Quand j’y pense, j’ai du mal à croire que cela fait maintenant dix mois que je ne suis plus avec David. Dix mois que je me suis retrouvés sur ce lit d’hôpital, à presque y rester. Dix mois que je suis à nouveau libre, que je vis plus dans la peau, dans la hantise de me retrouver à nouveau avec des bleus et des plaies sur le corps Bien sûr, il m’arrive encore de temps en temps d’en faire des cauchemars, de me dire que David va revenir malgré le fait qu’il a été condamné à des années de prison. Mais dans l’ensemble, ma vie est beaucoup mieux. Je vis encore chez mon frère, parce que j’y suis bien et dans le fond je n’ai pas vraiment envie d’en partir. Cela n’a d’ailleurs pas l’air de déranger Isaac, qui en ce moment se remet d’une séparation douloureuse. Puis j’ai ensuite fini par pouvoir reprendre le sport, pouvoir reprendre la danse et je me suis mise à passer des auditions. Ces derniers mois sont passés vite, très vite et au final, voilà que maintenant je viens de signer un contrat pour danser dans un clip de musique qui s’en suivra peut-être avec une tournée. Mes projets deviennent doucement mais sûrement réalisé et je me sens à nouveau bien. Ma vie semble avoir retrouvé un équilibre et je redeviens petit à petit la femme que j’étais avant toute cette histoire avec David.
Je monte dans ma voiture et conduis jusqu’au centre. Ce centre ou j’ai passé beaucoup de temps longtemps que je suis sorti de l’hôpital, ce centre qui m’a beaucoup aidé à guérir et à avancer. Tenue par des volontaires pour la plupart, cette association organise des rencontres entre des femmes qui ont subit des violences et malheureusement, beaucoup trop de femme viennent à ce genre de réunion anonyme. Moi qui avais longtemps pensé être la seule à souffrir de ce genre de chose, j’ai fini par me rendre compte que j’étais loin d’être seule. Et même si les choses se sont arrangés pour moi, même si je vais mieux, si je suis guéri, je continue quand même de m’y rendre de temps en temps pour supporter ces femmes qui vivent ce que j’avais moi-même vécu il y a des mois. Ce n’est pas toujours facile de m’y rendre, de repenser à tout cela, mais je le fais parce que je pense que ca peut aider les autres. Je me gare alors devant la salle et y pénètre. Je m’approche vers une silhouette familière que je n’ai pas vue depuis un moment, Leena. « Salut Leena. » je lui adresse un sourire et viens rapidement la serrer dans mes bras. « Ca me fait plaisir de te voir, ca faisait un moment. Comment tu vas ? » Leena avait été d’une grande aide dans le chemin de ma guérison et avoir gardé contact avec elle est important pour moi.
Leena descend du bus et trottine rapidement jusqu'au centre. Comme d'habitude, elle n'était pas spécialement en avance ; comme d'habitude, elle s'était laissée happer par la montagne de travail qui lui restait à faire avant le week-end. En réalité, elle aurait pu en avoir moins, mais c'était mal connaître Leena que de penser qu'elle ne s'investirait pas au maximum dans tout ce qu'elle faisait. Quand elle faisait face à un problème, non seulement elle s'attelait à le résoudre, mais en plus elle avait la fâcheuse tendance de s'en prendre à la source même de ce problème. Les résultats étaient plutôt efficaces, mais le processus pouvait être épuisant. Leena avait à peine fini sa journée dans l'association pour laquelle elle travaillait qu'elle avait sauté dans le premier bus - si seulement un jour elle pouvait avoir son permis - pour se rendre au centre d'aide pour femmes victime de violence. Malgré le contexte, c'était toujours un bonheur pour elle de s'y rendre. Elle y avait travaillé pendant cinq ans, dès sa sortie de l'université, et quand elle l'avait quitté en 2016 pour travailler auprès de personnes réfugiées, Leena n'avait pu se résoudre à l'abandonner complètement. Cela faisait donc quatre ans qu'elle venait ici bénévolement, après son travail, plusieurs fois par semaine, afin de soutenir les équipes présentes. Toutes les personnes qui travaillaient ici - en majorité des femmes, car qui mieux qu'elles pour régler le problème des violences domestiques ? - lui réservaient toujours un accueil digne d'une star hollywoodienne.
Comme tous les soirs, le centre accueillait une réunion pour femmes ayant été ou étant encore victimes de violence - tout type de violence, d'ailleurs. L'idée était que celles ayant réussi à sortir de leurs relations toxiques et ayant pu se reconstruire malgré les difficultés puissent venir encourager et conseiller les femmes se trouvant encore dans des situations de violence. C'était également pour elles un exemple vivant qu'elles aussi allaient s'en sortir. Pendant ces réunions, Leena venait prêter main forte à l'équipe en gérant le centre d'appel, puisque les salariées de l'association étaient généralement mobilisée pour tenir la réunion. Celle-ci n'allait pas tarder à commencer. Alors que Leena dépose ses affaires dans un petit placard, elle aperçoit non loin un visage familier. « Salut Leena. » L'australienne lui sourit et la serre dans ses bras. « Salut ma belle ! ». Ça lui faisait vraiment plaisir de voir Oakley ici, de savoir qu'elle allait mieux et qu'elle était toujours prête à en parler. « Ca me fait plaisir de te voir, ca faisait un moment. Comment tu vas ? » Le sourire de Leena s'agrandit, plutôt attendrie de voir que malgré tout, Oakley s'interrogeait sur l'état de Leena. « Bah écoute je croule un peu sous le travail mais ça va ! C'est de la bonne fatigue », répondit-elle dans un sourire. « Ça me fait vraiment plaisir de te voir. Tu as l'air d'aller bien ». Leena était sincère. Elle ne se sentait rarement plus heureuse que quand elle voyait une de ces femmes s'en sortir. Et elle devait l'avouer, elle s'était prise d'une affection particulière pour Oakley. « Où est-ce que tu vis désormais ? Ça se passe bien ? ».
Leena a été d’une grande aide dans ma vie lorsque les choses avaient doucement commencé à s’arranger. Quelques jours après être sorti de l’hôpital et avoir enfin porté plainte contre David, mon frère ainé m’avait conduit jusqu’ici. Ce petit centre qui tente d’aider les femmes victimes de violence en toutes sortes. Certaines de ses femmes s’en était sorti, elle tentait de se relever, de recréer leur vie, comme cela avait été le cas pour moi à ce moment-là, et d’autres prenez leur courage à deux mains pour s’absenter de leur foyer, de leurs compagnons pour venir essayer de trouver un peu de courage à ses réunions. Les premières auxquelles j’ai participé ont été particulièrement difficile pour moi et il m’a fallu un peu de temps avant de finir par réussir à m’ouvrir complètement, à partager tout ce que David m’avait fait subit au cours de ses derniers mois. C’est lors de ma toute première réunion que j’ai rencontré Leena, et avec son sourire, son regard bienveillant elle m’avait tout de suite inspiré la confiance. Elle est donc doucement entrer dans ma vie, et même si elle n’est pas présente à toute les réunions, elle reste l’une de ses personnes pleine de vie que je souhaite garder dans ma vie.
« Salut ma belle ! » Je la serre rapidement dans mes bras. Elle a toujours ce sourire collé aux lèvres, et cela fait un bien fou de la voir. « Bah écoute je croule un peu sous le travail mais ça va ! C'est de la bonne fatigue. » Je lui adresse un sourire. Elle a un peu l’air fatiguée, c’est vrai, mais elle a toujours l’air en pleine forme, prête à conquérir le monde. « Ca ne m’étonne pas vraiment venant de toi que tu bosses comme une folle. » Je lui adresse un nouveau sourire. Leena me rappel un peu ma sœur sur certains points, avec cette pêche infini et toujours prête à aider les autres avant même de s’occuper d’elle, j’en suis sûr. « Ça me fait vraiment plaisir de te voir. Tu as l'air d'aller bien. » « Oui, je vais bien. Beaucoup mieux en tout cas, ca c’est certain. Tu sais, on devrait se voir autour d’un vrai repas un jour, chez moi ou au restaurant. Autre part qu’ici. »
« Où est-ce que tu vis désormais ? Ça se passe bien ? » Je lui adresse un sourire pour la rassurer, parce que je vois bien dans son regard qu’elle s’inquiète un peu pour moi, et cela me touche. « Ben écoute… Je vis encore chez mon frère ainé, Isaac. Ca se passe super bien et à vrai dire, j’ai pas vraiment envie de me chercher un chez-moi pour le moment tu vois ? » Il m’a fallu du temps pour accepter que la maison de mon frère est également chez moi et que je ne le dérange pas, mais au final je l’ai accepté et maintenant, je n’ai plus envie de partir. Je me sens chez moi chez lui et je me sens également en sécurité de savoir mon frère près de moi. Puis avec sa rupture récente et son état, je ne peux de toute façon pas abandonner mon frère. « Puis niveau carrière ca a pas mal bougé aussi tu sais, alors je suis contente. » Je lui adresse un sourire. « Mais et toi alors, il parait que tu bosses avec les réfugiés maintenant ? Toujours le cœur sur la main, prête à aider les autres. »
Leena était sincèrement heureuse de voir Oakley. Le hasard faisait bien les choses ; elle pensait souvent à elle, quand elle arrivait au centre prêter main forte à l'équipe avant les réunions. Oakley, et les femmes comme elle, étaient ce qui la poussait à sortir du lit tous les matins. Voir des femmes, autrefois enfermées dans des spirales de violence, progressivement gagner leur indépendance et redevenir les femmes fortes qu'elles étaient autrefois : là était la plus belle des récompenses pour Leena. Oh, son salaire n'était pas élevé. Mais Leena estimait qu'elle était aussi payée en satisfaction, celle de voir ces femmes épanouies, et de se dire qu'on y était pour quelque chose. Leena se sentait utile, c'était bien pour cette raison qu'elle faisait ce métier. Que ce soit auprès des personnes réfugiées, auprès desquelles elle travaillait désormais, ou auprès de ces femmes, Leena avait l'impression d'avoir un impact. Elle n'allait pas arrêter la faim dans le monde, ni les maladies, ni les guerres. Mais elle espérait que son travail, et celui de toutes les associations dans lesquelles elle était engagée, avait aidé à sauver quelques vies.
Toutes ces pensées se bousculaient dans sa tête quand elle voyait Oakley sourire. La satisfaction personnelle d'avoir été utile, certes, mais surtout la fierté. Leena se sentait fière de cette femme qui avait survécu à l'une des épreuves les plus difficiles qu'il puisse être donné de vivre. C'était une battante, une survivante, et elle avait réussi à se reprendre en main malgré tout. « Ca ne m’étonne pas vraiment venant de toi que tu bosses comme une folle. » plaisante la blonde en apprenant que Leena croule sous le travail. Elle marque un point, Leena ne s'arrête jamais. Elle ne sait pas s'arrêter. Se pencher sur les problèmes des autres, ça lui permettait surtout de ne pas s'attarder sur les siens. « Oui, je vais bien. Beaucoup mieux en tout cas, ca c’est certain. Tu sais, on devrait se voir autour d’un vrai repas un jour, chez moi ou au restaurant. Autre part qu’ici. » poursuit Oakley. Un large sourire se dessine sur le visage de Leena. « Ça serait avec grand plaisir. Et oui, j'aimerais beaucoup te voir autre part qu'ici ! ». La jeune femme était consciente que même si Oakley avait évolué, il devait lui être difficile de toujours revenir ici, même si c'était pour la bonne cause. Disons que ça lui rappelait toujours qu'elle avait été victime de violence, ça la ramenait toujours à son passé.
Leena ne tarda pas à lui demander des nouvelles, désirant sincèrement savoir si sa situation s'était améliorée, et si tout allait bien pour elle. « Ben écoute… Je vis encore chez mon frère ainé, Isaac. Ca se passe super bien et à vrai dire, j’ai pas vraiment envie de me chercher un chez-moi pour le moment tu vois ? » Leena hocha la tête. « Je comprends oui. C'est sûrement mieux que tu passes un peu de temps chez lui, ça fait du bien d'avoir de la compagnie. Le temps de te reprendre » dit-elle dans un sourire. Même si elle n'avait pas du tout vécu les mêmes choses, Leena pouvait aisément comprendre qu'Oakley ne se sente pas encore d'habiter seule. « Puis niveau carrière ca a pas mal bougé aussi tu sais, alors je suis contente. » Leena posa une main chaleureuse sur son bras. « Je suis vraiment contente pour toi. On le néglige souvent, mais la vie professionnelle est très importante pour rebondir. Si ton travail te plaît, c'est génial ».
« Mais et toi alors, il parait que tu bosses avec les réfugiés maintenant ? Toujours le cœur sur la main, prête à aider les autres. » La remarque d'Oakley fit monter le rouge aux joues de Leena. Elle n'était pas la première à lui faire ce compliment, mais il mettait toujours la jeune femme un peu mal à l'aise. Elle avait sincèrement l'impression de ne rien faire de spécial ; c'était son métier, elle le faisait, après tout. Et depuis la disparition d'Adam... Disons que Leena se sentait redevable. « Oh là là, arrête » sourit Leena avec un petit rire. « Je ne fais que mon travail ». Son regard part un peu dans le vide. « Ça fait quelques temps maintenant que j'y travaille. J'ai eu besoin de changement, à un moment. Ça pèse un peu sur le cœur, ce travail, au bout d'un moment. Pas que travailler avec les réfugiés soit très gai. Mais j'avais juste... besoin de changer d'air, on va dire » explique-t-elle. « En vérité, j'ai pas pu m'arrêter bien longtemps de venir ici. J'y viens en tant que bénévole, je prête main forte quand il y a besoin ». Leena regarde son téléphone. Il leur restait encore un peu de temps avant que la réunion ne commence. « En tout cas je suis super contente que tu viennes aux réunions. Ça n'est pas facile, mais c'est un pas incroyable dans la guérison. Et la chance d'aider d'autres femmes ».
J’ai rapidement compris qui est Leena, et j’ai bien rapidement compris aussi qu’elle ce souci des gens et qu’elle ce souci de son travail. Si a mes yeux elle m’a beaucoup aidé à m’en sortir, je ne serais pas surprise d’apprendre que je ne suis pas la seule qu’elle ai aidé. Je ne suis pas non plus surpris d’apprendre qu’elle bosse beaucoup. Il ne faut pas connaître beaucoup la brune pour deviner que c’est une acharnée du travail, qu’elle passe sûrement plus de temps à aider les autres qu’à avoir du temps libre. Cela ne fait qu’élever mon estime de Leena, qu’élever le fait que je suis sûr que c’est sûrement l’une des meilleures femmes que je connaisse dans ma vie. Mais c’est d’ailleurs pour cela que je me suis attaché à la brune. Elle me fait penser à ma sœur, un peu également, et c’est sûrement ce côté qui fait que j’ai confiance en elle et que je serais prête à lui confier ma vie. Après tout, elle a fait tellement pour moi au cours de l’année passée. C’est d’ailleurs pour cela que je lui propose qu’on se voie un jour en dehors de nos réunions ici. Je ne dis pas que je n’aime pas la voir ici, mais cela implique toujours des souvenirs douloureux, des conversations compliqués, et j’aimerais beaucoup la connaître en dehors de cela, dans le monde extérieur, sans avoir à parler de mon ex. « Ça serait avec grand plaisir. Et oui, j'aimerais beaucoup te voir autre part qu'ici ! » Je lui adresse un sourire. « Je t’enverrais un message alors et on pourra se retrouver autre part. Un petit restaurant peut être, ca changera un peu de décors. » Si je viens encore aux réunions pour femmes battues, c’est simplement parce que des fois c’est encore un peu dur de me dire que tout cela n’était pas de ma faute, mais aussi parce que je me dis que mon histoire peu peut être aidé une femme à s’en sortir elle aussi.
Puis bien sûr, en bon ange gardien qu’elle est, Leena me demande des nouvelles de moi, de ma situation, de comment je vais. Le chemin n’est pas facile, mais quand je vois tout ce qu’il s’est passé durant les derniers mois, une partie de moi ne peux s’empêcher de penser que j’ai beaucoup avancer. Je lui parle forcément un peu d’Isaac, mon grand frère, celui qui m’a sauvé la vie et qui continue de me soutenir quoi qu’il arrive. « Je comprends oui. C'est sûrement mieux que tu passes un peu de temps chez lui, ça fait du bien d'avoir de la compagnie. Le temps de te reprendre. » « Oui, puis pour le moment il n’a pas l’air de vouloir me mettre à la porte alors… Je ne me plains pas. » Je ris un peu avant d’enchainer à lui parler de mon métier. Leena sait que je bosse dans une salle de sport, ou du moins que je bossais dans une salle de sport, avant. Aujourd’hui les choses sont un peu différentes. « Je suis vraiment contente pour toi. On le néglige souvent, mais la vie professionnelle est très importante pour rebondir. Si ton travail te plaît, c'est génial. » Je lui adresse un sourire. « Oui, j’adore mon boulot. »
« Oh là là, arrête. Je ne fais que mon travail. Ça fait quelques temps maintenant que j'y travaille. J'ai eu besoin de changement, à un moment. Ça pèse un peu sur le cœur, ce travail, au bout d'un moment. Pas que travailler avec les réfugiés soit très gai. Mais j'avais juste... besoin de changer d'air, on va dire. En vérité, j'ai pas pu m'arrêter bien longtemps de venir ici. J'y viens en tant que bénévole, je prête main forte quand il y a besoin. » J’hoche la tête. Je me doute bien que cela ne doit pas être facile de tous les jours voir des femmes qui viennent ici pour essayer de trouver un refuge, pour essayer de se sortir d’une situation dans laquelle elles ne savent pas quoi faire. Je sais que ça doit être dur parce que j’ai moi-même vécue cela il y a des mois. « Oui, ca personne ne peut t’en vouloir. Ca doit vraiment pas être facile au bout d’un moment. » Je lui adresse un sourire. Même si elle ne vient plus ici, elle aide quand même encore les gens et ca c’est formidable. « En tout cas je suis super contente que tu viennes aux réunions. Ça n'est pas facile, mais c'est un pas incroyable dans la guérison. Et la chance d'aider d'autres femmes. » « Oui c’est ce que je me dis. Je ne viens pas très très souvent parce que c’est encore assez compliqué de faire face à toutes ses femmes qui vivent ou ont vécu ce que j’ai moi-même vécue, mais j’essaye de venir de temps en temps. Je dois le faire. » Si je peux faire une toute petite différences alors je veux le faire.
« Je t’enverrais un message alors et on pourra se retrouver autre part. Un petit restaurant peut être, ca changera un peu de décors. » Leena approuve d'un signe de tête amical. Effectivement, changer de décor ne pouvait leur faire que le plus grand bien. À Oakley, surtout, puisque Leena était bien consciente que de toujours revenir au centre devait lui rappeler des souvenirs douloureux. Même si elle semblait avoir plus ou moins tourné la page, le centre devait la ramener sans cesse à son statut d'ex-victime de violences. Et même si Leena était très fière qu'elle ait trouvé la force d'y revenir pour aider les autres, le but était, sur le long-terme, qu'elle n'ait plus à y remettre les pieds. Cela signifierait que toute cette période est définitivement derrière elle. Leena ne tarde pas à lui demander des nouvelles, à chercher à savoir où elle habite désormais, ce qu'elle fait ; et elle ne peut retenir un grand sourire en apprenant qu'elle est toujours chez son frère, c'est-à-dire chez quelqu'un digne de confiance. C'était évidemment un aspect primordial de la reconstruction ; après que son chez-soi ait été un enfer de violences, il était important qu'Oakley puisse reprendre confiance en elle dans un foyer calme et sécurisé. « Oui, puis pour le moment il n’a pas l’air de vouloir me mettre à la porte alors… Je ne me plains pas. » La remarque de la blonde la fait rire. Et rendait Leena d'autant plus admirative ; elle arrivait à faire des traits d'humour, malgré sa situation. « Oui, j’adore mon boulot. » La jeune femme se rendit compte qu'elle ne lui avait même pas demandé quel était son nouveau poste. "Mais du coup, est-ce que tu es toujours à la salle de sport ? Vu ton physique, j'aurais tendance à dire que oui" plaisanta la jeune Maddox d'un ton malicieux. Il était clair qu'Oakley avait continué à s'entraîner régulièrement, vu son physique mince et élancé. Leena était loin d'être mal foutue, mais elle devait avouer qu'elle était particulièrement admirative de la forme quasi-olympique de la blonde. Elle avait un peu l'impression d'être un boudin disgrâcieux, à côté.
Oakley commença ensuite à flatter Leena pour son travail et son engagement, ce qui ne manqua pas de la mettre mal à l'aise. Elle avait certes conscience qu'elle en faisait beaucoup, mais elle n'était pas certaine qu'elle méritait des félicitations pour ça. Si Leena se jetait autant corps et âme dans le travail, c'était aussi pour éviter de rester seule avec ses pensées. Une sorte de fuite en avant. Mais l'ambiance n'était pas vraiment à la révélation de ce genre de vérités douloureuses, aussi Leena se contenta d'hocher la tête avec gratitude. Malgré tout, ça lui faisait plaisir. « Oui, ca personne ne peut t’en vouloir. Ca doit vraiment pas être facile au bout d’un moment. » Leena acquiesce d'un petit signe de tête. "Enfin, ce n'est pas à nous de nous plaindre. On fait ça par passion et pour les autres". Il était clair que faire ce travail demandait une grande quantité d'abnégation. Ne serait-ce que pour la charge mentale qu'il impliquait, et parce qu'on ne finissait jamais vraiment sa journée de travail. Leena revenait souvent chez elle la tête pleine des histoires de ces femmes. Maintenant qu'elle travaillait auprès de réfugiés, c'était presque pire, car il lui arrivait régulièrement de répondre à leurs coup de fil une fois sa journée terminée. Elle ne devait pas le faire, mais c'était plus fort qu'elle. « Oui c’est ce que je me dis. Je ne viens pas très très souvent parce que c’est encore assez compliqué de faire face à toutes ses femmes qui vivent ou ont vécu ce que j’ai moi-même vécue, mais j’essaye de venir de temps en temps. Je dois le faire. » Le brune n'osait même pas imaginer l'effort considérable que revenir ici devait demander à Oakley. "Tu peux vraiment être fière de toi. Même si j'espère que bientôt on pourra se revoir sous d'autres circonstances" sourit-elle doucement, faisant référence à la promesse d'une sortie au restaurant évoquée précédemment. "D'ailleurs, comment avance la procédure judiciaire...?" Leena faisait attention aux mots qu'elle employait, désireuse de ne pas troubler Oakley. "Enfin, est-ce que tu as déposé plainte ? Tu sais où me trouver, si jamais tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit. Je sais à quel point ça peut être éprouvant, c'est un vrai dédale administratif".
Retrouver Leena, discuter de pleins de choses autre de ma vie sans entrer dans les détails des années passer avec David me fait du bien. Jusqu’à maintenant, nous nous retrouvions surtout pour parler de cette partie difficile de ma vie, cette période qui me provoque encore des fois des cauchemars, mais de parler de mon frère, de mon boulot sans vraiment mentionner David me fait du bien. J’ai envie que ma vie se détache de son prénom, que l’on arrête de me demander si je vais mieux. J’ai envie de vivre une vie normale, une vie ou David n’en fait plus du tout partie et je commence doucement à la monter cette vie. « Mais du coup, est-ce que tu es toujours à la salle de sport ? Vu ton physique, j'aurais tendance à dire que oui. » Je ris légèrement. Il est vrai qu’avec tout le sport que je fais quotidiennement, j’ai la chance de pouvoir me muscler, de pouvoir rester plutôt ‘healthy’. « Plus ou moins oui. En fait, vu que je ne paye plus vraiment de loyer, j’en ai profité pour me remettre beaucoup dans la danse et passer des auditions. Je viens de signer un contrat pour danser dans un clip vidéo. J’espère que par la suite ca voudra dire danser sur une tournée ou quelque chose du genre. » Un rêve qui prend doucement forme et qui me fait encore plus rêver de pouvoir vivre de la danse un jour.
Leena me parle ensuite à son tour de son métier et je comprends parfaitement que se détacher un peu de l’association pour femme battue est nécessaire pour sa santé mentale. Cela ne doit pas être facile de porter toutes ses histoires difficiles sur ses épaules et de tenter de trouver à chaque fois les bons mots pour essayer d’aider. Je le fais de temps en temps et cela me pèse déjà beaucoup, alors le faire au quotidien, je ne peux qu’imaginer le poids que cela doit avoir. « Enfin, ce n'est pas à nous de nous plaindre. On fait ça par passion et pour les autres. » Je souris légèrement. « Oui enfin, je comprends que cela devienne pesant au bout d’un moment. Ce n’est pas des histoires faciles que tu entends tous les jours. » Même si je n’avais pas souffert de ce genre de vie, je ne sais pas si j’aurais eu la force de faire ce que fait Leena. Cette femme a une force impressionnante et c’est lorsque je suis face à des gens comme elle que je me dis que je peux tout traverser. Elle a cette énergie, cette force qui donne envie de se battre, de se donner à fond et c’est ce que j’aime chez elle. « Tu peux vraiment être fière de toi. Même si j'espère que bientôt on pourra se revoir sous d'autres circonstances. » « C’est gentil, merci. Mais je dois énormément aux gens qui m’entourent. Je sais pas si j’aurais pu faire tout ca sans ma famille, mes amis et sans toi à vrai dire. » Je lui adresse un sourire.
« D'ailleurs, comment avance la procédure judiciaire...? » Il est vrai que cela fait un moment que je ne suis pas venu ici et que Leena n’est donc pas au courant. « Enfin, est-ce que tu as déposé plainte ? Tu sais où me trouver, si jamais tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit. Je sais à quel point ça peut être éprouvant, c'est un vrai dédale administratif. » « A vrai dire… Ca a été plutôt rapide pour moi. Il a été condamné en décembre. 3 ans de prison et quelques milliers de dollars. C’est… Peu mais bon, mieux que rien pas vrai ? » Au moins je peux avoir la conscience tranquille pendant les trois ans à venir, me dire que je suis tranquille, que je n’ai pas de soucis à me faire pour le moment. Et puis on verra bien quand il sera sorti pour le reste.
Leena reste admirative face à la carrure d'Oakley. Un vrai corps de sportive, voire carrément de mannequin. Elle l'admire d'autant plus en sachant qu'elle a réussi à se maintenir en forme après tout ce qu'elle avait vécu ; Leena aurait été plutôt du genre à se ruer sur les gâteaux et toute autre forme de friandises. Mais elle était aussi consciente que pour beaucoup de ses femmes, le sport pouvait être un véritable exutoire. C'était un moment à elle, où elle pouvait s'éloigner de leur quotidien violent, et reprendre une forme de contrôle sur elle-même. Peut-être avait-ce été le cas d'Oakley, mais Leena l'avait toujours connu avec cette forme olympique, donc elle misait plutôt sur le fait que le sport était une véritable passion pour elle. « Plus ou moins oui. En fait, vu que je ne paye plus vraiment de loyer, j’en ai profité pour me remettre beaucoup dans la danse et passer des auditions. Je viens de signer un contrat pour danser dans un clip vidéo. J’espère que par la suite ca voudra dire danser sur une tournée ou quelque chose du genre. » Un grand sourire se dessina sur le visage de Leena. Définitivement, le succès professionnel était au rendez-vous pour la blonde, et elle était sincèrement contente pour elle. « Mais c'est super ! Tu vas devenir une star, bientôt, on te verra sur toutes les télés d'Australie » plaisanta-t-elle. Elle riait, mais elle ne doutait pas un instant du potentiel qu'Oakley avait. Elle était en bonne forme, et surtout, elle connaissait sa persévérance. « Sans rire, je suis vraiment contente pour toi. Si ça te passionne, c'est génial. Et tu pourras peut-être me donner des cours, parce que j'ai deux pieds gauches quand il s'agit de se déhancher ». Leena pensa à tous ses partenaires de danse, ou plutôt à leurs orteils, qui avaient du souffrir le martyr à cause d'elle.
Oakley prit alors des nouvelles de Leena, en lui demandant ce qu'elle faisait maintenant. Leena était effectivement plutôt fier de son travail – enfin, pas du sien en particulier, mais de celui que pouvait fournir l'association et tous ses collègues. Elle qui pendant longtemps avait voulu étudier le commerce, elle était heureuse d'avoir changé de filière pour faire ce qu'elle faisait aujourd'hui. Même si le travail était parfois dur mentalement, en raison des histoires dramatiques qu'elle entendait à fréquence régulière, ce qu'elle faisait avait du sens ; elle savait qu'elle travaillait pour une cause et qu'il y avait de vrais résultats positifs. Leena savait pourquoi elle se levait le matin : pour un travail en adéquation avec ses valeurs. « Oui enfin, je comprends que cela devienne pesant au bout d’un moment. Ce n’est pas des histoires faciles que tu entends tous les jours. » Leena hocha la tête doucement. Effectivement, c'était loin d'être facile tous les jours. Au fil des années, elle s'était un peu habituée, mais les premiers temps de sa vie professionnelle avait été compliqué. Il lui arrivait de fondre en larmes en rentrant chez elle tant les histoires qu'elle pouvait entendre au travail la bouleversait, et ravivait parfois des souvenirs douloureux. Mais aujourd'hui, au lieu de la fragiliser, ces histoires la motivaient à travailler encore plus dur pour que les victimes puissent en sortir. « C’est gentil, merci. Mais je dois énormément aux gens qui m’entourent. Je sais pas si j’aurais pu faire tout ca sans ma famille, mes amis et sans toi à vrai dire. » Le commentaire d'Oakley lui faisait vraiment plaisir. Leena ne faisait pas ça pour les remerciements, loin de là, mais il était certain que c'était toujours appréciable de voir son travail reconnu. « Oh, mais ne me remercie pas. Ce n'est pas grâce à moi que tu t'en es sortie, mais grâce à toi. Nous, on est seulement là pour soutenir et aiguiller. La force, le courage, la persévérance, tout ça vient de toi ».
Leena lui demanda ensuite des nouvelles de la procédure judiciaire. Elle s'appliqua dans le choix de ses mots, consciente qu'une telle conversation ne devait pas être facile pour Oakley. Les poursuites judiciaires constituaient la partie la plus compliquée de tous les dossiers, car malheureusement justice n'était pas toujours rendue, et elles pouvaient continuer de tourmenter les anciennes victimes pendant des années, tant la procédure s'avérait compliquée. « A vrai dire… Ca a été plutôt rapide pour moi. Il a été condamné en décembre. 3 ans de prison et quelques milliers de dollars. C’est… Peu mais bon, mieux que rien pas vrai ? » Leena lui sourit doucement. C'était une bonne nouvelle, malgré tout. « Je suis contente d'apprendre qu'il a été condamné. Dans de nombreux cas, ils sont acquittés, malheureusement. Trois ans en prison devrait lui laisser le temps de réfléchir à ses actes » expliqua-t-elle. Leena était bien consciente que les peines pouvaient sembler légère face à la gravité des actes, car la loi australienne était encore assez clémentes face aux auteurs de violences conjugales. Mais pour avoir travaillé à plusieurs reprises en milieu carcéral, Leena était aussi consciente que la vie y était extrêmement dure et qu'il était probable que cela lui passe le goût de recommencer. « Encore une fois, bravo pour ton courage. Déposer une plainte n'est vraiment pas une étape facile, mais je pense que c'est vraiment nécessaire pour se reconstruire. Tu peux vraiment être fière de toi ». Leena jeta un un rapide coup d'oeil à son téléphone. « La réunion ne va pas trop tarder à commencer, je ne voudrais pas te mettre en retard » dit-elle doucement.
« Mais c'est super ! Tu vas devenir une star, bientôt, on te verra sur toutes les télés d'Australie. » je ne peux m’empêcher de rire lorsque j’entend Leena me dira cela. Je n’en suis pas là et je n’en serais d’ailleurs surement jamais là parce que ce n’est pas ce que je recherche. Je ne veux pas devenir célébre, je veux simplement essayer de vivre de la danse, parce que j’aime énormément cela. Je veux simplement vivre de mon rêve. « Je pense pas, mais c’est gentil. » Elle croit en moi, et cela me fait chaud au cœur, cela me fait plaisir à entendre. « Sans rire, je suis vraiment contente pour toi. Si ça te passionne, c'est génial. Et tu pourras peut-être me donner des cours, parce que j'ai deux pieds gauches quand il s'agit de se déhancher. » Je lui adresse un grand sourire sincère. « Tu sais, j’apprends depuis que je suis petite, c’est pour ca que je me débrouille plutôt bien. Puis j’ai eu de très bons professeurs. » Je ne peux pas penser à un seul prof de danse avec qui je ne me suis pas entendu et qui ne m’a pas motivé dans ma poursuite de la danse, et pour cela, j’ai beaucoup de chance.
Je prends des nouvelles de Leena et l’écoute à son tour me parler de son métier, de ce qu’elle fait auprès des immigrés. Leena est vraiment quelqu’un qui a la main sur le cœur et pour cela je suis vraiment contente de la compter aujourd’hui parmi mes amies. Elle pense toujours aux autres avant de penser à elle et c’est vraiment quelque chose de magique quand on y pense. Puis nous en revenons à parler de mon passé, de ce qu’il s’est passé dans ma vie et de la manière dont l’on c’est rencontré toutes les deux. « Oh, mais ne me remercie pas. Ce n'est pas grâce à moi que tu t'en es sortie, mais grâce à toi. Nous, on est seulement là pour soutenir et aiguiller. La force, le courage, la persévérance, tout ça vient de toi. » Pourtant je ne suis pas d’accord alors elle. Je lui dois beaucoup à Leena, et sans elle je pense que je n’arriverais pas à me reconstruire comme je le fais aujourd’hui. Dans ma tête, je sais que sans mes proches, sans Leena, je n’y serais jamais arrivé. Je n’aurais jamais pu remonter la pente et prendre un nouveau départ en laissant tout ce qu’il s’est passé derrière moi. « Mais quand même. » Je lui adresse un sourire et en profites pour lui annoncer que David a été sanctionner. A mon gout ce n’est pas assez pour l’enfer qu’il m’a fait vivre, mais comme je le dis, c’est toujours mieux que rien du tout. « Je suis contente d'apprendre qu'il a été condamné. Dans de nombreux cas, ils sont acquittés, malheureusement. Trois ans en prison devrait lui laisser le temps de réfléchir à ses actes. » J’hoche la tête. « Oui c’est sûr, j’essaye simplement de ne pas penser au moment ou il sortira de là bas à vrai dire. » Ne pas penser à ce qu’il se passera lorsqu’il sortira de prison et qu’il pourra sans doute me retrouver.
« Encore une fois, bravo pour ton courage. Déposer une plainte n'est vraiment pas une étape facile, mais je pense que c'est vraiment nécessaire pour se reconstruire. Tu peux vraiment être fière de toi. » Ses mots me réchauffent encore une fois le cœur et je ne peux m’empêcher de lui sourire. J’aime beaucoup la force et la positivité de la brune. « Ca n’a pas été simple, mais c’était vraiment nécessaire. » Je lui adresse un nouveau sourire alors que les femmes présentent commencent à s’avancer vers la salle de réunion. « La réunion ne va pas trop tarder à commencer, je ne voudrais pas te mettre en retard. » Je viens rapidement la serrer dans mes bras. « On se revoit très vite alors ? On s’écrit. »
« Tu sais, j’apprends depuis que je suis petite, c’est pour ca que je me débrouille plutôt bien. Puis j’ai eu de très bons professeurs. » répond Oakley en souriant. Leena se doutait bien que de toute façon, la jeune femme n'avait pas acquis toutes ces compétences en se réveillant un beau moment. Mais tout de même, elle était assez impressionnée par ses capacités physiques. Le fait qu'elle ait continué de s'entretenir autant malgré ses difficultés personnelles en disait long sur sa résilience et son courage. Leena n'en avait jamais douté, mais elle était admirative. Son récent succès professionnel semblait confirmer ce qu'elle pensait ; Oakley était une battante et elle semblait être définie sortie de la spirale de violence dans laquelle elle était enfermée, fut un temps. Évidemment, les séquelles durent à vie, et elle aurait probablement toujours des difficultés à faire confiance. Mais Oakley avait réussi à reprendre le dessus sur sa vie, et Leena était très fière d'elle. Leur discussion dériva ensuite sur la vie professionnelle de Leena, qui ne travaillait plus au centre d'aide pour femmes depuis déjà plusieurs années, puis sur la procédure judiciaire qu'Oakley avait entamé contre son ex-compagnon. La jeune femme était heureuse d'apprendre que l'enquête avait débouché sur une condamnation ; certes, celle-ci pouvait paraître faible par rapport aux violences et à leurs conséquences, mais trop souvent les procédures débouchaient sur des acquittements. Aussi Leena était-elle heureuse d'apprendre que malgré tout, justice avait été faite. « Oui c’est sûr, j’essaye simplement de ne pas penser au moment ou il sortira de là bas à vrai dire. » Elle hoche la tête doucement, envoie un sourire compatissant en direction de la blonde. « Évidemment. Mais ne t'en fais pas, tout ira bien ». Leena ne pouvait pas le dire avec certitude. Mais elle avait confiance en Oakley, et elle était persuadée que son ex-compagnon utiliserait à bon escient son temps derrière les barreaux pour réfléchir à ses actes. Peut-être était-elle un peu trop optimiste, mais elle voulait croire que tout était derrière Oakley, désormais.
« Ca n’a pas été simple, mais c’était vraiment nécessaire. » répondit Oakley après que Leena l'ait félicité – une énième fois – pour son courage et sa détermination. Leena hocha la tête vigoureusement. Effectivement, devoir revivre des années de violence devant des policiers n'était pas chose aisée. Mais c'était malheureusement nécessaire pour que justice soit rendue et pour qu'un jour, Leena le souhaitait de tout son être, les violences conjugales soient systématiquement punies par la loi. Leena regarda l'heure et se rendit compte que la réunion à laquelle Oakley devait assister n'allait pas tarder à commencer, aussi lui fit-elle ses au revoir. « On se revoit très vite alors ? On s’écrit. » La blonde la serra un instant dans ses bras. Leena serra sa main quelques instants. « Bien sûr, tu me tiens au courant dès que tu as une disponibilité ». Sur ce, Leena s'éloigna de la blonde avec un petit signe de la main, tandis que cette dernière s'engouffrait dans la salle où se tenait la réunion.
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Quand j’y pense, j’ai du mal à croire que cela fait maintenant dix mois que je ne suis plus avec David. Dix mois que je me suis retrouvés sur ce lit d’hôpital, à presque y rester. Dix mois que je suis à nouveau libre, que je vis plus dans la peau, dans la hantise de me retrouver à nouveau avec des bleus et des plaies sur le corps Bien sûr, il m’arrive encore de temps en temps d’en faire des cauchemars, de me dire que David va revenir malgré le fait qu’il a été condamné à des années de prison. Mais dans l’ensemble, ma vie est beaucoup mieux. Je vis encore chez mon frère, parce que j’y suis bien et dans le fond je n’ai pas vraiment envie d’en partir. Cela n’a d’ailleurs pas l’air de déranger Isaac, qui en ce moment se remet d’une séparation douloureuse. Puis j’ai ensuite fini par pouvoir reprendre le sport, pouvoir reprendre la danse et je me suis mise à passer des auditions. Ces derniers mois sont passés vite, très vite et au final, voilà que maintenant je viens de signer un contrat pour danser dans un clip de musique qui s’en suivra peut-être avec une tournée. Mes projets deviennent doucement mais sûrement réalisé et je me sens à nouveau bien. Ma vie semble avoir retrouvé un équilibre et je redeviens petit à petit la femme que j’étais avant toute cette histoire avec David.
