| i've got no soul to sell (ariet) |
| | (#)Jeu 16 Avr 2020 - 2:33 | |
| Ç'aurait été con et foutument condescendant d'être assurée qu'il allait venir. Et probablement que j'espérais qu'il vienne pas aussi, dans un monde où c'était parfait de me dire que c'était qu'un connard et qu'encore une fois il allait facilement le prouver. Mais le truc avec Jet, c'est qu'il rôde un peu trop ces temps-ci. Je rôde tout autant que lui vous méprenez pas, mais comme j'en ai rien à chier de prendre le rôle de celle qui en donne plus qu'elle en prend, c'est clair que je vais jamais le statuer comme ça.
Donc, il est collant. Et puis y'a eu la nuit et la ruelle, y'a eu l'hôpital et les milliers de questions (okay à peine cinq) qu'il m'a posées sur l'aller en plus de celles qu'on m'a posées là-bas. Y'a eu des jours qui sont passés, des semaines presque, et là, y'a eu un message, un seul, et un autre après mais un silence radio aussi.
Il viendra pas et c'est okay j'ai apporté que de la bière pour moi.
C'est cool ici, c'est cool et c'est tranquille et c'est loin de la ville et je suis sûre que dans les faits c'est moi qui lui ait fait découvrir l'endroit et pas lui. Il clamera le contraire, mais mes souvenirs me hurlent que c'est mon secret spot que j'ai partagé pour une raison obscure que je nierai toute ma vie avec lui ce jour-là et pas l'inverse. Et non, y'avaient pas de trousseau de clés non plus d'associé à cet anniversaire-là, y'avait rien de tout ça.
Mais y'a lui, apparemment, et rien qu'à voir sa tête de con je regrette déjà.
« C'est son nom et son adresse. » au dealer, à celui que Jet a cogné mais pas assez, qui s'est tiré après m'avoir tabassée. Y'a un papier dans ma main que je lui tends, ma bière qui vient masquer mon immense sourire. « Si tu me laisses pas donner le premier et le dernier coup t'es aussi mort que lui. » ça compte comme un cadeau d'anniversaire, et j'aurais très bien pu lui donner par texto ou pas lui donner du tout, mais de le faire ici en pleine nuit, ça a un potentiel encore plus louche qui me plaît sans que je nie. |
| | | | (#)Jeu 16 Avr 2020 - 3:09 | |
| J'ai reçu son texto. Je l'ai reçu et j'ai répondu et elle m'a dit où elle serait. Et j'ai laissé du suspens, je lui ai pas dit que je venais et je prends du retard juste pour être sûr qu'elle ait été un peu de temps seule. J'ai pris ma guitare, j'y aurais peut-être pas pensé si elle m'avait pas dit de pas la prendre. Je pars avec ma guitare sur le dos et je vais acheter de l'alcool. Elle en aura sûrement pris juste assez pour elle et je compte bien fêter aussi mon anniversaire. Je reçois un message d'Elora aussi, mais je ne passerai pas cette soirée avec elle. Je vais aller dans mon endroit, l'endroit que je lui ai montré il y a des années et qu'elle n'a pas oublié. Certainement parce que pendant quelques temps c'était notre endroit même si on ne l'a jamais formulé comme ça et qu'elle ne le fera jamais.
On ne reste pas longtemps loin l'un de l'autre, soit on se cherche, soit c'est le hasard qui la met sur mon chemin. À croire que mon existence ne sera jamais tranquille. Mais au lieu d'aller voir la petite blonde naïve pour passer cette soirée je suis déjà à la recherche d'une moto à voler pour la soirée. Comme la dernière fois, la dernière fois qui date d'une vie déjà. Je dois la jouer subtil ce soir, parce que j'ai besoin des clefs. J'ai besoin des clefs d'une moto avant de partir pour le spot. J'attends une dizaine de minute avant qu'un type ne se gare pas loin de mon appartement. Le gars ne l'accroche même pas mais il laisse le casque. Je m'approche de lui et je le bouscule, elle marche toujours bien cette technique. Pas de caméras de surveillance, et il fait assez sombre pour pas qu'il ne puisse voir mon visage. Les clés sont dans ma main et il me faut moins d'une minute pour démarrer la moto et me tirer à l'autre bout de la ville.
Je la vois assise sur le sable avec ses quelques bières. Elle n'a pris de l'alcool que pour elle, exactement comme je l'avais prévu.
Je m'assois et je pose ma guitare à côté de moi. Je regarde la mer. C'est fou comme j'aime cet endroit. J'aime l'océan, la plage, et le calme de cet endroit. Je prends le papier et le lis avec un léger sourire aux lèvres. Et ces clés dans ma main me projettent dans la passé mais je secoue la tête. C'était un autre temps. Et je lui lance. « Elle est volée. » Mais elle aime les mots, elle les a toujours aimé et ça ne m'a rien coûté. Je ne cherche pas à avoir de cadeau d'anniversaire mais elle m'en fait un. Et elle n'est pas là pour un cadeau pourtant elle se retrouve avec des clefs dans les mains. « T'as assez de forces pour juste mettre un coup de poing déjà ? » Je me tourne légèrement vers elle. Je me souviens de l'hôpital, de son état quand je l'y est emmené. Et je ne pense pas que je l'oublierai de sitôt. |
| | | | (#)Ven 17 Avr 2020 - 17:40 | |
| « Elle est volée. » si ça sonne comme s'il s'agissait d'un rite de passage pour que je considère lever la tête vers l'allée un peu plus loin et dégager de mes prunelles acérées la silhouette de la dite, moto volée et stationnée à mon intention, c'est que c'en est une. « Good boy. » je pouffe de rire, la scène est ridicule et complètement improbable mais apparemment, si j'ai un cadeau pour lui, il en a un pour moi. Je sais pas trop ce qui s'est passé avec Jet depuis la ruelle et les coups qui laissent encore évidemment des tas de marques et de cicatrices plus ou moins apparentes sur ma peau, n'en reste que pendant une poignée de brèves et éphémères secondes, j'ai presque envie de lui demander comment il l'a volée celle-là, je m'y intéresse vraiment. Les détails, les bribes, le spectacle, la totale. Un temps.
J'ai des clés entre les doigts, lui, il a un papier avec des coordonnées bien précises rédigées de ma main et une suite qui l'est toute autant. « T'as assez de forces pour juste mettre un coup de poing déjà ? » « J'sais pas j'peux essayer de voir sur toi déjà et tu me diras combien d'os j'arrive à te casser. » ma voix raille, mon sourire avec, ça fait du bien de pas avoir de goût de fer dans la bouche quand je lui renvoie l'air le plus condescendant que j'ai en banque.
Ma bouteille de bière finit à mes lèvres, je lui en offre aucune parce que je vois bien qu'il a apporté ses rations et que c'est bien fait d'être égoïstes, à deux. Mes prunelles dérivent des vagues qui se cassent sur la côte à sa guitare qu'il a, bien sûr, traînée avec lui expressément parce que je lui ai dit de pas le faire. Gamin. « T'es lourd. » mon menton pointe l'instrument calé dans le sable, justifiant la raison qui lui dégaine ce qualificatif aujourd'hui. Demain ce sera pour autre chose, après-demain aussi, j'en ai une liste longue pour des millénaires de raisons pour ainsi le décrire. « Et t'aurais jamais dû arrêter. En plus d'être lourd t'es lâche. » ça, c'est cadeau. Quand depuis qu'il vend sa merde de drogue dont je parlerai certainement pas pour des raisons évidentes, il a lâché la musique l'idiot, le raté. Il a mis tout ça en berne et c'est lui le pire dans l'histoire, je fais que constater. Il avait du talent, mais ça, vous me l'entendrez jamais le dire. Lui non plus. |
| | | | (#)Lun 20 Avr 2020 - 17:29 | |
| Je suis assis non loin d'elle. Je regarde moi aussi vers la mer quand je vois qu'elle a rattrapé les clefs de la moto. Peut-être qu'elle ne la garderait que quelques heures, mais au moins, je ne suis pas venu ici les mains vide. Je n'ai jamais les mains vides quand je viens ici et que je sais que je vais la retrouver. C'est arrivé bien plus de fois que je ne veux bien l'admettre depuis que je lui ai fait découvrir l'endroit il y a déjà un bon nombre d'années. Je lève les yeux au ciel, comme si elle ne se doutait pas que je l'avais volé cette moto. Je ne paye déjà pas grand chose pour moi alors les cadeaux, je n'en fais même pas en temps normal. Je ne pensais même plus avoir de nouvelles après l'épisode de la ruelle. Mais comme toujours, quand c'est pas l'un qui reprend contact c'est l'autre, et cette fois-ci c'est elle qui a renvoyé le message.
Prévisible cette phrase, si prévisible. Je tourne un peu la tête vers elle. "tu veux qu'on tienne les comptes maintenant ?" ils n'ont pas compté depuis toutes ces années, ils se seraient certainement perdus. "tu veux qu'on y aille ce soir ?" beau cadeau d'anniversaire non ? On allait pouvoir frapper un mec qui le mérite, et certainement voler une partie de sa marchandise. On avait pas fait ça depuis des années. On revient un peu en arrière. Une bulle, une parenthèse pour une soirée, et après on oubliera comme on fini toujours par le faire.
Elle la voit ma guitare, je l'ai laissé entre nous. Elle pourra toujours faire office de barrière de sécurité si l'un décide de sauter sur l'autre pour une raison quelconque. " t'en as parlé dans le message juste pour que je la ramène." je campe sur mes positions, je sais qu'elle a toujours aimé m'entendre jouer. Elle me dit que j'aurais jamais dû m'arrêter. Et là par contre ma tête se tourne assez rapidement vers la rousse. Étonnant venant d'elle, je n'ai même pas entendu la fin de la phrase. "j'ai jamais abandonné la musique" j'ai abandonné beaucoup de choses, mais jamais ça. La musique est restée une constante dans ma vie, un peu comme Ariane en fait. "je chante dans les bars souvent, j'ai été repéré par un producteur. J'ai même signé un contrat." et pourtant je n'ai pas pas arrêté de dealer. Je n'en ai parlé à personne. C'est la première au courant, et je crois que même moi je ne me rends pas encore bien compte de ce qu'il se passe.
|
| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 4:58 | |
| C'est probablement le temps le plus long au compteur que j'ai passé avec lui sans le menacer autant de fois que possible de le tuer de la plus douloureuse de façons. Ce serait cliché de dire que prendre une année m'a apporté de la maturité, ce serait forcé de dire que ce sera la même chose pour les prochaines fois où son chemin tachera le mien. Mais là on a apparemment un ennemi en commun, et ça me suffit. Un temps. "tu veux qu'on y aille ce soir ?" « T'allais où avant de venir ici? » sa question à laquelle je réponds par une autre, pas dans l'optique de gagner du temps, simplement pour dresser un portrait de son potentiel couvre-feu à tenir. Y'a une part de moi qui veut savoir qui il a abandonné pour venir ici, faut dire.
" t'en as parlé dans le message juste pour que je la ramène." « Fais pas genre tu sais ce que je pense. »
C'est ça la blague, parce que si je me vante haut et fort de le connaître par coeur le connard, l'inverse est toute aussi vraie.
Et de base, j'aurais misé sur la musique. J'aurais misé que sur ça pour lui, mais y'a fallu qu'il décide de prendre le chemin des ratés, y'a fallu qu'il se croit caïd de ruelles à se garder proche de la racaille, à en rester éternellement une à travers. "j'ai jamais abandonné la musique" ouais, ouais, à d'autres. Je lève un regard si peu impressionné vers ses idioties du jour, prête à renchérir, prête à piquer, mais il me coupe la parole le bâtard, il fait exprès et il la lâche, sa bombe. "je chante dans les bars souvent, j'ai été repéré par un producteur. J'ai même signé un contrat." « C'est pas trop tôt. » ça compterait presque pour un félicitations je suis fière de toi, t'as bien bossé, si on était des gens normaux. Si on était de vrais potes, si on était plus que ça aussi. Ça compterait pour une tape dans le dos, une vraie, pas une pour lui disloquer n'importe quoi au passage. Ça compterait, ça pourrait, et dans un autre monde p't'être, ça devrait. « Pourquoi tu vends encore ta merde si t'as un précieux avenir de signé? » mais je raille, bien sûr que c'est ça notre seul langage, notre seul moyen de se comprendre aussi. Depuis toujours, à force, ça devient inné, instinctif.
« On ira. Plus tard. » ma voix finit par statuer, une minute après. Le plus tard qui flotte, les vagues qui complètent. On. |
| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 14:51 | |
| Elle est belle cette plage. Elle est grande, elle est isolée, comme coupée du monde. On est coupé du monde le temps de cette soirée, le temps de notre anniversaire. "j'aurais traîné dans les rues comme d'habitude." je n'avais pas plus à faire. Peut-être qu'Elora m'aurait proposé quelque chose, mais je ne suis même pas sûr que j'aurais accepté. Je n'ai pas l'habitude de fêter mon anniversaire, je ne l'ai jamais fait à part quand je vivais chez ma mère, ou quand on se retrouvait avec Ariane. "j'aurais peut-être cherché à te retrouver pour venir te rappeler à quel point tu deviens vieille" je m'allonge sur le dos pour regarder les étoiles. Et je l'attends le coup sur mes abdos ou sur mon épaule parce que c'est Ariane et parce que c'est étonnant qu'elle ne l'ai pas déjà fait.
"je fais pas genre" je sais ce qu'elle pense, et peut-être qu'un jour elle se rendra à l'évidence. Je m'assoie et j'attrape la guitare en question alors que je lui dis que je vais certainement réussir à percer dans la musique. Elle, c'est comme si elle n'avait jamais douté que je puisse y arriver. "tu veux des places VIP pour mon premier concert ?" mon sourcil se hausse et je joue quelques accords. Des accords que je lui ai appris il y a déjà des années. Des accords qu'on avait joué juste là, le jour où elle a découvert cet endroit. On a le droit ici non ? C'est juste une parenthèse, juste une soirée, juste notre anniversaire. "pourquoi je continue de vendre, pourquoi tu continue de consommer, pourquoi on est là ? Je suis pas sûr qu'on ait de vrais réponses à ces questions." surtout à la dernière.
On ira plus tard. On partira d'ici plus tard, ou jamais. Je joue un peu, dans ma bulle, bulle dans laquelle elle s'incrustera à un moment ou à un autre. "tu te souviens des accords" je me concentre uniquement sur ma guitare et sur ma musique. Et un sourire en coin prend place sur mon visage. Quand je me rappelle parfaitement d'une phrase qu'on s'est dite il y a 10 ans ou plus. Et je tourne mes yeux vers elle pour capter son regard. " tu m'as emmené là parce que tu veux m'éliminer ? On est seul, y'a de l'eau partout et t'as une moto à disposition." qu'est-ce qui t'en empêche ? Je finis pas la phrase à voix haute, parce qu'au fond, rien ne l'en empêche. Mais on c'était dit ça y'a 10 ans déjà, et aucun des deux n'a éliminé l'autre.
Mais on a le droit de jouer à ça ce soir. C'est juste une parenthèse, juste une soirée, juste notre anniversaire.
|
| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 18:13 | |
| Il veut rien dire sur le pourquoi du comment il est là et en soit ça m'arrange. Ça m'arrange parce que comme ça, ça rend le tout encore plus chiant, encore plus impersonnel, encore plus normal. C'est Jet le connard là, Jet qui esquive, Jet qui est là rien que pour me faire chier, avant de se tirer. "tu veux des places VIP pour mon premier concert ?" je manquerais de m'étouffer avec ma bière si elle était pas déjà finie depuis un moment. « Ça dépend VIP comment, c'est assez proche pour je puisse te lancer combien de bouteilles à la gueule avant qu'on me sorte de la salle tu penses? » ma voix chante, elle raille, c'est étrange qu'il veuille que je sois là, encore plus étrange que je veuille bizarrement y être. Le bâtard, il demande rien que pour que je cède en premier, et c'est certainement pas là que ça va arriver.
"pourquoi je continue de vendre, pourquoi tu continue de consommer, pourquoi on est là ? Je suis pas sûr qu'on ait de vrais réponses à ces questions." « Vieillir te va vraiment pas mon gars. »
Je souffle. Il ressort les questionnements d'il y a dix ans, il les ressort et il en tatoue tous ceux des derniers jours, et c'est pas pour me déplaire en soit parce que ça me donne du matériel pour finir mon chapitre, là, juste là, les fissures qu'il montre quand il pense que je les vois pas. Pourtant, la tactique de l'esquive devient celle qu'on maîtrise depuis tellement longtemps qu'on le réalise même plus, quand ce sont ses notes qui remplacent ses paroles, et que c'est une très bonne chose si vous voulez savoir. "tu te souviens des accords" « Non j'improvise. » j'improvise pas et je me suis assez fait chier à les retenir que ça sera certainement pas pour les oublier. Mais il le sait déjà ça Etish, ça sert à rien de larmoyer autant que lui larmoie là, déjà.
" tu m'as emmené là parce que tu veux m'éliminer ? On est seul, y'a de l'eau partout et t'as une moto à disposition." un autre pourquoi camouflé, un autre qui ressort et je jure que je gardais mon calme, je jure que j'ai retenu des dizaines de roulements d'yeux rien que pour lui en donner un seul et unique, à m'en fouler le nerf optique. « C'est moins drôle si tu donnes l'autorisation. » c'est moins drôle quand c'est facile Jet, pourquoi tu penses que je suis encore là après 10 ans?
« Tu posais pas autant de questions avant. » que je statue, ma voix froide, mes doigts qui évitent au mieux les siens sur les cordes quand il les investit toutes et que je zigzag entre. « Et t'attendais pas que je donne toutes les réponses avant non plus. » il se targuait d'avoir le dernier mot et il faisait exprès pour me couper éternellement la parole. Il est dans une drôle de passe le gars, et quand bien même il dira que je suis pire que lui, là, c'est lui qui gagne et j'en ai rien à foutre de perdre.
Ma tête se tourne vers lui et ma silhouette se décale, la distance de sécurité nécessaire pour pas que je puisse l'étrangler trop vite si ce qu'il affirmera ensuite me convient pas. « Si t'as un truc à dire, dis-le. » c'est maintenant ou rien, on a jamais été bon sur les signaux subtils et sur les messages à lire entre les lignes. On a jamais perdu de temps pour ça non plus, trop pressés, bornés. |
| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 3:36 | |
| Il n'y a pas vraiment de bruits à part nos voix et les vagues. Et on ne parle pas beaucoup. Il y a beaucoup de silences, mais ils sont bien loin d'être désagréables. On a juste pas besoin de constamment parler, on peut juste être là et essayer de se supporter mutuellement sans faire plus de bruits. "ou alors je donne une photo de ta tête à toute la sécurité pour pas que tu puisses entrer" mais je sais qu'elle finira dans tous les cas par entrer, et elle serait capable de se retrouver sur la scène à côté de moi sans que personne n'ait rien capté. Je secoue la tête, c'est plus facile comme ça non ? À jouer comme on le fait depuis la première seconde où on s'est adressé la parole.
"les cheveux blancs ca me va super bien" et je sais qu'elle ne me parle pas de ça. Mais je laisse échapper des informations sans aller au fond des choses. Pourquoi je le ferais ? Pourquoi on parlerait comme ça alors qu'on a jamais eu le courage de la faire ? Elle improvise pas du tout, elle sait ce qu'elle fait. Elle joue les même accords qu'il y a 10 ans. Je lève les yeux au ciel parce qu'elle ne me fera pas croire à ce genre de choses. On parle avec des non-dits parce que c'est notre moyen de communication. Parce qu'on pourrait dire n'importe quoi l'autre comprendrait ce qu'il se passe dans nos têtes. C'est perturbant un temps, et puis on finit par s'habituer.
On se retrouve au même point qu'il y a 10 ans. C'est trop simple de m'éliminer ici, c'est trop simple de l'éliminer ici. On restera donc dans les parages l'un de l'autre 10 années de plus et 10 autres. 10 longues années qui ont pas paru si longues que ça maintenant que je me rends compte qu'on a toujours été là, quoi qu'il se passe dans la vie de l'un ou l'autre. "et tu préférais avant ?" elle ne répondra peut-être pas, et moi je regarde la guitare. Je joue les accords qu'elle connait bien quand ses doigts prennent aussi leur place sur les cordes. "qui a dit que j'attendais des réponses ?" j'ai appris à voir que tu ne les donnes jamais les réponses Ariane. J'ai appris à faire avec, à comprendre les réponses en te regardant toi et pas en écoutant tes mots.
J'ai rien à dire. Rien à dire qu'elle ne sait pas déjà au fond d'elle. Ou alors c'est trop tôt, ou trop tard. Qu'est-ce que je veux ? Est ce que c'est toujours elle après autant d'années ? Je secoue la tête, je peux pas penser ça. Pourquoi elle pose des questions ? C'est pas une question mais c'est tout comme. Je sais pas quoi faire, pas quoi dire, j'ai juste envie de m'enfuir vite et loin. "pour quoi faire Ari ?" mes doigts continuent de jouer sur la guitare alors que cette fois mes yeux sont rivés sur son visage alors qu'elle s'est éloignée. "je…" je suis tellement perdu et j'ai l'impression de paniquer, d'être enfermé dans une pièce sans aucune issue. "tu fais chier Ari" c'est mon leitmotiv quand j'arrive pas à lui parler. "tu te servirais juste de ça contre moi jusqu'à la fin des temps" parce qu'elle ne répondra pas même si je le dis, parce que je ne sais même pas si j'aurais la force de le dire un jour. C'est pas une bonne idée Ariane. "on a jamais eu besoin de le dire." j'ai jamais eu besoin de te dire je t'aime Ari, comme t'as jamais eu besoin de le dire.
|
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 4:33 | |
| "et tu préférais avant ?" « Toi? »
Y'a deux "avant". Y'a l'avant où on était malhabiles et maladroits, mal intentionnés et désarticulés. Celui où on se cassait la gueule soi-même et l'un l'autre, celui où on se détestait au point de jamais se lâcher, à en suffoquer. Et y'a l'avant qu'on a oublié au profit des mauvais souvenirs. Celui des accords de guitare, des trousseaux de clés, des plages secrètes et des gars qu'on tabassait en tandem.
J'ai l'impression que depuis un moment, le passé et le présent se mélangent, et j'aime pas ça. J'aime pas ça parce que c'est pas clair, parce qu'il est qu'un gros connard à rien clarifier, et que je suis prête à dire qu'il rage que j'ai pas l'intention de le faire moi non plus. "qui a dit que j'attendais des réponses ?" « T'attendrais longtemps. » on divague entre l'avant et le maintenant, on a été des bâtards à toucher aux deux, à flirter entre le noir et le blanc. On a jamais été doués pour les nuances de gris.
Les notes ralentissent, les cordes glissent, je souffle, fort, exagérément fort. Les vagues le cachent pas, ce soupir-là.
"pour quoi faire Ari ?" j'te dirai pas quoi dire, j'te dirai pas quoi faire. Et je le fixe, je sais faire que ça, j'attends, il fout rien et il se noie dans ses silences, je l'encourage le plus nocivement possible des miens. "je…" tu quoi, Jet? "tu fais chier Ari" ouais, toi aussi, t'es pas mieux. "tu te servirais juste de ça contre moi jusqu'à la fin des temps" et puis quoi encore.
Ça c'est facile, de me donner le mauvais rôle. C'est foutument facile de dire que c'est qu'à cause de moi, toujours, que c'est que moi la fautive, que c'est que moi la méchante, la folle dans l'histoire. Je le hais, je le déteste, et il fait chier, tu fais chier Jet.
"on a jamais eu besoin de le dire." « Le dis pas alors. »
Ma voix est presque aussi glaciale que la brise qui se lève. « Si je te fais autant chier. » il a pas arrêté de jouer, moi pareil. Des notes et des mots, des souvenirs et du reste, de tout le reste. « Et si on en a jamais eu besoin. » je reprends tout ce qu'il dit, catégorique, je brode mon discours au sien, j'avance pas, mais je recule pas non plus. On stagne, on est peut-être faits que pour ça, fatalement, je sais pas, je me suis jamais demandé, j'ose pas et il le sait. « Dis rien. » dis rien et ça vaut mieux. Dis rien et on reste dans ce qu'on connaît. Dis rien et peut-être que cette fois-là on y croira. |
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 17:37 | |
| Mes mains jouent les bons accords quand Ariane tente de pincer certaines cordes pour jouer en harmonie. Et je dois avouer qu'elle se souvient bien de ce que je lui ai appris. Et ça me fait légèrement sourire. Comment on peut se souvenir de toutes ces choses d'il y a 10 ans ? Comme si ca avait été hier, comme si rien n'avait vraiment changé alors que tout a changé.
Il y a 10 ans nos doigts étaient enlacés et on ne cherchait pas à s'éviter. Il y a 10 ans on se serait déjà embrassé une dizaine de fois. Il y a 10 ans on aurait pas eu besoin de poser ces questions.
"l'anniversaire qu'on a déjà passé ici, cet avant là il était cool." parce qu'il y avait bien trop d'avant négatifs. Mais cet avant là était beau, il est gravé dans ma mémoire pour un très long moment. Et j'ai l'impression de revivre tout ça, et j'ai peur de lever la tête et de croiser son regard, ça pourrait tout changer. Pourquoi, comment on en est arrivé là ? On fait pas ça normalement, c'est bien trop sérieux, bien trop terrifiant."je connais déjà les réponses." elle le sait, je le sais aussi. 15 ans ca laisse des séquelles.
Elle ne peut pas poser ce genre de questions, c'est un accord silencieux entre nous. Mais on a jamais dit de mots doux, et jamais posé la question. Est ce que c'est ce soir ? Est ce que c'est là qu'on va devoir répondre ? Est ce que c'est ce soir qu'on doit poser les questions qui trainent depuis la première fois qu'on s'est regardé ? On a le temps non ? Je me perds dans mes mots, mes yeux aussi se perdent entre la guitare, ses doigts et son visage. Elle ne répond pas à ce que je dis, elle est aussi terrorisée que moi mais elle non plus elle ne le dira pas. J'ai du mal à respirer alors je me concentre sur la mélodie qui ralentit. Elle est trop proche, et il n'y a que la guitare entre elle et moi. Elle me dit de ne pas le dire, pourquoi ces mots sont si compliqués ? Ce ne sont que 2 petits mots pourtant. Mais deux mots qui veulent dire beaucoup, deux mots qui changent tout. On stagne, un entre-deux, mais on le sent que ça ne peut pas rester comme ça plus longtemps. Elle est froide et ça ne m'étonne pas, mais cette fois j'arrête de jouer, mes doigts se figent et mon regard aussi. "tu m'aides pas." et c'est voulu, parce que si j'avais été à sa place je ne l'aurais pas aidé non plus.
Elle utilise mes mots, mais son regard ne se baisse pas non plus. Je pose ma guitare à côté de moi. Plus de barrière, plus de guitare entre nous, plus d'autres bruits que nos voix et nos respirations qui se mélangent. "tu l'as jamais dit non plus." on se renvoie la balle, ce soir et depuis des années déjà. Mais c'est elle qui a refait sa vie, pas moi. C'est elle qui a utilisé ces mots pour un autre, pas moi. C'est elle qui laissé quelqu'un d'autre entrer dans son cœur, pas moi. Et je pourrais le dire ça, mais je me tais, et on est silencieux parce qu'elle m'a dit de pas le dire non ? Nos visages sont proches parce que j'ai rapproché le mien et je ne compte pas reculer. Parce que ma main a glissé sous son menton et que je ne compte pas la retirer. "qu'est-ce que tu veux Ari ?" je pourrais poser mon front sur le sien si je n'avais pas besoin de la regarder dans les yeux. "ne retourne pas la question quand tu connais déjà la réponse." j'ai toujours pas lâcher ses yeux mais je suis pas sûre de réussir à respirer correctement encore. "tu sais qu'on sera là encore sur cette plage pour notre anniversaire dans 10 ans." on y était il y a 10 ans, on y sera dans 10 ans et peut-être même dans 20. J'ai pas franchie le pas, mais ma main n'a pas bougé, mon visage n'a pas reculé. Mes yeux le dise pour moi, et mes lèvres qui se posent sur les siennes le font aussi. Tu crois vraiment qu'on a besoin de mots Ari ? Je ne peux pas m'empêcher de le penser, et pourtant, je sais qu'il faudra les dire si on veut grandir.
|
| | | | (#)Jeu 23 Avr 2020 - 23:40 | |
| Avoir su, j'aurais roulé le plus gros de tous les joints de l'univers. J'aurais à nouveau piqué des cachets dans ses poches, j'aurais descendu ma réserve de bière et la sienne, direct. Avoir su qu'on en serait là, j'aurais fait exprès d'être dans le pire des états pour ne rien retenir, pour ne rien dire aussi. C'est mieux quand on est défoncés parce que c'est comme ça qu'on arrive à laisser tomber les barrières, c'était comme ça avant, du moins. Faut croire que j'ai volontairement oublié, ou que le mal de tête occasionné par cette discussion est devenu ma nouvelle raison de vivre, l'un ou l'autre.
"tu m'aides pas." « Boohoo. »
Renversez la situation de côté et il serait pire, bien pire que moi. Il m'aurait déjà hurlé à la gueule, il m'aurait déjà poussée dans l'océan, noyée avec. Il aurait rien voulu entendre autant que j'aurais rien voulu dire, et on aurait eu l'air de deux putain d'idiots à rager quand ce qui est le plus enrageant dans cette histoire c'est bien plus ce qu'on dit pas que ce qu'on dit. Deux putain d'idiots.
"tu l'as jamais dit non plus." « Tu m'as jamais demandé de le dire. »
Et on s'attaque, parce que l'attaque c'est mille fois mieux que la défense. L'attaque on la maîtrise, l'attaque elle nous donne l'impression qu'on a le rôle principal, qu'on mène la danse. L'attaque, on l'a facile, autant la sienne que la mienne. On a moulé nos insultes les unes aux autres avec les années. Ça a dû bon qu'il soit ma foutue ombre depuis plus d'une décennie parce que je connais toutes ses faiblesses par coeur pour en avoir causé des dizaines dans le tas. Me dites pas que l'inverse est toute aussi vraie et on devrait s'en sortir sans que j'ai envie de plus le tuer que maintenant, déjà.
"qu'est-ce que tu veux Ari ?" que tu la fermes. "ne retourne pas la question quand tu connais déjà la réponse." ça tombe bien, j'ai plus envie de rien demander, et c'est que toi qui parle connard, arrête. "tu sais qu'on sera là encore sur cette plage pour notre anniversaire dans 10 ans." arrête, j'ai dit arrête.
Mais il arrête pas le gars, il continue. Il continue avec ses yeux qui sont braqués dans les miens, et il continue avec ses lèvres qui se pressent sur les miennes. Il continue avec ses gestes qui sont bien trop doux pour être lui, qui sont bien trop prévoyants pour que je crois pas à une autre de ses histoires de merdeux. C'est une supercherie là, il contrôle les ficelles et il fait exprès, il attend juste que je morde à l'hameçon pour en sortir victorieux le con, il attend que je morde alors je mords ouais. Je la mords sa lèvre, je la mords comme je peux avant qu'il se dégage, le lâche qui veut que je dise tout à sa place.
« Pourquoi tu sors ça là? » mais c'est pas comme ça que ça fonctionne. Ça a fonctionné comme ça avant, et on en est là, c'est pas pour rien. « Pourquoi tu dis ça là? » il en veut des pourquoi sans réponses en voilà, j'en ai à la tonne, j'ai que ça. « T'as eu 15 ans pour le faire, pourquoi tu fais chier aujourd'hui? » ses mots que je reprends comme s'ils étaient les miens, ils le sont, ils l'ont toujours été.
Et j'anticipe, je le connais par coeur faut bien que ça serve. Qu'est-ce que tu veux Jet? « C'est parce que t'aimes pas perdre. » Ne retourne pas la question quand tu connais déjà la réponse. « C'est parce que t'aimes pas qu'on te vole ton jouet. » Tu sais qu'on sera là encore sur cette plage pour notre anniversaire dans 10 ans. « T'as eu 15 ans Jet. » |
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 0:45 | |
| Elle reste Ariane, et elle me laisse me demerder avec mes mots et avec ce que je veux lui faire comprendre. Elle m'énerve mais je reste calme, elle devrait comprendre non ? Je reste sérieux, je ne bouge pas, et je n'ai même pas encore vraiment bu. Je suis sobre, elle est sobre. Et on va se souvenir de cette conversation. On a toujours nos barrières, parce que je m'ouvre que très peu et elle elle ne s'ouvre pas du tout. Mon soupire est sonore, je ne lui ai jamais demandé, elle ne l'a pas fait non plus. "comme si j'allais demander un truc pareil." ça se demande pas, et j'ai bien trop d'ego pour demander ce genre de choses. Et je sais qu'elle est pareil, et je boue parce que je sais que j'aurais fait la même chose. Je l'aurais poussé dans ses retranchements parce que la méfiance est trop présente, parce qu'on a toujours eu l'habitude des coups fourrés et je nous aime autant que je nous déteste pour ça.
On se fait du mal depuis des années, mais on a aussi eu de beaux moments. Des moments qui n'appartiennent qu'à nous deux et qu'on oubliera jamais. Des moments que je me surprends à vouloir voir revenir. Mais ce n'est qu'une illusion, elle ne me croira pas, elle ne voudra pas de tout ça parce qu'on est trop compliqué, c'est trop fort et trop violent pas vrai ? C'est ca que devrait se dire une personne normale, quand moi je n'en ai rien à foutre du fait que notre relation n'ait rien de sain ou de normal. Parce que j'ai jamais voulu du normal, je me suis toujours lassé du normal. Mais je ne me suis jamais lassé d'elle.
Ma guitare tombe au sol, mes yeux, mes mains s'accrochent à elle comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps, comme si leur place avait toujours été là. Elle doute, je le vois dans ses yeux, elle ne veut pas voir, elle ne veut pas comprendre. Et je la déteste, j'ai envie de la noyer juste à cause de ca. Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi elle attend aussi longtemps pour parler ? Pourquoi elle ne me repousse pas si elle ne croit ni ce que je fais ni ce que je dis ? J'ai envie de la lâcher, de me barrer en disant que c'était qu'une blague, un poisson d'avril en retard et que j'ai pris une photo de sa tête pour l'afficher dans ma chambre en poster parce qu'elle est tombée dans le panneau. Mais le problème c'est qu'il n'y a pas de piège, pas de fuite, pas de panneau. Juste moi qui ai fait la connerie de laisser tomber le masque devant elle parce qu'elle a posé une putain de question qu'elle aurait jamais dû poser.
"pourquoi je fais chier aujourd'hui ?" c'est à ce moment là que quelques années auparavant je me serais levé, je serai parti en prenant la moto et en la laissant là seule. Mais c'est en ca que tout a changé ce soir parce que je bouge pas. "ouais ca fait 15 ans qu'on a rien dit et pourtant on est toujours là"
Elle est perdue et je ne vois pas quoi faire de plus, tout est trop fort, tout est trop intense et elle ne veut pas voir. Je suis censé faire quoi ? La forcer ? Je ne suis pas comme ça, elle acceptera si elle le veut, elle partira si elle ne veut plus rien. Mais ça doit changer ce soir, parce qu'on aura pas cette conversation de nouveau avant un bon bout de temps. Elle utilise des mots durs, parce qu'elle me connait. Et pourtant avec elle c'était bien plus qu'un jeu, ça a toujours été bien plus qu'avec les autres. "arrête ca n'a rien à voir." et tu le sais, alors ferme la Ariane. "c'est à moi que tu parles de jouet ? Qui de nous deux a le plus joué Ariane ? Tu me connais par coeur non ? Alors regarde moi dans les yeux et dis moi que je te mens." je ne mens pas, elle le sait et ça me fout hors de moi qu'elle continue de douter. J'utilise le même ton froid qu'elle, parce que je ne peux pas mieux prouver que je suis sérieux. "et t'as été la seule depuis 15 ans." je ne parle pas de sexe, je parle de relation, je parle de quelque chose de fort qui prend au tripes. Je parle de nous y'a 15 ans et qui est toujours nous pour moi aujourd'hui. "je suis pas marié, je suis pas amoureux, personne d'autre que toi Parker." je me suis pas éloigné, elle ne peut pas continuer de me fuir, pas ce soir. "t'aurais préféré que j'attende 15 ans de plus ?" ne fuis pas s'il te plaît. "tu peux pas douter quand je suis là face à toi et que je suis là seule personne qui parle, quand c'est moi qui viens vers toi et pas l'inverse, quand on final c'est peut-être moi qui t'ai jamais oublié ou mis de côté." parce que toi tu l'as fait Ari, tu l'as fait et pourtant je suis là, pourtant je laisse tomber les barrières alors que tu pourrais tout utiliser contre moi.
|
| | | | (#)Ven 24 Avr 2020 - 3:36 | |
| "pourquoi je fais chier aujourd'hui ?" la liste est longue. Parce qu'il voit que ça va pas et qu'il s'amuser à presser sur le nerf, parce qu'il y assiste à ma décente aux enfers depuis bien plus longtemps qu'il pense et qu'il s'en réjouit de cette sadique façon-là encore plus ce soir. Parce qu'il a pas été foutu de voir que dans tout son monologue je l'ai plus, ma bague au doigt, parce qu'il est fucking imbu de lui-même et qu'il pense toujours qu'à ça. "ouais ca fait 15 ans qu'on a rien dit et pourtant on est toujours là" et c'est une variable qui indique quoi, ça? Que c'est une bonne chose? Une mauvaise? Qu'on a tout ou rien compris? Il mélange encore et toujours et je le cognerais, je le frapperais si fort qu'il se noierait dans son sang à force tellement il confond. C'est pas parce qu'on a toujours fait quelque chose que c'est le mieux, et c'est encore une foutue confirmation ce soir comme ça l'était au fil de ses 15 merdiques années au compteur.
Il rage parce qu'il perd. Il rage parce que dans tout son avant, il a oublié que j'ai assez donné, quand c'était toujours moi qui allait vers lui, c'était moi qui pardonnait ses tromperies, c'était moi qui ravalais les coups en faisant comme si de rien était, qui lui en donnais en échange. "arrête ca n'a rien à voir." ça a tout à voir. Pourquoi tu penses que je te crois pas Jet? Pourquoi tu penses que chacun des mots que tu vomis là, j'y crois pas parce qu'à chaque fois que j'y ai cru ça faisait plus mal encore que toutes les autres fois? Pourquoi tu penses que je suis restée avec des séquelles de malade à faire confiance à d'autres après toi, ça, c'en est un pourquoi auquel tu veux répondre? Hm?
"c'est à moi que tu parles de jouet ? Qui de nous deux a le plus joué Ariane ? Tu me connais par coeur non ? Alors regarde moi dans les yeux et dis moi que je te mens." et ses yeux, je les aurais crevés. "et t'as été la seule depuis 15 ans." sa langue je l'aurais arrachée.
"je suis pas marié, je suis pas amoureux, personne d'autre que toi Parker. t'aurais préféré que j'attende 15 ans de plus ? tu peux pas douter quand je suis là face à toi et que je suis là seule personne qui parle, quand c'est moi qui viens vers toi et pas l'inverse, quand on final c'est peut-être moi qui t'ai jamais oublié ou mis de côté."
« Qu'est-ce que tu veux Jet? » il me l'a demandé, il a scandé que je connaissais la réponse, mais c'était avant qu'on en soit là. C'était avant qu'il soit à bout de souffle et à beaucoup trop peu de centimètres de moi. « Tu me dis tout ça, tu veux que je te crois, c'est bon, t'as pas besoin de hurler ou de te mettre à pleurer ça serait lourd à gérer et tu pleures mal. » je pique, j'ai pas la force de plus, je suis épuisée là, et il l'est lui aussi. « Mais tu veux quoi? » il sous-entend des "et si", il gratte des "comment", il invoque des "pourquoi". Mais il comprend pas que ça, c'est juste un début de quelque chose de messy, encore, et que je suis plus une adolescente de 16 ans pâmée sur son cas au point où j'oublie tout le passé rien que pour le présent qu'il me scande. Je peux plus faire ça, je peux plus le faire comme ça, et je peux certainement plus définir ce qui se définit pas pour lui, pour moi. « Parce que ça peut pas être comme avant. Et tu sais très bien de quel avant je parle. »
Le avant où on se faisait mal de toutes les façons possibles et inimaginables. Le avant où on était pas capable de vivre à proximité plus de quelques heures avant de vouloir s'entre-tuer, d'avoir tenté de le faire. Je suis épuisée de tout et je suis épuisée de ça. Je peux plus le faire, ça.
Qu'est-ce que tu veux Ari? « Moi, je veux pas l'entendre ce soir. » s'il parle je parle aussi. « Je veux que tu me le dises quand tu sauras clairement et concrètement ce que tu veux. » mais pas là, pas maintenant, pas comme ça. Pas quand il vide son sac de 15 ans et des poussières, pas quand il pense que je vais l'attaquer à la seconde où il baisse sa garde, pas quand j'ai même plus la force de savoir si je veux l'écouter ou le noyer. C'est trop tout et c'est trop tout court, je suis pas habituée à ça et lui non plus. On dit pas ces choses-là, et si on les dit, on a besoin d'autant de temps pour les assimiler j'crois. « Et je veux y penser aussi, parce que je sais pas si t'en es conscient, mais ce que tu dis là, ça se fait à deux et on a jamais été doués pour ça. » on a toujours été l'un contre l'autre, on le sera toujours d'une certaine façon. On est pas bon dans la même équipe, on est des merdes et on a jamais appris à faire ça. Il serait peut-être temps, j'sais pas. « Penses-y, j'y pense aussi, et on y reviendra. Une bonne fois pour toutes. Mais pas là. »
Ma main se dégage le temps de pincer sa lèvre, de taper sa joue aussi. C'est presque doux, presque j'ai dit. « Là, tu saignes, et c'est pas toi qui devrais saigner, ça devrait être l'autre con sur le papier. » ça, ça nous ressemble. Ça, c'est un pas dans la safe zone, ça c'est un truc que je veux aussi. |
| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 0:12 | |
| On a lancé le sujet,, j'ai parlé et je ne sais pas si un jour j'y arriverai de nouveau. On a mis 15 ans à en arriver là, on a essayé de s'éviter, de se détester. Et pourtant on est là le jour de notre anniversaire. Encore. Il y aura toujours quelque chose qui me ramènera vers elle, quelque chose que je n'ai jamais compris et que je ne comprendrai jamais. Une malédiction ou une bénédiction, ça aussi on ne le saura jamais. Je me tais au maximum, parce que je ne veux pas que ce soit trop. Je suis pas prêt, elle est pas prête. Je le sens, on a trop peur parce que c'est trop nouveau. Parce qu'à partir de ce soir on sait que ça va changer mais on ne sait pas comment. Même si, plus le temps passe, plus je me rends compte que je sais ce que je veux, elle n'a pas l'air du même avis. Elle a d'autres personnes dans sa vie, et ça me fait serrer les dents. La conversation est bien trop sérieuse. Bien trop intenses mais elle pose des questions et elle a l'air de vouloir les réponses cette fois.
"Je veux juste ça, sans qu'on ait besoin de se prendre la tête tout le temps." ma main est toujours proche d'elle quand elle fait des aller-retour entre elle et moi pour illustrer mes propos. "tu rêves de me voir pleurer. Je te ferai pas ce plaisir." je secoue la tête avec le même sourire en coin ancré sur le visage. Je veux juste ça Ari, je veux juste pas avoir besoin de partager constamment. "Je veux pas que tu te sentes piégé. Il fallait juste que ça sorte un jour, et c'est tombé aujourd'hui. Tu le savais déjà tout ça, tu le sais depuis toujours Ari, au fond de toi tu le sais." je veux pas qu'elle se sente forcée, on a le temps. On a attendu 15 ans alors on peut continuer d'attendre. On a pas le droit de faire n'importe quoi, pas cette fois. "je veux plus de cet avant là. Plus jamais." on s'est trop fait mal, c'était trop violent pour l'un comme pour l'autre. Je veux pas de ça, j'en veux plus.
Là mes yeux se baissent un peu quand je soupire. On repousse, elle en a besoin je le vois dans ses yeux. "je dirai rien alors." je ne m'imaginais pas le dire ce soir de toute manière, je suis pas prêt. Je ne sais pas si je peux lui faire confiance et c'est terrifiant. Mais elle s'ouvre un peu, pour une fois on est sur la même longueur d'onde au même moment. On évolue, et c'était certainement le moment. Ce moment où je devais avoir un déclic. Ce moment où je devais la regarder encore une fois dans les yeux pour la voir brisée, et cette fois, je n'y suis pour rien. Mes sourcils se froncent, et je bouge un peu la tête pour pas qu'elle m'évite. "on a toujours été l'un contre l'autre. Mais si on mettait toute cette énergie à essayer de faire des choses ensemble…" faut que j'arrête, faut que je me taise, je sens que je commence à trop y croire. Je peux pas me permettre d'y croire. Parce qu'elle va finir par dire non, elle me dira que c'était qu'une blague et qu'elle voulait voir jusqu'où j'allais aller. Arrête de penser que ça peut changer, parce que si ça change pas ça te fera bien trop mal. "tu sais… tu peux juste tout oublier. Retourner à ta vie d'avant, si tu veux pas y revenir on y reviendra pas. J'ai juste besoin que tu sois clair Ari." on a toujours été honnête l'un avec l'autre quand il s'agissait de se blesser, de se torturer, mais jamais pour tout ce qui touchait au sérieux. Et c'est peut-être le premier changement dont on a besoin.
Et là je la retrouve Ariane, la Ariane qui fait que j'en suis là aujourd'hui. Cette petite rousse qui fait qu'on fête encore un anniversaire sur cette crique cachée du monde. Elle m'a mordu, bien sûr que je l'ai senti. Et la marque de ses dents revient juste à la bonne place. Elle joue et sa main se retrouve à claquer sur ma joue, alors ma main attrape sa main gauche pendant que l'autre se retrouve à pincer ses hanches. Elle déteste ça, et moi j'adore. Mes yeux vrillent sur la main que je tiens, pas de bague. Et je capte son regard de nouveau. Quoi ? Comment ça la bague a disparu ? Est ce que c'est pour ça qu'elle est aussi blessé ? Reponds sans que j'ai besoin de poser la question Ari. Ma main libre a déjà glissé pour lui voler les clefs de la moto que je lui ai offert y'a une vie de ca. Je me lève "on va le faire saigner, mais c'est moi qui conduis. J'ai toujours été meilleur que toi en pick pocket et pour conduire." je m'avance vers la moto. "tu feras le retour, on pourra aller où tu veux." parce que cette nuit on dormira pas, parce que cette nuit elle est à nous et on la gardera en mémoire pour des années encore. Je m'avance vers la moto quand elle est encore à la traîne. "tu ralentis avec les années mamie." un clin d'oeil envoyé parce que ça c'est le début du nous qui nous rappelle le bon passé et qui annonce du beau pour l'avenir.
|
| | | | (#)Mar 28 Avr 2020 - 16:57 | |
| "Je veux juste ça, sans qu'on ait besoin de se prendre la tête tout le temps." ahah, il est cute en vrai. De penser que ça peut être aussi simple, que ça peut être aussi facile. On a passé une vie à s'entre-détruire, et c'est pas parce qu'on se parle calmement sans se sauter à la gorge une soirée que la vie va changer du tout au tout après. Ça serait cool, par contre, que ça se passe comme ça. Et je me déteste, je me hais à un niveau de le penser une fraction de seconde de plus qu'il ne le faut. "tu rêves de me voir pleurer. Je te ferai pas ce plaisir." ça viendra t'inquiètes pas Jet, que mes paupières battantes et mon sourire condescendant lui répondent. Ça viendra pas parce qu'il aura baissé sa garde, juste parce qu'un jour j'aurai définitivement trouvé d'où entre ses côtes ou son nez lui fait plus mal quand je m'y acharne de mes poings. "Je veux pas que tu te sentes piégé. Il fallait juste que ça sorte un jour, et c'est tombé aujourd'hui. Tu le savais déjà tout ça, tu le sais depuis toujours Ari, au fond de toi tu le sais." je savais, bien sûr que je savais, bien sûr qu'aussi, je savais absolument pas qu'il allait un jour dire tout ça, et que j'allais me retrouver à vouloir autant le croire. La vie est chiante parfois, avec ses twists and turns, avec ses chapitres qu'elle ferme pas, malgré le nombre de fois où on a brûlé des pages, où on a brûlé le livre. "je veux plus de cet avant là. Plus jamais." encore heureux, parce que ça, c'est définitivement enterré.
L'ironie est drôle là, parce que quand il statue : "je dirai rien alors." il est celui qui parle depuis une vie là. "on a toujours été l'un contre l'autre. Mais si on mettait toute cette énergie à essayer de faire des choses ensemble…" mais même s'il parle depuis une vie et que je le connais depuis tout autant de temps, ce qu'il scande, je l'ai jamais entendu. Je l'ai jamais entendu et il avance Jet et c'est déstabilisant parce qu'il a toujours été le connard de merdeux qui stagnait, qui stagnait et qui faisait mal et qui s'assurait de faire encore plus mal encore, peu importe l'angle (le plus fort possible), peu importe la cible (toujours moi, jamais quelqu'un d'autre). "tu sais… tu peux juste tout oublier. Retourner à ta vie d'avant, si tu veux pas y revenir on y reviendra pas. " « T'aimerais trop ça, que j'oublie. » ça serait trop facile de m'haïr, de me donner le mauvais rôle, de dire que pour une fois c'est moi qui l'a brisé, qui l'a cassé, quand pendant tout le reste du temps c'était le boulot sur lequel il s'appliquait avec autant de précision qu'un chirurgien plastique pour que ce soit moi la brisée, la cassée dans l'histoire.
"J'ai juste besoin que tu sois clair Ari." « Je le serai. » laisse-moi juste le temps de l'être assez pour moi avant qu'on parle de ton cas, gars.
Et c'est lourd là, et on est pas habitués à ça. On est pas nous, et encore heureux c'est ça que là, je veux. On a joué sur tous les fronts, on a eu tous les hauts et surtout tous les bas, mais on est encore là, et on se dit tout ça. Et ça fait beaucoup, ça fait trop, je le vois dans ses yeux qu'il est autant perdu et sonné que je peux bien l'être. C'est pas nous, d'être déstabilisés, et la seule et unique façon qu'on a trouvée avec les années pour reprendre contenance et reprendre nos marques, c'est la violence - vous diriez que c'est malsain et vous auriez totalement raison. Pourtant là dans l'instant, c'est ce qui m'apparaît le plus logique. "on va le faire saigner, mais c'est moi qui conduis. J'ai toujours été meilleur que toi en pick pocket et pour conduire." mes yeux roulent sur eux-mêmes à s'en fouler le nerf optique, quand je finis par me relever, pousser du pied sa guitare vers lui pour qu'il la prenne, que je joue pas non plus les roadies à traîner son matériel non plus. "tu feras le retour, on pourra aller où tu veux." je l'écoute pas là, quand je pique le casque, quand je reprends les clés, quand c'est moi qui conduirai et qu'il peut bien tenter de négocier d'un sens comme de l'autre y'a pas moyen que je cède la place de quoi que ce soit. "tu ralentis avec les années mamie." « Et toi tu te ramollis. » ce qui n'est pas une mauvaise chose, si ça nous permet d'avancer, vraiment et de se faire à nouveau confiance entre deux envolées larmoyantes à la clé.
Et le moteur vrombit, et il cède Jet, bien sûr qu'il cède. Il me cède la place conducteur, comme la mâchoire du gars cède sous mes coups, sous ceux d'Etish, une longue poignée de minutes plus tard. Quand on trouve son appart, quand on s'y faufile incognito, quand on règle son cas avant les douze coups de minuit.
Joyeux anniversaire Jeremiah. Joyeux anniversaire Ariane. |
| | | | | | | | i've got no soul to sell (ariet) |
|
| |