| Des retrouvailles - Livia & Nino |
| | (#)Lun 6 Avr 2020 - 21:28 | |
| Marchetti n'était plus passé dans le coin depuis de nombreux mois, voir plus que ça, mais il n'avait pas eu le choix quand Katherine lui avait demandé d'amener Lucia chez le pédiatre pour la visite de ses 12 mois avec quelques mois de retard. Katherine avait déjà du décaler une première fois, puis c'était au tour du médecin et cette fois, alors qu'elle n'avait pas réussi à se libérer, elle ne pouvait plus décaler, elle avait demandé à l'italien de s'en occuper. Il avait flippé, il n'était pas bien sûr de pouvoir accomplir une telle mission, mais sous la contrainte, il n'avait pas pu refuser et finalement, tout s'était bien passé.
Trois minutes : une notion de temps assez flou et propre à chacun. Trois minutes pour l’étudiant qui passe un examen écrit et qui peine à finir sa copie dans les temps, c’est extrêmement rapide. Trois minutes pour celui qui doit faire trois tour de terrains et qui n’aime pas courir, ca peut être long. Trois minutes pour celui qui n’a que ces quelques secondes entre deux trains pour parcourir le pays, ca peut être très très court, irréalisable. Mais trois minutes pour Nino Marchetti semblaient être l’équivalent de toute sa vie entière. Nataly Demsy habitait l’immeuble qui surplombait l’épicerie Bio de Livia. Elle avait trois enfants de quatre à dix ans et un mari inconnu au bataillon. En plusieurs mois passés dans l’épicerie, Nino ne l’avait jamais vu : toujours en vadrouille pour le travail, il partait tôt, revenait tard, étrangement, comme Nino, mais personne ne l’avait jamais vu. Nino avait finit par croire qu’il s’était barré il y a bien longtemps, quand la Demsy avait fini par lui avoué qu’il allait être papa pour la troisième fois. Ce qui veut dire qu’il allait devoir supporter encore un peu plus Nataly, la femme la plus insupportable de la terre tant elle était persuadée d’être un exemple pour tous, un modèle de bonté et de générosité qui ne pouvait s’empêcher de donner son avis même quand on ne lui avait jamais demandé. Trois minutes qu’elle avait interpellé Nino Marchetti en bas de son immeuble, à deux pas de l’épicerie, là où Nino n’aimait jamais s’éterniser. « J'en r'viens pas que vous, l'épicier grincheux vous avez réussi à pondre une bouille pareille. Vous lui causer un peu, à la petite ? J’veux dire, un bébé a besoin d’être stimulé, qu’on lui parle, qu’on le rassure, qu’on le regarde, qu’on lui fasse des sourire. Mais vous Monsieur Marchetti, Nino… j’vous vois jamais sourire. » Oh mais qu’elle connasse Nataly Demsy. Non en effet, il ne sourit que très rarement, ses sourires sont précieux, comme il pourrait dire, mais surtout, il sourit pas à ce genre de nana, là, il a juste envie de lui cracher dessus pour lui donner un vrai raison de s’indigner. « Votre fils est en train de pisser sur la nouvelle livraison de Livia. » qu’il balance sans soucis. « C’est ça qu’on apprend aux mômes de 7 ans ? » elle avait pas eu l’air d’y croire tout de suite mais daigna quand même se retourner pour s’assurer que Marchetti la faisait marcher. « Marcial ! » qu’elle s’indigne, voyant cette marre d’urine couler sur les pommes de terre fraîchement arrivées à l’épicerie. L’italien ne pu s’empêcher de regarder la scène avec un air amusé. « Pas si parfaite la petite famille… » qu’il souffle en se retournant vers Lucia, qui semblait être aussi amusée que lui de la scène à en voir le petit sourire malicieux sur son visage. « Faut pas toujours écouter les bêtises des autres. » qu’il lui lance en italien, espérant que sa fille soit capable de parler cette langue bien mieux que lui-même. « C’est la folle Demsy, elle vient de se barrer en courant, mais c’est son fils qui a pissé sur tes patates ! » qu’il balance en voyant Livia sortir de sa boutique, étonnant qu’il ne soit pas déjà parti très loin mais après Nataly Demsy, rien ne peut être pire que ça, même pas croiser Livia.
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| | | | (#)Jeu 9 Avr 2020 - 18:51 | |
| Ce jour-là, c’était un jour avec. Un de ces jours où malgré toutes les questions qui pouvaient lui trotter dans la tête, Livia s’était levée avec l’idée de profiter autant que possible de cette nouvelle journée. Et cela passait avant tout par se rendre au travail et en profiter mettre de l’ordre dans les affaires qu’elle avait pu laisser de côté ces derniers temps, souvent trop fatiguée pour s’en charger à la fin de la journée. Il lui manquait toujours un employé et espérait que l’annonce qu’elle avait affiché en vitrine allait vite porter ses fruits, mais en attendant elle avait réussi à s’arranger avec ses deux autres employés qui avaient accepté de faire des heures supplémentaires. Elle s’était donc levée rapidement pour préparer les affaires de Gabriele pour la journée, puis l’avait déposé à l’école maternelle qu’il avait débuté seulement quelques semaines auparavant. Le début de l’école avait été un soulagement pour elle, car ces derniers mois la babysitter à laquelle elle le confiait avait souvent été malade, ce qui l’avait obligée à se tourner vers la mère de son ex-compagnon pour garder son fils. Même si elle entretenait de bonnes relations avec elle, et que cette dernière adorait littéralement son petit-fils, elle n’appréciait pas trop de devoir compter sur sa belle-famille plus qu’elle ne l’aurait souhaité. Et Gabriele avait l’air d’adorer l’école – pour l’instant, il n’avait pas encore créé de crise en piquant les jouets d’un autre enfant, ce qui était déjà pas mal. Livia avait donc adapté son agenda aux semaines où elle devait récupérer Gab à l’école, et à celles où elle avait davantage de temps, et ce nouveau rythme lui plaisait bien.
Elle était donc arrivée avec peu d’avance à l’épicerie, avait tiré le rideau puis commencé à organiser la journée avec le premier employé qui était arrivée juste après elle. Ils avaient réceptionné la majorité des livraisons mais certaines étaient encore à l’extérieur, alors qu’ils s’apprêtaient à ouvrir une trentaine de minutes plus tard. Livia se hâta donc de donner les instructions à l’autre employé qui venait d’arriver, tandis qu’elle filait dans l’arrière-boutique pour attraper quelques documents. Puis elle entendit des bruits à l’extérieur, comme quelqu’un qui criait, et passa donc la tête dans le magasin pour essayer de voir de loin de quoi il s’agissait. Elle n’arrivait pas à distinguer les personnes, et s’approcha pour y voir plus clair, avant d’enfin reconnaître… Nino. Ca faisait plus d’un an qu’elle ne l’avait ni vu, ni même croisé par inadvertance. Il ne devait sûrement pas habiter dans le coin, et elle ne put s’empêcher de s’arrêter quelques secondes dans le magasin, ne sachant pas bien si elle devait aller le voir ou non. Elle ne s’était pas imaginé le revoir à nouveau devant l’épicerie, surtout vu la manière dont cela s’était terminé la dernière fois. Un peu prise de court, elle crut croiser son regard et se dit qu’il l’avait sûrement repérée lui aussi. Puisqu’il n’avait pas encore déguerpi, elle sortit de l’épicerie, ne sachant pas du tout ce qu’elle comptait lui dire. Mais cela lui semblait dommage de gâcher une occasion de lui parler, alors que c’était si rare. C’était du pur Livia – ne sachant pas bien sur quel pied danser, mais convaincue qu’il valait toujours mieux échanger que d’essayer d’esquiver les personnes ou les problèmes.
Alors qu’elle venait à peine de mettre le pied dehors et voir sa voisine du dessus s’éloigner à grand pas avec un de ses enfants, Nino lui lance « C’est la folle Demsy, elle vient de se barrer en courant, mais c’est son fils qui a pissé sur tes patates ! ». Complètement désarçonnée et ne s’attendant pas du tout à ce que ce soit la première chose à sortir de sa bouche, elle écarquille les yeux un quart de seconde, le temps d’analyser l’information. Puis elle se tourne vers son grand sac de pommes de terre, qui gît sur le côté, avec une traînée liquide qui ne tarde pas à se voir juste en dessous. Elle peste intérieurement, parce que ce n’est pas la première fois que cette femme n’arrive à tenir ses enfants, qui sont par ailleurs particulièrement difficiles à supporter. Elle appelle un de ses employé et lui dit de pousser le filet sur le côté de la boutique. Elle prend note de s’en charger plus tard – et d’aller payer une visite à sa chère voisine, mais pour l’instant les stocks de la veille suffiront. Elle reporte son attention sur Nino, ne sachant pas vraiment si elle doit lui sourire ou ne pas trop s’avancer sur ce terrain-là. La dernière fois qu’ils se sont parlés, il se pourrait qu’elle l’ait traité de con, et il s’en rappelle peut-être aussi bien qu’elle. Mais elle est contente de le revoir, et la vue de l’italien comble une petite partie du manque qu’elle ressent au fond d’elle. Lui adressant donc un sourire discret, elle s’approche de lui et elle lâche d’un ton aimable « Ça fait longtemps, Nino. J’aurais bien aimé qu’on ait pas besoin qu’un gamin pisse sur ma marchandise pour qu’on se croise. Qu’est-ce que tu fais là ? ». Puis elle s’arrête devant lui et réalise ce qui se trouve juste en-dessous de ses yeux. Nino tient une poussette. Qui n’est pas vide. Ses yeux font l’aller-retour entre la poussette et le visage de Nino, tandis que sa bouche s’entrouvre et qu’elle tente de prononcer une question qui n’arrive pas à sortir. Sans chercher à comprendre pour l’instant, elle s’accroupit devant la poussette et plonge ses yeux dans ceux de la petite, qui lui tend un doigt et se met à balbutier des choses incompréhensibles, un si grand sourire sur son si petit visage. Émerveillée, Livia ne peut s’empêcher de lui rendre son sourire. Elle a toujours eu quelque chose pour les bébés, qui la rendent complètement obnubilée et incapable de se concentrer. Lorsqu’elle relève la tête vers Nino, elle en oublie d’effacer ce sourire si pur et si sincère. « Elle est parfaite ». Elle ne sait même pas qui est cette petite, mais il aura suffi d’un sourire enfantin pour faire oublier à Livia le temps d’un instant toute la frustration qu’elle pourrait avoir envers Nino.
@Nino Marchetti
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| | | | (#)Sam 9 Mai 2020 - 23:10 | |
| Nino ne pouvait qu’apprécier la scène. S’il n’aimait Demsy, ca l’amusait de voir la tête de Livia en découvrant la scène surréaliste. Même l’italien n’avait jamais uriné sur une marchandise devant une échoppe et pourtant, dieu savait qu’il en avait fait des bêtises lorsqu’il était petit. Mais sa mère lui avait toujours appris à rester poli avec les autres et ne pas saccager leur travail. Ca avait bien marché jusqu’à ce qu’il aie treize ans et qu’ils commencent à faire le pivot aux pieds des immeubles pour s’assurer que la police ne s’aventure pas trop dans les rues infréquentables de Scampia. A partir de là, le respect d’autrui n’était plus toujours en vigueur et d’autant plus lorsqu’il s’agissait de personnes en costume ou qui étalait leur fortune de manière indécente à ceux qui n’en avait pas. Ceux là, Nino ne les respectait définitivement pas. C’était bien pour cette raison, qu’il avait fini sa course en Italie par un casse chez un gros poisson. Le casse ultime, le casse de trop, celui qui l’avait fait perdre son ami, celui qui l’avait mis au pied du mur, celui qui l’avait obligé à donner des noms, celui qui l’avait obligé à tout quitter. « Ça fait longtemps, Nino. J’aurais bien aimé qu’on ait pas besoin qu’un gamin pisse sur ma marchandise pour qu’on se croise. Qu’est-ce que tu fais là ? » Lui il aurait bien aimé ne jamais la recroiser, mais forcé de constaté qu’il n’avait à présent plus le choix. L’impulsivité de l’italien n’était plus ce qu’elle était il y a encore un an et demi et à présent, il avait aussi appris à se contenir et être moins sauvage. Il se demandait s’il pouvait remercier Adèle pour ça, celle qui l’avait dompté petit à petit depuis un an, ou s’il pouvait aussi s’en retournée à Allie, qui lui avait fait comprendre avec son animosité propre, qu’envoyer chier tout le monde n’était pas toujours le bon moyen pour arriver à ses fins : être tranquille. Car, il devait bien l’admettre, il repartait souvent bien plus contrarier et les insultes ne lui faisait pas tant de bien que ça. « J’passais dans l’coin. » tu peux mieux faire Marchetti en guise de réponse. Et voilà que la sœurette sort le jeu de la poussette, que Lucia fait son petit manège et l’italien s’attend à nouveau à la déferlante de question. Livia allait-elle elle aussi lui demander s’il avait kidnappé sa fille ? Il laisse Lucia charmer Livia, comme elle charmait tout le monde sur son passage, personne ne lui résistait jamais et l’italien savait qu’elle ne tenait pas ça de lui mais bien de sa mère qui malgré son sale caractère, réussissait toujours à charmer pour finir. L’italien s’était lui-même fait avoir, la preuve en personne dans cette poussette. « Elle est parfaite » le regard de Nino croisa celui de Livia, qui bien sûre avait tout de celle qui était sincère. Et comme l’italien s’adoucissait à chaque fois qu’on lui parlait de sa fille, il répondit presque avec tendresse. « Elle s’appelle Lucia. » et c’est avec une grande fierté que le papa ajouta : « C’est ma fille. » oui parce que les suspicions de kidnapping, ça va deux minutes. Il leva les yeux un instant vers la vitrine où il remarqua l’annonce pour un vendeur. « J’espère que tu cherches pas depuis que j’suis parti. » parce qu’il sait bien que c’est galère de devoir remplacer rien qu’une personne absente dans cette équipe. Mais si c’était le cas, ça voudrait dire qu’elle n’était pas au complet depuis juillet 2018 et ca commence à faire un moment. « J’dis pas ça pour revenir. » qu’il se rattrape presque, comme si elle aurait pu y penser. « Enfin, t’es vaccinée, j’pense. » et surement qu’elle avait autant envie que lui qu’il revienne travailler pour elle, c’est-à-dire, aucune envie.
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| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 21:12 | |
| Livia ne doutait pas une seconde que Nino n’était pas venu lui rendre visite de gaieté de cœur, et qu’il aurait sans doute d’ailleurs préféré ne pas la croiser. « J’passais dans l’coin. » La jeune femme ne releva pas, ne voulant plus rentrer dans les piques inutiles dans lesquelles ils avaient pu se lancer par le passé. A quoi bon lui rétorquer qu’il pouvait se montrer plus enthousiaste – ce ne serait qu’un reproche de plus, que l’italien prendrait sans doute mal, et qui ne ferait qu’attiser les ressentiments latents qui se faisaient encore ressentir entre les deux. Lorsque Livia se pencha vers la petite dans la poussette, Nino sembla se détendre quelques instants, surtout lorsque l’italienne se retrouva subjuguée par les petites mains tendues de l’enfant et ses yeux pétillants. Alors qu’elle se relevait, Nino précisa. « Elle s’appelle Lucia. C’est ma fille. » Livia se doutait bien que l’enfant n’était sans doute pas la fille du voisin, et pourtant, elle aurait pu imaginer des dizaines de possibilités quant à la vie actuelle de Nino… sauf la parentalité. Non pas qu’elle ne le considérait incapable de prendre soin d’un enfant, mais à l’époque où elle l’avait rencontré, sa vie était loin d’être stable – aussi peu que ses sautes d’humeur qui pouvaient partir de pas grand-chose. C’est ce que Livia avait retenu du comportement de Nino, son impétuosité, son indépendance et une certaine difficulté à accepter les remarques et les reproches. En revanche, pour avoir appris par la suite davantage de choses sur son passé, elle aimait à penser qu’il ne serait justement pas du genre à vouloir reproduire cet environnement instable pour ses propres enfants. Alors le voir là, avec sa poussette et sa fille toute bien habillée, cela donnait à Livia l’impression d’avoir un autre homme devant elle, qui avait fait un bond dans le temps. Même si au fond, elle ne savait rien de sa nouvelle vie.
Elle se doutait que si elle commençait à le harceler de questions – et à sous-entendre qu’elle était étonnée qu’il soit devenu père – il n’allait pas forcément apprécier l’interrogatoire. Et encore moins le fait qu’elle se permette d’avoir un avis sur sa capacité à être un parent. Plusieurs fois, elle avait eu l’occasion de s’interroger sur la conduite à tenir si elle recroisait Nino un jour, et elle s’était dit qu’il vaudrait mieux se montrer moins incisive qu’elle avait pu l’être par le passé, si elle voulait espérer lui reparler un jour. Cela dit, elle n’était pas certaine qu’il partage cette envie, au contraire. Alors, elle se contenta d’être évasive dans sa question, tout en essayant d’obtenir plus de détails, car elle était tout de même curieuse d’avoir des nouvelles de l’italien. Elle avait revu Vittorio peu de temps auparavant, et elle se prenait à espérer qu’elle pourrait peut-être apaiser ses relations avec les deux hommes à l’avenir. « Elle a l'air adorable. Elle a même pas un an et demi, non ? Tu t'en sors ? » En disant cela, elle regarda à nouveau la petite, dont le sourire angélique lui en tira un également. Elle n’avait absolument aucune idée s’il s’en occupait seul ou non, mais elle pouvait se mettre à sa place si c’était le cas, et espérait qu’il soit enclin à lui en dire plus – quoi qu’il en soit, elle ne pouvait que lui souhaiter que tout se passe bien pour lui de ce point de vue-là. Alors qu’elle terminait sa phrase, elle se mit à craindre qu’il puisse le prendre mal, comme si elle exprimait un doute sur sa capacité à être responsable. Mais Livia n’allait pas s’empêcher de dire quoi que ce soit – s’il décidait de tout prendre mal, elle ne pourrait rien faire, et n’allait pas non plus se jeter à ses pieds pour qu’il décide de se montrer un peu courtois.
Contre toute attente, il ne semblait pas trépigner d’impatience à l’idée qu’elle se taise pour qu’il puisse repartir, et l’interrogea même sur l’annonce qu’elle avait accrochée sur sa vitrine. « J’espère que tu cherches pas depuis que j’suis parti. J’dis pas ça pour revenir. » Non pas qu’elle s’attende à ce qu’il se propose, en effet. « Enfin, t’es vaccinée, j’pense. » Elle voudrait en rire, mais pourtant, la tension est encore suffisamment palpable entre eux pour qu’elle ne puisse pas se le permettre. Alors, elle se permet tout de même de sourire et de lâcher un petit rire soufflé qui en dit long. Inutile de remettre une couche de sarcasme et de reproches sur leur dernière conversation, qui en effet, ne s’est pas déroulée de la manière la plus polie qui existe. Elle se contente de hocher les épaules. « Non heureusement, j’ai mis l’annonce y a une semaine, un employé m’a lâché d’un coup. » Elle ne se permet pas de préciser « comme toi », car Nino le sait bien suffisamment tout seul. Au contraire, elle va même à l’encontre de ce qu’il semble penser. Il faisait bien son boulot, et même si son caractère le rendait assez inflexible face aux ordres, il était efficace. « Mais tant mieux, j’étais tombée sur un incapable et j’allais le renvoyer. Niveau boulot, toi j’avais rien à te reprocher. » Elle hésita, ne voulant pas relancer cette ancienne conversation, mais voulut tout de même ajouter. « Je me suis jamais excusée d’ailleurs. Désolée que ça se soit terminé comme ça. » Elle n’avait pas besoin de préciser, il se rappelait sans doute bien la manière dont elle l’avait presque accusé d’avoir volé dans la caisse. Sur le coup, elle se demandait si c’était lui, certes, mais elle lui laissait le bénéfice du doute et l’avait simplement interrogé. Puis, lorsqu’il l’avait mal pris, elle avait défendu sa position de propriétaire et de responsable du magasin, plutôt qu’essayer de calmer le jeu. Elle ne le regrettait pas, mais avec le recul, rien ne lui coûtait de s’excuser malgré tout. « J’espère que t’as trouvé autre chose après. » Et légal, de préférence. Elle l’espérait encore plus maintenant qu’elle avait devant les yeux ce petit être si fragile dont il avait la charge.
@Nino Marchetti
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| | | | (#)Mar 9 Juin 2020 - 0:39 | |
| On était loin de pouvoir dire que Nino avait une vie stable, on pouvait plutôt dire qu’elle était de moins en moins instable et qu’il tentait tant bien que mal de se racheter et de faire en sorte que sa fille puisse un jour pouvoir dire qu’elle est fiere de lui. Il souhaiterait tant qu’elle ignore tout de son passé et qu’elle n’apprenne jamais ses quelques passages en prison, ses gardes à vue à répétition, ses braquages, son passé de dealer et j’en passe. Nino souhaiterait vraiment préserver sa fille de tout ça mais en même temps, il ne pourrait jamais renier ses origines italiennes, son parcours à Scampia, son attachement à Naples. Sa vie la bas, son sang, sa mère, cet appartement dans lequel il avait grandi, sa vie avec Vittorio. Nino n’en était pas encore à réfléchir à comment tourner tout ça, sa fille était loin de comprendre et il avait encore quelques années devant lui avant d’aborder ce sujet. Mais il implorerait Dieu pour qu’elle ne porte jamais aucun jugement sur lui. Pour ça, la balle était dans son côté et tant qu’il ne marquait pas de but contre son camp, ca devrait bien se passer. Les yeux rivés sur sa fille, l’italien fu sortie de ses pensées lorsque Livia l’interpella à nouveau. « Elle a l'air adorable. Elle a même pas un an et demi, non ? Tu t'en sors ? » elle avait l’œil, lui qui était incapable d’estimer si un bébé venait de naitre ou s’il avait six mois, elle pouvait presque lui dire son âge exact. « 16 mois… » il comptait toujours dans sa tête avant de répondre. « j’ai jamais compris pourquoi on parlait en mois… » qu’il lâche. « Elle est née en janvier, l’année dernière. » et il avait pas vu ces 16 mois passés d’ailleurs. « J’l’ai pas souvent… » il avoue aussi. « Donc ça va. » sous-entendu que s’il l’avait à temps plein, ce serait bien plus galère pour lui. Là il pouvait apprendre à la connaitre petit à petit et en réalité, ca lui convenait bien comme ça. Il avait en quelques sortes les bons côtés d’être un père. Il dormait bien, il sortait comme il le voulait et de temps en temps, il devait garder et s’occuper de sa fille. Il le vivait jamais comme une contrainte en réalité, il était toujours content et s’il prévoyait quelques chose, il annulait sans problème. Il pouvait même dire que quand il voyait pas sa fille au bout de trois ou quatre jours, elle commençait à lui manquait. De plus en plus, il prenait des nouvelles auprès de Katherine. Nino se demande si l’annonce à l’entrée du magasin est récente ou si elle galère réellement depuis qu’il est partie, mais il se doute que la deuxième option est pas si proche de la réalité. « Non heureusement, j’ai mis l’annonce y a une semaine, un employé m’a lâché d’un coup. » il se demandait si Natacha était toujours dans l’coin, si elle bossait toujours là. « Mais tant mieux, j’étais tombée sur un incapable et j’allais le renvoyer. Niveau boulot, toi j’avais rien à te reprocher. » Hum, pas si sûre. « Et toujours des trous dans la caisses ? » des fois qu’elle pense toujours que ce soit lui qui s’amusait à la voler alors qu’il avait la réponse. Alors qu’il avait grillé Natacha, qu’elle avait laissé Livia l’accuser devant ses yeux sans jamais ouvrir sa bouche, en réalité, il se doutait qu’elle travaillait plus ici. Elle avait disparu de sa vie le jour ou lui-même avait quitté l’épicerie. Il n’avait plus eu envie de rester en contact avec elle alors que pourtant, il s’était bien entendu avec. Il avait rapidement compris pourquoi elle avait besoin de voler sa patronne. C’est pour ça que même s’il lui en avait voulu de le laisser prendre pour elle, il ne l’avait jamais balancé. Il risquait rien, il avait réussi à convaincre Liv qu’il y était pour rien, en s’énervant et ne la menaçant de démissionner, c’est sure, pas de la meilleure façon, mais elle l’avait finalement cru. Laissant planer le doute de qui était réellement derrière tout ça. « Je me suis jamais excusée d’ailleurs. Désolée que ça se soit terminé comme ça. » il hausse les épaules et s’apprête à répondre, pour clarifier une chose, mais elle relance aussi tôt. « J’espère que t’as trouvé autre chose après. » il repris alors ce qu’il voulait répondre en premier. « J’me suis pas barré parce que tu m’avais accusé. » qu’il préfère mettre sur la table, si c’est ce qu’elle pensait depuis. « J’me suis barré parce que j’ai pas supporté que tu sois la sœur de Vitto… » qu’il avoue. « Mais ouais, j’ai trouvé un autre taf. » rapidement, c’était peut être pas le mot, mais pour autant, il avait pas attendu des plombes non plus. « Et j'accepte, tes excuses.»
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| | | | (#)Dim 21 Juin 2020 - 17:29 | |
| Livia sourit lorsqu’elle comprit que Nino avait eu besoin de quelques instants pour compter le nombre de mois depuis la naissance de sa fille. « 16 mois… J’ai jamais compris pourquoi on parlait en mois… » A l’époque, elle-même avait vu son ex se perdre maintes et maintes fois dans les différents chiffres, étant parfaitement capable de donner la date de naissance exacte de leur fils, mais bien plus hésitant lorsqu’il s’agissait de convertir cela en mois passés. Le sourire de Livia s’agrandit à la remarque de Nino, qu’elle pouvait encore entendre Cameron lui faire également. « Elle est née en janvier, l’année dernière. J’l’ai pas souvent… Donc ça va. » Livia avait donc finalement eu sa réponse sans même avoir besoin de tourner autour de la question – de ce qu’elle en comprenait, Nino ne vivait pas avec la maman. Si on lui avait fait la remarque deux ans apparemment, elle n’aurait sûrement pas cru que la chose qu’ils partageraient un jour soit la monoparentalité. Si leurs relations avaient été plus apaisées, et qu’ils n’étaient pas littéralement tombés l’un sur l’autre après des mois de silence radio, elle l’aurait interrogé plus longuement, sincèrement curieuse de savoir comment il pouvait gérer la petite, et à quoi sa vie pouvait bien ressembler désormais. Elle se freinait de ne pas déballer à quel point elle aurait aimé le connaitre, maintenant que le destin semblait lui donner le feu vert pour se rapprocher à nouveau des deux italiens qu’elle avait réellement pensé ne plus revoir. Pour autant, elle ne voulait pas faire la même erreur que par le passé – se jeter à corps perdu dans ces relations en pensant que la ‘famille’ passerait avant tout et balayerait les différences, les conflits et les non-dits déjà existants. Elle ne voulait pas paraître insistante, à la fois pour ne pas faire fuir Nino, mais également pour se protéger elle-même d’une prochaine déception, au cas-où il décide que cette entrevue ne suffirait pas à ce qu’il change d’avis à son sujet. « Tant mieux, je suis contente pour toi. » Pour autant, sans se montrer trop intrusive, elle pouvait bien lui donner de ses propres nouvelles, et lui montrait qu’elle comprenait – au moins en quelque sorte – ce qu’il pouvait vivre. « Ça fait un an que je partage la garde de Gabriele aussi, une semaine sur deux. Seule à temps plein j’aurais du mal je pense. » Nul besoin de donner plus de détails, il aurait vite fait de faire un plus un et de comprendre qu’elle s’était séparée entre temps.
Au sujet de l’épicerie, Nino ne sembla pas vouloir l’épargner, et n’avait aucun scrupule à ressasser ce qui avait pu faire couler autant d’encre à l’époque – alors que pourtant, elle avait tenté de ne pas aborder le sujet, du moins pas de cette manière-là. « Et toujours des trous dans la caisse ? » Livia ne savait pas trop si elle devait sourire, s’esclaffer devant la plaisanterie beaucoup trop ironique pour être innocente, se renfrogner, ou balayer cette histoire d’un revers de main. A défaut, elle ne choisit aucune de ces options et opta pour la vérité. « Heureusement non. Natacha a fini par m’avouer que c’était elle. » En réalité, Livia ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Ayant réalisé qu’il y avait peu de chances qu’il s’agisse de Nino, il ne restait plus vraiment beaucoup d’autres possibilités. Elle avait fini par acculer Natacha sur la question, devant laquelle cette dernière avait fini par craquer – peut-être plus par culpabilité envers Nino qu’envers Livia, d’ailleurs. « J’me suis pas barré parce que tu m’avais accusé. J’me suis barré parce que j’ai pas supporté que tu sois la sœur de Vitto… » Le vrai problème était là, et à l’époque elle l’avait bien compris, même si elle n’avait pas voulu croire qu’il puisse être si fermé à l’idée de son identité qu’il préfère se tirer et ne plus la voir. Après tout, ce n’était ni de sa faute à elle, ni de la faute de Vitto, si ces derniers partageait le même père. « Mais ouais, j’ai trouvé un autre taf. Et j'accepte, tes excuses. » Avec ces derniers mots, il semblait faire un pas vers elle, qu’elle n’avait même osé espérer. Elle lui sourit, estimant que le sujet était clos et qu’il ne servait à rien qu’elle se répande en excuses supplémentaires. Cela agacerait sûrement l’italien, et Livia resterait campée sur l’idée qu’elle n’avait pas non plus réellement mal agi – elle aurait juste peut-être pu le faire différemment. Mais après tout, elle avait désormais la confirmation que le problème principal n’était pas cette affaire de caisse, mais tout simplement sa personne. Que pouvait-elle bien changer à cela ? Ne sachant pas réellement comment aborder la question, elle se contenta de rebondir sur la facilité. « Tu bosses où maintenant ? » Ce ne fut qu’ensuite qu’elle trouva le courage de s’attaquer à la partie plus compliquée. « J’avais pas revu Vitto depuis aussi longtemps que toi, mais je l’ai croisé récemment, puis elle ajouta, pour diminuer l’importance et le choc possible de ce qu’elle était en train de dire, vite fait, juste une fois. » Elle se priva bien de préciser qu’elle ne l’avait pas croisé par hasard, et que c’était lui qui avait fait la démarche de venir à elle. Même si elle n’avait aucune idée d’où en étaient les deux frères, et la dernière chose qu’elle voulait était de se mettre entre eux à nouveau. Elle ne savait pas réellement ce que Nino ne supportait pas dans le fait qu'elle soit la soeur de Vitto, mais elle aurait voulu avoir le courage de lui dire qu'elle n'avait jamais souhaité prendre sa place, ou quoi qu'il ait pu imaginer.
@Nino Marchetti
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| | | | (#)Lun 29 Juin 2020 - 12:52 | |
| La façon de s’exprimer de l’italien quant à sa fille, pouvait porter à confusion. A l’entendre, on pourrait penser que moins il voyait Lucia, mieux il se portant, mais c’était pas l’idée. Il le pensait pas du tout, bien sûr que s’il le pouvait, il ferait en sorte de la voir plus souvent, mais l’italien flippait tellement de pas savoir comment s’en sortir, que finalement, il était plus rassuré quand il la savait plus souvent avec sa mère. Entre de bonnes mains. Katherine s’en sortait bien mieux que lui, l’instinct maternelle, c’était comme inné chez elle alors que lui, il tâtait, il était encore maladroit. Mais, il apprenait. Pour l’instant, cette garde en alternance, à temps partiel, ca lui convenait très bien. Il voyait sa fille pousser, il l’entendait dire quelques mots de temps en temps ou du moins ce qui y ressemblait. Katherine s’était vanté qu’elle ai déjà dis maman une ou deux fois mais lui attendait toujours son tour. En même temps, il devait avouer qu’il ne la stimulait pas suffisamment pour la pousser à parler, bien que de temps en temps il s’adressait à elle en italien. Si seulement, elle pouvait parler quelques mots de sa langue natale, ce serait le plus beau cadeau pour Nino. « Ça fait un an que je partage la garde de Gabriele aussi, une semaine sur deux. Seule à temps plein j’aurais du mal je pense. » Ah, il venait d’apprendre que la demoiselle s’était séparée de son mari depuis qu’il avait quitté l’épicerie. Et maintenant, ils étaient dans le même camp. Les parents solo comme on dit. Mais il se doutait qu’elle gérait bien mieux que lui. « Bienvenue au club. » qui l’aurait cru, qu’un jour, ils feraient de nouveau équipe. « J’espère que c’est pas trop la galère. » il hausse les épaules, compatissant, mais il se faisait pas tant de soucis pour elle. Concernant l’épicerie, l’italien s’était montré curieux et ne pouvait pas s’empêcher de refaire savoir à Livia qu’il n’y était pour rien dans la disparition d’argent dans sa caisse. « Heureusement non. Natacha a fini par m’avouer que c’était elle. » Ah, elle avait fini par assumer. Il n’avait plus aucune nouvelle de Natacha, voyant qu’elle était prête à se laisser accuser à sa place, il avait mal avalé qu’elle le regarde perdre son taff suite à des accusations sans rien dire en retour. Heureusement, Livia avait accordé une seconde chance à l’italien mais, il était quand même partie rapidement après tout ça, bien avant Natacha. Il n’allait pas surenchérie même si ca lui brulait les lèvres de lui dire qu’il était pas toujours bon de ne se fier qu’aux apparences. Car on aurait donné le bon dieu sans confession à Natacha et personne ne l’aurait soupçonné effectivement, alors que l’italien avec sa tête de mec pas tendre, c’était une accusation facile. « Tu bosses où maintenant ? » « A l’association Beauregard. T’sais, pour les malades, ceux qui ont l’cancer. » pas de confusion possible, l’italien n’y était pas pour soigner. « J’fais les ptits travaux à droite et à gauche. C’est cool, les gens sont sympa. » et s’il avait pensé à lâcher son poste parce qu’il s’agissait de la famille de Katherine, finalement, s’il devait partir, c’est parce qu’on le foutrait à la porte. Et même la nouvelle directrice de l’association avait rien à voir avec les Beauregard, c’était bien moins génant que l’époque ou c’était son frère qui avait les reines. « J’avais pas revu Vitto depuis aussi longtemps que toi, mais je l’ai croisé récemment, vite fait, juste une fois. » le destin avait fini par remettre les deux frères sur le chemin de la brune en peu de temps. « Il m’a pas dit. » mais en même temps, les frangins s’étaient pas revu récemment, pas depuis que Vitto avait proposé à Nino de mettre son nom sur la tombe de Vince pour le faire passer pour Mort à Scampia et qu’on lui foute enfin la paix. « J’ai cru que s’il était partie de Naples pour venir à Brisbane, c’était pour toi. » qu’il avoua, histoire de remettre les choses à leur place et de justifier sa réaction. L’italien s’était senti abandonné par son frère alors qu’il avait réellement besoin de lui à cette periode-là. Et il avait assembler les informations sans doute un peu trop vite, créant un sentiment de jalousie qu’il avait eu du mal à contrôler.
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| | | | (#)Mar 21 Juil 2020 - 12:35 | |
| Nino avait beau avoir fait un pas vers elle en la saluant plutôt qu’en déguerpissant sans demander sans reste, il semblait tout de même toujours connaître la même limite à sa compassion. Livia venait de lui avouer qu’elle s’était séparée, et plutôt que d’ouvrir des yeux étonnés - car même la jeune maman n’aurait pas imaginé quelques années auparavant se retrouver dans cette situation - il avait lâché un « Bienvenue au club » qui n’était certes pas faux, mais qui ne se répandait pas en sentiments. Cependant, si Livia se montrait aussi précautionneuse avec lui et n’osait pas l’interroger davantage sur sa vie privée, il y avait peu de raisons que lui se montre soudainement curieux. Le premier pas entre eux était fait, mais la route allait être longue si Livia espérait le revoir - et pas sous le coup de la contrainte, cette fois. « J’espère que c’est pas trop la galère. » Alors qu’il haussait les épaules, elle lui offrit un sourire quelque peu contraint - car non, ce n’était pas galère, mais la situation ne la ravissait pas pour autant. Elle n’avait gardé aucune de ses familles, et toutes s’étaient effritées les unes après les autres - au point qu’elle en arrive à se demander ce qu’elle pouvait bien faire de mal, alors qu’elle était persuadée de toujours tenter d’agir au moins avec ceux qui l’entouraient. « J’ai pris mon rythme. » Elle hocha à son tour les épaules tout en ne se départissant pas de son sourire - après tout, il l’avait côtoyée durant un moment, et devait sans doute savoir qu’elle n’était pas du genre à baisser les bras à la première difficulté. S’il lui avait proposé son aide ou demandé davantage de détails, c’est plutôt là qu’elle se serait inquiétée au point de se demander où pouvait bien être passé le Nino qu’elle connaissait - plus indépendant, plus individualiste, plus dur aussi, mais elle pouvait comprendre tout cela à cause de son histoire qui différait tant de la sienne.
Il avait tout de même bien rebondi après avoir quitté l’épicerie, et elle était heureuse de l’entendre. « A l’association Beauregard. T’sais, pour les malades, ceux qui ont l’cancer. » Elle leva un sourcil étonné, se demandant ce qu’il pouvait bien faire dans une association - elle ne l’avait jamais vraiment considéré du genre charitable. « J’fais les ptits travaux à droite et à gauche. C’est cool, les gens sont sympa. » Livia recouvra son sourire, car il s’agissait presque des premiers mots qu’il prononçait à son égard sans sembler y être forcé - pour que Nino qualifie les gens de ‘sympa’, il devait vraiment avoir trouvé sa place là-bas, car elle doutait qu’à l’époque où il travaillait pour elle, il l’ait qualifiée de ‘sympa’. « Je connais de nom, oui. J’avais pensé à faire un peu de bénévolat là-bas, d’ailleurs. » Mais maintenant qu’elle savait qu’il s’agissait du terrain de Nino, elle y réfléchirait peut-être à deux fois, histoire de ne pas sembler trop pressante. « Je suis contente pour toi, vraiment. » S’il semblait avoir fait sa vie ici, elle imaginait qu’il était peut-être parti pour rester en Australie, lui aussi. « Tu prévois pas de rentrer en Italie du coup, j’imagine ? » Les raisons qui avaient poussé le jeune italien à franchir l’océan comme l’avait fait Vitto lui avaient toujours semblées très floues, et elle ne savait donc pas bien si cet exil était fait pour durer - même si force était de constater que cela faisait maintenant plusieurs années qu’il était là, et qu’il y avait fait sa vie, en quelque sorte. Un peu comme Vitto, qui lui avait confié lorsqu’il était passée la voir quelques semaines auparavant qu’il n’avait pas prévu de repartir - ce qui avait ravi la jeune femme, même si elle ne lui avait pas montré à ce moment-là. « Il m’a pas dit. » Livia se garda bien de faire le moindre commentaire, ne voulant pas mettre les pieds là où elle ne contrôlerait plus rien - ce que disait ou non Vitto à son frère ne la regardait pas, mais elle ne comptait pas mentir pour protéger ses propres traces alors qu’elle n’avait rien fait de mal. « On s’est vus qu'une fois, rapidement. » Qu’elle rassure Nino, les effusions de sentiments n’avaient pas non plus été au programme. « J’espère que depuis le temps vous finissez plus au commissariat tous les deux. » A son tour de remuer le couteau dans la plaie, mais elle l’avait fait en souriant et sans mauvaises intentions. Car si elle voulait un jour avoir la chance de repartir de zéro - ou presque - avec les deux italiens, il fallait crever les abcès, elle en était convaincue. « J’ai cru que s’il était parti de Naples pour venir à Brisbane, c’était pour toi. » Livia était bien mal placée pour savoir ce qui avait vraiment poussé Vitto à quitter l’Italie, et ce dernier ne lui avait pas vraiment expliqué point par point les raisons de son arrivée en Australie, car il était un peu trop occupé à la blâmer pour à peu près tous les problèmes de sa vie. « J’en sais rien, Nino. J’avais rien demandé à personne tu sais, et je me suis retrouvée du jour au lendemain avec un demi-frère que je connaissais pas mais qui m’en voulait pour des trucs que je ne savais même pas. » Alors loin d’elle l’idée que Vitto ait pu la choisir aux dépens de Nino, d’autant plus qu’elle ne connaissait même pas son existence à ce moment-là. « J’ai jamais voulu l’éloigner de toi. » Au cas-où il en ait un jour douté. Non, elle ne savait rien à l’époque, et c’était ce qui avait constitué la succession d’évènements d’autant plus difficile à gérer, et avait fini par mener à une coupure presque définitive avec les deux frères. « Mais finalement je suis contente qu’il soit venu jusqu’ici. Et toi aussi. » Elle le fixa dans les yeux, réellement sincère. Malgré les mois qui s’étaient écoulés, et la rancoeur qu’elle pouvait ressentir envers Vitto, elle n’avait jamais trop tenu rigueur à Nino de son comportement, qu’elle pouvait presque comprendre.
@Nino Marchetti
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| | | | (#)Lun 24 Aoû 2020 - 19:15 | |
| Il savait pas bien s’il pouvait comparer sa situation à celle de Livia, s’il pouvait trouver en elle comme une alliée qui allait peut être pouvoir se mettre dans ses pompes pour le comprendre un peu. Mais il se doutait bien que la situation avait pas grand-chose en commun. Elle avait sans doute choisi d’avoir ce môme, sans doute décidé de le concevoir avec le père, même si elle était plus avec. Alors que Nino avait souvent eu l’impression d’être la victime de l’histoire, de s’être fait avoir par Katherine puisque pour lui, elle était la seule fautive de cette grossesse. Elle ne se protégeait pas, elle n’avait pas fait attention. Lui, se retirait toute responsabilité bien qu’on lui avait fait la morale à plusieurs reprises sur ce sujet. Ok, il admettait qu’il fallait être deux pour faire un mome, mais quand même, lui il n’avait pas d’utérus et donc, ce n’était pas à lui d’y faire attention. Pour autant, il avait assumé son rôle – assumer pouvait être un grand mot pour certains mais lui, il le ressentait vraiment comme ça – et il était présent – a petite dose – et souhaitait voir sa fille grandir et pouvoir être là pour elle. Il savait bien qu’il lui offrirait sans doute pas une vie de rêve et c’est bien pour ça qu’il comptait à cent pour cent sur les Beauregard et leurs frics pour s’assurer du confort de Lucia. Ca l’ecorchait un peu de dire ça, mais il avait pas d’autres choix. Même s’il travaillait à l’association Beauregard, faut pas se faire d’idée, il est employé polyvalent, sans diplôme et son salaire lui sert tout juste à payer son loyer et sa bouffe. Il peut rarement faire d’activités superflues et quand il s’y autorise, c’est après avoir arnaquer quelques touristes en soif d’adrénaline dans les caves qui organisent des combats de boxe illégaux. Son petit plaisir, toujours en duo avec Ariane, ils se partageaient le butin et c’était le petit bonus pour le mois. « Je connais de nom, oui. J’avais pensé à faire un peu de bénévolat là-bas, d’ailleurs. » il hocha la tête, se demandant si l’idée était toujours d’actualité. Se demandant si c’était vrai ou si elle disait ça pour le faire un peu réagir. Il haussa les épaules, finalement, il croisait pas souvent les bénévoles ou si c’était le cas, il avait pas grand-chose à voir avec eux. « Y a toujours besoin d’bénévole… si j’ai bien compris. » parce qu’il parait qu’il y a toujours autant de malade et que l’cancer était pas prêt à perdre totalement la guerre. « Je suis contente pour toi, vraiment. » contente qu’il nettoie des chiottes ? Contente qu’il remplace des ampoules ? Contente qu’il répare des tringles de rideaux tombées à cause de sales mômes qui tiraient dessus tout l’temps ? Ah, bon il avait beau se plaindre l’italien, mais il devait admettre qu’il n’était pas trop mal logé et surtout, personne venait l’emmerder. « Tu prévois pas de rentrer en Italie du coup, j’imagine ? » il secoua la tête même si cette réponse lui faisait toujours un pincement au cœur. « C’est pas au programme. » parce qu’il peut juste pas rentrer en fait, parce que si il met un pied sur le sol italien, il peut être sûre qu’il sera un homme mort dans les vingt-quatre heures qui suivront son arrivée. Mais Livia avait pas besoin de connaitre les détails sur sa décision, enfin, c’était pas sa décision, il avait pas vraiment l’choix. Il allait se cacher derrière le fait que maintenant qu’il avec Lucia, il partirait pour rien au monde, à moins de pouvoir l’emmener avec lui, mais ça l’arrangeait bien que ça non plus, ce soit pas possible. « J’attends la réponse des administrations pour avoir la nationalité… » Australienne, sous-entendu. Il espérait vraiment qu’on lui accorde cette chance et qu’ensuite, il ai plus besoin de transpirer à chaque contrôle d’identité, parce que maintenant, sa présence en Australie était plus vraiment régulière. Il avait au moins un document sur lui disant qu’il avait déposer la demande. C’était au moins ça. « J’espère que depuis le temps vous finissez plus au commissariat tous les deux. » la remarque fit sourire l’italien, pas peu fier de cette fin de soirée derrière les barreaux en compagnie de son ainé, pour une fois, qu’ils étaient tous les deux du même côté d’ailleurs. « Nan, c’est d’l’histoire ancienne. » quand même, depuis, de l’eau avait coulé sous les ponts. Ils avaient presque fait la paix même. « J’en sais rien, Nino. J’avais rien demandé à personne tu sais, et je me suis retrouvée du jour au lendemain avec un demi-frère que je connaissais pas mais qui m’en voulait pour des trucs que je ne savais même pas. » C’est qu’ils sont rancuniers dans la famille, Marchetti ou Giovinazzo, même combat. Ils tenaient pourtant pas ça de leur mère. C’était sans doute, parce qu’elle semblait pas être assez rancunière, qu’ils l’étaient tous les deux pour elle. « J’ai jamais voulu l’éloigner de toi. » Nino avait fait un amalgame, transférant sur Livia une colère dont elle n’était pas responsable. Il lui en avait voulu de manière non légitime et pourtant, il savait bien à quel point le père de Nino et celui de Vito étaient peu fiables, c’était surement la caractéristique commune à tous les mecs qui avaient mis sa mère en cloque. « Mais finalement je suis contente qu’il soit venu jusqu’ici. Et toi aussi. » il croisa le regard de Livia, celui qu’il connaissait bien, l’empathie, la bienveillance. Celui qu’il recherchait quand il travaillait ici même s’il avait du mal à lui rendre la pareille. « J’sais que t’y es pour rien. » qu’il répond quand même, comme si c’était sa manière de s’excuser. « J’crois qu’aussi, si y a quelqu’un dont il voulait s’éloigner, c’était de moi et mes emmerdes. » parce que l’erreur du Marchetti était irréparable cette fois ci. « J’ai jamais cherché à avoir une famille parfaite. » de même avec tous les efforts du monde, il y serait jamais parvenu. Impossible avec les énergumènes qui la composent. « J’crois que t’es celle qui est la plus équilibrée dans tout c’bordel. » Il regarda Lucia qui semblait s’impatienter dans sa poussette en gigotant dans tous les sens. « Ca ferait pas d’mal, une nana la d’dans. » est ce qu’il était entrain de lui dire que finalement, il était prêt à accepter le lien qui la liait réellement à Vitto et donc indirectement à lui ? « Enfin, j’vais pas tarder, Miss Beauregard est en train de perdre patience ! et sa mère va s’inquiéter… »
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| | | | (#)Mar 8 Sep 2020 - 19:18 | |
| Livia ne voulait pas s’imposer et s’affranchir de la distance qui la séparait de Nino depuis des longs mois déjà. Cette distance qui avait tout d’une distance de sécurité, que l’italien n’avait visiblement jamais tenté de réduire, pas même aujourd’hui alors qu’il ne semblait pas avoir réellement prévu de tomber sur elle. Alors, elle préférait ne pas se montrer insistante, car elle n’était pas vraiment certaine que Nino souhaite la revoir après ça - ce qui risquait d’être encore moins le cas si elle voulait aller trop vite, le ré-intégrer à sa vie après toutes ces histoires qui avaient pourtant laissé des traces autant chez elle que chez lui, sans doute. “Y a toujours besoin d’bénévole… si j’ai bien compris.” Elle se contenta de sourire, car cela aurait été bien trop rapide de sauter sur l’occasion, mais elle retenait néanmoins que Nino ne semblait pas l’avoir renvoyé au loin lorsqu’elle avait mentionné sa volonté de se lancer dans l’associatif, notamment à la fondation. Ce n’était peut-être rien, mais aux yeux de l’italienne, cela signifiait que l’homme ne la détestait pas, ou du moins ne la détestait plus. Et quand bien même cela ne mènerait peut-être pas à une paix, Livia pourrait au moins se consoler en sachant que les relations s’étaient apaisées, et que la dernière image qu’elle aurait de Nino serait différente de l’ancienne. “C’est pas au programme.” Comme Vittorio, visiblement. Livia aurait bien voulu ajouter qu’ils auraient peut-être l’occasion de se revoir, mais elle se retint une nouvelle fois de se montrer trop pressante, heureuse qu’elle était de recroiser l’italien à nouveau. “J’attends la réponse des administrations pour avoir la nationalité…” Autant dire que vu la tête que tirait Nino, les démarches ne semblaient pas n’être qu’une formalité dont il était déjà certain de la réponse. “Si je peux faire quoi que ce soit, n’hésite pas.” L’italienne doutait d’être d’une grande aide dans cette demande qu’elle avait aussi eu à faire des années auparavant, d’autant plus car elle n’avait aucun réel lien de parenté avec Nino. Cependant, cela ne l’empêchait pas de proposer son aide, car elle l’avait toujours fait envers Nino, qu’elle considérait pourtant comme un membre à part entière de sa famille étendue, ou plutôt inconnue.
Elle se permit néanmoins de se montrer un peu plus vindicative en ce qui concernait les deux frères, maintenant que la pilule semblait être passée quant au fait qu’elle avait revu Vittorio. Nino avait visiblement calmé ses velléités de conflit quant à la relation qui unissait son frère à Livia, et qui était en soit la même que la sienne, même si la jeune femme n’aurait jamais clamé pouvoir être aussi proche de Vittorio qu’il ne l’était. Elle n’avait pas grandi avec lui, et ne le connaissait même pas davantage qu’elle connaissait Nino - peut-être moins, même. “Nan, c’est d’l’histoire ancienne.” Elle aurait ri si l’image des deux hommes au commissariat n’était pas gravé dans sa mémoire, tant leurs échanges avaient été vindicatifs et durs cette nuit-là. Une moue moqueuse étira néanmoins ses lèvres tandis qu’elle hochait la tête - au moins, elle n’aurait plus à s’inquiéter de devoir les récupérer tous les deux en cellule. Cependant, elle se sentit obligée de s’expliquer auprès de Nino, de lui rappeler que même si elle avait recroisé Vittorio, elle ne comptait pas se mettre au milieu de la relation des deux frères - qu’après tout, elle n’était qu’une pièce rapportée, une pièce qui avait déjà une famille et s’en était découverte une autre sans le vouloir. Elle n’avait jamais rien pris pour acquis, à part le fait de vouloir connaître Vittorio et Nino, de la manière la plus bienveillante possible - ce qui lui avait moyennement réussi et l’avoir plutôt attirée dans une spirale difficile lorsqu’ils lui avaient tous les deux claqué la porte au nez. “J’sais que t’y es pour rien. J’crois qu’aussi, si y a quelqu’un dont il voulait s’éloigner, c’était de moi et mes emmerdes.” Elle aurait voulu dire quelque chose, mais la vérité était qu’elle ne connaissait que peu Nino - et du peu qu’elle savait, elle pouvait imaginer qu’il se soit fichu dans ses emmerdes pas possibles dont n’importe qui voudrait s’éloigner, malheureusement. “J’ai jamais cherché à avoir une famille parfaite.” “Moi non plus.” Que cela soit clair une bonne fois pour toutes - elle ne cherchait pas les frères parfaits, mais elle ne pouvait simplement les rayer de sa vie après avoir découvert leur existence, quand bien même leurs vies avaient été des exacts opposés. “J’crois que t’es celle qui est la plus équilibrée dans tout c’bordel.” Si sa vie n’était pas parfaite, elle pouvait néanmoins se targuer de la trouver équilibrée, et la remarque de Nino lui tira un sourire. “Ça ferait pas d’mal, une nana la d’dans.” Elle suivit le regard de l’italien qui se posait sur Lucia qui commençait à s’agiter. Elle ne voulait pas réagir trop vite, mais une lueur s’éclaira dans son regard en prenant conscience de l’ampleur des mots de l’italien. Nino était plutôt avare de sentiments, et même de paroles - du moins dans ses souvenirs - alors elle doutait qu’il ait lancé ça à la légère. “Enfin, j’vais pas tarder, Miss Beauregard est en train de perdre patience ! Et sa mère va s’inquiéter…” Beauregard ? Comme Ezra ? Prise de court et assaillie de bien trop de questions, Livia s’écarta d’un pas. “Oui bien sûr, je te retiens pas plus.” Pourtant, elle aurait pu le retenir encore de longues minutes, le temps de mettre des réponses sur toutes les questions qui venaient à elle. Beauregard, vraiment ? Elle lança néanmoins une bouteille à la mer qui faisait écho à l’espoir que venait de distiller Nino dans son esprit. “Si tu as besoin que je garde Lucia un jour, n’hésite pas.” Ou même s’il voulait la voir sans la petite, évidemment, mais l’excuse était parfaite. “J’ai pas changé de numéro depuis.” Depuis leur dernière rencontre, depuis les insultes et les cris, mais Livia ne voulait pas revenir dessus. Elle espérait juste qu’autant de temps ne passerait pas avant de le revoir à nouveau, tandis qu’elle le regardait s’éloigner, une moue indéchiffrable sur les lèvres.
@Nino Marchetti
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| | | | | | | | Des retrouvailles - Livia & Nino |
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