| i'm the powder, you’re the fuse (saül) |
| | (#)Mar 14 Avr 2020, 18:01 | |
| On suffoquait, à l'intérieur. Ça puait leurs parfums hors de prix et leurs liasses de fric corrompu de merde, ça sentait leur vantardise, celle qu'on leur a dérobée à la seconde où il est allé all in et où j'ai sifflé le geste avec la plus grande immaturité dont j'ai su faire preuve. L'indécence affichée flirtant avec la fierté décuplée de leur en mettre dans les dents et qu'ils en soient surpris les cons, quand c'était assuré à mes yeux et à ceux de l'italien qu'on allait gagner. Je dis "on", mais dans les faits c'est lui qui porte la couronne ce soir, je la lui ai léguée le plus volontairement du monde. Faut dire que je viens juste de faire mes ongles et sincèrement ça m'aurait fait chier d'écailler mon vernis noir avec leurs cartes de poker de riches qui sont plus épaisses que la moyenne parce qu'incrustées d'or ou de rubis ou de j'sais pas quelle autre merde. Bref.
Et la brise australienne, elle fait un bien fou. J'inspire, j'ai le sourire de celle qui a fait un mauvais coup quand j'ai presque rien fait en vrai, juste compté les cartes, juste laissé mes paupières battre la mesure quand son prochain tour était le bon, juste encouragé d'un sourire en coin, celui qu'il connaît par coeur, quand c'était le moment de miser. Rien d'autre, c'est même pas de la triche. Tout ça de toute façon, ça peut être vu comme une énième séance de charme, comme un autre des milliers d'éléments qu'ils mettront à leur liste de commérages maintenant qu'il me rejoint dehors dans la rue surplombant leur quartier d'aristocrates de la haute. Eux tous, ils tentent de nous définir et pour sûr que je m'assure à chaque visite qu'ils aient de quoi dire. C'est bien plus fun d'assister à leurs ragots en renchérissant d'un majeur bien haut, et tant qu'il me laisse partager la moitié des gains sans broncher je vois presque ça comme une confirmation que j'ai absolument pas besoin d'arrêter.
J'ai piqué une bouteille de scotch hors de prix en partant, cadeau d'hôte nouveau genre que je tends à son intention en pouffant de rire, anticipant d'avance de le voir refuser. Ce qu'il y a de bien avec le fait de voir de plus en plus souvent Saül dans des moments comme ceux-là, c'est que justement, j'anticipe tout. Et il est brillant mon regard, quand de l'autre main je lui tends un verre de crystal volé également dans leur buffet, ultime affront de briser la collection de verrerie pour les bons soins de mon distingué partenaire de distinguée beuverie.
« Tu peux pas dire que je pense pas à toi. » mes paupières papillonnent maintenant que je lui verse l'alcool dans son réceptacle de roi, et que je me contente du goulot de la bouteille sans que ça n'étonne personne. « Il reste combien de temps avant ton couvre-feu? » et elle raille ma voix, et il est immense mon sourire carnassier, quand je la joue éternellement condescendante avec lui. C'est parce que j'ai pas envie de le partager avec son univers de bourgeoisie du moins pas encore, pas en si bonne posture.
Dernière édition par Ariane Parker le Mar 14 Avr 2020, 23:35, édité 1 fois |
| | | | (#)Mar 14 Avr 2020, 19:41 | |
| Son répondeur sonne occupé. Elise le sait au poker, quand son répondeur sonne occupé. Tant qu'elle ne sait pas avec qui tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Son amour à lui, c'est le jeu : voilà probablement les déductions d'Elise. Mais s'escrime-t-elle toujours à en faire, même, des déductions ? Elle a probablement appris à composer avec les humeurs de son époux, qui se tire sans laisser de mot sur la table - plus depuis que Cosimo habite sous un autre toit que le leur.
Et c'est tellement meilleur, de pouvoir déambuler dans les beaux quartiers sans se sentir pieds et poings liés, des billets neufs plein les poches. C'est tellement jouissif d'attendre la compteuse à billets avant de sortir du terrain de jeu, encore plus plaisant de remettre les billets dans sa veste à lui. Ariane a un coup d'avance, dehors, alors que Saül siffloterait presque en sortant. Elle est sortie du labyrinthe avant lui. C'est une très belle soirée, n'en déplaise à tous les connards qu'il a envoyé chier aujourd'hui et qui espéraient probablement faire de sa journée un enfer. C'est lui, l'enfer, de toute façon.
« Tu peux pas dire que je pense pas à toi. » Il recompte son argent, Saül, en faisant mine de ne pas faire attention à elle. Sa mèche brune pend devant ses yeux, alors qu'il sépare tout en deux pour faire des tas égaux. Un pour Bonnie, un pour Clyde. Le verre termine dans la main de l'italien, qui consent à lever les yeux vers l'impétueuse. Elle lui arrache un sourire, avec ses airs revêches. Elle le fait à chaque fois. C'est loin de l'ennuyer, loin de le lasser. « Il reste combien de temps avant ton couvre-feu? » « Tu m'emmerdes. », qu'il souffle en rangeant malhabilement sa part du butin comme le ferait un malfrat. Si Amos le voyait, dans son costume, à jouer des épaules comme un mafieux. « J'ai de quoi acheter la nuit. » Tout ce qu'il n'a pas réussi à ranger dans ses poches, il l'agite sous le nez de la rouquine : c'est une jolie valse de billets qui dansent devant ses yeux. Une jolie valse de billets et un colliers de grosses perles, qu'une imbécile à rajouté à la mise en dernier recourt. « Il sent la gagne. Tu le veux ? Ça sera ton trèfle à quatre feuilles, pour la prochaine fois. On tient un bon filon. Y'a pas moyen qu'on brise le sort. » Le diable s'habille de perles et son homologue porte des chevalières aux doigts de la main gauche. Son homologue qui se plante devant elle, juste pour affronter sa condescendance moqueuse, un sourire goguenard aux lèvres. « Tu vas faire quoi, de tout cet argent, hm ? T'acheter d'autres colliers porte bonheur ? » Non, ceux-là ils les gagnent ensemble, directement pris au cous des femmes fortunées qui ne savent pas jouer au poker sans s'enflammer, comme dans les films. La plus belle manière de les obtenir, c'est toujours de les mériter. Et rien n'égale les regards désolés des époux et des amis, quand c'est leur tandem à eux qui rafle la mise, en emportant billets, bijoux et l'espoir dans les yeux de leurs adversaires. |
| | | | (#)Mar 14 Avr 2020, 21:00 | |
| « Tu m'emmerdes. » il est immense, le sourire qu'il me provoque quand je redresse la tête vers lui pour l'en gratifier, gamine effrontée. Il fait son rustre Saül mais il reste toujours dans le coin, il erre quand je suis pas trop chiante, il se rapproche quand je suis divertissante. Notre dynamique me plaît, encore plus quand il agite ses billets - nos billets - sous mes yeux. « J'ai de quoi acheter la nuit. » « À force de me gâter comme ça j'vais en demander plus de fois en fois, fais gaffe Romeo. » sa liasse qui file dans sa poche, la mienne que je caresse du bout des doigts avant de la foutre à l'abri dans mon sac. Ça donne l'impression que je recompte et pas mal tout le monde croirait que c'est ce que je fais parce qu'habituellement j'ai confiance en personne et surtout quand ça a trait à l'argent. Mais faudrait être fou pour remettre en doute la confiance que j'ai en Saül - et il le sait autant que moi. Ça me suffit.
J'avais oublié le bijou de l'autre Gladis, ou qui que ce soit ayant un nom de femme qui a tout sacrifié pour vivre au crochet d'un mari friqué. « Il sent la gagne. Tu le veux ? Ça sera ton trèfle à quatre feuilles, pour la prochaine fois. On tient un bon filon. Y'a pas moyen qu'on brise le sort. » ma paume libre de scotch remonte à mes mèches pour les dégager de ma nuque, ma silhouette entière que je tourne dos à lui le temps qu'il me l'enfile parce que c'est pas vrai qu'on va cacher notre dû quand ça fera bien chier les maris s'ils me voient l'exhiber fièrement encore à même d'envahir le parking de la villa de l'hôte du soir. « Les diamants, c'est mieux. » mes prunelles descendent vers mon décolleté désormais orné du collier d'une autre que j'ai facilement oubliée, mes doigts flirtent avec les perles, faux dédain et râle exagéré auxquels j'additionne un énième rire ravi de la tournure de la soirée, et encore plus d'être avec lui.
« Tu vas faire quoi, de tout cet argent, hm ? T'acheter d'autres colliers porte bonheur ? » « C'est quoi le dernier truc insensé que tu t'es acheté? »
À sa question j'y ajoute la mienne, pas parce que j'ai pas envie de lui répondre, simplement parce que je gagne du temps pour trouver, justement, c'est quoi la vraie de vrai réponse à son interrogation. La vérité doublée de logique serait de mettre tout ce fric sur mes dettes pour m'assurer de souffler un peu ce mois-ci au moins, mais jouer à l'adulte responsable quand il est dans les parages me blase à un niveau. J'aime bien mieux endosser le rôle de celle qui s'en contre-fout de la vie en général comme c'est le cas dans 95% de mon quotidien de toute façon. Pourquoi me priver. « C'était avec celle-là? Ou attends, non, avec la dorée? » mes mots s'accompagnent de mes mains qui farfouillent maintenant, l'une retenant le pan de sa veste et l'autre s'enfilant dans sa poche intérieure pour en dégainer une carte et une autre, illustrant mes paroles. J'y joue souvent, au jeu de savoir quelle est la limite de crédit de ses bouts de plastique qu'il accumule nonchalamment sans jamais leur donner à mes yeux la moindre importance. J'ai jamais fini par demander et il me le dit pas plus, sorte d'intimité qu'on conserve entre nos sourires éternellement scotchés à nos lèvres et nos yeux qui s'accrochent dès la seconde où l'un l'autre entre dans la pièce.
« J'pense que je m'achèterais un billet en première classe pour j'sais pas où, encore mieux si justement, c'est j'sais pas où. » j'initie le mouvement loin de la villa de l'autre, presse le pas en agitant à quelques mètres de lui la bouteille de scotch pour l'attirer à au moins se rapprocher et que je puisse remplir son verre sans avoir besoin d'étirer le bras et de poser le moindre effort supplémentaire pour encourager sa proximité. « T'as l'air du genre de gars qui a un avion privé, toi. Avoue. » je pouffe de plus belle, une nouvelle gorgée pour encourager les confessions. Il parle peu de sa vie privée et je préfère mille fois lui broder une infinité des portraits, finissant toujours tout de même par scruter son profil à la recherche du moindre rictus révélateur. Et s'il donne rien, au moins j'aurai pu le mater effrontément sans avoir à me cacher. Ça aussi, ça fait partie de la victoire du soir. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 13:29 | |
| « À force de me gâter comme ça j'vais en demander plus de fois en fois, fais gaffe Romeo. » « On aura toujours de quoi te gâter. Tu ne tomberas jamais en rade. » On, tu. Perdre n'est pas envisagé, perdre n'est pas un mot qu'ils connaissent, depuis qu'ils se sont mis en quête de racheter la nuit. C'est presque une promesse que fait Saül à Ariane. Une promesse qui ne lui coûte rien, de toute façon, vu la facilité avec laquelle ils arrivent à leurs fins. Ce n'est jamais ennuyeux, pourtant - en tout cas, l'italien ne s'y ennuie jamais. Lui qui n'a pourtant pas l'habitude de faire équipe se surprend à ne pas se lasser du partenariat qui l'unit à la jeune femme.
Elle se détourne, Ariane, pour laisser le quarantenaire lui accrocher le collier avec autant de cérémonie qu'on le ferait pour parer une reine. Ce n'est qu'un collier de perles, pourtant. Du genre qu'ils peuvent arracher tous les soirs, avec de faux regards désolés. Celui là pourtant, il en reconnaît l'estampillage, Saül. C'est un collier de l'une des maisons que sa boîte gère, de très loin. Il estime que c'est un bon retour sur investissement - un peu ironique, certes, mais un bon retour quand même. Les prunelles bleues de Saül se portent sur les perles blanches et sur les doigts beiges de sa comparse, alors qu'il se fend d'une légère moue contentée. « Les diamants, c'est mieux. » « Je leur préfère l'or. » Moins clinquant, plus discret. Il n'y a que les nouveaux riches pour porter des parures de diamants dans les casinos pour ensuite les perdre. Ça lui rappelle une Nouvelle qu'il a probablement lu à l'école. Une sombre histoire de bijou emprunté, disparu et dûment remboursé jusqu'à l'épuisement physique du protagoniste - et le bijou était faux, quel dommage.
Evidemment, qu'elle ne répond à sa question que par une autre. « C'est quoi le dernier truc insensé que tu t'es acheté? » « Tu sais qu'on peut se battre longtemps, comme ça, n'est-ce pas ? », qu'il renchérit. Si vous demandez à Saül, c'est lui qui gagne à chaque fois, celui qui cède en dernier. Les mains de Ariane fouillent et le brun lève les yeux au ciel à mesure qu'elle brandit ses cartes bleues. « C'était avec celle-là? Ou attends, non, avec la dorée? » C'est à la seconde carte sortie que Saül attrape son avant-bras à elle, pour lui reprendre des doigts les bouts de plastiques colorés. « Avec la noire. Des sabres, aux enchères. » Voilà pour sa question à elle. Non, il n'a pas capitulé avant la plus jeune, ça ne compte pas. « J'pense que je m'achèterais un billet en première classe pour j'sais pas où, encore mieux si justement, c'est j'sais pas où. » « Evidemment. » Saül faisait ça, les premiers temps, avec son argent. Des billets d'avion pour partout et pour nul part. Surtout achetés à Elise, en fait. C'est à lui qu'il s'achetait de la tranquillité en la faisant voyager elle.
Les mains dans les poches - enfin, pour remplir ce qu'il reste de place laissée par les billets - le voilà qui suit Ariane dans la nuit. Pour une fois, il prend plaisir à siroter son verre du bout des lèvres. La politesse n'a pas d'emprise, ici, pas alors qu'il se sent plus libre que jamais. « T'as l'air du genre de gars qui a un avion privé, toi. Avoue. » « Ce que tu me juges ! » C'est presque outré qu'il rattrape la distance entre elle et lui, la tête secouée de mouvements théâtraux. « C'est mieux les demeures. Avec un avion, tu peux aller partout. Avec des maisons, tu peux y rester. » Problème de riche, de toujours devoir choisir entre l'hémisphère nord et l'hémisphère sud pour acheter la prochaine propriété, sur base de photos et de descriptions du genre "joyau côtier" ou "villa lumineuse à la tranquillité inégalable". « Toi t'achèterais des voitures. Non : des motos. Un billet première classe et des motos. » Il l'imagine bien, sur sa moto, les cheveux au vent, invincible donc sans casque. C'est une belle image qui rend ses yeux à lui plus brillants que les perles accrochées autour de son cou à elle.
« La suite présidentielle. Avec une bouteille de champagne et n'importe quoi à manger. Je sais qu'il est tard, mais je crois que je tiens la carte bancaire, alors c'est moi qui décide. » Elle fait une drôle de tête, la réceptionniste de l'hôtel, alors que Saül a posé sur le comptoir son verre vide. Lorsque la réceptionniste s'éloigne, l'italien s'adosse au comptoir en vieux bois, pour faire face à Ariane. « Je rentabilise nos efforts. Tu vois, tu peux pas dire que je pense pas à toi. », qu'il ricane en reprenant ses mots à elle. La réceptionniste revient, pour rendre à Saül la même carte qu'Ariane avait sortie de sa veste quelques minutes auparavant. « C'est le moment où tu exiges ce que tu veux manger. J'ai déjà exigé ce que nous voulons boire. » Exiger, c'est le verbe qu'il préfère entre tous. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 14:42 | |
| Il pourrait pas être plus riche, il pourrait pas être plus italien. « Je leur préfère l'or. » « J'avais remarqué. » ses chevalières glacées qui se perdent contre ma nuque brûlante et l'un de mes doigts qui en accapare une au hasard, la fait tourner sur sa phalange un temps. Ça sonne presque comme un reproche quand au final c'est qu'un avertissement ; il sait bien qu'un jour j'en piquerai une dans le lot, celle que je jugerai avoir le plus gros potentiel de revente en ligne. Dans la version officielle, du moins.
Il se dégage, je me détourne. « Tu sais qu'on peut se battre longtemps, comme ça, n'est-ce pas ? » mes yeux qui en finissent plus de se planter dans les siens, annonçant mes paroles bien avant de les statuer. « Pourquoi tu penses que je suis encore là? » et elles s'amusent, mes lèvres carmin se dessinant en un sourire aux allures de défi, le défi restant pour lui d'énoncer toutes les autres raisons. Il est pas con Saül, il est pas aveugle non plus. Il sait bien qu'il n'est pas qu'une coquille vide bénie d'un peu de répartie. Qu'il fasse le calcul lui-même et qu'il me demande certainement pas de le lui confirmer à voix haute. Je suis occupée avec mon scotch là, à le boire, et à lui en resservir. Occupée à fouiller ses affaires aussi, l'oeil hagard la curiosité avec. « Avec la noire. Des sabres, aux enchères. » j'y peux rien s'il me fait rire, avec ces épopées qui sonnent si banales lorsqu'elles glissent de sa langue à mes oreilles, qui sortent de nulle part à mon sens. Il la verra par contre, la lueur d'amusement au creux de mes prunelles, celle de vouloir les décrocher de leur socle d'honneur ses sabres, persuadée qu'il en aurait des sueurs froides rien que de voir quiconque respirer trop proche de son précieux gain. Live a little, honey.
« Ce que tu me juges ! » « Je juge pas, j'émets des hypothèses que t'as absolument pas niées. »
Elles sont loin derrière nous, les villas de ses potes ou de sa famille ou de ses collègues, j'écoute jamais quand il me présente ses gens et son monde, de toute manière. Ce que j'écoute, c'est ce qu'ils vont miser et comment ils fabulent de leurs richesses ; j'accorde pas la moindre attention à ces restes de détails. Mais elle est belle la ville sous nos pieds, elle est belle et elle se dessine à l'horizon et il devrait marcher plus souvent le gars, il aurait un rythme un peu plus rapide qui me forcerait pas à ralentir pour rester à sa hauteur plus qu'une poignée de secondes. « C'est mieux les demeures. Avec un avion, tu peux aller partout. Avec des maisons, tu peux y rester. » j'hausse le sourcil, lui laissant le bénéfice du doute lui qui est riche depuis si longtemps que blablabla Ariane je connais tout j'ai inventé Crésus moi blablabla ouais ta gueule. « Toi t'achèterais des voitures. Non : des motos. Un billet première classe et des motos. » ouuuuh ça par contre, c'est pile dans le mile. « Faudra que tu me fasses la liste des adresses de tes demeures alors, en pointant lesquelles ont les plus grands garages. Je veux avoir des. tas. de. motos. » j'insiste sur mes mots, j'insiste sur mon sourire, j'insiste surtout sur la moquerie derrière. Je les veux pas ses adresses, je la veux même pas son adresse - j'aime mieux quand on a notre monde à nous qui est pas taché par nos univers en parallèle. Y'a rien de mieux qu'un clean slate à chaque fois pour être nous-même, pour être ce qu'on veut aussi. Y'a pas de règles ; elles nous ennuient, on les réinvente à chaque soir à l'infini.
« La suite présidentielle. Avec une bouteille de champagne et n'importe quoi à manger. Je sais qu'il est tard, mais je crois que je tiens la carte bancaire, alors c'est moi qui décide. » il a pas besoin de justifier quoi que ce soit et il m'a déjà eue à "suite présidentielle" mais c'est pas dit que je vais le montrer quand mon expression est aussi fermée que celle de la réceptionniste qui doit avoir passé la dernière poignée de minutes à se demander si j'étais sa maîtresse ou son escorte et à maudire nos ébats en pleine nuit quand il en a rien à foutre et que je suis le mouvement le coeur léger. J'y peux rien si j'ai tout d'une Marilyn et rien d'une Jackie. « Je rentabilise nos efforts. Tu vois, tu peux pas dire que je pense pas à toi. » ma silhouette se hisse sur le comptoir de bois vernis alors que je les sens les regards qui pointent, regards que j'ignore quand le mien de coup d'oeil est entièrement dédié à l'italien pressé à mes côtés. « Si y'a encore des nuages de merde comme la dernière fois la vue sera à chier. T'aurais dû demander le penthouse, c'est pas aussi grand mais on a accès au toit. » mes jambes se balancent, suivent un rythme inventé, la moquerie qui s'efface d'un rire assumé quand on tousse dans mon dos, quand on nous tend la carte d'accès à la seconde où mes pieds rejoignent le sol. « C'est le moment où tu exiges ce que tu veux manger. J'ai déjà exigé ce que nous voulons boire. » je souffle doucement, arque la nuque vers le menu qu'on glisse sous nos yeux, faisant mine de réfléchir le plus sérieusement du monde quand j'en viens à soupirer, d'un ton las qui me fait immanquablement rire l'instant d'après. « La première page, la deuxième me lasse déjà. Et si t'es sage, je dirai même pas que je déteste le caviar et que j'en ai commandé juste parce que c'est cher. » la bouteille vide et son verre tout sauf assorti restent dans notre sillage, les curieux nous fixent jusqu'à ce que la porte massive de l'ascenseur se ferme lourdement derrière nous.
« C'est quand la dernière fois où t'as aimé ta vie? » les rideaux sont dégagés, Brisbane est illuminée au point où son reflet s'étale en dédale sur le plancher de marbre de la suite. « Où tu t'es dit que t'étais exactement au bon endroit au bon moment? » il a investi le canapé en angle, j'en suis à servir les coupes après l'avoir menacé un nombre incalculable de fois de lui ouvrir la bouteille direct dessus s'il me laissait pas faire, et d'ainsi ruiner ses chaussures en peau de crocodile ou n'importe quel autre animal qui devrait jamais devenir une tendance mode si vous me demandez. Je parle même pas pour les vegans là, je parle pour ceux qui savent que c'est glauque de porter la peau d'un être vivant quand on s'affirme pas tueur en série dans une suite de films gore à souhait. « Si tu dis maintenant j'te jure je te cogne si fort que je te briserai autant le nez que je me briserai le coeur d'abîmer un si beau visage. » sa flûte que je glisse dans sa paume et la place où je m'impose désormais, sur l'un des bras du canapé le temps d'une longue et savoureuse gorgée. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 18:18 | |
| « Je juge pas, j'émets des hypothèses que t'as absolument pas niées. » « Tu juges. Je n'ai pas d'avion privé. » Ce n'est pas l'envie qui lui en manque, soudain, pourtant. Cette soirée lui fera peut-être rajouter le jet sur sa liste nommée "courses" comme une blague avec lui-même. Mais c'est drôle, avouez, "course : acheter un jet privé". Haha. Elle, en tout cas, elle prendra des dizaines de motos, pour parcourir des routes qui ne sont pas encore inventées mais qu'elle tracera elle-même; Saül est formel. « Faudra que tu me fasses la liste des adresses de tes demeures alors, en pointant lesquelles ont les plus grands garages. Je veux avoir des. tas. de. motos. » « Je te mettrai dans mon jet privé, pour t'envoyer dans ma demeure à Granada, le garage est grand. » Il n'y va jamais, à Grenade, Saül. Il y fait trop chaud tout le temps, il y a toujours trop de touristes. C'est juste un cadeau de mariage en retard qui prend la poussière et qui ferait bien d'être revendu un de ces quatre. Des années qu'il n'a pas pris de vraies vacances qui ne lui donnent pas mal à la tête, l'italien. Soudain, les motos et Grenade le font rêver.
L'hôtel qu'ils choisissent est splendide, calme. Ceux qui sont encore levés les regardent avec de drôles d'yeux. La réceptionniste aussi, elle fait une drôle de tête, lorsque Ariane grimpe sur le comptoir. « Si y'a encore des nuages de merde comme la dernière fois la vue sera à chier. T'aurais dû demander le penthouse, c'est pas aussi grand mais on a accès au toit. » « La prochaine fois je prendrai les deux, comme ça on pourra migrer d'un coin à l'autre. », qu'il lance en posant ses yeux sur la jeune femme qui le domine de plusieurs têtes, ainsi installée sur son trône de bois. C'aurait été comique, de tout débarrasser de la suite jusqu'au penthouse, avec les coussins et les édredons. Moins comique pour les gens chargés de ranger leur bordel. « La première page, la deuxième me lasse déjà. Et si t'es sage, je dirai même pas que je déteste le caviar et que j'en ai commandé juste parce que c'est cher. » Le quarantenaire lève les yeux en ciel en se détournant vers l'ascenseur. Lui aussi, il déteste le caviar. Mais après toutes ces années, faire genre, c'est pas mal devenu son métier à plein temps.
La suite est immense, trop grande pour deux mais déjà pleine du bruit de leur pas trop sonore pour l'heure tardive. Il s'est laissé choir, l'italien, sur le canapé. « C'est quand la dernière fois où t'as aimé ta vie? » Ce soir, c'est ce soir la dernière fois. « Où tu t'es dit que t'étais exactement au bon endroit au bon moment? » C'est ici, c'est maintenant.
Il a probablement pensé trop fort, Saül, les yeux rivés au plafond dans un semblant de réflexion alors qu'il connaît déjà la réponse. Sa veste a déjà trouvé un angle du canapé, que rejoint bientôt sa cravate, jetée nonchalamment de côté. Ses manches sont remontées, aussi, alors qu'il se masse les tempes à la recherche d'une réponse qui abaissera autrement moins sa fierté que celle qu'il a en tête. « Si tu dis maintenant j'te jure je te cogne si fort que je te briserai autant le nez que je me briserai le cœur d'abîmer un si beau visage. » Sa tête frôle l'appui-tête, alors qu'il s’esclaffe, un verre dans la main. « T'oserais pas. J'appellerais mes avocats. » Jamais, pas contre elle. Mais Saül ne se donnera pas de raison de le faire. Il balaie sa réponse toute choisie, qui ne serait de toute façon jamais sortie de sa tête. « Avec un copain, qui m'a traîné dans un concert louche. » Mais s'il a choisi, ce n'est que pour se justifier, pour montrer qu'il sait se sentir encore vivant. Cette soirée avec Jack pourrait le faire râler dix fois encore, surtout parce que les manches de sa veste sentent encore le tabac et la bière. Mais parmi tous les moments récents, c'est celui là qu'il choisirait sans aucune hésitation. Celui là, et les très lointains, ceux qui sentent l'Italie, l'été et les sorties en cachette, les bars et le temps passé à engueuler Auden parce qu'il s'est trop éloigné, encore une fois. Ceux là qui sombrent doucement dans l'oubli, qui s'émoussent. Ceux là qui parlent d'un Saül d'une autre époque. Ses yeux trouvent ceux de Ariane, avant qu'il ne porte la coupe à ses lèvres. « Tu cherches à faire ma psychanalyse ? » Il y aurait du boulot, probablement. De quoi enrichir un psy. Sa main libre écarte soudain une mèche de cheveux flamboyants dans la nuque de Ariane, pour atteindre les perles dont il a entouré le cou de la jeune femme. « La prochaine fois, on se concentrera un peu pour avoir un rubis, ou au moins de l'or. » Il s'en fiche, lui, des bijoux. S'il les ramène à la maison, c'est Elise qui lui cassera les pieds pour savoir d'où ils viennent - alors qu'elle le sait déjà, au fond.
Leurs commandes arrivent, le brun file à travers la suite pour poser le plateau entre eux. Lui se réserve les fraises. « Des fraises, comme les femmes enceintes. », qu'il relève en lui lançant un regard en biais, en appuyant bien sur les derniers mots. Ça sonne autant comme une plaisanterie que comme une remarque très sérieuse et dénuée d'humour. C'est lui qui s'en régale, pourtant, des fraises au sucre sous une montagne de crème chantilly, mais toujours assez proprement pour ne pas risquer de tacher sa chemise immaculée. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 19:25 | |
| « T'oserais pas. J'appellerais mes avocats. » « Ils ont des nez eux aussi. »
À ses rires se mêlent les miens, le champagne qui glisse de la plus enthousiaste des façons sur mes lèvres. Elles pétillent les bulles, elles ont rien à voir avec le vin de supermarché auquel je suis habituée, petite raclure qui économise à la moindre opportunité et au moindre billet en suspens. Il est ma procuration Saül, il me montre de quoi aurait l'air la vie si j'avais pas priorisé profiter du moment plutôt que planifier mon avenir. Et à mon tour, je l'arrête dans son élan quand il pense un peu trop à ses coups d'avance et qu'il en oublie ceux dans l'instant. Ça s'est fait tout seul et c'est lourd à expliquer parce que les gens tenteraient d'y associer des sens et des métaphores de merde quand il est juste celui qui me permet de boire de bons alcools, de manger de bons plats, d'évoluer dans des endroits incroyables et de tenir entre mes paumes des liasses de billets. Et que moi, je suis juste la conne qui souffle quand il se la joue trop adulte avec des responsabilités de merde qu'il veut même pas tenir, j'en mettrais ma main à parier. C'est juste ça - mais c'est beaucoup plus que ça à la fois.
Il finit par céder, laissant mes menaces envers ses gars de loi flotter loin, bien loin de sa prochaine confession. « Avec un copain, qui m'a traîné dans un concert louche. » je scrute son profil, cherche le piège, cherche le rictus, celui que je connais par coeur pour avoir étudié son visage dans tous ses angles question d'être toujours en phase lorsqu'on nous file des cartes entre les mains. « T'as détesté. C'était où? » il en rage encore, je m'en amuse tellement que c'en est indécent. Plus de détails il me donnera, plus je l'imaginerai au milieu d'une foule qu'il haït à y brûler des heures qu'il haït autant. Ça craint qu'il m'ait pas dit à ce moment-là, je serais au moins allée profiter du spectacle. « Tu cherches à faire ma psychanalyse ? » mes jambes ont fini par s'allonger sur le canapé, mes pieds qui pressent sur sa cuisse au fil des pensées qui remontent, des conneries que je mets pas longtemps avant d'affirmer, le sourire aux lèvres une seconde, la flûte de champagne la suivante. « Ouais, j'ai 1000 ans à te dédier là, on devrait arriver au moins à couvrir l'enfance oubliée et l'adolescence éclatée. » en espérant que ces années-là l'empêchent de me renvoyer la question, parce que ça par contre, ce sont des éléments dont il a absolument pas besoin de s'empêtrer à mon sujet. Le passé le reste le passé, et ça m'a toujours convenu pour ma part. Qu'on gère ensemble notre présent, plutôt.
« La prochaine fois, on se concentrera un peu pour avoir un rubis, ou au moins de l'or. » ses doigts s'égarent contre le collier, mes yeux suivent ses gestes un temps, avant de rattraper au vol ses prunelles bleutées à proximité. « La prochaine fois, c'est moi qui joue. T'as qu'à me donner la cible et on aura toutes les pierres précieuses que tu veux. » j'insiste, condescendante, j'encense mon jeu mais c'est lui qui m'a tout appris. Si je suis là, si je suis encore éternellement assise à la même table que Saül, c'est à cause de lui et ça n'en fait de moi qu'un dommage collatéral. Pourtant, son égo est presque aussi surdimensionné que le mien, on se cale bien mieux l'un à l'autre à ne pas se l'avouer. La gratitude que je snobe d'une battement de paupières dédiées, ma promesse qui se perd au fil de mon souffle qui se casse sur sa peau au même tire que le sien se casse sur la mienne.
Ça cogne à la porte, il se lève, j'erre derrière lui dans la suite. J'y fantasme sur l'endroit parfait où je poserais mon ordinateur pour écrire ma prochaine nouvelle, la table juste dans l'angle qui donne sur la baie vitrée vers la ville et de là où je pourrais cumuler les verres en me disant que je l'ai fait, que je suis devenue une auteure, que tout ça c'est que du vent mais que le talent reste. C'est cool écrire, c'est cool parce que ça me donne des tas de pistes pour m'inventer un monde qui est pas aussi merdique que l'actuel, un monde qui ressemble un peu à celui qu'on s'invente chaque fois qu'on s'isole ensemble, Saül et moi. « Des fraises, comme les femmes enceintes. » « Ou comme les nouvelles mariées chiantes. » je pouffe, le laisse dévier comme la peste la chantilly sans l'aider une seule seconde à éviter le pire, mes iris aiguisés qui font état des lieux une fois les plateaux entrés dans la chambre et disposés à même le lit. « Saül ils ont mis de la truffe. » il en a rien à battre sûrement, le gars riche qui en met dans ses smoothies matinaux. Mais pour moi, ça prend un tout autre niveau de ridicule, quand ma paume libre de champagne agrippe le truc, le plante sous son nez autant horrifiée que fascinée. « Mais genre, la truffe. » le truc au complet, les dizaines de centaines de billets que ça comporte, et le parfum de noisette grillée, de terre, de sucre et de beurre et de bonheur qui embaume automatiquement la pièce.
« C'est pas cool quand tu partages pas. » l'indécence, l'insolence du commentaire, quand même avec un matelas recouvert de plats que j'ai exigés, c'est sur l'une des fraises de son bol que je jette mon dévolu, installée en tailleur à côté de lui. « Dis-moi un truc que t'as jamais fait et que tu regretterais de jamais faire. » l'indécence, l'insolence de la question, quand je gratte dans des informations qui lui appartiennent qu'à lui, quand j'arrête pas avec mes interrogations, quand il aurait tous les droits de balayer du revers. Mais bien sûr que je le lâche pas des yeux, que je considèrerais ça limite comme un abandon de partie s'il se confondait dans son silence, impoli. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 21:36 | |
| « T'as détesté. C'était où? » « Mais non, je n'ai pas détesté. » Il a juste détesté les gens, la pièce trop fermée, les requins qui dégainaient des contrats plus vite que Jack, la bière sur sa veste, la cendre dans ses poches - l'inverse, peut-être - l'odeur de transpiration qui outrepassait les limites du supportable et tout un tas d'autres détails dont il s'est probablement plaint à son ami. Mais sinon, il n'a pas détesté. « C'était dans un sous-sol, en plus. » L'enfer, si on demande à l'italien. Mais non, c'était cool d'être avec Jack. C'était libérateur, c'était vivant, même si le quarantenaire pourrait trouver tout un tas d'adjectifs jurant le contraire et présentant le tout comme "à mille bornes de ses petites habitudes". C'était ça, la perfection du tout : c'était justement que ça bousculait sa vie d'homme pressé.
L'homme pressé qui, pourtant, resterait bien une éternité de plus sur ce canapé, les mains à portée d'autre chose que juste sa flûte de champagne. « Ouais, j'ai 1000 ans à te dédier là, on devrait arriver au moins à couvrir l'enfance oubliée et l'adolescence éclatée. » « Je savais que t'étais fan de moi. » Ça tombe sous le sens, si elle parle de mille années et puis de trucs comme "l'enfance oubliée", même sur le ton de la blague. Ces moments là ne sont pas oubliés, ils sont juste loin, repoussés sans cesse par le ressac des vagues de sa vie d'adulte à lui. « T'as qu'à me parler de la tienne d'adolescence éclatée, on fait cinquante cinquante, ou plutôt cinq cents cinq cents. » Comme ils ont toujours fait. Jamais sur ce terrain là, de toute façon. Le tout s'arrêtera à la plaisanterie - une de plus que Saül classe dans les "blagues qui n'en sont qu'à moitié" et qu'il finira peut-être par oublier, avec un peu de chance. L'enfance ne l'intéresse plus, l'adolescence est close depuis un bail. Fin du chapitre, point final, le présent est toujours le plus intéressant des morceaux de l'histoire. En attendant, ses doigts rendus froids d'avoir tenu la coupe se perdent sur les perles gelées. Qu'il regrette, l'italien, ce saphir qu'il a aperçu au doigt de la vieille morue dont ils ont probablement raflé la part d'héritage destinée à quelqu'un de sa famille. Qu'il regrette ce rubis hors de vue, ce soir. La prochaine fois, il triera mieux les invitations, n'en déplaise à Elise qui - Saül en est certain - les détruit toutes. une. par. une. « La prochaine fois, c'est moi qui joue. T'as qu'à me donner la cible et on aura toutes les pierres précieuses que tu veux. » « Toutes ? » La question restera en suspend, bien qu'ils en connaissent tous deux la réponse. La porte est responsable de l'interruption forcée de l'instant.
C'est sur le lit trois fois trop grand - donc à taille parfaite - qu'ils élisent domicile pour entamer le festin. Rien qui ne convienne plus à Saül que les fraises. Saül dont l'adresse des mains lui éviteront peut-être, avec un peu de chance, la grande catastrophe de la tache rouge - mais oui, celle qui ressemble à du rouge à lèvres de femme, tu étais où la nuit dernière, c'est du parfum sur ton col, mais si je sais que c'est du parfum blablabla. « Ou comme les nouvelles mariées chiantes. » Il pouffe, l'italien, en s'enfilant un autre fruit gorgé de soleil, en essayant d'esquiver la chantilly qui lui fait l'offense d'aller s'écraser sur son pantalon. « Saül ils ont mis de la truffe. » Ses yeux à lui sont concentrés sur une seule chose : identifier la largeur de la tache pour ne pas l'empirer. Bientôt, l'homme d'affaires ne peut plus ignorer Ariane, qui lui fait perdre des yeux la tache et toute la catastrophe que ça sera, de rattraper son pantalon. « Mais genre, la truffe. » « C'est très bon dans les omelettes et sur les pâtes. Et dans les glaces, aussi. » Mais surtout dans les omelettes et sur les pâtes. « Tu peux essayer de voir si ça embellit ton caviar cher et dégueulasse. » Non, ça sera horrible, un vraie insulte à la cuisine, un crossover interdit par la convention de Genève.
Elle a tous les droits, Ariane, sauf celui de piquer dans son bol de fraises. « C'est pas cool quand tu partages pas. » Lorsque la main de la jeune femme approche, Saül l'attrape au vol. « Mange ta truffe. J'ai besoin de mes cinq fruits et légumes par jour. » N'empêche qu'il les lui cédera en roulant des yeux au ciel, les fraises de nouvelle mariée chiante. « Dis-moi un truc que t'as jamais fait et que tu regretterais de jamais faire. » « Tu fais vraiment ma psychanalyse. », qu'il coupe en marchant sur ses mots à elle, avant d'attraper la dernière fraise pour la soustraire à son emprise. « Et puis qui te dit que je n'ai pas déjà fait tout ce que je voudrais faire au monde ? » Si la réplique sonnait cool dans sa tête, elle sonne plus triste qu'autre chose à haute voix, au final. « Sauter en parachute. » Grand dieu que c'est cliché, mais la réponse rapide est avant tout pour rattraper la bêtise dite précédemment. « Manger toutes les fraises de la planète, ne t'en laisser aucune. » Par dessus le ton goguenard, il rajoute le sourire lourdingue du type fier de sa blague, alors que la dernière fraise du bol tient encore entre ses doigts sucrés à la chantilly. « Mettre du caviar dans tous tes trucs comestibles. Ne regarde pas la fraise. Tu ne l'auras pas, même en la regardant fort. » Parce qu'il compte bien réaliser un de ces trucs là, Saül, et tant pis s'il lui faut désormais voler toutes les fraises qui passeront à la portée de sa cadette. « Toi dis moi un truc que t'étais proche de faire, mais que t'as pas fait et que tu regrettes de ne pas avoir fait. » La question semble autrement plus intrusive que la précédente. Mais si elle veut jouer à la psychanalyste, il n'y a pas de raison que l'italien ne s'y risque pas à son tour. « Si tu ne veux pas répondre, je mange la fraise. » Et il n'hésitera pas à mettre sa menace à exécution, alors que sa main place le fruit hors de portée - leur fruit de femme-enceinte-jeune-mariée chiante. |
| | | | (#)Mer 15 Avr 2020, 23:42 | |
| « Toutes ? » « Toutes. »
Ça sonne presque comme une promesse, quand en fait c’est qu’un excès de condescendance de deux joueurs qui ont jamais vu l’échec se faufiler entre eux. Non, ça sonne comme une promesse finalement, c’est clairement ça et le fait qu’il se tire avant d’hocher de la tête une énième fois casse rien si ce n’est ma retenue de ne pas piquer sa flûte pour la descendre quand la mienne est vide. Mieux.
Les deux coupes dépouillées sont laissées lasses sur la table de chevet, il se la joue Gordon Ramsay en dégainant ses propres suggestions culinaires. « C'est très bon dans les omelettes et sur les pâtes. Et dans les glaces, aussi. » « Je sais où c’est très bon déjà, merci. » ma voix qui rétorque contre la sienne, il a qu’à me prouver ce qu’il dit en cuisinant ce qu’il avance, autrement, je reste sur ma position que ça se râpe fraîchement sur des frites bien larges, enrobées de gras de canard, arrosées de jus de citron et garnies de gros sel. « Tu peux essayer de voir si ça embellit ton caviar cher et dégueulasse. » « Ton idée sert à rien et t’as vu on a du homard aussi – ouvre grand. » mes doigts attrapent l’une des pinces dégainées, je force la bouchée contre ses lèvres quand mes prunelles vrillent ailleurs et que son attention s’égare sur sa tache de chantilly qui lui donne l’air d’être un gamin de 5 ans qui arrive pas à rien manipuler sans se gommer les doigts ; charmant.
Mais il veut presque pas partager ses fraises. Et pour une raison claire et précise ça en devient ma seule et unique intention désormais, qu'il cède. « Mange ta truffe. J'ai besoin de mes cinq fruits et légumes par jour. » j’éclate de rire un temps, teste la tactique de l’interrogatoire renouvelé la minute qui suit. « Tu fais vraiment ma psychanalyse. » « Yep. » pas comme si ça le surprenait, pas comme si je testais pas les eaux et les retranchements – les siens, toujours les siens – à chaque fois où on était ensemble. Parfois ça fonctionne et il parle, d’autres fois ça fait que dalle et il se ferme. J’apprends, c’est fun, et tant qu’il sourit et/ou qu’il souffle, je mémorise pour usage ultérieur ce qui me fera le plus marrer entre le faire bavasser ou rager au prochain épisode. « Et puis qui te dit que je n'ai pas déjà fait tout ce que je voudrais faire au monde ? »
Hum. « C’est triste ça, dude. » j’ai de la facilité à être ingrate et impolie, ça c’est une seconde nature. Mais là par contre, c’est pas de la pitié, c’est pas de la tristesse mal placée ; c’est qu’une claque du revers de plus. Il en a bien besoin pour se réveiller une bonne fois pour toute et arrêter de ranger son sourire derrière un masque de marbre de merde au petit matin quand il retourne gérer des connards en costards et boire du café hors de prix pendant des meetings qui le mettent hors de lui.
« Sauter en parachute. » « Deal. » ça sort naturellement, l’entente est déjà enregistrée, mémorisée entre deux bouchées de canapés aux couleurs variées. « Manger toutes les fraises de la planète, ne t'en laisser aucune. » « Pas deal. » ma silhouette s’allonge par-dessus la sienne, mes mains se posent sur ses cuisses, mais il le dégage le bol le bâtard, mon regard est noir, c'est moi qui se dégage l’instant qui suit. « Mettre du caviar dans tous tes trucs comestibles. Ne regarde pas la fraise. Tu ne l'auras pas, même en la regardant fort. » « Elle est à moi toi-même tu le sais que c’est qu’une question de temps. » je mime le même ton, prends la même intonation, c’est un concours de plus et c’est ma seule et unique cible, aussi gommée de crème sucrée puisse être son p’tit fruit de pacotille.
« Toi dis moi un truc que t'étais proche de faire, mais que t'as pas fait et que tu regrettes de ne pas avoir fait. Si tu ne veux pas répondre, je mange la fraise. » « Essaie voir. » et c’est là où je reprends contenance, où ma tête penche de droite à gauche alors que je fais mine de craquer ma nuque, passer à mes jointures ensuite comme si mes poings étaient les prochains à se préparer. Le coup de grâce vient quand je passe mes doigts derrière ma nuque pour détacher le collier, l’enroulant autour de mon poignet et de ma paume au fil de mes mots. « T’étrangler avec mes belles perles, te voler ta montre et tes bagues et manger ma fraise sur ton cadavre. » mes iris ont rattrapé les siens sans même forcer le plus naturellement du monde, quand la seconde d’après c’est un baiser aussi espiègle que soufflé qui conclut l’entente.
« Okay donne-moi ton téléphone. » l’air change, ma main entourée de perles se tend vers lui, il réagit pas assez vite et elle retourne investir la poche de son pantalon à la recherche du combiné pendant un bref moment. « Arrête, panique pas j’vais pas vendre aucune de tes actions ni fouiller pour trouver tous tes selfies gênants. » mes prunelles ont quitté son profil le temps d’attraper de force son index pour retirer le verrou de son écran et me laisser pianoter à ma guise. J’anticipe qu’il relance, mes pieds me poussant vers le mur et la tête de lit en utilisant sa hanche comme point de pression me ramenant vers l’arrière. « Si je mets X-Large dans le choix des harnais à quel point tu râles? » seront les seuls mots que je lui renverrai durant les prochaines minutes, avant de finir par fermer son portable et le lui renvoyer en le laissant rebondir sur les oreillers entre les énièmes plats à moitié engloutis et dispersés. « On saute demain. »
Sauter en parachute, qu’il a dit. Deal, que j’ai répondu.
« Et j’ai payé. Avec mes économies. Tu me fais faux bond je ressors le plan du collier dans la seconde. » mes paupières battent la mesure, ma main se tend vers lui à nouveau, dans l’attente de la fraise qui envers et contre tout me semble particulièrement méritée. |
| | | | (#)Jeu 16 Avr 2020, 13:19 | |
| « Ton idée sert à rien et t’as vu on a du homard aussi – ouvre grand. » « Tu vas m'en mettre sur la chemise. » Il a déjà flingué son pantalon, pauvre de lui. C'est l'angoisse, il faudrait l'envoyer au pressing, ou carrément le jeter.. oui le jeter, c'est mieux. Faire disparaître les preuves de sa maladresse, alors qu'il goûte au homard et se pourlèche les lèvres. « C'est n'importe quoi la première page de leur carte. Du homard, des fraises, et puis de la truffe. » C'est le bazar, en somme. Mais qu'est-ce qui n'est pas le bazar, en ce moment, vraiment ? L'italien pourrait même trouver à redire sur leur homard. Au lieu de ça, il joue le jeu du psychanalysé sur son canapé - sauf que là, leur canapé se révélé être un lit, et le cabinet miteux une suite tranquille dans les derniers étages d'un hôtel de luxe.
Les fraises en tout cas, elles n'ont pas fini d'être le centre de l'attention. Et au final, Saül sent bien que ça va terminer en bagarre pour savoir qui aura la dernière. Et là dessus, il tachera sa chemise, la barbouillera de rouge, la rendra si irrattrapable qu'il faudra la brûler pour de vrai. En attendant c'est lui qui brûle de certitude, alors que Ariane a l'air décidée à obtenir un diplôme de psychologue spécialisée dans les gens riches qui ne font pas ce qu'ils veulent, même avec leur argent. « C’est triste ça, dude. » Un peu. « Merci. » N'empêche qu'il en aura accompli quelques trucs ça et là, avant de s'enfermer dans sa routine de type bien rangé. Des trucs, sauf sauter en parachute - deal - et leurs yeux clairs s'accrochent encore. « Comment ça, deal. » Ce n'est même pas une question, il a très bien compris le sous-entendu. Mais Ariane ne le mettra pas dans un avion pour aller sauter en parachute, ça non, même pas si elle lui promet toutes les fraises de la planète Terre. Elle refuse, de toute façon. Voilà pourquoi Saül met hors de sa portée son plus grand trésor : le fruit restant. « Elle est à moi toi-même tu le sais que c’est qu’une question de temps. » L'homme d'affaires est à ça de courir dans la suite pour la soustraire définitivement à l'emprise de Ariane, pour aller l'enfermer dans le coffre fort qu'ils mettent toujours dans les placards de la salle de bain. Faute de rubis, ils se contenteront d'une fraise.
La menace ferait presque trembler les murs tant Saül a mis du sérieux dans son ton, seulement trahi par le sourire étalé sur son visage. « Essaie voir. » « J'ai fait du judo. », qu'il lance tranquillement. Oui, quelques heures, quand il était gamin, avant de s'en lasser. Ça a toujours été comme ça, avec lui. Pendant d'Ariane se prépare à la bataille, lui se laisse tomber sur le flanc, accoudé au lit, son précieux otage dans l'autre main. « T’étrangler avec mes belles perles, te voler ta montre et tes bagues et manger ma fraise sur ton cadavre. » Son sourire n'est mis en pause que par l'affront d'un long bâillement caricaturé. « Laisse moi la montre. » Les tergiversations ne dureront pas plus longtemps, pas quand ils ne laissent, de toute façon, plus vraiment de place aux mots.
« Okay donne-moi ton téléphone. » Saül ne bouge pas, continue de la dévisager en haussant un sourcil. Il n'y aura pas besoin qu'il intervienne là non plus, de toute façon. « Chez moi on dit "s'il te plaît". », qu'il corrige en levant un index vers le ciel. De toute façon, Ariane a déjà attrapé son cellulaire. Elle a la manie de prendre ce qu'on lui donne et tout ce qu'on ne lui donne pas avec, la gamine. Saül ne sait pas s'il aime ou s'il déteste ce trait là, mais l'objectivité lui fait défaut : sur ce plan là, ils sont égaux. « Arrête, panique pas j’vais pas vendre aucune de tes actions ni fouiller pour trouver tous tes selfies gênants. » « Je suis très calme. » A son regard fixé sur les mains de Ariane et à sa mâchoire coincée, c'est tout le contraire qu'on devine aisément. Plus que tout au monde - presque - le quarantenaire déteste qu'on farfouille dans ses affaires. Surtout si c'est pour les déranger. Elle file, Ariane, mais Saül attrape sa jambe pour ne pas qu'elle se tire avec son précieux bien. La fraise a roulé sur le lit. « T'en as un, de téléphone. », qu'il marmonne en essayant de la ramener vers lui. « Si je mets X-Large dans le choix des harnais à quel point tu râles? » « Les champignons sur leur carte, je pense qu'ils étaient hallucinogènes. » Ce n'est pas possible autrement, parce qu'il ne comprend rien de ce qu'elle raconte. Le bras tendu, Saül tente de reprendre son bien. Mais l'essai est vain, alors le voilà qui râle, souffle, s'étire pour essayer de lui voler le téléphone, manque de souplesse et aussi d'abîmer sa chemise. « On saute demain. » Les yeux de l'homme d'affaires papillonnent, alors que ses doigts sont figés dans sa dernière tentative d'attraper son dû. « Ou alors c'est le champagne. Rends moi le téléphone. » Il lui faut cinq secondes de plus pour comprendre, pour que ses prunelles se raccrochent à celles de la jeune femme alors qu'il se redresse pour remettre ses cheveux en place. « Et j’ai payé. Avec mes économies. Tu me fais faux bond je ressors le plan du collier dans la seconde. »
Pour une poignée de secondes encore, ses yeux vont du téléphone à Ariane. « Je ne peux pas, demain, j'ai... » Rien du tout, pour une fois, sinon une autre partie d'escrime avec monsieur x ou madame y au sujet d'un énième différend commun. Sa main cherche la fraise, à l'aveuglette, alors que ses yeux glacés se figent dans ceux de la trentenaire. « C'est de la triche. Je n'ai pas donné mon accord. » Et pourtant, il brandit sa signature - la fraise - pour parapher le contrat - la main de Ariane - qu'elle semble avoir préparé pour lui. « J'accepte, mais : » - comme s'il avait le choix. Voilà Saül prêt à renégocier le contrat, alors qu'il éloigne à nouveau le fruit. « Si je meurs tu me laisses ma montre. » Celle qu'il porte tout le temps, la Geophysic au bracelet brun. C'est en inventant de nouvelles lignes pour leur contrat imaginaire qu'il se rapproche de la reine de la nuit, tout en gardant la fraise au dessus de sa main tendue. Sa voix baisse, prend des accents de secret. « Et le collier de perles. Je te laisse la maison à Grenade, le garage rempli de motos, et l'avion privé que je n'aurai pas eu l'occasion d'acheter à cause de toi. » C'est à son tour de lui voler un baiser, avant de lâcher la fraise entre ses doigts à elle. Ses mains en sont probablement tachées, à force de la tenir entre ses doigts. Pour une fois, il en a même oublié sa chemise. « Tu peux pas dire que je pense pas à toi. », qu'il répète encore dans un souffle, contre sa peau à elle. De cette ligne là, Saül ne s'en lassera jamais, pour sûr. |
| | | | (#)Jeu 16 Avr 2020, 14:47 | |
| « Chez moi on dit "s'il te plaît". » « Per favore. » « Je suis très calme. » « Je vois ça. » « T'en as un, de téléphone. » « Ton fond d'écran est nul. » « Les champignons sur leur carte, je pense qu'ils étaient hallucinogènes. » « T'as déjà pris de la drogue? T'es plus herbe ou cachets? Touche pas à la coke. » « Ou alors c'est le champagne. Rends moi le téléphone. » « Ma coupe est vide d'ailleurs. 5 minutes, patience. »
Un gamin, un véritable gamin. Il pourrait se vanter d'être la figure d'autorité, d'être l'adulte responsable, l'aîné qui a tout vu et tout vécu. Il pourrait s'en donner le rôle et l'affirmer haut et fort que la seconde suivante il perd toute crédibilité au fil de ses attaques et autres guerres d'oreillers. J'éclate de rire à le voir essayer, au moins y'a ça, il s'en laisse pas démordre et il est lourd à rattraper ma cheville et à foutre ses doigts partout quand ma paume libre lutte entre le garder le plus loin possible un temps, le plus proche possible la seconde d'après.
Le glas sonne quand il récupère son bien, la transaction claire et précise sous ses yeux d'océan qui confirme ce qu'il sait déjà. « Je ne peux pas, demain, j'ai... » t'as rien de mieux à faire, essaie pas mon gars. Mon sourcil se hausse, il bafouille Saül, il bifurque, sa main s'égare sur les draps à la recherche de son dû fruité. Mes jambes reprennent leur place bien évidente sur ses cuisses le temps qu'il se cherche une ou mille excuses de merde que je contrecarrerai d'un bâillement - à mon tour - ou d'un soupir exagéré - à mon tour encore. « C'est de la triche. Je n'ai pas donné mon accord. » « C'est là le moment où t'appelles tes avocats? » ma voix raille, mon coup d'oeil pareil, il a presque l'air d'avoir peur le roi qui ne bronche devant absolument rien à l'habitude. Je sais pas si ça doit me fasciner qu'il ait une faille, même la plus minime d'entre elles, ou si ça doit l'effrayer que je l'ai remarqué. De ça, de sa confiance, j'ai pas envie d'abuser. « J'accepte, mais : Si je meurs tu me laisses ma montre. » j'ai presque oublié le sujet d'une dispute qui n'en est même pas une quand mes iris quittent les siens pour la seule et unique raison restante de fixer le cadran à son poignet, tenter de déceler ce qu'il lui trouve au point de vouloir l'amener avec lui dans la tombe. « Tu mourras pas. Fais pas ta dramaqueen. » et si tu meurs t'auras coché la chose que t'as toujours voulu faire et que t'aurais regrettée de jamais faire. « Chez moi on dit "merci". »
Saül qui change de mesure, qui peaufine le rythme, le mien qui manque un battement et sa proximité qui n'est plus définie par les assiettes éparpillées entre nous, ni par la première page d'une carte illogique et de son massacre à nos pieds. « Et le collier de perles. Je te laisse la maison à Grenade, le garage rempli de motos, et l'avion privé que je n'aurai pas eu l'occasion d'acheter à cause de toi. » sa chaleur se casse sur mes lèvres, mon sourire résonne au sien quand c'est à lui de piquer, quand bien même il ne me pique pas du tout. « Tu peux pas dire que je pense pas à toi. » et il s'égare, et il tergiverse, et il glisse le long de mon épiderme sans jamais prendre de point d'ancrage autre que l'endroit où ses lèvres se déportent le plus instinctivement possible.
« Le collier est tout à toi. » l'amende honorable qui vient alors que je dérobe le bijou qui avait fini par glisser de ma main à mon poignet, le passer par-dessus sa tête maintenant qu'il tombe nonchalamment autour de son cou. Sa joue étouffe un autre de mes rires. « Faudrait que je vois des photos de la maison à Grenade, on m'a appris à pas signer sans valider toutes les clauses et lire tous les caractères. » mon ton passe au sérieux, la tête que j'hoche dramatiquement de la positive, le temps que prennent mes doigts à s'égarer sur l'un et l'autre des boutons d'une chemise qu'il a bousillée bien avant de l'avoir remarqué. Elle sera bien mieux au sol, de toute façon. Envolée. « Elles sont de quelles couleurs les motos? Y'en a des volées dans le lot? Le goût du risque blablabla. » le sérieux perd de son lustre quand ma paume remonte à ses cheveux, son point of pride qu'il recoiffe comme si sa vie en dépendait. Une mèche part à gauche, d'autres filent vers l'arrière, il est décoiffé le pauvre, bien sûr que je me moque l'instant qui suit. « T'avais qu'à l'acheter plus tôt, ton avion, t'attendais quoi? » et moi, j'attends absolument rien, quand la fraise qui est restée tout ce temps, enfin et conquérante dans ma paume, remonte à mes dents qui croquent le fruit sans la moindre équivoque. Lui reste une moitié, j'oserai pas lui concéder l'égalité et en plus en voir le résultat quand de l'index j'encourage la fraise qui dérive jusqu'à ses lèvres, les miennes laissant une traînée rougie, carmin le long de sa mâchoire encore contractée d'avoir un harnais X-Large d'associé à son nom, demain.
« Je jugeais. » et au cas où il se demande encore, je précise, confesse dans un sourire de plus la réponse à ce qu'il me reprochait y'a une vie plus tôt. J'aime pas lui mentir de tout façon, c'est chiant.
Dernière édition par Ariane Parker le Jeu 16 Avr 2020, 21:42, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 16 Avr 2020, 20:34 | |
| |
| | | | (#)Ven 17 Avr 2020, 08:27 | |
| |
| | | | (#)Ven 17 Avr 2020, 19:49 | |
| |
| | | | (#)Sam 18 Avr 2020, 12:53 | |
| |
| | | | | | | | i'm the powder, you’re the fuse (saül) |
|
| |