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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptySam 11 Avr 2020 - 5:48


yasmine & hassan
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I don't kiss the future like the fortune tellers do, so I can't dream with you at night. Pessimism's hunger changes everything, I wish I walked with faith and not by sight but you know, with anything you do there's a hundred people bringing you down no matter who you are. ☆☆☆



Il adorait cette sensation. L’odeur du sel sur sa peau et la couche de fatigue qui vous tombait dessus d’un seul coup, typique d’une journée passée à la plage. C’était d’une ironie certaine, pour lui qui n’aurait pas mis ne serait-ce qu’un orteil dans l’océan même pour tout l’or du monde, mais il ne retrouvait cette sensation dans aucune autre configuration et elle lui donnait toujours l’impression d’avoir le cœur plus léger, peu importe les tracas qui s’en venaient à l’instant T. Secrètement, il espérait sans doute un peu qu’il en soit de même pour Yasmine, et qu’à défaut de gommer son désarroi des dernières semaines cette courte excursion chez leurs voisins de Nouvelle Galles du Sud aurait eu le mérite de lui changer les idées. Car sur fond de pique-nique s’étant étalé sur le sable jusqu’en milieu d’après-midi, la jeune femme – plus encore que Qasim et Olivia – avait dû faire avec les sollicitations de baignade incessantes de Medhi et Ava mais aussi donner de sa personne dans le tournoi de beach-volley qui s’était improvisé entre les membres de la famille. Du match ayant opposé les deux époux d’un côté et Yasmine et Hassan de l’autre ces derniers étaient sortis victorieux et le high-five qui s’en était suivi n’avait pas été volé,  quant à celui ayant vu s’affronter Yasmine, Qasim et Medhi face à Hassan et Ava, quand bien même la supériorité numérique – quoi d’autre ? – avait donné la victoire au trio tout le monde était tombé d’accord pour dire qu’ils avaient terminé ex-aequo (ce qui arrangeait bien Hassan). Au bout du compte ils avaient fini du sable plein les cheveux, la peau encore chaude d’avoir passé la journée au soleil, et avaient proposé à la petite famille de les déposer de l’autre côté du parc qui longeait le quartier où les frères avaient acheté leur appartement, leur évitant ainsi un détour inutile. Ni Yasmine ni Hassan n’étaient contre un peu de marche, et bien que les températures dès que le soleil descendait pour se coucher n’étaient pas s’en rappeler que l’automne s’installait, il faisait encore bon. Le grand air et la bataille endiablée pour le ballon de volley n’y étant probablement pas étrangers, le brun mourrait de faim et avait lancé l’air de rien « Pizzas ce soir ? » comme s’il n’avait pas justement confessé la veille que la pizzeria située au bas de sa rue le comptait déjà comme un client fidèle, quand bien même son frère et lui n’étaient propriétaires de l’appartement que depuis le début de l’année. Mais il profitait là du seul avantage à vivre en plein centre-ville, d’ordinaire habitué à devoir prendre sa voiture ou sa moto pour rejoindre le moindre commerce depuis Logan City. « One pizza a day keeps the doctor away. » Voilà en tout cas tout ce qu’il avait trouvé à justifier lorsque Yasmine lui avait jeté son regard en coin, celui qu’elle réservait lorsqu’elle s’apprêtait à lui dire 1) qu’il exagérait 2) qu’il se conduisait comme un grand-père. Un adage sponsorisé par la ligue du cholestérol, sans aucun doute. Il avait cependant eu gain de cause, comme en témoignait l’interruption dans leur balade une fois arrivés à hauteur de la pizzeria. Laissant à l’infirmière le soin de choisir la première, il en avait fait de même ensuite, et puisqu’on leur annonçait un bon quart d’heure d’attente il avait fouillé ses poches à la recherche des clefs de l’appartement « Tiens, tu n’as qu’à partir devant. Si tu veux profiter pour prendre une douche ou te poser. » Lui en tout cas aurait besoin d’une douche en rentrant, ne serait-ce que pour se débarrasser du sable qui faisait la fête partout dans ses cheveux.

L’eau coulait dans la salle de bain lorsqu’il était entré, et abandonnant son sac à dos et ses chaussures près de la porte il était allé déposer les cartons de pizzas sur la table basse. Remontant les stores plongeant jusque-là la pièce dans la pénombre, il avait ouvert les fenêtres pour faire courant d’air puis débarrassé le canapé des oreillers et de la couverture qu’il y avait empilé après l’avoir replié le matin même. Le studio ne possédait qu’un seul lit, sur la mezzanine juste au-dessus, et malgré les protestations de la concernée il avait cédé sa place à Yasmine en prétextant – à raison – qu’il devrait de toute façon se lever tôt le lundi matin, le lendemain, pour honorer un rendez-vous professionnel au siège d’Amnesty International Australia. Pas bien loin cela dit, l’argument imparable de cet appartement résidant aussi dans le fait de se situer à mi-chemin entre l’université et les bureaux d’Amnesty. Alors que son téléphone vibrait dans sa poche la jeune femme était réapparue, les cheveux encore humides, et vérifiant machinalement la provenance du message Hassan avait laissé échapper un bref éclat de rire avant de pointer l’écran dans la direction de Yasmine « Papa Davis est vraiment un môme quand il joue les baby-sitters. » Depuis qu’il avait fait l’acquisition d’un téléphone suffisamment récent pour faire des photos décentes, le père de Clara ne cessait en effet de s’amuser avec son nouveau jouet, comme en témoignait les trois exemplaires de selfies en compagnie de Spike et Bandit qu’il venait d’envoyer au propriétaire des deux boules de poils. Avec le temps, le retraité s’était auto-proclamé nounou officielle des deux bêtes lorsqu’Hassan avait à faire hors de Brisbane, et trop heureux de pouvoir les laisser aux mains de quelqu’un en qui il avait entière confiance le brun ne les confiait plus qu’à lui. Clara, bien que parfois agacée par l’énergie débordante dont ils faisaient preuve – mais Hassan soupçonnait qu’elle s’offusque simplement du fait que, juchés sur leurs pattes arrières, les chiens étaient presque plus grands qu’elle – n’avait pas manqué de faire remarquer que les deux animaux donnaient au moins une excuse à son père pour mettre le nez dehors deux fois par jour, lui qui le temps passant restait de plus en plus à la maison. À moins que la blonde ne se désole seulement de ne jamais pouvoir avoir la maison pour elle – elle et son époux, d’ailleurs – mais force était de constater qu’elle avait dû se trouver un plan B puisqu’Hassan ne l’avait même pas croisée lorsqu’il était allé déposer les chiens l’avant-veille. « La pizza de mademoiselle est avancée. » avait-il finalement annoncé en désignant la table basse, avant de passer derrière le comptoir de la cuisine pour sortir deux verres ainsi que la carafe de thé glacé qui patientait au frigo. « Je te parie ce que tu veux que les trois terreurs dormaient à poings fermés à l’arrière de la voiture d’ici à ce qu’ils aient atteint la maison. » Et ainsi, sourire amusé aux lèvres, il était allé s’asseoir à côté de Yasmine sur le canapé.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyMar 14 Avr 2020 - 18:37


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Yasmine avait sauté sur l'occasion offerte par Hassan de se débarbouiller des traînées salées sur sa peau pendant que lui s'occupait de récupérer leur dîner. Subtilisant son trousseau de clefs avec un enthousiasme mesuré, tout aussi épuisée par sa journée que l'étaient les trois adorables terreurs de Qasim et Olivia, elle s'était hâtée de rejoindre la salle de bain du studio des frères Jaafari. La tête levée en direction du pommeau de douche, l'eau tiède lui brouilla la vue en se répandant sur son visage constellé de tache de rousseur que les rayons du soleil de ce début d'automne avait rendues plus nombreuses encore. Elle n'avait pas pris de coup de soleil, son pourcentage de mélanine la prémunissant contre ce genre de désagrément, pourtant sa peau caramel avait davantage brunit depuis qu'elle était à Sydney ; ça lui donnait des allures de vacancière chanceuse de pouvoir en profiter à cette période de l'année. Ses cheveux s'imbibèrent d'eau, les libérant de la corrosion du sel qui, malgré son baume au miel généreusement appliqué tout au long de la journée, lui avait laissé un goût étrange sur les lèvres qu'elle finit par pincer fort. Satisfaite de la sensation procurée par l'eau douce s'écoulant par jet puissant et régulier, elle se rejoua les moments clefs de la journée passée.
Souriant distraitement en repensant aux victoires remportées et à la complicité qu'elle avait toujours eu avec les aînés du couple Jaafari-Davis, Ava la première, Yasmine profita de ce moment de décompression pour souffler. Toutes les deux, elles s'étaient isolées à de nombreuses reprises tandis que la jeune femme avait trouvé un moyen habile pour faire tenir des coquillages dans la chevelure de la petite. Cette dernière s'était désolée de la longueur désuète de ses mèches comparée à celle de sa compagne de jeux du jour qu'elle avait fini par coiffer elle-même ; lui donnant tantôt des titres de princesse de contes de fée, tantôt des titres de reine du désert, elle s'était appliquée, la suppliant de prendre son œuvre en photo pour l'envoyer à quiconque ça intéresserait vraiment. Assise sur les reins de la jeune femme qui, à plat ventre, faisait danser ses doigts sur l'écran tactile de son téléphone portable, Ava s'était mise à fredonner à l'unisson avec sa nouvelle tête à coiffer alors que de son côté, elle était occupée à filtrer les textos de Molly et de Sloan pour répondre à ceux d'Edge en priorité.
Le jeune homme avait alors eu droit à un résumé heure par heure de ce qui se tramait à l'autre bout du pays. Et peut-être qu'elle lui fit savoir qu'elle regrettait qu'il ne soit pas avec elle ; ou alors elle avait voulu le lui dire, l'eau qui ruissela sur sa peau lui faisant perdre le fil de ce qui s'était passé ou non. Toujours est-il qu'allongée sur le sable avec la fille Jaafari, le soleil tapant dur, elle s'était aperçue combien ça ne lui déplaisait pas, cette vie de voyageuse impulsive. En vérité, depuis qu'elle avait emmené Edge en dehors de Brisbane, tout semblait être une bonne excuse pour partir prendre l'air ailleurs que là où elle avait toujours vécu, comme si échapper à la lourdeur de tout ce qui lui tombait dessus depuis des mois devenait vital pour qu'elle se sente bien, pour qu'elle garde l'impression d'avancer. Même si ça ne restait qu'une impression d'ailleurs, c'était suffisant car ses prises de décisions s'éternisant, elle n'en pouvait plus de ruminer constamment.

Alors quand Hassan lui avait proposé de l'accompagner à Sydney, elle n'avait émis qu'une courte hésitation induite par ses disponibilités immédiates, avant d'accepter. Et après cette bonne journée, elle ne le regrettait pas.
"Ça a été rapide." fit-elle en sortant de la salle de bain, une serviette nouée en turban autour de sa tête. Elle termina d'enfiler la manche du sweat beaucoup trop large qu'elle avait sortit de ses bagages avant qu'Hassan ne pointe son téléphone portable dans sa direction, et que le sourire de monsieur Davis ne la fasse secouer la tête ; en même temps, elle déroula la serviette de sa tête, laissant ses longs cheveux humides dégringoler sur ses épaules et encadrer son visage au teint ensoleillé "Il devrait en adopter un au lieu d'attendre que tu lui fasses garder les tiens." Habillée entièrement cette fois, elle s'avança dans le salon pour jeter un œil dans la boîte d'où émanait une odeur alléchante et s'enquérir, pieds nus, de la bonne tenue de son repas du soir. Posant sa serviette humide un peu plus loin, elle s'assit à la place du milieu dans le canapé sur lequel Hassan avait dormi la veille "Je meurs de faim. Tu m'en veux si je commence sans toi ?" lui demanda-t-elle pour la forme, sachant que ce n'était qu'une question de secondes avant qu'il ne la rejoigne avec leurs verres. D'ailleurs, il fût plus rapide qu'escompté, ne lui laissant pas le temps d'entamer la part prédécoupée qu'elle avait sortie de sa boîte avec une expression de joie profonde, un peu comme si elle n'avait pas mangé depuis des jours, alors qu'elle avait terminé le goûter de Mehdi sans se faire prier "Ils ont tellement grandi. J'arrive pas à me faire à l'idée que Reda va déjà avoir deux ans. Le temps passe vite, trop vite." Et en y songeant, le Niger et ses grandes étendues de sable lui passa devant ses grands yeux vert d'eau ; tout comme cette fois-là où avec monsieur Davis, Hassan et Clara, ils étaient partis en direction de Sydney pour accueillir l'arrivée imminente du dernier né de la portée. Oui, le temps passait vite, mais les choses changeaient vite aussi, et sans tout à fait le vouloir sur le moment, elle s'arrêta sur la manière dont ses relations avec Clara, avec Hassan et même avec Edge avaient permutées depuis qu'elle était rentrée d'Afrique.
Yasmine se fit très brièvement pensive tandis qu'elle croqua la pointe de sa part de pizza qu'elle avala vite. Trop vite probablement, car elle toussa avant de reprendre la parole, repliant une jambe nue sous ses fesses pendant qu'elle se tournait vers Hassan, à qui elle demanda avec des yeux arrondit par l'excitation joyeuse de l'idée qui germa soudain dans son esprit rafraîchit par la douche qu'elle venait de prendre "Hey, tu crois que Qasim et Olivia seraient d'accords pour que je les prenne à la maison bientôt ? Pas Reda, il est encore trop petit… mais Mehdi et Ava ?" Elle voyait déjà la petite fille s'émerveiller devant les progrès qu'avait fait Sasha depuis la fin de l'année précédente avant de le câliner jusqu'à l'étouffement ; un tableau mental qui fit naître un sourire, presque enfantin, sur son visage bronzé.


Dernière édition par Yasmine Khadji le Mer 29 Avr 2020 - 12:00, édité 1 fois
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyVen 24 Avr 2020 - 16:59

Lorsqu’il se donnait le temps d’observer son frère dans son habitat naturel – comprenez autant Sydney que le cadre plus restreint que représentait sa famille – Hassan prenait la mesure avec une admiration certaine du chemin parcouru par Qasim durant les deux dernières décennies. À l’époque où il avait découvert la relation entre son frère et Olivia le brun avait eu peur, non pas pour lui mais pour elle, parce qu’à sa frustration peut-être d’avoir été catapulté chef de famille malgré lui à peine sorti de l’adolescence Qasim avait vécu l’aube de sa trentaine à force d’excès en tous genres et de comportements discutables. Combien de fois lorsqu’il était étudiant Hassan était-il allé récupérer son aîné au commissariat, aux urgences, ou à l’arrière d’un bar où il avait provoqué un esclandre ? Plus qu’ils n’avaient pu les compter, mais là où Qasim aurait pu entraîner Olivia dans sa chute c’était finalement elle qui l’avait tiré vers le haut. Et bien qu’il sache pertinemment que rien n’arrivait jamais sans que l’on doive y mettre du sien, et que la vie des époux Jaafari-Davis comportait elle aussi ses ratés et ses défauts, ils représentaient aux yeux d'Hassan un idéal de réussite, et Qasim une inspiration quant à la définition qu’il se faisait du bonheur. Un bonheur qu’il ne jalousait pas, car pour rien au monde il ne souhaiterait le voir retiré des mains de son frère, mais un bonheur qu’il enviait parfois avec un pincement au cœur, tant il lui semblait désormais hors de portée. Reste que le spectacle de son frère, si serein sur cette plage ce jour-là et entouré du rire de ses enfants, rejoindrai l’étagère qu'Hassan gardait dans un coin de son crâne pour les souvenirs qu’il conservait aussi précieusement qu’un trésor. Quant à la légèreté dont il ne profitait que trop peu souvent ces derniers mois et qui l’avait timidement gratifié de son retour ce jour-là, elle tenait à ce souvenir autant qu’à la présence de Yasmine à côté de lui, et sans oser le dire il espérait malgré tout secrètement que ce week-end dans l’état voisin la tirait un peu de la morosité professionnelle dans laquelle elle se laissait glisser. « Probablement que mon estomac gargouillait tellement fort qu’il a eu pitié. » La tignasse encore humide, la brune ne s’attendait peut-être pas à le voir remonter aussi vite à sa suite, mais enfilant néanmoins son sweat à la va-vite avant de libérer ses cheveux, elle avait commenté le selfie de Davis père d’un « Il devrait en adopter un au lieu d'attendre que tu lui fasses garder les tiens. » calme et s’était octroyée un bout de canapé pour soulever le carton de l’une des deux pizzas avec un brin d’impatience, preuve qu’elle n’avait pas moins faim que lui. « Je meurs de faim. Tu m'en veux si je commence sans toi ? » Lui indiquant d’un signe de la main de ne pas se faire prier, il s’était occupé des verres et du thé glacé qui n’attendait plus qu’eux et avait commenté du même coup « Je pense que le plaisir tient aussi en partie au fait que justement ce ne sont pas les siens. » concernant papa Davis, avant d’ajouter d’un ton plus sérieux « Et je doute que Clara serait ravie. » quand bien même, de son humble avis, l’homme était encore libre de faire ce qu’il voulait chez lui. Il subissait bien l’époux de compagnie de sa cadette par la force des choses, après tout. Mais au bout du compte il préférait laisser Clara là où elle était, et rejoignant enfin la place qui n’attendait plus que lui aux côtés de Yasmine il leur avait servi à boire et avait préféré rebondir sur les enfants et la probabilité qu'Olivia et Qasim entendent les mouches voler pour le reste de la soirée. « Ils ont tellement grandi. J'arrive pas à me faire à l'idée que Reda va déjà avoir deux ans. Le temps passe vite, trop vite. » S’autorisant une grande gorgée de boisson alors que la brune attaquait sa pizza, Hassan lui avait offert un sourire teinté de malice « Prends garde Khadji, tu commences à parler comme une vieille personne toi aussi. » et était-ce son ânerie ou tout autre chose, mais toujours est-il que Yasmine avait avalé sa pizza de travers et été prise d’une quinte de toux dont avait semblé surgir, la seconde suivante, une illumination. « Hey, tu crois que Qasim et Olivia seraient d'accords pour que je les prenne à la maison bientôt ? Pas Reda, il est encore trop petit … mais Mehdi et Ava ? » Mordant à son tour dans sa part de pizza sans se soucier le moins du monde d’avoir l’air d’un affamé, Hassan avait agité la tête pour répondre positivement et attendu de ne plus avoir la bouche pleine pour étayer son propos « Oh, la vraie négociation ce sera surtout de les persuader de les reprendre à la fin, à mon avis. » Il plaisantait, bien entendu, mais non moins persuadé qu’une courte période avec un seul enfant au lieu de trois à la maison devait avoir un goût de vacances pour les parents également. Particulièrement quand ils étaient aussi bavards que Ava ou aussi remuant que Mehdi – mais quiconque avait connu les frères Jaafari enfants dirait que ce n’était qu’un juste retour de manivelle pour Qasim. « Non mais, pour de vrai, y’a pas de raison qu’ils ne soient pas d’accord, et Ava risque de ne plus tenir en place si ça se fait, c’est officiellement ta fan #1. » avait-il finalement repris, en affichant un sourire attendri. Yasmine avait toujours eu un don avec les enfants, et une capacité saisissante à obtenir leur calme et leur attention probablement due à son côté force tranquille. « Parlant d’enfants, ça fait un moment qu’on ne t’a pas vu en pédiatrie. Et laisse-moi te dire que ça ne produit pas vraiment le même effet quand je dois faire la voix du prince ET la voix de la princesse. » Encore que cela avait le mérite de produire un effet de comique involontaire, et qu’un peu de rire ne faisait jamais de mal dans les couloirs colorés de cet étage de l’hôpital.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyMer 29 Avr 2020 - 12:03


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"Mais Clara va bien finir par quitter le nid après…" Tout de suite, Yasmine rebondit sur la mention de leur amie commune. Elle ne nomma pas ce qui constituait le après néanmoins. Non, elle le laissa flotter dans l'air tiède du studio en mâchouillant son premier croc de pizza pour s'éviter de quoi ? D'en dire trop ? D'en dire pas assez ? A croire que c'était devenu un tabou dans le clan Khadji-Davis-Jaafari de s'inquiéter à voix haute des récents agissements de la petite blonde. Tout le monde savait qu'il n'avait pas voix au chapitre, mais tout le monde avait tout de même un avis bien arrêté sur la question du mariage arrangé – et télévisé – dans lequel elle s'était lancée à corps perdu peu de temps après sa rupture-surprise avec Nicolas. Yasmine aurait dû avoir une vue plus éclairée de ce qui se tramait véritablement, après tout elle connaissait les vraies raisons de la rupture du couple Rollins-Davis. Seulement, elle avait peu de nouvelles de la jeune femme depuis quelques temps, un peu comme si elle préférait s'investir dans cette nouvelle aventure avec un entourage neuf qui la pousserait dans ses délires. En soit, ce n'était pas stupide de la part de Clara qui devait y trouver son compte, pourtant c'était blessant pour ceux qui, jusqu'à récemment, avaient eu à cœur ses intérêts et son bien-être, physique et psychique. Yasmine en faisait – et en ferait, quand bien même il semblait qu'elle ne comptait plus en tant que membre du cercle restreint des amis de la jeune femme – partie. Ça tirait sur une corde encore trop sensible, aussi préféra-t-elle changer de sujet sans s'attendre à ce qu'Hassan ne le comprenne pas. Elle était plus proche de Clara, mais lui aussi avait de l'affection pour elle. Quelque part sans doute, et d'une toute autre façon, ça devait l'affecter lui aussi de la voir prendre ce chemin tortueux.

Elle entama sa seconde bouchée de pizza en même temps que l'idée qui avait germée à l'instant où elle avait mentionné les enfants de Qasim et d'Olivia. Se voyant déjà jouer les tantines cool, probablement trop investie et qui, bien sûr, ne remettait jamais en doute leurs caprices, elle se laissa distraire par ses songes "Mais hey !" fit-elle comme seule défense en entendant le jeune homme remettre l'âge qu'elle prenait sur le tapis – c'était de bonne guerre, n'était-ce pas un comique de répétition qu'elle cultivait depuis son adolescence avec ceux qui avaient le malheur d'avoir quelques années de plus qu'elle ? Pour autant, elle tourna la tête vers lui, les lèvres jointes en une moue adorablement menaçante pour mieux le fusiller d'un regard faussement colérique ; quand une pensée pour Edgerton la força à déplier ses longues jambes bronzées et à se lever en demandant sur le ton de la conversation, sa rebuffade envolée aussi vite qu'elle n'était gracieusement apparue "En parlant de vieille personne, où est mon téléphone ?" La part de pizza en suspension dans sa bouche, elle quitta le salon pour fureter à droite et à gauche du studio jusqu'à ce qu'elle tombe sur l'appareil qu'elle avait posé sur le secrétaire de l'entrée. Retenant du bout des doigts son dîner dans lequel elle croqua à nouveau, elle le déverrouilla sans vérifier les notifications reçues depuis qu'elle était rentrée, l'écran se déployant automatiquement sur la conversation qu'elle entretenait avec le photographe depuis qu'elle avait quitté Brisbane. Un rapide clic pour immortaliser la pizza entamée sur la table basse, elle la lui envoya pour lui prouver qu'elle ne se laissait par dépérir, puis elle se laissa à nouveau tomber à côté d'Hassan "Est-ce que je perçois une once de jalousie ? Laisse-toi pousser les cheveux, tu feras grimper ta côte de popularité de moitié… si ce n'est plus." lui répondit-elle, l'arrière du crâne posé contre le canapé. Son téléphone posé sur la cuisse, elle termina tranquillement sa part de pizza en se moquant doucement de lui et de l'admiration qu'il prêtait à sa petite nièce "Je vais y réfléchir. Si je peux les garder au moins une semaine, ce serait tellement génial… et ce serait l'occasion d'aller à Dreamworld sans me sentir obligée de me justifier." compléta-t-elle, rassurée par l'assentiment du jeune homme. Ses suppositions prirent alors des allures de projet qu'elle aurait à cœur d'accomplir. Ça lui donnait un objectif à tenir, elle qui évoluait toujours dans un avenir incertain à propos de ce qui constituait sa vie professionnelle à laquelle elle essayait d'échapper chaque jour un peu plus fort sans jamais réussir à aller jusqu'au bout de cette idée qui l'obsédait depuis qu'elle avait appris qu'elle n'était pas admise à l'université. De nouveau, elle se laissa happer par ses pensées qu'elle coucha sur l'écran de son écran de téléphone portable lorsqu'elle demanda à Edge si une virée prochaine à Dreamworld pouvait se caser dans son emploi du temps.
Et puis la voix d'Hassan la refit atterrir dans l'instant présent ; c'était drôle comme elle avait eu envie de quitter Brisbane pour remettre de l'ordre dans sa tête… là elle s'apercevait que, Edgerton resté sur place, le seul endroit où elle voulait être en vérité, c'était là-bas ; elle ne faisait plus cas de ses propres contradictions, mais elle devait admettre que ça devenait épuisant à la longue. Secouant discrètement la tête, elle éteignit l'écran de son téléphone.
Enfin, elle tourna la tête vers le jeune homme, ses cheveux humides remontant un peu sous sa manœuvre et son regard se perdant brièvement dans le sien. Elle retint un léger soupir "Je le sais, je vais y remédier. J'ai pas eu trop le temps ces derniers mois… ou je me suis cherchée des excuses pour ne pas l'avoir." avoua-t-elle à la mention du service de pédiatrie. Elle avait beau donner le change, elle ne cachait plus que ses gardes à l'hôpital était éprouvantes, et Hassan saurait pourquoi. Après tout, il avait été là quand elle avait appris les résultats de son examen, et elle ne lui avait pas caché combien ça l'affectait tout ça. Mais elle n'avait pas envie de gâcher le moment en se répandant en déroulé émotif sur son état d'esprit du moment, alors sur le moment, elle ajouta en souriant "Mais ça fait plusieurs semaines que je travaille au corps une potentielle nouvelle recrue. Elle est sage-femme au St-Vincent et c'est le profil parfait pour nous rejoindre. Elle s'appelle Colleen, je sens qu'elle va bientôt flancher." fit-elle avec le ton calculateur des vilains de James Bond. Un peu théâtral donc, tout comme la suite de sa rhétorique qu'elle prononça en croisant les jambes en tailleur, l'attention toujours dirigée vers Hassan qu'elle regarda avec un sérieux désarmant, le ton oscillant entre murmures et exclamations "La dernière étape de mon plan pour la faire accepter, c'est de vous faire entrer en scène, agent Jaafari. Il suffira que vous vous présentiez, que vous battiez des cils et fassiez s'agiter votre petite mèche – ouais, celle-ci –, et l'affaire sera dans le sac." Elle mima un pistolet avec ses doigts pour y souffler la fumée imaginaire qui s'en échappait avec sur le visage, la mine de ceux dotés de très peu modestie – preuve donc, qu'elle jouait particulièrement bien la comédie. Elle laissa passer un silence, avant d'ajouter tout en riant "Tu vois, moins présente dans le feu de l'action, mais toujours aussi douée pour recruter." Son rire s'amenuit lentement pendant que, avec la même indolence, le silence reprenait ses quartiers, bien décidé à faire se révéler que, sous ses boutades, quelque chose se tramait. Et comme pour le contrer, trop consciente de tout et rien à la fois, Yasmine s'inclina en avant.
Elle déposa son téléphone portable à côté de son verre auquel elle n'avait pas encore touché et qu'elle laissa là, au contraire de sa serviette de table en papier qu'elle empoigna pour s'essuyer les mains. Et tandis que son enthousiasme à jouer un peu la comédie retombait, ce fût définitivement le cas quand, de but en blanc, elle lui annonça "Je vais démissionner, Hassan."
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyDim 10 Mai 2020 - 19:56

Qasim et Olivia se plaisaient à Sydney et étaient catégoriques quant au fait que pour rien au monde ils ne l’abandonneraient pour revenir vivre à Brisbane. Pour autant la ville de leur enfance restait le lieu de prédilection de toutes leurs vacances, et leur permettait à eux ainsi qu’aux enfants de profiter du reste de la famille. L’année précédente faisant exception, Yasmine n’avait jamais rechigné devant une occasion de passer du temps avec les enfants, et lorsqu’il les gardait l’été Hassan avait pris l’habitude de lui proposer de se joindre à eux lorsque l’occasion s’y prêtait et que l’emploi du temps de la jeune femme le permettait. Cependant, c’était la première fois que la jeune femme faisait état d’une volonté de prendre la responsabilité des deux plus grands pour plusieurs jours, et si le brun en avait d’abord été surpris il ne voyait cependant pas la moindre raison de ne pas trouver que l’idée soit bonne ; Mehdi et Ava en seraient ravis, Yasmine ne trouverait pas manière plus efficace de penser à autre-chose, et même Qasim et Olivia y trouveraient probablement leur compte. « Est-ce que je perçois une once de jalousie ? Laisse-toi pousser les cheveux, tu feras grimper ta côte de popularité de moitié … si ce n'est plus. » s’était néanmoins moquée l’infirmière en retrouvant sa place sur le canapé quittée quelques instants, et passant une main dans ses propres cheveux d’un geste exagérément appuyé Hassan avait rétorqué « Jaloux, moi ? Comme si j’avais besoin de jalouser qui que ce soit avec une tignasse pareille. Tu rêves. » en bombant le torse avec théâtralité. Mais bien qu’il ait toujours pris grand soin de la tignasse en question – un fait sur lequel Sohan se faisait toujours un plaisir de le taquiner – à cet instant y passer ses doigts ne lui avait fait réaliser qu’une seule chose : ils étaient plein de sable, et avaient besoin d’un bon lavage. « Je vais y réfléchir. » avait ensuite repris l’infirmière à propos des enfants « Si je peux les garder au moins une semaine, ce serait tellement génial … et ce serait l'occasion d'aller à Dreamworld sans me sentir obligée de me justifier. » et terminant d’abord sa bouchée de pizza Hassan avait taquiné « Et depuis quand tu as besoin de te justifier pour y aller dis-moi … ? » Le ton de sa phrase avait semblé rester en suspens, et pour cause puisqu’il s’apprêtait à faire une remarque sur la possibilité d’utiliser Clara et sa petite taille comme excuse pour avoir l’air d’une adulte accompagnatrice la prochaine fois, mais au dernier moment il s’était ravisé, à la fois parce qu’il ne souhaitait pas ramener à nouveau la blonde sur le tapis et parce que Yasmine ne semblait de toute façon plus l’écouter, l’attention accaparée par son cellulaire. Il n’était même pas certain qu’elle l’ait entendu lorsqu’il avait fini par faire une remarque sur les autres enfants auxquels elle accordait normalement un peu de son temps : ceux du service de pédiatrie du Saint-Vincent, mais après quelques secondes de silence elle avait néanmoins fini par relever les yeux vers lui. « Je le sais, je vais y remédier. J'ai pas eu trop le temps ces derniers mois … ou je me suis cherchée des excuses pour ne pas l'avoir. » Plus surpris par le fait qu’elle ose lui admettre que par l’aveu en lui-même, Hassan s’était contenté d’accueillir sa réponse d’un signe de tête et lui avait offert un sourire encourageant. « Mais ça fait plusieurs semaines que je travaille au corps une potentielle nouvelle recrue. Elle est sage-femme au St-Vincent et c'est le profil parfait pour nous rejoindre. Elle s'appelle Colleen, je sens qu'elle va bientôt flancher. » S’installant en tailleur, Yasmine lui avait à nouveau fait face tandis qu’il fouillait furtivement dans sa mémoire ; Mais non, le prénom Colleen ne lui disait rien. « La dernière étape de mon plan pour la faire accepter, c'est de vous faire entrer en scène, agent Jaafari. Il suffira que vous vous présentiez, que vous battiez des cils et fassiez s'agiter votre petite mèche – ouais, celle-ci –, et l'affaire sera dans le sac. » Pour seule réponse, le brun avait battu des cils à la manière d’une jouvencelle et laissé échapper un petit rire avant d’engloutir le dernier bout de sa part de pizza. « Je suis à ça – comprenez la distance infime entre son pouce et son index – de me vexer que vous m’utilisiez comme un vulgaire appât, agent Khadji. » avait-il alors prétendu sans aucun sérieux, sourcils froncés « Mais s’il faut s’en remettre au superpouvoir de la mèche rebelle … Je suppose que c’est un cas de force majeure. » Plus pragmatiquement cependant, le fait que Yasmine œuvre depuis plusieurs semaines pour tenter de convaincre la dénommée Colleen démontrait d’une certaine réticence de cette dernière à sauter le pas, et Hassan doutait d’avoir de meilleur arguments à offrir que son amie … Pour autant, lorsque Yasmine avait ajouté « Tu vois, moins présente dans le feu de l'action, mais toujours aussi douée pour recruter. » dans un léger rire, il avait acquiescé en souriant « Je vois ça. Et puis ça fait longtemps qu’on n’a pas eu un peu de sang neuf, ça ferait du bien. Et ça compenserait les quelques départs de ces derniers mois. » À commencer par Ginny, qui s’était tout bonnement évaporée – et pas uniquement du service de bénévoles. Les messages d’Hassan étaient au fil des semaines restés sans réponses, et s’il en avait d’abord été profondément déçu, il avait depuis cessé de s’appesantir sur la question ; Sans doute que son fils désormais guéri, la jeune femme souhaitait faire table rase de tout ce qui lui rappelait la période durant laquelle il avait été malade. Ses propres pensées occupées à dériver de ce côté-là, le brun n’avait rien fait pour empêcher le silence de retomber tandis que Yasmine semblait aux prises avec ses propres songes. Et bien qu’il ait relevé les yeux vers elle avec surprise lorsqu’elle avait annoncé « Je vais démissionner, Hassan. » comme on lâchait une bombe, il n’avait pas repris la parole tout de suite et l’avait observée avec minutie, cherchant dans son regard et dans ses expressions tout ce que cet aveu pouvait cacher d’autre. Elle n’avait ni le ton de l’incertitude, ni celui du besoin de conseil ; Elle ne cherchait pas un avis, ni même une bénédiction. C’était ce qu’il croyait lire dans son attitude, du moins, et ce qui l’avait poussé à répondre « C’est pas juste le fait d’avoir loupé ton examen, pas vrai ? » sans que cela soit véritablement une question, mais avec dans la voix une certaine tristesse. Parce qu’il datait d’avant cela, le malaise qu’elle cessait d’éluder sans qu’il n’ait jamais le temps de mettre le doigt dessus, celui qu’elle couvait depuis son retour d’Afrique sans vouloir l’admettre devant témoin, et pour lequel Hassan avait tendu son ultime perche lors de LA conversation sans que jamais elle ne s’en soit saisie depuis. Alors parmi toutes les questions que lui provoquaient cet aveu il s’était contenté de demander « Tu es sûre ? » avec prudence, comme s’il craignait de refermer la brèche qu’elle ouvrait à peine. Sûre de sa décision, sûre de ne pas la regretter, sûre que ce soit ce dont elle avait besoin … La question pouvait avoir autant de sens qu’elle souhaiterait lui en donner, et il préférait la laisser libre de l’interpréter comme bon lui semblerait.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyLun 18 Mai 2020 - 12:06


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Elle s'en voulait un peu d'alourdir l'ambiance. Simplement, l'occasion était trop belle pour qu'elle n'entame pas le sujet de ses projets imminents avec le jeune homme. Il l'apprendrait tôt ou tard de toute façon. Si le ton était un peu catégorique, tandis qu'elle tachait d'échapper un instant au regard d'Hassan en s'inclinant sur la table basse pour s'essuyer les mains sur une serviette en papier, il n'y avait pourtant rien de dramatique dans son annonce. Sa décision était réfléchie depuis plusieurs semaines déjà, mûrie au point que ce n'était plus qu'une question de jours avant qu'elle en avise enfin ses supérieurs directs. Elle doutait peut-être toujours un peu de la meilleure façon de partir dans les règles et sans mécontenter qui que ce soit, toute craintive face à l'autorité qu'elle était, elle savait pourtant désormais, et ce à force d'en parler, que c’était bel et bien ce qu'il y avait de mieux à faire pour elle, qu'importe les avis qu'elle récoltait. A vrai dire, elle s'était laissé atteindre par celui, tranché de Norah sur la question ; ça l'avait blessé de déceler une pointe de désapprobation dans le ton de sa collègue comme s'il fallait à tout prix qu'elle continue à prendre sur elle, quitte à en perdre la santé… c'était un peu le cas, son rythme de sommeil n'était toujours pas idéal et ses angoisses surgissant toujours autant, chaque fois au moment le moins opportuns. Mais c'était terminé. Elle ne recherchait l'approbation de personne, c'était un fait.
Cependant, elle avait fini par en discuter avec Edgerton, probablement dans l'espoir de grapiller quelques grammes de réconfort. Outre le fait qu'il soit lui, ce qu'il vivait de son côté le faisait apparaitre comme le plus avisé pour apaiser les doutes qu'elle avait émis juste après sa discussion avec l'autre infirmière, partageant une partie de son problème et l'encourageant à ne pas s'embourber dans un état d'angoisse permanent. A sa façon, il l'avait aidé à comprendre définitivement que l'état dans lequel elle évoluait depuis un peu plus de deux ans maintenant était directement lié à tout ce qu'elle avait vécu – que ce soit en tant qu'infirmière au service des urgences qu'en tant qu'infirmière bénévole. Yasmine n'avait jamais pris le temps de parler de véritablement de son expérience… et elle en payait le prix aujourd'hui.
Prendre du recul, c'était le terme adéquat pour ce genre de situations. Il n'était pas question de renier le talent que lui reconnaissait certains pour exercer dans le milieu médical, il s'agissait simplement de prendre du temps pour apaiser ce qui lui tournait continuellement dans la tête et l'empêchait d'envisager son métier, sa vocation, comme un boulet à sa cheville. Et qui sait, trouver une autre façon de mettre en pratique tout ce qu'elle avait appris au cours de sa formation pour que ça la démoralise moins et la motive un plus ; faire un travail sur elle-même, même si ce serait aussi pénible que ses séances thérapie forcée après son retour et qu'elle avait lâchement abandonnée – comprendre pourquoi ça avait fini par la perturber autant, en plus de la toucher tellement que même la vue du sang lui était devenue insupportable.

Elle rassembla ses cheveux humides sur tout un côté de son épaule ; la caresse de ses pointes imbibées d'eau laissa une marque de pinceau sur le tissu de son sweat beige. Opinant négativement du chef en répondant d'abord silencieusement à la première question d'Hassan, Yasmine se somma de laisser sa voix percer le silence relatif de la pièce "Pas vraiment, non." Un léger sourire remonta l'une de ses pommettes bien dessinées, lui donnant un vague sourire tordu qui n'altérait en rien sa soi-disant beauté, qui la rendait juste un peu plus atypique sur le moment "Au contraire, je crois que cet échec c'est… un signe que je dois prendre mon avenir sous un autre angle." Elle se mordit brièvement la lèvre inférieure, cherchant ses mots sans trop de difficulté cependant, ses réflexions à ce sujet ayant été trop intenses pour qu'elle ne soit pas capable de les verbaliser avec précision "J'aurais l'impression de passer à côté de quelque chose si je refusais de le considérer de cette façon. J'ai pas envie de m'appesantir sur ma déception, je dois m'en servir pour rebondir autrement." Gardant un instant la tête baissée, elle la releva pour se soumettre au regard du jeune homme. Elle lui avoua avec un vrai sourire cette fois, bien qu'un peu timide "Tu sais, j'ai passé trop d'années à m'occuper des autres. J'ai fini par oublier que pour bien le faire, je devais aussi penser à m'occuper de moi-même… c'est ce que je compte faire, j'en ai besoin." Elle se souvenait avoir donné un conseil quasi-similaire à Edge lorsqu'il était à l'hôpital. Il était temps qu'elle le suive, elle aussi.
Elle marqua une très courte pause, laissant sa tête s'incliner d'elle-même sur son épaule pendant qu'elle se mit à toucher du bout des doigts les quelques bagues qui habillaient ses mains – ces mains qui avaient pansées, épongées, suturées, lavées, caressées et qui représentaient l'outil le plus précieux qu'elle avait en sa possession pour pratiquer son métier. Elles avaient tant tremblées au cours de ces dernières années. Mais ici, maintenant, elles semblaient plus affirmées. Continuant à faire preuve d'un peu plus d'honnêteté à propos de tout ce qu'elle avait gardé pour elle, soucieuse d'inquiéter, soucieuse d'ennuyer aussi, Yasmine reprit presque sereine malgré la teneur de ses propos "J'ai pas voulu admettre que quelque chose n'allait pas après mon retour." affirma-t-elle pour la première fois depuis deux ans. Une brève seconde, ses pupilles dérivèrent. Comme une boussole mal assurée, elles retrouvèrent vite le nord en s'accrochant au point sombre des yeux du jeune homme "Je pensais que c'était juste le choc des mondes, que je retrouverais vite mes habitudes après quelques semaines et que je me sentirais moins… désorientée ? Je réussis pas encore à mettre des mots juste sur ce que je ressens parfois, mais je sais que c'est pas toujours facile à gérer, la nuit surtout… et que je dois me faire aider." Là encore, elle opina du chef, positivement cette fois-là alors qu'Hassan lui demandait son assentiment sur cette décision qu'elle lui disait vouloir prendre "J'en suis sûre. Je comptais pas vraiment en faire une affaire d'état, mais j'en ai discuté avec Norah et avec Edge… ça me semblait juste que tu sois le prochain à être mis au courant." Il aurait été le premier si leur relation n'avait pas tant changée. Mais rien n'était immuable, et il fallait faire avec. Hassan restait important à son équilibre, c'était ça qui comptait… autant que la manière dont il avait pris la nouvelle et dont elle tint à le remercier. Tendant la main pour prendre la sienne, sa paume recouvrit le dos de la main d'Hassan pendant que leurs yeux se trouvèrent à nouveau "Merci. De pas me faire la leçon et de pas essayer de me faire changer d'avis."
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptySam 13 Juin 2020 - 6:32

À sa plus grande surprise, et quand bien même il ne l’avait pas vu venir, l’aveu de Yasmine n’avait pas provoqué chez Hassan la surprise qui l’aurait probablement habité si les choses n’étaient pas devenues ce qu’elles étaient. Au lieu de cela il se sentait simplement un peu triste, un peu mélancolique, pas tant de la décision de la jeune femme mais simplement de la manière dont les choses même les plus immuables ne l’étaient finalement pas tant que cela. Car Yasmine lui avait toujours semblé faite pour ce métier, elle en avait le cœur et l’esprit, et qu’elle ne s’y épanouisse plus témoignait d’un mal-être et d’un changement bien plus dramatiques qu’elle n’acceptait de le montrer. De pointer ainsi la responsabilité plus que partielle de son échec au concours de médecine lui donnait donc un peu l’impression d’enfoncer une porte déjà ouverte, et sans chercher à le nier la brune s’était fendu d’un « Pas vraiment, non. » qu’on sentait rempli d’une fatalité elle aussi ramenée d’Afrique. « Au contraire, je crois que cet échec c'est … un signe que je dois prendre mon avenir sous un autre angle. J'aurais l'impression de passer à côté de quelque chose si je refusais de le considérer de cette façon. J'ai pas envie de m'appesantir sur ma déception, je dois m'en servir pour rebondir autrement. » Il écoutait sans bouger, sans sourciller, soucieux de la laisser poser des mots sur ce qui l’avait menée à sa décision et s’autorisant simplement un signe de tête pour indiquer qu’il comprenait le cheminement. Peut-être parce que lui aussi croyait aux signes, au fait que même le plus douloureux des tacles n’arrivait jamais que pour que l’on en tire une leçon, peu importe s’il fallait compter des mois ou des années avant de la comprendre. « Tu sais, j'ai passé trop d'années à m'occuper des autres. J'ai fini par oublier que pour bien le faire, je devais aussi penser à m'occuper de moi-même … c'est ce que je compte faire, j'en ai besoin. » Elle n’avait relevé les yeux vers lui qu’un instant, baissant à nouveau la tête presque aussitôt pour jouer nerveusement avec ses doigts, et peut-être aussi s’appesantir quelques secondes sur ses propres résolutions. À vouloir trop bien faire elle s’était sans doute un peu perdue dans ce boulot, finalement. Mais qui était-il pour juger, après tout, lui qui courait après toutes les excuses pour remplir son quotidien d’occupations juste bonnes à l’empêcher de se retrouver seul avec lui-même. « J'ai pas voulu admettre que quelque chose n'allait pas après mon retour. » Leurs regards se croisant à nouveau, Hassan y avait accroché le sien avec sérieux, lui offrant un sourire compréhensif tandis qu’elle reprenait « Je pensais que c'était juste le choc des mondes, que je retrouverais vite mes habitudes après quelques semaines et que je me sentirais moins … désorientée ? » Elle semblait hésiter sur la bonne formule à adopter, mais avait poursuivi néanmoins « Je réussis pas encore à mettre des mots juste sur ce que je ressens parfois, mais je sais que c'est pas toujours facile à gérer, la nuit surtout … et que je dois me faire aider. » Il ne pouvait bien sûr pas être certain du niveau de difficulté que cela représentait pour elle que d’admettre une telle chose, mais qu’il lui ait fallu deux ans pour le faire en était déjà un témoin. Et bien qu’il ne s’agisse que d’un début, il avait assuré « Si tu as réussi à l’admettre, c’est que tu as fait le plus difficile. » avec bienveillance, interceptant le regard qu’elle avait lancé en réponse et ajoutant à la suite « Je sais que ça a l’air d’une formule toute faite, mais c’est la vérité. » Une fois que l’on était parvenu à monter dans le train en marche, remonter jusqu’à la locomotive ce n’était plus aussi insurmontable. « Un pas après l’autre. » Et dans la bonne direction, quand bien même la jeune femme ne semblait pas encore savoir vers où elle souhaitait voguer ensuite. Résolu à ne plus gratter le vernis et à se contenter de ce qu’elle souhaitait révéler Hassan n’avait pas questionné plus loin les résolutions de Yasmine ni le déclic qui l’y avait menée – elle s’était décidée, et c’était tout ce qui importait. « J'en suis sûre. » lui avait-elle finalement confirmé lorsqu’il en était revenu à sa décision de démissionner, le brun ayant de toute manière posé la question par principe mais avec le sentiment de déjà connaître la réponse. Lorsqu’elle avait ajouté « Je comptais pas vraiment en faire une affaire d'état, mais j'en ai discuté avec Norah et avec Edge … ça me semblait juste que tu sois le prochain à être mis au courant. » toutefois il avait senti son cœur s’égratigner, et peser sur ses épaules le poids de la leçon qu’elle semblait vouloir lui donner. Cela ne ressemblait tellement pas à Yasmine, lui jeter ainsi en sous-texte qu’elle avait préféré se passer de ses conseils, et ne lui en faisait part non pas par envie mais parce que cela semblait juste. Et pourtant c’était le goût amer qu’il donnait à cette phrase, une pilule qu’il avait avalée en silence et refoulée tout au fond de lui pour mieux la digérer plus tard, à l’abri des autres, à l’abri du regard qu’elle lui avait offert en tendant vers lui une main qu’il avait saisie sans y trouver le réconfort habituel. « Merci. De pas me faire la leçon et de pas essayer de me faire changer d'avis. » Fallait-il en conclure que d’autres l’avaient fait ? Et ses parents, étaient-ils déjà au courant ? Des questions qu’il avait là encore gardées pour lui, secouant la tête et offrant un sourire sincère malgré la boule qu’il sentait obstruer sa gorge « J’ai juste envie que tu ailles mieux. Si tu penses que c’est le meilleur moyen d’y parvenir, alors y’a pas à hésiter. » Peut-être était-ce un excès de confiance, mais après tout qui mieux qu’elle-même savait ce qui lui faisait du bien ou non ? « Et puis ça n’efface ni ton diplôme, ni ce que tu as donné à ce métier jusqu’à présent … Si tu réalises que tu as pris un mauvais virage, ils seront toujours là. » L’infirmière était de ces métiers dont ils auraient toujours besoin, au fond. Marquant une brève pause, il avait penché la tête sur le côté et finalement ajouté « C’est courageux, de quitter sa zone de confort quand on sent qu’elle ne nous convient plus … Laisse personne essayer de te convaincre du contraire. » ses doigts se resserrant finalement autour de ceux de Yasmine avec hésitation. Il ne pouvait pas promettre qu’il cesserait de s’inquiéter pour elle – il s’inquièterait toujours – mais il ne supportait plus de la voir malheureuse, et l’inquiétude en comparaison ressemblait à un moindre mal. « Et pour après … tu as déjà des projets ? » Ou était-ce pour l’instant encore le sujet qui fâchait.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyMer 24 Juin 2020 - 16:50


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Parler à Hassan n'avait pas toujours été facile tout au long de ces deux dernières années. Elle gardait en mémoire la manière dont leur dernière grande conversation – LA grande conversation comme elle l'appelait en secret – s'était terminée. Couvant des regrets à ce sujet, incapable de se débarrasser de sa culpabilité, elle savait que bien qu'elle avait été nécessaire, elle avait pourtant marqué un tournant déterminant dans leur façon d'interagir. Et tandis qu'en vérité, il s'agissait sûrement de la seule et unique manière pour eux de mettre à plat ce qui, plus que le jeune homme, tourmentait Yasmine, elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle aurait peut-être dû se contenir encore quelques temps. Non, définitivement pas. Les choses avaient été remises à leur place et aussi bien pour lui que pour elle, ça avait été important pour qu'ils évoluent mutuellement.
Mais à ce moment-là, alors qu'elle lui faisait part de sa décision de quitter l'hôpital pour voguer vers d'autres projets, elle retrouvait un peu ces fois où ça avait été instinctif de partager ses pensées avec lui ; elle ne le faisait pas seulement parce que ça lui paraissait juste, elle avait été maladroite en déroulant son fil de pensées, mais il était sans doute trop tard pour qu'elle se rattrape maintenant. Dans le passé, elle avait toujours aimé partager ce genre de choses avec lui et ce sans rien attendre en retour qu'une écoute attentive, peut-être de bons conseils ; même si là, elle n'en avait pas besoin, son choix étant sûr et définitif.
Yasmine savait que dans le fond, les choses ne redeviendraient jamais comme avant. Simplement, renouer rien qu'un instant avec un semblant de normalité dans leur relation, ça la réconforta assez pour qu'elle oublie qu'il y avait plusieurs mois de ça, les choses n'étaient pas aussi paisibles que ça. Hassan avait cette capacité d'écoute extraordinaire dont elle le remercia sans délai, rassérénée par la façon avec laquelle il prit la nouvelle sans rien faire de plus que de considérer son choix comme le meilleur si c'était ce qu'elle voulait vraiment ; elle n'en avait pas attendu moins de lui. A un niveau qu'elle ne saurait exprimer, ça la changeait qu'on ne veuille pas lui démontrer par A+B qu'elle faisait à nouveau une erreur en se lançant dans quelque chose d'aussi nébuleux.

Car quels étaient ses projets, si ce n'était le plus important, qui était d'aller mieux ? Hassan souleva la question et pendant une courte pause, Yasmine réfléchit à la réponse qu'elle pouvait lui accorder sans lui laisser l'impression qu'elle ne ferait rien d'autre que de se reposer sur ses lauriers.
Plusieurs options s'offraient à elle. Timidement, elle commença "Je sais que le milieu hospitalier ne me convient plus." admit-elle avec beaucoup de franchise dans le ton. Par habitude, elle laissa sa main dans celle d'Hassan tout en regardant droit devant elle, l'air aussi distrait que concentré sur les éventualités qu'elle avait déjà caressées sans trop savoir quoi faire d'autre et qui pendant qu'elle parlait, se présentaient sur son écran mental qu'elle consulta dans l'intimité de ses propres pensées "Je me dis que le temps que je remette de l'ordre dans ma tête, trouver quelque chose qui me permettra d'exercer sans que ça n'engage des litres de sang pourrait me convenir." Sloan l'avait déjà rencardé sur des tas d'offres pour lesquelles son diplôme et son expérience étaient nettement de trop, mais qui au moins lui permettraient de ne pas se tourner les pouces toute la sainte journée ; ce qu'elle refuserait tout bonnement malgré son envie d'en faire moins pour les autres et plus pour elle. Elle ne faisait pas une bonne inactive, elle ne supportait pas l'asthénie. Yasmine avait beau être d'un calme et d'une douceur innée, elle était une boule d'énergie, et c'était bien l'une des raisons pour lesquelles elle avait choisi le service des urgences après ses études. Elle l'était un peu moins depuis son retour d'Afrique, c'était un fait… mais son dynamisme constant faisait partie de ces petites choses qu'elle comptait bien retrouver très bientôt tant il lui manquait.
Elle tourna les yeux vers Hassan, serrant un peu plus fort sa main dans la foulée "Pour la suite, je…" Et le silence qu'elle laissa s'installer en disait probablement un peu trop long sur ses vrais projets. Le problème n'était pas qu'elle n'aimait plus son métier ; et ça aussi, tout le monde le savait, elle la première, qu'elle était faite pour aider les autres. Ça se présentait sous différents aspects que sur le coup, elle préféra ne pas mentionner puisqu'elle se rappelait beaucoup trop vivement les propos de Norah qui lui avait fait savoir que, si elle envisageait à nouveau l'humanitaire comme une façon de reprendre son destin en mains, elle l'en empêcherait. Comme elle lui avait répondu cependant, il y avait tant de façons de faire de l'humanitaire et ça n'impliquait pas seulement de se rendre en zone de guerre pour panser les pires horreurs commises par l'homme. Ça, Yasmine ne le ferait plus, un pacte qu'elle avait passé avec elle-même pour ne plus se laisser naïvement croire qu'elle était capable de quelque chose qui avait en vérité, creusé davantage ses angoisses.
En même temps qu'elle détournait le regard, elle récupéra sa main qu'elle passa dans ses cheveux humides en s'installant plus confortablement sur le canapé. Avec un pied qu'elle glissa sous ses fesses, elle reprit "Je compte pas abandonner le bénévolat en pédiatrie." Cette question serait probablement soulevée bientôt, elle prit alors de l'avance pour mieux préparer la suite de ses propos qu'elle prononça au compte-gouttes, la main furetant toujours dans la jungle épaisse formée par ses longs cheveux bruns "J'aimerais envisager quelque chose dans cette voie-là. Le bénévolat, l'humanitaire… c'est très vaste, et je suis même pas obligée de partir à des milliers de kilomètres d'ici pour trouver un organisme où m'investir sur le long terme." précisa-t-elle avec précipitation, opinant du chef pour appuyer ses dires avec plus de panache "Je veux pas le faire ailleurs. Je veux rester ici." Elle avait des envies de voyages, toutes nourries gloutonnement par les longs récits d'escapades d'Edgerton. Mais en ce qui concernait son avenir professionnel, les choses étaient très claires pour elle : elle voulait rester ici, en Australie ; près de sa famille dont Hassan faisait intégralement partie, près d'Edge, de Molly et de Sloan aussi.
Cependant, Yasmine lui dit tout ça avec un ton un peu incertain, craignant quelque part qu'il émette les mêmes réserves que sa collègue infirmière. Et plus encore si ça venait de lui, s'il la fustigeait à ce propos en lui rappelant combien elle avait pâti de ses élans de missionnaire pas très aguerrie et que c'était irresponsable d'y revenir, même sous une autre forme, elle ne le vivrait pas sereinement.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyDim 19 Juil 2020 - 13:30

Fut un temps, et il semblait lointain, où Yasmine aurait partagé avec lui le fil de ses projets et de ses hésitations avant que ses décisions ne soient définitives, et bien qu’il aurait toujours eu à cœur de la laisser maitresse de ses décisions Hassan l’aurait volontiers guidée dans la direction qui lui aurait semblée être celle qui rendrait le plus justice à la jeune femme. Aujourd’hui pourtant la brune se contentait de l’informer avec le détachement de la décision déjà prise depuis longtemps, et qu’elle ne semblait porter à sa connaissance que pour le simple fait de s’éviter à nouveau que l’un de ses parents ne vende la mèche à sa place en surestimant la transparence dont elle aurait fait preuve. Il n’avait plus ni avis à donner ni conseil à prodiguer, Hassan, et au fond cela le rendait un peu triste, car Yasmine le privait là de ce qu’il avait vainement tenté de préserver en refusant de risquer les bases sur lesquelles s’étaient construites leurs relations. Désormais coincé dans une case trop étroite pour lui, il ne pouvait qu’approuver sans se mouvoir et s’en était donc tenu à cela, avec cette désagréable impression de devoir peser chacun syllabe pour s’éviter un désaveu supplémentaire de la part de la jeune femme, là où elle avait été si longtemps celle à qui il déroulait ses pensées sans jamais craindre de devoir y mettre ni filtre ni barrière. Mais Yasmine avançait, elle prenait – enfin – le taureau par les cornes après deux années d’une léthargie dont elle avait toujours été la seule à pouvoir se sortir, et au bout du compte Hassan préférait concentrer son attention là-dessus que sur le reste, inquiet malgré tout qu’elle ne se lance dans l’inconnu sans aucun filet de sécurité ni aucune idée de la suite du sentier. « Je sais que le milieu hospitalier ne me convient plus. » avait-elle alors admis avec une pointe de gravité après quelques secondes de réflexion. « Je me dis que le temps que je remette de l'ordre dans ma tête, trouver quelque chose qui me permettra d'exercer sans que ça n'engage des litres de sang pourrait me convenir. » Curieux, peut-être plus qu’il ne le devrait, il l’avait interrogée du regard en ne sachant pas s’il fallait y voir une extrapolation encore hasardeuse ou simplement une idée plus concrète qui ne disait pas encore son nom.

Mais déjà la main de Yasmine se resserrait sur la sienne et son expression se faisait plus hésitante, signe que si la décision était prise les conséquences qui en découleraient, elles, restaient encore un grand flou aussi grisant qu’angoissant sur lequel la jeune femme se triturait encore l’esprit. « Pour la suite, je … » Le flottement qu’elle avait laissé s’étirer avait semblé durer des heures, et aussi vite qu’elle l’avait serrée la main de la jeune femme s’était échappée en même temps que son regard, les deux fuyants aussi vite que ses certitudes semblaient cavaler. « Je compte pas abandonner le bénévolat en pédiatrie. » assura-t-elle en passant une main dans ses cheveux, quand à vrai dire le brun avait de son côté totalement perdu ce détail de vue quand bien même ils en avaient parlé quelques instants plus tôt. « J'aimerais envisager quelque chose dans cette voie-là. Le bénévolat, l'humanitaire … c'est très vaste, et je suis même pas obligée de partir à des milliers de kilomètres d'ici pour trouver un organisme où m'investir sur le long terme. Je veux pas le faire ailleurs. Je veux rester ici. » Sans doute pas, les organismes à la recherche de bénévoles en tous genres ne manquaient pas rien que dans le Queensland, et rien que parmi ceux qu’Hassan côtoyait par le biais d’Amnesty plusieurs lui venaient à l’esprit. Mais au risque qu’elle n’y voit une tentative de se mêler de ses affaires il avait préféré ne rien en dire, et s’était plutôt contenté de demander « Tu es toujours en contact avec la Hodge Fondation ? Ils ont peut-être des programmes basés ici. » Sans compter que Yasmine avait déjà presque un pied chez eux de par son séjour en Afrique. Semblant soudainement songeur, il avait ouvert la bouche pour dire quelque chose mais sa remarque était restée en suspens quelques instants de plus avant qu’il ne se décide à la formuler. « Tu es sûre que c’est une bonne idée … ? Continuer le bénévolat au Saint-Vincent. Tu n’as pas peur que ce soit trop dur de continuer à aller là-bas, une fois que tu auras démissionné ? » Il n’aimerait pas apprendre qu’elle continuait d’y aller à reculons, par simple refus d’abandonner sa place ou parce qu’il avait précédemment mis le sujet sur le tapis en pointant le peu de fois où l’on y avait vue ces dernières semaines … En vérité si elle comptait démissionner, son absence auprès de Justine, de lui et des autres depuis quelques temps lui semblait tout à coup briller d’un nouvel éclairage.

Sa pizza était en train de refroidir, mais lui qui mourrait de faim sur le chemin du retour ne se sentait désormais plus vraiment en appétit … Qu’à cela ne tienne, la pizza froide faisait un excellent petit-déjeuner et il aurait de quoi se mettre sous la dent avant de partir pour son rendez-vous le lendemain matin. Refermant son carton et se saisissant de son verre de thé glacé, il s’était enfoncé un peu mieux dans le dossier du canapé et avait contemplé sa boisson quelques instants avant que son regard ne remonte jusqu’à Yasmine. « Laisse-toi le temps d’aller mieux … » Accrochant ses yeux à ceux de la jeune femme presque avec gravité, au moins avec solennité, il avait repris « Avant de penser à l’après. Promets de d’abord te donner le temps nécessaire pour régler tout ce que tu as à régler … C’est important. » L’heure n’était plus à tenter vainement d’en savoir plus sur ce tout qu’elle devait régler, mais elle l’était assurément à espérer que parmi toutes les résolutions et décisions que l’infirmière avait décidé de prendre seule, celle de se faire aider ne serait pas qu’une idée jetée en l’air à laquelle elle ne donnerait finalement pas suite. Elle se le devait au moins à elle-même.
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyLun 27 Juil 2020 - 15:41


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Dans l’attente d’une réaction de la part d’Hassan, Yasmine resta silencieuse un instant. Ça lui parut beaucoup trop long, aussi ses doigts se perdirent dans les pointes douces de ses cheveux qui avaient presque entièrement séchés. Et pourtant, il ne dépassa pas les quelques secondes, cet instant faussement interminable. Le visage et l’attention tous dirigés vers Hassan, elle ne se demanda pas si elle le fixait avec un peu trop d’insistance, cherchant inconsciemment à deviner ce qui lui passait par la tête à propos de tout ce qu’elle venait de lui annoncer avec une hésitation perceptible dans le son de sa voix devenue traînante à cause de la fatigue accumulée tout au long de la journée chargée qu’ils avaient passé avec la tribu de Qasim et Olivia.
Quand enfin il reprit la parole pour soulager l’impression qu’elle avait d’attendre une approbation dont elle n’avait pas besoin finalement, sûre du choix qu’elle avait fait en son âme et conscience, pour le coup plus soucieuse de retrouver une santé mentale plus stable que ces deux dernières années, que de polir l’ego et la sensibilité de ceux qui l’entouraient. Néanmoins, une vraie respiration soulagée s’échappa de ses lèvres qu’elle finit par pincer très doucement, estompant un baume invisible par manie, en s’animant de nouveau pour s’asseoir correctement dans le fauteuil qu’ils occupaient tous les deux. Yasmine tendit ses jambes pour qu’elles atteignent la table basse au bord de laquelle elle posa doucement ses pieds qu’elle finit par croiser ; un comportement que Fatima aurait sans doute gentiment réprouvé, mais ce qu’elle ne savait, ou ne voyait pas en l’occurence, ne pouvait pas lui faire de mal.

"J’ai encore quelques contacts avec Soheila." annonça-t-elle tout d’abord, songeant à la jeune femme qui l’avait rapidement prise sous son aile sitôt qu’elles s’étaient toutes les deux retrouvées sur le camp de Diffa. Plus que quiconque, Soheila avait été témoin des difficultés de Yasmine là-bas. Elle l’avait guidée, elle l’avait protégée, elle s’était assurée qu’elle ne laisse jamais son talent pour la médecine dépérir sous le poids des angoisses qu’elle traînait depuis son retour.
C’était le cas aujourd’hui, néanmoins. Yasmine avait plié face à la difficulté de porter tout ce qu’elle avait tant de mal à gérer, entre autre depuis son retour d’Afrique. Mais aujourd’hui, elle était aussi plus que déterminée à en faire un atout qu’elle ne maîtrisait certes pas encore très bien, qu’elle chercherait à mieux comprendre toutefois, et ce avec l’aide d’un ou d’une professionnelle. Elle reprit "Mais avec les retombées de son procès, j’ai pas eu envie de l’ennuyer avec tout ça." poursuivit-elle dans la continuité de ses paroles, les yeux vadrouillant sur les étagères fixées au mur devant eux, juste au-dessus de la télévision dans lequel elle distinguait à peine leurs silhouettes tassées dans le fauteuil. Elle sourit en biais, continuant sur sa lancée "Je devrais le faire, pourtant. Elle n’a jamais rechigné à m’apporter son aide, et je sais que c’est la plus indiquée pour me guider au milieu de tout ça. J’ai confiance en elle." Elles avaient échangé suite au refus que Yasmine avait essuyé de la part de l’université, et ça avait déjà été assez difficile pour elle d’être confrontée à la déception relative de la jeune femme. Dans le fond, elle n’était pas sûre de vouloir la contraindre à la nouvelle de sa démission imminente ; mais elle le ferait tout de même. Oui, Yasmine la contacterait de nouveau bientôt. Après tout ça faisait partie de sa nouvelle ligne de conduite d’accepter de décevoir ceux qui comptaient pour elle et Soheila, même si elle ne le faisait que timidement et à distance, en faisait partie.
Elle laissa ça de côté, opinant du chef pendant que son sourire s’élargissait très légèrement lorsque Hassan souleva la question du bénévolat qui se tenait dans l’hôpital qu’elle s’apprêtait à quitter. Elle pouvait lui faire confiance pour mettre le doigt sur ses contradictions. Seulement, elle avait retourné la question à de maintes reprises dans son esprit, et sa réponse était déjà toute trouvée pour qu’elle ne se sente pas piégée par le semblant d’inquiétude qu’il démontrait à ce sujet "Je vais devenir une bénévole lambda, j’ai pas le droit de pratiquer d’acte médical dans ce cas-là." fit-elle en tournant la tête dans sa direction pour affronter ses yeux sombres "Ce sera différent, et si ça devient trop difficile pour moi de faire ça là-bas, j’attendrais pas de me rendre malade avant de raccrocher." Elle marqua une pause durant laquelle elle posa sa tête sur l’épaule d’Hassan avant d’ajouter "Je te le promets." Et cette promesse, elle englobait l’idée qu’elle tacherait de se faire passer en premier pendant quelques temps comme tint à lui rappeler Hassan à ce moment-là "Si j’ai pris cette décision, c’est parce que je suis décidée à retrouver celle que j’étais il y a quelques temps encore." Une éternité en vérité, avait-elle l’impression, mais elle ne s’appesantit pas sur cette sensation, se concentra sur celle du tissu doux du t-shirt du jeune homme dont elle sentait la chaleur au travers "Ça prendra sans doute du temps, mais ça pourra pas être pire que ce que j’ai accepté d’endurer ces deux dernières années tu sais." chuchota-t-elle presque en conclusion, la joue écrasée contre l’épaule du jeune homme vers qui elle tourna le visage pour le regarder par dessous ses longs cils. Elle faillit ajouter quelque chose quand leurs yeux se croisèrent, mais la vibration de son téléphone portable sur la table basse la fit se redresser doucement et empoigner l’appareil dont le rétro-éclairage se réverbéra sur son visage qui se fendit d’un sourire qu’elle retint de moitié lorsqu’elle comprit que c’était Edge qui l’appelait. Elle regarda à nouveau Hassan à qui elle montra l’écran "Ça t’ennuie si je réponds ?"
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Message(#)(yassan) wish i had some cheer to lead you to EmptyLun 12 Oct 2020 - 20:45

Des projets Yasmine semblait en voir des tas, et quelque part cela ne faisait que confirmer le fait qu’elle réfléchissait à cette démission depuis déjà longtemps et que le verbaliser n’était que la dernière étape d’une décision déjà prise depuis un moment. Dès lors il n’appartenait plus à Hassan de commenter et encore moins de donner son avis sur la question, et quand bien même il en aurait eu l’idée saugrenue, qu’elle se soit sentie le devoir de lui préciser qu’elle ne l’informait que parce qu’elle l’avait déjà fait avec d’autres et ne souhaitait simplement pas risquer qu’il l’apprenne une fois encore de la bouche de quelqu’un d’autre l’en aurait dissuadé. Ne subsistaient que quelques pistes qu’il avait donné avec la demi-certitude qu’elle ne l’avait pas attendu pour y songer, à commencer par celle de se rapprocher de la Hodge Fondation et de sa directrice, avec laquelle elle avait déjà officié et dont les impératifs et les missions qui ne nécessitaient pas de s’exiler à l’autre bout du globe ne manquaient pas. « J’ai encore quelques contacts avec Soheila. Mais avec les retombées de son procès, j’ai pas eu envie de l’ennuyer avec tout ça. » lui avait alors répondu Yasmine, un brin songeuse. « Je devrais le faire, pourtant. Elle n’a jamais rechigné à m’apporter son aide, et je sais que c’est la plus indiquée pour me guider au milieu de tout ça. J’ai confiance en elle. » Acquiesçant pour signifier qu’il comprenait les réticences, il avait bu une gorgé de son thé et secoué la tête avant de répondre. « Pour ce que ça vaut, on a un peu discuté la dernière fois qu’elle a été invitée en plateau chez ABC, et elle me disait qu’elle était bien contente d’avoir de quoi faire niveau boulot en parallèle, pour ne pas penser qu’à ça. » Ce fameux procès, à propos duquel elle s’était d’ailleurs brièvement exprimée à l’antenne là où, en lançant sa question, même le journaliste lui-même semblait voir été surpris de ne pas récolter une simple fin de non-recevoir, car Soheila n’était à l’origine pas venue là pour cela. Parfois en dire peu était le chemin le plus efficace jusqu’au fit de ne pas en dire trop.

Malgré tout cela, un point continuait de chiffonner Hassan. Et si une partie de lui était d'avis de garder cela pour lui au risque de froisser à nouveau Yasmine et cette volonté affichée qu’il cesse de se mêler de ses affaires, l’autre estimait que ne rien dire ne serait pas plus lui rendre service et pour cette raison il lui en avait finalement fait part. Il n’était pas entièrement convaincu que continuer à officier comme bénévole dans cet hôpital qui semblait lui causer actuellement plus de souci qu’autre chose soit une bonne idée – et elle ne ferait assurément de bien ni aux patients ni à elle-même en continuant de venir par pure obligation. Les enfants n’étaient pas des patients comme les autres, ils sentaient ce genre de choses et s’imprégnaient comme des éponges de toutes les ondes qui passaient à leur portée, bonnes ou mauvaises. « Je vais devenir une bénévole lambda, j’ai pas le droit de pratiquer d’acte médical dans ce cas-là. » lui fit alors remarquer la jeune femme, quand bien même ce n’était pas ce qu’il demandait – et elle le savait. « Ce sera différent, et si ça devient trop difficile pour moi de faire ça là-bas, j’attendrais pas de me rendre malade avant de raccrocher. » Pas entièrement convaincu, il l’avait sondée du regard quelques instants d’un air soucieux comme s’il y cherchait une quelconque trace d’incertitude. « Promis ? »« Je te le promets. » Tant mieux. Mais qu’elle ne s’imagine pas pour autant qu’il hésiterait à missionner Sohan pour lui mettre un peu de plomb dans la tête si elle s’obstinait, et comme si elle avait lu dans ses pensées la brune avait ajouté « Si j’ai pris cette décision, c’est parce que je suis décidée à retrouver celle que j’étais il y a quelques temps encore. Ça prendra sans doute du temps, mais ça pourra pas être pire que ce que j’ai accepté d’endurer ces deux dernières années tu sais. » La remarque l’avait laissé un brin songeur, la perspective de retrouver un jour la Yasmine qui lui manquait ayant fini par le quitter à peu près à l’instant où il avait admis que lui-même ne redeviendrait jamais celui qu’il était avant, peu importe l’énergie qu’il y mettrait, et peu importe la déception que cela pourrait causer autour de lui de la part de ceux qui refusaient d’accepter que ce Hassan-là n’existait plus. Au fond il ne demandait pas tant à retrouver l’ancienne Yasmine qu’à trouver une place auprès de la nouvelle, mais tandis qu’il bataillait avec ses pensées le téléphone de l’infirmière lui avait – encore – coupé l’herbe sous le pied. « Ça t’ennuie si je réponds ? » Avait-il le choix, quand elle avait passé la journée le nez vissé à son écran, se cachant à peine du fait qu’elle aurait préféré être ailleurs ? « Vas-y, je vais prendre ma douche de toute façon. » lui avait-il alors simplement répondu, ravalant ce qu’il avait sur le bout des lèvres avant que le cellulaire n’écourte pour de bon leur conversation.

Depuis le haut de la mezzanine Yasmine parlait toujours d’une voix basse lorsqu’il était sorti de la salle de bain quelques temps plus tard, et au risque de se sentir de trop Hassan avait préféré sortir s’aérer, regrettant soudainement de ne pas avoir ses chiens pour lui tenir compagnie dans sa balade de digestion. Il était sorti sans penser à prendre son téléphone, mais y avait trouvé contre toute attente une certaine forme d’apaisement, les pensées parasitées ni par les notifications en tous genres, ni par l’heure qui tournait et à laquelle il n’avait pas prêté attention avant d’être entièrement revenu sur ses pas. Pour lui qui n’était jamais au lit avant minuit il n’était pas si tard, mais pour Yasmine peut-être l’était-il un peu plus, à moins que la journée passée au grand air de la plage ne soit à blâmer – toujours est-il que le studio était silencieux et plongé dans la pénombre lorsqu’il était rentré, et tâtonnant pour retrouver ses affaires le brun s’était couché sans déplier le canapé, veillant seulement à programmer son réveil pour être à l’heure à sa réunion du lendemain matin et se félicitant d’avoir encore suffisamment de pizza pour ne pas avoir à y aller le ventre vide. S’il y avait bien un reproche à fire à ce studio, c’était de ne pas posséder de coffee shop digne de ce nom dans ses environs.
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