Si les débuts à Brisbane avait été un peu compliqué vu les raisons pour lesquelles elle était arrivée sur le continent australien. Heather avait réellement l’impression que cette ville lui souriait que ce soit dans le personnel comme dans le privé. Cette série était une bouffée d’air frais et elle adorait les gens qu’elle avait revus et rencontré ici. Et pour le moment il n’y avait pas trop eu de gens lourds pour lui courir sur le système. La blonde n’était pas connue pour être quelqu’un de très patient et elle avait tendance à le faire savoir quand une personne lui courait sur le haricot. Etrangement lorsque c’était arrivé ici, l’actrice avait réussi à garder son calme, évitant ainsi de créer de nouveaux scandales. Et heureusement dans un premier temps elle n’était pas certaine que sa carrière aurait apprécié d’être affichée une deuxième fois pour un acte « violent » alors qu’elle se défendait et surtout son agent l’aurait tué. John l’avait sauvé un nombre incalculable de fois depuis qu’ils se connaissaient. Heather savait que sans lui elle ne serait rien aujourd’hui et il était pour elle, le père qu’elle aurait rêvé d’avoir. Il était grognon mais au fond elle savait que si aucun mot n’était échangé sur le sujet, les deux étaient sur la même longueur d’onde. Du coup il était une des rares personnes dont l’actrice acceptait de se faire engueuler. Elle se souviendrait toujours de sa colère lorsque sa sexualité avait été révélé, plus pour le fait qu’elle ait frappé quelqu’un devant d’autres photographes. Elle lui avait promis de ne plus lui faire un coup pareil et elle voulait essayer de tenir sa promesse. Enfin dans tous les cas cela lui avait permis de retrouver Jessian en la faisant venir à Brisbane et au final cette affaire lui avait fait gagner en liberté, en opportunités et en retrouvailles. Honnêtement jamais Heather n’aurait pensé recroiser la Reed après que leur chemin se soit séparé. Même si elles étaient dans le monde artistiques, leurs carrières était totalement différentes et dans des pays même pas sur le même continent. Il y’aurait peut-être eu la possibilité à certain défilé car Heather était déjà allée en voir mais sinon cela aurait été compliqué. C’était pour ça qu’elle appréciait leur retrouvaille car au final elle était vraiment inattendue et le fait qu’elles s’entendent toujours autant même après tout ce temps était réconfortant.
- Ca me touche, on ira déjà boire un verre ensemble un soir pour fêter ça si tu veux ! Mais ouais je te tiendrais au courant ça me ferait plaisir que tu viennes. Si la mannequin venait, elle découvrirait une nouvelle facette d’Heather, quand elle bossait on pouvait apercevoir les rares fois où la jeune femme avait un air sérieux collé sur le visage. Elle n’aimait pas rater ses scènes même si des fois retenir des fous rires pouvait être compliqués. Mais la jeune femme était aussi curieuse de voir son amie en train de faire un photoshoot. Elle en avait déjà fait de son côté pour des promotions de ses projets ou pour des interviews mais souvent elle n’aimait pas la tête qu’elle avait dessus. Alors voir Jessian qui elle était une pro dans ce domaine devait être quelque chose à voir professionnellement parlant et aussi pour le plaisir des yeux, car même si le temps était passé, le brune restait tout de même très attirante. Elles discutèrent ensuite de sujets beaucoup plus sérieux, de la Reed dans une association. Au contraire Heather n’avait jamais montré de réelle investissement dans quoi que ce soit car elle n’avait pas envie de choisir une cause pour faire plaisir aux gens et de se faire remonter les bretelles ensuite dessus. Aujourd’hui elle y réfléchissait encore en se disant que si elle devait donner de l’argent ou de s’investir ça serait surement pour la communauté LGBTQ+ vu que c’était ce qui lui parlait le plus. Il lui avait fallu du temps pour s’accepter comme elle le disait à Jessian alors maintenant elle ne voulait plus du tout le cacher.
- Non c’est tout un processus même encore aujourd’hui c’est compliqué parfois pour moi, j’ai toujours du mal avec la haine que je peux recevoir sur les réseaux à ce sujet. C’est pour ça que si tu dois le dire soit vraiment prêt pour avoir une barrière qui évitera que tu te remettes totalement en question.
La jeune femme était très bien placée pour savoir car déjà si elle avait été prise au dépourvu que tout explose sans qu’elle le veuille, l’avalanche d’insultes qui avait suivi été le pire. Elle était habituée aux trolls et tout sur les réseaux sociaux mais les menaces de morts qu’elle l’avait reçue pour ça l’avait beaucoup touché. Mais ce n’était rien comparé aux dégâts que pouvait faire le rejet de sa famille, surtout lorsqu’elle voyait ce que ses parents avaient fait à sa sœur. Du coup Heather ne pouvait que se sentir mal pour Jessian et essayer d’espérer le mieux pour elle. Elle aurait toujours sa sœur si les choses se passaient mal mais déjà elle qui avait été touché par le rejet de ses parents alors qu’elle les détestait elle ne pouvait pas imaginer pour son amie.
- Oui mais tu as besoin d’être toi-même aussi surtout si cet aspect de ta vie te manquer. Ce que je peux comprendre parce que les courbes féminines… Elle lâcha un soupir rêveur avant de rire un tout petit peu. Mais si tu sens que c’est le moment fait le, c’est plus pour toi, pour ton bien être que eux. Ta sœur qui est bi aussi le sait ?
Elle lui sourit finissant sa glace par le même moment car à force de parler, elle ne s’était pas rendue compte que celle-ci commençait à fondre.
- Avec plaisir grand plaisir Jessian, si jamais tu as besoin, n’hésite pas ! Je sais que ce n’est pas facile mais tu verras on se sent bien plus libre après.
Après avoir tenté de se nettoyer la bouche mais en vint comme une enfant, Jessian s’approcha d’elle à sa plus grande surprise. Quand elle lui dit qu’elle avait de la glace encore sur la bouche, elle se dit qu’elle allait surement lui enlever avec la main mais elle vit son visage se rapprocher du sien. Lorsqu’elle sentit les lèvres de la belle se poser sur les siennes, elle sourit dans le baiser en retour. Le geste était inattendue mais très appréciée, Heather se dit qu’elle devrait peut-être conseillée les gens plus souvent, cela avait l’air de lui réussir encore plus. La sensation lui donna un sentiment de nostalgie lui rappelant l’époque où elle pouvait capturer les lèvres de la demoiselle autant qu’elle le voulait.
- Tu sais, si tu veux m’embrasser tu n’as pas besoin d’excuse pour le faire.
Elle dit ceci avec un sourire un peu arrogant sur le visage avant de déposer un nouveau un baiser contre les lèvres de la brune. Heather aimait bien les après-midi comme ça, c’était calme et elle ne pensait pas que quoi se soit pourrait venir casser le plaisir qu’elle avait de partager ce moment avec son amie.
Les opportunités, c’est un peu comme le vent, ça tourne. Heather avait eu l’impression que sa carrière allait s’arrêter brusquement quand elle avait débarqué à Brisbane pour faire un break mais tu avais l’impression que c’était tout l’inverse qui s’était produit. Et tu étais heureuse pour ton amie. Heureuse qu’elle ait renoué avec sa carrière à Los Angeles mais qu’elle ait aussi droit à une superbe opportunité en Australie de jouer un premier rôle qui défend les relations homosexuelles. Montrer ce genre de relations à l’écran était le meilleur moyen de les faire accepter par le plus grand nombre. Si l’on est habitué à les voir dans la vie et sur vos écrans, c’est que c’est tout à fait normal et qu’il n’y a aucune raison d’être rejeté n’est-ce pas ? « Ca me touche, on ira déjà boire un verre ensemble un soir pour fêter ça si tu veux ! Mais ouais je te tiendrais au courant ça me ferait plaisir que tu viennes. » Tu répondis à ton amie avec un sourire. Elle savait que tu étais disponible, c’était à elle de te dire si vous pouviez venir lui rendre visite. Tu ne voulais pas lui causer des problèmes avec les producteurs ou les réalisateurs, tu t’adapteras aux contraintes qui lui seront imposées. Parler du coming-out d’Heather n’était peut-être pas ta meilleure idée. Quand vous aviez vécu votre relation à l’époque, elle avait été trop brève pour que vous abordiez ce sujet et tu n’étais pas prête à le faire à l’époque. Ton attirance pour les femmes était nouvelle et même si tu la vivais avec insouciance, le fait que tu étais à des milliers de kilomètres de tes parents et des gens qui t’avaient vue grandir était une très bonne chose. Aujourd’hui c’était un peu différent. Cette bisexualité, tu l’assumais auprès de tes collègues, de ton entourage mais pas auprès de tes parents. Contrairement à Heather, tu n’étais pas constamment suivie par des fans ou des paparazzis, ta vie privée était assez privée finalement donc tu te fichais bien de ce que pensaient les gens de manière générale, tes contrats ne dépendaient pas que de ta popularité. Tu n’étais pas la représentante d’une marque en particulier, tu n’avais pas à afficher des valeurs qui n’étaient pas les tiennes. Alors même si tu voyais que c’était un souvenir douloureux pour ton amie, tu avais besoin de lui en parler et de connaître son avis. « Non c’est tout un processus même encore aujourd’hui c’est compliqué parfois pour moi, j’ai toujours du mal avec la haine que je peux recevoir sur les réseaux à ce sujet. C’est pour ça que si tu dois le dire soit vraiment prêt pour avoir une barrière qui évitera que tu te remettes totalement en question. » Les remises en question, tu avais connu ça il y a plusieurs années déjà. Tu avais beaucoup douté, tu avais longuement hésité mais tu n’avais plus de doues sur qui tu étais et sur la personne que tu avais envie d’être. La peur qui t’habitait quand tu pensais à faire ton coming-out à tes parents, c’était plus la peur de les perdre, de perdre leur soutien et leur admiration. Toi, tu savais qui tu étais et tu voulais que Morgane grandisse dans un environnement où elle savait qu’elle pouvait aimer qui elle le souhaitait, sans discrimination. « Contrairement à toi, je n’ai pas vraiment de fans. On connait mon visage mais ma vie privée n’intéresse pas grand monde. Mes collègues et mes proches le savent, ce n’est que mes parents à qui je l’ai caché. Je suis désolée que tu aies à continuer à souffrir à ce sujet. » Pourquoi est-ce que les gens avaient à se mêler de ce qui ne les regardait pas ? Ce n’était pas parce qu’Heather jouait dans une série télévisée que tous ses fans avaient le droit d’avoir leur avis sur sa vie privée. Cela ne fonctionnait pas comme ça. « Oui mais tu as besoin d’être toi-même aussi surtout si cet aspect de ta vie te manquer. Ce que je peux comprendre parce que les courbes féminines… Mais si tu sens que c’est le moment fait le, c’est plus pour toi, pour ton bien être que eux. Ta sœur qui est bi aussi le sait ? » S’il y a bien une personne à qui tu n’as pas hésité à en parler, c’était bien ta petite soeur. Cette dernière avait été amusée d’apprendre que toi aussi tu t’étais laissée tenter par l’interdit, le péché ultime et elle t’avait toujours soutenue, comme vous l’aviez toujours fait toutes les deux. « Elle est au courant depuis des années, c’est la première personne à qui j’en ai parlé. » Et puis ensuite il y avait eu Abel, ton mariage, ta fille, il n’avait plus été question d’avoir de femme dans ta vie. Mais le vent tournait, les choses changeaient et tu voulais avoir la possibilité si elle se présentait, rien de plus. « Avec plaisir grand plaisir Jessian, si jamais tu as besoin, n’hésite pas ! Je sais que ce n’est pas facile mais tu verras on se sent bien plus libre après. » Les paroles d’Heather étaient rassurantes même si tu n’oubliais pas qu’elle t’avait confié que la route vers la liberté et pour être soi-même était semée d’embuches. Mais tu auras ta soeur et ton amie à tes côtés, elle saura t’épauler tu n’en doutes pas. Et parce que tu es nostalgique, tu profites de la glace qui brille sur les lèvres de ton amie pour l’embrasser. Vous saviez toutes les deux que ce n’était que ça, un souvenir et que cela ne représentait rien mais un sourire en coin se dessina sur tes lèvres quand Heather te dit : « Tu sais, si tu veux m’embrasser tu n’as pas besoin d’excuse pour le faire. » Tu ne résistais pas quand Heather vint reposer ses lèvres sur les tiennes, profitant de ce moment pour te rappeler les bons moments que vous aviez passés ensemble à l’époque. Ces semaines à Los Angeles avaient été merveilleuses … Toutefois, une voix que tu ne t’attendais pas à entendre vint te sortir de tes pensées : « JESSIAN ? » Tu rouvris les yeux et te reculais brusquement d’Heather alors que tu devenais blanche comme un linge. « Maman ? » Prononças-tu d’une voix qui se voulait assurée mais qui ne l’était pas du tout. Heureusement que tu ne parlais pas quand ton regard se posa sur la silhouette de ton père qui approchait également. « Merde ! » Soufflas-tu en sentant la panique t’envahir. C’était justement ce que tu avais voulu éviter à tout prix. « Tu n’as pas honte de faire une chose pareille en public ? Et depuis quand appartiens-tu à ces … gens ? » Finit par te demander ta mère, se reprenant au dernier moment en se rappelant qu’elle était en public. Il ne fallait pas faire de scènes, c’était le plus important. « Tout le monde s’en contrefiche maman, regarde ! » Lui dis-tu en désignant les gens autour de vous qui vaquaient à leur occupations sans s’occuper de vous. « Ne parle pas comme ça à ta mère Jessian. Nous ne t’avons pas élevée ainsi ta mère et moi. J’ai du mal à croire que tu sois notre fille. » Tu jouais avec le feu depuis longtemps avec tes parents, tu le savais mais d’entendre ces mots c’était … difficile. « Il n’y aura pas de repas à la maison dimanche, il est plus sage que nous ne nous voyons plus pendant un moment. » Tu n’arrivais pas à bouger, tu n’arrivais pas à parler alors tu restais plantée là en voyant tes parents s’éloigner, leurs regards remplis de déception et de dégoût allaient te hanter pendant un moment.
Lorsqu’elle écoutait Jessian lui parlait du fait que concernant sa vie privée contrairement à Heather, la blonde se trouva envieuse par rapport à elle. Certes elle adorait avoir des fans, beaucoup de monde qui la suivait sur les réseaux sociaux. C’était une partie qui était certes à double tranchant car il fallait qu’elle fasse extrêmement attention à ce qu’elle disait car tout était analysé dans tous les sens mais aussi il lui arrivait dans la face plein de menace de mort. Mentalement cela pouvait être très dur parfois car l’on énormément de personne vous détester d’un coup sans réellement savoir pourquoi. Cependant c’était une relation assez perverse autant elle aimait le contact par internet autant parfois elle avait envie de jeter son téléphone par la fenêtre en voyant les conneries qu’elle pouvait lire sur elle. Mais Heather appréciait sa célébrité d’être reconnue et qu’on lui demande des photos. Il y’avait un sentiment assez satisfaisant de voir des gens aimer ton travail à ce point. Mais par contre elle avait dû contrairement à Jessian faire une croix sur sa vie privée. Enfin une grosse partie car elle avait toujours son jardin secret que très peu de monde connaissait. D’ailleurs elle s’était toujours demandée comment certaine célébrités arrivait à être aussi mystérieuse sur leur vie alors qu’ils avaient énormément de fan, c’était un mystère qu’elle souhaiterait éclairer un jour. Elle jalousait un peu Jessian sur le coup car qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour ne pas avoir à se méfier qu’un paparazzi puisse débarquer ou que quelqu’un l’ait vu quelque part et lance une rumeur. Cependant Heather ne pouvait s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en entendant Jessian lui parler de ses parents. Leur possible réaction lui rappelait tellement celle de ses parents et des réactions dangereuses que la famille pouvait avoir à cette nouvelle. La jeune femme n’arrivait pas à comprendre comment certaines personnes pouvaient être encore aussi étroites d’esprit même aujourd’hui.
- Au moins tu as l’avantage c’est qu’ils ne risquent pas de l’apprendre par quelqu’un d’autre que toi. Tu sais c’est les méandres de la toile… Un jour tout le monde t’aime le lendemain tout le monde te déteste. Ça a été dur à un moment mais j’ai réussi à prendre du recul en me disant que je pouvais pas plaire à tout le monde et qu’il y’avait des idiots partout. Et puis tu sais même avant ça j’arrivais à avoir des menaces de mort alors un peu plus un peu moins. C’est juste des gens frustrés derrières leurs ordis.
Elle comprenait énormément la brune sur son envie d’en parler et ne pouvait que l’encourager à le faire. Le sentiment de mentir à des proches ou d’autres personnes juste pour éviter cette réaction et ne pas agir librement pouvait être réellement frustrant et pesant à un moment donné. Heather en profita donc pour lui demander si elle avait informé sa sœur. Elle ne pouvait même pas imaginer ce que son autre sœur avait dû subir aussi elle en le disant mais en voyant le résultat, l’actrice comprenait les craintes de son amie. Un petit sourire compatissant se dessina sur son visage avant qu’elle reprenne la parole.
- Bon tant mieux ! Ça doit te faire du bien d’avoir un membre de ta famille qui te comprend. Elle en pense quoi que tu le dises à tes parents ? En tout cas si jamais tu as besoin je suis là ! Bon peut-être que si je tourne je ne répondrais pas mais sinon appelle quand tu veux. Je comprends totalement ce que tu traverses. Elle faisait que de lui répéter depuis tout à l’heure mais elle savait qu’à la période où tout lui était tombé sur la tronche, elle aurait bien aimé que quelqu’un soit là pour l’épauler même juste pour parler. Leurs lèvres finirent par se coller pour le plus grand plaisir d’Heather, elle se doutait que c’était peut-être plus car elle avait soutenu son amie que par réelle envie d’aller plus loin ou retrouver la sensation d’embrasser une femme mais Heather ne cracha pas sur l’occasion au contraire. Après que leurs bouches se soient séparées un instant, la blonde commença un nouveau baiser qui cette fois fut interrompu plus rapidement que prévue par une voix. Surprise de voir la Reed s’éloigner aussi rapidement d’elle, elle rouvrit les yeux pour voir la panique sur le visage de son interlocutrice. Aux regards que lança la mannequin à la personne en face d’elle, elle n’eut absolument pas de mal à comprendre de qui il s’agissait et lorsqu’elle prit la parole, son intuition fut confirmée. Elle se sentit très mal de voir la situation dans laquelle venait d’être son amie. Cependant elle changea très rapidement d’humeur quand elle entendit la mère prendre la parole et parler des homosexuelles comme des monstres. Elle serra les poings et se mordit l’intérieur de la joue pour ne rien dire mais comment osait elle parler à sa fille ainsi alors qu’elle ne faisait rien de mal. De plus quand son père arriva pour prendre la parole et qu’ils demandèrent à Jessian de ne plus revenir. Elle ne put se contenir d’avantage. Les voyant s’éloigner, elle se leva du banc où les deux jeunes femmes se trouvaient et alla à leurs rencontres.
- Vous n’avez pas honte de parler comme ça à votre propre fille. Ce n’est pas parce que vous l’avez surprise en train d’embrasser une autre femme qu’elle change de la personne qu’elle était 5 minutes avant ! C’est une personne formidable et une super mère ! Le fait que vous soyez aussi étroit d’esprit pour croire que les choses ont changé juste parce que vous avez vu une autre partie d’elle et désolant ! C’est à cause de gens comme vous que plein d’autres personnes se sentent mal et que les choses n’avancent pas, c’est vous qui devriez-vous sentir mal pas elle !
Heather avait attiré toute l’attention autour d’elle à s’emporter de la sorte mais elle ne pouvait pas supporter de voir le monde de son amie tomber ainsi. Trop de souvenir faisant écho à sa propre histoire et l’envie de dire à ces gens-là ce qu’elle n’avait pas pu dire à sa famille refaisait surface. Elle les regarda partir totalement vexé et retourna près de Jessian.
- Je suis désolée Jessian, je n’aurais pas dû m’emporter sur tes parents de la sorte.
Ta notoriété, bien que réelle, restait tout de même relative. Certaines personnes te reconnaissaient de temps en temps, il t’arrivait qu’on te demande une photo par-ci par-là mais personne ne s’intéressait assez à toi pour que des paparazzis te suivent constamment et que tu ne puisses pas avoir une vie privée. Bien entendu, si des fans cherchaient un peu, ils pourraient certainement découvrir que tu étais maman et que tu avais été mariée, probablement dans quel quartier tu vivais à Brisbane mais pas grand chose d’autre. Tu avais veillé à ce que ta vie privée le reste et c’était mieux ainsi. Mais tu connaissais assez de gens dans le milieu du show-business pour savoir que l’on n’est jamais à l’abri d’une photo ou d’une personne qui vous veut du mal voilà pourquoi, tu n’avais pas vraiment renoué avec ton attirance pour les femmes depuis ton retour à Brisbane. Tu l’avais considéré et il t’était arrivé d’en embrasser une ou deux lors de soirées alcoolisées mais tu n’avais jamais été plus loin que ça. Aujourd’hui, tu avais envie de retrouver cette partie de toi, de renouer avec cette attirance qui n’avait jamais disparue mais que tu avais ignorée. Le retour de Grace dans ta vie n’y était pas pour rien mais tu savais que pour cela, il allait falloir que tu passes par la case aveux auprès de tes parents … Une étape que tu n’étais pas pressée de mettre en oeuvre mais que tu ne pouvais pas non plus continuer à reculer. « Au moins tu as l’avantage c’est qu’ils ne risquent pas de l’apprendre par quelqu’un d’autre que toi. Tu sais c’est les méandres de la toile… Un jour tout le monde t’aime le lendemain tout le monde te déteste. Ça a été dur à un moment mais j’ai réussi à prendre du recul en me disant que je pouvais pas plaire à tout le monde et qu’il y’avait des idiots partout. Et puis tu sais même avant ça j’arrivais à avoir des menaces de mort alors un peu plus un peu moins. C’est juste des gens frustrés derrières leurs ordis. » L’idée qu’Heather ait pu recevoir des menaces de mort te glaçait le sang. Les gens n’avaient vraiment rien d’autre à faire ? Tu pouvais comprendre que certaines personnes avaient besoin de prendre des stars comme modèles mais il faut accepter que ces stars ne sont que des humains. Des humains souvent bien différents des personnages interprétés à l’écran et qui sont loin de l’image que les fans peuvent s’en faire. Les réseaux sociaux sont la meilleure comme la pire chose qui puisse exister et tu étais contente pour ton amie qu’elle ait réussi à faire la part des choses. De ton côté, tu alimentais ton Instagram plus pour tes amis et ta famille que pour tes abonnés publics mais bon, tu n’avais jamais eu affaire à une pression de ce genre. « Je suis désolée que tu aies eu affaire face à tout cela. Malheureusement, c’est inévitable aujourd’hui … Voilà pourquoi je suis contente de ne pas avoir à me montrer plus que ça. » Tu avais besoin de le faire mais pas à outrance. Ton réseau te connaissait, tu étais à toutes les soirées mondaines importantes, tu avais su agrandir ton réseau au fil des années et faire reconnaître ton travail. Tu n’avais pas besoin de plus à vrai dire. Parler de ton orientation sexuelle à tes parents, c’était un peu le sujet qui fâche. Vu ce que ta petite soeur avait subi, tu savais déjà à quoi t’attendre. Même si tu espérais que tes parents avaient évolué sur ce sujet, tu en doutais fortement. « Bon tant mieux ! Ça doit te faire du bien d’avoir un membre de ta famille qui te comprend. Elle en pense quoi que tu le dises à tes parents ? En tout cas si jamais tu as besoin je suis là ! Bon peut-être que si je tourne je ne répondrais pas mais sinon appelle quand tu veux. Je comprends totalement ce que tu traverses. » Tu ne t’attendais pas à ce qu’Heather soit disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour écouter tes moments de panique émotionnelle mais tu l’appelleras sûrement quand tu auras annoncé la nouvelle à tes parents car tu auras très certainement besoin de soutien. Tu avais peu discuté avec Nola de la situation mais elle avait laissé la décision entre tes mains. De toute manière, vous saviez toutes les deux ce que cela voulait dire. « Ma soeur m’a simplement dit d’être prête à les perdre. Du moins un temps. Ils ne voudront pas se séparer de Morgane, c’est peut-être ma seule chance de leur faire entendre raison. » Dis-tu en haussant les épaules avant d’ajouter : « Et merci d’être là, ça me touche beaucoup. Promis je ne te harcèlerai pas en plein tournage. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. C’était presque naturel par la suite de venir embrasser Heather pour nettoyer les quelques restes de glace qui se dessinaient sur ses lèvres. Alors que ton baiser aurait pu être mal reçu, c’est tout le contraire qui se produit quand la jolie blonde te le rendit ce qui te fit sourire. Tout était simple avec Heather, sans prise de tête et cela avait toujours été le cas. Mais parce que la vie en avait décidé autrement, cette bonne journée se transforma en cauchemar quand la voix de ta mère résonna à tes oreilles. Tu te figeais et te reculais d’Heather qui ne comprenait pas ce qui se passait jusqu’à ce que tes parents vinrent vous faire face avec leurs regards moralisateurs et dégoûtés et leurs paroles très choisies. Tu n’étais pas vraiment surprise mais cela n’empêchait pas ton sang de se glacer, ton corps de se figer. Tu n’avais pas envie de comprendre ce qui se passait et bientôt, tes parents s’éloignèrent mais Heather ne les laissa pas partir aussi facilement : « Vous n’avez pas honte de parler comme ça à votre propre fille. Ce n’est pas parce que vous l’avez surprise en train d’embrasser une autre femme qu’elle change de la personne qu’elle était 5 minutes avant ! C’est une personne formidable et une super mère ! Le fait que vous soyez aussi étroit d’esprit pour croire que les choses ont changé juste parce que vous avez vu une autre partie d’elle et désolant ! C’est à cause de gens comme vous que plein d’autres personnes se sentent mal et que les choses n’avancent pas, c’est vous qui devriez-vous sentir mal pas elle ! » L’intention était bonne mais elle était également vaine. Tes parents étaient incapables d’entendre ce genre de propos, ce n’était tout simplement pas pour eux. Tu pouvais voir la colère sur leurs traits de se faire reprendre par une gamine lesbienne dont ils ne souhaitaient pas connaître le nom. Ils n’ajoutèrent rien cependant, remarquant les regards qui s’étaient tournés vers vous et préférèrent partir plutôt que d’aggraver la situation. Ne pas faire de scène, ne pas faire de vague, tous ces problèmes devaient se régler en privé. Heather revint rapidement à tes côtés et elle te dit : « Je suis désolée Jessian, je n’aurais pas dû m’emporter sur tes parents de la sorte. » Le petit rire qui s’échappe de tes lèvres n’est pas franc. Tu trembles légèrement de cette montée de panique et d’adrénaline qui n’a toujours pas quitté ton corps. Malgré toi, tu sens quelques larmes couler sur tes joues. Comment est-ce que cette journée avait pu si mal tourner ? Heather n’avait pas empoisonné la situation en s’en prenant à tes parents, elle l’était déjà empoisonnée cette situation. « C’est pas grave. » Lui dis-tu la voix tremblante et le regard embué de larmes. Tu t’en voulais d’être si fragile, de ne pas pouvoir relever la tête mais même quand tes parents ne comprenaient pas ton envie de devenir mannequin, ils n’avaient jamais tenu ce genre de propos. Les yeux rivés sur le sol, tu ne savais pas quoi dire, tu ne savais pas quoi faire. Il n’y avait sans doute rien à dire en même temps, désormais, il allait falloir assumer les conséquences de cette révélation et tu pensais encore avoir un peu de temps pour t’y faire. « Je suis désolée que tu aies dû être mêlée à ça. » Dis-tu à Heather car elle aurait dû être protégée de tout cela, c’était de ta faute.
Heather avait eu 6 mois assez compliqué avant le début de l’année 2020, elle ne pouvait pas mentir en reniant le fait qu’elle avait pas mal déprimé et qu’elle s’était beaucoup remise en question. Elle savait qu’à présent sa carrière ne serait plus la même, qu’il allait falloir qu’elle fasse un peu plus ses preuves et qu’elle se prenne des rejets à cause d’homophobes dans certaines productions. Mais elle avait fini par accepter le fait que cela arriverait et que ce n’était pas pour autant qu’elle devrait remettre en question son rêve d’entrer dans l’histoire du cinéma. De donner envie à d’autres personnes de devenir acteurs ou actrices et qu’on se souvienne d’elle après sa mort. Cela n’était qu’un obstacle dans sa vie qu’elle arrivait à surmonter avec le temps, elle n’avait pas de toute. Certes cela avait été difficile à gérer mais elle avait pris le temps de prendre du recul dessus pour au final accepter que c’était sorti pour le meilleur et pour le pire. Les menaces de morts ou insultes n’avait pas été très pratique pour accélérer le processus, lui rappelant ses parents à l’époque mais bon le problème était qu’elle avait beaucoup de fans et de followers sur ses réseaux sociaux. Elle savait très bien que dans le tas, que certain n’était pas ouvert d’esprit et qu’un jour où l’autre elle allait y avoir droit. C’était arrivé sans qu’elle n’ait le temps de se préparer psychologiquement mais au final elle était aussi contente. Heather n’avait pas envie que des homophobes la suive alors au moins elle s’était débarrassée d’une partie de la mauvaise graine comme ça. C’est vrai que les mannequins c’était différent, moins de personne était déterminée à savoir leur vie. Elle avait aussi un compte privé pour ses amis et ses proches où elle passait beaucoup plus de temps qu’auparavant.
- C’est les risques du métier, les gens se permettent de te dire comment tu devrais agir ou que tu leur appartiens et leur doit quelque chose. Je t’avoue que sur le coup j’étais mal mais bon je sais que 99% du temps c’est du vent. De toute façon ce n’est pas parce que tu fais ton coming-out que tu as besoin de le crier sur tous les toits. L’important c’est que tu sois en harmonie avec toi-même. J’ai pris du temps à le comprendre de mon côté aussi mais une fois que tu l’as accepté tu te sens beaucoup mieux et tu culpabilises moins.
C’était ce sentiment de culpabilité qui l’avait pourri, le fait de ne pas se sentir normal ou comme les autres. Heather ne pouvait que comprendre la difficulté de son amie et dans un sens même si sa sœur avait vécue d’horribles choses à cause d’eux. L’actrice était contente de voir qu’elle avait au moins un membre de sa famille pour l’épauler. C’était déjà une grande chance que tout le monde n’avait pas et si la blonde voulait se montrer optimiste quand la brune lui raconta les propos de sa sœur, elle ne pouvait que se douter que la vérité ferait mal.
- Oui ils reparlent bien à ta sœur un petit peu, ce n’est pas totalement comme si ils allaient te renier, peut-être il faudra juste que la pilule passe. Et comme tu dis tu as Morgane, ils ne vont pas arrêter de voir leur petite fille sous prétexte que tu aurais pêché car tu aimais les filles ou une connerie comme ça. Si je peux je te répondrais, tu sais des fois je suis toute la journée sur les plateaux pour au final jouer qu’une scène. Leurs baisers ne signifiaient rien du tout et cela lui allait très bien, Heather n’aimait pas se prendre la tête sur ce genre de chose. Elle faisait ce qu’elle avait envie de faire et elle espérait que la personne soit sur la même longueur d’onde qu’elle. Si ce n’était pas le cas, elle n’hésitait pas à dire que pour elle l’amour était une chose dans laquelle elle n’avait pas envie de s’engager et tout ce qu’elle voulait été du fun. Malheureusement leur plaisir fut vite coupé par une voix choquée qu’elle identifia rapidement comme la mère de son amie. Ne supportant pas de voir Jessian se faire traiter de la sorte par sa propre famille, Heather explosa et alla dire ce qu’elle pensait à ses parents. Elle revoyait ce que ses parents lui avait dit quand ils avaient découvert. Ils avaient eu le même regard de dégout et de colère dans le visage. Par fierté elle remarqua qu’ils ne prirent même pas la peine de lui répondre, si cela n’avait pas été les parents d’une amie à elle, elle leur aurait surement fait des doigts d’honneurs mais elle se retenu pour retourner auprès de son amie. Elle s’excusa car la blonde avait toujours tendance à d’abord réagir à chaud en se rendant compte peut-être que cela n’avait pas été sa meilleure idée. En voyant les yeux et la voix tremblante de la Reed, Heather ne put s’empêcher d’avoir le cœur encore plus brisé. Elle lui remit une mèche derrière les cheveux avant de la prendre dans ses bras et de la serrer.
- Tu n’as pas à t’excuser pour ça ok ? Ce n’est absolument pas de ta faute, tu ne pourrais pas deviner que tes parents seraient dans le coin. Et puis tu crois que c’est les premiers à me regarder comme ça ? C’est moi qui suis désolée de voir que leur esprit et si étriqué alors qu’ils ont déjà une fille qui est bi. Je sais à quel point c’est dur, avec mes parents…C’était quelque chose aussi. Mais tu es superbe Jessian ne le perd jamais de la tête et ton identité fait de toi la personne que tu es, ils s’en rendront compte.
Elle lui embrassa la tempe ne sachant pas quoi dire de plus, elle n’était pas très douée pour ce genre de situation.
Vivre sous le feu des projecteurs, ce n’était pas facile. Etre acteur, c’était sacrifier beaucoup de choses pour l’amour de jouer la comédie. Si vous étiez connus, vous pouviez dire au revoir à votre vie privée. Certains arrivaient à la garder plus cachée que d’autres mais dans tous les cas, avec les réseaux sociaux, plus personne ne pouvait rester cacher. Se montrer était devenu la norme pour que les fans ne se lassent jamais mais surtout, pour qu’ils puissent s’identifier à leurs idoles, des êtres comme eux, tout à fait normaux au final mais plus riches et très connus. Cette fascination pour les personnes du show-business, tu ne l’avais jamais eue, sans doute parce que tu t’étais retrouvée très tôt dans ces cercles et que ces gens étaient devenus des connaissances, voire même des amis dans certains cas. De ton côté, tu n’en souffrais pas parce qu’en étant mannequin, tu n’avais pas attiré l’attention des médias de la même manière qu’Heather avait pu le faire mais tu savais qu’on suivait ton parcours avec intérêt et que tu avais quelques fans. C’était bien suffisant pour toi, la notoriété n’avait jamais été ton but. « C’est les risques du métier, les gens se permettent de te dire comment tu devrais agir ou que tu leur appartiens et leur doit quelque chose. Je t’avoue que sur le coup j’étais mal mais bon je sais que 99% du temps c’est du vent. De toute façon ce n’est pas parce que tu fais ton coming-out que tu as besoin de le crier sur tous les toits. L’important c’est que tu sois en harmonie avec toi-même. J’ai pris du temps à le comprendre de mon côté aussi mais une fois que tu l’as accepté tu te sens beaucoup mieux et tu culpabilises moins. » La paix avec toi-même, tu l’avais faite depuis longtemps. C’était quand tu avais rencontré Grace que tu avais été le plus paniqué. Tu te souviens le bordel que c’était dans ta tête à l’époque. Tu ne pensais pas pouvoir aimer les femmes et voilà que ton corps et ton coeur te trahissaient … Cela avait été une étape difficile à passer mais après, tout avait semblé plus simple. Tu vivais bien assez loin de ta famille pour que ce soit un problème. Maintenant que tu habitais à Brisbane et que tu ne comptais pas quitter la ville, c’était une autre histoire. « Je ne le crierai pas sur tous les toits en effet. Merci de tes conseils, je te dirai comment ça se passe pour moi. » Tu savais déjà comment cela allait se passer. L’expérience de ta soeur était assez parlante pour que tu saches que tes parents n’allaient pas accepter la situation. Ce serait trop facile si c’était le cas. Mais au moins, tu arrêteras de mentir et de te cacher. Que pouvaient faire tes parents à part te rejeter ? Tu confirmais à Heather que tu avais ta soeur de ton côté, sans aucun doute. « Oui ils reparlent bien à ta sœur un petit peu, ce n’est pas totalement comme si ils allaient te renier, peut-être il faudra juste que la pilule passe. Et comme tu dis tu as Morgane, ils ne vont pas arrêter de voir leur petite fille sous prétexte que tu aurais pêché car tu aimais les filles ou une connerie comme ça. Si je peux je te répondrais, tu sais des fois je suis toute la journée sur les plateaux pour au final jouer qu’une scène. » L’arme que tu avais et que ta soeur n’avait pas à l’époque était ta fille. Tes parents n’étaient pas prêts à ne plus la voir, ça tu en étais certaine. Alors tu ne savais pas comment les choses allaient s’organiser quand tu feras ton annonce mais cela risquait d’être très compliqué. « Merci de ton soutien. Je verrai bien comment mes parents réagissent. J’aimerais que cela n’impacte pas trop Morgane. » Et surtout, tu refusais que tes parents lui parlent de la situation derrière ton dos. Car tu te doutais qu’ils allaient forcément essayer de lui dire qu’aimer les filles c’était impur mais ça, il était hors de question. Ce n’était pas comme cela que tu élevais Morgane et tes parents avaient intérêt de le comprendre.
Ce qui se passa ensuite, tu n’aurais pas pu l’imaginer dans un de tes cauchemars. Alors que tes lèvres profitaient de celles d’Heather, la voix de ta mère tenterait à tes côtés. Avant même qu’elle n’enchaîne avec sa question, tu savais que tu venais de signer ton arrêt de mort. Les mots de tes parents ne te surprirent pas mais cela ne signifiait pas qu’ils ne te faisaient pas mal. Tu laissais Heather leur faire une leçon de morale qu’ils ne considèreraient même pas. Pas de la part d’une fille qui était en train de pervertir leur petite fille adorée. Cela te touchait qu’Heather ait essayé cependant et c’est ce que tu lui dis quand elle vint reprendre sa place à tes côtés, elle aussi choquée de ce qui venait de se passer. A vrai dire, tu avais encore du mal à y croire mais tu sentais les larmes te monter aux yeux alors que la réalité de la situation se faisait de plus en plus évidente. « Tu n’as pas à t’excuser pour ça ok ? Ce n’est absolument pas de ta faute, tu ne pourrais pas deviner que tes parents seraient dans le coin. Et puis tu crois que c’est les premiers à me regarder comme ça ? C’est moi qui suis désolée de voir que leur esprit et si étriqué alors qu’ils ont déjà une fille qui est bi. Je sais à quel point c’est dur, avec mes parents…C’était quelque chose aussi. Mais tu es superbe Jessian ne le perd jamais de la tête et ton identité fait de toi la personne que tu es, ils s’en rendront compte. » Non, tu doutais qu’ils s’en rendent compte. Mais tu étais rassurée d’avoir toujours Heather près de toi. De ne pas perdre son soutien face aux mots propos et aux regards de tes parents. T’excuser est un réflexe parce que c’est une partie de toi qui a attaqué ton amie mais elle a raison, tu n’aurais rien pu faire pour les arrêter. Blottie contre Heather, tu laisses quelques larmes couler sur tes joues alors que tu reprends ton souffle. Tu sais que tu viens de faire une mini crise de panique dont tu es en train de redescendre. C’est ce qui t’avait empêché de bouger, de réagir quand tu avais eu tes parents devant toi. Alors tu profites du soutien physique et moral que te donne ton amie pendant quelques minutes avant de relever la tête et de passer une main sur tes joues pour sécher tes larmes. « Je … Je pense que je vais rentrer. » Finis-tu par dire. Tu avais besoin d’être seule pour digérer tout ce qui venait de se passer et te poser. « Merci pour tout Heather, je t’appellerai d’accord ? » Lui promis-tu en te levant du banc sur lequel vous étiez assises. Tu savais qu’elle allait certainement s’inquiéter pour toi mais tu ne pouvais pas rester ici pour longtemps. « Encore désolé que tu aies eu à assister à cette scène, je … Ça m’a fait plaisir de te revoir malgré tout. » Dis-tu avec un petit sourire avant de déposer un baiser sur sa joue. « Bon courage pour ton nouveau tournage, tu le mérites. » Dis-tu avant de t’éloigner pour prendre la direction de ta voiture. Tu avais besoin de faire le point, de t’effondrer aussi et pour cela, tu voulais être seule.
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Les opportunités, c’est un peu comme le vent, ça tourne. Heather avait eu l’impression que sa carrière allait s’arrêter brusquement quand elle avait débarqué à Brisbane pour faire un break mais tu avais l’impression que c’était tout l’inverse qui s’était produit. Et tu étais heureuse pour ton amie. Heureuse qu’elle ait renoué avec sa carrière à Los Angeles mais qu’elle ait aussi droit à une superbe opportunité en Australie de jouer un premier rôle qui défend les relations homosexuelles. Montrer ce genre de relations à l’écran était le meilleur moyen de les faire accepter par le plus grand nombre. Si l’on est habitué à les voir dans la vie et sur vos écrans, c’est que c’est tout à fait normal et qu’il n’y a aucune raison d’être rejeté n’est-ce pas ? « Ca me touche, on ira déjà boire un verre ensemble un soir pour fêter ça si tu veux ! Mais ouais je te tiendrais au courant ça me ferait plaisir que tu viennes. » Tu répondis à ton amie avec un sourire. Elle savait que tu étais disponible, c’était à elle de te dire si vous pouviez venir lui rendre visite. Tu ne voulais pas lui causer des problèmes avec les producteurs ou les réalisateurs, tu t’adapteras aux contraintes qui lui seront imposées. Parler du coming-out d’Heather n’était peut-être pas ta meilleure idée. Quand vous aviez vécu votre relation à l’époque, elle avait été trop brève pour que vous abordiez ce sujet et tu n’étais pas prête à le faire à l’époque. Ton attirance pour les femmes était nouvelle et même si tu la vivais avec insouciance, le fait que tu étais à des milliers de kilomètres de tes parents et des gens qui t’avaient vue grandir était une très bonne chose. Aujourd’hui c’était un peu différent. Cette bisexualité, tu l’assumais auprès de tes collègues, de ton entourage mais pas auprès de tes parents. Contrairement à Heather, tu n’étais pas constamment suivie par des fans ou des paparazzis, ta vie privée était assez privée finalement donc tu te fichais bien de ce que pensaient les gens de manière générale, tes contrats ne dépendaient pas que de ta popularité. Tu n’étais pas la représentante d’une marque en particulier, tu n’avais pas à afficher des valeurs qui n’étaient pas les tiennes. Alors même si tu voyais que c’était un souvenir douloureux pour ton amie, tu avais besoin de lui en parler et de connaître son avis. « Non c’est tout un processus même encore aujourd’hui c’est compliqué parfois pour moi, j’ai toujours du mal avec la haine que je peux recevoir sur les réseaux à ce sujet. C’est pour ça que si tu dois le dire soit vraiment prêt pour avoir une barrière qui évitera que tu te remettes totalement en question. » Les remises en question, tu avais connu ça il y a plusieurs années déjà. Tu avais beaucoup douté, tu avais longuement hésité mais tu n’avais plus de doues sur qui tu étais et sur la personne que tu avais envie d’être. La peur qui t’habitait quand tu pensais à faire ton coming-out à tes parents, c’était plus la peur de les perdre, de perdre leur soutien et leur admiration. Toi, tu savais qui tu étais et tu voulais que Morgane grandisse dans un environnement où elle savait qu’elle pouvait aimer qui elle le souhaitait, sans discrimination. « Contrairement à toi, je n’ai pas vraiment de fans. On connait mon visage mais ma vie privée n’intéresse pas grand monde. Mes collègues et mes proches le savent, ce n’est que mes parents à qui je l’ai caché. Je suis désolée que tu aies à continuer à souffrir à ce sujet. » Pourquoi est-ce que les gens avaient à se mêler de ce qui ne les regardait pas ? Ce n’était pas parce qu’Heather jouait dans une série télévisée que tous ses fans avaient le droit d’avoir leur avis sur sa vie privée. Cela ne fonctionnait pas comme ça. « Oui mais tu as besoin d’être toi-même aussi surtout si cet aspect de ta vie te manquer. Ce que je peux comprendre parce que les courbes féminines… Mais si tu sens que c’est le moment fait le, c’est plus pour toi, pour ton bien être que eux. Ta sœur qui est bi aussi le sait ? » S’il y a bien une personne à qui tu n’as pas hésité à en parler, c’était bien ta petite soeur. Cette dernière avait été amusée d’apprendre que toi aussi tu t’étais laissée tenter par l’interdit, le péché ultime et elle t’avait toujours soutenue, comme vous l’aviez toujours fait toutes les deux. « Elle est au courant depuis des années, c’est la première personne à qui j’en ai parlé. » Et puis ensuite il y avait eu Abel, ton mariage, ta fille, il n’avait plus été question d’avoir de femme dans ta vie. Mais le vent tournait, les choses changeaient et tu voulais avoir la possibilité si elle se présentait, rien de plus. « Avec plaisir grand plaisir Jessian, si jamais tu as besoin, n’hésite pas ! Je sais que ce n’est pas facile mais tu verras on se sent bien plus libre après. » Les paroles d’Heather étaient rassurantes même si tu n’oubliais pas qu’elle t’avait confié que la route vers la liberté et pour être soi-même était semée d’embuches. Mais tu auras ta soeur et ton amie à tes côtés, elle saura t’épauler tu n’en doutes pas. Et parce que tu es nostalgique, tu profites de la glace qui brille sur les lèvres de ton amie pour l’embrasser. Vous saviez toutes les deux que ce n’était que ça, un souvenir et que cela ne représentait rien mais un sourire en coin se dessina sur tes lèvres quand Heather te dit : « Tu sais, si tu veux m’embrasser tu n’as pas besoin d’excuse pour le faire. » Tu ne résistais pas quand Heather vint reposer ses lèvres sur les tiennes, profitant de ce moment pour te rappeler les bons moments que vous aviez passés ensemble à l’époque. Ces semaines à Los Angeles avaient été merveilleuses … Toutefois, une voix que tu ne t’attendais pas à entendre vint te sortir de tes pensées : « JESSIAN ? » Tu rouvris les yeux et te reculais brusquement d’Heather alors que tu devenais blanche comme un linge. « Maman ? » Prononças-tu d’une voix qui se voulait assurée mais qui ne l’était pas du tout. Heureusement que tu ne parlais pas quand ton regard se posa sur la silhouette de ton père qui approchait également. « Merde ! » Soufflas-tu en sentant la panique t’envahir. C’était justement ce que tu avais voulu éviter à tout prix. « Tu n’as pas honte de faire une chose pareille en public ? Et depuis quand appartiens-tu à ces … gens ? » Finit par te demander ta mère, se reprenant au dernier moment en se rappelant qu’elle était en public. Il ne fallait pas faire de scènes, c’était le plus important. « Tout le monde s’en contrefiche maman, regarde ! » Lui dis-tu en désignant les gens autour de vous qui vaquaient à leur occupations sans s’occuper de vous. « Ne parle pas comme ça à ta mère Jessian. Nous ne t’avons pas élevée ainsi ta mère et moi. J’ai du mal à croire que tu sois notre fille. » Tu jouais avec le feu depuis longtemps avec tes parents, tu le savais mais d’entendre ces mots c’était … difficile. « Il n’y aura pas de repas à la maison dimanche, il est plus sage que nous ne nous voyons plus pendant un moment. » Tu n’arrivais pas à bouger, tu n’arrivais pas à parler alors tu restais plantée là en voyant tes parents s’éloigner, leurs regards remplis de déception et de dégoût allaient te hanter pendant un moment.