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 a lasting blue note (amos)

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Message(#)a lasting blue note (amos) - Page 2 EmptyMer 27 Mai 2020 - 17:47




A LASTING BLUE NOTE
Certes, la forme de ses reproches était une insulte envers notre amitié. Quant au fond, j’aurais davantage aimé qu’elle évite les jugements faciles et rapides par rapport à mes choix. Je suis un grand garçon et je peux décemment me vanter qu’à défaut de croire en moi, je réfléchis assez avant d’agir pour avoir foi en mes actes. M’acoquiner avec Raelyn n’est pas une fatalité qui m’a sautée au visage. Elle n’a pas tendu un piège dans lequel je suis tombé malgré moi. J’aime prétendre que j’ai succombé à ses charmes et à ses manigances parce que ça flatte l’égo que de soulever l’intérêt d’une telle poupée. Mais, lorsque je me concentre en toute bonne foi sur la réalité, je lui concède qu’au-delà de sa ténacité, sa personnalité et son passé m’ont bien plus ébranlé que son identité. Dès lors, pour quelle raison aurais-je lutté contre mon désir ? Pour un mariage révolu ? Pour une femme égoïste qui m’a abandonné ? Pour l’honneur de Sofia dont l’histoire n’est pas bien différente ? L’autre a joué de malchance quand la suivante a su saisir une main tendue et, blâmer Raelyn d’avoir été sauvée par une bonne âme serait profondément injuste. Elle, elle était seule à Brisbane. Elle n’avait personne pour se pencher sur son sort et lui venir en aide. Ma gamine était entourée de sa famille et de quelques amis résidant dans cette métropole et nul n’a pu voir son mal-être, sa descente aux enfers. Et, malgré tout, je m’emploie à ne pas alimenter pour mes proches de la rancœur quoique ça soit parfois compliqué. Je m’y essaie chaque jour que Dieu fait et, dans ces conditions, chef de rang au sein du Club ou non, ma maîtresse mérite à mon sens la même clémence. Elle la mérite parce que je l’observe fonctionner au coeur de cette organisation depuis des mois et que le sort des prostituées n’est ni de son ressort ni de sa responsabilité. Elles survivent sous la coupe de Mitchell et de Steven, les seules têtes à abattre. Alors, bien sûr, j’entends que Liv puisse me comparer à un borgne maître sur la demeure des aveugles. Certains pourraient considérer que je me berce d’illusions pour me déculpabiliser de ma faiblesse à l’égard de mon amante. Mais ils se trompent. Il nage dans l’erreur et je n’ai pas le temps de les instruire sous prétexte qu’ils ne cautionneraient pas : mes décisions ne les concernent pas, ne les regardent pas, pas même Olivia et moins encore Sarah.

Ma femme, elle a perdu le droit de s’inquiéter de mon quotidien lorsqu’elle m’a délibérément éjecté du sien et, une fois passée la surprise, je m’insurge d’apprendre qu’elle ait eu l’audace de téléphoner à Olivia pour s’enquérir de mes nouvelles habitudes, celles qui ont débouché sur ma signature apposée sur les papiers de mon divorce. Je proteste avec humeur pour cette ingérence, stoppant la course paisible de notre balade pour témoigner auprès d’Olivia de ma colère. Je regrette qu’elle ait misé en porte à faux d’une quelconque manière. Je déplore également qu’elle ait à subir mon interrogatoire. Je cherche à savoir ce qu’elle voulait, ce qu’elle espérait obtenir de mon amie, ce qu’elle a confié en désarroi qui, pour moi, n’est qu’un leurre, une duperie fomentée par son ego. Si j’aime ce que je comprends des réactions de cette petite sœur si importante à mes yeux ? Je crois, bien que je manque de certitude. Cette ire qui s’infiltre dans mes veines et qui fait bouillonner mon sang bride mon discernement. J’écoute, mais j’entends mal, à moins que ça ne soit le contraire. « Elle ne souffre pas vraiment. » ai-je rétorqué d’un ton teinté de véhémence. Sarah n’est pas méchante. Elle a en elle une bonté rare qu’elle a toujours dirigée vers les autres : les moins nantis, les marginaux, les rejetés de la société. Sauf qu’elle n’est pas construite uniquement autour de la générosité. Elle sait se montrer retorse et manipulatrice à ses heures. Ne faut-il pas l’être un peu pour convaincre un quidam de changer ? De se confier à elle ? D’accepter qu'il prenne cette main qu’elle tend ? « Et, évidemment que je ne lui dis pas tout. Pourquoi je le ferais ? » Sous prétexte qu’elle l’exige ? Hors de question ! Je tiens à mon indépendance. Je tiens à cette liberté sacrifiée trop tôt pour n’écoper, au bout d’un quart de siècle, que des blessures. « Si je lui dis pour Raelyn, qu’est-ce que tu crois qu’elle va faire ? Hein ? Elle ne va pas signer, elle va s’évertuer à foutre en l’air ce qui me fait du bien. » Ce que je suis en train de construire de beau, de grand, de lumineux et même de noble, quoi qu’en pense mon interlocutrice. « Elle ne le fera pas et elle va me compliquer la vie jusqu’à ce que j’en devienne fou. » Jusqu’à ce que je sois pris d’une envie subite et indicible de la secouer littéralement. « Et tout ça pour quoi ? Par ego… peut-être même par jalousie, mas certainement pas par amour. » Au contraire, elle ne se serait pas obstinée durant trois ans. Elle aurait renoncé plus tôt, bien avant que je me décide enfin alors qu’elle me connaît, mon épouse. Elle savait pertinemment que, le jour venu, plus aucune marche arrière ne serait possible.

Et Liv, dans toute cette histoire ? Ne sait-elle pas qu’il n’est jamais bon d’insister sur ce qui nous a opposés et qui nous opposera encore longtemps ? J’aurais préféré qu’elle s’abstienne de cette allusion, celle qui nous ramène vers la pomme pourrie de notre discorde. « Ne recommence pas, Liv. » ai-je craché plus vénéneux que souhaité. « Il n’y a rien concernant l’identité de Raelyn dont je pourrais avoir honte ou dont je pourrais me sent coupable. » Et, c’est précisément ce que j’aurais aimé qu’elle saisisse au lieu de m’assommer d’un reproche à peine voilé. « Et, comme tu le dis bien, je fais ce que je veux… pour divorce, pour tout en fait. » ai-je conclu avec humeur avant d’installer l’un de ses silences qui, au lieu d’être appréciés, nous mettraient presque mal à l’aise. Il n’est pas naturel. Il dissimule ma frustration t ma volonté de ne pas nous plonger à nouveau dans une querelle qui s’est déjà déroulée et qui n’a abouti sur rien de positif. « Tu vas faire quoi ? »ai-je finalement lancé à la volée, soucieux d’écarter Raelyn de cette conversation. « Pour Jacob ? » Peut-être est-il bon que je la ramène chez moi.

 


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Message(#)a lasting blue note (amos) - Page 2 EmptyMer 10 Juin 2020 - 0:10


Olivia Marshall & @Amos Taylor ✻✻✻ Je l’observais se pencher avec lenteur pour arriver à ma hauteur et se fondre dans mon ombre, son regard ancré dans le mien alors que son esprit semblait déjà s’envoler à des kilomètres de là, contrarié et lassé pourtant du conflit s’y jouant depuis de bien trop nombreuses années entre lui et sa femme. J’avais relevé le menton sans fermeté aucune, observant les émotions contradictoires voiler son visage au fil de mes mots. Sans doute m’étais-je montrée trop intrusive. Sans doute l’information que j’avais désiré lui donner par soucis de transparence ne trouvait-elle aucune résonance dans son esprit car il n’y en avait aucune, car il avait fait le choix de ne pas me tenir au courant, pour sa relation nouvelle et son divorce à venir, et que j’aurais dû m’y tenir. Mais il nous avait arrêtés dans notre marche, s’était placé face à moi, ses mains posées sur mes épaules dans un mélange contrarié de fermeté et d’apaisement et j’avais tenu à l’honnêteté, à l’objectivité comme celle dont il avait usé quelques instants plus tôt. C’était tout ce qu’il semblait être après tout, contrarié, tiraillé entre ces deux aspects, basculant dangereusement vers l’un alors qu’il voulait combattre pour rejoindre l’autre. « Elle ne souffre pas vraiment. » J’en doutais mais il ne s’agissait pas là d’une bataille que je désirais remporter. Elle souffrait de ce qu’elle perdait, de nouveau. Elle souffrait de ne plus avoir la main mise sur sa vie, son mariage sur le point de s’évanouir à son tour sans qu’elle ne puisse plus sauver ce qu’elle avait pourtant mis tant d’énergie à anéantir. Elle souffrait de l’imaginer, lui, heureux sans elle, apaisé ailleurs car alors peut-être, réalisait-elle qu’elle ne l’était sans doute pas autant qu’elle semblait le penser, qu’elle l’avait espéré, qu’elle lui avait fait croire.

Si parti devait-il être pris, je prenais celui d’Amos, chaque jour et aux yeux de tous. Cela ne m’empêchait pas pour autant de me mettre à la place de sa femme, longtemps côtoyée, de comprendre l’origine des défauts semblant réveiller en elle les aspects les plus tenaces et disgracieux. Comme nous, elle portait en elle un deuil bien trop lourd pour que nous ne puissions comprendre les répercussions que celui-ci engendrait dans son cœur également. « Si je lui dis pour Raelyn, qu’est-ce que tu crois qu’elle va faire ? Hein ? Elle ne va pas signer, elle va s’évertuer à foutre en l’air ce qui me fait du bien. Elle ne le fera pas et elle va me compliquer la vie jusqu’à ce que j’en devienne fou. » Je fronçais les sourcils car il me suffisait de me tenir face à lui, sur l’instant, pour réaliser qu’il n’exagérait pas, que ses limites étaient sur le point d’être atteintes et qu’il s’agissait sans doute là de tout ce que sa femme espérait obtenir : un accès à son cœur et à sa dignité, celle-là même qu’elle sentait s’effriter aujourd’hui par sa faute. « Et tout ça pour quoi ? Par ego… peut-être même par jalousie, mas certainement pas par amour. » Je secouai la tête doucement en emmêlant mes cheveux alors qu’il se redressait, luttant contre le poids de ses ressentiments à l’égard de son épouse. Je n’étais pas surprise, dans le fond, du dénouement de leur histoire. J’avais vu Amos s’enfuir de sa ville natale, désireux de s’extirper du marasme épais et opaque au sein duquel s’était-il englué au fil des mois, incompris dans son mariage, se dénigrant pour son immobilité et son impuissance. Il m’avait suffi de quelques mots échangés avec lui pour lire dans ses yeux l’entièreté des sentiments qui l’avait uni à Sarah et le trépas de ceux-ci maintenant qu’il s’en éloignait, maintenant qu’il s’en libérait. « Je ne m’attends pas à ce que tu lui dises quoique ce soit. » Rien ne l’y obligeait, il avait raison, même si les probabilités qu’elle finisse tout de même par l’apprendre me semblaient élevées dès l’instant où les parents d’Amos, par exemple, en auraient vent à leur tour. « Je n’attends rien d’autre que ce que je lui ai dit, à vrai dire. Que si c’était ta décision, je la respectais et qu’elle devrait en faire de même. » Son parti, chaque jour et aux yeux de tous. « Je tenais simplement à te dire que j’étais au courant, par son biais. Rien d’autre. » Car je n’étais pas certaine qu’il ait tenu à ce que je le sois. Les non-dits avaient apparemment parsemé notre relation depuis de bien trop nombreux mois pour que je ne désire volontairement poursuivre sur ce chemin à présent que l’abcès avait été crevé de la pire des manières.

Je nous réalisais encore victimes de ses séquelles alors que mes mots ne reçurent comme réponse qu’un soupir agacé. « Ne recommence pas, Liv. » Je passai une main sur mes tempes malmenées et marquai une pause pour étouffer ses rancœurs. « Ce n’est pas ce que j’essaie de faire. » Je devinais néanmoins ne pas réussir à le convaincre aussi aisément, lisant la lassitude au creux de ses iris cendrés et je fis un pas de côté pour retrouver son profil et poursuivre notre chemin. « Il n’y a rien concernant l’identité de Raelyn dont je pourrais avoir honte ou dont je pourrais me sentir coupable. Et, comme tu le dis bien, je fais ce que je veux… pour le divorce, pour tout en fait. » Mes doigts transis et fourmillants désespéraient d’une cigarette autour de laquelle s’accrocher alors que les relents amers de notre confrontation me revenaient au visage, portés par les inflexions saumâtres de sa voix. Je ne désirais pas y revenir, ni en engageant ce sujet ni maintenant que je désirais nous en sortir. Le silence avait cette propension à me sauver des plus terribles des situations et je réalisais, peut-être, avoir eu tort de chercher à le briser si cela réveillait en lui la réminiscence inévitable des reproches ayant pu lui être faits, de ma propre bouche. Nous revenions de loin après tout, tombés au sein du même gouffre, notre amitié jetée en pâture de la houle déchaînée au large de son bateau. J’acceptais, sans lutter, nos tentatives d’en remonter d’un même souffle. « Alors, je n’ai rien à dire. » capitulai-je simplement, un sourire esquissé aux commissures des lèvres et empreint des mêmes couleurs. Le regard abaissé sur l’ombre de nos deux silhouettes reprenant leur avancée, l’agacement perceptible semblant accompagner la sienne, je finis par laisser mon épaule trouver de nouveau la sienne alors que je laissai échapper d’un souffle presque amusé, quémandeur surtout. « Sois pas comme ça, Amos. » Je passai ma main sous son avant-bras replié contre lui-même et le pressai avec une ironie contenue et dirigée contre moi-même. « Comme moi. » précisai-je finalement en haussant les épaules. Prisonniers de tellement d’autres choses, de symptômes invisibles ou dégradants, de restrictions imposées et de voies supprimées sans que nous n’acceptions jamais de laisser autrui le voir, de laisser quiconque s’approcher de trop près, privilégiant le silence aux confessions, l’entêtement à la souplesse, le heurt à l’apaisement. Ne sois pas comme ça. Pas avec moi. « J’espère qu’elle signera rapidement. Pour vous deux si c’est ce dont vous avez besoin. » Et je n’essayais pas de tempérer mais de faire preuve de sincérité, réellement. Le désaccord nous ayant opposé quelques semaines plus tôt était sans doute le plus véhément d’entre tous mais il n’était pas le premier, conséquence logique d’une amitié ayant débuté à la sortie de l’adolescence pour l’un, à des années de plus pour l’autre. Savoir ne pas y succomber mais composer avec n’était pas notre condamnation mais notre fondation. « Tu vas faire quoi ? » demanda-t-il soudainement, répondant à un réflexe abrupt de s’éloigner d’une voie pour laquelle nous ne semblions guère prêts. Celle-ci non plus, ne pus-je m’empêcher de penser en inspirant avec retenue. « Pour Jacob ? » La précision était inutile mais s’échappa tout de même d’entre ses lèvres, presque facile, définitivement évidente mais tristement saisissante. « Je vais rentrer chez moi. » Il ne veut pas pas de moi là-bas. « J’ai besoin de le voir même si c’est tout ce qu’il m’autorisera à faire. » Je revoyais son visage éreinté et ses reproches tus. Je réentendais ses mots implacables et ne laissant pas de doute quant à son désir de rester seul. « Et ensuite ? Une suggestion ? » Je demandais à peine, un sourire sans joie aux lèvres. L’ensuite me paraissait insaisissable, oui, bien trop pour espérer la moindre réelle solution de la part d’Amos puisque ce n’était pas à lui de la trouver. Les images de Jacob, s’éloignant de notre table, allaient et venaient depuis son départ du restaurant, déposant à chaque fois une nouvelle moisson d’émotions que je me refusais à affronter. Pas encore, au risque de l’écouter, au risque de céder à la facilité en me pliant à sa demande : celle de disparaître, cette nuit encore.


 


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Message(#)a lasting blue note (amos) - Page 2 EmptyVen 12 Juin 2020 - 21:31




A LASTING BLUE NOTE
Elle ne s’attend pas à ce que je verse dans la coupe d’effronterie de Sarah une lampée de vérité concernant Raelyn et, quoiqu’elle me brise le cœur, je ne devine que trop ses raisons. Elle n’y croit pas à cette histoire. Elle ne la cautionne pas et s’attend sûrement à ce que je sois débouté – ou le contraire – une fois que j’aurai perdu tout intérêt au regard de mon amante – ou l’inverse – mais elle fait erreur, mon amie. Je ne suis pas aveuglé par les talents de ma partenaire sexuelle. Si je souffre de cécité, c’est de nourrir une certitude : nous partageons quelque chose de sincère l’un à l’égard de l’autre. L’aveu ne s’est pas invité à la table de nos ébats ou de nos moments sages et simples, mais il n’est pas nécessaire. La déclaration nous serait futile tant l’amour et la passion transpire par tous les pores de notre peau. Et, si elle était totalement honnête avec elle-même, mon interlocutrice l’admettrait de mauvais gré. Ce sont les nobles sentiments qui l’ont alerté de notre acoquinement et non mon geste brusque et déplacé pour contrôler la colère excessive d’Olivia. Elle se borne toutefois à ignorer la réalité et moi, je ne suis pas prêt à l’étaler ce soir qu’elle ne l'est pas plus à l’entendre d’ailleurs. Et pourtant : « Je vais le faire, Liv. Parce que je n’ai pas envie de le continuer à le cacher comme si c’était mon sale petit secret et comme j’avais encore à lui rendre des comptes. » La messe est dite. « Et, elle ne respectera pas. » L’information tombe à la vitesse du couperet d’une guillotine. « Mais, si j’ai ton soutien… » Alors, tout me va. Tout puisque je défalque inconsciemment de l’équation une donnée primordiale : aux yeux de Rae, je suis un homme déjà divorcé. Raelyn. Je lui mens, éhontément, et je devine aisément les conséquences de ma fadaise si elle éclatait au grand jour. Elle se sentira trahie. La blessure sera profonde, mais je vais lui dire la vérité. Quand ? Je l’ignore. Comment ? Je n’ai pas statué. Et, je regrette l’animosité évidente entre ces deux femmes différemment chères à mon cœur. J’aurais pu, moi aussi, réclamer un conseil à ma protégée. Au lieu de soi, je perçois dans le timbre de sa voix une émotion qui ne me plaît guère et je l’arrête. Je l’arrête avant qu’elle n’accuse à nouveau mon amante d’avoir contribué à la mort de Sofia. Je l’invite au silence et je me retranche derrière le mien. Qu’adviendra-t-il de notre amitié si Liv ne se raisonne pas ? Si elle se désavoue de ses propres promesses – soutien, respect – que deviendrons-nous ? Des complices qui s’opposent perpétuellement et que la lassitude éloignera ? Non ! L’idée est trop douloureuse et je me remercie d’être plus taiseux que babillard. Quant à elle, je lui offre un sourire alors que nous avançons à nouveau, bras dessus bras dessous, elle appuie son menton sur mon épaule. Elle cherche à attirer mon attention, à m’inspirer de la clémente et je ne résiste pas. « Comment ? » ai-je demandé en devinant la réponse. « Tu es bête. Tu n’as pas de problème, Liv. Et, de toute façon, c’est toi qui es comme moi. » l’ai-je aussitôt taquinée en la bousculant avec douceur d’un coup d’épaule. Nos points communs sont éloquents. Quant à nos différences, elles sont complémentaires. Et, fort de cette certitude, j’ai éclaté d’un grand rire, rassuré pour nous deux : quoi qu’il se trame pour l’avenir, nous serons toujours ce couple d’amis complices capable de se relever de toute anicroche.

Et son couple ? Le seul qui vaille, finalement. Se redressera-t-il avec vaillance ?  Traversera-t-il la tempête du deuil ? J’ai bon espoir que Jacob et son épouse y parviennent. Et, au terme de quelques minutes oscillant entre contemplation et réflexion intense, j’en reviens à ce qui a conduit mes pas jusqu’à ce restaurant, jusqu’à ce trottoir sale, jusqu’à cette âme en peine et abandonnée. « C'est bien ! C'est ce qu'il faut faire. Ce que tu dois faire. » ai-je répliqué, fier de sa bonne composition, de ses résolutions, de cette preuve qu’elle m’a entendu. « Ne jette pas le bébé avec l’eau du bain. Commence déjà par rentrer et tu aviseras. Que voudrais-tu faire de toute façon ? » Se suspendre à son cou pour réclamer son pardon ? Un grain de sable que le vent de la peine balaiera au petit matin. « Et, ensuite… » Qu’en sais-je ? J’ai réfléchi pourtant. Je me suis gratté la tête, j’ai grimacé, j’ai soupiré et, finalement, j’ai capitulé. « Je n’en reviens pas que c’est à moi que tu demandes Liv. » Je ponctue l’assertion d’un rire franc, massif, à gorge déployée. « Je n’ai jamais été fichu de trouver les bons mots, mais… je crois que c’est ce que tu dois faire : trouver les mots. Amorcer une conversation. Le début d’un truc. Je ne dis pas que tu dois tout déballer ce soir, mais au moins renouer le dialogue. » Autrement dit, ce que je n’ai jamais réussi à faire avant Raelyn. « En fait, fais tout ce que tu croirais que je ferais moi. Parce que ce n’est pas le moment d’être comme moi. » ai-je finalement ponctué d’un sourire plus large, prometteur et engageant. Une grimace qui, je l’espère, l'encouragera quand j'ai peur qu'elle renonce. Ce serait dommage ! « Tu as ta voiture ? Tu veux que je te ramène ? » Est-elle venue dans son véhicule de service ? Non ! Elle était libre ce soir, libre de fêter avec son époux leur anniversaire de mariage. « Oui. Je vais te ramener. Tu viendras avec Jacob récupérer ta voiture demain. Peut-être que vous pourrez venir sur le coup de midi. » L’allusion est renforcée par un clin d’œil. « Tu avais prévu un cadeau ? Parce que le cas échéant, ne l’offre pas tout de suite. Répare, Liv. Rends-lui la pareille. » Organises-en une de soirée pour célébrer vos noces. « Ce n’est pas trop tard. » Trop tard pour eux.



 


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Message(#)a lasting blue note (amos) - Page 2 EmptySam 20 Juin 2020 - 2:08


Olivia Marshall & @Amos Taylor ✻✻✻ Trop de temps s’était écoulé aujourd’hui pour que les mauvaises habitudes ne s’effritent aussi facilement. Deux ans déjà que je m’observais dire oui à la familiarité étrange de la douleur et non à tout le reste, comme s’il m’était plus facile ainsi de prouver l’impossible ou ma force à ceux daignant m’accorder leur regard. Amos m’avais rejoint, souvent – ou peut-être était-ce l’inverse - beaucoup trop souvent à présent que j’y repensais, que j’évaluais les dégâts que nous nous étions causés, conscients de tout mais incapables de nous reprendre ou d’y tourner le dos car il s’agissait là précisément de ce dont nous avions besoin à l’époque. Fumer, boire, oublier et écouter le silence. N’était-ce pas plus simple que de nous battre contre la fatalité ? Sans doute pas étions-nous capables de l’admettre à présent que le temps avait fait son œuvre, que le jeu s’était révélé taillé pour des êtres immatériels et que notre diathèse humaine s’était rappelée à nous. Et si je m’y perdais moi-même, me repliant sur les apparences, ma bouée de sauvetage, mon essence vitale, aurais-je été capable de changer les choses quelques mois auparavant si la vie avait eu la générosité de me jeter en plein visage la prédiction de cette soirée maussade ? Je ne le pensais pas, non, pas plus en laissant mon regard s’égarer de nouveau sur le visage de mon partenaire. Parce que l’un avait mal pour l’autre et que nous n’avions pu que taire les mots susceptibles de nous trancher la gorge à trop les prononcer. Peut-être était-il temps de pleinement accepter désormais que ces dernières déliaient nos voix pour une raison enviable, salvatrice malgré mes doutes et mon repli. Malgré le sien également, sans que cela ne me surprenne au contraire, sa façon de m’accorder un sourire en demi-teintes alors que je tentais de le faire fléchir m’arrachant un haussement de sourcils. Il secoua la tête finalement, niant dans un courant d’air mes déclarations taquines mais empreintes de vérité. « Tu es bête. Tu n’as pas de problème, Liv. Et, de toute façon, c’est toi qui es comme moi. » Mon sourire fut instantané alors que je m’éloignais en quelques gestes détachés sous l’impulsion de son épaule contre la mienne. Nous marions nos similarités comme nos antinomies, avec justesse et présence d’esprit, le tout scellé par nos airs complices et faussement agacés. Je haussai les épaules en rêvant d’un filtre de cigarette à accrocher à mes lèvres, la malice retraçant mes traits éprouvés. « Ouais, ouais … » lui accordai-je de bonne grâce comme je l’avais fait de trop nombreuses fois auparavant. Ce n’était pas le moment de lui avouer espérer que ce ne soit plus autant le cas qu’avant. Mes peines restaient gravées alors que mes rires s’envolaient, s’évaporant comme la chaleur devenant brouillard en hiver. Ses éclats à lui devenaient de plus en plus amples, profonds, sincères. Il fallait qu’il les préserve même si cela impliquait de s’éloigner, n’est-ce pas ? La question ne se posait pas dans mon esprit tant la réponse apparaissait claire et limpide dans mes songes en manque de nicotine.

Peu importe si, sans lui, je n’aurais sans doute rien pensé de mieux à faire que d’entraîner mon ombre dans les entrailles du commissariat pour le reste de la nuit car je m’y sentais chez moi auprès de ceux qui, pour une nuit ou deux, mourraient lentement au fond d’une cellule sombre. Peu importe si, grâce à lui, je m’imaginais à la place rejoindre les vestiges logés au sein de ce qui avait été mon foyer, ce que je me surprenais à espérer pouvoir préserver, encore un peu. « C'est bien ! C'est ce qu'il faut faire. Ce que tu dois faire. » Mon regard en coin vint trouver le sien alors que je ne pus le remercier de son élan en ma direction que par un signe de tête et un sourire vague. « Ne sois pas si surpris. » Ou optimiste, par ailleurs. Jacob et moi étions passés maitres en la faculté à évoluer sous le même toit sans même nous frôler, ressentant tout néanmoins, chacun des souvenirs, du cœur et des blessures. Sans doute Amos avait-il raison : j’acceptais là de faire ce qu’il fallait faire car il ne s’agissait plus de hurler à la solitude comme s’il s’agissait de la seule à pouvoir m’épargner de tout ce que je méprisais. Celle-ci viendrait à bout de mon couple avant de m’éteindre, moi. Mais je ne visualisais pas l’après, une fois la porte refermée sur nos ressentiments mutuels. « Et, ensuite… Je n’en reviens pas que c’est à moi que tu demandes Liv. » « À qui d’autre ? » répliquai-je presque instantanément en un souffle acolyte au sien. Il énonçait l’évidence que je tentais de mettre en lumière car si lui semblait s’en étonner, ce n’était pas mon cas. « Je n’ai jamais été fichu de trouver les bons mots, mais… je crois que c’est ce que tu dois faire : trouver les mots. Amorcer une conversation. Le début d’un truc. Je ne dis pas que tu dois tout déballer ce soir, mais au moins renouer le dialogue. » J’avais fermé la porte à ce dernier entre mon mari et moi, mon cœur consumé redoutant l’ardeur d’anciennes flammes auxquelles je ne voulais plus m’exposer aujourd’hui. Amos avait raison néanmoins, mes doutes n’étaient plus à prendre en compte lorsque Jacob avait le droit, plus que moi, de pouvoir décider s’il était prêt à me pardonner, avec mon égoïsme, mon inconséquence et la distance que je nous imposais. J’étais prête à l’abolir ce soir, celui-là même où il m’avait prescrit de la creuser pour ne pas avoir à nous affronter et peut-être n’était-ce là qu’une nouvelle manifestation de mon désir constant de contradiction mais je m’y ralliais tout de même. Peut-être était-ce le flegme d’Amos et les traits familiers de son ombre qui parvenaient à m’apaiser et à me faire entendre raison. Peut-être était-ce le parfum de l’air marin qu’il transportait dans son sillage qui me sortait de ma prison, un parfum d’un autre monde dans lequel je trouvais la force de faire des choix sortis d’une autre vie. Peut-être, oui, même s’il ne s’en rendait pas compte.

J’entendis à peine son interrogation par ailleurs, ne revenant à moi que lorsqu’il se chargea lui-même de statuer après réflexion. « Oui. Je vais te ramener. Tu viendras avec Jacob récupérer ta voiture demain. Peut-être que vous pourrez venir sur le coup de midi. » Déjà, je hochai lentement la tête à la négative. « Je vais prendre un taxi, t’embête pas. J’ai assez occupé de ton temps ce soir. » C’était ainsi que je m’étais rendue ici en premier lieu, m’imaginant sans grande peine en repartir de la même manière à bien y réfléchir, comme si l’issue de la soirée avait toujours été la même dans mon esprit, suffisamment pour que je finisse par la provoquer. « Tu avais prévu un cadeau ? Parce que le cas échéant, ne l’offre pas tout de suite. Répare, Liv. Rends-lui la pareille. Ce n’est pas trop tard. » Trop tard pour nous comme cela l’avait été pour eux ? Répare Liv, et je cillai lentement en évaluant mes chances. Amos tentait d’allumer une chandelle dont j’avais arraché la mèche longtemps auparavant et je laissai échapper en un souffle empreint d’ironie envers moi-même : « Un cadeau ? » J’étais arrivée ici une heure en retard, les regrets au bord des lèvres, incapable de les laisser se faire entendre. À l’aube de l’ancienne vie aurais-je cherché un cadeau, trouvé l’idéal, satisfaite seulement de l’émotion créée dans le regard de mon mari. Aujourd’hui, l’idée semblait me faire tomber des nues, réalisant que je l’avais oublié, cette femme, écho perdu au fond de moi. « T’es plus doué que tu ne le penses, tu sais. » Et je le remerciai, presque doucement et sans malice aucune. Nous nous arrêtâmes finalement à l’angle d’un croisement où la circulation s’intensifiait et les taxis paradaient sans que je ne leur accorde pour autant un seul regard. « Tu iras bien. C’est déjà le cas, de plus en plus. » Peu importe ce qu’il continuait de penser de lui-même. Je le lui assurais s’il craignait de le faire lui-même. « Et je suis fière de toi. » soufflai-je en un sourire peu coutumier car je les laissais peu s’exprimer, ces sentiments mal enfouis, ces émotions au bout de la langue. « Si on est forgés du même bois, je trouve ça plutôt rassurant, pour moi. » J’inclinai la tête, un sourire à peine marqué venant effleurer les commissures de mes lèvres alors que je haussai les épaules en inspirant aux alentours. « Merci d’être venu. » Merci d’être là.



 


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Message(#)a lasting blue note (amos) - Page 2 EmptyMar 30 Juin 2020 - 10:33




A LASTING BLUE NOTE
Je la convaincs à peine, Olivia. Je lui affirme avec aplomb et un dépit surjoué qu’elle n’a pas le moindre problème et elle sourit. J’aime son sourire parce qu’il révèle à ses joues de jolies fossettes qui me rappellent celles qui furent au cœur de notre conversation au restaurant. Il ne s’agissait pas de Liv, de Jacob, de leur couple ou même de moi. Elle traitait du deuil et cette petite fille partie trop tôt qui aura laissé derrière elle un vide si béant, si immense, qu’une rustine ne suffirait pas à combler. Depuis, l’époux et sa conjointe se cherchent sans se trouver. Ils s’éloignent, se reviennent, se perdent, se rejoignent, mais sans que la tristesse ne s’amenuise jamais. Dois-je donc cacher par pudeur que je suis ravi d’apprendre qu’elle a choisi de rentrer chez elle ? Qu’elle envisage de s’ouvrir à son mari ? De tenter de rétablir le dialogue ? Puis-je dissimuler ma surprise qu’elle me réclame mon conseil à moi alors que mon propre sacrement ne vaut plus rien ? Qu’il est parti à vau-l’eau ? J’exprime mon effarement avec amusement sans pour autant lui répliquer qu’en effet, à défaut d’être le bon client, je suis le seul de son magasin, le seul en qui elle a pleinement confiance, le seul qui, ne brille pas systématiquement par sa pertinence, mais qui veillera toujours sur elle, celui qui ne la laissera jamais reprendre un taxi pour qu’elle retrouve ses pénates. « Tu plaisantes ? Ma voiture est tout prêt et je n'avais rien de prévu." Si ce n’est de prendre doucement de nous diriger vers mon véhicule, petit à petit et sans réellement nous presser et me faire violence pour ne pas insister. "Tu as besoin d'être seule, c'est ça ?" Pour digérer, apprivoiser, se mettre en condition pour affronter son mari. Certes, Jacob doit l’attendre, mais sommes-nous à quelques minutes près encore ? J’en doute. J’en doute d’autant plus si ce temps est mis à profit pour distiller quelques présages. « Bien sûr. Un cadeau. Tu fêtais ton anniversaire de mariage, Liv. Pourquoi tu as l’air de tomber des nues ? » me suis-je en qui en ralentissant le pas. « Je présume qu’il ne t’a pas prévu ce matin pour ce soir. » Vu le standing du resto choisi, je n’y croirais pas trente secondes. Jacob l’a réfléchi son rendez-vous en chandelle. Il l’a organisé avec une réelle volonté de bien faire, de la satisfaire, de dessiner un sourire plus éclatant de sa dulcinée. « Tu n’as rien prévu ! » Mon expression n’est pas liée à la déception, mais à l’acceptation presque trop soudaine qu’Olivia a perdu le sens des réalités. Comment n’ai-je pu le remarquer plus tôt ? Est-ce parce que c’est moi qui l’ai invitée sur ma planète ? Est-ce que parce que j’y suis resté moins longtemps qu’elle ? Que je n’envisageais pas au départ d’en redescendre ? Et que maintenant que je suis en bas, que mes pieds s’ancrent au sol, que je suis de retour sur la terre ferme au point que, parfois, je suis renversé par les exigences de mon prochain, je prends la mesure de son décalage dont il me reste encore quelques notions édifiantes, assez que pour être capable de communiquer, d’entendre et être d’entendu d’Olivia. « Commence déjà par là et pense à quelque chose de symbolique. » Un rien qui vaudra beaucoup et qui déclamera qu’elle est là quelque part, la femme qu’il a épousée. Elle est juste terrée dans un coin de son cœur, morte de peur pour l’avenir.

Est-ce que cette banalité fait de moi un homme doué pour les relations humaines ? Pas le moins du monde. Suis-je alors un type compétent pour décoder le langage de l’amour ? Grand Dieu non ! Je subis les conséquences d’une dispute à l’heure qu’il est. Mais j’aime qu’elle se sente rassérénée par notre discussion, notre soirée improvisée, assez pour affronter la suite avec, au cœur, de l’angoisse, mais moins oppressante qu’elle n’aurait dû l’être. Je jurerais qu’il se joue en elle une bataille entre la fatalité et l’espoir et, à nouveau, j’ai posé mes mains sur ses épaules alors que l’heure de nous quitter approche. « Je vais mieux, sans doute. » Quoique je ne m’en rende pas toujours compte, faut à mes réflexes. Ce dont je suis conscient, en revanche, c’est de combien sa remarque m’a touchée. Elle m’a ébranlée même si je sais que ce modèle fraternel est le nôtre, que j’ai servi durant des années à Liv d'exemple, de repère masculin un rien plus sain – pré-drame néanmoins – que celui qu’a pu être son père parfois. Mais, appréhender cette révélation me fait baisser les yeux et rehausse mes lèvres d’une grimace d’embarras. « Je n’aurais pas voulu être ailleurs, Liv. » ai-je avoué en retrouvant ses pupilles brillantes et claires. « Pas si tu as besoin de moi. » Et, j’aspire à ce qu’un jour je puisse me tenir à ses côtés pour des moments plus heureux. « Fais attention à toi, tu veux ? » J’ai attendu un signe, comme un hochement de tête et, pour exprimer mon émotion, je l’ai serrée dans mes bras avant de lui dire au revoir et de lui assure que : « Tout ira bien. Tout finira par aller. » Parce que je la sens prête à se battre, à y mettre du sien, à tenir compte de mes remarques, à s’investir… à non pas oublier, mais à vivre avec son mal jusqu’à s’en faire un ami fidèle.  

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