Mon doigt pianote sur les touches de mon téléphone dernier cri, cadeau du PDG de Vogue bien évidemment. Comme si je n'avais pas assez d'argent que pour pouvoir me permettre une telle distraction. Je ne vais bientôt plus savoir quoi faire de toutes les liquidités que j'amasse. Je pourrais peut-être investir? Ou bien créer une œuvre de charité? Hum, pas vraiment le temps pour ça. Je garderai tout pour les Constantine junior alors, c'est pas plus mal."Bon ma poule, j'aurai un peu de retard, bois un mojito en m'attendant, okay?" Je soupire. Je suis assise seule à une table, ayant pris l'initiative d'arriver en avance pour une fois. Leçon retenue, à l'avenir je me ferais un plaisir de prendre mon temps, histoire de ne pas me retrouver comme une paumée seule dans un bar. Ce dernier est plein à craquer, nous sommes samedi soir. Il est à peu près vingt-deux heures, l'heure où les esprits commencent à se détendre et les corps à onduler sur la pseudo piste de danse, où le DJ du moment joue les plus gros tubes de ces dernières années. Je ne peux m'empêcher de remuer légèrement sur ma chaise d'ailleurs. J'exécute ce que ma meilleure amie, Lilith, vient de me dire par texto et hèle un serveur afin de commander un mojito. Qu'est-ce qu'il fait chaud dans ce bar, bon sang. Je retire le léger gilet que j'avais enfilé quelques heures auparavant pour me retrouver en robe moulante Vera Wang, que j'ai d'ailleurs chipée au bureau la semaine passée. J'affectionne tout particulièrement cette créatrice depuis qu'elle m'a fait l'honneur de créer ma robe de mariée. Qui m'est allée à ravir, bien que je n'aie pas besoin de le préciser. Je fourre mon gilet dans mon sac et vois mon verre arriver au loin. Je ne peux m'empêcher de sourire en regardant le beau serveur déposer délicatement ma commande sur la table. Je commence à siroter mon cocktail quand je remarque qu'une paire d'yeux me fixe quelques mètres plus loin. Un homme, légère barbe négligée, fin de la trentaine. Je baisse les yeux sur mon mojito et en bois une nouvelle gorgée, priant pour qu'il ait à son tour détourné le regard. Je relève les yeux quelques secondes plus tard, sentant toujours le poids de ses orbites sur ma personne. Je détaille son style vestimentaire, comme toute modeuse qui se respecte. Un jean rapiécé, des vieilles baskets, je n'ai même pas besoin de relever la tête, j'en ai déjà assez. Je tourne la tête à gauche, puis à droite, afin d'observer ce qu'il se passe dans le bar et surtout afin d'échapper à cet espèce de pervers malpoli. Quand je me décide enfin à repositionner ma tête, je remarque ce même jean rapiécé s'approcher de moi, pour finir son mouvement à ma hauteur. Je me retrouve nez à nez avec ce jean qui mériterait d'être brûlé. J'avale ma salive et lève tout doucement les yeux afin de voir le visage de cet étrange personnage. « Salut beauté » Ah, quelle horreur! Mes yeux s'écarquillent. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire? Je lui sers mon célèbre air arrogant, ce qui a pour don de le faire sourire. Et merde, pourquoi ça ne marche pas aujourd'hui? D'habitude, ça fait fuir tout le monde. Je me réfugie dans mon mojito et remarque qu'il est presque vide. J'imagine déjà mon état dans quelques minutes, après avoir littéralement descendu ce cocktail assez alcoolisé. La double merde. Je décide de l'ignorer et joue avec mon téléphone, faisant mine de ne pas être intéressée par ce qu'il pourrait bien me dire. Il n'a pas l'air de comprendre le message pourtant clair et ose s'installer à mes côtés. J'avale une nouvelle fois ma salive. « Cette chaise n'est pas libre… » Je me décide à le fixer de mon regard le plus noir possible. « Ça fait pourtant déjà une heure qu'elle l'est ma jolie » Au secours. Je regarde autour de moi, cherchant une issue de secours. Je ne peux pas me permettre de me lever au risque de perdre la table que j'avais réservée pour ma meilleure amie et moi. Et je ne semble également pas capable de pouvoir éloigner cet énergumène. Soudain, une voix assez grave et sensuelle à la fois s'élève de derrière nous. Une voix familière. « C'est moi qu'elle attend, alors tu nous feras le plaisir de dégager » Je lève les yeux, l'air consterné. Kelya Thompson. Pas vraiment quelqu'un que j'apprécie. On peut même dire que c'est quelqu'un que je déteste. Triple merde. L'homme se décide à se lever, ne voulant certainement pas risquer la bagarre avec Kelya, qui a surement du l'impressionner avec son ton tranchant. Elle s'assied à mes côtés, son verre à la main. Je suis vouée à prétendre qu'elle est l'amie que j'attendais. Jesus. J'ai tellement envie de m'enfuir. Je ne sais que dire à la jeune femme, je n'ai certainement pas envie de me montrer amicale avec elle. Elle me sort par tous les pores rien que par sa présence. Déjà. Je vois au loin que l'homme me fixe toujours, qu'il attendra n'importe quelle occasion pour pouvoir m'approcher. Je me décide à murmurer un « Merci Thompson… » à la femme fatale et la gratifie d'un léger sourire. Faudra bien meubler en attendant Lilith, et je préfère Kelya à ce vieux dégueulasse. « Même si je ne comprends pas ton geste... » Ben oui, après tout on se déteste, pourquoi voudrait-elle me sauver d'une mauvaise situation?
J’ai besoin d’un verre. C’est une pensée qui ne me traverse pas très souvent l’esprit. Quand je bois, en général, c’est plus pour le plaisir. Si je veux noyer ma peine, j’aurais plutôt tendance à aller fumer de l’héroïne. Oui, je n’y vais jamais de main morte. Avec moi, c’est soit tout ou soit rien. La radio de la voiture diffuse un titre que je n’arrête pas d’entendre : Lean On, de Major Lazer. Même si j’en ai un peu marre d’écouter constamment cette chanson, je ne peux pas m’empêcher de secouer la tête dans tous les sens pendant que je conduis. J’ai vraiment besoin de me détendre. Mes journées au cabinet sont assez longues en ce moment. Il faut dire que j’accumule les clients. Je ne pensais vraiment pas rencontrer un tel succès en si peu de temps. Je sais qu’il n’y a pas énormément de concurrence, mais tout de même. Quand j’étais à Londres, mes journées étaient beaucoup plus tranquilles. Mais ce n’est pas grave. Je suis contente de voir que je peux aider des gens, que je suis toujours bonne dans ce que je fais. Je suis contente de constater que je ne me suis pas trompée de voie. J’arrive finalement à destination et je me gare dans le parking du bar. Je vais finir par devenir une habituée de ce bar. L’autre fois, je m’étais beaucoup amusée avec Felix ici. Mais bon, ce soir, je m’arrête juste rapidement. Déjà je conduis donc je ne peux pas me permettre de partir en vrille. Et puis demain je dois me lever tôt. Je pousse la porte du bar qui est assez rempli. L’ambiance est au beau fixe, je ne suis pas déçue. Je commande alors un mojito. Je m’assois en attendant que l’on me serve et scrute la pièce au passage, histoire de voir si je reconnaitrais une tête familière par hasard. A priori non. Oh tiens. Qui est-ce que je vois assise là-bas ? Chloë Fox-Constantine. Je soupire. Elle ne m’a pas vu, c’est déjà ça. Je me demande ce qu’elle fait là. Madame est bien trop riche pour fréquenter ce genre d’endroits. Le serveur m’apporte mon mojito et j’en bois quelques gorgées. C’est vraiment très bon. Au bout de quelques minutes, je me retourne à nouveau et porte mon regard vers la table de Chloë. Tiens, c’est étrange. Un homme est venu la rejoindre et ça n’a pas l’air de l’enchanter. Je regarde la scène pendant quelques minutes et voyant que cela ne s’arrange pas, je prends mon verre et ni une ni deux, je me retrouve en face de Chloë. « C'est moi qu'elle attend, alors tu nous feras le plaisir de dégager. » dis-je d’un ton sec. L’homme ne conteste pas trop. Il râle un peu dans sa barbe et s’éclipse. Je m’assois alors en face de Chloë. « Merci Thompson… » Elle est arrivée à décrocher un sourire. Incroyable ! Je n’étais pas certaine que cela soit possible. « Même si je ne comprends pas ton geste... » Je soupire tout en ne la lâchant pas du regard. « Bon sang, ça te tuerait de simplement dire merci ? » C’est vrai quoi. Je viens de la sauver d’une mauvaise soirée et elle continue à chercher la petite bête. Elle ne peut pas se montrer sympathique, juste pour une fois ? Je sais qu’on se déteste mais elle aurait quand même pu se montrer plus reconnaissante. Voyant qu’elle attend une réponse, je lève les yeux au ciel et dis : « Je n’aime juste pas voir ces gros porcs faire chier toutes les femmes qu’ils trouvent. Ça n’a rien à voir avec toi, si ça peut te rassurer. » Son air dédaigneux m’exaspère tellement, mais je prends sur moi. « En tout cas il semblerait que nous sommes obligées de rester à cette table pendant un petit moment. » dis-je en montrant d'un signe de tête l’homme qui continuait à la scruter. C’est vraiment un gros lourd, celui-là. Je ne vois pas vraiment pas ce qu’il lui trouve à cette Chloë, en plus. Il est probablement juste en manque. Je porte mon verre à mes lèvres et bois quelques gorgées. Je fixe Chloë pendant quelques instants. Il va bien falloir qu’on se parle. Histoire de meubler un peu et ne pas se retrouver dans une situation trop étrange. D’un air détaché, je lui demande : « Bon et alors, tu peux me dire ce que tu fais toute seule ici ? » Faire la conversation à une personne que l’on déteste, ce n’est pas vraiment facile. Mais bon, je veux bien faire des efforts. Je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs.
Il ne m'arrive pas souvent d'aller dans ce bar, et de sortir dans ce genre d'endroits publics en général. L'importance de ma position au sein de Vogue ne me permet pas de m'afficher avec le commun des mortels. Bon d'accord, j'exagère un peu, mais je préfère assister à des coktails ou autres réceptions organisés dans le cadre de mon boulot, au moins tout est gratuit et il y a du beau monde à voir. Pas comme ce gros lourdaud qui vient de m'accoster. Ou encore Kelya. Bon, elle a du style, je peux le reconnaître. Mais c'est une vraie peste. Je ne supporte pas son genre, son air narquois, ses faux sourires et surtout ses formes fatales qu'elle n'hésite pas à exhiber à tort et à travers. Jalouse, moi? Pas du tout. Surtout après avoir entendu les bruits qui courent à propos d'elle. On dit qu'elle se drogue. Tout ce que je méprise en somme. Je suis obligée de la fréquenter, cependant, quelques fois pendant l'année puisque nous faisons partie de la même œuvre de charité. Je me rappellerai toujours de notre première rencontre, qui a véritablement donné le ton de notre relation. Cette greluche a eu le malheur de renverser son verre d'ivrogne sur ma robe Dior faite sur-mesure pour l'un des plus grands événements de l'association. Évidemment, nous n'avions pas hésité à nous crêper le chignon, ayant deux forts caractères, ça ne pouvait que péter. Et évidemment, la presse en a fait ses choux gras. S'en est suivie une période de honte maximale pendant près d'une semaine, période pendant laquelle je n'osais presque plus me montrer en public. Bref, Kelya et moi, c'est pas trop la joie et je pense que ça ne le sera jamais. Je pardonne, certes, mais je n'oublie pas. Surtout la tâche sur cette foutue robe Dior. Je questionne mon éternelle ennemie sur le pourquoi de son geste. Elle me rétorque du tac au tac. « Bon sang, ça te tuerait de simplement dire merci ? » Je lève les yeux au ciel. Mon dieu, ce qu'elle peut prendre tout mal celle-là. Quelle frustrée… Je la regarde ensuite avec insistance, j'attends toujours sa réponse. Elle lève les yeux au ciel également avant de se lancer dans les explications. « Je n’aime juste pas voir ces gros porcs faire chier toutes les femmes qu’ils trouvent. Ça n’a rien à voir avec toi, si ça peut te rassurer. » Évidemment, elle a pas fait ça pour me venir en aide. Je soupire. « En tout cas il semblerait que nous sommes obligées de rester à cette table pendant un petit moment. » Elle me montre le gros lourdaud justement, toujours occupé à me reluquer. Qu'est-ce qu'il me veut celui-là, sérieux? Un ou deux mojitos en plus et je lui fous mon poing dans la tronche. Je soupire une nouvelle fois et reporte, malgré moi, mon attention sur Kelya. Un silence s'installe. C'est vrai, je n'ai rien à lui dire. Mais bon, il va bien falloir que je lui fasse la conversation pour qu'elle reste à mes côtés. Et puis, faudrait pas que le gros lourd se rende compte qu'entre nous c'est pas la joie, sinon il serait capable de venir encore mettre son grain de sel. Kelya rompt le silence. « Bon et alors, tu peux me dire ce que tu fais toute seule ici ? » Je hausse les épaules en lui montrant mon téléphone. Comme si j'étais seule pour le plaisir. Je ne suis pas comme elle moi, je ne passe pas mon temps à écumer les bars pour y trouver des proies faciles. « J'attends ma meilleure amie, qui d'ailleurs… » Je me rends compte qu'elle m'avait envoyé un texto il y a quelques minutes pour s'excuser et me dire qu'elle aura encore au moins une bonne demi-heure de retard. En langage Carmichael, cela veut dire une heure. « … ne va pas arriver tout de suite. » Je me renfrogne. Mon verre est vide pour couronner le tout. J'appelle un serveur qui justement passe par là. Je porte ensuite mon attention vers Kelya. « Faisons comme si on se supportait, qu'est-ce que tu bois? » J'arrive malgré tout à lui sortir un léger sourire, ce qui me coûtera surement quelques rides dans plusieurs années.
Elle me dit que sa meilleure amie va avoir du retard. Je soupire. Cela ne fait qu’allonger notre supplice commun. Au moins nous avons une chose en commun. Mais bon, c’est moi qui nous aie mise dans cette situation gênante. Après tout, je n’étais pas obligée de lui en venir en aide. Je suppose que c’était plus fort que moi. Kelya, toujours à vouloir aider les autres. Dans sa vie professionnelle mais aussi dans sa vie privée. Par contre, qui aide cette pauvre Kelya ? Je me le demande bien parfois. Je ne vais pas faire ma rabat-joie non plus. Maxyn, Loghan, James, Kyrah. Tous m’aident un peu à leur manière. Et je me sens vraiment chanceuse d’avoir rencontré des personnes comme elles. C’est juste… C’est juste que ce sentiment de solitude est tellement ancré en moi que je ne sais pas si je vais réussir à m’en débarrasser un jour. « Faisons comme si on se supportait, qu'est-ce que tu bois? » Je vois que Chloë fait des efforts, puisqu’elle est en train de sourire. Elle est reconnaissante du geste que j’ai fait pour elle, je le sais. « Juste une piña colada pour moi ce soir. » dis-je au serveur. Celui-ci s’exécute et s’éclipse. Je n’ai pas bien saisi ce qu’a commandé Chloë mais ça n’a pas tellement d’importance. Nous restons silencieuses jusqu’à ce que le serveur arrive avec nos deux verres. Je prends mon verre et le lève en disant : « A cette soirée… étrange ! » Je souris légèrement et je bois quelques gorgées de ma boisson. Il faut que je fasse attention. Je ne peux pas boire beaucoup. Pas ce soir. Et puis de toute façon, je ne me vois pas trop boire en compagnie de Chloë. Elle n’a pas l’air très drôle comme femme. Je me demande même comment elle fait pour avoir des amis. Ils doivent sûrement être comme elle. Froide et rigide. Depuis que je suis à Brisbane, je ne me suis pas vraiment fait d’ennemis. Sauf elle. Ah oui, et Joanne, mais bon elle ne compte pas trop. Chloë a vraiment un caractère insupportable. Elle me fait un peu penser à Hannah. Je ne sais pas laquelle des deux est la pire, franchement. Nous restons silencieuses encore quelques instants. Ces silences deviennent de plus en plus gênants mais Chloë n’a pas l’air de vouloir entamer la discussion. « J’espère que ton amie va vite arriver. » finis-je par dire. Dès qu’elle arrive, je disparais en une seconde. J’ai juste envie de rentrer et dormir. Je suis épuisée. Et puis, la compagnie de Chloë ne m’enchante pas des masses. L’entendre parler me donne la migraine. Je bois encore quelques gorgées de ma boisson avant de lui demander, avec un ton un peu provocateur : « Alors, qu’est-ce que ça fait de descendre dans le monde des gens normaux ? Est-ce que ça te donne des allergies ? » Je ne peux pas m’empêcher de sourire. Cette femme est vraiment étrange. Elle croit qu’elle est au-dessus de tout le monde mais c’est juste une femme normale avec des beaux vêtements et plus d’argent. Mais elle n’est pas la seule à avoir tout ça. Ça ne la rend pas extraordinaire. Au contraire. « Ça doit être triste de vivre dans ton monde. Où l’argent compte plus que tout. Où tout est luxe et manières. » Je sais ce que ça fait de vivre dans ce monde, puisque j’y ai moi-même vécu. Mais je n’ai jamais vraiment adhéré à ce mode de vie. Certes, j’ai la chance de pouvoir vivre de manière très aisé, mais je n’en fais pas tout un plat. J’essaie d’éviter toute extravagance – sauf pour ce qui est de la villa, je l’avoue – parce que je trouve que ce n’est pas important. Et puis, j’ai bien vu comment ce monde détruisait mes patients. Même si ce monde peut paraître fascinant, je crois qu’il vaut mieux ne pas trop s’en approcher. Je la fixe du regard et lui dis : « Tu dois te sentir tellement seule parfois, non ? » C’est ironique que ce soit moi qui dise ça, j’en ai conscience. Mais elle ne me connaît pas alors bon. Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Pourquoi je la provoque de cette manière. Je ne sais pas, je trouve ça juste amusant. De toute façon, je n’ai rien de mieux à faire.
I'm asking her what she would like to drink, as I am pretty sure that we will spend quite some time together tonight. « Just a piña colada for me tonight » I nod. I actually like her choice. I was expecting her to order a typical bitchy drink, such as a Chardonnay or something similar. She is quite surprising I have to say. The waiter then waits for my answer and I think about a drink that could help me face this bitch and stand her on top of that. « Mmmh... I'd take a cosmo, please » He tells me he will be back in a second and I am then obliged to pursue our little chitchat. My eyes fix her with their unchanging coldness as she is looking down to something, probably to escape the discussion as well. The waiter comes back before one of us could have said something and she decides to break the silence by making a toast. « To this… awkward evening! » I clink my glass to hers and fake my most ironic smile. I really can't stand her but I will have to, and this is clearly an unfortunate situation. I drink a quite considerable sip of my cosmo without even looking at her. As the silence starts to become annoying, she decides to say something out of the blue. « I hope your friend will come soon… » I nod again. I can't wait for Lily to come and save me from this crappy situation. I am loosing hope though. She has never been so late. I hope it's not something related to her ex, or her future ex, unless it will take her around three hours to show up. At least. I roll my eyes, thinking about the perspective of spending a whole evening with someone I really don't like. All of a sudden, she starts to talk again. But not to have a casual conversation. She actually attacks me. « So… what is it like to enter the real world? Does it give you allergies? » She serves me her best nasty look, she is certainly glad to throw the battle. I don't even have enough time or oxygen to reply. She keeps on. « It must be sad to live in your world… Where money prevails. Where luxury and manners are all that matters… You must feel alone sometimes, right? » My mouth opens up. I'm literally shocked. What does she want? To fight, like last time? I can totally kick her ass again and without any regret. But I consider touching her would make my hands dirty, she must be covered with sexually transmitted diseases. No, I can't risk it. I think about something cleverer. She surely doesn't deserve my attention, but I am in the mood for playing tonight. « Oh Kelya, don't pretend you don't belong to this world. You're sweating money. I'm pretty sure you're in this bar to find an old daddy that could take care of you… » I sigh. I'm already tired of this. I give her another dark look and sip a bit of my cosmo. « At least, I have someone that loves me. Could you tell the same? » Take that, bitch. I never saw her with a guy, I'm sure she's single. Who would date such a muckraker? She's so useless. I can notice she is touched by what I just said, so I decide to add something nicer. « Well, at least your hot body is on your side » I don't really know if this was a compliment, but the tension is rising and I don't want to fight in a bar, for god's sake!
The atmosphere is awkward. And neither me nor her wants to make some efforts. We hate each other, after all. Why pretending ? Seeing her makes me want to throw up. I didn’t know it was possible to hate someone so much. Maybe she is not as terrible as she seems. Maybe. Maybe I have a wrong picture of her. I mean, she has friends. It means that she can be bearable. But I don’t know. It’s her face, her way to look at people, her fake smile. I can’t stand her. And I think that it will never change. Especially if we follow to prejudice each other. « Oh Kelya, don't pretend you don't belong to this world. You're sweating money. I'm pretty sure you're in this bar to find an old daddy that could take care of you… » Oh my god, she’s so annoying. Why am I here ? I give a dirty look at her. How dare she judge me like that ? She doesn’t know anything about me. « I’m sorry, but I think you’re misunderstanding. I’m perfectly able to earn a good living by myself. » I don’t know what she thinks I am, but she is on the wrong path. I prevent myself from saying « contrary to you » because I know that she is famous and that she has a really good job. I can’t find an argument there, unfortunately. « At least, I have someone that loves me. Could you tell the same? » Okay, she’s going too far. I really want to slap her right now. I don’t know what deters me. Perhaps the fact that we are in public. She is lucky. Because if we were alone, she wouldn’t be so proud of her. I can be really mean. She has no idea how. But she will pay. She will pay for what she just said. I can’t accept to be attacked like this. Nobody has ever talked to me like that. What does she think she is for talking to me the way she does ? I clench my fists. A really huge anger is overwhelming my body. But I’m trying to control it. Calm down Kelya. It’s just a girl who wants to trigger your anger and wants to see where are your limits. But you are not going to give her that, are you ? No, I’m stronger than this. I’m not going to put down for her. Let’s not get carried away ! I’m taking a deep breath. You can do this. I try to stay unshaken, but it’s hard. What she said really hurt me. She knew what to say to harm me. She’s strong, I can’t deny it. « This is not your business. » I said, slowly. No, I don’t have to talk about that with her. I don’t have to tell her that I’m feeling so lonely. That I’m eager for love. She will never know that. Because it is my biggest force but also my biggest weakness. « Well, at least your hot body is on your side » I knit my brows. Is it her being nice ? Because it’s difficult to notice. « Thank you… I guess. » I sigh and drink a sip of my piña colada. It’s delicious. I should consider to drink this beverage more often. I look again at Chloë. « Can we try to be nice, just for a moment ? Time will not fly faster if we keep fighting each other. » She knows I’m right. Fighting is exhausting. And it is useless. After all, we want the same thing : returning to our lives as fast as possible. Why wasting time fighting ? I bite my lips a little. Then I ask her : « How is it going at work ? » Here, I took a step forwards. It’s her turn now.
I don’t know why we hate each other so much. I mean, she looks like me in so many points. She is rich, she has a certain taste for class, she drinks cocktails and she is part of the same charity as me. We should be best friends, right? But it’s not the case and I don’t know why. Maybe we are too similar to be friends. And there is also the fact that she got my wonderful Dior dress dirty the last time. I think that’s why I hate her so much after all. Just for a dress, in’t it childish? I should reconsider the nature of my feelings towards her. Or not. I prefer to attack her, it’s so much more entertaining. « I’m sorry, but I think you’re misunderstanding. I’m perfectly able to earn a good living by myself. » She defends herself without fighting back. What’s going on? This doesn’t look like her. Or maybe I hurt her. Touché. I keep going on, that’s way too funny. Sometimes I like to play this bitchy role. But I can become embarrassed quickly after that. I should calm down after my last dig. « This is not your business. » Wow, now I understand that I really hurt her. And… I don’t feel good about that actually. The tension is rising and I cannot risk her to leave, I need her to protect me from these peverts. I compliment her in the nicest and the most honest way. I mean, she’s hot, it’s undeniable. « Thank you… I guess. » I nod and smile to her. The first real smile, not a fake one. « Can we try to be nice, just for a moment ? Time will not fly faster if we keep fighting each other. » I nod again. I actually agree, I’ve been too far and hating her for a dirty dress is not fair. « Okay, but just for tonight » We laugh together but we know I’m right. We’re going to be nice to each other just tonight, because as soon as we’ll meet again, I’m pretty sure our anger will come back. « How is it going at work ? » Mmmmh. What can I say? I’m the boss so everything should be fine in theory. « As you can imagine, it’s going wonderful. I mean, I have a great team and I think I do a good job… » She smiles and we continue to discuss. The whole night actually. My best friend cancelled and surprisingly, I may have found a new friend… We’ll juste have to see if this is going to last.