| send in the clowns ☆☆ (sophiassan) |
| | (#)Mar 14 Avr 2020 - 15:05 | |
| send in the clowns Don't you love farce? My fault, I fear I thought that you'd want what I want. Sorry my dear, But where are the clowns? Quick, send in the clowns Don't bother they're here. @hassan jaafari (sarasvati) Jamais Sophia ne s’était imaginée qu’il lui serait si difficile de se sentir à nouveau chez elle à Brisbane. Une sensation de vide lui traînait à la peau comme une poussière dans l’œil qu’elle était incapable de déloger, une sensation oppressante qui lui donnait l’impression que le monde entier s’était retourné contre elle. Entre les relations qu’elle était justement venue réparer se dégradant davantage, d’anciens secrets refaisant surface et les voyages à l’hôpital pour un homme qui était censé ne rien lui inspirer d’autre que de l’indifférence, l’Australie était bien loin d’avoir tenu ses promesses. Même si elle n’avait pas posé ses valises en s’attendant à ce que soit une partie de plaisir, chaque jour la forçait un peu plus à reconnaître l’ampleur de son échec, et réaliser qu’il était peut-être déjà trop tard au moment où elle avait posé son pied dans cet avion. L’accident de Rhett, la réaction viscérale d’Hassan à l’hôpital ainsi que le tourmente qu’elle avait engendré en son être avait poussé la rouquine à se replier pour un temps, temps durant laquelle elle en avait profité pour se secouer et se motiver à remettre un peu d’ordre dans sa vie pour le moins chaotique. S’il y avait bien un trait qui caractérisait Sophia, c’était sa résilience. Et une telle détermination mise au service de sa fierté encombrante pourrait bien la pousser à trouver le moyen d’être heureuse par seule mesquinerie : Personne ne lui dénierait le droit de se sentir accomplie dans la ville qui l’avait vu grandir, et qu’elle était désespérée de retrouver. Et si elle devait faire semblant jusque-là, qu’il en soit ainsi : peut-être se satisferait-elle de faire grincer quelques dents.
Pas malheureuse d'avoir aperçu la lumière au bout du tunnel, il ne lui restait plus qu'à avancer vers le grand air. Si jusqu'ici, elle s'était montrée surprenamment conservatrice dans ses approches, le temps était venu de mettre les bouchées doubles. Elle ne pouvait ignorer ce qui était tout droit devant elle : elle stagnait depuis son retour, trop occupée à chasser un passé sans savoir si elle voulait le récupérer ou s'en débarrasser totalement. Et quelle meilleure preuve que son triste appartement ? Quiconque y mettrait les pieds ne saurait deviner qu'elle y habitait depuis plusieurs mois, tant l'endroit était dépourvu de toute personnalité. Elle vivait dans une grande boîte vide, dont la rénovation n'avait cessée d'être recalé par ce qu'elle appelait un ''manque de vision''. Mais son exil imposé avait eu le mérite de stimuler son esprit créatif, et elle était tombée à court d'excuses. Alors elle avait dépensé sans compter -ce qu'elle viendrait sans doutes à regretter- jusqu'à être incapable de mettre un pied devant l'autre, son parquet étant parsemé de cartons de longueur et largeur diverses. Si seulement il ne s'agissait que de ça, or, plus de produits encore étaient en attente d'être livrés, et si elle aurait aimé pouvoir occuper son après-midi à déballer et monter ce qu'elle avait déjà acheté, elle était attendue ailleurs. Sa folie décoratrice l'avait entraîné jusqu'aux confins d'Etsy, où elle avait dégotté un magnifique tapis de style oriental pour lequel elle avait craqué et qui, par chance, était vendu par un artisan de Brisbane. Au lieu d'attendre qu'il lui soit livré, elle avait opté pour la récupération en main propre afin de l'avoir plus vite et de pouvoir contrôler la qualité du produit, et elle s'était mise en route peu après avoir reçu un message la notifiant que tout était prêt, et qu'il n'attendait plus qu'elle.
Elle roula jusqu'à Logan City et se gara sur la route Latimer pour rejoindre l'adresse indiquée à pied, guidée par son smartphone faisant office de GPS. Elle s'engagea dans l'allée de la jolie maison et prévint de son arrivée en appuyant sur le bouton de la sonnerie. Le signal lancé, des aboiements lui parvinrent de l'autre côté de la porte, et elle eut le réflexe de reculer de quelque pas, dans l'éventualité que ces chiens soient du genre à se ruer sur les visiteurs. Elle ne voulait pas de poils sur ses vêtements. Elle ne s'en doutait pas encore, mais cela deviendrait rapidement le dernier de ses soucis, car à la seconde où la porte s'ouvrit et que la silhouette de son correspondant se dessina devant ses yeux, toute cette entreprise, qui ne devait être rien d'autre que positive, prit les allures d'une très mauvaise blague.
« Dites-moi que je rêve. »
Dernière édition par Sophia Caldwell le Mar 19 Mai 2020 - 17:37, édité 2 fois |
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 18:45 | |
| À l’ère du tout numérique, Hassan faisait partie de ces irréductibles qui ne parvenaient pas à se séparer de l’habitude du journal en version papier. Pléiade d’applications de médias avaient pourtant leur place sur son smartphone et côtoyaient les plus frivoles Instagram, Twitter et autre Tinder – merci Clara pour ce dernier – mais rien ne valait le plaisir qu’il prenait chaque matin à récupérer son exemplaire de The Australian dans sa boîte aux lettres au retour de la promenade avec ses deux chiens. L’automne s’installait et Brisbane vivait ses derniers matins suffisamment doux pour déjeuner dehors, et installé à l’étage sur la terrasse attenante à sa chambre le brun sirotait sa tasse de thé, plongé dans le supplément culturel qu’offrait le quotidien chaque samedi. Il était tôt pour un début de week-end, l’herbe du jardin en contrebas était encore humide de rosée, aucune tondeuse à gazon n’avait encore troublé le piaillement des oiseaux, et Hassan n’avait croisé que peu de monde en sortant ses deux quadrupèdes jusqu’à la voie de chemin de fer. Mais tôt comme chaque samedi où Gwen s’éclipsait pour aller récupérer son fils chez son père, et sortant justement de la salle de bain la jeune femme terminait de tresser ses cheveux sur son épaule lorsqu’elle l’avait rejoint. « Tu as recommencé à fumer. » Ce n’était pas une question, et malgré tout elle n’avait pas la preuve de ce qu’elle avançait, si ce n’était le bâton de réglisse abandonné sur la desserte près de leurs tasses vides. « Nope. » avait-il néanmoins avancé, mettant plusieurs secondes à quitter son journal des yeux et relevant la tête pour l’observer par-dessus la monture des lunettes qu’il portait pour lire. « J’essaye justement d’éviter que ce soit le cas. » Et les bâtons de réglisse s’étaient révélés être un bon moyen de compenser la dernière fois qu’il avait entrepris de se sevrer. Le ramadan débutait la semaine suivante et il s’agissait de réfléchir à ses prochaines bonnes résolutions, pas de renouer avec d’ancienne mauvaises. « Tant mieux. » s’était alors contentée de commenter Gwen sans insister, et chaque fois reconnaissant des silences qu’elle savait conserver Hassan lui avait adressé un brin de sourire pour la remercier. Elle savait ce qui allait de pair avec l’envie de fumer, et il savait qu’elle savait, mais ni l’un ni l’autre ne disait rien et si ce n’était pas le plus sage c’était le plus arrangeant, parce qu’ils s’étaient toujours vus pour oublier leurs problèmes plus que pour en parler. « Allez, je file. » Elle connaissait le chemin et il ne prendrait pas la peine de la raccompagner en bas, aussi s’étaient-ils contentés d’échanger un baiser qu’ils avaient fait traîner comme pour compenser ceux qu’ils n’auraient pas dans les jours prochains, rapport au fait qu’elle entamait ses semaines de mère à temps plein. Sans quitter sa place Hassan s’était néanmoins penché sur l'accoudoir de son fauteuil pour la suivre du regard tandis qu’elle s’en allait, et les mots de Camil lui revenant à l’esprit il était resté songeur quelques instants. Ce n’était pas le grand amour, et il méritait peut-être mieux … Mais il n’en était pas certain, et peut-être était-ce surtout elle qui méritait mieux. Mais ni l’un ni l’autre n’avaient le couteau sous la gorge, et au demeurant Hassan se sentait léger lorsqu’il était avec elle – cela lui suffisait actuellement, et l’enseignant était passé maître dans l’art de se contenter de penser à court terme. Sa lecture avait finalement été interrompue de manière définitive lorsque son voisin de droite avait enclenché sa débroussailleuse, mais un coup d’œil à sa montre lui avait fait réaliser qu’il était de toute façon temps qu’il cesse de paresser. Il avait vendu un tapis de Kachan sur Etsy en début de semaine et l’acheteuse avait proposé de venir le chercher en main propre en fin de matinée ce samedi – ce qui l’arrangeait probablement autant qu’elle, car devoir emballer et expédier ses ventes était ce qu’il y avait de plus rébarbatif dans son petit commerce de fortune. Après avoir pris une douche et passé des vêtements propres il avait donc retrouvé le rez-de-chaussée et rejoint son bureau, où roulés à la verticale dans un coin de la pièce s’entassaient ceux de ses tapis qui attendaient encore de trouver un acquéreur. Celui dont il se séparait aujourd’hui lui avait donné du fil à retordre, Hassan l’avait récupéré dans une brocante dans un état déplorable, et outre la restauration de base qu’il avait confiée à un artisan avec lequel il avait l’habitude de faire affaire, il avait fallu raviver les couleurs et retracer son style et sa provenance d’origine pour en estimer la valeur. Au bout du compte il avait peut-être un petit pincement au cœur à l’idée de s’en séparer, mais il en était ainsi presque à chaque fois et sa maison en comptait déjà suffisamment pour que garder pour lui tous ceux qu’il mettait en vente n’ait rien de raisonnable – sans compter que l’idée de base était tout de même d’en tirer un bénéfice, il ne faisait pas cela pour la beauté du geste. Pour patienter en attendant sa visiteuse il avait fait sa vaisselle – corvée parmi les corvées, pour lui qui tentait de se persuader qu’en vivant seul remplacer le lave-vaisselle tombée en panne était un caprice dont il pouvait se passer – et en étant à jauger la possibilité de manger le midi lorsque la sonnette de l’entrée avait retenti, réveillant Bandit et Spike de leur énième sieste et les faisant s’égosiller dans l’éventualité où leur maître serait subitement devenu trop sourd comme un pot pour avoir entendu lui-même. Les envoyant au jardin pour ne pas les avoir dans les pattes et refermant la baie vitrée de la cuisine derrière lui, le brun avait encore le torchon de la vaisselle à la main en ouvrant la porte d’entrée … et le sourire poli qu’il arborait avait disparu aussi vite que l’identité de la visiteuse lui avait sauté au visage. Sophia, en chair et en os et visiblement toute aussi enchantée que lui par l’ironie de la situation, avait ouvert la bouche la première pour grogner un « Dites-moi que je rêve. » excédé, et roulant des yeux en guise de réponse Hassan avait abandonné son torchon sur le guéridon de l’entrée en rétorquant « Bonjour à toi aussi. » d’un ton pincé. Il aurait dû le savoir pourtant, à force, que lorsqu’il s’évertuait à éviter quelqu’un son karma finissait toujours par le balancer au milieu de son chemin pour le forcer à prendre ses responsabilités. Mais dans ce cas précis il estimait avoir fait les choses dans les règles ; Malgré les révélations de Joanne quant aux mots peu élogieux que Sophia avait tenu à son égard, Hassan avait tenté de prendre les devants en recontactant la rousse dans l’espoir de mettre les choses à plat lui-même. Une perche que la concernée avait choisi de ne pas saisir, menant à ce que leur dernière et unique occasion de s’être recroisée depuis ait tenu en leur présence au chevet de Rhett. Une présence qu’Hassan jugeait parfaitement hypocrite de la part de Sophia, mais soit, là n’était pas le sujet. Le silence pesant qui s’était installé entre eux avait duré plusieurs secondes, la situation n’en devenant que plus gênante à mesure qu’elle s’étirait, et s’éclaircissant la gorge pour tenter de se donner une contenance le brun avait adopté une neutralité de façade au moment de reprendre la parole. « Tu es là pour le tapis ? » Bien sûr qu’elle était là pour le tapis, et d’avance Hassan savait déjà qu’il passerait les minutes qui suivraient le départ de la jeune femme à scruter son profil Etsy à la recherche d’un indice qui aurait pu lui mettre la puce à l’oreille sur son identité et leur permettre à tous les deux cette situation désagréable. « Il est dans mon bureau, je vais te le chercher. Entre deux minutes si tu veux. » Voyant qu’elle hésitait, et préférant faire mine de ne pas avoir la moindre idée de quelle pouvait en être la raison, il avait préféré jouer la carte du pragmatisme et ajouté comme pour lui forcer la main « Les chiens sont dans le jardin, si c’est ce qui t’inquiètes. Ils ne viendront pas te sauter dessus. » À moins qu’elle n’ait peur que ce soit plutôt leur propriétaire qui lui saute à la gorge à peine la porte de la maison refermée derrière elle, mais elle le connaissait tout de même mieux que cela. Plutôt que de lui laisser le loisir d’accepter ou de refuser la proposition, le brun n’avait de toute façon pas attendu sa réponse pour tourner les talons et traverser l’entrée jusqu’à la porte menant à son bureau. Là, à l’abri du regard qu’il avait senti le jauger alors qu’il avait le dos tourné, Hassan avait pris quelques secondes pour réfléchir à la situation. Rien n’arrivait jamais par hasard, c’était une certitude avec laquelle il avait toujours avancé, et la chose raisonnable à faire en de pareilles circonstances aurait donc été de saisir le problème à bras le corps et de provoquer avec Sophia la discussion qu’ils n’avaient en fin de compte jamais eu l’occasion d’avoir. L’ennui c’est qu’il n’était pas certain d’en avoir envie, et pas plus certain que cela les mènerait à quoi que ce soit, ni elle ni lui.
|
| | | | (#)Lun 25 Mai 2020 - 21:44 | |
| send in the clowns Don't you love farce? My fault, I fear I thought that you'd want what I want. Sorry my dear, But where are the clowns? Quick, send in the clowns Don't bother they're here. @hassan jaafari (sarasvati) Où sont les caméras ? Dans les buissons, derrière les voitures, quelque part dans la maison ou dans le jardin peut-être ? Étaient-ils en train de zoomer sur son visage défait, tordu par l'incrédulité, par l'humiliation ? Étaient-ils en train de rire d'elle, de son embarras, de sa vicieuse malchance ? Hassan s'apprêtait-il à sortir un microphone de sa poche et à lui annoncer quelle hilarante farce elle était sujette ? Une sorte de conspiration, voilà tout ce dont il devait s'agir. Quelle autre explications y avait-il ? Était-celle censée croire qu'elle était simplement tombée sur le profil de LA personne qu'elle avait le moins envie de voir ? Que des deux virgule quatre millions habitants de Brisbane, c'était le stupide tapis d'Hassan qui l'avait séduite ? Non, ridicule. Absolument ridicule.
Jette-lui ton sac à main à la figure et va-t-en. Pour bien faire lui faire comprendre ce qu'elle pensait de lui, si ce n'était pas déjà suffisamment apparent. Qu'est-ce qui la retenait ? Il ne méritait pas moins. Et qu'il la garde donc, sa fichue carpette, elle ne souffrirait de polluer son appartement de n'importe quoi qui lui rappelle leur amitié souillée. Quoi que, elle pourrait s'habituer à imaginer son visage à chaque fois qu'elle piétinerait son œuvre. Voilà qui pourrait s'avérer étonnement thérapeutique. Très bien, peut-être qu'elle resterait, juste le temps de récupérer son dû. Mais elle en détesterait chaque seconde, et ça, ce n'était pas négociable.
« Tu es là pour le tapis ? - Hm hm. » On ne la forcerait pas à en dire plus que nécessaire non plus. Immaturité ou par soucis de politesse : sa langue risquerait de fourcher et se soulager de quelques noms d'oiseaux qui menaçerait d'endommager plus encore leur relation. Ils n'étaient plus à une insulte près, mais tout de même, la Caldwell avait reçue une éducation, elle était chez lui et Jaafari tenait son bien en otage. Peut-être que la fibre entre ses doigts la soulagerait de ses scrupules. Et puis à moins qu'il ait deviné sa fièvre acheteuse à sa façon de réagir à ce retournement de situation, elle avait la vilaine impression que le professeur -et apparemment, rénovateur de tapis maintenant ?- se jouait d'elle, et elle n'avait pas tellement envie de lui donner matière à trop se moquer. Avait-il deviné l’identité de son acheteuse, et décidé de ne rien dire ? Ses pseudonymes et adresse e-mail n'avaient rien de subtiles. Il lui peinait d'admettre que ça ne ressemblait pas à l'animal. Mais bon, après les mots qu'ils s'étaient échangés à l’hôpital -ou plutôt les mots qu'il lui avait balancé et qui l'avaient réduite au silence-, elle ignorait jusqu'où il était capable d'aller pour lui exprimer sa méprise.
« Il est dans mon bureau, je vais te le chercher. Entre deux minutes si tu veux. Les chiens sont dans le jardin, si c’est ce qui t’inquiètes. Ils ne viendront pas te sauter dessus. » Je ne préfère pas, aurait-elle répondu si il lui en avait laissé le temps, peu désireuse de recevoir quoi que ce soit de sa part qu'elle n'aurait pas déjà payé, même une futile invitation à rentrer, son seul souhait étant de récupérer le tapis et parcourir son allé dans le sens inverse, gardant cette réunion non-consentie aussi rapide qu'humainement possible. Et puis les chiens étaient les derniers de ses soucis. Éventuellement, foudroyer du regard un espace vide devint suffisamment lassant pour qu'elle ose passer un talon à l'intérieur, bientôt suivi par le deuxième. S'efforçant de rester dans le périmètre de la porte d'entrée, plus par soucis d'efficacité que par politesse, elle ne put toutefois s'empêcher de laisser son regard vadrouiller le long des murs, du sol et des meubles s'alliant harmonieusement pour constituer un foyer dans lequel elle fut étonnée de reconnaître son vieil ami. Un parquet chevron, des tapis aux motifs orientaux, cousins de celui dont il se séparait, un peu de verdure, quelques œuvres d'art accrochées ici et là, le tout stylisé sobrement, et beaucoup de lumière naturelle. Appuyée contre le mur, les bras toujours croisés sur sa poitrine, elle saisit l'opportunité d'être seule pour détendre sa posture et lâcher un long soupir. Oh Hassan. Les choses lui avaient échappées avec celui-là. Un jour, il lui semblait qu'ils étaient sur la bonne voie, l'autre elle apprenait tous les mensonges. Une bombe à retardement, littéralement. Elle avait explosée quatre ans trop tard, portée par une colère qui n'avait plus lieu d'être. Et pourtant elle ne se sentait pas de balayer sa lâcheté d'un revers de main comme Joanne semblait l'avoir fait. La rouquine avait la rancœur tenace, et bien qu'elle serait la première à admettre qu'il n'avait plus de comptes à lui rendre, elle estimait que Hassan aurait dû, à l'époque, la respecter suffisamment pour lui permettre d'être l'amie qu'elle avait été par le passé, et aurait aimé redevenir. Peut-être que la pilule était passée chez les autres, mais à elle, il lui faudrait plus de temps. Et bien sûr, maintenant qu'ils se retrouvaient seul à seul dans un lieu qui ne comportait pas un de leur proche sur un lit d’hôpital, elle ne put s'empêcher de considérer l'idée de crever l’abcès et de lui dire exactement ce qu'elle pensait d'Hassan Jaafari. Et oh my, oh my, elle en aurait des choses à lui dire.
« J'ignorais que tu rénovais des tapis à tes heures perdues. Jeta-t-elle, surtout pour combler le silence. Peut-être qu'en échangeant de bêtes banalités, le temps passerait plus vite. Du moins c'est ce qu'elle espérait. On en apprend tous les jours. » Et elle qui pensait que quiconque aurait assez de deux jobs. L'université et ABC ne devaient pas payer si bien que ça. « Quoi que, plus j'y pense, et moins ça m'étonne. C'est exactement le genre de truc ennuyeux que je t'imagine bien faire. Sans vouloir t'offenser, bien sûr. Tu proposes de très belles pièces. » Ou qu'il s'offense tiens. Grand bien lui fasse. |
| | | | (#)Sam 13 Juin 2020 - 6:34 | |
| Si le déplaisir que leur inspirait la situation semblait être d’égale importance chez les deux jeunes gens, Hassan avait été le premier à user du sarcasme, bien trop tenté par la perche qu’elle lui avait tendue en manquant à la politesse la plus élémentaire lorsqu’il lui avait ouvert la porte. Les jours puis finalement les semaines étaient passées depuis qu’ils s’étaient tous retrouvés au chevet de Rhett après son overdose, et si une fois la colère et l’inquiétude redescendues d’un cran le brun avait bien été forcé d’admettre que Sophia ne pouvait pas être tenue pour seule responsable du geste de leur ami, il restait suffisamment remonté à son égard pour que de la trouver sur le pas de sa porte ne soit pas quelque chose qu’il accueillait avec sérénité. Qu’on ne s’y trompe pas, la situation n’était pas pour lui plaire et le sentiment de gâchis quant à ce qu’était devenue sa relation avec la jeune femme lui serrait le cœur … Mais il avait fini par comprendre que Sophia n’était pas revenue pour distiller la paix, à défaut du pardon, et plus encore que le fait qu’elle ait refusé de donner suites à sa tentative pour reprendre contact avec elle, il ne lui pardonnait pas d’être allée verser du sel sur les plaies de Rhett et de s’être permis des jugements à leur égard auprès de Joanne. Quelle légitimité avait-elle à juger, après s’être évaporée du jour au lendemain sans la moindre justification ? Qui était-elle pour jauger l’égoïsme de leurs décisions à Rhett ou à lui, quand elle avait usé du même pour prendre la fuite ? Il lui en voulait de cette hypocrisie, et elle lui avait jusqu’à présent donné trop peu de raisons de revoir son jugement à cet égard. Pour autant il ne se sentait pas l’énergie pour un affrontement à armes égales, pas aujourd’hui, et faute de mieux il avait ravalé au mieux sa rancœur et ses reproches pour se cacher derrière le masque de ma futilité qui venait de les réunir. Elle était là pour un tapis, elle aurait un tapis, fin de l’histoire. Et ainsi l’avait-il invitée – poussée – à entrer, lui tournant le dos presque aussitôt pour ne pas lui laisser d’autre choix que celui d’entrer. Ou de fuir sans se retourner, en vérité il n’aurait pas été entièrement surpris d’entendre la porte claquer et le moteur d’une voiture vrombir avant qu’il n’ait décidé de regagner le salon … Sophia était une experte lorsqu’il s’agissait de prendre la fuite, pas vrai ? Et pourtant elle était encore là, lorsqu’il était réapparu quelques instants plus tard chargé du tapis dont elle s’était rendue propriétaire et qu’elle devait bien regretter à présent. Appuyée contre le pan de mur qui ouvrait le salon, elle donnait l’impression de sonder les lieux d’un air songeur et n’avait relevé les yeux dans sa direction qu’en l’entendant arriver. « J'ignorais que tu rénovais des tapis à tes heures perdues. On en apprend tous les jours. » La voix de Sophia tranchait comme la lame d’un rasoir, et jamais hormis lorsqu’elle était venue lui demander des comptes sur sa décision subite de demander le divorce ne s’était-elle adressée à lui d’un ton aussi incisif, pas même durant les premiers mois difficiles ayant suivis leur rencontre à l’université. « Ça fait quelques années. » s’était-il donc contenté de rétorquer d’un ton neutre, voilant à peine le sous-entendu qui voulait qu’elle l’aurait peut-être su, si elle n’avait pas disparu comme une voleuse. De quoi la persuader de cracher avec un mépris cette fois-ci plus affirmé « Quoi que, plus j'y pense, et moins ça m'étonne. C'est exactement le genre de truc ennuyeux que je t'imagine bien faire. » et sans que le « Sans vouloir t'offenser, bien sûr. Tu proposes de très belles pièces. » ajouté aussitôt ne permette de douter de l’intention opposée qui se cachait derrière. Levant les yeux au ciel, le brun s’était fendu d’un soupir et avait déposé le tapis aux pieds de Sophia sans se donner la peine de la délicatesse, puisqu’elle-même ne s’en était pas embarrassée. « Bien sûr. Et je ne doute pas que c’est le temps que j’ai passé dans l’autre pièce qui t’as laissé de quoi réfléchir à la façon la moins offensante de me le faire remarquer. » Se penchant pour tirer sur la ficelle qui empêchait de part et d’autre au tapis de se dérouler, il s’était redressé et avait croisé les bras avant d’ajouter « Je te laisse vérifier que c’est conforme à l’annonce, des fois que tu en douterais. » avec froideur. Bien que l’envie qui dominait ait été celle de disparaître dans le sol et de prétendre que tout cela n’était pas arrivé, Hassan avait profité des quelques secondes dans le bureau attenant pour envisager la possibilité d’entamer le dialogue. De crever l’abcès, quand bien même il doutait que quoi que ce soit puisse en ressortir de bon … Ce qu’il envisageait de faire lorsqu’il avait tenté de reprendre contact avec elle après les révélations de Joanne, en somme. Mais après tout à quoi bon, et dans quel but ? Dialoguer avec Sophia lorsqu’elle décidait de montrer les crocs était pratiquement impossible. « T’es la seule à refuser de passer à autre chose, Sophia. Alors va, prends ton tapis, et retourne te persuader que le problème vient de nous et pas de toi. » avait-il finalement asséné avec plus de lassitude que de vindication, certain qu’il regretterait plus tard que les choses se soient terminées de cette façon mais trop fier pour envisager une autre issue.
|
| | | | (#)Sam 13 Juin 2020 - 12:00 | |
| send in the clowns Don't you love farce? My fault, I fear I thought that you'd want what I want. Sorry my dear, But where are the clowns? Quick, send in the clowns Don't bother they're here. @hassan jaafari (sarasvati) « - Bien sûr. Et je ne doute pas que c’est le temps que j’ai passé dans l’autre pièce qui t’as laissé de quoi réfléchir à la façon la moins offensante de me le faire remarquer. - Eh bien, tu m'a prise par surprise, je dois l'avouer. Si j'avais su qui se cachait derrière ce profil, j'aurais pris le temps de préparer quelque chose de plus cinglant. » La réplique cingle dans l'air, sans hésitation de sa part. C'est de bonne guerre, se dit-elle sans scrupules. Il méritait bien ça, et bien plus encore. Et si Sophia n'avait aucune envie d'exposer tout le linge sale qu'elle trimbalait dans son coffre, -préférant encore le brûler afin qu'il disparaisse sans qu'elle n'ait à en parler-, elle ne raterait aucune opportunité de lui faire savoir où elle se situait, dans tout ce merdier. Et qu'il garde ses réflexions pour lui.
« - Je te laisse vérifier que c’est conforme à l’annonce, des fois que tu en douterais. - Ça ira. Quoi que ce soit, ça fera bien l'affaire. Au pire, je ne manquerais pas de le noter sur ta page. » L'idée de brûler la pièce et d'en blâmer son créateur lui tira un sourire mesquin. Elle était au dessus de ça pour sûr, mais son imagination la dissuadait au moins de ne pas s'en prendre physiquement à son hôte. S'abaissant au sol, elle roula le tapis sans y attarder son regard. Elle savait, que si il le lui donnait l'occasion, elle examinerait chaque fibre à la recherche d'un défaut, juste pour l'embêter. Tout comme elle savait qu'Hassan n'était rien, si rigoureux, et que son œuvre serait telle qu'il l'avait présenté sur le site. Alors à quoi bon ? Ne se formalisant pas des manières rustres du vendeur, qu'elle a sommes toute méritée, elle s'offusqua néanmoins des accusations qu'elle attendait à moitié. Si le venin d'Hassan la prit quelque peu au dépourvu, elles n'étaient pas complètement sorties de nulle part pour qu'elle ne soit pas prête à les encaisser.
« T’es la seule à refuser de passer à autre chose, Sophia. Alors va, prends ton tapis, et retourne te persuader que le problème vient de nous et pas de toi. » Passer à autre chose. Elle rit, Sophia. Ça part tout seul. Passer à autre chose ? A croire qu'en plus de devenir rénovateur de tapis, Hassan était également devenu comique. Pas très bon, mais soit. Décidément, il s'en était passé des choses pendant son absence. Mais le sourire finit par se faner, et bientôt, c'est la rancœur qui reprend le dessus. Pas comme celle qu'elle arborait jusqu'ici, la méchanceté presque taquine dans laquelle elle trempait ses sarcasmes. Non, la rancœur de l'amitié piétinée. Le toupet qu'il exhiba la laissa pantoise quelques instants, tandis qu'elle le dévisageait d'une grimace narquoise. Il regretterait de l'avoir traîné sur ce terrain.
« Et de quoi parlons-nous exactement, Hassan ? » Passer à autre chose. « Les erreurs que j'ai commise, j'ai tenté de les réparer, figure-toi. Passer à autre chose, c'est ce que j'ai voulu faire en revenant et en vous cherchant. Quoi, tu pensais peut-être que je me suis pointé à ton bureau pour le simple plaisir de revoir le campus ? » Elle ne s'étonnerait pas que son esprit tordu lui ait inventé d'autres motifs. Puisqu'ils parlaient de se persuader ... « Je n'aimerais rien de plus que de mettre tout ça derrière nous, c'est ce que j'ai essayé de faire. Mais tout le monde n'a pas la même idée de ce que ça implique visiblement. Je ne suis pas celle qui essaye de forcer quoi que ce soit dans l'histoire. » Peut-être qu'Hassan serait mieux avisé d'avoir cette discussion avec Joanne, dont le nom elle n'oserait prononcer, par peur de se faire frapper par la foudre. « Ou est-ce que nous parlons de cette foutue maladie qui a faillie te coûter la vie, et dont j'ai appris l'existence il y a quelques semaines seulement, et de la bouche d'une autre ? » Ce qu'elle aurait donné pour contrôler le craquement dans sa voix, pour rester de glace. Mais l'orage dans ses iris s'estompa pour ne laisser place qu'à une pathétique averse. « Si on parle de ça, Hassan, sache que non, je ne passerais pas à autre chose. Pas encore, et pas de sitôt. » Elle lui en tiendrait rigueur pour un long moment, presque aussi longtemps qu'il le lui avait caché sûrement, et même plus encore. La Caldwell a la rancœur tenace. Et elle se fichait pas mal qu'il s'agisse d'une histoire ancienne pour lui et pour le reste de sa petite bande de joyeux lurons, toujours trop enclin à pardonner trop vite. Pour elle, tout ça se passait maintenant, et l'insulte de l’omission brûlait plus que n'importe quelle injure. Et le problème venait d'elle ? Quelle blague.
Elle se fit souffrance pour ne pas prendre le tapis roulé et le frapper avec, contempla l'idée de détruire son mobilier à coup de carpette. Nul doute que ça lui ferait un bien fou, quitte à lui prouver raison. Mais elle s'abstient, la rouquine, préférant soutenir le regard du professeur qui la congédia comme si il était au dessus de tout ça. Le tapis sous le bras, elle lui adressa un dernier regard avant de tourner les talons. Ce n'est qu'une fois sur le pallier qu'elle s'arrêta et tourna la tête à nouveau, pour lui faire face. Pas si vite, elle avait encore une chose à lui dire.
« Ça me fait penser, débuta-t-elle d'une voix glacée. Dépassée par les événements, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te répondre, à l’hôpital. Il comprendrait de quoi elle voulait parler. Ces mots qui l'avaient hanté, la peur qui l'avait prise à l'estomac, la culpabilité qui avait enserré son cœur. Fini tout ça. Elle relâchait tout, en confrontant son bourreau. Et puisque je n'ai pas dans l'idée de te recroiser avant un bon moment, si jamais, autant te le dire maintenant. Et contrairement à lui, elle ira droit au but. Va bien te faire voir, Hassan. » Au moins avait-elle eu la décence d'attendre d'être dehors. Ça devait bien compter pour quelque chose.
|
| | | | (#)Lun 6 Juil 2020 - 7:13 | |
| Tandis qu’il se contentait du silence en guise de réponse face à la faible répartie de Sophia, prétendument à mettre sur le dos de sa surprise, Hassan s’était surpris l’espace d’une seconde à se demander quelle aurait été sa propre réaction s’il avait découvert en amont qui se cachait derrière le profil avec qui il avait échangé. Aurait-il menti de façon éhontée en prétendant que le tapis n’était plus disponible ? Aurait-il simplement trouvé une excuse pour s’éviter la remise en main propre ? Ou aurait-il joué franc-jeu en se révélant, coup de poker qui aurait pu mener à une discussion tant qu’à un silence immédiat ? Il aurait aimé être certain de sa franchise, mais céder à la lâcheté était tellement plus simple lorsqu’un écran filtrait la spontanéité de l’échange … Et puis à quoi bon, ce qui aurait pu se passer n’avait aucune espèce d’importance comparé à ce qui se passait pour de bon. « Ça ira. Quoi que ce soit, ça fera bien l’affaire. » lui avait-elle en cela répondu lorsqu’il s’était décidé à fournir au moins le minimum de ce qu’il aurait fourni à n’importe quelle autre acquéreuse en terme de service et de politesse. Et il s’en était lassé autant qu’agacé, alors qu’elle roulait le tapis sans ménagement, animée de la visible volonté de quitter au plus vite cette maison où elle aurait souhaité ne jamais mettre les pieds. Mais qu’elle fasse, qu’elle prenne la fuite, qu’elle continue de s’enfoncer dans cette certitude qui semblait être la sienne de n’avoir rien à se reprocher et d’être la seule saine d’esprit face à trois anciens amis plus prompts qu’elle à faire passer leur besoin d’aller de l’avant devant leur fierté personnelle. Elle ne savait rien Sophia, elle se permettait de juger ce qu’elle voyait des années après, mais elle n’avait pas idée de ce par quoi Joanne, Rhett et lui étaient passés pour en arriver là, et pour cela elle ne pouvait blâmer personne d’autre qu’elle-même. Mais cela semblait la faire rire, qu’il mette le doigt sur ce bouton-là sans l’enfoncer totalement, qu’il effleure la surface de ce qu’il lui reprochait sans se donner la peine d’en donner le fond, parce qu’après tout à quoi bon ? Sophia n’était douée que pour distribuer des piques mais refusait de se tenir droite dans ses bottes pour recevoir la riposte, et pour preuve Hassan en avait le message envoyé des semaines plus tôt comme une bouteille à la mer et dont la réponse s’était éternellement faite attendre. « Et de quoi parlons-nous exactement, Hassan ? » Le rire s’était fané, laissant sa place à un regard furieux qu’il ne lui avait que peu vu en seize ans – assez peu pour se rappeler des précédents, en tout cas. « Les erreurs que j'ai commise, j'ai tenté de les réparer, figure-toi. Passer à autre chose, c'est ce que j'ai voulu faire en revenant et en vous cherchant. Quoi, tu pensais peut-être que je me suis pointé à ton bureau pour le simple plaisir de revoir le campus ? Je n'aimerais rien de plus que de mettre tout ça derrière nous, c'est ce que j'ai essayé de faire. Mais tout le monde n'a pas la même idée de ce que ça implique visiblement. Je ne suis pas celle qui essaye de forcer quoi que ce soit dans l'histoire. » De forcer quoi que ce soit ? Elle croyait sérieusement à ce qu’elle était en train de dire ? « Je te demande pardon ? » Elle ne manquait pas de culot, Sophia, ce n’était pas une nouveauté … Mais là, elle battait tous les records. Mais lancée dans un laïus qu’elle ne saurait voir interrompu, la volcanique blonde avait poursuivi sans relever « Ou est-ce que nous parlons de cette foutue maladie qui a failli te coûter la vie, et dont j'ai appris l'existence il y a quelques semaines seulement, et de la bouche d'une autre ? Si on parle de ça, Hassan, sache que non, je ne passerais pas à autre chose. Pas encore, et pas de sitôt. » et qu’elle se sente le droit de lui jeter ce sujet-là au visage comme s’il lui appartenait plus qu’à lui, cela le mettait hors de lui. « J’ai pas de comptes à te rendre, Sophia. Encore moins maintenant. » Et puisqu’elle semblait avoir terminé de déverser sa bile il lui avait montré le chemin de la sortie – et cela lui servirait de leçon pour avoir voulu l’inviter à entrer en premier lieu. Son tapis sous le bras, entreprise sans doute plus compliquée qu’elle ne l’avait envisagée car un tapis de cette taille pesait un certain poids, la jeune femme avait tourné les talons en se drapant de sa dignité au passage et Hassan n’avait pas d’autre plan que celui de claquer la porte derrière elle et de se promettre qu’il ne voulait plus jamais entendre parler d’elle. Terminé Sophia, adieu Sophia. « Ça me fait penser, Ou peut-être pas tout à fait. Dépassée par les événements, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de te répondre, à l’hôpital. Et puisque je n'ai pas dans l'idée de te recroiser avant un bon moment, si jamais, autant te le dire maintenant. Va bien te faire voir, Hassan. » Oh, elle n’avait pas eu l’occasion à l’hôpital, évidemment … Ou bien n’avait-elle seulement pas eu le courage de le lui dire devant témoins ? Quelle hypocrite. « J’avais déjà bien compris la première fois, va ! » s’était-il alors entendu rétorquer rageusement, alors même qu’il s’était promis de ne pas en rajouter, de ne pas lui faire ce plaisir. Depuis le perron, il avait pointé un doigt accusateur dans sa direction « C’était bien ce que sous-entendait ton silence radio quand j’ai proposé qu’on se parle, non ? » L’aurait-il seulement fait si Joanne ne lui avait pas avoué avoir partagé son secret – lequel n’en était en réalité plus vraiment un, d’ailleurs. Peut-être, peut-être pas, mais Sophia était bien naïve de croire qu’il aurait dû lui en parler lorsqu’elle s’était pointée sans s’annoncer sur le campus … « Tu t’attendais à quoi au juste ? À débarquer de nulle part du jour au lendemain et à ce que je te déballe toute ma vie comme si on s’était quittés la veille ? À pouvoir exiger de ma part que je me justifie sur ma disparition alors que t’as fait exactement la même chose ? Parce que j’ai pas souvenir de t’avoir entendue donner la moindre explication à ce sujet, et je me rappelle pas non plus t’en avoir demandées ! » Elle le fatiguait, avec ses doubles-standards et ses leçons de morales qui n’étaient bonnes que pour les autres mais qu’elle n’appliquait même pas à elle-même. C’était trop facile. « Tu t’imagines que ça a été simple pour Joanne, Rhett et moi ? Qu’on s’est tous revus un beau jour et qu’on a décidé de se donner la main en disant « allez, oublions tout ça et n’en parlons plus jamais » ? T’as aucune idée du temps que ça nous a pris pour en arriver là, et d’à quel point ça a été difficile ! Alors ne viens pas cracher sur ce que ça nous a coûté sous prétexte que t’es pas disposée à en faire autant, si ça te semble ne pas en valoir la peine ait au moins le cran de l’assumer. » Et sinon qu’elle s’en aille au diable, avec son tapis de malheur.
|
| | | | | | | | send in the clowns ☆☆ (sophiassan) |
|
| |