Amos était mort. Clyde était mort. Raelyn était morte. Cela faisait plusieurs semaines que Halsey parcourait cette terre désolée seule, se posant presque chaque soir la question ; est-ce que ça en valait encore la peine ? De se battre ? Tout s’était écroulé, et l’isolement la rendait de plus en plus parano, et elle sentait qu’elle était toute proche d’atteindre le point de rupture. Seule, elle dormait moins, elle stressait plus. Trouver des ressources était toujours plus risqué, et ne parlons pas des fois où les rôdeurs décidaient de lui tomber dessus. Elle avait déjà hésité, plusieurs fois. Elle avait hésité à pousser encore une fois sur la gâchette pour empêcher les dents de son assaillant de se loger dans sa chair, de mettre fin à son calvaire. Mais à chaque fois, un sursaut l’avait empêché de se laisser aller et elle avait toujours fini par tirer. Pour ensuite le regretter et se demander pourquoi elle s’obstinait à survivre dans un monde pareil. La seule bonne nouvelle résidait dans le fait qu’elle était toujours en possession de la voiture, ainsi que des armes et de toutes les provisions qu’elle et Raelyn étaient parvenues à amasser au fil des mois. Désormais, c’était elle qui portait la veste aviateur ; un moyen comme un autre d’avoir l’impression qu’elle était toujours là. Sa sœur. Soupirant, grillant une des rares cigarettes qu’elle était parvenue à trouver – la fin du monde à elle seule ne sera pas parvenue à la faire arrêter – elle leva le nez vers une station essence paumée au milieu de nul part et qui semblait étrangement intacte après tout ce temps. Rares étaient les endroits qui n’avaient pas soufferts de pillage ou des aléas des mois passés sur une terre peuplée en majorité de monstres, et en minorité de survivants peinant à vivre une journée de plus. Armée à chaque main, un couteau dans chaque botte, elle se dirigea d’un pas décidé vers le bâtiment – en ayant pris soin de planquer la voiture au préalable – et ouvrit la porte à fracas, pointant les environs de son arme en fronçant les sourcils. Rien à signaler. Mais un bruit lui parvint dans le fond, dans l’arrière-boutique. Elle s’avança lentement, sans cesser de tenir son arme face à elle, prête à tirer au moindre mouvement. Elle ouvrit la porte et là, elle tomba nez à nez avec une jeune femme ; le coup parti tout seul, se logeant dans son bras. Elle s’excuserait plus tard.
Dans la théorie, c’était une bonne idée. Presque bonne, en fait. Pas trop mauvaise, essentiellement. Pas la pire qui soit, finalement.
Se terrer comme un rat là où elle avait de l’eau et de la nourriture semblait lui convenir. Pour les premières semaines de fin du monde, en tout cas, elle n’a pas eu à s’en plaindre. Son fusil de chasse suffisait à faire fuir les curieux qui n’avaient pas lieu d’être sans qu’elle n’ait pour autant jamais à leur tirer dessus - est ce qu’elle est chargée, au moins, cette arme ? Qu’importe. Ce qui compte réellement c’est qu’elle fasse illusion et au moins pour ça elle peut compter sur son aspect négligé façon fin du monde 10/10 et ses journées passées à se nourrir tantôt de glaces tantôt de chips ; parce que l’idée de manger les denrées périssables avant le reste ne lui en est en aucun cas venu à l’esprit. Survivaliste dans l’âme, la Charlie.
Jusque là, tout allait bien. Puis il y a eu des bruits de pas, puis il y a eu sa cachette de révélée bien plus tôt que d’habitude. Et enfin il y a eu son fusil qui n’a pas su faire illusion, cette fois, alors qu’elle le tenait pourtant bien fermement contre son épaule. Elle n’avait jamais entendu de bruit de détonation, encore moins d’aussi proche, et sachez que quand le héros se prend une balle au cinéma cela fait quand même beaucoup moins mal que lorsque vient son tour dans la réalité. La balle lui transperce la chaire, elle rage entre sa mâchoire fermée et se recroqueville aussitôt sur elle même à cause de la douleur.
De deux mains posées sur l’arme elle ne passe plus qu’à une seule, l’autre abandonnant déjà la partie à cause de la douleur. Elle ne s’avoue pas vaincue pour autant et lutte contre l’ennemie dont elle ne connaît pourtant rien, pas même son visage qu’elle n’a pas eu le temps d’imprimer dans son esprit. “Bravo. Y’a un groupe à quelques centaines de mètres. J’espère pour toi que tu coures vites.” Un groupe parce qu’elle n’a pas de nom pour eux et que si elle a la force d’avoir un ton condescendant elle n’en a pour rien d’autre. “Si tu me donnes ton arme je te montre une planque. Ils vont arriver dans quelques minutes.” Ouais, bon. Les négociations n’ont jamais été sont fort. Mais elle essaye, au moins.
La brune avait déjà failli y passer parce qu’elle n’avait pas été la première à attaquer, laissant le bénéfice du doute alors que dans ce monde, il n’y avait plus de place pour ça. Pour le doute. Alors quand quelque chose lui paraissait étrange ou risqué, elle ne prenait plus le temps de réfléchir ; elle agissait. Et c’était précisément ce qu’elle décida de faire lorsqu’elle entendit un bruit suspect derrière la porte qui donnait sur l’arrière boutique de cette station essence, peu désireuse d’être celle qui allait se faire surprendre alors qu’elle était en position de force. Alors le coup de feu parti tout seul, pas pour tuer forcément mais pour blesser assez sévèrement. La balle se logea dans son bras, et la rouquine laissa à moitié tomber son arme, grimaçant mais tenant bon ; les cris, ça n’allait pas arranger leurs affaires. Elle pouvait au moins lui accorder ça, elle tenait bon, parce qu’une balle quand même ça faisait un mal de chien. Halsey resta silencieuse, observant celle qu’elle avait débusquée dans une espèce de cachette, entourée de nourriture et de paquets vides en tout genre. Est-ce ainsi qu’elle avait survécu jusqu’ici ? En se terrant dans son trou et en mangeant toute la nourriture qu’elle avait à proximité ? Eh bien. La jeune femme se demanda ce qui aurait suivi pour elle, quand elle se serait retrouvée sans ressources et paumée comme jamais, alors que le monde avait continué de tourner – et de sombrer – sans elle. Un fameux fiasco, probablement. “Bravo. Y’a un groupe à quelques centaines de mètres. J’espère pour toi que tu coures vites.” Etait-elle entrain de lui faire la morale ? Se rendait-elle compte que c’était elle qui la tenait en joue, et non l’inverse ? Un léger sourire étira ses lèvres, parce que bon, l’insolence elle aimait ça. « Et comment tu sais ça, ça t’arrives de sortir de ton trou ? » Elle haussa un sourcil dans sa direction. Il ne fallait pas être devin pour réaliser qu’il s’agissait de son QG façon fin du monde. “Si tu me donnes ton arme je te montre une planque. Ils vont arriver dans quelques minutes.” Ah. Insolente et drôle en plus de ça. Un petit rire s’échappa et Halsey resserra sa prise sur son arme, histoire de lui montrer ce qu’elle pensait de sa petite proposition. « Et si on disait que tu me montres ta planque et que moi, en contrepartie, j’évite de te trouer l’autre bras ? » Elle laissa un nouveau sourire se poser sur ses lèvres, tout en se demandant si il y avait bien un « groupe » - c’était quoi ça pour une appellation ? – et si elle n’était pas entrain de lui faire un mauvais plan, sous ses airs de chat terrifié.
Même en position de vulnérabilité plus qu’évidente, la blonde est toujours incapable de simplement fermer sa gueule et apprendre à analyser la situation avant de faire quoi que ce soit. Au contraire, elle parle et ce n’est qu’ensuite qu’elle se rend compte de toutes les conneries qu’elle vient de débiter à la minute. Au moins elle s’améliore dans un sens puisque leur nombre est toujours plus important à chaque fois qu’elle croise une nouvelle personne. Elles sont rares, certes, mais existantes. Jusque là personne n’avait encore osé lui tirer dessus avant même de dire quoi que ce soit. Elle se promet de faire de même la prochaine fois, si jamais il y a une prochaine quoi que ce soit. « Et comment tu sais ça, ça t’arrives de sortir de ton trou ? » - « Tu tiens vraiment à prendre le risque d’attendre pour savoir si je dis la vérité ou non ? » Dans les films, le héro se contente toujours de poser une question plutôt que de répondre à celle qu’on lui a lancé. Alors elle fait pareil, la blonde, tant par instinct de survie que par esprit de mimétisme, pensant naïvement que si les zombies d’Hollywood sont parvenus jusqu’à eux alors elle peut se permettre d’appliquer d’autres principes du grand écran.
Pour autant elle continue de garder l’inconnue en joue et c’est sûrement ce qui la sauve d’une seconde balle, cette fois-ci bien plus recentrée vers l’intérieur de son corps.« Et si on disait que tu me montres ta planque et que moi, en contrepartie, j’évite de te trouer l’autre bras ? » - « Trois minutes. » Le temps est devenue une notion abstraite et ils ne se fient plus qu’aux couchers et levers du soleil, pour autant tout redevient rapidement bien réel désormais qu’il est question d’un minuteur avant que le piège ne se referme sur elles. « T’es pas la seule à savoir tirer. Fais glisser ton arme. » Ses yeux ne la quittent pas, elle est attentive au moindre de ses gestes et à ses possibles tentatives d’esquives.
Au loin, elle est persuadée de déjà les entendre se rapprocher. « Vide le chargeur dans le sac à tes pieds. Je t’emmène nulle part en sachant que tu peux encore me mettre une balle sur un coup de tête. » La confiance ne se créera de toute façon jamais, quoi qu’il advienne, mais si un scénario leur prédit une morte dans les minutes à venir, le second leur laisse entrevoir un espoir. Minime mais bien présent.
Méfiante, Halsey observait la blonde qui s’obstinait à la tenir en joue elle aussi, en dépit de son bras blessé et du fait qu’elle n’avait nul part où fuir dans cette pièce ; elle était faite comme un rat. Pourtant, dans ses yeux brillait une lueur de détermination tandis qu’elle se refusait à baisser ceux-ci, continuant de défier la brune en lui annonçant que grâce à elle, une horde n’allait pas tarder à venir leur rendre visite. La jeune femme ne savait pas si il s’agissait de la vérité, ou d’un simple mensonge destiné à l’effrayer pour qu’elle se rende et la supplie de l’autoriser à se cacher avec elle ; dans un cas comme dans l’autre, cette perspective n’arriverait jamais. « Tu tiens vraiment à prendre le risque d’attendre pour savoir si je dis la vérité ou non ? » La brunette haussa un sourcil, interloquée par le courage dont elle faisait preuve en essayant ainsi de renverser la tendance entre elles. La blonde semblait se terrer dans ce trou depuis un long moment, mais cela ne voulait pas dire qu’elle savait forcément tout ce qu’il se passait dans les alentours. « Peut-être bien. » Parce qu’elle avait une seule certitude en ce moment, c’était qu’elle n’allait pas faire confiance à l’aveugle à une fille qui se cachait depuis des semaines et qui se la jouait soudainement, d’autant qu’elle avait tiré la première ; elle risquait de se prendre un retour de flamme à tout instant. Elle évoqua une planque, soulevant un peu plus la curiosité de Halsey qui hésitait à croire ou non à son discours. « Trois minutes. » Ben voyons. Elle leur avait foutu une puce gps dans le cul pour avoir des informations sur la distance qu’ils leur restaient à parcourir ? Elle ne bougea pas d’un poil. « T’es pas la seule à savoir tirer. Fais glisser ton arme. Vide le chargeur dans le sac à tes pieds. Je t’emmène nulle part en sachant que tu peux encore me mettre une balle sur un coup de tête. » Un petit rire s’échappa des lèvres de la jeune femme qui secoua la tête. « Tu penses vraiment que je vais me désarmer alors qu’il y a soi disant une horde prête à débarquer ? Ca se voit que tu sors pas beaucoup toi, hein. » Elle haussa les épaules et choisi plutôt de lever son arme, sans laisser son regard dévier de celui de son interlocutrice. « Je te tire plus dessus, promis. » Elle esquissa un début de sourire, espérant que ça fasse le job, le temps pour elle de se tirer d’ici fissa si effectivement l’armée de la mort marchait vers elles.
Ce n’est pas que le plan ne se passe pas comme prévu ; c’est que le plan se passe à l’exact opposé de ce qui était prévu. Le rapport de force ne s’inverse pas, l’inconnu n’en a absolument rien à faire de quoi que ce soit que Charlie puisse dire et par dessus tout elle ne tremble même pas, à continuer à pointer son arme sur la Villanelle. La blonde a utilisé le peu d’excuses qu’elle avait en stock mais la vérité est qu’elle n’a rien d’une combattante et encore rien d’une battante. La persévérance même ne faisant pas parti de son vocabulaire, elle se décide la première à baisser son arme en la calant contre son aisselle. Nota bene pour la prochaine apocalypse zombie : un fusil de chasse n’a rien de pratique à ranger.
« Je te tire plus dessus, promis. » La blonde a un rire nerveux, pertinemment au courant de cette promesse est totalement caduque et que dès qu’elle ne sera plus d’aucune utilité pour l’inconnue, celle-ci lui tirera une balle entre les deux yeux si elle est clémente ou dans le ventre si elle l’est beaucoup moins. « Pour les minutes à venir t’auras autre chose en tête, crois moi. » Elle ne mentait pas. Elle ne mentait malheureusement pas et tout ceci va désormais se retourner contre elles.
La blonde retire sa ceinture avant de la resserer autant que possible au dessus de sa plaie pour en limiter les saignements, grimaçant de douleur tout le long du processus. Dans le sac qu’elle avait près d’elle, elle y range toute la nourriture possible ainsi que les cartouches de son arme juste au cas où. Il semblerait qu’elle n’ait le temps de rien faire de plus ; il semblerait aussi que pour elle soit venu le temps de quitter cet endroit. « Ils sont beaucoup trop pour que tu penses à les tuer un à un, j’espère que tu coures aussi bien que tu rages. » Pour le moment elle est la seule à rager du fait d’avoir à abandonner sa position mais elle garde ses yeux vissés sur l’inconnue, prête à la lâcher dès qu’elle en aura l’occasion. Pour le moment encore, elle souhaite garder ses ennemis à l’oeil. « On longe la route vers le sud. » Les ordres sont clairs bien que peu précis. Elle lui donnera les informations au fur et à mesure pour être certaine de ne pas devenir de la chaire à canon trop tôt dans cette histoire.
Halsey continuait de l’observer sans broncher, bien décidée à ne pas se rendre aussi facilement, surtout face à une fille qui vivait son apocalypse en s’enfermant dans une pièce en espérant que ça s’arrange. Breaking news, le monde n’allait jamais revenir à la normale. Alors, elle continua de la tenir en joue, espérant simplement qu’elle lui faisait un sketch au sujet des rôdeurs et qu’une horde n’allait pas débarquer dans les minutes à venir ; ça serait assez crispant. Alors, elle se contenta de lui promettre qu’elle n’allait pas tirer, ce qui était vrai dans l’absolu, même si cette promesse pourrait être aussi vite rompue si elle décidait de jouer aux aventurières avec elle. Sa réflexion la fit rire, et Halsey esquissa un sourire ironique alors que la blonde comprenait enfin que ça n’était pas elle qui aurait le dessus dans cette histoire. « Pour les minutes à venir t’auras autre chose en tête, crois moi. » Et elle recommençait avec ça. Peut-être que c’était vrai, après tout. La brune plissa les lèvres, regardant derrière elle un instant comme si elle allait apercevoir une horde se diriger droit sur elles, avant de reporter son attention sur la jeune femme qui était entrain de se faire un garrot là où elle avait prit la balle, avant de préparer un sac en vitesse. « Ils sont beaucoup trop pour que tu penses à les tuer un à un, j’espère que tu coures aussi bien que tu rages. » Courir ? La bonne blague. Halsey se contenta de baisser son arme pour l’heure, même si elle gardait la blonde dans son champ de vision ; juste au cas où. « Je me débrouille. » Lança-t-elle alors qu’elles se dirigeaient vers la sortie. « On longe la route vers le sud. » Elle avait une planque, soi-disant, vers le sud. Bien, ça manquait de précision mais si elle disait vrai, peut-être qu’elle aurait de quoi compléter ses ressources en pillant ce qu’elle avait dans ce sac et dans ce fameux abri. « C’est loin ? J’ai une voiture. Pas besoin de courir. » En haussa un sourcil vers elle, l’air de dire je te prends avec moi mais je te conseille de pas faire la dingue sans quoi je te plombe avec une autre balle. Un regard qui en disait long, quoi.
Autant être clair : Charlie la déteste, elle déteste Charlie. L’équilibre des choses semble à peu près préservé, donc, chacune ne manquant pas une seule occasion de décocher un regard toujours plus noir à l’autre sans que cela ne les mène nulle part. Charlie aurait largement préféré continuer à vivre sa vie sans aucune interaction sociale, cela lui convenait bien mieux que n’importe quelle discussion qu’elle peut en ce moment avoir avec la brune, les mots ne semblant les mener nulle part puisqu’elles en sont déjà largement passées au menaces physiques. Menaces qui sont devenues réalité bien plus vite que la blonde n’aurait jamais pu le croire, en témoigne le sang qui a déjà coulé tout le long de son bras. « Je me débrouille. » L’arme baissée lui fait pousser des ailes, elles rigole avec ironie. Ouais, c’est ça. « C’est loin ? J’ai une voiture. Pas besoin de courir. » Cette nouvelle information ravive vivement l’intérêt de la blonde et sans crier gare, elle retourne son arme pour venir frapper la tempe de la brune avec le plus de force possible, la crosse de son arme en main. Sa tête en vient à heurter le mur et c’est sûrement ce second choc qui a causé la perte de conscience de l’inconnue, évitant ainsi à Charlie un amer retour de bâton.
* * *
« Dis moi qui t’étais avant et quel est ton but maintenant. J’aviserai ensuite. » Elle agresse déjà la brune de question à peine cette dernière vient-elle de se réveiller dans un lieu inconnu. Charlie a tenu parole et les a menées dans sa planque, elle s’est seulement sauvé de nombreuses déconvenues en faisant le voyage avec une passagère inconsciente. Ses mains sont menottées pour la survie de tout le monde et les deux armes sont désormais posées près de Charlie. Le rapport de force semble inversé mais pas sûr que cela ne perdure bien longtemps. « Le menu du soir c’est aspirine et petit pois. » Elle a fait un feux de fortune pour au moins leur proposer quelque chose de chaud, parce qu’elles ne sont pas des sauvages. Le cachet blanc repose dans un bouchon près de la brune, elle lui montre d’un signe de tête.
Cela faisait longtemps qu’Halsey n’était pas tombée sur un autre être humain, et elle réalisait maintenant pourquoi ça ne lui avait pas manqué. Ils étaient plus stupides et plus imprévisibles que ces choses qui rôdaient dehors, et même si elle avait tiré la première, la blonde ne lui inspirait rien qui vaille. Et pour cause. A peine fit-elle mention de l’existence de sa voiture que la jeune femme se leva d’un bond pour l’assommer grâce à la crosse de son arme, chose à laquelle la brunette ne s’était absolument pas attendue. Le choc l’aveugla un instant et elle se sentit partir malgré elle, sentant un deuxième choc encore plus violent qui la fit fermer les yeux complètement.
* * *
Pour elle, cela faisait à peine quelques secondes qu’elle avait reçu ce coup sur sa tête. Mais lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle constata que son environnement direct avait changé. Elle n’était plus dans cette station-service, mais dans un endroit qui lui était inconnu. Clignant quelques fois des yeux, elle porta enfin une main à sa tête en grimaçant, sentant une douleur lancinante lui marteler les tempes, constatant ainsi qu’elle était menottée. Parfait. Vraiment, parfait. « Dis moi qui t’étais avant et quel est ton but maintenant. J’aviserai ensuite. » « La Reine de Saba. » Rétorqua-t-elle sur un ton mauvais, faisant un geste dans sa direction pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas peur d’elle, même si c’était elle qui avait pris le dessus pour le moment. Aviser ensuite. « Le menu du soir c’est aspirine et petit pois. » C’était quoi ce délire au juste ? Un petit feu, un cachet et de la nourriture, sérieusement ? « Pourquoi tu m’as pas laissée là ? » L’altruisme, ça n’existait plus par ces temps malheureux. Ce qui rendait cette fille extrêmement bête, parce que rien ne l’aurait empêché de lui voler la voiture et les ressources qu’il y avait dedans en la laissant sur place, prête à se faire réduire en pâté pour zombie. Non pas que ça lui pose problème, dans les faits, c’était juste tout bonnement incompréhensible. D’une main morne, elle s’empara du cachet et jeta un œil autour d’elle pour trouver de l’eau, attrapant enfin une bouteille avec dextérité pour boire quelques gorgées, sans quitter la blonde des yeux.