Le silence est presque pesant dans l’habitacle. Je me concentre sur la route tandis que mes doigts battent la mesure, Bowie en fond sonore, toujours lorsque je conduis. Jill est perdue dans ses pensées et je n’ose pas la déranger. On verra plus tard pour la discussion. Je sais qu’il s’est passé quelque chose à la galerie, je suis pas persuadé de vouloir connaître toute l’histoire. Alors, je gagne du temps. La fin d’après-midi s'est plutôt bien déroulé même si j’ai été surpris de devoir jouer à la rencontre parfaite avec une fille que je connais à peine. Mais elle est adorable Lola et elle méritait que tout se passe bien pour son amie. C’était quelque chose d’important pour elle, alors on a tout fait pour que ça se termine bien. Un peu de gâteau au chocolat et du café, il n’y avait rien de mieux, après tout non ? Je crois que tout, c’est bien dérouler. Je ne suis pas vraiment doué pour ce genre de rencontre officiel. Je ne suis pas vraiment doué pour les relations humaines de manière générale. J’enverrais probablement un message à Lola dans la soirée. Pour le moment, je me demande juste ce qui rends ma femme si silencieuse. Et je n’aime pas ça.

Une fois à la maison Jill part immédiatement se changer en râlant sur son jean qui la serre trop et je laisse faire. Je vais à la cuisine, je tenter d’avoir une idée subite pour le dîner, mais rien ne me vient, parce que je sais que Jill voudrait me dire quelque chose. Logan chouine et je vais lui ouvrir la baie vitrée pour qu’il puisse aller faire un tour dehors. « On ira marcher tout à l’heure. » Je lui gratte la tête et déjà, il s’échappe dans le jardin pour aller faire, je ne sais quoi. Je décide de me servir une bière, je crois que ça ne fera pas de mal. Je m’étais juré de ne pas trop boire d’alcool devant Jill pour ne pas la tenter, mais ce soir, on oublie un peu les règles, je crois. Elle revient dans le salon et je lui souris quelque peu. « Tu vas me dire ce qui s’est passé à la galerie ? » On s'est promis de ne plus jamais se mentir et ça j’ai besoin de le savoir parce que ça touche sa sœur et par conséquent ça touche toute notre famille. Et je crains le pire connaissant les deux McGrath.

La journée est terriblement longue. Jill aurait aimé rentrer se cacher dans la maison pour essayer de reprendre ses esprits, pour pas que Bailey ne s'inquiète pendant toute une après-midi parce qu'elle sait qu'il sait qu'elle ne va pas bien. Comment aller bien après un moment pareil ? Après tant d'efforts balayés en une seule seconde par la cadette ? La rencontre s'est bien passé, et Lola méritait ce genre de journée. C'était ça qui était prévu, que tout se passe bien pour rencontrer son amie. Mais tout s'était bien trop compliqué. Elle ne parle pas quand ils retournent à la maison, Bailey ne brise pas le silence, et Jill a peur de ce qu'il va penser de tout ça. Elle sait qu'elle a eu raison, qu'elle n'aurait pas pu réagir autrement, et pourtant, son mari ne sera peut-être pas du même avis.

Elle va se mettre en pyjama, étire les quelques minutes qui lui restent avant de se retrouver face à l'homme qu'elle aime. Et elle redescend, ils vont devoir parler, elle le sait, et elle en a envie. Elle ne veut pas lui cacher ce genre de choses bien trop importantes pour elle depuis quelques semaines déjà. Et c'est Bailey qui pose la question, bien évidemment. Ça ne l'étonne pas Jill, il est inquiet depuis des heures maintenant. Elle s'assoie en face de lui. Elle va tout lui raconter, d'un seul coup. Mais elle cherche ses mots, elle même elle ne sait pas vraiment ce qu'il s'est passé. « Je comprends toujours pas vraiment pourquoi la situation a tourné comme ça. » Elle pose sa tête dans sa paume et inspire calmement avant de commencer. « J'étais à la galerie en avance et Ginny était enfermée dans son atelier, Auden dans le sien. Lola est arrivée et je l'ai rejoins. Quand Ginny est arrivée elle avait ses yeux de quand elle dort pas depuis plusieurs jours. Elle était dévastée je te jure. C'était horrible à voir, elle était au bout du rouleau. Et quand Auden est arrivé c'était très froid. Ils ont commencé à faire une scène, ils s'engueulaient devant Lola et t'aurais vu les yeux de Ginny Bai... Lola s'est mise à pleurer et elle est sortie avec Grace. Ça m'a énervé, je sais que la seule personne qui peut la mettre dans cet état c'est Auden. Et j'ai voulu la protéger, elle allait mal. Mais j'ai hurlé sur Auden, je supporte pas qu'il la rende triste. Et Ginny a changé en moins d'une seconde. Elle m'a dit que je lui faisais du mal, et je veux plus de ça Bai, je peux plus subir tout ça. Elle est trop compliquée, elle s'est accrochée à son bras comme si de rien était, comme si ils n'étaient pas en train de se hurler dessus quelques minutes avant. Et elle m'a blessé, quand je suis là pour elle ça va pas, quand je suis pas là ça va pas non plus. Je peux plus Bai, j'ai besoin d'air, j'ai dit à Auden qu'elle était toute à lui et je suis partie. » C'est peut-être flou, et peut-être que lui non plus ne comprendra pas, mais Jill compte camper sur ses positions. Elle ne reverra pas sa sœur, pas pour le moment. C'est trop, elle a besoin de respirer, de se concentrer sur elle et ses bébés dans un environnement sain et calme. Et sa sœur n'est apparemment pas capable de lui offrir ça.

À l’instant même où Jill m’a envoyé ce message pour que je vienne la chercher, j’ai compris. Elle n’appelle jamais à l’aide Jill, elle se débrouille toujours seule. Pourtant, cette fois-ci, elle a voulu que je vienne la chercher. Alors, j’ai compris. Une énième dispute venait d’avoir lieu avec sa sœur ou Auden, je crois que ça n’a plus vraiment plus d’importance. Ils ne font plus qu’un désormais, après tout… Et bien sûr, je suis venu la chercher. Et depuis, je me demande ce qui a bien pu se dérouler dans cette galerie pour que Lola soit en larmes et Jill sur le point d’exploser. Je me suis retenu de poser des questions pendant des heures, j’ai ravalé mon inquiétude, me contentant d’établir une liste d’interrogation tout en tentant de tenir une conversation censée avec Lola et son amie. Une torture de l’esprit. Et c’est bien pour cela qu’à la minute où Jill revient dans le salon, je lui demande ce qui a bien pu se passer. On s'est promis d’arrêter les cachotteries, il y a bien longtemps désormais. Je vois bien qu’elle hésite et si elle prend autant de temps à me raconter son début d’après-midi, c’est probablement parce que je ne vais pas aimer ce que je vais entendre. Alors, j’attends sans la presser. Elle prend le temps de peser ses mots Jill et ses hésitations me stressent bien plus que de raison. Elle inspire et commence à raconter. Au fur et à mesure de ses paroles, mes doigts se resserrent autour de la bouteille de bière. Alors, encore une fois, une dispute a éclaté pour des interprétations, pour des "elle avait l’air.". Un long soupire s’échappe d’entre mes lèvres, mais je ne dis rien, je laisse Jill finira de relater les événements. Et j’essaye de me mettre à sa place. Je me demande comment j’aurais réagi à sa place. Je sais que ça ne m’aurait pas plu, je sais qu’instinctivement j’aurais voulu protéger Ginny. Mais, j’ai également appris de mes erreurs et je n’oublie pas la conversation que j’ai eue avec Auden. Il était grand temps que l’on arrête de se mêler des histoires des autres, je crois. Alors, je ne sais pas vraiment comment j’aurais réagi, mais je suis sûr d’une chose… Si j’avais été présent Jill n’aurait pas eu le temps de déverser sa haine sur Auden. « Je suis fatigué de tout ça. » Et elle le sait, je lui en avais déjà parlé. Mais cette fois, les choses sont différentes, parce que j’ai pris le temps d’aborder le jeune homme, parce qu’on a tenté d’apaiser les choses et que Jill vient de jeter de l’huile sur le feu à nouveau. « C'est leur histoire Jill, leur dispute, leur couple. » Je passe une main sur mon visage en soupirant. « Tu aurais détesté que Ginny s’interpose entre nous alors qu’on est en train de se prendre la tête, même si tu allais mal. » Parce que c’est la stricte vérité. Pendant des années Jill m’a reproché de trop laisser Ginny s’immiscer dans notre histoire et voilà qu’elle se permet de faire la même chose en retour. Un rire nerveux m’échappe alors que je suis las de tout ça. « Je suis allé voir Auden, j’ai tout fait pour que l’on puisse au moins se supporter quand on se retrouve dans la même pièce. J’ai promis à Ginny que ça allait aller. Et toi tu… » Je retiens les mots, mais elle comprendra j’en suis certains. T’as gâché quelques choses Jill. « Tu la trouves compliquée ? Quand on se prend la tête Jill, tu choisirais qui entre moi et ta sœur ? » Parce que c’est ça aussi que j’ai finis par comprendre en assemblant les différentes pièces du puzzle. Auden et Ginny ne sont pas si différents que Bailey et Jill. Des années à s’aimer en secret, de loin. Des années à oser espérer pouvoir se retrouver. Et maintenant que c’est le cas, le reste ne compte pas.

Elle a tout raconter, tout ce dont elle se souvient. Elle n'a pas essayé d'édulcorer l'histoire, d'enlever des éléments. Ils ne se mentent plus, ils l'ont dit. Elle ne sait pas ce qu'il va dire. Elle ne peut s'empêcher d'espérer qu'elle aura le droit à un peu de compassion, de compréhension. Mais Bailey ne la regarde même pas. Il resserre son emprise autour de sa bière comme si il en voulait à Jill. Comment il pouvait lui en vouloir ? Et la tension commence à monter, elle le sent Jill, et ça faisait quelques temps que ça n'était pas arrivé. Et ça recommence, comme avant, toujours à cause de la même personne. Ca les ronge, ça les rongera toujours et Jill soupire elle aussi. "C'est vrai que pour moi c'était une partie de plaisir." elle tourne la tête vers lui. Elle aussi elle avait commencé à y croire, à avoir confiance en tout ca mais sa petite sœur avait tout balayé d'un revers de main. Il a raison et au fond elle le sait. Mais ce n'est pas le bon moment, pas du tout. Il recommence à prendre le partie de la cadette à la seconde où les choses tournent de nouveau mal sans avoir vu. Il ne l'a pas vu le visage de Ginny. "Je me suis pas interposée entre eux. Ils ont fait pleurer Lola Bailey. Alors qu'elle organisait cette journée depuis des semaines, j'étais censée faire quoi ? Les applaudir peut-être ? Et t'as raison, la prochaine fois que je vois Ginny qui n'a pas dormi depuis des jours et qui a passé son temps à pleurer je lui donnerai une petite tape sur l'épaule en lui disant que y'a pire dans la vie." elle se lève, elle s'éloigne. La colère recommence à monter et elle n'aime pas ça. 

Elle a tout gâché, si il tient autant à Auden et Ginny pourquoi est ce qu'il ne court pas les consoler en leur disant à quel point Jill est une mauvaise personne. "Ouais tu devrais être habitué non ? J'ai toujours été celle qui gâche tout. Mais je pense qu'ils sont capable de faire la différence entre toi et moi. Mais cours, vas la consoler tant qu'il en est encore temps, je suis sûre qu'elle ouvrira sa porte en grand." ce ne serait pas la première fois qu'il choisirait la plus jeune des McGrath. Jill s'assoit dans la cuisine en évitant de garder un contact visuel avec son mari. Les mots de Bailey attaqueraient presque. Mais elle ne peut pas hurler Jill, elle ne peut pas vraiment s'énerver alors qu'elle sait qu'elle doit faire attention aux jumeaux. La question est difficile, il a pas le droit de demander une chose pareille quand il sait à quel point Jill serait prête à tout pour la famille qui lui reste. "Je peux plus supporter ca là tu vois ? Même après tout ce qu'il s'est passé, le monde entier fini toujours par tourner autour du petit nombril de Virginia McGrath pour que tout aille pour le mieux. Mais ne t'inquiète pas. C'était la dernière fois que je faisais l'erreur d'essayer d'être là pour elle." elle parle sous le coup de la colère, mais, pour le moment, c'est tout ce qu'elle pense. "Je t'ai toujours choisi Bailey, mais tu sais que je pourrais pas les abandonner quoi qu'il arrive. Mais là je veux plus m'en occuper. Alors fais le toi si tu veux, cours voir si Auden t'en veux pas trop, si j'ai pas trop fait pleurer Ginny. Vous m'épuisez tous."

« C'est vrai que pour moi, c'était une partie de plaisir. » « Arrête. » Parfois, il arrive que je ne supporte plus le caractère si enflammé de Jill. C’est ce qui m’as fait craquer pour elle à l’époque, parce que j’avais besoin que l’on me tienne tête, j’avais besoin que l’on me pousse dans mes retranchements. Dans le fond, ce sera toujours un trait de sa personnalité que j’aime, parce qu’elle ne mâche pas ses mots, parce que je sais qu’elle me dira toujours le fond de sa pensée même si parfois cela doit en finir par me blesser. Mais parfois, c’est trop… Elle réagit au quart de tour. Elle fonce dans le mur sans même relever la tête, sans même prendre le temps de réfléchir, de peser le poids de ses paroles. Et je comprends que c’est exactement ce qui s’est passé aujourd’hui à la galerie. Une fois encore Jill a tiré des conclusions à la hâte. « Je me suis pas interposée entre eux. Ils ont fait pleurer Lola, Bailey. Alors qu'elle organisait cette journée depuis des semaines, j'étais censée faire quoi ? Les applaudir peut-être ? Et t'as raison, la prochaine fois que je vois Ginny qui n'a pas dormi depuis des jours et qui a passé son temps à pleurer, je lui donnerai une petite tape sur l'épaule en lui disant que y'a pire dans la vie. » Un soupire m’échappe alors que je passe une main lasse sur mon visage. « Tu pouvais juste te soucier de Lola. » Penser à ton amie, l’emmener à part, m’appeler comme tu l’as fait, mais sans forcément directement t’en prendre à ta sœur Jill. Je sais que dans le fond, elle ne pensait pas à mal. Elle a montré les crocs pour protéger sa petite sœur qui pourrait lui en vouloir ? Mais la manière de si prendre est si maladroite, si répéter que cela en devient trop dangereux.

Et je lui fais savoir que j’en ai clairement marre de tout cela, mais elle ne l’entend pas de cette oreille Jill. « Ouais tu devrais être habitué non ? J'ai toujours été celle qui gâche tout. Mais je pense qu'ils sont capables de faire la différence entre toi et moi. Mais cours, vas la consoler tant qu'il en est encore temps, je suis sûre qu'elle ouvrira sa porte en grand. » Et une fois encore, elle ne comprend pas où je voulais en venir. « Je peux plus supporter ça là tu vois ? Même après tout ce qu'il s'est passé, le monde entier fini toujours par tourner autour du petit nombril de Virginia McGrath pour que tout aille pour le mieux. Mais ne t'inquiète pas. C'était la dernière fois que je faisais l'erreur d'essayer d'être là pour elle. » Une fois encore elle me reproche de choisir sa sœur alors que je n’ai clairement pas exprimé un choix. Je voulais lui faire comprendre un point important, mais elle a mis ses œillères Jill. Elle ne m’écoute plus, elle ne pense qu’au conflit. Elle n’oubliera jamais le fait que j’ai pu partager ma vie avec sa sœur et elle me le reprochera jusqu’à la fin. Encore et encore. Cercle vicieux sans issue. « Je t'ai toujours choisi Bailey, mais tu sais que je pourrais pas les abandonner quoi qu'il arrive. Mais là, je veux plus m'en occuper. Alors fais le toi si tu veux, cours voir si Auden t'en veux pas trop, si j'ai pas trop fait pleurer Ginny. Vous m'épuisez tous. » « MAIS J’EN AI RIEN À FOUTRE ! » J’ai hurlé si fort que le silence qui suit est assourdissant. Jamais je ne lui avais répondu de cette manière. Jamais je n’avais hurlé plus fort qu’elle. « Je veux pas savoir ce qui se passe dans leur couple, ça me regarde pas. » Que je martèle une seconde fois, parce que je ne supporterais pas que Ginny se permette de faire des remarques sur le couple que je forme avec sa sœur. Pourtant, elle, elle en aurait toute la légitimité. « Tu supportes plus de t’en occuper alors que personne ne t’a demandé de le faire Jill. Ta sœur a eu un conflit avec son mari et alors ?! Tu l’as vu et tu t’inquiètes, je le comprends et c’est normal, mais t’avais besoin de lui rentrer dedans comme ça ? T’avais besoin de la faire se sentir comme une merde en disant à Auden de s’occuper d’elle comme si elle était un boulet ? » Parce que je connais Jill et je sais parfaitement que c’est comme ça que ses paroles on sonner. « Tu pouvais pas juste prendre ta sœur à part et lui demander si ça allait ? Qu’importe ce qu’elle t’aurait répondu au moins elle aurait compris que tu ne cherchais pas le conflit. » Je soupire une nouvelle fois. « Tu veux bien faire Jill, mais c’est pas en hurlant sur tout le monde que ça ira mieux. » Je sens mes mains qui tremblent et ferme les yeux un instant. Je voulais pas en arriver là, mais il faut croire que j’avais besoin de lui dire tout cela. « Et arrête de me reprocher ma vie passée avec ta sœur… Tout ce que je veux, c’est que tu arrêtes de penser à eux, pour penser à nous. » Et je pointe son ventre du doigt. « Et penser à eux surtout… »

Elle s'éloigne, elle sait qu'il vaut mieux qu'ils ne restent pas proche dans ce genre de moment. Elle ne voulait pas que cette soirée se passe comme ça, elle aurait préféré s'étaler sur le canapé avec Bailey tout en mangeant de la glace. Mais il a fallu qu'elle raconte tout, et il a fallu qu'il prenne le partie d'Auden et Ginny. Elle lui en veut là, elle lui en veut vraiment de ne pas juste avoir dit que ça finirait par s'arranger avant de la prendre dans ses bras. Ça se passe autrement et elle s'adapte, elle réagit fort parce que tout ça la brise au fond, elle pensait pas à mal, elle voulait juste protéger sa sœur et c'est au final ce que tout le monde lui reproche. 

"C'est ce que j'ai fait. Si j'avais pas proposé Lola aurait peut-être passé son après midi à pleurer, et au final, elle a réussi à passer un bon moment." Elle était contente que la jeune femme la suive loin de l'atelier. Cette rencontre leur a permis d'oublier un peu. Il y aura au moins une personne qui n'en voudra pas à Jill dans cette histoire. Jill parle beaucoup, très certainement un peu trop. Et Bailey se met à hurler. Elle relève les yeux sur lui, là elle cherche à capter son regard. Si il tourne la tête vers elle il verra à quel point elle n'est pas d'accord sur le fait de hurler. "Si tu veux crier je peux m'y mettre aussi."  parce que jusque là elle a été très calme. Elle n'a pas haussé la voix, elle n'a fait qu'expliquer. Elle serre les dents, elle se tait mais elle peut exploser à tout moment. 

"Je veux plus de tout ce bordel familial !" il crie et elle a légèrement haussé le ton. Tout ça est tellement épuisant. "Je…" elle sait qu'il a raison et ça l'énerve encore plus. Elle ne sait pas vraiment quoi dire mais elle n'est pas prête à avouer qu'elle aurait pas dû faire ça. Parce que Auden a fait pleurer Ginny et qu'il avait pas le droit. Quelle que soit l'histoire, quelle que soit la raison. "T'etais pas là tu peux pas savoir ce que j'ai dit. Je lui ai jamais dit de s'en occuper comme si elle avait 5 ans. J'ai seulement dit que je voulais plus de ça et qu'il l'aurait pour lui tout seul. C'est ce qui serait arrivé de toute manière maintenant qu'elle est avec lui." il ne l'aime pas, elle ne l'aime pas. Et même si elle avait pensé pendant une seconde qu'elle pourrait essayer de faire des efforts, Auden n'avait absolument pas l'air d'être dans la même optique. Donc elle continuera de le détester sans aucun remord. "Bah je l'ai fait, et c'est comme ça. Désolée d'être comme ça, t'as d'autres choses à me reprocher ou ça va aller pour ce soir ?" elle continue de marcher un peu partout dans le salon pour essayer de se calmer. "Je pourrais pas l'oublier et ça aussi il va falloir que tu t'y fasse." elle hausse un sourcil, elle n'arrête pas de penser aux bébés et ça il devrait le voir. "j'arrête pas de penser à eux. Là j'ai pas hurler, j'essaie de rester calme mais tu me rends pas la tâche facile." Elle croise ses bras sur la poitrine avant de se tourner vers les escaliers. "Je vais dormir." elle monte les escaliers pour se retrouver à l'étage. Elle s'assoit sur le lit avant de souffler une nouvelle fois. Il finira bien par monter pour venir la voir. 

« Si tu veux crier, je peux m'y mettre aussi. » Elle est là, la vraie Jill. Juste derrière ce ton empli de défi. Celle que j’ai rencontrée pour la toute première fois, celle qui m’a fait tourner la tête en quelques minutes seulement. Elle est là, face à moi. Elle ne lâche pas mon regard du sien empli de défi. Elle ne supporte pas que ce soit moi qui ai hurlé pour une fois, parce que ça ne fonctionne pas comme cela habituellement. Elle hurle et j’écoute. Elle fait passer ses émotions dans la colère tandis que je tente de contrôler les miennes jusqu’au point de non-retour. La conversation est stérile chacun campe sur ses positions, mais je ne reculerai pas. Je ne supporte plus ce genre de dispute inutile. Je ne supporte plus de la voir cracher son venin avant de prendre la fuite. Ce jeu-là, on y a beaucoup trop joué et il est temps d’y mettre fin. Même si Jill ne semble pas d’accord avec cela.

« Je veux plus de tout ce bordel familial ! Je… » J’attends la suite, mais le flot des mots est interrompu. Je sais que je viens de taper juste. Elle ne l’admettra jamais, Jill, mais au fil des années, j’ai appris à lire son langage corporel. Elle sait que j’ai raison, mais elle préfère encore que l’on se prenne la tête plutôt que de l’admettre. Elle préfère encore me rejeter la pierre même. « T'étais pas là tu peux pas savoir ce que j'ai dit. Je lui ai jamais dit de s'en occuper comme si elle avait 5 ans. J'ai seulement dit que je voulais plus de ça et qu'il l'aurait pour lui tout seul. C'est ce qui serait arrivé de toute manière maintenant qu'elle est avec lui. » Un rire nerveux m’échappe alors que je reprends ses mots. « De "ça"… "Pour lui tout seul". » Et elle va m’en vouloir, je le sais. « C’est pas un jouet que l’on s’arrache Jill, c’est ta sœur. » Et a tous trop vouloir l’attention de Ginny on a fait n’importe quoi. Il est temps que ça change. Et vite.

Mais elle détourne le sujet ma femme, elle pointe du doigt. Elle cherche à faire mal pour se venger. « Bah je l'ai fait, et c'est comme ça. Désolée d'être comme ça, t'as d'autres choses à me reprocher ou ça va aller pour ce soir ? Je pourrais pas l'oublier et ça aussi il va falloir que tu t'y fasses. » Je ne lui en voudrais jamais d’être qui elle est même parfois, comme ce soir, je trouve qu’elle va trop loin. Ses reproches en revanche… « J’aurais jamais le dernier mot avec toi, hein?!. » Et si habituellement je ne lui en tiens pas rigueur, ce soir ça me blesse. « Un jour, peut-être, tu comprendras que je ne l’ai jamais choisi, elle. » Mais que je t’ai choisi toi, encore et toujours. Juste toi Jill.

« J’arrête pas de penser à eux. Là, j'ai pas hurler, j'essaie de rester calme mais tu me rends pas la tâche facile. » Énième reproche. Probablement celui de trop. Lassé de la conversation, je me contente de plonger mon regard dans le sien, écartant un peu les bras. Je lui laisse le champ libre si elle veut hurler, me frapper ou faire, je ne sais quoi encore. Je ne répliquerai pas, je suis fatigué. Je ne lui donnerai pas la dispute qu’elle semble attendre, pas ce soir. « Je vais dormir. » Je hoche la tête et me lève en même temps qu’elle. Je la laisse partir à l’étage et vais m’installer au salon. Hors de question que je la suive après ce qu’elle vient de me dire. Je comprends ses sautes d’humeur, je sais à quel point, c’est dur parfois pour elle, mais le fait qu’elle me cherche, qu’elle veuille appuyer là où ça fait le plus mal pour que je réplique, je ne le supporte pas. Elle me pousse à la faute pour me le reprocher plus tard et ce soir elle ne gagnera pas.

Je ne sais combien de temps, je suis resté en bas à zapper à la télé. J’ai dîné seul, un truc jeter dans le micro-onde à la va-vite. Il est tard, la nuit est tombée et je viens de faire rentrer Logan. Je vérifie que tout est fermé en bas et monte à l’étage. Je passe devant la porte de la chambre et hésite un instant avant de continuer mon chemin pour la pièce d’à côté. Pour le moment, elle me sert de bureau et de pièce où je fourre tout mon bordel, mais bientôt elle sera la chambre des jumeaux. Il y a de cela quelques jours, j’ai récupéré des cartons. Quitte à être éveillé, je décide de commencer à ranger la pièce pour trier le bordel. Je monte un carton et m’attaque à l’armoire pleine à craquer de papiers, souvenirs et tous autres objets en tout genre. Il est temps de faire de la place pour les jumeaux.