C'est Ezra qui est en couple avec Ginny. Jill doit se répéter cette phrase un bon nombre de fois pour essayer de l'assimiler. Ezra a craqué pour la cadette, et Ginny pour le meilleur ami de Matt. C'est la définition de la relation interdite. De la relation qui est vouée à l'échec, vouée à la destruction. Jill est partie de l'atelier après avoir discuté avec sa petite sœur, c'est rare qu'elle discute, ce n'est jamais pour rien. Et aujourd'hui, Jill tenait une bombe entre ses mains. Elle pouvait tout détruire, elle pouvait s'en servir contre sa sœur ou pour faire chanter Ezra. Faire chanter Ezra c'était tentant. Elle le voyait souvent, ils étaient toujours fourrés ensemble avec Matt. Un trio de choc que Jill aimait beaucoup. Il fallait qu'elle parle à son ami sans que Matt ne soit dans les parages.

Elle le rejoint, comme c'était prévu à la base, et elle n'a encore rien dit, mais son sourire en dit long. Elle va pouvoir taquiner Ezra pendant des années avec ce qu'elle sait. « EZZZZZZZZ » Elle s'avance vers lui, il est assis sur un muret et elle arrive en lui bousculant l'épaule. « Y'a Matt dans le coin ? » Elle regarde tout autour d'eux, Matt devait les rejoindre plus tard à cause des cours. Elle espère qu'il n'arrivera pas plus tôt finalement, elle ne veut pas qu'il surprenne la conversation. Elle n'a pas prévu de lui en parler là, ce n'est pas dans ses projets. « T'as rien à me raconter ? » Alors Ezra, est ce que tu vas craquer ? Est ce que tu vas comprendre que je sais quelques chose et que tu n'échapperas pas à la conversation ? Elle le regarde avec un grand sourire et des yeux pétillants de malice. Allez Ez, crache le morceau toi aussi.

@Ezra Beauregard

(novembre 2008)
« EZZZZZZZZ » Tirant une bouffée de fumée sur sa cigarette, le jeune homme vint tourner son regard vers ce son presque agréable que venait de produire la voix de Jill en appelant son prénom. Jill qui venait vers lui, il ne savait jamais statuer si c’était pour du bon ou pour du mal. La demoiselle vint lui bousculer l’épaule comme si de rien n’était, restant à ses côtés, il aurait pu dire même rodant autour de lui. Il fronça les sourcils, intrigué de ce qu’elle désirait, le regard cherchant à sonder le sien au passage. « Jillian, qu’est-ce que tu veux. » Le Jillian était là, parfaitement placé, pour l’énerver - les enfants McGrath avaient cette habitude d’avoir, sans aucune exception, tous renié leur prénom original pour n’utiliser désormais qu’un pseudonyme. Et Ezra adorait ne pas les utiliser lorsqu’il sentait qu’il y avait anguille sous roche, ça avait tendance à les énerver. Et bien sûr qu’il venait demander ce qu’elle voulait. Jill voulait toujours quelque-chose, lorsqu’elle s’approchait avec autant de retenue, lorsqu’elle ne venait pas d’abord prendre ce qui lui faisait plaisir avant de demander la permission. « Y'a Matt dans le coin ? » Le jeune homme vint secouer la tête. « Nah. » Tirant de nouveau une bouffée de nicotine, il vint tendre sa cigarette à la jeune femme pour qu’elle puisse en profiter si elle le désirait - avant surtout qu’elle décide de lui prendre des mains sans lui demander ni son avis, ni son accord. « Il doit nous rejoindre ici avant qu’on reparte à la soirée, il a été retenu à l’école. Genre, littéralement, retenu. Le prof a pas aimé apparemment qu’il dorme en cours pour décuver d’hier. » Un petit rire taquin, l’espace d’un instant, s’échappa des lèvres d’Ezra. Il voyait parfaitement bien Matt adopter ce genre de comportement - et il fallait dire qu’il n’était vraiment pas frais le matin lorsqu’il était reparti de l’appartement de son appartement. C’était toujours mieux qu’il soit reparti du sien que de chez ses parents, d’ailleurs - ils l’auraient encore remonté les bretelles sans vergogne. « Pourquoi ? » Sourcil inquisiteur, regard de même enseigne. Elle avait quelque-chose en tête, pour sûr, la McGrath, et quelque-chose en lui indiquait ce n’était pas forcément bon signe. D’ordinaire, elle serait déjà repartie loin de lui. Ils partageaient beaucoup de soirées ensemble, mais lorsqu’ils étaient tous les deux sobres et que Matt n’était pas dans le coin, elle n’était pas du genre à trainer trop longtemps à ses côtés. Ce n’était pas pour lui déplaire, après tout, ce n’était pas cette McGrath là par laquelle il était intéressé. « T'as rien à me raconter ? » Jill venait en réalité de lui poser une question délicate, une question même un brin osé. Elle n’avait cependant pas pensé aux différents paramètres à prendre en compte, à commencer par l’innocence d’Ezra. Etant donné que même dans ses pires cauchemars, il ne s’était jamais dit que la demoiselle pouvait apprendre pour Ginny et lui, sa question ne venait faire remonter dans ses pensées aucunement ce sujet là. Alors, il se contenta d’hausser les épaules, de secouer la tête quelque peu, de se perdre un instant de trop dans ses pensées peut-être aussi. « A propos de ? Matt ? Il finira par arriver et pr se vanter tout seul de cette retenue, tu sais. Pas besoin que je lui mâche le boulot. » A quoi tu joues, Jill, s’affichait clairement en lettre illuminées sur le front d’Ezra. Mais pas parce-qu’il tentait d’éviter le sujet, simplement parce-qu’il ne saisissait pas encore l’importance de là où elle voulait en venir.

Spoiler:

Il la connait si bien Jill. Il a ses sourcils qui se froncent, son regard qui suit la brune et elle sourit Jill. Bien sûr qu'elle a ce sourire malicieux qui traine encore sur son visage parce qu'elle connait l'ampleur de ce qu'elle se prépare à lui dire. Il va paniquer certainement, il aurait raison. Parce qu'elle est instable Jill, elle pourrait avoir envie de dévoiler leur secret dans quelques heures avant de changer d'avis de nouveau. Personne ne peut savoir ce qu'elle va faire avec ça, même elle elle ne le sait pas. « Je veux passer du temps avec le meilleur des meilleurs amis de Matt. » Elle appuie bien sur les mots meilleurs amis. Peut-être qu'il va tiquer, qu'il va enfin trouver de quoi elle parle, mais il n'a pas l'air de se douter de quoi que ce soit le jeune homme. Matt n'est pas là, parfait. Elle se fiche de ce qu'il peut bien faire, il passe sa vie à faire des conneries de toute manière. « Et toi t'as eu la chance de pas te faire choper ? » Parce qu'ils fonctionnaient toujours par pair ces deux là. « Parce qu'on devait le rejoindre non ? » Parce qu'elle a besoin de vider son sac tant qu'il n'est pas là, elle trépigne d'impatience à l'idée de parler, elle a hâte de voir sa tête.

Elle attrape la cigarette qu'il lui tend. Elle en fume une partie avant de lui tendre en grimaçant et en sortant un joint de son sac. « ça c'est mieux. » Et elle l'allume en prenant le briquet qui traine sur la cuisse d'Ezra. Il ne comprend pas Ezra, il est naïf, elle pourrait le faire tourner en bourrique pendant des heures mais elle est bien trop impatiente pour ça Jill. « Non pas par rapport à Matt. » Elle laisse planer le silence en fumant une partie de son joint de nouveau. « à propos de la dernière McGrath » elle hoche la tête, et elle ne le lâche pas des yeux. La lenteur de se mots est calculée, son sourire en coin aussi. « Tu sais celle qui fait des dizaines de portraits de toi dans son carnet de dessin tous les jours. » Il va comprendre Ezra, il va comprendre qu'elle sait tout.

@Ezra Beauregard

(novembre 2008)
Tout dans le comportement de Jill était étrange. Ou au minimum, plus étrange que d’ordinaire. a force de côtoyer les McGrath au grand complet, Ezra avait fini par connaître plutôt bien les tempéraments et les habitudes de chacun. Si Ginny ne viendrait jamais vers quelqu’un avec cet air sournois et serait plutôt du genre à courir en sens inverse, Jill adorait fourrer son nez là il n’appartenait pas. Et en ce moment même, c’était ce qu’elle faisait, mais avec une idée bien précise derrière la tête - ce qui rendait Ezra d’autant plus vigilant. « Je veux passer du temps avec le meilleur des meilleurs amis de Matt. » Bien sur qu’un petit sourire de fierté vint se glisser, l’espace d’une demi-seconde, sur les lèvres d’Ezra. Sourire qu’il retira plutôt rapidement, la flatterie n’était qu’un élément pour l’amadouer et il ne désirait pas tomber dans le piège. « Et toi t'as eu la chance de pas te faire choper ? » Il vint secouer la tête, avec un petit rire, tirant une dernière fois sur sa clope avant de la voir disparaitre prochainement entre les doigts de la demoiselle. « Tu sais très bien que je vais plus en cours moi, et que j’assume parfaitement de bosser le lendemain d’une cuite. » C’était vrai - presque vrai. Il y avait des matins où il avait l’impression qu’on lui arrachait les cheveux à la pince à épiler, mais l’avantage de travailler et d’être physiquement en action dans ce genre de lendemain de soirées, c’était qu’il n’avait pas le temps de se reposer et il se remettait bien plus vite d’une soirée arrosée. Mais il était vrai qu’à l’époque, lorsqu’il était encore étudiant à l’école avec Matt, les lendemains à rester assis sur une chaise et à écouter des vieux croulants parler, c’était dur. « Parce qu'on devait le rejoindre non ? » « Changement de plan, il veut repasser par ici pour prendre une douche, comme il a pas eu le temps ce matin. Je lui ai proposé de passer par chez moi plutôt, c’était plus près et plus rapide, il a pas voulu. » Il haussa les épaules. « Des fois je cherche plus. » Il parlait comme si Matt et lui formaient le meilleur des couples de la dernière décennie. Comme prédit, finalement, Jill lui attrapa sa clope, la fuma presque jusque la fin avant de lui rendre de quoi fumer à peine deux bouffées, avant de sortir de son sac un joint. « Ca c'est mieux. » Ezra leva les yeux au ciel, indiquant en secouant la tête de gauche à droite rapidement, qu’il ne la suivrait pas sur ce chemin là. « Si Matt arrive, tu te démerdes je te couvre pas pour ça. » Pas en pleine journée, pas sur la terrasse de leurs parents. Avec quelques verres dans le cornet, il était un allier de taille pour Jill envers Matt, mais sobre ce n’était pas la même histoire. Matt était un brin plus pointilleux avec ses soeurs, lorsqu’il était lui-même sobre. Même si c’était Jill et non Ginny, Ezra tenait à ses yeux en place dans ses orbites. Mais apparemment, ce n’était pas le cas de Jillian, car elle n’arrêtait pas de tourner autour du pot, de garder le couteau au bord de la plaie, d’en faire des tonnes pour pas grand chose. Ezra plissa les yeux, fronçait les sourcils, attendait de voir où elle désirait en venir. Ca ne les amènerait pas quelque-part de rassurant, ça c’était pour sur. « Non pas par rapport à Matt. » Il haussa un sourcil inquisiteur, regardant la demoiselle venir tirer sur son joint. Quelle dramatique, Jill, accouche. « A propos de la dernière McGrath » Le second sourcil vint se hausser à la hauteur du premier, alors que son cerveau restait dans le déni. Son coeur, lui, avait parfaitement compris qu’il était à deux doigts de la catastrophe car il avait déjà commencé à s’emballer. « Tu sais celle qui fait des dizaines de portraits de toi dans son carnet de dessin tous les jours. » Il vint s’étouffer en tirant une dernière bouffée de nicotine sur sa clope, à deux doigts de se retrouver avec les yeux exorbités. Rapidement, tel un petit lapin cherchant la fuite devant le prédateur, ses yeux vinrent faire le tour de la terrasse pour être sûr que personne, personne - Matt en somme -, n’ait pu entendre les dires de la jeune femme. Venant écraser sa clope sur le bord du muret - clope qu’il ramasserait après pour ne pas se faire tuer par les parents McGrath -, il vint se mettre debout, attrapant Jill par les épaules. « Quoi ?! » Oh, s’il ne comprenait pas jusque maintenant, il n’avait fallu qu’une seul tour à peine complet à son sang pour analyser la situation et comprendre à quel point il était en mauvaise posture. « Répète moi ça, Jillian. » Là, le Jillian n’était pas là pour l’énerver mais parce-qu’il était lui-même en train de bouillir à l’intérieur. Si elle avait vu le carnets de Ginny, si elle avait vu la façon dont la cadette McGrath dessinait son visage à tout va dans ces amas de papiers, s’en était fini. Cela voulait dire qu’elle savait, et le savoir par autrui dans cette situation n’était pas censé arriver. Pas tant qu’ils ne l’auraient pas décidé. « T’en sais quoi ? » Il avait perdu tout calme, toute sérénité et ton amical dans sa voix.

Spoiler:

Elle parle Jill, elle profite encore de ce moment où il ne se passe rien de différent de d'habitude. Elle parle avec Ezra qui se méfie, parce qu'il se méfie toujours d'elle. Elle cherche Matt, elle veut s'assurer qu'il n'est pas aux alentours, elle veut parler avec Ezra en priorité, elle a besoin de savoir ce qu'il en est. Si il parle de Ginny comme elle elle parle de lui, ou si il fait juste partie de tous les gars sans intérêt qui finiront par lui briser le cœur. Une peine de cœur ça forge non ? Et si elle se rend compte qu'il n'est pas bon pour la mini McGrath, elle les détruira sans aucun regret. « Je peux pas me souvenir de tout ce que tu dis Ez. » Non elle ne se souvenait plus qu'il ne suivait pas les cours de Matt, pour elle ils sont toujours collés ensemble. Ça continue de l'étonner qu'ils n'aient pas suivi les même études pour se retrouver dans la même fac pour évoluer comme le vieux couple qu'ils sont. « Si t'assumais pas de bosser en lendemain de cuite tu travaillerais jamais. » Parce qu'ils étaient très, très (…) très souvent en lendemain de cuite. « C'est pour ça qu'il m'a dit de repasser par ici aussi. » Et tout s'explique. « Un jour il arrivera peut-être à utiliser son cerveau vas savoir. » Peut-être qu'un jour un miracle aura lieu. « Je gère. » Et elle n'a pas besoin qu'il la couvre pour un joint. Mais bientôt c'est lui qui aura besoin qu'elle le couvre pour quelque chose de bien plus grave, et bien plus important que quelques grammes de beuh.

Et l'info tombe alors qu'elle ne lâche pas les yeux d'Ezra, mais lui il l'évite. Il panique pendant que Jill jubile de son côté, attendant qu'il ait quelque chose à dire. « Tu m'as très bien entendu. » Et elle continue de tirer sur son joint qu'elle a bientôt fini. Il sait de quoi elle parle, il sait qu'elle sait quelque chose qu'elle n'aurait jamais dû savoir. Mais il valait mieux que ce soit Jill plutôt que Matt non ? Elle se lève en enlevant les mains du jeune homme de ses épaules. Elle se retrouve proche de son visage et elle sourit encore un peu plus. « Ecoute bien. » Elle va lâcher son joint, elle va parler lentement et pas trop fort. « Je... sais... tout » Parce que Ginny ne sait pas tenir sa langue quand elle panique et quand elle cherche à se justifier, quand elle a cherché à supplier Jill de ne rien dire.  

@Ezra Beauregard

(novembre 2008)
« Un jour il arrivera peut-être à utiliser son cerveau vas savoir. » Petit rire incontrôlé lorsqu’il entendit la jeune femme venir se moquer de son frère. C’était la base de quasiment cinquante pour-centre de sa communication avec Matt, ça, se foutre de lui. Mais l’autre partie de la communication qu’il avait avec lui n’incluait pas de sauver la peau de Jill h24 et donc, s’il débarquait à ce moment là et qu’il était dans un mauvais jour, une mauvaise heure, il ne pourrait garantir qu’elle s’en sorte indemne avec un joint dans la main. «  Je gère. » Il haussa les épaules - elle était assez grand pour savoir ce qu’elle faisait. Ou penser savoir, car la suite des événements montraient finalement parfaitement le côté de la personnalité qu’Ezra redoutait le plus chez Jill. Elle savait manipuler, tourner tout à sa faveur, mettre les gens dans sa poche. Il le voyait de loin sur des inconnus en soirée, il le voyait de près sur Matt et Ginny à longueur de temps - surtout sur la dernière McGrath qui ne savait réchapper des griffes de sa soeur. Ca peinait Ezra, de voir ça. Il avait des relations totalement différentes avec ses frères et soeur, et aucune d’elle n’incluait de terroriser ses semblables. De façon général même, il ne se trouvait que dans très peu de situation où il devait venir à terroriser quelqu’un pour être sûr que tout fonctionne à merveilles, voire à être lui même terrorisé par le comportement d’une personne. Ce n’était son mode de fonctionnement, sa façon d’envisager sereinement les choses - et pourtant, présentement, il était à la fois terrorisé par Jillian tout en tentant de s’imposer à elle pour ne pas laisser transparaitre la première option. « Tu m'as très bien entendu. » Il voulait ne rien avoir entendu du tout, surtout. Son coeur battait à mille à l’heure, son regard ne semblait plus savoir se fixer sur le moindre point, ses mains se serraient davantage autour des épaules de la jeune femme alors que les secondes s’écoulaient. Jill prenait son temps, jouait la comédienne, prenait une pause qui n’avait pour effet que de pousser davantage Ezra à la crise cardiaque. Il se devait d’avoir mal entendu. Elle finit par se débarrasser de son emprise, par reprendre pleinement son espace personnel, et par venir envahir celui d’Ezra. Il n’avait jamais eu sa belle-soeur si proche de son propre visage - étrange, considéré qu’elle devait être la seule McGrath qu’il n’avait pas du embrasser, sobre ou éméché. « Ecoute bien. » On ne peut plus, il écoutait. « Je... sais... tout » Les mâchoires d’Ezra étaient à deux doigts de lui faire perdre quelque dents, tellement la pression exercée sur ces dernières était intense. Il allait péter une durite, c’était sur. Le pire - le presque pire, Matthew était le pire - était en train de se produire. Si jusque maintenant, ils avaient vécu leur relation dans l’innocence et l’amour, Ginny et lui étaient menacés d’extinction présentement, il le savait. « Tu sais quoi, Jillian ? » Il se devait de ne pas céder complètement à la panique, de garder une parcelle de calme en lui, et de s’assurer des informations que possédait la McGrath. Une partie de ses pensées encore claires lui reparlant qu’elle était capable de prêcher le faux pour savoir le vrai. Elle savait manipuler, Ezra.

Spoiler:

« Tu sais quoi, Jillian ? » et mon monde qui s'arrête, d'un coup d'un seul.

J'étais certaine d'avoir entendu la voix de Jill sur la terrasse, en arrivant à la maison. Elle devait parler au téléphone avec Scarlett, elle devait être encore et toujours en grande conversation à refaire le monde une seconde et à le maudire celle qui suit, et pourtant j'avais fait attention, en filant à la cuisine. Les fenêtres grandes ouvertes qui laissent voguer ses mots que je n'écoute qu'en sourdine, occupée à lancer la machine à café, à m'en faire une tasse du haut de mes intentions honorables de laisser la carafe pleine pour qui que ce soit en voudrait ensuite.

Qui que ce soit, comme ma soeur, une fois qu'elle reviendra à l'intérieur.
Qui que ce soit comme Ezra, lui qui semble être avec elle, lui qui panique aussi, à entendre sa voix que j'aurais reconnue entre mille, justement pour ça.

Mes pas se sont précipités sur la terrasse à la seconde où je l'ai entendu la questionner, mes yeux horrifiés de tomber sur un autre joueur au compteur en la personne de Matt qui aurait très bien pu être avec eux, être dans leur périmètre, être à la maison sans qu'ils ne le sachent ou pire sans que je ne le sache moi-même. Mais ils sont seuls, à deux, et mes pas esquivent le mégot de cigarette au sol pour se précipiter entre eux l'instant éphémère qui suit. Mon coeur se serre, bien plus de voir l'air qu'arbore Ezra que celui qu'étrenne ma soeur - soeur à qui je tourne le dos le temps de plonger mes prunelles dans celles du Beauregard aussi longtemps qu'il le faudra.  

« Elle sait tout. » ça compte pour un "elle a tout découvert", ça compte pour un "elle était au mauvais endroit au mauvais moment", ça compte pour un "je suis désolée d'avoir été faible au point de ne pas avoir réussi à lui mentir", ça compte pour un "j'ai espéré qu'au fil des quelques et brefs jours qu'elle a cumulés à savoir, elle se fasse une raison et nous laisse tranquilles". Ça compte pour tout ça, mais ça compte aussi pour d'éternelles excuses que mes iris voilés lui répéteront pour des heures, pour des semaines à venir.

Ma silhouette ne se détourne qu'une longue poignée de minutes plus tard, quand des yeux de l'homme que j'aime je passe à ceux de celle qui pourrait nous détruire en un claquement de doigt si elle le décidait. « Et elle ne dira rien. » me prouve pas que j'ai eu tort de te faire confiance à ce point une fois dans ma vie, Jill.

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Il en fait des manières Ezra, et Jill aime laisser du temps entre ses mots. Capter le regard du brun au bon moment quand il est en train de paniquer. Il vérifie que personne ne les entend et elle rit Jill. Il tente de l'impressionner, certainement parce qu'il a peur. Mais il le sait pourtant qu'il ne devrait pas la jouer comme ça avec Jill. Parce que sa réaction lui donne juste envie de jouer encore un peu plus fort, un peu plus longtemps. Il réfléchit longtemps, bien trop longtemps et elle lève les yeux au ciel. Et elle pourrait lui dire Jill, que c'est pas dans ses projets de parler de tout ce qu'elle sait. Elle n'a pas envie de plus de drame dans sa famille, et elle sait que révéler ce secret détruirait bien plus que seulement sa petite sœur.

En parlant du loup, elle débarque et elle fixe son petit ami. Ça lui fait encore tout drôle de les imaginer ensemble tous les deux. Jill sait tout, et Ginny passe de très longues minutes à le regarder dans le blanc des yeux. À tenter la télépathie pour s'excuser très certainement quand Jill elle ne bouge pas mais en profite pour se rallumer un joint. Oui elle en est déjà à 2 et alors ? Elle attend, c'est long, mais elle reste debout derrière sa sœur. Jusqu'à ce qu'elle se tourne. Et qu'elle emploie un ton qu'elle n'aime pas du tout. Vraiment pas. Jill s'assoie sur le muret derrière elle en fixant sa sœur dans les yeux. Elle aussi elle est terrifiée, personne ne lui fait confiance et qui ça étonne ? « Remballes ton ton autoritaire McGrath. » Elle ne baisse pas les yeux, si Ginny décide de jouer au défi du regard elle sait qu'elle va perdre. « Je comptais pas parler mais si tu continues comme ça je peux très bien changer d'avis. » Elle pourrait être élue la pire grande sœur de tous les temps.  

(novembre 2008)
Il allait l’égorger, là, dans l’instant qui allait suivre. Il promettait que si elle ne se mettait pas plus rapidement à parler et à lui expliquer clairement ce qu’elle savait sur un tel sujet, il allait l’égorger. A dire vrai, peut-être que ça passerait mieux auprès de Matt, ça. J’ai tué ta soeur plutôt que j’aime ta soeur - changement de sujet en cours de route, l’avantage d’avoir plusieurs soeurs. Peut-être qu’il l’accepterait parce-qu’il pouvait savoir également lui-aussi à quel point Jillian était une professionnelle pour taper sur le système de quelqu’un rapidement. Elle lui tapait sur le système à Ezra, et il était à deux doigts de totalement péter un boulon. Il tentait de faire en sorte qu’elle voit sa vie défiler devant ses yeux - et l’évidence claire était que c’était le contraire qui se déroulait. Ezra le savait, il le sentait, cette histoire pouvoir vite se terminer en j’aime ta soeur mais ta soeur m’a tué - toujours en appliquant un changement de sujet. Il semblait cependant que l’ange gardien de Jill avait décidé de se manifester sous la forme de Ginny ce jour là. Bien sûr que les prunelles d’Ezra avaient directement capté la demoiselle, qui avançait vite, qui avançait de peur. Elle vint se glisser entre eux, s’interposer dans un combat qui était tout autant le sien. Si Jillian était venue vers Ezra aujourd’hui, c’était évidemment parce-qu’elle avait déjà joué son numéro auprès de Ginny. Elle avait déjà eu une répétition, un coup d’avance. « Elle sait tout. » Elle sait tout et les yeux d’Ezra qui vinrent glisser d’une McGrath à l’autre, de la grande à la petite. Il s’y perdit un instant, dans ceux de Ginny, parce-qu’il désirait y lire, y comprendre ce qu’elle voulait dire par tout. C’était un grand mot, un concept qui en venait à tout et ne rien dire pour l’instant. Elle sait tout - mais pourquoi le savait-elle, le tout, au juste ? Une poignée de personnes étaient au courant, certes, de ce tout. Jenna, quelques autres amis à Ezra, ceux de Ginny à l’académie, et la famille d’Ezra - mais en ces derniers il vouait une confiance absolue et aveugle. Il savait que Ginny ne pouvait en dire autant de sa soeur, alors qu’elle était également sa famille - mais c’était là tout le compliqué et le complexe de cette histoire. Elle sait tout et la peur vint envahir Ezra un instant, une fois de plus, alors qu’il commençait à être d’autant plus à l’aise avec toute cette histoire. Ses mâchoires étaient serrées, les yeux de Ginny étaient doux. Elle sait tout mais il le lisait dans ses yeux qu’elle était sûre d’elle, de Jill et de tout ce qui pourrait potentiellement en découler. Jill, vers qui elle se tournait désormais, alors que la main d’Ezra vint chercher la sienne, vint la presser doucement dans sa paume, vint s’assurer qu’ils étaient bien ensemble dans cette histoire. « Et elle ne dira rien. » La confiance était de mise, et on ne peut plus important dans cette histoire. Si elle ne faisait rien que la moindre allusion à un diner de famille, et Ezra n’avait plus qu’à disparaitre pour ne pas être découvert par Matt - il le tuerait, littéralement, c’en était sur. Et alors que quatre yeux étaient rivés sur elle et que toute l’attention lui était dévouée, alors qu’elle était le centre d’une conversation d’une importance particulière et que ça aurait du lui plaire plutôt deux fois qu’une, Jillian vint de nouveau s’asseoir sur le muret, vint tirer un nouveau joint, faire comme si c’était la conversation la plus chill de toute sa vie. « Remballes ton ton autoritaire McGrath. » Oh, qu’il vint serrer d’autant plus les mâchoires et broyer la main de Ginny pour être sûre de ne pas dérailler. « Je comptais pas parler mais si tu continues comme ça je peux très bien changer d'avis. » Un soupire, à la fois railleur et moquer, à la fois las et déchu, s’échappa des lèvres d’Ezra. Oh, il avait eu tant raison de savoir que Jill ne venait pas là rien que pour discuter avec le meilleur ami de son frère. Elle était là pour discuter avec le petit-ami de sa soeur et ce dernier, regroupant les deux rôles, n’en était pas plus ravi. « Tu peux pas en parler, Jill. » Etrangement, sa voix était calme et posée, comme s’il savait ce qu’il s’apprêtait à faire. Manger dans sa main n’était jamais une bonne idée, mais dans le cas présent c’était ce qui pourrait leur apporter rien que le meilleur. Affronter Jillian McGrath était, en tout temps, peine perdue. En faire d’elle son allier, ça pouvait se négocier. « Tu sais très bien ce que ça ferait si t’en parlais. » Le malheur de ton frère, le désespoir de ta soeur, pour juste ton moment de bonheur ?

Spoiler:

« Remballes ton ton autoritaire McGrath. » j'ignore si ce sont mes doigts ou ceux d'Ezra qui se resserrent autant les uns sur les autres. J'en entendrais nos jointures craquer, j'en entendrais nos coeurs débattre aussi, tellement la scène a tout pour flirter avec les pires scénarios possible - si justement, ce que j'entendais, ce n'était pas seulement la voix de ma soeur. Elle menace et elle a toutes les cartes, et j'essaie de comprendre, j'essaie tellement de comprendre pourquoi que j'en viens à rester silencieuse, à l'observer, la scruter de toutes mes forces. « Je comptais pas parler mais si tu continues comme ça je peux très bien changer d'avis. » qu'est-ce qu'elle y gagnerait? Pourquoi est-ce qu'elle bousillerait tout, pour son simple plaisir? Pour se dire qu'elle a gagné quand elle n'était même pas en compétition avec qui que ce soit? Mon coeur se serre à la simple hypothèse qu'elle ait de mauvaises intentions à ce point-là. « Tu peux pas en parler, Jill. »

À la voix d'Ezra s'ajoute le plus silencieux comme le plus rassuré des soupirs de ma part. Sans même que je ne le réalise, mon pouce se dédie à tracer des lignes imaginaires sur le revers de sa main, éternelle habitude qui arrive toujours à nous ancrer à ici, à maintenant. « Tu sais très bien ce que ça ferait si t’en parlais. » il marque un point, il l'amène si calmement que pendant une fraction de seconde, j'y crois. Que pendant l'espace d'un bref instant, je me dis que ma soeur comprendra. « J'ai confiance en toi Jill. Je te jure que j'ai confiance. » ma voix finit par reprendre le relais, non sans avoir dédié un dernier coup d'oeil à Ezra avant de rattraper insitinctivement le regard de ma soeur au vol.

« Ça ferait plus de mal à qui que ce soit si c'est toi qui en parle. Laisse-nous le faire. » qu'elle ne soit pas mêlée à ça, qu'elle ne bousille pas sa relation avec Matt en plus de faire éclater la nôtre si elle parle. Qu'elle me laisse être entièrement responsable de la suite.

Elle se retrouve face aux deux autres Jill. Elle les voit leurs mains enlacées, comme si ils ne savaient pas que cette histoire était vouée à l'échec. Pourquoi ils se blessaient comme ça, pourquoi ils cherchaient à se briser en se berçant d'illusions ? Elle ne peut pas comprendre ça, elle n'aime pas vraiment les mensonges Jill. Certains diront que c'est un de ses défauts mais elle est honnête aussi souvent qu'elle le peut. Et elle déteste l'idée de devoir mentir à Matt. Elle aurait pu mieux cacher ce foutu carnet Ginny, elle aurait dû. Parce que maintenant Jill se retrouve prise entre les deux, entre sa sœur et son frère. Elle est lâche Ginny, et elle ne parlera sûrement jamais de ça à Matt si elle n'y est pas forcée. Pathétique. 

Elle la regarde dans les yeux comme si son regard pouvait avoir un quelconque impact sur l'avis et la décision de Jill. "c'est à moi que tu veux faire la morale Ez ? Ca fait quoi de coucher avec la petite sœur de ton meilleur ami dans son dos ?"  elle ne fixe plus sa cadette, elle ne regarde que le blond qui semble vraiment sûr de lui. "je me fiche que tu me fasses confiance Gin, t'as intérêt de lui dire si tu veux pas que tes histoires détruisent toutes les personnes autour de toi." parce qu'aujourd'hui Jill devient complice, elle sait et elle se tait. Et quand Matt saura ça, il se sentira trahit par chacun des membres de la fratrie. "Quand Ginny ? Ca dure depuis longtemps tous ces mensonges ?" Jill secoue la tête et se lève pour marcher dans le jardin. Matt pourrait arriver d'une minute à l'autre et ils continuent de s'accrocher l'un à l'autre comme si leurs vies en dépendaient. Foutue amour de jeunesse qui finira par avoir leur peau à tous les deux. Tu sais pas dans quoi tu t'embarques Ginny, tu ne sais pas dans quoi tu es en train de tous les faire sombrer. 

(novembre 2008)
Il tentait de faire au mieux. De maitriser sa voix, de maitriser ses pseudo-envies de meurtre aussi - celles là, il les contenait en se rassurant de la place de la main de Ginny dans la sienne. Même si ça les mettait en danger, même si le loup pouvait entrer dans la bergerie à tout moment. Il se devait de la sentir auprès de lui pour être complet, pour être bien, pour être calme. Parce-que désormais, la bombe n’était même plus entre leurs mains. Si jusque maintenant, ils avaient tout maitrisé avec une contenance déconcertante, ils n’avaient plus la bombe entre les mains, Ginny et Ezra. Ils avaient le détonateur à distance, mais si la bombe décidait d’aller de son propre programme et de sauter sans les prévenir, le détonateur ne leur servirait plus à grand chose. Jillian avait la bombe. Jillian était la bombe. « J'ai confiance en toi Jill. Je te jure que j'ai confiance. » Leur relation était compliquée, et c’était là le point faible de cette histoire. Leurs relations, au pluriel, étaient compliquées pour les McGrath. La confiance n’était pas facilement acquise, et très vite fragile. « Ça ferait plus de mal à qui que ce soit si c'est toi qui en parle. Laisse-nous le faire. » Les yeux d’Ezra qui allaient et venaient d’une soeur à l’autre, d’une salle à la deuxième, d’une ambiance à la seconde. Jill allait craquer, il n’y avait pas d’autres options. C’était dans sa nature, elle ne saurait tenir en place bien longtemps. Ginny était plus réservée, à tenter de calmer la tempête. Elle y mettait tout son coeur - et pourtant, Ezra avait le pressentiment que c’était couru d’avance. Oh,  il voulait lui faire confiance de la façon dont Ginny lui faisait confiance. Elle était aveuglée d’amour pour sa soeur. Il avait appris à toujours se méfier de l’eau qui dormait, surtout si elle portait le nom de Jill McGrath. « C'est à moi que tu veux faire la morale Ez ? Ca fait quoi de coucher avec la petite sœur de ton meilleur ami dans son dos ? » Parfait exemple pour illustrer ses dernières pensées. Il vint tirer ses lèvres en un trait si fin qu’elles semblaient y disparaître, il vint serrer un peu plus la main de Ginny dans la sienne pour s’assurer qu’elle était toujours à ses côtés. Oh, qu’il avait envie de jouer de la répartie. De celle qu’il aurait eu si Ginny n’avait pas été là, et si ça n’avait pas été Jill devant lui. Parce-que cette combinaison de participants n’était pas la bonne pour avoir ce type de langage. Matt aurait été un bon spectateur, cependant - il aurait pour sûr ri comme l’idiot qu’il était. « Je te fais pas la morale, Jill. J’essaie juste de te faire compr… » « Je me fiche que tu me fasses confiance Gin, t'as intérêt de lui dire si tu veux pas que tes histoires détruisent toutes les personnes autour de toi. » Elle ne l’écoutait déjà plus, elle était ailleurs. Il vint serrer le poing, serrer les mâchoires. Ses mots étaient plutôt justes, et venaient bien souligner tout le problème de cette situation. Alors pourquoi refusait-elle d’entendre ce qu’ils avaient à dire ? « Quand Ginny ? Ca dure depuis longtemps tous ces mensonges ? » Elle n’avait pas la réponse qu’elle se levait déjà, marchant quelques pas, à quelques mètres. Ezra soupira. C’était exactement le genre de scène à laquelle il n’était pas spécialement friand de participer lorsque c’était cette soeur McGrath là qui menait la conversation. « Quelques mois, Jill, au plus. » Et ce qui avait semblé être toute une vie, une nouvelle vie. Il savait parfaitement qu’elle adressait la question à sa cadette, mais Ezra ne saurait de pas entrer en jeu, le banc de touche abandonné depuis quelques temps désormais. « Et si tu sais les conséquences que ça peut avoir, pourquoi t’irais en parler de toutes façons, Jill ? » Il vint se frotter les yeux d’une main, jetant un regard vers Ginny - de ceux qui demandaient d’y accorder une confiance infinie -, avant de se détacher d’elle. La main de Ginny qui vint reprendre place le long de son corps, alors qu’Ezra venait faire les quelques pas qui le séparait de Jillian. Il vint ensuite la prendre doucement par les épaules, pour la forcer à le regarder droit dans les yeux. Ses prunelles criaient les mots qu’il s’apprêtait à prononcer. « S’il te plait, Jillian. Tu sais à quel point je tiens à Matt, et à quel point si j’avais pu je lui aurais déjà dit. Juste, s’il te plait. » Il n’implorait pas, il faisait là un acte de foi. Elle en était capable, il manquait juste un peu de confiance dans toute cette histoire. « Il finira par être au courant, ok ? Juste, ne fais pas quelque-chose qui pourrait gâcher l’histoire alors qu’on pourrait lui dire quand ce sera le bon moment. » Ce dernier étant, il fallait l’avouer, de plus en plus dur à déterminer au fil du temps qui passait

Spoiler:

« C'est à moi que tu veux faire la morale Ez ? Ca fait quoi de coucher avec la petite sœur de ton meilleur ami dans son dos ? »
« Je te fais pas la morale, Jill. J’essaie juste de te faire compr… »
« Je me fiche que tu me fasses confiance Gin, t'as intérêt de lui dire si tu veux pas que tes histoires détruisent toutes les personnes autour de toi. »
« Arrêtez. » et elle est épuisée, ma voix. Mon corps entier qui l'est aussi, ma tête qui fait des allers et des retours entre eux deux, qui tente de comprendre, qui tente d'assimiler à quel point j'ai tout, mais alors tout brisé. J'y arrive pas, j'y arrive plus, j'y arrivais à peine déjà et voilà que mon coeur martèle mes tempes et que peu importe les manoeuvres dont fait preuve Ezra en caressant le revers de ma paume de son pouce, y'a rien à faire. Je sais que la sentence est donnée, je sais qu'elle est lancée. C'est trop tard, c'est cruellement trop tard.

« Quand Ginny ? Ca dure depuis longtemps tous ces mensonges ? »
« Quelques mois, Jill, au plus. » mais les voilà qui recommencent, qui se toisent. C'est à qui arrivera à avoir le dernier mot d'une conversation le plus vite quand justement, rien n'arrivera à clore quoi que ce soit pas même les mots, et encore moins les menaces. Le mal est fait, il est fait encore plus lorsque mes prunelles s'égarent un temps sur le profil tendu d'Ezra, sur celui aussi hilare qu'inquiet de Jill. C'est ma faute, tout est entièrement et complètement ma faute.
« Et si tu sais les conséquences que ça peut avoir, pourquoi t’irais en parler de toutes façons, Jill ? »
« S'il-vous-plaît. »

J'implore, et il supplie, lui aussi. « S’il te plait, Jillian. Tu sais à quel point je tiens à Matt, et à quel point si j’avais pu je lui aurais déjà dit. Juste, s’il te plait. » si j'avais pu qui résonne, qui fait si mal, qui me brise le coeur. C'est à cause de moi, ça aussi. Si Matt ne sait pas, si Ezra ne lui a pas dit, c'est encore et toujours moi qui est en tort. La pauvre petite chose fragile qu'elle personnifie Ginny, à empêcher l'univers entier de tourner correctement parce qu'elle est terrifiée, qu'elle le sera pour l'éternité. « Il finira par être au courant, ok ? Juste, ne fais pas quelque-chose qui pourrait gâcher l’histoire alors qu’on pourrait lui dire quand ce sera le bon moment. »

« Le bon moment de quoi? » évidemment qu'il arrive Matt. Évidemment que lui et son sourire de winner débarquent dans le jardin, ma main qui à la seconde où j'ai entendu des branches craquer dans l'angle s'est détachée de celle du Beauregard comme si une décharge électrique m'avait brûlé les doigts.

Je suis à un bon mètre déjà d'Ezra quand il arrive près de nous mon aîné, quand il pique le joint de Jill pour en prendre une longue bouffée, le planter caché dans le pot à fleurs à portée la seconde d'après. « On part ou on reste ici? » il presse Matt, il se moque, il embrasse mon front, il claque une fesse d'Ezra et il ébouriffe les cheveux de Jill aussi. Il est partout et nulle part Matt, et il encourage apparemment leur départ. S'il savait.

Jill qui parle et Ginny qui se plaint en leur demandant d’arrêter. D’arrêter quoi au juste ? De poser des questions ? De se demander combien de temps ils allaient encore mentir à son frère ? Parce qu’elle ne compte pas s’arrêter là Jill. C’est bien trop d’informations d’un coup, bien trop de risques. Et, d’habitude, ce n’est pas Ginny qui prend les risques. Et elle aurait préféré avoir à tout affronter elle même Jill, parce que Ginny n’a pas les épaules pour garder de tels secrets sans se briser chaque secondes au passage. Elle l’a retrouvé en pleur il y a quelques heures déjà, mais elle reste, elle continue. Pourquoi se faire du mal constamment comme ça alors qu’elle est encore jeune et que beaucoup de choses l’attendent certainement. C’est pas comme si Ezra était le seul mec sur cette planète. Pourquoi le meilleur ami de Matt ? Ca, c’est une question qui restera sans réponse jusqu’à la fin des temps.

“Tu le sais Ez, que plus t’attends plus il le prendra mal.” Il pourrait tout perdre en une seule seconde si il continue comme ça, si il suit Ginny dans sa fuite de la réalité et du monde qui l’entoure. Elle fronce les sourcils en écoutant Ezra et s’apprête à répondre quand Ginny se met à supplier une nouvelle fois. “Arrête de toujours supplier Ginny. Je vais pas arrêter de poser des questions.” Et elle ne regarde pas plus sa petite soeur qui reste accrochée à Ezra quoi qu’il arrive. “C’est quoi le bon moment ? Plus vous attendez, plus c’est difficile, plus vous avez de choses à perdre.” Elle souffle, elle essaie vraiment de les convaincre de mettre fin à tous ces mensonges. Mais ils ont l’air aussi aveuglé l’un que l’autre.

Et Matt débarque derrière eux et Jill soupire en levant les yeux au ciel. Toujours là au mauvais moment celui là. Il pouvait pas attendre quelques minutes encore avant de débarquer avec son sourire de conquérant. “Le bon moment de se barrer sans toi parce que t’as été assez con pour t’endormir en cours.” Elle se tourne vers son frère non sans un dernier regard noir à Ezra. Le mensonge est une seconde nature chez Jill, et elle arriverait à duper n'importe qui, même Matt. Il attrape le joint de Jill et elle lève un sourcil. “C’est pas toi qui a payé ce qu’il y a dedans alors t’as pas intérêt de le finir.” Elle lui laisse une, peut-être deux bouffées avant de le reprendre entre ses lèvres. “J’en sais rien, quelque chose de prévu.” Elle se tait mais elle se tourne vers le couple de menteurs qui se tient derrière elle, bien moins proche que quelques minutes auparavant.

(novembre 2008)
Les seuls mots que Ginny était à même de prononcer n’étaient que supplications pour sa soeur, démonstrations de son coeur qui flanchait dangereusement entre sa famille et Ezra, encore présent à ses côtés. Ce dernier n’en menait pas forcément plus large, mais il tentait de garder une expression qui se voulait déterminée. Car il l’était, déterminé. A faire en sorte que tout ça fonctionne, qu’il puisse être aux côtés de Ginny des années encore durant. Il n’avait cependant pas prévu d’inclure l’élément Jill dans cette équation si tôt. C’était trop dangereux, la demoiselle étant la personnalisation parfaite de la bombe à retardement. Elle pouvait tout aussi bien garder ces nouvelles informations pour elle, comme les donner à Matt à la première occasion qui se présenterait. Ezra n’en avait que faire qu’elle sache pour Ginny et lui, il ne portait pas la moindre attention au fait que Jill soit au courant. Ce de quoi il avait peur, c’étaient les conséquences de cette nouvelle variable ajoutée. Sa confiance en Jill était trop fragile, qu’importe ce que Ginny pourrait venir en dire, pour que ce soit une variable à laisser de côté. Alors, bien sûr qu’il s’avançait déjà vers elle avant même qu’elle ne daigne dire quoi que ce soit d’autre. Il n’était pas prêt à la laisser partir, à la laisser filer, se dérober à lui alors que la conversation n’était clairement pas terminée. Ses yeux qui accrochaient les siens, suppliant autant silencieusement que ses mots le faisaient à voix-haute d’être de leur côté. A Ginny et lui. De laisser Matt seul dans son camp, sans avantage de pouvoir jouer la balle en premier. C’était osé de sa part, lui qui n’avait aucune voix légitime dans cette famille. C’était osé que de venir demander à celle qui, sans le savoir, était considérée par ses soins comme sa belle-soeur de choisir de placer sa confiance en un homme qu’elle ne connaissait finalement que trop peu en comparaison de son propre frère. Les mains sur es épaules, son attention focalisée sur la demoiselle, son coeur qui battait probablement en coeur avec la plus jeune des deux McGrath présentes cependant. « Tu le sais Ez, que plus t’attends plus il le prendra mal. » Ses mâchoires vinrent se serrer davantage. Il lui aurait bien répliqué qu’il n’était pas nécessaire de pointer l’évidence, de mettre un nouveau projecteur sur ce qui sautait aux yeux. « Mais plus j’attends et plus je peux lui montrer que c’est pas pour se jouer de sa soeur, aussi. » Si la situation n’avait pas été aussi délicate, si dès le début ça n’avait pas été Ginny, il lui aurait déjà tout dit à Matt. Ils auraient même pu en parler des soirées durant, toujours une bière à la main pour prétendre être de vrais dudes jusqu’au bout même en parlant sérieusement des femmes de leur vie. « S’il vous plait. » Il n’aurait ni le temps, ni le loisir de répondre à Ginny, Ezra. Son attention était pour une fois trop reportée sur l’autre McGrath, celle qui ne s’empêchait pas de son côté de répliquer à sa petite soeur - parce-qu’une partie de Jillian était née pour mettre les pieds dans le plan des événements de sa famille qui ne la regardaient pas. « Arrête de toujours supplier Ginny. Je vais pas arrêter de poser des questions. » Oh, il ne s’attendait pas moins de sa part à elle, Ezra. Les bras du jeune homme vinrent retomber le long de son corps, comprenant que le coche avait été loupé. Jill n’était plus ici pour discuter, pour arranger, pour négocier. Elle avait déjà son idée toute tracée dans sa tête et seul le temps peut-être pourrait lui prouver que les choses n’étaient pas si mauvaises qu’elles en avaient l’air. Les paroles, aujourd’hui, qu’elles ne viennent de la part de Ginny ou d’Ezra, n’auraient nul poids ou valeur à ses yeux. Il vint soupirer deux fois d’affilé, faisant deux pas en arrière. Mi-chemin parfait entre les deux soeurs, entre ce futur qu’il désirait et celui qui s’ébranlait. Ou qui semblait tomber en ruines, jusqu’à temps que la meilleure des surprises ne se pointe. « Le bon moment de quoi? » Le sang d’Ezra ne vint faire qu’un tour, se glaçant parfaitement dans ses veines l’instant d’après. Merde, merde, merde. Dans toute cette histoire, ils avaient beau parler du principal intéressé qu’il avait oublié qu’il devait, à vrai dire, se pointer à tout moment. Matt était là, Matt se déplaçait entre eux, et pourtant Matt ne semblait pas voir la supercherie évidente sous ses yeux. Il vint attraper du bout des droits le joint de Jill, passant de ce fait aux côtés d’Ezra - qui n’osait plus bouger d’un pouce, qui en venait même à avoir du mal à respirer. Et pourtant, là plus que jamais, il avait besoin de réagir. D’un instant, d’une seconde même à l’autre, Jill parlerait à sa place et elle pouvait venir dire ce que bon lui semblait. Surtout ce que mal pouvait advenir, plutôt que le meilleur au final dans cette affaire. Mais il ne fut pas assez rapide, Ezra. La peur le paralysant comme le pire des idiots qu’il était devenu. « Le bon moment de se barrer sans toi parce que t’as été assez con pour t’endormir en cours. » Un instant de plus lui fut nécessaire pour réaliser pleinement ce qu’il venait de se passer. Son nez était toujours correctement placé au milieu de son visage, Matt portait son sourire de vainqueur toujours haut sur ses lèvres et Jillian ne manqua pas de lui lancer un nouveau regard noir. Pas une regard de vengeance, pas un regard fier - il était juste noir, un brin tueur sur les bords peut-être. Alors, il vint analyser les mots qu’elle venait de prononcer. Un mensonge - un mensonge. Elle n’avait pas hésité un instant, et contre toutes attentes et à l’encontre de toutes les paroles qu’elle avait pu prononcer jusque maintenant, elle venait de mentir en plein visage de Matthew. Le coeur d’Ezra loupa un battement, d’abord, avant de repartir de plus belle. Il encaisserait les regards noirs de Jill et les sous-entendus, il n’en avait que faire. Tant que Matt gardait son sourire et son regard innocent de son côté, il encaisserait ce qu’elle voudrait. Alors, il soupira - de soulagement. « On part ou on reste ici? » La claque sur les fesses qu’il vint recevoir de la part de son meilleur ami, déjà pressé de repartir d’ici et dont les pas raisonnaient déjà presque dans son dos, vint lui tirer une moue mi-stressée, mi-soulagée. Au moins, pour ce soir, les choses resteraient stables. Ils verraient demain les restes du contrat et les petites lignes que sous-entendait l’implication de Jill dans cette affaire. Cette dernière finit également par rejoindre son frère, quelques mètres en arrière d’Ezra, qui se retenait de courir prendre Ginny dans ses bras. Son coeur le demandait tellement, pourtant - il voulait lui montrer que tout irait bien et qu’ils pouvaient au moins souffler pour le moment. Ils n’auraient pas à se cacher indéfiniment, mais au moins ils avaient gagné un semblant de nouvelle alliée. C’était petit, mais tellement pour la grande soeur McGrath, il le savaient - ils le savaient. Il dut cependant se contenter de lui jeter un regard désolé en coin, de lui adresser silencieusement un million de pensées dans ce regard, avant de porter son attention sur les deux autres McGrath qui rejoignaient la maison. « Le bon moment pour te dire que, comme t’es arrivé en retard, ce soir c’est toi qui rince. » Il reviendrait ici plus tard, Ezra. Pas parce-qu’il suivrait Matt jusqu’au bout de ses conneries, pas parce-qu’il était toujours plus agréable de pouvoir se retrouver à finir délimiter les restes d’alcool près de la piscine des parents McGrath. Non, il reviendrait là plus tard dans la nuit Ezra pour pouvoir glisser son corps contre celui de Ginny, sous les draps, pour lui murmurer mille fois de plus que tout irait bien. Pressant le pas, il vint lancer les clefs de sa voiture à Matt. « Pour une fois, je te donne l’occasion de conduire, aller. » Il détestait ça, Ezra, quand c’était quelqu’un d’autre que lui qui conduisait sa voiture mais ça permettrait de donner du grain à moudre ailleurs à Matt pour le moment.

Les heures avaient défilé à une vitesse affolante, et l'alcool avait surtout coulé à flots. Il devait être bien deux heures du matin lorsque Ezra finit par poser de nouveaux ses yeux sur Jillian. Bien sûr, un soupire se fit de nouveau entendre, et abandonnant les quelques personnes avec qui il était sorti fumer une cigarette, ses pas peu assurés - tenir l’alcool n’était vraiment pas son fort - le menèrent aux côtés de la jeune femme. « J’te l’emprunte un instant. » Il ne savait même pas à qui il venait de s’adresser, la seule chose dont il était certain, c’était qu’il désirait avoir quelques mots en tête-à-tête avec Jill. Tirant cette dernière par le bras, aussi doucement que sa dose d’alcool dans le sang lui permettait, il vint l’attirer dans une partie plus isolée du jardin - ils étaient chez qui, d’ailleurs, au fait ? « Merci, Jill. » Etait-ce un sourire presque joyeux qui se dessinait sur ses lèvres ? Ou simplement son air idiot qui ressortait plus que de mesure ? « Pour tout à l’heure. »

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