“Tu voudrais ?”
« Swann je te le demanderai pas deux fois. Tu viens ou pas? »

La question est lancée, le plan avec. J'aurais jamais pensé y'a deux secondes même avoir ce genre de conversation avec qui que ce soit ; mais maintenant c'est acté, clair et réglé. C'est avec Swann et rien qu'avec lui que je veux aller repasser le fameux chemin de croix de merde qui m'a cassée à ce point-là. Il vient d'avoir une promotion le gars, il vient de passer toutes les étapes en un claquement de doigt. Probablement qu'il les avait déjà toutes réussies les épreuves, sans même que je ne le réalise.

Par contre, lui, c'est pas tout à faire ça. Pas encore. “Je veux pas aller à Londres maintenant. Je suis jamais allé à Paris.” « On y va pas maintenant, alors. » j'insiste sur ses mots, presse rien. Si je suis brusque avec tout et tout le monde, si je secoue et suis absolument incapable de supporter quiconque se la joue larmoyant à faire chier le monde entier de ses sentiments qu'il tartine à la recherche d'une once de pitié, là, c'est tout l'inverse qui se produit. On se presse et on se pousse à bout, mais pour ce genre de choses, on se comprend.

“Quand ?” de base, j'aurais déjà mon portable dans ma main, je nous aurais booké un vol demain sans même lui demandé de de nettoyer son planning. Il aurait ragé, j'aurais rigolé, il aurait passé les prochaines heures à régler ce qu'il a à régler et demain matin on se serait envolés. « Faudrait déjà savoir combien de temps on va être pris ici. » pourtant, la quarantaine de merde nous a pris de court, on est pris aussi, ici. À vider les réserves et surtout à penser à comment mieux les remplir. “C’est quoi le maximum de litres de vin qu’on peut ramener dans les valises, déjà ?" that's my man. « J'sais pas, on va le boire avant de passer la douane de toute façon. »

Et la journée passe, et la soirée avec. Et j'imagine qu'à force d'inventer des cocktails selon les énièmes défis qu'on se donne, on va réussir à s'endormir d'un coma éthylique comme des champions. « Je prends le canapé en coin. Toi, tu te gères. » d'ailleurs, les voilà les arrangements. Y'a des tas de canapés partout, y'a surement un lit de camp dans l'annexe également. Qu'il se gère. « C'est jambon beurre. En attendant ta première fois. » mais je le gère quand même un peu, le blond, quand je nous fais des sandwichs de guerriers, le sien signé Paris. En attendant.