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 je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina)

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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyMar 7 Avr - 18:21

La vérité, c’est qu’Irina s’ennuyait. On avait vite fait le tour d’une maison à un étage dont la plupart des pièces étaient vacantes de distractions dépassant la nécessité pure, et lancer des bâtons à Caillou qui n’avait toujours pas appris à rapporter et qui se contentait de les briser en deux dans sa gueule était rapidement devenu lassant. Voilà, somme toute, ce qu’était le confinement pour Irina : un vaste emmerdement duquel elle n’arrivait pas à s’extirper. Lire Ulysses de James Joyce pour la troisième fois avait sûrement un rapport avec le sentiment flagrant de léthargie qui s’était emparée d’elle pour ne plus la lâcher. Bon, par confinement, il fallait nuancer : ce n’était pas le laboratoire entier qui était à l’arrêt, ni même la ville - c’était surtout elle, à qui on avait donné deux semaines de congés soi-disant bien méritées pour lui permettre de se remettre des émotions de sa convocation au poste de police et de la perquisition qui avait retourné son domicile sens dessus dessous. Au ton très précautionneux de ses supérieurs, soucieux de ne pas froisser la benjamine de l’équipe, c’était plutôt pour éloigner le labo de possibles complications impliquant des fouilles dans leur budget et leur réglementation hygiénique pas complètement aux normes. Le refuge, par “mesure de protection des pris en charge”, lui avait plus ou moins conseillé de rester chez elle le temps que ça se tasse.
De fait, trois jours après la nuit mouvementée, Irina avait un peu fait le tour du concept de vacances : relire des vieux bouquins, appeler sa mère qui ne savait absolument pas comment prendre un appel vidéo sans le cadrer sur son double menton, essayer le bouton spa de la baignoire, exploré les tréfonds du porno serbe et raconter ses griefs à Caillou, qui lui aussi, se faisait profondément chier.

Mais tout allait changer.

Tout aller changer grâce à Mira, qui l’avait appelée en panique, après des mois sans nouvelle (ce qu’Irina avait à peine remarqué, par ailleurs), pour lui annoncer que ses rats étaient morts, et qu’elle ne comprenait pas pourquoi, parce que ça ne faisait que quatre mois, ils étaient en forme, ils mangeaient bien, ils dormaient normalement, yada yada yada. Bref : une demi-heure de diagnostic maison effectué au bout de la ligne et Mira lui demandait enfin si elle pouvait venir, recevoir une expertise un peu plus précise, peut-être une idée de l’origine du décès. Irina lui aurait bien précisé qu’elle n’était qu’entomologiste, et que son habilité à réaliser une autopsie s’arrêtait à une base de cours de science qui remontait à trop loin, mais elle était bien trop contente qu’on lui demande son aide et surtout, qu’on la tire de sa solitude. A la nouvelle, elle avait donc sauté de son canapé et s’était habillée exprès, prête à faire sa meilleure impression à l’amie qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps et à ses deux rats morts.

Salut”, l’avait-elle accueillie sans plus de cérémonie en ouvrant sa porte. “Ca fait longtemps.

Caillou, à ses pieds, est beaucoup plus expressif : il accueille la nouvelle venue avec des aboiements d’ado qui mue, queue prête à se démancher sous la surcharge de mouvements, un trait de pipi quittant sa vessie pour asperger l’entrée. “Pardon, il ne sait pas dire bonjour normalement.” Laconique, la jeune femme invite son amie à rentrer dans la maison et à s’installer, pendant qu’elle va chercher la serpillière pour ramasser le trop-plein d’émotions de son chien. “C’est Caillou. Je sais pas si tu l’avais déjà vu.” A peine un an qu’elle avait le terrible molosse à la vessie incontrôlable : l’éducation n’était pas encore parfaite. La Russe éponge et nettoie la flaque dispersée dans l’entrée, retourner rincer la serpillière et revient avec deux bières, comme si c’était l’heure du goûter. “Alors, ces rats ?

@mira brown
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptySam 11 Avr - 1:44

J’ai quand même dû demander à Achibald de me filer une de ses boîtes de chaussures parce que les miennes étaient trop petites pour que Many et Sid soient allongés l’un à côté de l’autre sans avoir l’impression qu’ils se grimpent dessus. Il est bien gentil de m’avoir attendu avant de se rendre au boulot, j’espère que Gregory sera pas trop chiant avec lui, son boss peut s’avérer être réellement con quand il le voulait et Archibald méritait clairement pas ça. Enfin, pas le Archibald que je connaissais en tous cas. Pendant mon aller-retour express de chez lui à chez moi, j’appelle quand même le labo pour prévenir les autres chercheurs que je serais pas là aujourd’hui, la directrice est en séminaire à Melbourne et elle ne rentre pas avant deux jours, donc je suis tranquille. Toute façon j’avais pas prévu de grandes expérimentations pour aujourd’hui, rien qui ne puisse pas être reporté pour demain. Pas comme l’enterrement de Many et Sid : je vais clairement pas les laisser au frigo en attendant le weekend. Surtout si je veux qu’Irina me trouve la cause de leur décès, parce que je trouve ça quand même super étrange qu’ils aient clamsé en même temps et sans raison apparente. La demi-heure qu’on a passée au téléphone m’a pas vraiment satisfaite, je pense que si elle peut les ouvrir pour chercher le fond du problème, ce sera carrément mieux, moi-même je me sentirais mieux de savoir si j’ai fait quelque chose de mal pour que mes deux rats crèvent aussi jeunes. Ils devaient pas vivre deux ans normalement ? Comment ça se fait qu’au bout de quatre mois à peine je me retrouve avec deux rongeurs morts ?

La petite (plutôt grande) boîte qui contient Many et Sid est toute prête dans l’entrée, il me reste plus qu’à enfiler mes chaussures et ma veste puis de choper le bus et de mettre plus d’une heure avant d’arriver chez l’autre creepy.

Alors que je me dirige vers l’arrêt de bus, je me rends compte que je fais vraiment attention sur le chemin, de façon à ce que mes deux bébés ne soient pas trop secoués. C’est con, parce qu’ils sont morts, mais j’arriverais sans doute jamais à me défaire de ce réflexe. Ca aurait été plus simple si je les avais foutu dans leur cage de transport, mais les gens auraient certainement pris peur en voyant deux rats morts là-dedans, et contrairement à Irina, moi je suis plutôt le genre de nana à me soucier de l’avis des autres. Après une grosse heure et demie, j’arrive finalement chez celle que je peux considérer comme mon amie d’enfance. Elle a dû me guetter par la fenêtre parce que j’ai même pas le temps de frapper à sa porte qu’elle m’ouvre déjà. "Salut. Ca fait longtemps." Oui, ça faisait depuis que je suis partie de Brisbane en fait, mais ni elle ni moi n’avions l’air de s’en soucier plus que ça. C’est un peu comme ça entre nous, ça va, ça vient. Parfois on se voit plusieurs jours par semaine, d’autres fois on se croise pas pendant plusieurs mois, mais on s’y accommode. « Yes, ça fait plus d’un an et demi. » que je réponds en lui faisant un bisou sur la joue, avant de me rendre compte qu’il y a un chien à ses pieds, qui pisse d’ailleurs dans l’entrée. "Pardon, il ne sait pas dire bonjour normalement. " Moi ça me fait rire, je trouve ça beaucoup trop mignon. Je me baisse alors pour lui donner une (plusieurs) grosse caresse sur la tête, et il a l’air tout content de voir une nouvelle tête souriante, il doit pas en recevoir beaucoup des sourires avec Irina. « Mais bonjour toi, t’es tout mignon, t’es tout bébé, oh t’es trop beau. » Je gazouille devant lui comme n’importe qui le ferait avec un bébé, à l’exception que c’est avec un chien que je le fais. Je suis quand même plus à l’aise avec les animaux qu’avec les bébés. Irina m’invite à rentrer et c’est tout naturellement que je me dirige vers son salon pour déposer la boîte de chaussures sur la table. J’en profite pour ouvrir le couvercle pour observer mes deux rongeurs, et leur donner une petite caresse à chacun sur leur ventre tout froid. "C’est Caillou. Je sais pas si tu l’avais déjà vu." gueule Irina alors qu’elle est sans doute en train de prendre quelque chose pour nettoyer la pisse du chien. « Nope je l’ai jamais vu, ça fait quasi deux ans que je suis partie je te rappelle. » Je me raccroche à ce chien qui revient réclamer de l'attention pour contenir mes larmes qui n’ont pas encore coulé depuis ce matin, et je me focalise surtout sur mes interrogations : pourquoi sont-ils morts ? Ca me permet de garder mon esprit occupé et de ne pas chialer comme une conne pour des rats. "Alors, ces rats ? " Irina revient avec deux bières à la main, comme si elle avait compris que j’avais besoin de noyer mon chagrin quelque part. Le chien et les bières, c’est pas mal comme solution du coup. « Ben je comprends pas… Ils étaient vraiment en bonne santé. Je comprends pas pourquoi ils ont clamsé du jour au lendemain. Hier soir je jouais encore avec eux, je t’assure. Ils se promenaient dans mon appart, ils faisaient leur vie et tout. Et ce matin bah pouf, ils respiraient plus et ils étaient tout froids. Faut vraiment que tu fasses quelque chose Iri. » que je dis à toute vitesse en lui prenant une bière des mains et en lui montrant du menton la boîte déposée sur la table, les yeux tristes en demande de réponse.

@Irina Nesterova
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyMar 14 Avr - 17:41

« Mais bonjour toi, t’es tout mignon, t’es tout bébé, oh t’es trop beau. » Irina n’est pas tant surprise que Mira accorde plus d’attention au tout bébé trop beau qu’à elle, même après un an et demi sans se voir. Elle ne prend pas trop la mouche, d’ailleurs : elles ont toujours été comme ça ; loin des yeux, loin du coeur. Même près des yeux, on n’était pas encore tout à fait là pour ce qui était du coeur. C’avait toujours été leur dynamique, qui avait difficilement comblé son coeur amoureux d’adolescente à l’époque, mais à laquelle elle s’était formalisée faute de manuel pour être une amie un peu plus douée. Caillou, un an d’indépendance à son actif, lui, avait déjà engrangé tout le manuel comme un bout de fromage à peine mâché : secouer la queue avec vigueur, pisser partout et donner de vigoureux coups de cul dans les jambes de ses nouveaux amis. Qu’importe si elle mourait seule, Irina ne compterait certainement pas sur ses enseignements pour se faire des potes.

La grande Russe refait surface de sa cuisine avec deux bières, rituel acté et imposé dans leur amitié comme certains se feraient la bise. Aujourd’hui, elle devine que Mira a besoin d’un remontant, et qu’importe s’il est treize heures trente. Heureusement pour elle, Caillou, au top de sa forme et de sa sociabilité, se charge de faire ce dont elle-même n’a pas le mode d’emploi. « Ben je comprends pas… Ils étaient vraiment en bonne santé. Je comprends pas pourquoi ils ont clamsé du jour au lendemain. Hier soir je jouais encore avec eux, je t’assure. Ils se promenaient dans mon appart, ils faisaient leur vie et tout. Et ce matin bah pouf, ils respiraient plus et ils étaient tout froids. Faut vraiment que tu fasses quelque chose Iri. »

Ils sont morts, tu sais.” Ca lui semble relativement évident, mais elle préfère quand même bien le préciser. “Tout ce que je peux faire à ce stade, c’est examiner quand ils sont morts et éventuellement pourquoi.” Quoique, en tant qu’entomologiste, ses bases en autopsie n’étaient pas très large et Mira aurait sans doute pu arriver au même résultat qu’elle toute seule. Mais soit : son amie est en peine, et c’est le minimum qu’elle puisse faire. “Oh ! En fait, ma grand-mère connaissait des remèdes de magie noire, je pourrais peut-être essayer. Tu as de l’urine de poney à proximité ?” Le problème, avec Irina, c’est qu’on ne sait jamais trop si elle rigole ou pas. Elle décapsule sa bière, tend le décapsuleur à Mira, prend une gorgée puis part mettre des gants.

Les petits corps des rongeurs ont déjà les pattes recroquevillées en position de défense : chez un humain, ça aurait signifié une posture de surprise lors du décès. Chez un rat, ça peut tout et rien dire à la fois. Elle vérifie quand même, tâte leur ventre dodu, examine l’intérieur vide de leurs pattes. A priori, rien d’inquiétant... “Le plus fréquent, dans ce genre de cas, c’est une maladie qui sera passée inaperçue et aura contaminé les deux en même temps. Le problème, c’est qu’il y aurait un délai minimum. Ils ne seraient pas morts en même temps. A moins que l’un ait suivi l’autre. Je ne sais pas si tu le savais, mais, comme les humains, les rats peuvent se laisser mourir de chagrin, aussi. Mais pareil, en une nuit, c’est peu probable.” Il y a pleins de raisons pour lesquelles ça pourrait être possible, estime-t-elle, mais dire à Mira qu’un de ses rats est mort de chagrin en voyant l’autre dépérir ne lui semble pas la meilleure idée sur le coup. “Une autre possibilité, c’est une chute violente. Ils ont beaucoup d’objets avec lesquels jouer ?” Son affection pour les animaux lui pousse parfois à oublier à quels point ils peuvent être cons.

Dernière option, et ce n’est pas la plus plaisante, ils sont morts d’un arrêt cardiaque fulgurant. Pour que ce soit synchronisé, il faut qu’ils aient eu extrêmement peur. Il ne s’est rien passé chez toi cette nuit ?

Et là, c’est sûrement sa propre peur qui parle. Plus aucun endroit, qu’importe s’il a trois verrous sur chacune de ses portes, ne lui semble sécurisé. Et pour cause ; parfois, le monstre n’est pas toujours dehors.

@Mira Brown
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyDim 19 Avr - 0:20

Ils sont morts, tu sais.” Merci de le rappeler Irina, comme si je ne le savais pas. “Tout ce que je peux faire à ce stade, c’est examiner quand ils sont morts et éventuellement pourquoi.” Je sais bien, merci. A ton avis pourquoi je suis là, imbécile. Je pense qu’elle réfléchit juste à voix haute en fait, elle connait la raison de ma présence ici, elle sait bien que je viens pas juste pour lui descendre son pack de bières. Je me contente du coup de porter la bouteille à mes lèvres pour en boire une première gorgée, peut-être qu’elle réfléchira plus vite si je l’interromps pas dans sa pensée. “ Oh ! En fait, ma grand-mère connaissait des remèdes de magie noire, je pourrais peut-être essayer. Tu as de l’urine de poney à proximité ? ” Olala iri mais dans quel monde tu vis bordel. « Je sais pas si tu te fous de ma gueule, mais je suis pas vraiment d’humeur tu sais. Je te rappelle que mes rats sont morts et que j’en connais pas la cause. Tu m’as dit que tu pouvais m’aider, j’aimerais bien que tu tiennes ta promesse. » Je râle parce que je sais que ça la vexera pas, et que ça l’empêchera pas de faire son boulot correctement, je râle parce que j’en ai envie et que je peux me permettre ça avec elle sans problème. « S’il te plait. » que j’ajoute quand même sur un ton quasiment pas ironique. Caillou semble détecter mon irritation, il me donne des petits coups de museau pour que je lui offre quelques caresses, et ça marche plutôt bien en fait. Vivement que je me paie une petite maison, ou en tous cas un plus grand appart pour pouvoir me prendre un chien moi aussi. Je devrais peut-être rendre visite plus souvent à la Nesterova, au moins je pourrais profiter de son chien et les bières sont offertes. Je me désaltère une nouvelle fois pendant que la russe m’explique ce que j’ai déjà cherché sur Wikipédia : ils ont potentiellement pu choper une merde, tomber malade, et crever comme des cons sans que je m’en aperçoive. Mais ça m’étonnerait. Je fais toujours en sorte de les foutre dans leur cage loin de la fenêtre quand j’aère l’appart, ils ont pas pu choper froid. Et je vois pas de quelle autre maladie elle pourrait parler en fait. Elle me sort aussi l’éventualité que l’un se serait laissé mourir de chagrin en voyant son pote mort, mais comme elle le dit, une nuit c’est trop rapide. D’un simple mouvement de tête, je réfute toutes ces explications, ajoutant des ‘Hm hm’ pour lui signifier qu’elle part sur la mauvaise voie.  “Une autre possibilité, c’est une chute violente. Ils ont beaucoup d’objets avec lesquels jouer ?” Les deux auraient sauté de leur grande roue en même temps en mode ‘Ouuuuuais on est trop des frères on meurt ensemble’ ? Non, carrément pas, ils étaient quand même beaucoup plus intelligents que ça Many et Sid. « Ben ils avaient une roue, différentes boîtes en carton pour se cacher, des rouleaux de PQ, un petit labyrinthe que je leur avais construit avec des trucs de récup, des petites balles, mais rien de haut quoi. Enfin aucune structure d’où ils auraient pu sauter en tous cas. » Je sens bien qu’elle cherche toutes les pistes possibles, mais pourquoi est-ce qu’elle les ouvre pas pour essayer de trouver la vraie source du problème ? C’est son job non ? “Dernière option, et ce n’est pas la plus plaisante, ils sont morts d’un arrêt cardiaque fulgurant. Pour que ce soit synchronisé, il faut qu’ils aient eu extrêmement peur. Il ne s’est rien passé chez toi cette nuit ?” Ah, j’avais pas pensé à cette éventualité… Je me frotte l’arrière du crâne pendant que je réfléchis, et je vois pas ce qui aurait pu se passer. « Ben… Je crois pas ? Attends si j’me refait toute ma soirée… J’suis rentrée du taf, j’me suis fait à bouffer, Many et Sid étaient encore en vie. J’ai mangé, ils étaient toujours en vie, ils commençaient à s’exciter, parce que ben tu sais les rats ils sont un peu plus vivants la nuit que le jour… Je les ai sorti de leur cage un peu, ils ont fait la foire dans l’appart, puis je les ai rentrés et j’suis allée prendre ma douche et me coucher. C’est tout. Y’a pas eu de coup de feu, personne qui est rentré en trombe dans mon appart pour me tuer, rien… Je vois pas du tout… » Cette histoire commençait à me rendre dingue, je comprenais pas comment ils ont pu crever comme ça. « AAAAAAAAAAAH PUTAIN. » que je gueule tout fort alors qu’une lumière venait éclairer mon petit cerveau en surchauffe. « J’ai dû mal ranger l’aspirateur, et il est tombé d’un coup en pleine nuit. Ca m'a réveillé, mais c’est quand même pas ça qui aurait pu… Enfin… Non, quand même pas ??? » Je l’interroge comme si elle avait la science infuse, je veux pas qu’elle me dise que ça pourrait être ça. C’est pas un gros bruit quand même, pas suffisamment gros pour que ça les tue ? C’est quand même pas ma faute s’ils sont morts ? Parce que j’ai mal rangé le putain d’aspirateur de merde ?? Irina rassure-moi s’il te plait, ça peut pas être ma faute…

@Irina Nesterova
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyLun 27 Avr - 11:38

« Je sais pas si tu te fous de ma gueule, mais je suis pas vraiment d’humeur tu sais. Je te rappelle que mes rats sont morts et que j’en connais pas la cause. Tu m’as dit que tu pouvais m’aider, j’aimerais bien que tu tiennes ta promesse. » Irina se raidit, prise de court. Elle a envie de rétorquer qu’en même temps, elle n’est pas légiste et elle ne pourra pas faire grand-chose pour ces pauvres rats si ce n’est des incantations vaudou pour les faire renaître, et même ça, c’est loin d’être une science exacte. Elle se passe de commentaires : Mira vient chercher des réponses, une paix d’esprit en se prouvant que ce n’est pas elle la responsable de leur mort, et si Irina peut compatir avec quelque chose, c’est bien avec ce cas-là. Alors la jeune femme hoche simplement la tête et se met au travail : gants enfilés, elle se penche sur les cadavres des deux petits rats. Une courte vie, pour sûr. Une mort aux circonstances parfaitement incompréhensibles, alors que tout allait si bien et ne pouvait que tendre au mieux. Il n’y avait aucune trace de coke dans le système, parce que ça n’avait aucun sens, et la mort n’était en rien logique dans le processus de la vie : naître, grandir, jouer avec sa roue, profiter de la vie avec quelqu’un qui vous protégeait, pas plus de questions à l’esprit et une simple tranquillité gagnée à la dure après des moments difficiles… Elle se demande si l’urine de poney pourrait marcher pour lui ramener Jessica en vie, souriante et prête à reprendre sa vie en main. En tout cas, elle donnerait tout pour essayer.

La jeune femme détache son attention des petits corps recroquevillés et commence à établir des possibilités de diagnostic devant Mira. Les premières explications possibles ne lui conviennent pas, et Irina lui fait confiance, continue simplement de dérouler la liste en exposant les risques principaux. Des trucs basiques que les amoureux des animaux pouvaient en général connaître - elle imaginait que la liste pouvait faire des mètres, vraiment, et qu’il serait assez simple de la réduire en ouvrant leurs petits corps, mais elle se voit mal découper des rats dans sa cuisine simplement pour connaître la cause de leur mort. Contrairement à Jessica, ça n’apaiserait en rien la douleur, ça ne ferait qu’augmenter les questions, et ça empêcherait de trouver une sérénité d’esprit. “Ils sont hauts, tous ces objets ? Parce qu’ils peuvent avoir grimpé dessus, s’être accrochés aux barres du haut et en être tombés. Le choc n’aurait pas été suffisant pour les tuer tout de suite, mais ça aurait pu arriver dans la nuit. Comme pour nous : gros choc à la tête, hémorragie, et c’est si tu t’allonges et que tu dors que ça devient létal.” L’idée est rapidement exclue et Irina achève son exposé sur la dernière : un choc en pleine nuit, un bruit sourd ou quelque chose de suffisamment effrayant pour donner une crise cardiaque à un animal nocturne.

« AAAAAAAAAAAH PUTAIN. J’ai dû mal ranger l’aspirateur, et il est tombé d’un coup en pleine nuit. Ca m'a réveillé, mais c’est quand même pas ça qui aurait pu… Enfin… Non, quand même pas ??? »

Face aux rats, Irina hausse les sourcils, incapable de relever la tête. Elle se contente de hausser les épaules : ça lui semble mieux que de confirmer ou d’infirmer. Impossible d’être certaine sur le diagnostic, mais elle n’est pas sûre que Mira veuille entendre l’option la plus horrible. “Ca se peut”, dit-elle quand même, par souci de sincérité. Les mensonges pieux ne sont toujours pas dans ses cordes. “Mais tu sais, il n’y a aucune manière de vraiment en être sûres. Et je suis entomologiste, pas légiste.” Ses bases en médecine légale s’arrêtaient au corps humain - on n’avait encore pas pratiqué d’autopsie sur des rats post-meurtres, dans la police locale. Peut-être que l’idée était à soumettre. “Si je les ouvrais, je pourrais voir un choc au coeur et te dire que c’est une crise cardiaque. Mais elle peut avoir été causée par une frayeur, ou par le choc d’être tombé d’une hauteur. Si je trouve une hémorragie dans leur tête, ça pourra nous orienter sur la possibilité d’une chute, mais la chute pourrait être dûe à une frayeur ou un arrêt cardiaque, et vice-versa.” Le message est clair : Mira ne trouvera pas sa paix, même si ses rats finissaient complètement décortiqués sur la table de sa cuisine.

Je peux le faire pour toi, si c’est ce que tu souhaites, mais je n’ai pas les meilleurs outils pour ça. Tu n’auras probablement même pas les réponses que tu cherches.

Second message : ce ne sont que des rats, mieux vaut arrêter les frais et les laisser partir en une pièce, les envoyer au paradis sans qu’ils n’aient à passer par la case découpe. A un autre moment, une autre période de sa vie, sa curiosité sans limite l’aurait sûrement poussée à tenter le coup malgré tout. Mais elle avait assez des autopsies sans réponses et elle n’expierait pas ses remords en les passant sur des rats. “Ecoute, pars du principe qu’ils ont eu un accident, ce n’était sûrement pas ta faute. Ca arrive, peut-être un défaut de naissance, ils étaient de la même portée et ils en souffraient tous les deux. Des morts simultanées, c’est rare, mais ça arrive. Plus souvent qu’un aspirateur qui fout des arrêts cardiaques.” Ce mensonge-là, elle se pousse à le sortir et elle trouve qu’elle s’en sort quand même vachement bien. Heureusement que Mira ne voit pas ses yeux, pense-t-elle avec fierté, sans penser une seule seconde que son ton robotisé peut la trahir tout aussi bien.

Tu as pensé à comment tu voulais leur rendre hommage ?” demande-t-elle cette fois, très sérieusement.

@Mira Brown
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyMar 28 Avr - 20:10

Si je suis ici, c’est que je cherche des réponses. Et même si je sais que les rats ne sont pas la spécialité d’Irina, elle peut bien trouver quelque chose, non ? Je la sens en tous cas enjouée de me voir, et elle enfile rapidement ses gants pour passer aux choses sérieuses tout en m’interrogeant pour tenter d’en savoir plus sur la mort de Many et Sid. Toutes ses questions se heurtent à des ‘non’ catégoriques de ma part, toutes sauf la dernière. J’ai vraiment peur que mes rats soient morts parce que j’ai mal rangé l’aspirateur. Ce serait vraiment, vraiment, vraiment très con. Et je crois que je m’en remettrais pas si c’était le cas. Si je sais même pas prendre soin de deux rats, comment est-ce que je peux espérer prendre soin d’un chien ? “Ca se peut” Elle me rassure pas du tout. Putain, c’est vraiment de ma faute. “Mais tu sais, il n’y a aucune manière de vraiment en être sûres. Et je suis entomologiste, pas légiste.” Je hoche faiblement la tête en m’agrippant aux poils de Caillou qui se laisse caresser, c’est un amour ce chien. Irina m’informe qu’elle pourra tout de même les ouvrir si je le souhaite, mais que ça ne changera rien : on ne pourra jamais être sûres. Les larmes me montent à la gorge, j’ai envie de chialer mais je sais qu’Irina comprendra pas pourquoi je pleure, et elle a pas tout à fait tort : ce sont des rats après tout. Face à mon silence, elle doit se sentir obligée de combler le vide, et elle s’aventure dans des explications plus profondes, elle pense sans doute que ça me fera me sentir mieux de savoir que mes rats avaient déjà des prédispositions à crever jeunes, ça fait tout l’effet inverse. Je ne retiens pas mes larmes cette fois-ci, mon nez coule à foison lui aussi sous mes sanglots, et c’est sans aucune classe que je renifle bruyamment en m’essuyant la goutte qui pend sur le bout de mon nez d’un revers de main. Caillou me regarde comme s’il comprenait ma peine, il cherche sans doute lui aussi à me réconforter mais je ne suis pas digne de cet amour, pars Caillou, pars je vais te blesser toi aussi.  “Tu as pensé à comment tu voulais leur rendre hommage ?” Je crois qu’elle cherche à changer de sujet, à m’occuper l’esprit autrement, et venant d’Irina ça compte beaucoup pour moi. « Je sais pas trop non. J’y ai pas trop réfléchi parce que je pensais pas qu’ils allaient mourir tout de suite. » que j’annonce en pleurant de plus belle avant d’essayer de calmer ma respiration, un peu de retenue quand même Mira putain. « Peut-être qu’on pourrait les enterrer dans ton jardin ? Est-ce que tu accepterais ? S’il te plait… » On dirait une gamine qui a perdu son poisson rouge, mais j'ai aucune honte à avoir avec Irina, je crois bien que c'est une des seules qui ne me jugera pas.

@Irina Nesterova
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyJeu 30 Avr - 16:30

« Je sais pas trop non. J’y ai pas trop réfléchi parce que je pensais pas qu’ils allaient mourir tout de suite. » Certes. Irina avouera volontiers ne pas être rodée à l’exercice social qu’est le deuil (suffit de voir sa difficulté à ne serait-ce qu’intégrer et comprendre la mort de Jessica, et toutes les implications qui en découlent), mais la tristesse dans le ton de Mira lui suffit à comprendre : c’est difficile pour elle, de perdre ses rats si soudainement, même si ce ne sont que des rats et qu’ils ne sont pas là depuis très longtemps. Et généralement, personne ne pense à la mort d’un enfant qui vient de naître - le parallèle est maladroit, mais suffit à lui faire prendre conscience de la situation. Mira suggère, les yeux implorants, d’enterrer les rats dans le jardin de la Russe, laquelle a saisi l’opportunité d’un Caillou promeneur pour détourner son regard de celui de la jeune femme - comment refuser une telle demande ? Ca va salir son jardin, voilà le problème principal. Le second, c’est que Caillou risque de les déterrer et de les ramener sur son oreiller en moins de trois jours, quand l’odeur commencera à être suffisamment prégnante pour qu’il les repère, et elle n’a pas envie de retrouver l’offrande sur son oreiller en plein milieu de la nuit.
D’un autre côté, les yeux de Mira sont remplis de larme, ça dégouline de partout, et elle est mise face à l’évidence : elle ne peut absolument pas lui dire non. “D’accord”, consent-elle dans un soupir, comme si elles sortaient de vingt minutes de débat en long en large, un pli soucieux et visiblement anxieux entre ses sourcils, “mais on fera ça loin des arbres, d’accord ? Et on mettra une petite clôture. Caillou risque de les ramener, sinon.” Elle détache enfin les yeux de son chien surexcité, à des années lumière de la tristesse de la scène, consent enfin à regarder Mira en face.

Tu connais des prières ?

La question lui semble parfaitement logique et tout à fait à sa place : on n’enterre pas des humains, des animaux ou quiconque sans précéder le tout d’une cérémonie en bonne et dûe forme. C’est un truc à se mettre les esprits à dos, et Irina ne mange pas de ce pain-là - pas alors que les vivants lui tirent déjà la gueule. “Je pense que ça peut être bien si tu leur couds un petit uniforme. Ca peut être tout simple. Un tutu, par exemple, ça leur portera bonheur.” La jeune femme se penche à nouveau par-dessus la boîte où les deux petits rats reposent en attendant la paix éternelle. Un pli de concentration se forme sur son visage : “Tu préfères la crémation ou l’enterrement ?” Son nez se plisse en même temps : il est question de respecter les croyances de chacun, et si la crémation est réprouvée chez elle, ce n’est pas ses rats dont il est question. “J’ai du matériel de couture, si tu veux. Et des vieux t-shirts. Tu sais fabriquer des trucs avec ça ?” Bien sûr que oui : aussi loin qu’elle soit concernée, Mira sait absolument tout faire. Avec un talent incroyable, en plus.

@Mira Brown
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyLun 4 Mai - 20:10

J’ai quand même envie que mes rats soient enterrés, je veux pas juste les jeter à la poubelle comme un vieil emballage de Twix. Je sais que c’est quand même beaucoup demander que d’enterrer des animaux morts dans son jardin, je sais pas trop si elle acceptera mais je tente quand même, elle est gentille quand elle veut Irina. “D’accord” Mes yeux humides se relèvent alors vers elle, remplis d’amour en cet instant. “mais on fera ça loin des arbres, d’accord ? Et on mettra une petite clôture. Caillou risque de les ramener, sinon.” D’un hochement de tête frénétique, j’acquiesce, trop heureuse qu’elle ait accepté. “Tu connais des prières ?” J’ai jamais été dans un enterrement, je suis pas croyante, et j’ai encore moins fait des prières. Qu’est-ce qu’on dit quand des êtres vivants meurent ? Surtout pour mes rats ? ‘Many et Sid, vous avez été très importants dans ma vie, que le seigneur vous reçoive dans son royaume’ ? Ouais, bizarre. « Je connais pas de prières, mais je vais bien trouver quelques mots à dire. Tu en connais des prières, toi ? On peut peut-être regarder sur internet ? C’est peut-être bien qu’on fasse une prière quand même, pour qu’ils puissent partir en paix. Faire les choses bien quoi… » que je finis par dire en me précipitant sur son ordi posé sur la table du séjour. J’ai trouvé un moyen de focaliser mon attention ailleurs que sur leur mort, faut pas que je laisse ça échapper sinon je vais encore me vider de toute l’eau de mon corps. Irina m’a suivie et elle rentre le mot de passe de son ordinateur pour me faciliter la tâche.

Je pense que ça peut être bien si tu leur couds un petit uniforme. Ca peut être tout simple. Un tutu, par exemple, ça leur portera bonheur.” Un tutu ? UN TUTU ? Genre rose avec des paillettes ? Je comprends pas toujours les réflexions d’Irina, parfois elle va un peu loin et je suis pas tout. Mais après tout, elle n’a pas tort sur tous les points, leur coudre un petit uniforme ça peut leur rendre hommage. Elle me laisse ouvrir le navigateur sur son ordinateur sans peur aucune que je découvre des choses compromettantes, et elle me laisse un peu plus d’espace. “Tu préfères la crémation ou l’enterrement ?” J’y avais jamais vraiment réfléchi non plus. C’est quand même le genre de trucs auxquels je devrais penser la prochaine fois que je prends un animal, c’est pas des choses qui s’improvisent normalement ça. « Je préfère les enterrer, au moins on pourra voir leur uniforme. » que je finis par affirmer avant qu’elle ne m’indique avoir le matériel nécessaire pour leur fabriquer une petite tenue. « Oui, bien sûr ce sera parfait. Merci Irina. » Elle fait de son mieux pour ne pas me juger parce que je sais que n’importe qui me jugerait à ce moment-là, les yeux bouffis par les pleurs parce que mes deux chouchous sont morts. Alors que la russe va chercher le tout, je crois avoir trouvé la prière parfaite. Pas trop religieuse, ou en tous cas on arrive à détourner.
Spoiler:
Irina revient avec du fil et des aiguilles, et trois vieux t-shirts, toute contente de pouvoir se rendre utile. « Merci mon chat, mais tu sais, j’ai besoin que d’un t-shirt. Ils sont tout petits. » que je finis par lui dire en lui débarrassant les bras. « Est-ce que tu peux m’imprimer la prière s’il te plait ? » J’affirme ça en lui montrant du menton la page ouverte sur son ordi avant de m’installer sur son canapé pour m’affairer à la tâche, Caillou qui me court après ne me quittant pas d’une semelle et pensant certainement que c’est un truc à bouffer qu’on lui a apporté. « T’es un peu con-con toi hein. C’est rien, tu vois bien que tu peux pas manger ça ? » que je dis au chien d’un air gaga en lui tendant le matériel afin qu’il sniffe le tout et qu’il se rende compte qu’effectivement, son organisme n’arrivera pas à le digérer.

@Irina Nesterova
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyMar 5 Mai - 2:42

Si Irina connaissait des prières ? Les prières chrétiennes orthodoxes, qu’on lui avait martelé durant toute son enfance dans l’espoir de sortir le communisme du crâne des générations au cerveau complètement tordu par les vociférations de Staline, et puis les prières bouddhistes, apprises avec la rigueur d’un moine, un tout autre lavage de cerveau mais d’une intensité différente et surtout avec un choix à la clé. “Oui, je connais des mantras bouddhistes”, qu’elle répond avec toute la spontanéité dont Irina peut faire preuve, soudain ravie que ses connaissances servent à quelque chose et qu’elles puissent intéresser quelqu’un d’autre de Caillou qui n’y comprenait rien et se contentait de pisser sur les portes pour toute réponse, ou ses insectes qui n’avaient même pas tous de canaux auditifs. Mira veut quand même chercher sur internet, apparemment, et Irina la laisse faire (c’est son deuil, c’est important de le respecter, de ne pas s’imposer), rentrant son mot de passe d’elle-même. Pas même une seconde peut-elle imaginer que Mira sera gênée par ses quarante-six onglets ouverts sur des cas de décompositions de cadavres hasardeuses ou hors du commun.

Etape 1, trouver une prière : fait, maintenant il faut passer à l’étape deux, habiller dignement les petits soldats pour les accompagner dans la mort. C’est peut-être ridicule, parce que les animaux vivent nus, sauf si on considère la carapace ou le pelage comme un vêtement, mais pour elle ça a tout un sens, complexe et intrinsèque aux lois de la métaphysique : un animal sera mieux reçu dans l’au-delà, ou dans une autre vie, selon les croyances, s’il est orné. Au même titre que les humains, qui souffraient de complexes rituels de passage à l’état prochain sans les étendre aux animaux, qu’ils estimaient inférieurs. Pour Irina, la question ne se pose même pas. « Je préfère les enterrer, au moins on pourra voir leur uniforme. » Et contre toute attente, Mira est réceptive à l’idée, malgré ses idées basiques sur les tenants et les aboutissants de la vie, de la mort, et de l’après. Bon, elle a certes dit uniforme et pas tutu, et Irina ne se voit pas enterrer Many et Sid dans un costume de soldat soviétique, mais elle est sûre qu’elle peut la faire changer d’avis : ni une ni deux, elle remonte à sa chambre et glisse trois t-shirts sur son bras, tous roses, tous ayant appartenus à des exs qui ne sont jamais revenus.

« Merci mon chat, mais tu sais, j’ai besoin que d’un t-shirt. Ils sont tout petits. »

Elle hoche la tête, distraite, pose les t-shirts et le kit basique de couture sur la table quand même, avant de jeter un oeil au rat pour vérifier s’ils sont bien toujours là - en ce moment, les cadavres ont la fâcheuse tendance de disparaître. L’assortiment de trois t-shirts, c’est surtout pour voir quelle teinte de rose sied le mieux à la couleur des deux rats, mais elle ne dit rien, trop heureuse que Mira n’ait aucune protestation à émettre sur la couleur. « Est-ce que tu peux m’imprimer la prière s’il te plait ? » La Russe opine du chef, s’exécute, puis retourne rapidement à ses t-shirts, de crainte que Mira ne change d’avis si elle ne commence pas à travailler dès maintenant. Le bruit de l’imprimante couvre vaguement le bruit des ciseaux qui s’évertuent à couper le t-shirt. Elle finit par y aller au couteau, convaincue que ce sera plus facile : tout est toujours plus facile avec un couteau. Elles passent la demi-heure suivante à faire des petits uniformes (Irina, elle, reste sur ses tutus), duo enfants silencieuses et complètement absorbées par la tâche. Quand vient l’heure d’aller creuser le trou dans le jardin, Irina se dévoue avec plaisir, puis indique le trou à Mira pour qu’elle y mette ses rats : maintenant, c’est à son tour. Au loin, Caillou, contrarié d’avoir été isolé du processus, lâche un jet de pisse vengeresse sur le portillon de l’entrée.

Dis ta prière, je ferai la mienne ensuite. Ok ?

Alors, elle laisse à Mira le soin d’entamer les hostilités, écoutant avec attention la prière qu’elle déclame, les yeux fermés. Puis c’est son tour, et Irina chante sa mantra avec application. Trente secondes de prière, puis elle se sent mue par le besoin de rendre hommage aux rats. Entamant une ronde autour du nouveau cercueil, Irina poursuit son chant en allongeant ses bras de chaque côté d’elle, les agitant de haut en bas dans un cercle presque imperceptible, ses foulées longues et saccadées par de légers sauts.


@Mira Brown
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Message(#)je sens que cet enterrement va être une pure soirée (mirina) EmptyMer 6 Mai - 1:57

Irina connait apparemment des prières bouddhistes, mais je reste quand même sur mon idée de chercher un moyen de leur rendre hommage dans une langue que je connaisse et qui ne soit pas uniquement des chants qu’on fait autour d’un feu. Parce que je la connais la russe, elle me dit qu’elle connait des prières mais je sais pas trop ce que ça donnera, et même si je la laisserais sans doute s’exprimer, je vais pas les laisser quitter ce monde sans leur avoir formulé quelques adieux. Après de brèves recherches, je trouve quand même LA prière qui conviendra parfaitement, tant mieux, je voulais pas passer non plus deux heures devant son ordi, on a de quoi faire avant de les enterrer. Irina revient d’ailleurs avec ses t-shirts roses, je fais aucune remarque sur la couleur, elle est déjà bien gentille de vouloir me filer des vieilles fringues que je peux déchirer pour en faire des uniformes à Many et Sid. Je pense que je vais leur faire un petit haut simple, c’est pas grave si c’est rose, de toute façon y’a que la Nesterova et moi pour les voir. Elle s’installe d’ailleurs à côté de moi, et je comprends qu’elle cherche à m’aider dans mes confections. « J’fais le haut, si tu veux leur faire un bas ou des accessoires comme un chapeau vas-y, mais ça sert à rien qu’on fasse la même chose. » Je lui donne pas la tâche la plus facile, mais peut-être qu’elle n’y arrivera justement pas et qu’on utilisera que les morceaux de tissus que j’ai remaniés. C’est ce que j’espère au fond, j’ai pas envie que mes rats finissent avec des tutus autour de la taille. Après une petite demi-heure, j’ai terminé les deux t-shirts et je jette un œil à ce qu’est en train de faire Irina : elle est restée sur les tutus, putain. Comment je vais faire pour éviter qu’elle leur enfile sa merde ? « Tu peux aller creuser un trou s’il te plait Iri ? Je vais habiller Many et Sid et je te rejoins après. » Et je referme la boîte pour que tu ne vois pas que j’ai jeté tes tutus à la poubelle surtout. J’enfile les habits aux rats, hésite une dernière fois avant de jeter les créations de la russe à la poubelle, mais je me dis qu’elle y a quand même mis toute son âme pour les fabriquer et je finis par vêtir Many et Sid des tutus, un peu à contre-cœur. Tout ça parce qu’elle a accepté qu’on les enterre ici… Je la rejoins quelques minutes plus tard dehors, la boîte de chaussure dans une main, la prière dans l’autre, prête à dire au revoir à mes bébés.

Dis ta prière, je ferai la mienne ensuite. Ok ?

J’acquiesce d’un hochement de tête, pose la boîte dans le parfait rectangle creusé dans la terre, et tiens la feuille de mes deux mains. Irina a l’air à fond elle aussi, elle ferme les yeux, respecte mon moment, et j’essuie mes larmes d’un coup de manche alors que je recouvre de terre d’un coup de pelle la boîte de chaussure. « C’est bon, tu peux faire ta prière maintenant. » que je lui dis pour qu’elle ouvre enfin les yeux, et lui tends la pelle. Elle me fait comprendre qu’elle n’en a pas besoin tout de suite, et je m’exécute quand elle m’ordonne silencieusement d’un coup de tête de la poser par terre. La russe se met alors à chanter dans une langue que je connais pas, ça doit être du russe, elle a pas dit que c’était une prière bouddhiste ? Au fond j’en sais rien, mais elle chante pas trop mal, sa voix est douce et enveloppante, et mes larmes continuent de tremper mes joues. J’aurais du prendre des mouchoirs dans ma poche. Sans que je comprenne trop pourquoi, Irina se met à tourner autour du trou, elle bouge les bras de haut en bas et je crois qu’elle danse, ça fait peut-être parti de la prière. Je sais pas trop pourquoi, sans doute l’émotion qui m’envahit, j’ai plus peur d’avoir honte avec elle et puis de toute façon personne nous voit, mais je me mets à l’imiter. Son chant devient de plus en plus prenant et je sens mon cœur s’emballer pendant que j’essaie d’extérioriser toute ma peine en faisant des gémissements de lynx en colère et après quelques minutes, je suis épuisée. Je crois qu’Irina l’est aussi, elle s’arrête doucement jusqu’à ce que le silence nous tombe dessus à nouveau, et je relève alors mes yeux humides pour la regarder avec beaucoup de gratitude. « Merci Iri… » que je finis par dire en m’avançant vers elle pour poser ma tête sur son épaule. Il est temps de les recouvrir entièrement de terre maintenant, ils peuvent partir en paix.

@Irina Nesterova ... :facepalm:
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