Maze avait beaucoup de temps à tuer ces derniers jours. Cela faisait à peine une semaine qu’elle était de retour à Brisbane et elle avait passé la majeure partie de ses journées à tourner en rond dans sa chambre d’hôtel, ressassant inlassablement ce qui lui était arrivé. Elle pensait que changer d’air et de paysage, quitter Londres et ses parents, lui permettrait également de se changer les idées et d’enfin pouvoir avancer. Mais revenir dans la ville où elle avait été kidnappée ne semblait pas vraiment l’aider. Étonnement. Avancer ? Elle en était incapable. Son ancien patron lui avait proposé de récupérer son poste, mais elle avait décliné pour deux raisons. La première : elle n’était pas capable de retourner travailler à l’endroit où son traumatisme avait commencé. La seconde : elle ne cessait de remettre ses choix de vie en question. Qu’avait-elle vraiment accompli depuis la fin de ses études ? Avait-elle aidé des gens ? Avait-elle permis de changer la face du monde d’une manière ou d’une autre ? Avait-elle joué un rôle, même infime, qui avait pu bénéficier à la vie de quelqu’un ? Rien n’était moins sûr. Quand elle n’était pas en train de broyer du noir dans le silence le plus complet, elle allumait les informations pour tenter de se tenir informée de la réalité du monde extérieur. Elle voyait des naufragés sauvés, des gens qui contribuaient à la recherche médicale, d’autres qui se donnaient corps et âme pour préserver la terre du mieux qu’ils pouvaient. Et elle que faisait-elle ? Rien. Strictement rien. Et il était grand temps qu’elle sorte s’aérer l’esprit avant de se laisser à nouveau envahir par des pensées défaitistes.

Si l’air frais lui faisait sans nul doute du bien, elle se demandait si circuler au Vegan Street Festival allait vraiment lui apporter quoique ce soit. Elle n’était même pas Vegan…Encore une journée de perdue ? Elle soupira et s’apprêtait à faire demi-tour quand un stand, ou plutôt un visage familier sur celui-ci attira son attention. Elle connaissait cet homme elle l’avait déjà croisé…Mais où ? Elle s’approcha et il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour le replacer dans sa mémoire une fois qu’elle l’entendit discuter avec des gens. Son ton de voix assuré en expliquant un sujet qu’il maîtrisait résolument bien : difficile d’oublier l’homme qui avait passé tout un trajet en bateau à râler à tort et à travers. A ce souvenir, un léger sourire étira ses lèvres. Maze attendit qu’il ait terminé sa discussion pour s’approcher de lui en lançant le plus naturellement du monde : « C’est donc à ça que vous ressemblez quand vous ne passez pas votre temps à pester sur tout le monde ? C’est surprenant ! » Elle l’avait dit sur le ton de la plaisanterie et espérait qu’il ne le prendrait pas mal. Et était-elle censée le tutoyer ou le vouvoyer ? Ils ne se connaissaient pas mais ils avaient approximativement le même âge. Si déjà elle se permettait de le taquiner, elle n’avait pas en plus osé ajouter d’elle-même un tutoiement...s’il était capable de râler toute une journée, n’était-il pas aussi capable de mal le prendre et de lui envoyer un quelconque objet au visage ? Elle recula d’un petit pas, par prévention, et observa le stand qu’il tenait. Ses sourcils se froncèrent : il y avait beaucoup d’informations et elle ne savait plus où donner de la tête : « Sea Shepherd ? Vous m’en dites plus ? » Elle était sincèrement curieuse de savoir de quoi il s’agissait.

Spoiler:

Mon retour en Australie ne s'est vraiment pas déroulé comme prévu. Moi qui pensait pouvoir rester encore là-bas, dans notre Auberge dans ce village indonésien le temps que la situation se calme et ensuite repartir avec un voilier que nous aurions trouvé, il n'en fut rien. Certes, nous avons pu partir en bateau, mais je suis persuadé que ce navire de guerre pollue au moins autant que l'avions que nous aurions du prendre, sinon plus. Depuis mon retour en Australie, je suis d'une humeur exécrable, ma nouvelle colocataire n'aidant pas à la tâche. Ça fait une semaine que je cohabite avec elle et je n'arrive absolument pas à comprendre son caractère, alors que pourtant ce n'est pas quelque chose de trop compliqué en vrai.

Fort heureusement, il y a les Sea Shepherd qui, malgré tout, ont le droit de maintenir leur actions. De toute manière l'Australie ne semble pas avoir trop peur de ce virus de malheur qui sévis un peu partout dans le monde. Ainsi le rassemblement de cette Vegan place est encore autorisé. De 2012 à 2017, chaque année, c'était moi qui tenait le stand d'information des Sea Shepherd et c'est donc, sans grande surprise, qu'on m'a à nouveau confié ce rôle cette fois-ci.

Assis sur la chaise, à l'ombre, je sirote joyeusement mon jus de baobab rafraîchissant au possible en attendant que mon binôme ne revienne avec notre repas du midi. Mais, alors que je sortais mon portable pour checker mes messages, une voix féminine s'adresse à moi et je relève mon visage, fronçant légèrement les sourcils. D'après ses paroles, elle semble réellement me connaître, elle me dit même où elle m'a vu, mais de mon côté je dois avouer que sa tête ne me revient pas.  « C'est exactement ça» dis-je, sans avoir aucune idée de ce dont elle parle. Mais elle a évoqué le fait que j'ai pesté contre tout le monde et en vrai ça ne m'étonne qu'à moitié qu'elle me dise ça. Posant mon gobelet réutilisable à mes côtés, je me lève et m'approche de la jeune femme qui souhaite que je lui donne des informations concernant notre ONG

 «Alors ... » je regarde autour de moi  «En gros, c'est grâce à nous qu'il y a encore autant de poissons, baleine et autres cétacés dans la mer et les océans » expliquais-je  « Il y a un sacré problème au niveau de la pêche illégales et les différents pays ont vraiment du mal à réguler cela. Du coup nous on sillonne les mers à la recherche de ces pêcheurs qui exerce dans l'inégalité et on essaie de leur parler. Gentiment et tranquillement, on leur explique que ce qu'ils font ce n'est pas bien et qu'ils dérèglent de nombreux écosystème» je me redresse et pose mon regard sur la jeune femme  « Et s'ils ne nous écoutent pas, on retente une deuxième approche en douceur. Et sinon, eh bien, on attaque» j'hausse les épaules  «Enfin, on a beaucoup de mission en cours un peu partout dans le monde, les Sea Shepherd ayant des branches dans le monde entier » je croise les bras devant moi  «Tu veux savoir quelques chose de particulier ? »

@Maze Crawley

Maze avait la fâcheuse tendance à oublier que tout le monde n’était pas nécessairement aussi physionomiste qu’elle. Il lui était ainsi arrivé à plusieurs reprises de s’adresser à quelqu’un qu’elle avait déjà croisé en considérant automatiquement que la personne se souviendrait d’elle. Rien de mieux pour de magiques quiproquo.
Présentement, elle n’était pas en mesure de dire si son interlocuteur l’avait replacée dans sa mémoire ou non mais elle passa outre. L’important, c’était qu’elle se souvenait parfaitement de lui en train de s’énerver pour diverses raisons. Il avait joué ce jour-là un merveilleux rôle de divertissement pour la faire sortir de ses idées noires et il ne le saurait jamais mais elle lui en était infiniment reconnaissante.
Elle écouta avec la plus grande attention son explication sur les missions des Sea Sheperd, hochant la tête à intervalles réguliers. Elle n’avait jamais songé à rejoindre une association et elle commençait à se demander pourquoi cela ne lui avait pas traversé les idées plus tôt. « C’est un job à plein temps de gérer tout ça, non ? » Puis elle fronça légèrement les sourcils avant d’afficher un léger sourire en coin : « Vous attaquez ? C’est-à-dire ? Là comme ça j’imagine l’équipe armée d’épées et prête à l’abordage pour faire couler l’ennemi. J’imagine que vous avez d’autres techniques, non ? Mais après une telle image, je ne te cache pas que je serai un peu déçue si tu me parles de simplement attaquer en justice. » Même si, l’un dans l’autre, cette solution était plus acceptable et peut-être toute aussi efficace.
Est-ce qu’elle voulait savoir quelque chose en particulier ? Bonne question. « Vous acceptez des bénévoles ? Le cas échéant, comment est-ce que vous les recrutez ? Est-ce qu’il y a une cérémonie officielle d’intronisation où l’on porte des masques, des capes et où on fait des pactes de sang ? » Elle avait beau jouer la carte de l’humour, sa question initiale était tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Son côté perdu et ne sachant plus quoi faire de sa vie prenait le dessus sur cette conversation. Elle se sentait inutile ? Alors quelle meilleure idée que de rejoindre une association pour essayer de contribuer d’une manière ou d’une autre à la société. Et l’idée d’aider spécifiquement la faune et la flore plutôt que les humains ne lui déplaisait pas outre mesure. Par ailleurs, ce jeune homme savait plutôt se montrer convaincant. Elle sentait qu’il était passionné et investi dans ce qu’il faisait et dans les missions des Sea Sheperd. Et même si elle ne savait plus exactement quelle était sa propre passion aujourd’hui, elle était toujours avide de pouvoir discuter avec des gens comme cela. « Oh et il y a bien autre chose que je veux savoir…Ton nom ? » Avec tout cela, elle avait complètement omis de se présenter. Elle tendit la main vers lui : « Maze Crawley, britannique perdue en Australie, ayant une furieuse envie de réussir à se rendre utile d’une manière ou d’une autre. » Cela résumait plutôt bien les choses. Peut-être était-ce une accroche à faire figurer sur son CV ?

C'est un large sourire qui s'affiche sur mes lèvres au fur et à mesure que je parle des actions que j'effectue avec cette ONG qui fait parti intégrante de ma vie.  « Plein temps je ne dirais pas» répondais-je à la question de la jeune femme  « Enfin, ça dépend. Je travail à côté en tant que kiné mais étant donné que je suis mon propre patron, j’aménage moi-même mes horaires donc ça me laisse pas mal de temps pour gérer les actions comme celle-ci par exemple» dis-je en désignant le stand  « Mais il y en bien parmi nous qui font ça à temps plein, oui» assurais-je.

L'image qu'elle me donne ensuite est celle des pirates anciens et ça me fait doucement rigoler. Elle a une sacré imagination cette brune ! Ça me plait beaucoup  « Ouais et d'ailleurs mon œil droit c'est un œil en verre que j'arrête pas de perdre lorsqu'on est en plein combat» répondais-je avec un certain sérieux, laissant seulement apparaître un sourire amusé sur les lèvres  «Et notre capitaine il a une jambe de bois et ... » je secoue la tête  « Non sérieusement, on attaque dans le sens où, effectivement, on essaie de faire couler leur navire. Mais ça ce n'est vraiment qu'en dernier recours» j'hausse les épaules  «Mais genre en 1986 l'ONG a coulé quatre baleiniers dans le le Reykjavik, en 1979 un baleiniers Espagnol, on est en guerre contre le Japon qui sont les pires quand il s'agit d'harponage de baleine et autres pêches illégales et j'ai déjà participé à une action sur les îles féroés pour contrer le Grind et leur abatage en masse des dauphin globicéphales » continuais-je d'expliquer tandis que je retourne chercher mon gobelet pour reprendre une gorgé.

La jeune femme, change ensuite de sujet, me demandant si on recrute et si, tel est le cas, nous avons un rituel d'intronisation.  «Pas forcément. Quoiqu'on oblige tous les nouveaux à manger un bloc de tofu cru » ironisais-je, amusé  « Mais sinon oui, on cherche des volontaires. De tous pays, toutes nationalités et tous genres» hochais-je la tête  «Il faut juste une lettre de motivation, un CV et être certain de pouvoir se libérer au moins 1 mois et au mieux 6 mois pour pouvoir partir en mer avec nous » j'hausse les épaules  «Mais tu peux aussi être volontaire terrestre et genre t'occuper des truc comme ce stand ou autres actions de communications, tu peux aussi être simple donatrice ce dont on a aussi vraiment beaucoup besoin. »

Au final, la chose suivante que souhaite savoir la jeune femme c'est mon nom. Ainsi donc, c'est avec un franc sourire, que j'attrape la main de cette dénommé Maze, britannique que veut se rendre utile d'une manière ou d'une autre  « Martin» me présentais-je à mon tour  « Si tu veux te rendre utiles, eh bien … » je me recule d'un pas  « Les Sea Shepherd ont besoin de toi» déclarais-je presque solennellement en écartant les bras

@Maze Crawley

La britannique hochait studieusement la tête en écoutant les informations que Martin lui donnait. Il arrivait donc à occuper un poste à temps plein et à sauver la planète à côté. N’était-ce pas ce qu’elle recherchait finalement ? Même si, à vrai dire, elle n’avait ni le côté sauveteur, ni le côté emploi pour l’instant. Elle partait plutôt mal. Elle fronça légèrement les sourcils lorsqu’il commença à lui parler de son œil de verre. Est-ce qu’il rigolait ? Elle n’était pas la dernière à faire des blagues vaseuses comme Martin avait pu le constater avec son histoire de pirates. Mais lui, qu’en était-il ? Elle ne le connaissait pas suffisamment pour savoir si l’humour nul était aussi dans son ADN. Et malgré son sourire amusé, le fait qu’il garde un air plutôt sérieux la perturbait quelque peu. Après tout, cela pouvait tout à fait être une histoire véridique, non ? Qu’arriverait-il si elle se mettait à rire à gorge déployée alors qu’il ne blaguait pas. Heureusement pour elle, il ajouta une histoire de capitaine à la jambe de bois, dissipant enfin tous les doutes qu’elle pouvait avoir. A moins que la jambe de bois ne soit-elle aussi envisageable ?...Non. Elle plissa légèrement les paupières et fit mine de s’approcher de lui pour observer son visage. « Super bien fait cet œil de verre, c’est à s’y méprendre ! Et du coup pour les combats avec des marins d’eau douce, je suggère un petit bandeau sur l’œil pour protéger le tout, ça règlera ton problème. » Elle avait joint le geste à la parole en faisant mine de s’attacher un quelconque bandeau autour de la tête. Elle avait l’air maligne.
Elle haussa les sourcils, surprise d’entendre que tant de bateaux avaient été coulés. En même temps, quand le karma et la justice ne faisaient pas leur boulot tout seul, il fallait bien les y aider un petit peu. « Oh wow, j’imaginais pas ça. Et tu sais combien de personnes dans le monde font partie de l’ONG ? » Elle avait déjà entendu leur nom mais elle n’imaginait pas qu’ils aient une si grande force de frappe.
Elle ne put s’empêcher de réagir par une légère grimace à la mention du bloc de tofu cru. Etait-elle prête à un tel sacrifice pour les beaux yeux des baleines et autres poissons ? Cela se négociait. Elle hocha une nouvelle fois la tête en écoutant les différents éléments demandés pour rejoindre l’ONG. C’était peut-être stupide mais elle n’imaginait pas qu’il fallait transmettre autant d’éléments. « Y a de quoi faire et les missions ont l’air variées…ça me plait beaucoup, je ne te le cache pas. » Elle avait d’office tiqué sur les missions de communication. Voilà quelque chose qu’elle serait a priori en mesure de maîtriser de par ses études et ses différentes expériences professionnelles. « Enchantée Martin ! » Elle était contente de pouvoir mettre un nom sur son visage. Et il fallait avouer que "Martin" était bien plus court et pratique que "l’homme-du-bateau-qui-criait-sur-tout-le-monde". Elle sourit lorsqu’il lui annonça que les Sea Shepherd avaient besoin d’elle. Une organisation avait toujours besoin de bras supplémentaires pour les aider, ça n’était un secret pour personne. Mais le fait d’entendre concrètement et oralement quelqu’un lui dire qu’il avait besoin d’elle, cela lui fit plaisir bien plus que de raison et un grand sourire s’afficha sur son visage. « Ce serait un grand honneur de vous rejoindre. Et est-ce que j’ai le droit de dire que je connais un mec avec un œil de verre pour postuler plus facilement ? » Son sourire s’élargit un peu plus. Finalement, elle avait bien fait de se décider à mettre le nez dehors ce matin-là. Comme quoi, une journée morose pouvait rapidement basculer et apporter son lot de nouvelles réjouissantes.

J'arque un sourcil à la suggestion de la jeune femme avant que ma bouche ne s'ouvre en un O de surprise  «je ...ah ouais. Ouais bonne idée ! 'tain pourquoi j'y avais pas pensé avant ! Allez c'est bon, on t'engage sans préavis ! » m'exclamais-je  «Tu seras celle qui donne des bons conseils de merde au crew, ok ? » je lui offre un large sourire avant de rigoler de bon cœur.

Nous revenons ensuite au sérieux alors que je lui fourni quelques explications concernant l'ONG et ce qu'elle fait.  «Oh ...woah, aucune idée» répondais-je avec sincérité lorsqu'elle souhaite savoir combien de membres constituent l'association  «Y a beaucoup de membres actifs mais encore plus de membre inactif. Les donateurs silencieux par exemple. Mais par bateau on doit être une quinzaine plus ou moins. » j'hausse les épaules  «Désolé c'est très vague mais la réponse en elle-même est vague aussi. Je pense qu'aucun de nous ne saura te donner un chiffre exact. Mais je dirais que 5 à 10% de l'humanité entière à déjà donné au moins 1$ à Sea Shepherd »

Et plus nous parlons, plus la jeune femme semble convaincue par l'ONG ce qui ne pourrait pas me faire plus plaisir !  «si ça t'intéresse réellement, tu vas sur le site internet » je regarde autour de moi  « Tu l'auras compris, on ne donne pas de flyer ou quoique ce soit étant donné que la plupart de ces feuillets se retrouvent à la poubelle et au sol et finiront dans la mer puis étoufferont un poissons ou un autre mamifère et c'est juste ce pourquoi nous nous battons donc ce serait contre productif d'utiliser du plastique et ...bref, va sur le site seashepherd.com et tu auras toutes les informations nécessaire. Ou alors tu viens nous rejoindre à une conférence à un moment donné ? » lui proposais-je  «Nous en tenons une par semaine où tout le monde est invité. C'est au niveau du port. Tu peux vraiment pas raté le bâtiment étant donné que notre navire est amarré devant et lui tu peux pas le louper »

Je laisse échapper un rire avant de me présenter par mon prénom, haussant les épaules lorsqu'elle me demande si, en disant qu'elle me connaît, elle pourra postuler plus facilement  «Tu peux toujours tenter tu sais » haussais-je les épaules  «Mais sinon, questions pratiques : C'est quoi ton régime ? Parce que les repas en mer sont tous 100% vegan et y a aucune exception qui est prise pour personne » j'incline légèrement la tête sur le côté  «Et est-ce que t'as des antécédent en terme de maladie ? Quelque chose d'assez important qu'on devrait savoir ? »

@Maze Crawley

Le sourire de Maze s’étirait un peu plus à chaque nouvelle remarque ironique de Martin. Décidément, son tempérament lui plaisait beaucoup. Il ne se laissait pas démonter par les remarques stupides qu’elle pouvait sortir, et cette compétence était particulièrement utile et nécessaire aux gens qui décidaient de la côtoyer. « Deal ! C’est fou ça, en quelques minutes tu as cerné ma plus grande qualité, je suis très impressionnée. » Donner de bons conseils de merde, faire des blagues pourries, avoir un sens de l’humour douteux, tant de qualités qu’elle ne valorisait pas suffisamment.
Elle reprit un peu son sérieux en écoutant la réponse plutôt vague de Martin. Mais elle imaginait néanmoins qu’il était effectivement compliqué de répertorier de manière précise tous les membres prenant part à l’association. « 5 à 10% sur un total de 7 milliards d’habitants, ça fait un beau score déjà en tout cas ! » Et l’idée de ne pas distribuer de flyers lui plaisait beaucoup également. Plus jeune, l’un de ses stages comportait comme mission la distribution de ces petits bouts de publicité que tout le monde rechignait à prendre. Depuis ce jour-là, elle s’évertuait à prendre tout flyer que quelqu’un lui tendait par compassion pour cette personne qui n’avait pas choisi de faire la potiche au milieu d’une rue toute la sainte journée en attendant d’avoir distribué l’entièreté de son tas de flyers et de pouvoir rentrer chez elle. « Je vais faire un tour sur votre site internet, et en prime l’option conférence me tente bien aussi ! » Cela lui donnerait l’occasion de récupérer à la fois toutes les informations théoriques dont elle pourrait avoir besoin par la suite, tout en voyant très concrètement à quoi pouvait ressembler l’association et son fonctionnement. « Moi et mon sens de l’orientation inexistant te remercions pour cette précision pour le navire. Ça m’évitera de tourner en rond pendant deux heures. » Encore fallait-il qu’elle commence par trouver ledit navire.
Alors qu’elle se sentait plutôt à l’aise jusqu’à présent, les dernières questions de Martin vinrent la déstabiliser très rapidement. Etait-elle censée faire mention de son diabète ? Elle avait toujours craint que cela soit vu comme un frein par certains. Maze ne se laissait pas définir par son diabète et, pour cette raison, elle rechignait de plus en plus à en parler aux nouvelles connaissances qu’elle faisait si la situation ne le nécessitait pas absolument. Et présentement, elle était très tentée de mentir. Peut-être aurait-elle effectivement choisi cette option si son visage ne s’était pas immédiatement décomposé à l’annonce des questions de Martin. Ou si elle n’avait pas laissé un blanc de plusieurs secondes s’installer au beau milieu de la conversation. Elle était déjà de base une piètre menteuse, alors dans ces conditions par dessus le marché, cela lui semblait bien mal parti. « Heu…j’ai pas de régime particulier donc de ce côté je pense que c’est bon. Par contre je suis diabétique de type 1. Donc faut…éviter de me faire manger de la purée sucrée par exemple. » Un léger sourire s’afficha sur son visage. Elle avait entendu parler de gens qui avaient cette curieuse et peu appétissante façon de cuisiner la purée. Elle ne s’était pas étendue plus que cela sur son diabète ; ce n’était peut-être pas le moment le plus adéquat pour commencer une leçon complète sur l’insulino-dépendance, l’hémoglobine glyquée et autres termes barbares. Son sourire s’étira un peu plus alors qu’elle s’apprêtait évidemment à détendre l’atmosphère à l’aide d’un trait d’humour qui ne faisait rire qu’elle : « En revanche, j’adore le pain fait maison avec amour dans lequel on ajoute une petite touche de curry. » Des fois qu’ils prennent les commandes. Et que cette information puisse jouer en sa faveur pour rentrer dans l'association.
Le temps passait vite et Maze ne s'était pas rendue compte que quelques personnes attendaient maintenant derrière elle pour discuter à leur tour avec Martin. Il était temps qu'elle batte en retraite pour s'approprier toutes les informations qui lui avait été délivrées et probablement commencer les démarches pour rejoindre une association qui lui permettrait peut-être enfin de donner un sens à une vie qui ne lui semblait plus en avoir beaucoup.