caroline poursuit ses études, si elle devient psychologue, elle sera une véritable réussite, la première, sans doute, de la famille. Et ça voudra dire que tous les sacrifices qu’il a faits pour elle n’auront pas été en vain. « Mais je dois t’avouer que j’ai aussi des envies d’évasion, de voyage. Pas très compatible avec les études de psycho ! » Il laisse échapper un petit rire, pas particulièrement étonné d’apprendre qu’elle rêve à d’autres horizons. Des deux, elle a toujours été la plus intrépide. Et puis, l’envie d’évasion coule manifestement dans le sang des Bauer. Ce n’est pas un hasard si leur père n’est véritablement heureux que lorsqu’il avale les kilomètres derrière le guidon de sa moto, ni si Sid a fui sa ville natale pour recommencer à zéro ailleurs. « Rien ne t’empêche de faire les deux, » répond-il en haussant une épaule. Il la connaît. Elle aura beau se passionner pour la psychologie, si elle s’empêche d’explorer, elle sera aussi malheureuse qu’un oiseau sauvage en cage.

« Et de ton côté ? » Il relève la tête, croise le regard de Caroline, si semblable au sien. Encouragé par la lueur d’intérêt qui y brille, il se mord l’intérieur de la joue en cherchant quoi répondre. Il ne veut pas lui raconter les mois de galère qui ont suivi sa fuite de Melbourne, ni le flottement qui a suivi même une fois qu’il a trouvé une certaine stabilité. Alors il se concentre sur le présent : « J’suis en train d’faire mon apprentissage pour devenir tatoueur. J’sais faire que des trucs simples pour l’instant, mais j’m’améliore chaque jour. » Autant dire qu’il hérite de tous les mecs qui rêvent de motifs tribaux autour du biceps et toutes les filles qui veulent le symbole de l’infini sur le poignet. Ses collègues ne se gênent d’ailleurs pas pour le charrier à ce sujet, surtout Alicia qui tatoue déjà depuis quelques années et qui s’amuse à lui remettre sous le nez qu’il ne fait rien d’impressionnant. Mais il ne répond rien, se contente de serrer les dents ou de rigoler avec eux et de servir ses clients. Parce qu’il voit bien le petit sourire satisfait d’Andrew chaque fois qu’il réussit à tirer une ligne parfaitement droite ou que son pepper shading n’est ni trop foncé, ni trop pâle. Il progresse et il réussit parfois à impressionner son mentor, et c’est tout ce qui compte pour l’instant. L’opinion des autres ne vaut rien. Ils ne savent rien de ses rêves ni de l’ambition dévorante qui circule dans ses veines. Un jour, il sera meilleur que tous ces artistes réunis et c’est à son tattoo shop que les clients se bousculeront pour se faire encrer.

Il esquisse un sourire amusé. « J’pense que t’aimerais bien Andrew. Mon boss. C’est lui qui m’a pris sous son aile, » précise-t-il, conscient que c’est la première fois qu’elle entend parler de lui. « Il se gêne pas pour me dire quand j’fais une connerie. » À bien des égards, et même s’il n’oserait jamais l’avouer à haute voix, le vieux tatoueur est un peu devenu son père adoptif. Les paroles de son patron lui reviennent en tête, aussi coupantes et glaciales que lorsqu’il les a entendues la première fois. Sid, tu peux pas t’pointer ici complètement pété et t’attendre à ce que j’te laisse tatouer. The Ink Spot, c’est p’t-être qu’un petit salon, mais c’est le mien et j’vais certainement pas laisser un petit con dans ton genre ruiner ma réputation. J’ai bossé trop fort pour ça, okay ? Alors tu vas rentrer chez toi, tu vas dégriser et tu vas réfléchir sérieusement à c’que tu veux vraiment. Et si tu remets les pieds ici, c’est qu’t’es prêt à agir comme un adulte responsable plutôt qu’un ado morveux. Compris ? Juste avant que le jeune homme ne franchisse en titubant les portes du salon, Andrew l’avait à nouveau interpelé. Oh, et Sid ? Ça serait pas la première fois que j’vire un apprenti et j’donne jamais de deuxième chance. Dans une colère noire, il était rentré chez lui comme le vieux tatoueur le lui avait suggéré, mais plutôt que de dessouler, il avait descendu quelques bières qui s’étaient finalement transformées en une véritable beuverie. Il lui avait fallu trois jours pour se remettre de ce violent électrochoc. Au final, c’est la solitude qui avait eu raison de lui. La camaraderie du salon lui manquait, même s’il était plus souvent qu’autrement la victime des blagues, mais pas autant qu’Andrew, avec son air perpétuellement hirsute et ses manières bourrues. Quelque part au beau milieu du brouillard d’alcool, il avait eu une épiphanie. T’es vraiment trop con Bauer, il essayait d’t’aider. C’est la première fois qu’un adulte croit en toi comme ça et t’es sur le point d’tout foutre en l’air. En dépit de la gueule de bois du siècle qui lui vrillait le cerveau, il était retourné au salon le lendemain matin. Sobre, ou à peu près. Le vieux tatoueur l’avait scruté un long moment de son regard d’acier avant de finalement hocher la tête. Une fois, comme pour signer un pacte implicite. Don’t fuck it up, kid! Puis, il l’avait envoyé récurer les toilettes du salon « en souvenir du bon vieux temps » avant de le laisser reprendre sa place à sa petite station de tatouage.

À son tour, il observe sa petite sœur, note silencieusement les changements que le temps a apportés à son visage. Débarrassé de ses dernières rondeurs enfantines, il s’est aminci. Sa chevelure autrefois si blonde est devenue plus foncée et elle la coiffe différemment. Elle a toujours quelques taches de rousseur sur le nez, en revanche, et ses yeux sont encore les mêmes. Se secouant de sa rêverie, il lui offre un sourire en coin un peu espiègle. « Ma p’tite sœur, psychologue… Faudra qu’tu me promettes de jamais me faire coucher sur ton divan pour me psychanalyser. » Il se doute que les psys ne sont pas représentés de façon très réaliste dans les films, mais l’image de sa sœur écoutant attentivement un patient allongé sur un divan l’amuse énormément. Il pousse un soupir, se rembrunit jusqu’à ce que les dernières traces de légèreté aient disparu de ses traits. « T’sais… J’suis p’t-être disparu de ta vie, mais j’ai jamais arrêté de penser à toi. » Incertain, il se mordille nerveusement la lèvre inférieure. Ce qu’il s’apprête à lui offrir lui paraît si peu en comparaison de la souffrance qu’il lui a infligée. Et pourtant, il a besoin qu’elle sache qu’il ne l’a jamais complètement rayée de sa vie, malgré les apparences. « Ça règle rien, je sais, mais… la première chose que j’me suis fait tatouer ici, c’est ton prénom. » Libérant sa main gauche de l’emprise de Caroline, il pointe de l’index le mot calligraphié qui suit la courbe du logo de Batman qui orne son avant-bras droit. C’est sûrement l’un de ses tatouages les plus simples, et pourtant c’est sans doute celui qu’il chérit le plus.



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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 12 Oct 2020 - 17:08

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Caroline

Bastard, I love you.

S - « Ça va ... ». Deux mots, deux tout petits mots qui, à la fois, ne veulent rien dire et peuvent tout révéler. Deux mots auxquels Caroline ne s'attendait pas réellement. Cela faisait deux années que le frère et la sœur ne s'était pas vus, elle ne s'attendait pas à un simple "ça va". Mais elle connaissait bien son frère, il cache tout ce qu'il peut ressentir. Il est son protecteur, son garde du corps mais surtout il garde son âme, il la préserve. D'où un simple "ça va". Elle mourrait d'envie de se taper les cuisses des mains pour exprimer son mécontentement, de lui hurler de lui dire la vérité, une nouvelle fois la vérité, de le rassurer en rappelant qu'elle pouvait encaisser ses histoires, qu'elle était sa sœur et qu'elle était là pour lui, désormais elle était physiquement là. Mais elle se tue.

Une amie de Caroline, relativement proche pour lui avoir parlé de l'absence de son frère et de son envie folle de le retrouver, l'avait rassurée en lui disant qu'une fois ensemble, le lien ferait tout tout seul. Le temps serait rattrapé en un claquement de doigts, tout se passerait bien mais surtout, tout serait limpide. En réalité, la brunette n'était pas convaincue par ce discours. A l'instant T, elle n'arrivait pas réellement à décrire le sentiment ressenti. Elle était inconditionnellement heureuse d'avoir retrouvé son frère, sa moitié sanguine, son meilleur ami. Mais une partie d'elle conserve une timidité, une volonté de conserver une distance par peur de se retrouver à nouveau confronter à l'absence. Une sorte de protection s'était construite et reprenait progressivement sa place entre les membres de cette fratrie. Le temps ne se rattrape pas, c'est la conclusion amenée par l'australienne. En racontant son entrée en études supérieures, son envie de spécialisation mais aussi son envie folle de voir du pays, Caroline avait cette sensation de raconter des banalités sans intérêts. Finalement, si elle creusait un petit peu, elle avait la simple envie d'être à la hauteur des attentes de son frère, qu'il soit fier d'elle et de son parcours. Elle cherchait, au même titre qu'une petite sœur, l'approbation de Sid, qu'il "valide" son parcours. Effectivement, elle pouvait faire les deux, allier ses études et quelques voyages. Mais, pour le moment, elle ne pouvait pas envisager de s'éloigner.. Impossible. Elle tourna le regard, pensive, pour s'imaginer parcourir les routes accompagnée de son classeur de cours. Pourquoi pas.. Mais pas maintenant.

Ce qui l'intéressait vraiment c'était de savoir où Sid en était, ce qu'il faisait dans la vie, ce qu'il avait fait finalement depuis deux ans. Elle voulait tout connaître, le lire, lignes après lignes, pages par pages. C - « Tatoueur ? ». Caroline eut un petit moment d'étonnement mais finalement, était-ce réellement si troublant ? C - « C'est vrai que ça te vas bien ! Et puis, il faut bien commencer quelque part. Je serais curieuse de voir tes dessins.. Tu serais d'accord pour m'en montrer quelques uns ? ». La sincérité pouvait se lire à travers son regard. Telle une enfant devant le sapin de Noël, l'australienne était pressée de pouvoir voir le trait artistique de son frère. Se dessiner quelque chose sur le corps, à l'encre, de manière permanente n'est pas un acte anodin. Ça demande une réflexion et Sid est celui qui permet que cette réflexion soit visible. D'ailleurs, Caroline réfléchissait depuis quelques années maintenant à un tatouage au poignet. Elle avait déjà tout: le dessin, l'emplacement, la taille. Mais il lui manquait la puissance de vaincre son appréhension pour passer le cap et demander un rendez-vous. Peut-être qu'elle demanderait à son frère de réaliser ce projet pour elle.. S - « J’pense que t’aimerais bien Andrew. Mon boss. C’est lui qui m’a pris sous son aile, il se gêne pas pour me dire quand j’fais une connerie. » La demoiselle émit un petit rire. C - « Il faudra que tu m'le présente, promis j'essaierai de ne pas trop m'impliquer dans ses commentaires réprobateurs..! » Elle s'imaginait la scène et cela l'amusa beaucoup. Souvent elle se liait avec les autres dans le but d'embêter son frère. Il s'agissait de taquineries enfantines qu'elle aimait beaucoup, tant Sid n'hésitait pas non plus à répliquer et à ne pas la laisser gagner aussi facilement. Elle espérait simplement que les commentaires de son patron ne soient pas dit dans le simple but de le descendre à longueur de journées.

S - « Ma p’tite sœur, psychologue… Faudra qu’tu me promettes de jamais me faire coucher sur ton divan pour me psychanalyser. » Caroline émit un rire franc et sincère. L'un des stéréotypes les plus accrochés au métier de psychologue. Elle ne serait absolument pas psychanalyste, donc le divan ne serait pas dans son cabinet mais effectivement, le fait de chercher à découvrir ce qui ne va pas est le principal objectif d'un psychologue. C - « Si tu savais.. Rien que ton appart' en dit long ! Veux-tu que nous en discutions ensemble cher ami ? » Elle avait utilisé un ton très "noble", comme si la Comtesse de Montségur était dans la pièce et qu'elle s'était emparée du corps de Caroline. Elle avait également adopté la moue spécifique aux gens "de la haute", la tête très haut perché, les épaules reculées et les mains croisées sur les genoux. Elle se remit à rire en revenant à la vraie-elle. D'un seul coup, l'ambiance changea radicalement, elle le sentit bien. Sid n'avait pas eu besoin de dire le moindre mots. Ils se comprenaient sans même se parler. Mais il eut les paroles, ces paroles-là. S - « T’sais… J’suis p’t-être disparu de ta vie, mais j’ai jamais arrêté de penser à toi. Ça règle rien, je sais, mais… la première chose que j’me suis fait tatouer ici, c’est ton prénom. ». Sid dévoila son poignet, puis son avant-bras, laissant ainsi apparaître un logo que Caroline trouvait énorme de Batman, magnifique et coloré mais énorme. Et son prénom se dévoila par la suite. Caroline. C'était écrit sur l'avant-bras de son frère, d'une écriture absolument divine. Il ne l'avait jamais oubliée. Elle qui avait tant de fois imaginé que son frère avait tiré un trait sur elle, un trait sur leur famille. Il n'en était rien. La brunette fut très émue, ses yeux bleus devinrent très rapidement humides, signe de sa forte émotion. du bout du doigt, elle traça les lettres de son prénom sur la peau de son frère, comme pour l'imprimer dans son esprit à elle. Et puis, ses mots revinrent. C - « Tu n'as rien à régler Sid. Mais j'ai longtemps pensé que tu m'avais complètement mise de côté. Tu en aurais eu le droit, je n'aurais jamais accepté cette décision pour être honnête. Et je crois que j'aurais quand même tout fait pour te retrouver. ». Elle lâcha le bras de Sid, lui redonnant toute sa liberté comme pour appuyer ses paroles. C - « J'y ai moi-même pensé, souvent. Je voulais tout oublier, tout effacer tellement c'était douloureux. Ça l'est encore tu sais. Mais je ne veux plus ressentir cette douleur et pour ça je n'ai pas le choix que d'aller de l'avant. J'avais besoin de te voir, de te retrouver. Je ne pouvais pas ne pas tenter en fait. ». Elle était comme hébétée tellement c'était logique qu'elle soit là, aujourd'hui, dans l'appartement en bataille de son grand-frère. C - « Pourtant, j'aimerais savoir.. Pourquoi tu.. Tu n'as pas cherché à me contacter ces deux dernières années ? ». La question était posée. Elle ne lui en voulait pas d'être partie, avec un petit recul, elle arrivait à comprendre quelques raisons expliquant cette décision. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il n'avait fait aucunes tentatives de renouer le contact, de renouer le lien, de prendre des nouvelles. C - « Moi j'étais trop en colère, beaucoup trop en colère. Et triste aussi. Mais toi ? ».



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Sid Bauer
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le tatoueur au coeur tendre
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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyLun 26 Oct 2020 - 3:30

Bastard, I love you
Sid & Caro

I walked across an empty land. I knew the pathway like the back of my hand. I felt the earth beneath my feet, sat by the river, and it made me complete. I came across a fallen tree. I felt the branches of it looking at me. Is this the place we used to love? Is this the place that I've been dreaming of? Oh, simple thing, where have you gone? I'm getting old, and I need something to rely on, so tell me when you're gonna let me in. I'm getting tired, and I need somewhere to begin. ► Somewhere Only We Know, Keane

Les yeux bleus de Caroline se posent sur l’avant-bras de Sid. Ses sourcils fins se froncent légèrement avant qu’une lueur de compréhension mêlée de surprise ne s’allume dans ses prunelles. Les lèvres vaguement tremblantes, les yeux un peu trop humides, elle se penche sur son bras, fait courir le bout de ses doigts sur les lettres. Le contact trop léger le chatouille, mais il reste immobile. La gorge nouée, le cœur battant la chamade, il attend de découvrir ce que pense sa petite sœur de cet hommage beaucoup trop petit et pourtant profondément sincère. « Tu n’as rien à régler Sid. » Le soulagement et l’incompréhension se mélangent dans sa poitrine. Depuis que sa colère est passée, les réactions de Caroline ne cessent de l’étonner. Comment peut-être se montrer aussi tolérante, aussi apaisante, alors qu’il a manifestement tout gâché ? « Mais j’ai longtemps pensé que tu m’avais complètement mise de côté. » Il serre la mâchoire, baisse les yeux, incapable de supporter plus longtemps le regard de sa sœur. Il ne l’a jamais totalement écartée de sa vie, mais c’est tout comme. À quoi cela pouvait-il lui servir, au fond, qu’il n’ait jamais cessé de penser à elle ? Ce n’est pas comme si elle pouvait ressentir son soutien à distance. Et ça n’a pas protégé leur lien non plus. « Tu en aurais eu le droit, je n’aurais jamais accepté cette décision pour être honnête. Et je crois que j’aurais quand même tout fait pour te retrouver. » Cette espèce d’absolution ne le soulage pas du tout. Même que ça lui fait comme une douleur sourde au cœur de constater qu’elle aurait accepté qu’il puisse faire une croix sur sa famille. Sur elle.

Elle le libère et il ramène machinalement son bras vers lui, le replie contre son ventre et s’appuie à nouveau sur ses cuisses. « J’y ai moi-même pensé, souvent. Je voulais tout oublier, tout effacer tellement c’était douloureux. » Là-dessus, il la comprend bien mieux qu’elle ne l’imagine. Lui aussi voulait tout oublier. Pas Caro, qui était le seul point véritablement lumineux de son enfance et de son adolescence, mais les frasques de leur mère et la souffrance permanente qui lui creusait comme un trou béant dans la poitrine. Malgré tous ses efforts, il n’a jamais vraiment réussi. Il se demande si elle a eu plus de succès que lui de ce côté-là. Il suppose que non, puisqu’elle là devant lui aujourd’hui. « Ça l’est encore tu sais. Mais je ne veux plus ressentir cette douleur et pour ça je n’ai pas le choix que d’aller de l’avant. » Ainsi, Caro est encore une fois plus courageuse, plus intrépide que lui. Elle est prête à tourner vers l’avenir, à se projeter vers l’avant malgré les doutes et la douleur. Il ne sait pas pourquoi ça l’étonne, ça a toujours été le cas. Lui aussi, il a envie d’avancer. Cependant, il ignore encore comment le faire. Il est perdu et il n’a toujours pas retrouvé son chemin. Il ne sait plus comment compter sur lui-même, sans l’aide d’une bouteille de whisky quand les choses deviennent trop difficiles. Finalement, c’est peut-être sa petite sœur qui le guidera hors du cercle vicieux duquel il essaie de s’échapper. « J’avais besoin de te voir, de te retrouver. Je ne pouvais pas ne pas tenter en fait. » Il remercie sa bonne étoile et toutes les puissances supérieures auxquelles il ne croit qu’à moitié qu’elle ait eu besoin de le retrouver pour avancer. Elle aurait pu décider de le rayer de sa vie. Elle aurait été en droit de le faire. Personne ne lui en aurait voulu d’abandonner à son tour celui qui l’a abandonnée en premier. Mais non. Elle s’est pointée ici, devant la porte de son appartement à Brisbane, dans l’espoir de le revoir et, peut-être, de réparer les ponts qu’il a stupidement incendiés en fuyant. Il aurait sûrement été plus facile pour elle de mettre le feu aux ruines.

Caroline a de la suite dans les idées et elle continue sur sa lancée : « Pourtant, j’aimerais savoir… » L’estomac de Sid se noue inconfortablement. Il sait ce qui s’en vient. Il se doute déjà de la question qu’elle va lui poser et il n’a pas envie d’y répondre. Sauf qu’il sait très bien qu’il n’a pas le choix. « Pourquoi tu… Tu n’as pas cherché à me contacter ces deux dernières années ? » Sa voix pourtant douce claque dans le silence, implacable. Il se mord la lèvre, se recroqueville un peu sur lui-même en cherchant le plancher du regard, réfugié derrière les mèches qui occultent son visage. « Moi j’étais trop en colère, beaucoup trop en colère. Et triste aussi. » S’il ne connaissait pas aussi bien sa sœur, il croirait presqu’elle s’amuse à le torturer en lui faisant entrevoir la souffrance qu’il lui a causée. Ses ongles émoussés s’enfoncent dans la chair de ses avant-bras dénudés. La soif se réveille. Il voudrait goûter à la brûlure de l’alcool pour ignorer celle de sa conscience coupable. « Mais toi ? » Dans l’appartement, un long silence. Caroline est finalement arrivée au bout de sa question et elle ne dit plus rien. Sid, lui, cherche ses mots et, surtout, le courage de les prononcer. Enfin, il inspire profondément, se redresse lentement comme un pantin dont on tirerait les ficelles. Puis, il s’éclaircit la gorge. « J’avais honte, » souffle-t-il d’une voix sourde. « J’me suis très vite rendu compte que j’avais fait une connerie en partant sans laisser d’adresse. » Quelque part au milieu de sa deuxième semaine à Brisbane, alors qu’un groupe de jeunes bourrés qui rentraient de soirée l’empêchaient de dormir, la pensée s’était imposée dans son esprit. J’ai merdé. Grave. « Mais j’voulais pas revenir. J’étais pas prêt à revoir P’pa qui vivait mal son deuil ni toi, qui souffrais tellement avant même que j’parte. » Il n’en avait pas envie non plus, et il se disait que si sa famille apprenait où il se trouvait, il n’aurait d’autre choix que de rentrer à Melbourne. « J’voulais pas qu’vous m’obligiez à revenir, alors j’me suis dit que j’allais attendre d’avoir trouvé un appart et un boulot pour vous donner des nouvelles. Je me disais que c’était parce que je voulais que vous soyez fiers de moi. » Sauf qu’il s’était presque retrouvé à la rue, n’en avait été sauvé que par le hasard, qui avait pris les traits de Phoenix. L’ancien motard devenu boxeur l’avait recueilli et il avait fini par réussir à retomber sur ses pattes et à reprendre le contrôle de sa vie. Mais à ce moment-là, il était déjà trop tard. « Ça m’a pris plus de temps que prévu. Les semaines ont passé, puis les mois. Et plus le temps passait, plus j’avais honte d’être parti comme un voleur et plus je m’en voulais de ne pas être capable d’assumer ce que j’avais fait. » Vidé par sa confession, il s’affaisse à nouveau. Du bout de l’ongle, il repousse une cuticule un peu sèche sur son pouce. « En quelque part, j’savais bien que t’allais avoir le courage qui me manquait. » La bouche soudainement pâteuse, il constate d’un coup à quel point son plan ne tenait à rien. Au fond, ils sont passés terriblement proches de la catastrophe. S’il s’était trompé, ces retrouvailles dont ils avaient tous les deux tellement besoin ne se seraient sans doute jamais déroulées. « Ou du moins, je l’espérais, » se reprend-il. « Parce que j’avais aucune raison de croire qu’tu me pardonnerais. » Il croise le regard si bleu de Caroline, si semblable au sien. « Mais j’suis content que tu l’aies fait. Et j’te promets que je te décevrai plus jamais. » Il donnerait sans hésiter sa vie pour ne plus jamais avoir à blesser sa petite sœur de cette façon. « J’t’aime Caro. » Ils savent tous les deux que tout n’est pas rose entre eux juste parce qu’ils se sont retrouvés. Ils devront reconstruire les liens qui les unissaient autrefois, mais c’est déjà un début. Et, pour la première fois depuis des années, Sid a l’impression d’être complet.



just kiss me in the dark
maybe i’m just as scared as you. it's alright, stay by my side on the edge of everything we know. it's alright, just don't look down and i will hold on and never let go. you're right beside me, so just close your eyes, i'll never let go. you're all that i need, so just close your eyes. • close your eyes, rhodes

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Message(#)Bastard, I love you | Ft Sid  EmptyMar 27 Oct 2020 - 17:45

Sid &
Caroline

Bastard, I love you.

Caroline savait pertinemment que la question qu'elle venait de poser, ou plutôt lui tirer en pleine tête, était lourde, menaçante et surtout terriblement douloureuse. Elle le savait bien et pourtant, elle venait de sortir de sa bouche à destination de son frère, l'être qu'elle aimait le plus sur cette foutue Terre. Elle ne savait pas. Elle avait besoin de savoir, envie aussi. Et elle avait, visiblement, besoin de voir la souffrance dans son regard, de voir que lui aussi était perdu ou l'avait été à un moment. Visiblement, il l'était encore et Caroline sentait son cœur se réchauffer. Sa douleur lui faisait du bien. Mais quelle sœur pense de la sorte ? Se mit-elle à penser. Une petite sœur qui a perdu son repère pendant trop longtemps, une fillette à qui on a enlevé, kidnappé même, son phare dans la nuit. Elle avait besoin de le piquer avec une aiguille mais elle sentait qu'elle avait le droit. Juste l'espace d'une seconde.. La réaction comportementale de Sid ne passa pas inaperçue, elle était ce que l'australienne recherchait. Et soudain, la honte. La culpabilité aussi vinrent trahir les sentiments de son frère. Elle s'attendait à ces émotions complexes, elles étaient "logiques" finalement. Mais elle ne s'attendait pas à ce que ça la bouleverse autant elle. Elle savait qu'elles pouvaient être dévastatrices si elles étaient maintenues trop longtemps à l'intérieur d'une âme. Elle savait qu'elles pouvaient purement et simplement détruire une âme. Caroline eut un mouvement de recul comme pour se protéger de ce qu'elle pouvait "attraper" de l'état émotionnel de Sid mais aussi pour le protéger de ce qu'elle ressentait elle. La brune écoutait avec attention le récit de son pilier, récit qu'elle accueillait désormais avec autant de bienveillance et de compréhension qu'elle pouvait offrir. C'était son frère, les liens du sang sont forts, puissants, indestructibles par nature. Il avait eu le courage de partir, car oui une part d'elle le qualifiait de la sorte: c'était courageux. Il en fallait du cran pour prendre son sac, quitter sa famille et partir dans une autre ville sans le moindre mot. Il en fallait du cran pour ne jamais se retourner, revenir à "l'avant", constamment assumer ce nouveau plan de vie. Et surtout, il fallait être courageux pour se séparer de sa famille, s'éloigner de ses repères, même si ceux-ci sont loin d'être bénéfiques à la construction de soi. Oui, il était courageux et, comme lorsqu'ils étaient plus jeunes, Caroline admirait son frère. C - « Tu n'avais pas besoin de croire que je te pardonnerai, c'était joué d'avance en réalité tu sais. » Elle sourit timidement, elle était sincère, elle ne pouvait tout simplement pas lui en vouloir éternellement, elle avait trop besoin de lui pour en rester éloignée indéfiniment. Soudain, elle croisa son regard, tellement similaire au sien. Il ne la décevrait plus jamais, c'était ses mots, qui seraient désormais gravés dans la tête de l'australienne dont le sourire s'agrandit sans attendre, telle une enfant qui découvre son cadeau de Noël. S - « J't'aime Caro. » C - « Moi plus encore Sid. » Elle s'avança sur les genoux pour venir se blottir dans les bras de son frère, qu'elle retrouvait enfin. Elle ne pouvait pas être plus ravie, rassurée et même revigorée de l'avoir retrouvé, de l'avoir entendu, de s'être assuré de sa bonne santé. Elle n'avait pensé qu'à une seule chose d'ailleurs en arrivant à Brisbane: retrouver Sid. Mais le reste, l'à côté, elle n'y avait absolument pas réfléchi. Sans se détacher des bras du brun, elle demanda d'une façon taquine. C - « Je peux squatter ton canapé quelques jours ? Le temps que je me trouve un petit chez moi, je te promets d'être ultra rapide. En prime je fais la cuisine et le ménage ! Endroit qui nécessite un bon coup d'aspirateur d'ailleurs.. Dis ouiiii ! » Elle avait simplement redressé la tête pour mieux tenter d'amadouer son frère en faisant battre ces cils cachant alors à intervalles réguliers ses yeux bleu-lagon. Comment pourrait-il refuser une telle demande faite avec amour ? Ils allaient pouvoir réapprendre à ce côtoyer, à se découvrir dans leur vie "d'adultes" mais surtout à renouer et forger durablement le lien unissant le frère et la sœur.


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