Ce n'était qu'une question de temps avant que Poppy Oakley ne revienne faire appel à moi et ne me dise qu'elle a absolument besoin d'un rendez-vous le plus vite possible et en toute urgence. Etant donné que ma patientèle est encore très restreinte je lui trouve une place dès le lendemain et de là, tout commence. Ou tout recommence. Lorsque nous nous retrouvons, c'est comme si nous ne avions jamais quitté, comme si je n'avais jamais laissé l'australie derrière moi pendant ces dernières années. Nous ne sommes pas un kiné et sa patiente, mais bel et bien deux amis de longues dates. A vrai dire, nous avons toujours su gardé contact malgré la distance et j'en suis plus qu'heureux.
Ainsi de fils en aiguille, nous avons fini par échanger tous les jours, nous envoyant tantôt des sms humoristiques, tantôt des meme à la con. Nos échangent sont, comme d'habitude, légers et pourtant intéressants. Et au final, j'ai décidé de lui proposer de m'accompagner au match des Wallabies. Connaissant Poppy, je savais qu'elle accepterait et je ne me suis, encore une fois, pas trompé !
C'est donc comme ça que nous nous retrouvons en ce jour devant le suncorp stadium. Habillé de mon t-shirt à l'effigie de notre équipe national, leur casquette vissé sur ma tête, je crois que mes cordes vocales sont totalement prêtes pour hurler aux gars de bouger et pour leur donner des conseils qu'ils n'entendront pas et qui, de toute façon, les mettront encore plus dans la merde s'ils m'écoutaient réellement.
Lorsque je vois Poppy marchant vers l'entrée, j'agite les billets qui se trouvent dans ma main et lui offre un large sourire en sautillant un peu sur place afin qu'elle me remarque dans le tumulte. « HELLOOO !» m'exclamais-je joyeusement en allant la prendre dans mes bras «Allez dépêche toi un peu» la pressais-je, la voyant qui prends un peu trop son temps «Les places sont pas numéroté et je refuse d'être tout derrière ! »
Voir Poppy qui fait genre elle ne m’a pas vu, juste pour m’embêter, ça m’avait manqué. Ses conneries m’avaient manquées, ses remarques acerbes m’avaient manquées, son ironie m’avait manqué, TOUT chez elle m’avait manquer. Ainsi, dès lors qu’elle a passé cet appel et que nous avons convenu d’un rendez-vous, je me suis promis à moi-même que nous allions rattraper le temps perdu. Nous avons, certes, réussi sans aucun problème à rester en contact pendant les dernières années, mais voir Poppy par skype ce n’est pas pareil. Il y a le contact physique qui manque, pouvoir la prendre dans mes bras et la serrer contre moi en une étreinte amicale, presque fraternelle. Pour quelqu’un de tactile comme moi, j’avoue que la situation était assez torturante. Mais j’ai survécu et le retour n’en est que plus beau et magique.
Je ne me retiens donc pas de lui faire un gros câlin, ce à quoi elle me répond comme quoi je devrais déjà arrêter de l’étouffer si j’ai envie que nous trouvions des places. Eclatant de rire, je la relâche et elle en profite pour me voler les billets et m’échapper. Je la rattrape alors qu’elle entrait déjà dans le stade où nous sommes accueillit par les cris des supporter, nous mettant directement dans l’ambiance. Sans plus hésiter, je la suis et roule des yeux lorsqu’elle précise que, bien que nous sommes assortie, elle a fait plus d’effort « C’est parce que t’es une fille et vous les filles vous avez bien plus de goûts que nous les hommes» une femme irrationnelle verrait là une remarque mysogine cachée, alors que ce n’est que la plus pure des vérités. Et j’ose espérer que Poppy me connaît assez bien pour comprendre cela et ne pas le prendre comme une remarque machiste.
Je fini par la suivre, la laissant jouer des coudes lorsqu’elle nous fait passer par une horde de supporters en furie afin de pouvoir rejoindre deux places. «Les meilleures places du monde ! » m’exclamais-je en réponse à sa remarque. Décidant de garder mon énergie pour plus tard lorsque les joueurs seront sur le terrain, je m’assoies sur le fauteuil et pousse un soupire de contentement « C’est simplement parce que j’ai les meilleurs patients du monde» expliquais-je lorsqu’elle me dit que c’est super que j’ai pu avoir ces places «Je soigne le frère d’un des joueurs et comme il était super enchanté il a demandé à son frère s’il pouvait lui avoir deux places et ...voilà » j’écarte les bras comme pour lui montrer le résultat « Et pis je sais que t’aime un peu trop le sport et le rugby donc ...» je lui adresse un sourire innocent avant de rigoler doucement «la prochaine fois tu m’aides à avoir des billets pour un match de basket et ... » je me redresse subitement «EH ! Mais si on gère bien notre coup y aurait carrément moyen qu’on puisse suivre la saison de rugby ET celle de Basket ! » mon regard s’illumine subitement « Ce serait génial, non ?» je lui adresse un large sourire, fortement enchanté par mon idée.
Revoir Poppy me fait réellement plaisir ! Elle fait partie de ceux qui me manquaient le plus lorsque j'étais à l'autre bout du monde, mais aussi de ceux avec qui je suis rester en contact sans aucun problème pendant les deux dernières années. Elle était celle qui me raccrochait un peu à Brisbane et j'imagine de plus en plus que si j'avais perdu contact avec elle je ne serais peut-être jamais revenu ici. Mais je préfère ne pas penser à cela car aujourd'hui ce sont les retrouvailles qui comptent et je refuse de ressasser les erreurs du passé.
Alors je joue la carte de l'humour et ça fonctionne bien ! Poppy a toujours été une personne qui a le rire facile et nos conversations sont souvent placer sous le signe d'éclats de rire régulier. Car, en plus de partager les mêmes passions pour les animaux, la nature, la médecine et le sport, nous avons le même genre d'humour. »Non, malheureusement j'ai que des joueurs de rugby dans ma patientèle » dis-je, dépité «Et des danseurs aussi. Ils sont cool eux, les danseurs ! » hochais-je la tête « Mais les seuls basketteurs que j'ai c'est toi et une autre gamine » j'hausse les épaules «Donc ...va falloir que tu te débrouilles toute seule pour nous avoir nos place pour les Brisbane Bullets »
Je lui offre un large sourire plein d'innocence avant de me reculer contre le dossier de mon siège alors que mon amie me demande si j'ai déjà pensé à a suivre une équipe de sport, précisant que si j'ai de bons patients c'est seulement parce que je suis un bon kiné. «Arrête... » dis-je modestement. Certes, je connais mes capacités et, d'après les retours de mes patients, je suis quelqu'un qui connaît bien mon boulot, mais je sais que j'ai encore beaucoup de formations à faire et que je n'arrêterais jamais réellement de me former. «j'y ai déjà pensé, oui, mais je sais pas si c'est un truc pour moi étant donné que tu travail sous la pression, que tu dois réfléchir et agir en deux secondes, faire des premiers soins aussi et c'est un travail 12h/24 7j/7 ...bref, je crois que je préfère ma petite liberté tranquille dans le cabinet » avouais-je «D'autant plus que je dois sauver les pauvres patients des griffes de mes collègues incompétent » que je nargue Poppy en rigolant doucement « Mais dis moi, pourquoi il était incompétent ? Qu'est-ce qu'il a fait ? Pourquoi ? Avoue tout !»