Ils sont partis, Ginny et Swann sont partis mais Jill est restée au DBD. Elle travaille le soir, et elle n'avait pas le temps de faire un aller retour chez elle avant de revenir. Alors elle prend ses affaires et part vers le vestiaire. Elle a déjà tout dit à Matt, il sait pour la grossesse, pour le mariage, et c'est amplement suffisant. Elle voulait juste qu'il sache, pas avoir la plus longue conversation de tous les temps, elle voulait juste qu'il l'apprenne par elle. Et il n'avait rien vu le grand frère surprotecteur, rien du tout. Il n'avait pas remarqué la bague qui est sur l'annuaire gauche de Jill depuis quelques mois déjà, il n'a pas vu son ventre qui s'arrondit de jour en jour. Il est bien trop dans sa bulle maintenant, il est marié, il ne s'intéresse apparemment plus aux filles de sa famille.

Elle se change, elle n'a plus besoin de caché son ventre maintenant que le boss est au courant, et elle s'assoit derrière le bar. Elle nettoie des verres, elle sert quelques cafés, elle s'occupe en ignorant Matt comme elle le fait depuis qu'il est marié. Ils ont rarement passé autant de temps sans se parler, ça n'est peut-être même jamais arrivé, mais Jill tient encore bon. Il n'y a vraiment pas de monde et ça doit faire à peu près cinq fois qu'elle lave le même verre avant de le ranger et sortir son téléphone. Mais elle sent que Matt est pas loin, qu'il l'observe, parce qu'elle le sait toujours ça. Elle sait quand il est dans les parages, quand il tourne autour d'elle parce qu'il ne sait pas comment l'approcher, parce qu'il a envie de parler sans y arriver ni trouver le bon moment. « Bon qu'est ce que tu veux ? T'es déjà au courant de tout t'as pas des trucs plus utiles à faire que me tourner autour ? » Elle ne relève même pas les yeux de son téléphone parce qu'elle sait qu'il est là, elle sait qu'il l'écoute, et elle sait qu'elle ne pourra pas échapper à cette conversation.

@Matt McGrath

« Bon qu'est ce que tu veux ? T'es déjà au courant de tout t'as pas des trucs plus utiles à faire que me tourner autour ? » la voix de Jill qui grince, son attention qui dérive, ses yeux sont nulle part, ma toux mal à l'aise est partout.

Elle veut pas parler plus que ce qu'elle a déjà fait Jill, et je pourrai jamais vraiment l'en blâmer. Déjà, j'aurais jamais pensé que qui que ce soit allait survivre à cette discussion-là, j'aurais jamais même cru qu'on en vienne à tous agir comme des adultes même si soyons honnêtes, y'a eu quelques piques qui ont été lancées parce qu'on aurait pas vraiment été nous-mêmes si y'en avaient pas eues.

« C'est sans alcool sans caféine sans merde qui pourrait les faire muter, tes bébés. » le drapeau blanc sous forme de cocktail de mille couleurs - okay genre trois - que je lui tends comme si ça allait justifier n'importe quelle réponse à son attaque, elle qui n'aurait pris aucune réponse de toute façon et qui m'aurait rendu ça complexe de rester peu importe ce que je lui aurais dit. Bref, elle veut pas que je sois là, moi je veux pas être ailleurs, elle va râler, je vais m'assoir à ses côtés, et on va tenter de se survivre l'un à l'autre.

J'inspire, j'attends qu'elle inspire elle aussi, on fait du travail d'équipe même si ça paraît pas, même si j'ai jamais eu autant l'impression qu'on était l'un contre l'autre. « C'était cool. C'était chiant, mais c'était cool. » la conversation, qu'ils passent au café tous les trois, qu'on soit tous les quatre à nouveau. « Comment tu vas? » après tout ça, mais surtout en général? On se le demande bien trop peu parce qu'on a toujours peur de ce que l'autre va confier, et honnêtement, aujourd'hui, c'est pas mal ma seule priorité-là.

Il tend un verre Matt, un cocktail de plusieurs couleurs et Jill lâche une seconde son téléphone pour récupérer le verre. Elle a toujours accepté les cocktails gratuits de son frère, même si maintenant ils sont sans alcool. Elle lève les yeux au ciel et elle en boit une partie. Il a toujours été bon pour faire des cocktails l'aîné. Mais il ne l'aura pas aussi facilement, il le sait très bien. C'est pas avec un seul cocktail qu'il va racheter son absence quasi totale pendant plus d'un mois. Elle dit pas merci et elle finit son verre rapidement. Elle évite son regard mais elle reste là, il lui a quand même manqué son con de grand-frère. Ils ont rarement passé plusieurs mois à ne pas s'adresser la parole, à se détester. Enfin, c'est surtout elle qui le déteste et peut-être pas l'inverse. « Même si ça les fait muter je pourrais pas me passer de café » encore un point commun chez les enfants McGrath.

Cette conversation ils en avaient besoin, ça fait une éternité qu'ils ne s'étaient pas retrouvés tous les 4 ensemble pour parler à cœur ouvert. « Fallait bien vous mettre au courant. » Elle grogne et elle balance sa tête en arrière alors qu'il s'assoit juste à côté d'elle. Il s'intéresse à elle, et il aura fallu l'annonce d'une grossesse et d'un mariage pour qu'il se décide à revenir vers elle. Il aurait pu être au courant avant, ça aurait pu se passer bien mieux que ça, elle lui aurait annoncé tout ça avec un grand sourire, sans qu'il n'y est aucune tension. Mais rien de se passe simplement dans cette famille. « Je vais bien, et ils vont bien aussi. Tout va bien dans le meilleur des mondes. » Ou pas. Mais en tout cas, elle va bien et ses deux bébés sont en pleine forme. « Ta femme va bien ? » Pas que ça l'intéresse mais elle attendait depuis quelques semaines de pouvoir la placer cette phrase.

Et elle le prend le verre, y'a au moins ça de gagné. Les habitudes reviennent, pas rapidement mais un peu plus facilement, et ce serait mentir de dire que je me fais pas violence pour ne pas en soupirer fort de soulagement. « Même si ça les fait muter je pourrais pas me passer de café » « Y'en a des moins pires que d'autres. » je me pose à côté d'elle, réfléchissant au cascara et à toutes les infusions de grains qui lui feront pas recevoir des regards noirs de ses médecins à la moindre mention.

« Fallait bien vous mettre au courant. » qu'elle souffle, et par "vous" moi j'entends juste "te". La majorité des trucs ils les savaient tous les uns les autres, la majorité des trucs personne me les aurait jamais dits s'ils s'étaient pas mobilisés. Mais je me suis promis de pas ressasser alors je ressasse pas, je ravale plutôt. « Sinon j'aurais juste pensé que t'as abusé du poulet frit dans 4 mois. » je pique son verre rien que pour en prendre une gorgée, le lui replace entre les paumes la seconde d'après.

Et elle répond Jill, elle donne l'état des choses avec une voix que je ne lui connais que trop peu. « Je vais bien, et ils vont bien aussi. Tout va bien dans le meilleur des mondes. » ou pas. Je sais qu'il y a quelque chose, mais là aussi, je me suis promis de back off. Back off donc, Matt. « Ta femme va bien ? » à mon tour de souffler, à mon tour de plonger mes yeux dans les siens maintenant qu'elle daigne m'accorder plus de considération qu'à son portable. « Ça t'intéresse vraiment ou la réponse va te faire chier peu importe ce que je dis? »

La question que je lui renvoie, mon « Ton mari va bien? » qui sort bien plus naturellement qu'avec condescendance. Contrairement à elle, la réponse m'intéresse vraiment.

Elle hoche la tête Jill, peut-être que Matt a la recette miracle pour qu'elle puisse continuer de boire du café de temps en temps. Si c'est pas Matt elle arrivera sûrement à soudoyer Ginny. Mais il n'est pas rester à côté d'elle pour parler de café. Ou peut-être que si, elle n'en sait rien Jill de pourquoi il a décidé d'être là à ce moment là. Elle est froide, elle est distante, et elle arrive à tenir pour l'instant même si elle la voit la mine de Matt. Elle voit son visage triste et elle l'aurait pris dans ses bras, ou elle lui aurait envoyé une blague en temps normal. Mais là, c'est tout sauf normal cette situation, et elle déteste ça. Mais c'est elle qui reste sur ses gardes, même si elle n'a toujours pas fuit. « Peut-être que tu l'aurais pas vu, je vais entrer dans mon cinquième mois et tu l'avais pas vu alors que je travaille ici presque tous les jours. » C'est petit ça, parce qu'elle fait absolument tout pour le cacher depuis qu'il est revenu. Elle l'évite et elle cache pour pas qu'il ne s'en doute.

Il demande si ça va, et elle elle demande si sa femme va. Parce qu'il est là le début du problème, c'est la cause de cette histoire ce mariage bidon. « Si tu me dis qu'elle existe encore ça me fera chier dans tous les cas. » Il la connait trop bien, il le savait qu'elle ne faisait ça que pour le piquer un peu plus et absolument pas pour prendre des nouvelles. La seule personne qui l'intéresse c'est lui même si elle ne le montre pas tout de suite. « ça a été compliqué mais en ce moment ça va. » Il n'a pas eu tous les détails parce qu'il se la coulait douce sur une plage de Cuba. Oui elle a stalké quand même. « Il est heureux, je crois, et on fait attention l'un à l'autre. » Ils font déjà ça depuis des années mais depuis quelques mois tout le monde le sait. « Qu'est ce que tu veux Matt ? Tu viens me voir maintenant alors que ça fait plus d'un mois que j'ai aucune nouvelle ? Pourquoi ? Parce que t'as appris que je suis enceinte soudain tu te souviens que j'existe ? » Oui elle est jalouse, elle a toujours été jalouse des filles que Matt fréquentait à part Allie, et en l'occurrence, il a pas marié Allie.  

« Peut-être que tu l'aurais pas vu, je vais entrer dans mon cinquième mois et tu l'avais pas vu alors que je travaille ici presque tous les jours. » « Peut-être que j'devrais arrêter de dire que j'ai pas besoin de lunettes aussi et finir par m'en acheter je conduirais sûrement mieux aussi. » je parle sur le même ton qu'elle en faisant expressément gaffe à ne pas utiliser les mêmes armes qu'elle par contre. Jill est encore à chaud, elle est encore à vif et si vous me le demandez elle l'a toujours été même quand elle était gamine. On apprend à fonctionner en arrondissant les coins et en définissant les courbes ; avec elle c'est en usant de gymnastique lyrique et en glissant une connerie ou mille à travers mes phrases pour tenter de garder le rythme et de ne pas brusquer le sien.

Elle pose la question mais on sait tous les deux qu'elle n'en a rien à battre de la réponse. « Si tu me dis qu'elle existe encore ça me fera chier dans tous les cas. » on le sait, pourtant ça me brise le coeur qu'encore et toujours on soit incapables de laisser rentrer qui que ce soit dans notre cercle fermé. Je devrais pas m'en surprendre, je suis celui qui a gardé qui que ce soit le plus loin possible de mes soeurs pendant une vie, et j'aurais fait pareil avec Swann s'il avait été dans les parages plus tôt, n'en reste qu'aujourd'hui c'est qu'un simple retour d'ascenseur que d'haïr ma femme quand j'ai montré à quel point moi, je l'aime. « Alors je dirai rien. » si ça nous achète la paix pour 5 minutes de plus, ce sera au moins ça.

Je pose la question et on sait tous les deux que je veux vraiment connaître la réponse. « ça a été compliqué mais en ce moment ça va. » « Compliqué comment? » il est là l'instinct protecteur qui part jamais bien loin peu importe comment on me dit de back off, il est là et il agite ma jambe et il énerve mes doigts. « Il est heureux, je crois, et on fait attention l'un à l'autre. » elle parle de lui mais elle parle pas d'elle, et elle le verra à mon regard insistant Jill que je lâcherai pas le morceau aussi facilement. « Compliqué comment? » « Qu'est ce que tu veux Matt ? Tu viens me voir maintenant alors que ça fait plus d'un mois que j'ai aucune nouvelle ? Pourquoi ? Parce que t'as appris que je suis enceinte soudain tu te souviens que j'existe ? »

J'inspire, relativise, pense à laisser un sourire rassurant glisser sur mes lèvres, crains qu'elle le prenne pour une attaque parce qu'il aurait bien plus l'air condescendant qu'autre chose. « On avait dit qu'aujourd'hui on reprochait rien à personne. Demain tu peux, limite prépare ta liste à partir de maintenant comme ça t'auras de quoi faire, mais pour les prochaines... 8 heures 21 minutes fais gaffe sinon je demande à Swann une séance express. » le grand frère qui crie à l'aide à son cadet, la roue tourne et les rôles changent dirons-nous. « J'ai été égoïste parce que j'étais bien et que parce que ça faisait longtemps que je l'avais pas été. » la roue change, et les mauvaises habitudes se perdent au profit de la résolution qu'on a prise officiellement en famille aujourd'hui : celle d'être francs les uns envers les autres. « Je sais pas si c'est ok comme raison, mais c'est tout ce que j'ai parce que c'est la vérité. »

Il plaisante Matt et Jill continue de lever les yeux au ciel à de nombreuses reprises. Il se moque, il tente de détendre l'atmosphère alors que Jill lutte pour ne pas sourire, pour ne pas lui pardonner si facilement après tant de semaines sans nouvelles. « Bah ouais papy faudrait songer à aller voir l'ophtalmo. » Il sait de quoi elle parle. Et bien évidemment que maintenant qu'il sait ça lui saute aux yeux cet arrondi sous le tee-shirt de Jill. Maintenant qu'elle a arrêté d'essayer de le cacher. « Tu conduirais comme un pied même avec 5 paires de lunettes empilées devant tes yeux. » Elle grogne une nouvelle fois alors que le McGrath décide de boire dans son verre avant de lui redonner. « Peut-être que si t'en parles pas ça fera comme si elle avait jamais existé. » Ses mots sont durs mais c'est ce qu'elle ressent, et elle ne peut pas le cacher à son frère alors qu'ils disaient qu'ils devaient être honnête il y a de ça quelques minutes. Il était avec elle pendant tout ce temps, quand Jill était seule à Brisbane pour garder Noah, quand elle a appris qu'elle était enceinte et qu'elle l'a annoncé à Bailey. Trop de fois où elle aurait pu avoir besoin de son frère mais il était bien trop occupé ailleurs.

« Compliqué comme si t'avais été là et que tu t'étais un peu penché sur la question tu saurais déjà depuis un bail Matt. » Elle doit vraiment tout lui annoncer ? Tout déballer là ? Il n'est pas prêt Matt, il a vécu dans sa bulle de tranquillité alors que Jill s'enfonçait petit à petit avant d'aller retrouver Bailey à Londres. « Plus de tabous, plus de mensonges hein ? » Il se répète et là elle capte son regard. Tu veux tout savoir Matt ? Tu vas tout savoir. « J'ai appris que j'étais enceinte après avoir rechuté. Juste après avoir passé une soirée à prendre de la cocaïne et à boire comme un trou après être rentrée de Bali. J'ai eu peur de le dire, je me suis retrouvée devant un hôpital, je pensais à avorter sans en avoir parlé à personne. » Elle regarde dans le vide, devant elle. « J'ai dû en parler à Bailey et je suis partie de la maison parce que je me faisais du mal et je lui en faisais. J'ai passé la nuit chez Ginny et le lendemain Bailey était parti. Ginny partait avec Auden, et toi t'es parti aussi. Heureusement qu'il y avait Noah, je serais certainement pas là aujourd'hui si il n'avait pas été là. » Plus de mensonges, elle est toujours aussi énervée mais elle a décidé de tout lui dire.

Elle ne le regarde toujours pas mais son verre est vide. « Bah vas y, retourne aller bien, je peux toujours m'habituer à ce que tu sois plus dans les parages. » Elle avait survécu pendant quelques semaines. Et si il veut continuer de s'éloigner d'elle, de partir vivre sa nouvelle vie avec sa nouvelle femme, elle le laissera faire.   

Elle se moque, on se moque, c'est presque comme si y'avait un truc qui se reconstruisait entre nous là, presque. « Compliqué comme si t'avais été là et que tu t'étais un peu penché sur la question tu saurais déjà depuis un bail Matt. » « On a dit qu'on parlerait du présent là, pas de l'avant. »  on l'a dit et je le répète, ma voix est calme pourtant. Je suis pas excédé, je jure que je garde tout ce que j'ai comme négatif bien enfoui et que là, c'est que du positif, limite du constructif que je vise et rien d'autre. « Plus de tabous, plus de mensonges hein ? » et ça fonctionne - thank God ça fonctionne. « C'est le deal. »

Elle fixe son verre, je fixe le mien, on y va à son rythme parce que j'ai clairementi fini de lui imposer le mien. « J'ai appris que j'étais enceinte après avoir rechuté. Juste après avoir passé une soirée à prendre de la cocaïne et à boire comme un trou après être rentrée de Bali. J'ai eu peur de le dire, je me suis retrouvée devant un hôpital, je pensais à avorter sans en avoir parlé à personne. » je les retiens les remarques sur sa consommation, sur la putain de frousse qu'on a tous eue parce que ça sert strictement à rien. Elle le sait, elle le sait foutument qu'elle a merdé, sa voix se casse et mon coeur avec. « J'ai dû en parler à Bailey et je suis partie de la maison parce que je me faisais du mal et je lui en faisais. J'ai passé la nuit chez Ginny et le lendemain Bailey était parti. Ginny partait avec Auden, et toi t'es parti aussi. Heureusement qu'il y avait Noah, je serais certainement pas là aujourd'hui si il n'avait pas été là. » y'a certains noms qui me serrent le coeur dans son discours, d'autres qui me le réchauffent. Le mix d'émotions est lourd à gérer mais je ravale, j'ai promis.

Jill qui a fini de me parler, et Jill qui donc me chasse, forçant une liberté que j'ai absolument pas demandée. Come on. « Bah vas y, retourne aller bien, je peux toujours m'habituer à ce que tu sois plus dans les parages. » si elle souffle, c'est assuré que je souffle avec elle. « Fais pas ça Jill. » elle me repousse après s'être ouverte, elle remet ses masques et ses barricades en place et ça marchera pas du tout. Ça marche plus, de toute façon. « J'ai pas été là quand il fallait, okay. Et je suis désolé, vraiment. » commençons par le début. « Comment est-ce que je peux être là maintenant? » avant de penser à la suite.

Jill pourrait jeter l'éponge, elle pourrait faire comme si de rien était, pardonner en moins d'une minute comme toujours parce qu'il a le droit de tout faire Matt elle ne lui en voudra jamais bien longtemps. Mais tout s'est accumulé au même moment, tout le monde est parti  tout le monde l'a laissé seule à Brisbane et peut-être que ça, c'est quelque chose qu'elle n'oubliera pas. Comme elle n'a jamais oublié quand ils sont tous partis de Londres pour rejoindre Brisbane, tous sauf elle. De mauvais souvenirs qui lui font serrer les dents encore un peu plus fort si c'est possible. Il tente tout le McGrath, il tente l'humour, un semblant d'excuse, et le pire c'est que ça fonctionne. Parce qu'elle parle Jill, alors qu'elle pourrait simplement l'ignorer. Elle parle, elle lui explique à demi mot pourquoi elle lui en veut autant. 

Et elle le repousse parce que c'est ce qu'elle fait le mieux, c'est ce qui est le plus simple aussi. De juste fuir, d'être assez exécrable pour que les gens ne veuillent pas être dans sa vie, mais rien n'a jamais marché avec Matt. Avec Ginny non plus d'ailleurs. Ils ont beau être détruit de l'intérieur ils ne seront jamais capable de se laisser tomber. C'est pas ca la caractéristique d'une vraie famille après tout ? Mais Jill continue de vouloir lui faire payer son absence, c'est petit, et c'est égoïste, mais c'est Jill. Elle lui laisse la possibilité de retourner à sa vie de jeune marié. A sa vie simple et heureuse apparemment. Le début de sa nouvelle vie dont elle n'a pas fait partie. "fais pas quoi ?"   elle fronce les sourcils en se tournant un peu vers lui. Elle le laisse juste partir si il veut pas de tout ça. Elle souffle fort en posant sa tête dans ses mains, gérer la famille c'est terriblement fatigant. "faut qu'on arrête de se faire ça… de partir comme ca, sans donner de nouvelles, sans rien dire." elle secoue la tête, elle essaie d'être moins hostile. "je sais pas, j'en ai marre d'avancer pour que finalement il y ait toujours un truc qui finisse par déconner et tout gâcher." ils ont le droit d'avoir un peu de répit non ? 

"fais pas quoi ?"  
« Ce que tu fais toujours quand t'es blessée. »

Elle le sait, elle le sait parfaitement Jill. Elle peut bien nier, elle peut bien diffuser, elle peut bien rager et crier, je bougerai pas une seule seconde, pas cette fois. C'est trop important pour que je fasse autrement, c'est trop important pour elle et évidemment que ce l'est aussi pour moi. Ça l'est pour toute la famille aussi, sinon on en aurait pas été jusque là aujourd'hui. « Tu t'éloignes et tu rages et ça nous servira à rien ni à toi, ni à moi, ni à nous si tu fais ça. » ma voix accuse pas, parce que j'en ai marre des piques. J'explique, le plus calmement du monde, mes yeux cherchant les siens sans jamais lâcher jusqu'à ce que je les ai trouvés. J'en ai marre qu'on passe notre temps à se pointer nos torts quand on arriverait à faire mille fois mieux si on décidait de les réparer au lieu de les enfoncer. Il est pas trop tard, il l'est pas je crois, j'espère, c'est pas suffisant, j'aimerais que ça le soit.

"faut qu'on arrête de se faire ça… de partir comme ca, sans donner de nouvelles, sans rien dire." elle met des mots sur ce qui me tourne en tête depuis des jours, elle met des mots sur ce qu'elle allait faire là, en se tirant après avoir lancé son venin. Sa fuite qu'elle a esquivée quand je l'ai suppliée de pas le faire. On fait pas que reculer, parfois on veut avancer aussi, ensemble. "je sais pas, j'en ai marre d'avancer pour que finalement il y ait toujours un truc qui finisse par déconner et tout gâcher." elle souffle, je souffle aussi. Mon bras passe autour de ses épaules et se resserre, elle va vouloir se dégager, elle aura toute la latitude pour le faire. Pour rester, aussi. « Que veux-tu, on a tous le diplôme avec mention d'honneur pour briser autant notre coeur que celui des autres. » parce que ce serait pas nous et parce que ce serait pas normal si y'avait pas de l'humour et du sarcasme de merde pour panser, ou du moins tenter de, les blessures.

« On fait ça. On le fait pour vrai cette fois Jill. » ça sonne comme une promesse et ça l'est. Londres a laissé trop de séquelles, c'est pas pour rien qu'on a tenté de tout mettre à plat aujourd'hui. On fait pas que reculer, parfois, on veut avancer aussi. Ensemble.

Il la connaît trop et elle pourrait presque rager pour ça. Mais il la connaît aussi bien qu'elle le connaît. Et elle le voit qu'il fait tout pour s'excuser, et qu'il n'a pas envie qu'elle s'éloigne de nouveau. Ils n'ont pas envie que cette tension dure encore. C'est trop dur à gérer, et ils pourraient faire bien mieux que de s'éviter à longueur de journée. Mais Jill est rancunière, elle a du mal à lui pardonner. Mais elle reste, elle ne crie pas, elle essaie de ne pas s'énerver parce que, après tout, ça lui fait du bien de se retrouver un peu seule avec lui. "Les vieilles habitudes sont difficiles à oublier." elle soupire. Ils changent, tout change à une vitesse phénoménale depuis ces derniers mois. "je me suis éloignée là ?"

Jill s'ouvre un peu, et elle reste. Elle reste assise à côté de son grand frère, elle reste et elle parle alors qu'elle s'était promis de lui hurler dessus quand le moment des retrouvailles arriverait. Mais il a toujours eu son passé droit Matt. Elle n'a jamais su lui résister longtemps quand il prend cet air là, quand il montre à quel point il la connaît bien. Quand il montre aussi qu'il ne veut que le bien de tout le monde même si il est maladroit. Le bras de Matt passe autour de son cou, et, même si elle tente de lutter une seconde, elle finit par poser sa tête sur son épaule. "La malédiction McGrath."  parce que tout ça leur arrivait à tous, depuis toujours. Ils enchaînaient drames sur drames, amours perdus et vies détruites. Pourtant ils étaient là, encore et encore dans les bras l'un de l'autre même si tout pouvait se détruire autour d'eux. "Promis ?" et elle doit ressembler à une enfant quand elle tourne la tête vers Matt pour capter son regard. "T'arrives toujours à t'en sortir bien trop facilement toi." elle lui donne une tape sur l'épaule avant de secouer la tête. 

"je me suis éloignée là ?" « Pas assez pour que je puisse pas faire ça. » il s'allonge mon bras, il passe autour de ses épaules pour la ramener contre moi. Qu'elle rage Jill, qu'elle grogne, qu'elle morde même j'en ai rien à foutre quand mes lèvres se perdent sur son crâne aux mèches que j'emmêle le plus volontairement du monde.

On est bien, on retrouve nos marques, elle pourra me détester avec fougue demain et je pourrai jouer au con encore et toujours le jour d'après. "La malédiction McGrath." mon rire est un peu plus à l'aise, c'est ça le plus ironique. « On aurait vraiment dû sacrifier une chèvre quand on en a eu la possibilité. » valait mieux tourner ce foutoir à la blague. Parce qu'en effet, on est tous maudits. On l'est depuis des années, on l'est de génération en génération. On multiplie les mauvais choix, on détruit tout sur notre passage, on est enfin heureux, on sabote et on recommence. La marche à suivre est épuisante pour qui que ce soit et surtout pour nous ; mais c'est pas pour autant qu'on y échappe.  

"Promis ?" mais au moins, on est fidèles les uns au autres. Et je le promets, murmurant contre sa tempe, mes lèvres qui embrassent sa peau en me voulant le plus rassurant possible. "T'arrives toujours à t'en sortir bien trop facilement toi." « Personne résiste à mes yeux d'ange, que veux-tu. » je la joue lourd au possible, faut bien qu'il y ait des avantages à se réconcilier une bonne fois pour toutes. « Je t'aime. T'as toujours été ma préférée. » que je chuchote maintenant, un rire à travers. « Le dis pas aux deux autres losers. » j'aime autant Swann et Ginny, elle le sait Jill, et elle pareil. On sacrifierait tout pour nous tous. Mais si j'arrive à la faire rire en prime, j'aurai tout gagné.

C’est trop facile pour lui, ça a toujours été trop facile. Il suffit qu’il sourit un peu longtemps ou qu’il la prenne dans ses bras pour qu’elle finisse par lui rendre ses sourires et ses étreintes en oubliant pourquoi elle lui en voulait au départ. Ca l’énerve, ça l’énerve tellement. Mais ça a toujours été comme ça avec Matt et ça le sera sûrement toujours. Il passe son bras autour de son cou et bien évidemment qu’elle râle Jill quand ses lèvres se posent partout sur son crâne et que ses cheveux s’emmêlent quand il les ébouriffe. Elle se dégage un peu pour le bousculer et ébouriffer ses cheveux à son tour. Ils sont beaux les McGrath décoiffés derrière le bar.

Il replace son bras et Jill reste contre lui parce que tout est oublié vite finalement, parce qu’il lui a manqué et qu’il a promis qu’il ne referait plus jamais ça. Si il le fait il signe son arrêt de mort de toute manière. “Une chèvre et toute la ferme qui va avec.” Ils en rient, et pourtant, ils le savent qu’ils n’ont jamais été fait pour le bonheur les McGrath. Ils détruisent tout ce qui les entoure, mais le noyau reste toujours. Ils sont toujours ensemble, quoi qu’il arrive. Il embrasse sa tempe et elle sourit un peu plus, ils tiennent toujours leurs promesses. “T’as toujours été celui que j’aime le moins.” Et elle rit de plus belle Jill quand c’est elle qui passe son bras autour du cou de son grand-frère. Ils sont un noyau, ils sont un tout, et Jill ne laisserait tomber cette famille maudite pour rien au monde. Elle serait capable de tout pour eux. Surtout maintenant que même la relation avec sa soeur commence à s’arranger. Tout devient presque trop beau, trop facile. C’est à se demander quand est ce que tout ce qu’ils construisent va partir en lambeau. La malédiction des McGrath.