Too far gone • (Zombie Halsyn)

Too Far Gone
Raelyn Blackwell & @Halsey Blackwell Too far gone • (Zombie Halsyn) 873483867

- 1 an après l’épidémie

Un an, c’est un bel anniversaire. Que ce soit pour un couple, un mariage ou un enfant, c’est souvent synonyme de joie, de célébrations en tout genre et finalement un jour dont on se souvient. Un an aujourd’hui, c’est un bien triste anniversaire. Si j’étais positive je dirais qu’il s’agit de l’anniversaire où, par la force des choses, Halsey et moi avons appris à composer l’une avec l’autre avant de finalement apprendre à avancer ensemble. Les choses n’avaient pas forcément commencé sur le bon pied avant l’épidémie et si j’avais fini par accepter qu’elle dise en partie la vérité : elle partageait mon sang, j’étais restée méfiante. Mais seule et confrontée à la dure réalité des choses nous avions dû nous serrer les coudes et trouver comment nous en sortir.

Un bel anniversaire donc.

Sauf qu’un an, c’est aussi le laps de temps depuis lequel nous avons, l’une comme l’autre, tout perdu, à compter par la personne qui comptait le plu pour chacune d’entre nous. C’est Amos que j’ai perdu de mon côté, mon amant, celui auquel je m’ouvrais et dont, je le sais à présent, j’étais tombée amoureuse sans le voir venir. Elle avait perdu son acolyte de toujours à la même époque, dans les premiers jours de l’épidémie, et finalement, il y a un an jour pour jour, nous avions décidé que quitter la ville pour nous enfoncer dans les terres.

Nous aurions pu nous trouver une conscience dans ce chaos, sauf que chez nous, il avait fait ressortir ce qu’il y a de pire. Il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour que l’on commence à chasser d’autres survivants pour leurs possessions matérielles, à exécuter ceux qui opposaient la moindre résistance avec de moins en moins de scrupules, et à faire chanter les plus faibles pour notre survie. Ils voulaient la vie sauve ? Très bien, il fallait dans ce cas qu’il nous obéisse au doigt et à l’oeil et nous remettent ce que nous demandions lors de nos jours de visites. Les armes et munitions du Club nous rendent puissantes, tant que nous en possédons encore il est facile d’oppresser. A menacer, piller et à tuer, nous avons petit à petit perdu notre humanité je crois, sans que cela ne nous pose de problème de conscience à l’une comme à l’autre, il me semble en tout cas. Ce matin, je me réveille dans le lit ma foi confortable d’une maison abandonnée dans une bourgade dont nous avons fait le tour pendant toute la semaine. Elle est vide, nous avons rassemblé ce que nous avions à rassembler dans la maison que nous avions choisi d’occuper, et avons même profité d’une douche au lac attenant. Dans quelques jours, deux tout au plus, nous reprendrons la route parce que rester trop longtemps au même endroit peut s’avérer mortel. Une fois habillée je descends à l’étage inférieur et j’y trouve ma soeur, demie soeur comme j’aime le préciser à chaque fois qu’elle m’agace, attablée et en train de dévorer son petit déjeuner. « T’as trouvé où cette tablette de chocolat ? File la moi. » Je croyais qu’il ne nous en restait plus de notre dernier pillage. Je la retire d’entre ses doigts rapidement avant de me laisser tomber sur la chaise en face de la sienne, un sourire insolent sur les lèvres. « Pas assez rapide, ça te fera défaut un jour. » Je mords à même la plaquette en la provoquant. « Bon, on bouge demain ou cet après midi ? Cette baraque est sympa, mais j’ai des fourmis dans les jambes. »

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Les jambes croisées sur la table de ce qu’elle considérait comme sa nouvelle demeure depuis quelques jours – façon de parler – Halsey dévorait à pleine dent une tablette de chocolat qu’elle avait dégotée dans une des armoires le jour de leur arrivée, et qu’elle avait bien entendu omis de montrer à Raelyn. Après tout, cette denrée était suffisamment rare que pour ne pas la partager, ça tombait sous le sens. S’était-elle réveillée plus tôt dans le but de la déguster sans que sa sœur ne lui tombe dessus ? Peut-être. Pourtant, il fallait croire que la brune avait développé un sixième sens depuis le temps, car elle apparu dans son champ de vision seulement deux minutes après qu’elle ait commencé son festin, et le regard qu’elle lui lança en disait long sur ce qu’elle pensait de la situation. « T’as trouvé où cette tablette de chocolat ? File la moi. » Face à cette attaque inattendue, Halsey senti son repas lui filer entre les doigts et elle fronça les sourcils en secouant la tête. « Elle est pourrie de toute façon. » Vrai, mais ça restait tout de même la meilleure chose qu’elle ait avalé depuis bien longtemps. Depuis près d’un an, précisément. Depuis que tout avait foutu le camp, que la seule personne à qui elle tenait en plus d’elle-même avait fini par mourir, elle aussi. A choisir, elle aurait préféré survivre à cette apocalypse avec Clyde, mais le sort en avait décidé autrement et lui avait mis Rachel-Lynn dans les pattes à la place. Elle qui avait tenu à retrouver de la famille, elle était désormais servie. « Pas assez rapide, ça te fera défaut un jour. » Un sourire empreint de provocation étira les lèvres de la blonde et la jeune femme haussa les épaules en prenant un air renfrogné. « Le jour où tu seras en mauvaise posture, j’espère. » Elle leva un sourcil pour la narguer, laissant planer le doute sur une action de sa part si tel était le cas. Pour l’instant elles s’entraidaient parce qu’il le fallait bien, et que leurs chances de survie étaient ainsi décuplées, mais c’était loin d’être rose tous les jours – rien de surprenant à ça quand on connaissait les deux apôtres. « Bon, on bouge demain ou cet après midi ? Cette baraque est sympa, mais j’ai des fourmis dans les jambes. » Et elle n’était pas la seule. Cette petite semaine thalasso leur avait fait le plus grand bien, mais il s’agissait là de ne pas perdre de vue le plus important ; les ressources. Et se sédentariser était la meilleure solution pour les utiliser sans en trouver de nouvelles, chose que Halsey ne comptait pas laisser arriver. « Aujourd’hui. Mais pas trop tard, il faut qu’on trouve un nouvel abri pour la nuit. » Et c’était loin d’être une chose aisée, parce qu’au-delà de trouver le fameux abri, il fallait également le sécuriser et ça, ça prenait du temps. La brunette s’empara de la carte, ponctuée ici et là de croix tracées sur les endroits qu’elles avaient déjà visités – et pillés – et observa pensivement la route qu’elles avaient décidé d’emprunter pour la suite. « Là. On devrait y être avant la nuit. » Son index pointa un point représentant ce qui ressemblait à une ferme, ou quelque chose du genre.

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- 1 an après l’épidémie

Halsey et moi avons une relation amour haine encore mal définie. Nous nous serrons les coudes - la plupart du temps - mais nous n’avons pas grandi ensemble, pas appris à vivre l’une avec l’autre pendant des années, et nous avons toutes les deux un trop gros caractère. Quand elle m’agace, je l’appelle Goldie, référence à sa vie passée de Gold Digger professionnelle, elle, elle emploie l’horrible Rachel-Lynn si elle veut me mettre hors de moi, on finit par se hurler au visage, mais dans l’ensemble tout roule. Le mieux, ça reste quand on trouve un ennemi commun, ou juste un pauvre innocent sur lequel faire ressortir toute cette rage.

Alors là, lui voler sa bouffe qu’elle pensait pouvoir me cacher, c’est carrément jouissif. No shame. « Elle est pourrie de toute façon. » Je croque dedans à pleine dents, et la nargue un peu plus à chaque bouchée. « Le chocolat ça périme pas, Goldie. » Elle comme moi on sait toutes les deux que c’est une tuerie, et j’ai l’impression d’être au septième ciel. C’est sur que celui là, on l’a pas visité depuis un moment. « Le jour où tu seras en mauvaise posture, j’espère. » A nouveau mes dents se referment sur la plaquette de chocolat et je mastique volontairement bruyamment pour la provoquer. « Si je n’ai plus que toi sur qui compter le jour où je suis en mauvaise posture, je donne de toute façon pas cher de ma peau. » La règle entre nous est simple : on se serre les coudes, mais on attend pas non plus que l’autre nous décroche la lune en cas de pépin, on connait toutes les deux trop bien le tempérament égoïste et l’instinct de survie de l’autre. On s’aime bien, faut pas croire, mais on a juste un peu de mal à le montrer.

La maison est sympa, mais on a pillé les alentours et la nourriture commence à manquer, alors il nous faudra de toute façon reprendre la route et je préfère prendre les devants. « Aujourd’hui. Mais pas trop tard, il faut qu’on trouve un nouvel abri pour la nuit » Je hoche la tête et me concentre sur la carte qu’elle sort. « Là. On devrait y être avant la nuit. » Je fronce les sourcils avant de m’appuyer contre le dossier de ma chaise et de poser les pieds sur la table. « Une ferme ? T’as envie de renouer avec tes racines et de te transformer en bouseuse ? » Je taquine mais elle a raison, ce genre d’endroit reculé, c’est du pain béni. S’il y a des gens là bas, on les descendra. « Ok, mais on passe par le lac avant. Je fais pas quatre heures de voiture avec toi si tu sens comme ça. » Je lui envoie finalement ce que j’ai bien voulu lui laisser de la tablette de chocolat.

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La brune prenait sur elle de ne pas lui sauter à la gorge afin de récupérer ce qu’elle considérait comme son dû, car ça aurait été donner satisfaction à l’esprit machiavélique de sa chère sœur. Optant pour une indifférence feinte, elle précisa que la tablette était périmée tout en sachant que ça n’avait en rien altéré son goût. La fin du monde avait commencé il y a un an, ce qui rendait des choses comme le chocolat encore bonnes à être ingérées sans le moindre problème. Elles en reparleraient dans cinq ans – si elles vivaient jusque-là. « Le chocolat ça périme pas, Goldie. » Croquant dans cette tablette à pleines dents, Raelyn continuait sa campagne de provocation sous les yeux révoltés d’une Halsey qui peinait à se contenir, serrant les poings pour éviter de réagir sous l’impulsion. Tuer pour obtenir ce qui lui faisait envie était son leitmotiv, mais la jeune femme était de la famille, qu’elle le veuille ou non, et par conséquent, la tuer lui poserait sans doute un cas de conscience. Ou pas. Faisant l’impasse sur ce surnom qu’elle se plaisait à utiliser pour lui titiller les nerfs, la brune haussa simplement les épaules en esquissant un sourire en coin. « J’espère que tu t’étoufferas avec alors. » Ah ces joutes verbales matinales, c’était probablement ce qui gardait leurs esprits aussi vifs après un an à ne côtoyer personne, sauf quand il s’agissait de les extorquer de leurs maigres ressources. « Si je n’ai plus que toi sur qui compter le jour où je suis en mauvaise posture, je donne de toute façon pas cher de ma peau. » La bonne blague. Elle lui avait déjà sauvé les fesses plus d’une fois, mais puisque la réciproque était vraie, elle évita d’en parler. A la place, son regard glissa vers le visage illuminé de Raelyn qui savourait l’objet de son vol avec un peu trop de satisfaction à son goût. « T’as pas tort, je serais déjà loin, juste assez près pour admirer le spectacle. » Oui, les banales civilités du matin étaient surfaites pour ces deux-là. Délaissant le spectacle de la dégustation de sa sœur, elle attrapa une carte afin d’établir leur itinéraire pour la journée, sans perdre de vue l’idée de trouver un autre abri avant la tombée de la nuit. Elle pointa d’ailleurs l’endroit où elle désirait se rendre, celui qui lui semblait le plus accessible en si peu de temps. « Une ferme ? T’as envie de renouer avec tes racines et de te transformer en bouseuse ? » C’était l’hôpital qui se foutait de la charité. « C’est à moi que tu dis ça, Rachel-Lynn ? » Elle se fendit d’un nouveau sourire en laissant son pied pousser légèrement celui de la brune, signe qu’elle était elle aussi dans la taquinerie facile. « Ok, mais on passe par le lac avant. Je fais pas quatre heures de voiture avec toi si tu sens comme ça. » Et sans plus de cérémonie, elle lui lança ce qu’il restait de la tablette de chocolat – c’est-à-dire, pas grand-chose. Halsey l’attrapa au vol en haussant un sourcil dans sa direction, prête à la lui renvoyer en plein visage. Mais cette fierté appartenait à son ancienne vie, ici elle ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche en laissant son égo l’empêcher de manger la meilleure chose qu’elle ait eu en bouche depuis de longues semaines. « J’allais suggérer la même chose. » Lança-t-elle en avalant rapidement ce qu’il restait de ce petit-déjeuner avant de se remettre sur ses pieds pour rassembler ses affaires. « Allez, on bouge. J’ai besoin de me dégourdir les jambes. » Elle attrapa son sac à dos et remis de l’ordre dans ce qu’elles avaient amené à l’intérieur, même si la plupart de leurs ressources étaient restées dans le véhicule qu’elles avaient volé à un groupe quelques jours auparavant.

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- 1 an après l’épidémie

« J’espère que tu t’étoufferas avec alors. » Démontrant d’insoupçonnés et saisissants talents d’actrice, je mord à nouveau dans ma plaque de chocolat, avant de porter mes mains à mon cou en prétendant être en train de manquer d’air. Finalement je lui adresse un regard insolent, avant de me passionner à nouveau pour la dégustation de ma tablette de chocolat. Je parle la bouche pleine, parce que je m’en fous, parce qu’on le fait tous et que manger est devenu bien plus important que de manger avec distinction. Quand on tombe sur de la nourriture on mange, quel que soit son état, qu’on soit en train de parler ou pas, qu’on ai des couverts ou qu’on doive manger avec ses doigts. « Allez, dis pas ça, qu’est ce que tu deviendrais sans moi hein ? » Je sais que si je devais la perdre, je suis anéantie, parce que j’ai peur de me retrouver seule dans ce monde. Evidemment je ne le lui ai jamais dit à haute voix et ce n’est pas prêt d’arriver, cela va de soi. « T’as pas tort, je serai déjà loin, juste assez près pour admirer le spectacle. » Je hausse les épaules. « Je t’en voudrais pas. Sauf si t’oublies de prendre des photos, tu sais pour la postérité. » Bien sûr qu’elle me viendrait en aide, on s’est déjà sauvé les miches un certain nombre de fois à vrai dire, mais on s’est bien trouvées : on est toutes les deux bien trop fières pour l’admettre.

Alors qu’elle me tape dans la jambe moi je lui adresse une grimace, avant de descendre mes pieds de la table pour y poser mes coudes et observer la carte qu’elle a sortie. « C’est à moi que tu dis ça, Rachel-Lynn ? » Prise à mon propre piège donc. Je lève les yeux au ciel et me contente d’un simple « La ferme. » profondément affectueux, évidement. « J’allais suggérer la même chose. » Au moins on est d’accord, le lac ce sera. Je lui envoie le reste de la tablette - il reste au moins deux carreaux, je suis plutôt généreuse ce matin - avant de me redresser. « Allez, on bouge. J’ai besoin de me dégourdir les jambes. » Je hoche la tête simplement. « Je monte chercher mes affaires. T’as bien pris la caisse à outils qu’on a trouvée au garage ? » Cela ne vaut pas de la nourriture ou des armes, mais il n’en reste pas moins vrai que cette trouvaille a de la valeur. Finalement je disparais à l’étage, là où j’avais pris mes quartiers alors qu’elle occupait le rez de chaussée, et récupère mes vêtement, mon sac à dos et le glock que je garde toujours sur moi. Je laisse mes cheveux bruns lâchés, je les tresserai après la douche. Quand je redescens, elle est déjà prête. Nous laissons la maison qui nous a abritées pendant deux semaines sans un regard, avant de grimper dans le 4x4 que nous avons volé à un groupe la semaine dernière. « Faudra qu’on rende visite à la petite famille de Hilltop un de ces quatre. Ca fait longtemps qu’on est pas allées terroriser cette paire de cons et leurs mômes. » A-do-rable.

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Suite à sa pique acérée, Raelyn prétendit s’étouffer sous le regard amusé de la brune qui leva finalement les yeux au ciel en secouant la tête, regrettant de se montrer ainsi intéressée malgré elle par la vaine tentative d’humour de sa sœur. « Allez, dis pas ça, qu’est ce que tu deviendrais sans moi hein ? » Cette question, Halsey se l’était déjà posée au moins un milliard de fois. Les circonstances favorisaient ce genre de cheminement de pensées, puisque à chaque nouvelle journée venait son lot de dangers et de catastrophes. Elles avaient appris à traquer plutôt qu’à subir leur sort avec passivité, mais cela n’empêchait pas qu’elles risquaient leur vie à chaque minute passée à fouler cette terre qui ne leur appartenait plus, plus vraiment. A voix haute, la brune n’admettrait pas qu’elle aurait bien du mal à continuer de se battre sans elle, mais il était évidemment hors de question de le lui dire. « Quelqu’un qui peut manger sa tablette de chocolat tranquillement sans avoir à partager. » Un sourire apparu ses lèvres et elle fronça le nez dans sa direction, un signe qui en disait suffisamment sur ce qu’elle pensait réellement. « Je t’en voudrais pas. Sauf si t’oublies de prendre des photos, tu sais pour la postérité. » La postérité ? Mais quelle postérité ? « Pour le zombie-land, tu veux dire ? Pas sûre que ça les intéresse. » Bien trop occupés qu’ils étaient à chercher de la chaire fraîche à se mettre sous la dent. La carte étalée sous leurs yeux, les piques continuaient d’aller bon train et la discussion se conclut d’elle-même par un « La ferme. » prononcé avec toute la tendresse du monde qui arracha un nouveau sourire à Halsey – elle avait gagné cette manche. Compter les points demeurait une de ses activités favorites désormais ; ça n’était pas comme si elle avait l’opportunité de s’occuper de beaucoup d’autres façons. « Je monte chercher mes affaires. T’as bien pris la caisse à outils qu’on a trouvée au garage ? » Occupée à rassembler ses propres affaires, la jeune femme hocha la tête rapidement en pointa la voiture du menton. « Je l’ai chargée directement quand on l’a trouvée. » Elle préférait prendre les devants et garder le strict minimum avec elle dans leurs abris, leur évitant ainsi de perdre toutes leurs ressources si elles devaient fuir l’endroit en quatrième vitesse. Raelyn disparu à l’étage où elle s’était installée et en redescendit quelques minutes plus tard, armée et parée à partir. La brunette était à l’entrée, observant les environs d’un œil avisé afin d’être certaine que personne ne traînait dans les alentours, parce qu’on sait jamais. « Faudra qu’on rende visite à la petite famille de Hilltop un de ces quatre. Ca fait longtemps qu’on est pas allées terroriser cette paire de cons et leurs mômes. » Un rire s’échappa des lèvres de la brune qui secoua la tête en se mettant derrière le volant – elle était piètre conductrice, mais elle était la moins dangereuse des deux. Et puis tout était plus simple quand on pouvait écraser qui on voulait et qu’il n’y avait plus personne pour vous retirer le permis. « Ils sont probablement morts à l’heure qu’il est, ils sont incapables de faire ce qu’il faut pour survivre. » Sa voix dénotait un certain dédain à l’égard de ces gens, et elle se mis en route en jetant un dernier regard à la carte pour se familiariser avec le chemin. « On traîne pas au lac, j’ai pas envie de me faire surprendre par l’obscurité avant qu’on soit arrivée sur place. » Sinon elles dormiraient dans la voiture. Il était hors de question qu’elles s’aventurent vers l’inconnu sans avoir pris leurs marques au préalable.

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- 1 an après l’épidémie

« Quelqu’un qui peut manger sa tablette de chocolat tranquillement sans avoir à partager. » Je lève les yeux au ciel. Elle est comme moi Halsyn, le fait qu’on ne se soit rencontrées qu’à l’âge adulte ne change rien à tout ça : visiblement, la fierté et l'orgueil, c’est dans nos gênes. Hors de question pour moi de dire que sa présence m’est devenue essentielle dans ce monde de fou, hors de question pour elle aussi. Mais la grimace qu’elle esquisse à l’idée de devoir apprendre à vivre sans moi, ça ça n’a pas de prix. « Pour le zombie-land, tu veux dire ? Pas sûre que ça les intéresse. » Je hausse les épaules. « Le jour où tout rentrera dans l’ordre et que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes... » Je n’y crois pas une seule seconde. « …. Je veux être dans les livres d’histoire. » En train de me faire étriper. Les terribles soeurs Blackwell, qui ont régné par la peur, ou un truc du genre.

On se met en marche, et alors que je monte à l’étage, Halsey me confirme qu’elle a chargé la caisse à outil : je ne devrais pas être surprise, je ne le dis pas souvent non plus mais elle est efficace la brune, elle ne laisse pas grand chose au hasard. « Je l’ai chargée directement quand on l’a trouvée. » Le temps de m’éclipser et de récupérer mes quelques affaires et nous voilà toutes deux installées dans la voiture. Elle a pris le volant, comme presque toujours, moi, je suis un danger public lorsque je m’installe à la place du conducteur. Même si il n’y a plus de contrôles de police. Même s’il n’y a plus personne à écraser et, même si on peut rouler au milieu de la route. « Ils sont probablement morts à l’heure qu’il est, ils sont incapables de faire ce qu’il faut pour survivre. » Je hausse les épaules. « Peut-être mais c’est sur la route, et ils faisaient pousser des fraises et des pommes de terre. » Les pommes de terre ça tient au ventre et les fraises, c’est pour le plaisir. Celui de manger quelque chose de sucré et celui de voir la peine sur le visage de la petite famille alors qu’on les en détrousse. « On traîne pas au lac, j’ai pas envie de me faire surprendre par l’obscurité avant qu’on soit arrivée sur place. » Je hoche la tête en étendant mes jambes sur le tableau de bord. « Capiche. Moi aussi si je ressemblais à ça, j’aurais pas envie qu’on me surprenne. » Je lance un sourire insolent dans sa direction. Au fond je le sais comme elle que si on traîne, on devra dormir dans le 4x4. « T’en fais pas on reste pas longtemps. Tu sais bien que je déteste quand on crêche dans la voiture et que tu viens te coller contre moi parce que t’as peur du noir. » Être une grande soeur. Une formidable aventure.

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Raelyn parlait de postérité comme si cette notion valait encore quelque chose dans le monde actuel, ce qui arracha un sourire désabusé à la brune qui lui rappela que la terre était désormais peuplée par les zombies et qu’ils n’en avaient probablement rien à faire d’elle et de sa foutue postérité. « Le jour où tout rentrera dans l’ordre et que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes... » Oui, bien sûr. On croyait aux licornes à présent Blackwell ? « …. Je veux être dans les livres d’histoire. » Halsey haussa un sourcil amusé dans sa direction tant cette idée lui semblait absurde. « Il faut des gens pour écrire les livres d’histoire, et ça commence à se raréfier ces temps-ci. » Railla-t-elle en fronçant le nez, même si l’idée d’être reconnue pour leur petit régime de terreur l’aurait bien tenté, elle aussi. Il ne leur fallu pas bien longtemps après leur petit-déjeuner frugal pour décider de rassembler leurs affaires et de se mettre en route, la brunette derrière le volant – ce qui était un moindre mal quand on considérait l’autre option. Raelyn amena sur le tapis cette famille à qui elles avaient déjà volé pas mal de ressources et l’idée d’aller leur payer une petite visite semblait lui trotter en tête. Pour Halsey, ils étaient déjà probablement morts, ou pire, mais la blonde n’avait pas l’air de cet avis. « Peut-être mais c’est sur la route, et ils faisaient pousser des fraises et des pommes de terre. » Là, elle marquait un point. Rien que d’imaginer ces fraises, le goût sucré lui parvenait en bouche et la faisait déjà saliver d’avance. « D’accord. On fera une escale chez eux avant de rejoindre la ferme. » Concéda-t-elle finalement en lui précisant ensuite qu’elle ne tenait pas à s’éterniser au lac, de peur que l’obscurité ne les surprenne et les empêche de faire leur camp à l’endroit désigné sur la carte. « Capiche. Moi aussi si je ressemblais à ça, j’aurais pas envie qu’on me surprenne. » La brune tourna vivement la tête vers elle, appuyant sur la pédale de frein avec vigueur pour faire perdre son sourire à la blonde avant de reprendre la route, comme si de rien était. « Sois pas jalouse comme ça, on sait très bien que c’est moi qui ai été la plus gâtée ici. » Un nouveau sourire étira ses lèvres tandis qu’elle observait sa sœur de biais. « T’en fais pas on reste pas longtemps. Tu sais bien que je déteste quand on crêche dans la voiture et que tu viens te coller contre moi parce que t’as peur du noir. » Halsey haussa les yeux au ciel en plissant les lèvres tant la mauvaise foi de Raelyn lui tapait sur les nerfs. De si bon matin, en plus. « C’est ça oui. Pendant que moi je reste à l’affût de peur que tes ronflements n’attirent une horde sur nous. » En vérité, il s’agissait plutôt de cris que la blonde faisait dans son sommeil, pendant qu’elle revivait des moments compliqués – elle ne pouvait que l’imaginer, elle ne lui en avait jamais parlé.

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« Il faut des gens pour écrire les livres d’histoire, et ça commence à se raréfier ces temps-ci. » Versée dans l’art de la provocation, je me contente de l’observer avec un sourire insolent sur les lèvres. « J’oubliais que t’as pas appris à lire et écrire. » Bon, et bien pour la postérité, il va falloir que je trouve un autre plan. Que je foute mes pieds sur le tableau de bord ne semble pas la déranger ou, plus probablement, elle s’est lassée de me les faire retirer d’une claque sur le mollet. Elle le faisait au début, sans que j’ai la tête plus dure que de la pierre et qu’elle m’en empêche, c’est la meilleure solution pour que moi j’ai envie de continuer. « D’accord. On fera une escale chez eux avant de rejoindre la ferme. » J’ai gagné. Évidemment qu’un grand sourire étire mes lèvres alors qu’elle concède et si, pour une fois, j’ai la victoire modeste, je ne peux m’empêcher de jubiler intérieurement. On aurait tort, elle le sait comme moi, de faire l’impasse sur la possibilité de récupérer facilement de la nourriture. La petite famille de Hilltop est soumise, terrifiée par la moindre arme à feu. Détrousser n’a jamais été si facile.

Elle pile, et moi qui n’avait pas attaché ma ceinture et qui, en plus, avant posé mes jambes sur le tableau de bord, je suis coupée en deux. Elle n’allait pas assez vite pour me blesser, mais elle récolte tout de même ma colère et mon majeur dressé dans sa direction pour lui signifier ce que je pense de tout ça. « Sois pas jalouse comme ça, on sait très bien que c’est moi qui ai été la plus gâtée ici. » Un rire jaune passe la barrière de mes lèvres alors que j’attrape la carte pour l’ouvrir. Il faut bien que quelqu’un reste concentrée ici. « C’est ça oui. Pendant que moi je reste à l’affût de peur que tes ronflements n’attirent une horde sur nous. » Je lève les yeux au ciel et ignore sa remarque pour continuer sur la mienne. « … En même temps on peut pas t’en vouloir. T’es devenue accro aux câlins à ton sixième ou septième mariage ? » Et je ne ronfle pas. Finalement je montre un chemin sur la droite. « Prends à droite pour le lac, tu sais bien que c’est plus court que par la route principale. » Tous les jours depuis une semaine c’est le même sketche. Moi, je suis persuadée que le petit chemin rocailleux est un raccourci et elle, par esprit de contradiction, maintient le contraire.

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« J’oubliais que t’as pas appris à lire et écrire. » Les piques continuaient bon train, mais la brune ne s’en formalisait pas – elle ne s’en était jamais vraiment inquiété d’ailleurs, elle avait vite compris qu’il s’agissait du langage courant de sa sœur. « Arrête, j’ai eu droit à une éducation moi Madame Ingalls. » Lança-t-elle en esquissant un nouveau sourire en faisant ainsi référence à Charleville, la bourgade où la brunette était née et avait été élevée. Cet aspect de sa vie demeurait, encore aujourd’hui, un point sur lequel elle réagissait de manière assez virulente ; et c’était si drôle. Finalement, la jeune femme hocha la tête en acceptant de rendre visite à cette famille qui semblait tant manquer à Raelyn, et voulu presque se rétracter en voyant à quel point cela lui faisait plaisir. Mais elle n’avait pas tort, cette histoire de fraises et de pommes de terre avait eu raison de son envie de l’emmerder. Un bref interlude marqué par un freinage brutal destiné à faire perdre ses grands airs à Blackwell senior mis fin au débat et Halsey se reconcentra sur sa conduite – il lui fallait bien ça. Le sujet dériva sur leurs habitudes de sommeil et la brune attaqua une nouvelle fois en lâchant un « … En même temps on peut pas t’en vouloir. T’es devenue accro aux câlins à ton sixième ou septième mariage ? » qui arracha un nouveau sourire à la jeune femme. Elle pouvait bien se moquer, mais Halsey était fière de ce qu’elle était parvenue à accomplir en utilisant la naïveté du sexe opposé. « J’ai été mariée que deux fois, et c’est pas moi qui était accro si tu vois ce que je veux dire… » Elle lança un sourire éclatant à sa sœur en papillonnant des cils de façon exagérée avant de reporter son attention sur la route. « Prends à droite pour le lac, tu sais bien que c’est plus court que par la route principale. » Seigneur, elle n’allait pas recommencer avec ça. « A vol d’oiseau oui, peut-être. » C’était elle qui était au volant, c’était donc elle qui prenait les décisions. Elle écrasa l'accélérateur et passa volontairement devant le chemin indiqué par Raelyn, allant même jusqu’à faire un petit signe en passant devant, continuant sur sa lancée en attendant avec impatience que sa sœur réagisse à cette provocation ouverte.

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Raelyn Blackwell & @"Halsyn Blackwell" Too far gone • (Zombie Halsyn) 873483867

- 1 an après l’épidémie

C’est un grand jeu entre bébé Blackwell et moi que venir titiller l’autre quant à ses origines. « Arrête, j’ai eu droit à une éducation moi Madame Ingalls. » Une éducation mais bien sûr. Je lève les yeux au ciel et ne réplique pas : lorsque je réplique, elle se vexe. Parce que je suis obligée de lui rappeler que notre père m’a connue moi, qu’il était marié à ma mère et qu’il a en partie élevé Liam, alors qu’il n’a fait que signer un bout de papier pour qu’elle porte son nom de famille. Elle ne le connait pas, je sais qu’elle en garde des blessures, et je sais que si j’appuie sur ce point là on est parties pour deux heures de cris, et une journée sans se parler alors, pour une fois, je me la ferme. « J’ai été mariée que deux fois, et c’est pas moi qui était accro si tu vois ce que je veux dire… » J’aurais plutôt dit que c’est pas aux câlins qu’elle était accro, mais plutôt au fric, mais on le sait toutes les deux, rien ne sert de remuer l’évidence. Je ne juge pas, j’ai gagné chaque centime que je possédais avant tout ça, mais à la base, j’ai été chanceuse. « Tout cet argent pour en arriver là aujourd'hui... » Je réponds simplement, autant pour moi que pour elle. Exit les robes de créateurs, les chaussures à semelle rouge, le loft luxueux et les bijoux hors de prix. Exit les draps de soie et le petit confort : à présent nous sommes tous logés à la même enseigne et le fait d’avoir survécu nous ne le devons qu’à notre manque de principe.

Notre manque de principe et les armes en quantité astronomiques provenant du Club. Il reste peu de munitions aujourd’hui, nous nous avons la chance d’avoir le temps de voir venir avant d’arriver à court. « A vol d’oiseau oui, peut-être. » Et la voilà qui file tout droit, qui n’écoute rien de ce que je dis. « Tu sais que je suis l'aînée et que, normalement, je devrais prendre ce type de décision... » Je bougonne, mais je ne peux pas faire grand chose. Elle est aussi butée que je le suis. Je fais mine d’écrire, avec mon stylo invisible et ma feuille de papier invisible - ma main. « Je note donc, pour les livres d’histoires, que si on meurt ce sera ta faute. » On continue à rouler, et on passe à côté de quelques rôdeurs isolés. J’en fixe un alors qu’on le départ avant de recoller mon dos contre mon siège. « Ils sont vraiment de plus en plus…. Dégueulasses. » De plus en plus décomposés, en fait.

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Sans se départir de son sourire en coin, la brune continua d’avancer avec prudence tout en jetant des regards fréquents aux alentours, peu désireuse de tomber sur une horde ou encore sur d’autres humains qui les auraient repérées. En général, elles étaient celles qui chassaient et qui traquaient leurs semblables et Halsey comptait bien sur le fait qu’il en soit ainsi encore un bout de temps. Raelyn s’abstint de répondre et se contenta de lever les yeux au ciel, provoquant un sentiment de satisfaction chez la jeune femme qui se rajouta quelques points supplémentaires dans la guerre invisible qu’elle menait contre sa sœur. « Tout cet argent pour en arriver là aujourd'hui... » Halsey hocha la tête en plissant les lèvres, regrettant chaque instant de la vie qu’elle avait mené avant que la fin du monde ne leur tombe dessus. Heureusement, elle s’était construite seule et n’avait été que peu déboussolée par toute cette perte matérielle, même si elle y tenait beaucoup. Ça n’était pas comme si elle avait grandi dans le luxe toute sa vie, loin de là même. « C’est triste. Qu’est-ce qui te manque le plus ? » Demanda-t-elle soudainement en levant un sourcil interrogateur en direction de la brune, appréciant le fait de reparler de temps en temps de leur vie passée ; ça lui donnait du baume au cœur. Raelyn pointa un index en direction de son soi-disant raccourci et la jeune femme l’ignora volontairement, accélérant même en prétextant que son chemin à elle était le plus court. « Tu sais que je suis l'aînée et que, normalement, je devrais prendre ce type de décision... » Une grimace vint ponctuer cette phrase et un petit rire s’échappa des lèvres de la brunette. « Ah, la normalité. Ce n’est plus ce que c’était, hein ? » L’ironie était palpable et elle continua sa route, jetant un œil aux gestes de sa sœur. « Je note donc, pour les livres d’histoires, que si on meurt ce sera ta faute. » Très drôle. « Le rôle d’une vie. » Argua-t-elle en haussant les épaules, habituée à ce qu’on rejette la faute sur elle lorsque les choses tournaient mal ; elle se demandait pourquoi, d’ailleurs. « Ils sont vraiment de plus en plus…. Dégueulasses. » Le regard d’Halsey suivit celui de sa sœur et elle plissa à nouveau les lèvres, un frisson d’effroi lui parcourant l’échine. Elle s’était déjà retrouvée bien trop près de ces choses à son goût. « Tout comme l’odeur qui va avec… » Ajouta-t-elle avant de bifurquer vers le chemin qui les mènerait enfin au lac. Elles y arrivèrent en quelques minutes, et un air victorieux apparu sur le visage fatigué de la brune. « Tu vois ? Personne n’est mort. » Elle se gara à proximité et sorti de l’habitacle en claquant la porte et en s’étirant. « Allez, on traîne pas. » Rappela-t-elle en se dirigeant déjà vers le coffre pour attraper deux trois affaires pour se changer après cette petite toilette matinale.

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- 1 an après l’épidémie

« C’est triste. Qu’est-ce qui te manque le plus ? » La question de ma demie soeur est prévisible et pourtant je me la prend de plein fouet. Que répondre ? Ce ne sont pas mes vêtements qui me manque le plus, mes bijoux de créateur ou mes après midi dans les spa des hôtels les plus luxueux de la ville. La faim est horrible. Le sentiment de ne jamais être en sécurité non plus, malgré les apparence. « Lui. » Ai-je besoin d’en dire plus ? De la préciser, l’identité de ce lui ? Bien sûr que non. Pas plus que je n’ai besoin d’expliquer à Halsey qu’elle ferait mieux de ne pas rebondir à ce sujet.

Alors je me concentre sur la route. Je puise dans nos chamailleries incessantes de quoi chasser mes idées noires et cela fonctionne, j’ai mis en place ces mécanismes depuis trop longtemps pour qu’il ne se révèlent faillibles. « Ah, la normalité. Ce n’est plus ce que c’était, hein ? » J’ai envie de lui abattre la carte sur la tête, mais j’ai surtout envie d’arriver vivante à bon port, alors je me contente d’un majeur levé dans sa direction. « Le rôle d’une vie. » Je laisse un rire jaune s’échapper de mes lèvres. « L’emmerdeuse ? Ouais, il te colle à la peau. » Ca colle à la mienne aussi à vrai dire, on peut dire qu’on s’est bien trouvées. Ou pas justement ? « Tout comme l’odeur qui va avec… » Mes yeux se perdent derrière nous quelques secondes alors que le rôdeurs disparaît de mon champ de vision. « Non ça l’odeur... » Ah le comique de répétition. Finalement, on arrive au lac, et alors qu’elle gare la voiture - ou en tout cas qu’elle l’arrête après avoir fait semblant de manoeuvrer - elle en profite pour en rajouter une couche. « Tu vois ? Personne n’est mort. Allez, on traîne pas. » Je lève les yeux au ciel en sautant à terre et en claquant ma porte. « Personne n’est encore mort. Bon, tu commences ou je commence ? » J’attrape des vêtements propres et mon savon solide à l’arrière de la voiture. Nous avons beau être des têtes brûlées nous sommes prudente : nous ne nous baignons pas toutes les deux en même temps, l’une de nous deux doit être prête à agir en cas d’attaque, le temps que l’autre puisse sortir et récupérer son arme.

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Elle lui avait posé la question sans arrière-pensée, sans douter une seconde qu’elle pourrait réveiller de la douleur, plus que de la nostalgie. Raelyn resta quelques secondes sans donner de réponse, avant de murmurer un « Lui. » du bout des lèvres. Le regard en biais qu’elle lui lança par la suite lui fit comprendre qu’elle avait commis une erreur en abordant ainsi le passé, mais il allait bien falloir qu’elle s’en remette à un moment donné. Elle aussi avait perdu la personne à qui elle tenait le plus, mais elle ne cassait pas l’ambiance dès que le sujet était mis sur le tapis. « Moi ce sont les burgers, définitivement. » Argua-t-elle comme si de rien était, repensant à la junk food qu’elle affectionnait tout particulièrement de temps à autre. Seigneur, elle aurait tué pour mordre encore une fois dans l’un de ces burgers. « Et maintenant on part à la chasse aux fraises, les temps changent. » Elle leva les yeux au ciel avant de narguer la brune sur le fait qu’elle ne l’écouterait probablement jamais, aînée ou pas. « L’emmerdeuse ? Ouais, il te colle à la peau. » Lança-t-elle dans un rire qui tira un sourire amusé chez la brunette. Rire à ses dépens, sa fonctionnait à chaque fois. « Je sais, j’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. » Prétendit-elle en prenant le ton d’une actrice qui expliquerait son parcours tout en tenant un oscar à la main, pour ensuite rouler des yeux et se reconcentrer sur sa conduite. « Non ça l’odeur... » Halsey se fendit d’un nouveau sourire en coin avant de bifurquer en direction du lac et de se garer à proximité, ayant déjà hâte d’en finir pour reprendre la route. « Personne n’est encore mort. Bon, tu commence ou je commence ? » Quelle rabat-joie. La brune attrapa son glock et fit le tour du véhicule, se servant d’une des roues pour monter dessus et se poster sur le toit afin de surplomber les alentours et d’avoir une meilleure vision. « Vas-y, fais toi plaisir. T’en as plus besoin que moi. » Lança-t-elle en fronçant le nez avant de laisser une lueur de malice s’allumer au fond de ses yeux. Elle espérait que rien ne viendrait les perturber aujourd’hui, mais malheureusement ce genre d’espoir n’avait plus lieu d’être dans le monde actuel. Les rôdeurs étaient partout, tout le temps. Les survivants étaient devenus une minorité qui, en plus de cette position vulnérable, s’entre-tuait pour les maigres ressources qui subsistaient sur terre. Autant dire que l’humanité était mal embarquée.

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- 1 an après l’épidémie

« Moi ce sont les burgers, définitivement. » Je pourrais penser qu’il s’agit d'indélicatesse, mais je sais que sous ses airs de coeur de pierre elle cherche certainement à changer de sujet. Elle est comme ça ma soeur, elle est pas du genre à me prendre dans les bras, et de toute façon si elle l’avait fait je lui aurais demandé si elle était en train de faire un AVC. « Ouais, les burgers aussi. » Je secoue la tête, et j’accueille avec soulagement que l’on passe à autre chose. « Et maintenant on part à la chasse aux fraises, les temps changent. » C’est sur que on est sur quelque chose de différent des lasagnes d’Alec. Pourtant, je tuerais pour des fraises. J’ai déjà tué pour des fraises en fait. Oopsie. « Je sais, j’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. » J’applaudis des deux mains avec un grand sourire, rentrant dans son jeu et il faut bien l’admettre, me foutant un peu de sa gueule. Elle l’a bien mérité, il faut le dire.

Je suis surtout soulagée qu’on arrive en un morceau au lac. Je n’aime pas la route principale qu’elle emprunte, j’ai un sale pressentiment, le genre qui me pousse à penser qu’il ne faut pas s’attarder trop longtemps ici. Heureusement on arrive en vie, pour l’instant, et la vue du lac parfaitement plat me fait oublier mes préoccupations. « Vas-y, fais toi plaisir. T’en as plus besoin que moi. » Je ne pense même pas à me foutre de sa gueule, à rétorquer ou quoi que ce soit. Non, j’ai juste envie de filer à l’eau et, mon savon dans la main, je me débarrasse de mes frusques et de ma brassière avant de me glisser en culotte dans l’eau. Elle est froide, on est pas sur le bain d’un hôtel cinq étoile mais je soupire presque de plaisir. Je me retourne vers elle pour la narguer. « Surveille bien, j’aimerais prendre mon bain tranquille. » Je hausse les épaules. « Alors rêvasse pas. » Sans plus de cérémonial je plonge la tête sous l’eau et commence à frotter mes cheveux, en m’adressant à la brune. « Bon on a besoin de quoi en priorité ? Les munitions me semble que c’est bon, la bouffe ça dit quoi ? » Je m’approche du bord. « File moi les bouteilles d’eau je vais les remplir. » Le lac à l’air propre, pas de rôdeur flottant, autant en profiter.

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