Dire qu’Halsey avait peu d’amis était un euphémisme, puisque la brune n’accordait définitivement sa confiance à personne. Côtoyer de près des gens était, aux yeux de la brune, presque comme laisser volontairement la porte ouverte à la découverte de qui elle était réellement, de ses activités « secondaire » ainsi qu’à la possibilité de tout simplement se faire coffrer par manque d’attention et de méfiance. Tout au long de sa vie, la jeune femme avait toujours fait en sorte de conserver une distance raisonnable entre elle et ses amitiés qu’elle considérait souvent comme superficielles. Une façon de se protéger, de ne pas être constamment dans la défense et ainsi, d’avoir constamment le dessus. Pourtant, il y avait une personne qui faisait exception à cette règle de vie tacite que s’était imposée la brune, et celle-ci s’appelait Ariane Parker. Une rencontre qui datait d’il y a quelques années, à Perth, où les deux jeunes femmes avaient eu tout le loisir de faire connaissance et d’apprendre doucement à qui elles avaient affaire, l’une et l’autre. Il fallait bien l’avouer, niveau caractère, Halsey avait trouvé quelqu’un à sa hauteur et des années plus tard, elle ignorait encore si elle détestait la rousse ou si elle l’adorait. Dans tous les cas, leur relation faisait partie de la catégorie « innommable » et ça leur convenait très bien. Ariane avait beaucoup voyagé au cours de sa vie et de son côté, la brune avait continué de mener la sienne dans le sillage qu’elle s’était fixée dès qu’elle avait compris le potentiel qui était le sien. De temps à autres, elles se donnaient des nouvelles, histoire de donner signe de vie et de ne pas laisser croire à l’autre qu’une mort précoce avait mis une croix sur leur si belle amitié – si on voulait. Cette façon de faire leur avait toujours plus ou moins convenu, sachant que de passer trop de temps ensemble n’était pas forcément le meilleur moyen d’alimenter ladite amitié, voire même l’inverse. C’était plutôt la meilleure façon d’alimenter la presse, via un article expliquant comment elles étaient parvenues à s’entre-tuer, ça oui. Ceci étant dit, ça n’avait pas empêché Halsey de sauter sur l’occasion pour la recontacter lorsqu’elle avait remis les pieds à Brisbane, sachant qu’Ariane y vivait désormais. Un petit message anodin signifiant qu’elle était dans le coin avait suffit à faire redémarrer les rouages de leur amitié et il n’en fallu pas plus à la rousse pour lui proposer de passer une soirée où l’alcool allait fortement être convié en tant que tiers participant, puisqu’elle avait apriori besoin de « se changer les idées » et de « penser à autre chose ». Halsey avait bien compris que quelque chose ne tournait pas rond, mais plutôt que d’insister et de chercher à savoir ce qu’il en était, elle lui proposa de passer chez elle. Si elle voulait sortir par la suite, elles pourraient toujours choper un taxi mais pour l’heure, c’était avec une bouteille de gin – le vin c’était absolument surfait pour des cas comme celui-ci – qu’elle débarqua chez son amie – qui lui avait préalablement texté l’adresse. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir, non pas un appartement ou une maison, mais bien un bateau. Un foutu bateau sur la mer. Elle se foutait d’elle, pas vrai ? « Eh, Parker, t’es là ? » Hurla-t-elle du pont où elle se trouvait, persuadée que de s’époumoner était la façon la plus à même d’attirer l’attention de la rousse. Bha oui, y avait pas de sonnette, hein.
Mon rythme de sommeil était à chier. Mon teint était à chier. Ma vie était à chier.
Si qui que ce soit voulait s'amuser à dire que j'avais définitivement l'air d'un cadavre depuis des semaines, c'était là le moment où jamais. Levi est à l'hôpital aujourd'hui, il passe à travers des batteries de tests et autres examens, ils sont censés lui donner de quoi patienter jusqu'à la prochaine fois, ils sont censés faire ça et lui donner des nouvelles aussi j'crois. Les journées se ressemblent et les nuits pareil depuis qu'on est revenus du roadtrip qui aurait dû nous redonner l'énergie et les forces nécessaires pour passer à travers sa maladie, quand je sens que l'un et l'autre, chacun de notre côté, on s'effrite. Il est bien trop orgueilleux pour affirmer qu'il a mal, je suis bien trop fière pour montrer que le stress est en train de me ronger de l'intérieur. Alors j'ai dormi, putain que j'ai dormi. J'ai passé la journée à jouer le rôle principal de la larve amorphe enfouie sous les draps, à cuver la cuite d'hier qui a faire plus mal que les précédentes, et à appréhender autant qu'à attendre avec impatience celle de ce soir, avec Halsey.
Elle est débarquée en fanfare la brune, elle était nulle part et maintenant elle est ici, et comme notre amitié, je me suis pas posée plus de questions. Y'a des tas de parts de mystères chez elle, j'ai jadis eu l'énergie et la curiosité de gratter pour en chercher les parts de lumière dans tout ce qu'elle garde dans l'ombre sans jamais arriver à mettre le doigt sur tout ce qu'elle me cachait autant à l'époque que maintenant. Force est d'admettre qu'aujourd'hui, j'ai pas envie de me faire chier à autre chose qu'à boire un coup avec une amie de longue date qui est entrée dans ma vie pour des raisons obscures mais que je ne laisserai pas s'en tirer de la moindre façon. Surtout pas quand j'ai autant envie, besoin, qu'elle de me changer les idées ce soir.
La douche bouillante m'a redonné quelques couleurs, des mèches humides sont encore plaquées sur ma nuque quand je finis de passer un des t-shirts du McGrath, puis un jeans qui traîne au pied du lit et qui pue pas trop mes frasques des derniers jours pour finalement en déduire qu'il doit donc être propre. « Eh, Parker, t’es là ? » « Ouais, ouais, pas besoin de gueuler. » que je pouffe, les lunettes de soleil sur mes yeux trahissant le peu de lumière du jour dont je les ai affublés aujourd'hui. Je viens la rejoindre sur le pont du bateau de Levi alors que le soleil a doucement commencé sa course vers l'horizon. Elle a du gin ma copine, et déjà je sais qu'elle a compris que rien ne va, mais qu'elle en dira pas un mot tant que je ne l'autoriserai pas à le faire. Pour ça, elle mérite le droit de vivre.
Mes lunettes passent sur ma tête, ma paume attrape la bouteille avant même de l'avoir saluée, le sourire en coin qui s'en charge quand j'en prends une première gorgée, lui tends l'alcool d'office pour lui céder la deuxième. « On va se promener sur les quais? » comprendre ici que si je reste une seconde de plus à tourner comme un lion en cage sur le bateau du mari, je risque de devenir folle. Encore plus que je ne le suis déjà.
La brune observait le bateau, se disant que c’était bien le style d’Ariane de pas faire comme tout le monde en élisant domicile sur la terre ferme. Mais tout de même, une part d’elle fut surprise de la voir débarquer, lunettes de soleil sur le nez, laissant un léger rire s’échapper face à son entrée en matière qui manquait – peut-être – un peu de discrétion. « Ouais, ouais, pas besoin de gueuler. » Halsey se fendit d’un sourire, observant les alentours en haussant un sourcil pour la forme. « Désolée, j’avais pas pensé aux voisins. » Les mouettes, ça comptait ? Elle observa son amie de haut en bas, plissant les lèvres en observant son look approximatif tout en se demandant si elle allait vraiment sortir comme ça. « On va se promener sur les quais? » Apparemment, oui. Ariane s’empara de la bouteille de gin sans prendre la peine de se lancer dans les salutations d’usage – pas de ça entre elles – et descendit du pont en entamant la première gorgée avant de lui rendre la bouteille dans un petit sourire. Ses yeux étaient rougis, mais à ce stade Halsey ignorait si c’était dû à des larmes ou à un manque de sommeil plutôt rude. Ou alors à un savant mélange des deux. La jeune femme n’avait jamais eu le teint très hâlé, mais là elle frôlait l’affiliation avec Casper, ce qui signifiait qu’elle sortait rarement de chez elle. Bon sang, mais qu’est-ce qui lui arrivait ? C’était sur cette interrogation que la brune lui emboîta le pas, sachant qu’elle ne parlerait pas tant qu’elle n’aurait pas vidé une partie de cette bouteille, laissant ainsi tomber les inhibitions qui faisaient d’elles ce qu’elles étaient ; incapables de parler d’elles-mêmes avec sérieux. Pourtant, Halsey avait senti la détresse dans ses messages et avait tout de même décidé de se pointer, ce qui relevait pratiquement du miracle lorsqu’on savait le peu de cas qu’elle faisait des problèmes des autres. Seulement voilà, avec Ariane ça remontait à loin. Et en plus, elle était la seule figure connue dans cette foutue ville, et ça, ça faisait un bien fou. Et puis au delà de ça, ça faisait tout simplement une éternité qu’elles ne s’étaient pas vues, et il était plus que temps de rattraper le temps perdu avant de laisser un nouvel écart de quelques années se creuser avant les prochaines retrouvailles. Elle avala une gorgée généreuse de gin, décidée à se mettre au niveau de la rousse à qui elle tendit une nouvelle fois la bouteille, lui jetant un regard de biais. « Bon alors, t’es toujours payée à écrire des histoires ? » Traduction ; ça va le boulot ? Autant commencer par un terrain neutre, car il avait peu de chance que ça soit une crise existentielle concernant le professionnel qui ait plongé Ariane dans un tel état.
Je les sens sur moi, ses yeux qui passent de haut en bas, qui scrutent. Et même si elle a au moins la décence de pas passer un seul commentaire, je sais qu'elle a vu. Elle a vu et elle a capté et je lui en serai éternellement reconnaissante de pas commencer la conversation avec un "ça va" aussi minable que passible de la faire finir jetée par-dessus bord. Halsey a au moins la décence de savoir quand je me braquerai, comme je le sais autant pour elle ; on fait dans la ruse pour savoir comment l'autre se porte, on fait dans les stratagèmes et dans les questions qui veulent dire mille autres choses encore, et c'est probablement ce qui fait de nous d'aussi bonnes potes que dysfonctionnelles aux yeux des autres - demandez-moi si ça me dérange.
« Désolée, j’avais pas pensé aux voisins. » « Pense à mon mal de crâne la prochaine fois. » je pouffe, la rejoignant rien que pour lui prendre la bouteille des mains, bouteille que je lui rends tout de même ensuite, polie, essuyant du revers de la paume mon menton avec l'air de celle qui reprend des couleurs si c'est le moindrement possible.
Elle accepte sans un mot de plus d'aller de balader, et c'est tout ce dont j'ai besoin là, en vrai. Un peu d'air, une brise qui se casse sur ma peau et de quoi remplir mes poumons d'autre chose que des clopes et énièmes joints fumés à la chaîne dans l'attente des résultats de Levi qui ne finissent plus de se faire attendre, justement. « Bon alors, t’es toujours payée à écrire des histoires ? » faut lui donner qu'elle a le mérite d'essayer Halsey, et c'est tout à son honneur. « Kinda. » ma voix qui se replace, mes mains dans mes poches quand elles ne se referment pas sur la bouteille qu'on se partage l'une l'autre, quand je suis définitivement celle qui en boit plus qu'elle. C'était un cadeau d'hôte, du moins, je le prends ainsi. « Je bosse plus pour le magazine, mais j'ai encore une éditrice qui se réveille une fois tous les quatre mois pour me chopper des contrats. » GQ qui jadis avait été ma maison, pendant un bon 5 ans où j'avais tout donné dans l'attente de me lancer comme auteure. Puis y'avait eu mon premier livre, publié il y a un peu plus d'un an de ça, pas si mal reçu mais pas assez pour faire de moi la nouvelle coqueluche de la littérature grivoise. Levi avait commencé à rédiger une nouvelle avec moi, on l'avait presque finie le pire, mais elle restait stagnante entre deux examens et deux prises de sang, comme ma vie entière j'ai l'impression.
« Pourquoi tu demandes? Tu veux que j'écrive le synopsis de tes aventures sur la côte? » ma tête que je tourne vers la brune, ses aventures qu'elle garde presque toujours cachées, et moi, éternellement dans l'attente qu'elle m'en donne une bribe ou deux à me mettre sous la dent peu importe à quel point mon moral est merdique en ce moment.
Halsey était depuis longtemps partie du principe qu’Ariane et elle étaient faites du même bois, même si le sien était légèrement plus entamé que celui de la rousse. Ceci étant dit, elles fonctionnaient de la même façon la plupart du temps, et dans un cas comme celui-ci, Halsey aurait sans doute préféré qu’on ne lui pose pas de questions. Ou encore, qu’on ne porte pas de jugement sur sa tenue – même si jamais elle n’aurait accueilli son amie avec une dégaine pareille, mais passons. Loin de commencer par les banalités d’usage, Ariane lui tira la bouteille sans un merci, commentant dans un petit rire sa façon tapageuse de s’annoncer. « Pense à mon mal de crâne la prochaine fois. » L’humour demeurait au rendez-vous, en dépit de sa tête de déterrée, et un nouveau sourire étira les lèvres de la brune. « T’as commencé sans moi ? » Elle lui reprit la bouteille des mains, pour le principe, s’enfilant une nouvelle rasade comme si celle-ci allait lui permettre de suivre la cadence de la rousse. Autant dire qu’elle avait un sacré train de retard. Comme souvent quand une goutte d’alcool entrain dans son organisme, l’envie de fumer se fit ressentir et elle s’alluma une cigarette, tendant son paquet en direction d’Ariane avec un air interrogateur sur le visage – au diable l’iode et le grand air. Les environs étaient plutôt apaisants, mais Halsey n’aurait su se sentir à son aise dans un endroit pareil. Cela ne semblait pas déranger la rousse qui elle, évoluait sur les quais comme s’il s’agissait de son jardin. Désireuse de rattraper les dernières nouvelles, elle l’interrogea sur son boulot, cherchant à voir s’il y avait eu du changement. « Kinda. Je bosse plus pour le magazine, mais j'ai encore une éditrice qui se réveille une fois tous les quatre mois pour me chopper des contrats. » Halsey haussa un sourcil dans sa direction, se rappelant brièvement d’une histoire de livre évoquée lors d’une conversation brève pour donner le signe de vie annuel. « Pourquoi tu demandes? Tu veux que j'écrive le synopsis de tes aventures sur la côte? » Ah. Ses aventures sur la côte, ou une manière détournée de lui demander ce qu’elle foutait si loin de Perth. Brisbane ne lui était jamais apparu comme une destination de rêve, à noter que la ville lui plaisait plutôt bien pour l’instant. « T’aurais matière à faire. » Elle s’arrêta, observa un instant la vue avant de reporter son attention sur son amie « Avec un titre bien vendeur, genre « la découverte d’une sœur après trente ans à se croire fille unique ». » Bon, elle bossait dans le droit et pas dans la publicité, ça crevait les yeux. Ceci étant dit, même si ses intentions envers Raelyn étaient solennellement mauvaises, les faits étaient vrais et par conséquent, cela ne la dérangeait pas d’en parler à Ariane. « Alors, t’achètes ? » Un sourire en coin étira ses lèvres alors qu’elle reprenait une gorgée de gin, agrémentée d’une bouffée de nicotine.
Le paquet de clopes qu'elle me tend fait office de raison numéro cent quarante du pourquoi Halsey et moi, peu importe à quel point on peut se rager dessus l'une sur l'autre rien que pour le plaisir de le faire, on est faites pour être potes. Elle a pas besoin de dire autre chose que j'en pique une, la cale sur mes lèvres pour l'allumer du briquet qui ne quitte jamais ma poche droite, mes paupières qui se ferment à l'inspiration avec autant de concentration qu'il m'en reste.
« T’aurais matière à faire. » je souffle, la laisse avec son moment d'immensité à regarder au large, en profite pour ramener des mèches décalées d'un côté question de me donner presque l'impression que j'en ai quelque chose à foutre d'avoir une crinière le moindrement facile à dompter. Le gin revient entre ses mains la seconde d'après sans que je râle pourtant, parce qu'elle a de quoi additionner aux milliers de mystères qui la concernent et celui-là, c'en est un gros. « Avec un titre bien vendeur, genre « la découverte d’une sœur après trente ans à se croire fille unique ». » ma tête se détourne à la seconde vers elle, son « Alors, t’achètes ? » qui sonne presque aussi faux que le sourire qui passe momentanément sur ses lèvres la seconde d'après.
« Si tu dis de la merde t'aurais au moins pu trouver un titre plus sensationnaliste que celui-là. » je râle, mais je dédramatise aussi, mes drames à moi que je mets volontairement de côté pour me concentrer que sur ses drames à elle. Elle parle pas de ça Halsey, elle garde toujours une immense part de secrets concernant sa vie privée et si je jubile presque intérieurement d'avoir enfin quelques détails sur elle, je fais quand même la part des choses en ravalant l'alcool et la nicotine, en questionnant à travers. « Elle est cool au moins ou elle est chiante? Ta soeur. »
Halsey rangea son paquet dans son sac, délestée d’une de ses précieuses cigarettes mais bon, c’était pour la bonne cause. Ariane avait une tronche à faire peur et même ses lunettes de soleil qui lui mangeaient la moitié du visage ne suffisaient pas à donner le change. Elle tira une nouvelle taffe, amusée de la manière détournée dont son amie essayait de glaner des informations à son sujet, sur les raisons de sa venue à Brisbane. Et elle ne lui en voulait pas, parce qu’elle aurait fait pareil à sa place. Alors elle décida de lâcher du lest, de lui avouer en partie ce qui l’avait poussée à quitter sa ville de naissance pour se perdre dans cet endroit dont elle ne connaissait rien, pour chasser une fille sur base d’une photo alors que tout ce qu’elle savait d’elle, c’était qu’elle partageait son foutu nom de famille. Et elle fit passer le tout avec une énième gorgée de cette bouteille, tout en se disant qu’elle aurait peut-être du en apporter deux. « Si tu dis de la merde t'aurais au moins pu trouver un titre plus sensationnaliste que celui-là. » La brune laissa un petit rire s’échapper, sachant dès le début qu’Ariane ne serait pas du genre à l’observer avec une tête abasourdie, appuyant sur le côté inédit et potentiellement dramatique de la chose. C’était bien pour ça qu’elle le lui avait dit, d’ailleurs. « C’est pas de la merde, mais j’aurais effectivement pu trouver mieux. » Concéda-t-elle en prenant une nouvelle bouffée de nicotine, à défaut d’une bouffée d’air frais. « Elle est cool au moins ou elle est chiante? Ta soeur. » « Demi-sœur. » Le détail avait son importance, d’autant qu’elle faisait encore le deuil de sa vie en tant qu’enfant unique – non pas que ça puisse changer quoique ce soit à leur âge et avec un père aux abonnés absents, mais soit. « Et elle est du genre… » Quel serait le bon terme pour parler d’une femme qui avait les stups au cul et qui mettait en doute le moindre des mots qui sortaient de sa bouche ? « … Inaccessible. » C’était pas mal. « On s’est vue qu’une fois, c’était pas concluant. » Elle haussa les épaules avant de reporter son attention sur Ariane ; assez parlé d’elle. « Ca fait longtemps que tu vis sur une maison flottante ? » Un sourire étira ses lèvres, décidée à trouver ce qui coinçait dans la vie de la rouquine.
« Demi-sœur. » elle précise, j'éclate de rire. C'est bon, un hochement de tête de la positive et je capte. On mélange pas les cartes, on garde de la distance, on fait pas confiance. Ça je connais. « Et elle est du genre… » ses pas ralentissent, les miens pareil. Pas parce que je me perds dans mes pensées comme elle, mais parce que je rage contre la cendre de ma clope qui est tombée sur mon t-shirt dans un coup de vent. « … Inaccessible. » oh, l'ironie.
Parce que si vous me demandez, Halsey est pas mal inaccessible dans son genre elle aussi. À se tirer de ma vie pour mieux en revenir, à cacher des parts de son quotidien du mien. C'est pas un reproche, c'est une constatation, mais je me garde de la souligner, que ça doit être de famille entre elles. « On s’est vue qu’une fois, c’était pas concluant. » « Vous avez fait quoi? » parce que c'est pas du tout mes affaires mais qu'elle aurait pas glissé un mot là-dessus si elle s'attendait pas à ce que je rebondisse sur l'info, un temps du moins.
« C'est pas parce qu'elle a le même sang que toi qu'elle doit avoir un free pass pour faire partie de ta vie, t'sais. » Ariane qui relativise, Ariane qui essuie les restes de gin sur son menton aussi. Mon père est le parfait exemple pour la chose : c'est pas du tout parce qu'il a fait don de soi y'a 30 ans qu'aujourd'hui je vais lui ouvrir grand la porte parce qu'il a envie de renouer avec sa fille en lui apprenant qu'après s'être tiré de sa vie il a fondé une autre famille et s'est égaré pour faire un autre fils, in the process. Connard d'opportuniste.
Et elle reprend, change de jeu, renvoie la balle. « Ca fait longtemps que tu vis sur une maison flottante ? » « Quelques mois. T'aimes pas? » mon ton qui s'inspire du sien, mon regard qui dérive par-dessus son épaule pour attraper la coque de Cadence au loin. « C'est le bateau de Levi, mais c'est aussi 50% le mien. » elle connaît Levi parce qu'il est dans ma vie depuis toujours, elle sait pas qu'on est mariés par contre, avant que l'alliance vienne filer sous ses yeux une seconde plus tard.
La précision s’était imposée d’elle-même, avait filé entre ses lèvres avant même qu’elle ne lui laisse un temps de réflexion nécessaire. Spontanée, elle l’était rarement, mais en compagnie d’Ariane, c’était plus facile. Elle restait dans le calcul, veillait à ne rien dire de superflu, mais c’était tout de même une relation bien plus naturelle qu’avec n’importe qui d’autre. Elle balaya l’information en souriant, ajoutant qu’elles ne s’étaient vues qu’à une seule reprise, qui n’avait rien amené si ce n’était davantage de questions, des deux côtés. « Vous avez fait quoi? » Elles s’étaient observées en chien de faïence, cherchant à tirer les vers du nez à l’autre. « On a bu un verre au Sixteen Antlers, histoire d’être en terrain neutre. » Comme si elles étaient en guerre. C’était presque l’impression que lui avait donné Raelyn en débarquant avec ses grands airs et en lui faisant passer un interrogatoire pire que celui du KGB. « C'est pas parce qu'elle a le même sang que toi qu'elle doit avoir un free pass pour faire partie de ta vie, t'sais. » Cette remarque la fit sourire, sachant que c’était elle qui essayait d’entrer dans sa vie et ce pour des raisons qui n’avaient rien d’honorables en plus. « C’est moi qui ai découvert son existence et qui ai pris contact. J’avais besoin de voir à quoi elle ressemblait… » Elle haussa les épaules et pencha la tête en direction d’Ariane tout en tirant sur sa cigarette ; cette remarque lui avait semblé bizarre, et son regard posa la question sans qu’elle n’ait à la formuler à voix haute. A la place, elle l’interrogea sur ce nouvel endroit où elle avait élu domicile et qui était pour le moins original, à défaut de paraître un tant soi peu confortable. « Quelques mois. T'aimes pas? » Halsey suivit son regard avant de reporter son attention sur elle, en profitant pour lui piquer la bouteille. « C’est pas mon genre, mais ça te va bien. » Elle était sincère, le côté « cheveux au vent et air marin » ça lui collait plutôt pas mal à Ariane. « C'est le bateau de Levi, mais c'est aussi 50% le mien. » La brune s’arrêta en haussant un sourcil, bloquant sur les cinquante pourcents qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Il fallu que la rousse lui plante son alliance sous le nez pour que la pièce tombe et qu’elle comprenne où elle voulait en venir. Elle écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, partagée entre la surprise et la vexation suprême. « Et c’était qui ta demoiselle d’honneur ? » Les félicitations seraient pour plus tard.
Elle aurait pu garder ça pour elle, je lui en aurais pas tenu rigueur. J'ai appris depuis un moment qu'avec Halsey qu'il fallait prendre ce qu'elle donne et rien gratter de plus. Ce serait mentir de dire que ça me fait pas royalement chier, n'en reste qu'au final c'est cool, quand elle s'ouvre et que j'ai pas besoin de lui hurler dessus ou de menacer de la gifler. L'amitié et la confiance parfois, ça a du bon. « On a bu un verre au Sixteen Antlers, histoire d’être en terrain neutre. » j'hoche de la tête, pas parce que je me donne le droit d'approuver le choix quand il est fait et derrière elle de toute façon. J'approuve juste qu'elle a bien fait, avec son terrain neutre. Presque rien ne l'est, neutre, dans ce genre de situations d'habitude. « C’est moi qui ai découvert son existence et qui ai pris contact. J’avais besoin de voir à quoi elle ressemblait… » et de ce que j'entends, de ce que j'en comprends, c'est pas nécessairement une initiative que sa soeur aurait elle-même prise. « Tu vas la revoir? Tu veux? » la deuxième question qui a mon sens vaut mille fois mieux que la première. Si elle veut pas, ça se termine là.
« C’est pas mon genre, mais ça te va bien. » « Avoue, l'air marin me fait un bien fou. » j'éclate d'un rire qui tourne un peu trop autour du las pour que ça ne se remarque pas. Mon teint est merdique, mes cernes se voient à travers mes lunettes de soleil, elle est là l'ironie, elle crève les yeux. « Et c’était qui ta demoiselle d’honneur ? » et par contre, à ses mots, je pouffe pour vrai. Un rire franc, un rire qu'elle connaît, un rire qui fait du bien aussi. « Fais pas ta jalouse, tu vas avoir des rides avant l'âge. » elle fronce pas du front mais c'est tout comme, celle qui aurait eu l'étoffe de l'être mille fois, ma demoiselle d'honneur - si j'avais cru à toutes ces conneries.
Parce que de base, c'était pas un mariage d'amour du tout. Les choses avaient évolué bien sûr avec le temps par contre, qu'elles l'avaient fait. « On s'est mariés pour une question de papiers et d'assurances. » la première fois, en 2017. On a renouvelé nos voeux y'a quelques mois en mode espoir et renouveau. Et pour l'instant, l'espoir et le renouveau, ils s'effritent. Avoue, l'air marin me fait un bien fou.
Halsey se surprenait à confier ainsi à Ariane les raisons de sa venue à Brisbane, mais il ne servait à rien d’inventer une histoire rocambolesque alors qu’elle n’avait rien à cacher vis à vis de Raelyn, sauf peut-être ses réelles intentions. Continuant de savourer sa cigarette, elle lui expliqua que la rencontre avait eu lieu dans un terrain neutre, décrochant un hochement de tête à la rousse qui aurait probablement fait pareil – si une telle situation pouvait se répéter. « Tu vas la revoir? Tu veux? » Quelle question. Si la brune n’avait pas flairé quelque chose sous toute cette histoire, elle aurait probablement tourné le dos à Raelyn et à cette ville en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, mais là, sa curiosité avait été piquée. « J’en sais rien. Et je crois que oui… En attendant, je t’avoue que je pense à m’installer ici pour de bon. » Quoi ? Elle y pensait depuis quelques jours, mais jamais elle n’avait prononcé ces pensées à voix haute, à qui que ce soit. Même pas à Clyde. Le sujet glissa sur la nouvelle vie d’Ariane, qui résidait désormais sur un bateau parqué dans une Marina, ce qui avait décontenancé la brunette qui cherchait à comprendre d’où venaient ces changements. « Avoue, l'air marin me fait un bien fou. » Halsey plissa les lèvres face à l’ironie de ces paroles, parce que la tête qu’elle affichait la Ariane, c’était pas celle de quelqu’un qui profitait de l’air marin et qui en appréciait les bienfaits. « C’est pas ce que j’aurais dit, non. » Elle pointa un index sur les traits tirés de son amie, prête à faire preuve de cette honnêteté qui faisait d'elle un être si adorable. « On dirait une gueule de bois perpétuelle. Ou que t'as oublié de prendre ton antiacide, au choix.» Elle haussa un sourcil avant de reprendre une gorgée de gin, sans lâcher sa copine des yeux et en manquant de s’étouffer alors qu’elle lui annonçait être mariée. Et elle ne lui avait pas demandé d’être son témoin ? – les priorités chez Halsey, c’était surfait. Sa remarque fit pouffer la rouquine et elle laissa elle aussi un petit sourire étirer ses lèvres, même si son regard restait sérieux. « Fais pas ta jalouse, tu vas avoir des rides avant l'âge. » Ah. Halsey se détendit légèrement, pour la peine, et attendit qu’elle lui fournisse une explication. « On s'est mariés pour une question de papiers et d'assurances. » Ah. « Ton romantisme va m’achever Parker. » Elle secoua la tête et lui tendit une nouvelle fois la bouteille. « Félicitations. Comment il va, il survit avec toi comme femme ? » Lança-t-elle en fronçant le nez, une lueur amusée dansant dans ses yeux.
« J’en sais rien. Et je crois que oui… En attendant, je t’avoue que je pense à m’installer ici pour de bon. » mes sourcils se haussent, elle doit s'en douter avant même que je ne dise quoi que ce soit que ma réaction sera autant teintée de surprise que perplexe. « Ah ouais. » c'est pas une question, encore moins une exclamation. C'est la constatation qu'elle se rapproche, et le lien de cause à effet que je fais rapidement. « Pour elle ou pour quelque chose d'autre? » ou quelqu'un. Ça serait pas étonnant que si j'ai la bague au doigt, elle l'ait à nouveau elle aussi.
La blague, que j'ai l'air bien. « C’est pas ce que j’aurais dit, non. » et ça c'est tout à son honneur. Pas question qu'on fasse dans la dentelle, ni pour sa soeur - demie-soeur - ni pour ma mine de merde. « On dirait une gueule de bois perpétuelle. Ou que t'as oublié de prendre ton antiacide, au choix. » j'éclate de rire, un rire qui fait du bien, un rire qui nettoie les quelques pensées amères qui remontaient au fil de nos pas. « T'as le mérite d'être honnête. » j'en attendais pas moins d'elle, et l'inverse est toute aussi vraie.
« Ton romantisme va m’achever Parker. » c'est pas comme si c'était étonnant, ça. « C’est le but. » ma voix raille, je me moque et je pique, je retrouve des forces au fil du gin et de la clope qui font dramatiquement bon ménage. « Félicitations. Comment il va, il survit avec toi comme femme ? » « Elle est là, l'ironie. » le frisson qui se casse le long de mon échine fait mal, il brûle, il grince, il blesse, piqure de rappel. « Il est malade. » je précise, pudique au point de ne pas parler de son cancer dans des mots qui le décriraient trop bien, mais de plus en plus vidée de garder l'info que pour moi. J'ai l'impression de tourner en rond et de rien pouvoir foutre de plus qu'attendre, potiche de service, qu'un traitement fonctionne, qu'un peu d'espoir remonte. « Pas le genre qui se guérit avec des vitamines et une bonne nuit de sommeil. » elle avait compris, encore fallait-il que cruellement je me le rappelle.
« Ah ouais. » Autant dire que sa réaction n’était pas une surprise ; elle était en ville depuis peu de temps et surtout, elle n’avait jamais quitté Perth avant ça. Elle n’en avait jamais eu besoin, mais là elle sentait qu’elle avait envie de plus, comme d’un nouveau challenge pour rendre les choses encore un rien plus palpitantes. « Pour elle ou pour quelque chose d'autre? » Quelque chose d’autre. La subtilité n’avait jamais été le fort d’Ariane, et cette remarque tira un nouveau sourire à la brunette qui secoua la tête à la négative. « Aucun des deux. Je me plais bien ici, et ça sera toujours le cas même si elle décide qu’elle ne veut pas de moi dans sa vie. » Sortez les mouchoirs. « J’ai l’impression que j’ai besoin de changer de paysage, et Brisbane me semble être l’endroit idéal pour ça. » Ce qui était totalement vrai, même si dans l’absolu elle comptait surtout rester dans les parages pour extorquer ce qu’elle pouvait à sa toute nouvelle sœur qui avait l’air de ne pas trop souffrir de la pauvreté. « T'as le mérite d'être honnête. » Rétorqua-t-elle dans un rire franc, décrochant un sourire sur le coin des lèvres d’Halsey qui pencha la tête sur le côté tout en haussant légèrement les épaules. Elle n’allait pas lui pondre un joli mensonge alors qu’elle savait très bien qu’elle avait une tête à faire peur – et encore, elle minimisait la gravité de la situation. « C’est pour ça que tu m’aimes. » Lança-t-elle dans un grand sourire, en profitant s’allumer une nouvelle cigarette – l’alcool appelait indéniablement à la nicotine. « C’est le but. » Un mariage pour des papiers, c’était plutôt nul. Mais elle savait que dans le fond, elle et Levi, c’était plus que ça. « Elle est là, l'ironie. » Halsey releva un sourcil dans sa direction, ayant l’intuition que sa boutade n’aurait pas plus mal tomber. « Il est malade. » Les dents serrées, la brune observa son amie de biais, réalisant qu’elle était là, la raison de sa tête de trois mètres de long. Et il y avait de quoi. « Pas le genre qui se guérit avec des vitamines et une bonne nuit de sommeil. » Oui, vu le ton employé, il ne devait pas souffrir d’un stupide rhume. « Je suis désolée de l’apprendre. » Et c’était la vérité, elle n’était pas totalement dénuée d’émotions. Disons simplement qu’elle était sélective à leur sujet. « Tu tiens le coup ? » Évidemment que non, ça se voyait, mais elle n’allait pas lui faire l’affront de s’avancer sur sa gestion de drames en tout genre.
La question aurait pu être plus ouverte, la réponse aurait pu être moins guidée. « Aucun des deux. Je me plais bien ici, et ça sera toujours le cas même si elle décide qu’elle ne veut pas de moi dans sa vie. » pourtant elle gère comme un chef Halsey, et c'est presque enrageant de voir à quel point elle gère sa vie quand la mienne me file entre les doigts. Je la déteste autant que je suis fière d'elle, en l'instant. « J’ai l’impression que j’ai besoin de changer de paysage, et Brisbane me semble être l’endroit idéal pour ça. » ha, très drôle. Quand j'aurais pu répondre la même qu'elle mais en changeant la ville qu'elle a choisie pour n'importe laquelle autre - préférablement à l'autre bout du globe.
« C’est pour ça que tu m’aimes. » « Éperdument. »
Sa franchise, son sarcasme, son piquant. On s'est pas encore disputées aujourd'hui, mais ça viendra, j'ai foi en nous. J'ai foi en la bouteille de gin aussi, que je finis enfin par lui redonner non sans en avoir pris une autre longue lampée. « Je suis désolée de l’apprendre. » elle a pas besoin d'être désolée, c'est pas sa faute. Mon air fermé doit le lui confirmer, ou alors il lui attire une sympathie qui m'horripile déjà. « Tu tiens le coup ? » aux autres, je leur aurais sauté à la gorge. À elle, je braque mes prunelles par-delà mes solaires dans les siennes, inspire durement, lui rend son honnêteté pourtant. « Pas du tout. » ni maintenant, ni demain. J'abuse de tout, trop fort, je ressens plus rien, les disputes s'additionnent, j'étouffe à travers.
« Tu veux savoir un truc marrant? » ma silhouette se détache rien que pour finir par aller s'installer sur un des quais, jambes ballantes et orteils qui touchent à l'eau. Je poursuis juste quand je sais qu'elle s'est rapprochée. « C'est à Perth qu'on s'est mariés, y'a 3 ans. » dans un hôpital certes, mais quand même. Mon sourire de merdeuse revient sur mes lèvres, l'instant émotion s'envole un temps pour faire place à une pique faible, mais à une pique quand même. « Ça vaut pour toutes les fois où tu m'as pas invitée à tes mariages. »
Elle lui disait la vérité, chose plutôt rare lorsque l’on s’appelait Halsey Blackwell, mais cette ville lui plaisait énormément en dépit du fait que Raelyn y vivait, elle aussi. Dans les faits, elle avait quitté son boulot et son petit-ami sans se retourner – cela montrait à quel point la brune était attachée à ce genre de chose – et à présent, Brisbane sonnait comme un renouveau plutôt agréable. « Éperdument. » Oui elles s’appréciaient, à la folie, jusqu’au moment où tout basculait et que la discussion tournait au vinaigre sans qu’elles ne comprennent bien pourquoi. Mais c’était comme ça ; l’orage n’était jamais loin. Ariane lui confia ce qu’il se passait dans sa vie et si la jeune femme se sentait rarement concernée par le sort d’autrui, elle devait bien avouer que ça la peinait de voir la rouquine dans cet état. Déjà parce que physiquement, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même - ce qui devait donner l’impression qu’Halsey faisait un acte charitable en traînant avec elle – et ensuite, parce que ça faisait chier. Vraiment. Tournant la tête vers elle, la brunette l’interrogea du regard, lui demandant si elle tenait le coup. « Pas du tout. » L’honnêteté, il n’y avait que ça de vrai. « Tu veux savoir un truc marrant? » Quelque chose lui disait que ça ne serait pas marrant du tout, mais elle l’encouragea d’un signe de la tête en la suivant vers le bord du quai, là où Ariane décida de s’installer. « C'est Perth qu'on s'est mariés, y'a 3 ans. Ça vaut pour toutes les fois où tu m'as pas invitée à tes mariages. » Elle se fendit d’un sourire et Halsey leva les yeux au ciel en se laissant tomber à côté d’elle, lui piquant la bouteille des mains au passage. « T’aurais au moins pu me dire que t’étais en ville. C’est pas croyable ça. » La brune secoua la tête en s’enfilant une gorgée, relevant le nez vers son amie. « Je t’ai pas invitée parce que t’avais probablement mieux à faire. Et c’est quoi ce sous-entendu pas du tout voilé, d’abord ? » Elle avait insisté sur le pluriel – avec raison – mais Halsey préférait jouer les jeunes ingénues à ce sujet plutôt que d’avouer que seul l’intérêt avait été une motivation suffisante pour la faire avancer jusqu’à l’autel armée d’un sourire des plus factices.
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