(Yasmine & Colleen) Miracles at work.

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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyDim 19 Avr 2020 - 9:54




« Prenez une profonde inspiration par le nez, laissez l’air gonfler le plus lentement possible vos poumons, puis entrouvrez à peine les lèvres afin d’expirer de façon régulière. L’air doit quitter votre bouche par un mince filet, vous permettant de vider en douceur vos poumons. On essaye ? ». Colleen se pencha en avant, saisit délicatement les mains de sa patiente et plongea son regard dans le sien. Ensemble elles suivirent les consignes données par la sage-femme ; leurs poitrines se soulevèrent en rythme au fur et à mesure qu’elles laissaient entrer l’air, avant de bloquer légèrement leur respiration et de le rejeter graduellement. Colleen esquissa un sourire encourageant. « C’est très bien, vous voyez, vous vous en sortez à merveille. Souvenez-vous, votre respiration sera votre meilleure alliée lorsque les contractions commenceront. La contraction en soi ne dure guère plus de soixante secondes en moyenne, son intensité monte progressivement avant d’atteindre un pic puis de redescendre. C’est sur ce schéma que vous devez en théorie calquer votre respiration : vous inspirez lentement tout au long de la première phase, bloquez une fois la contraction arrivée à son apogée, puis relâchez l’air afin d’accompagner la contraction » Expliqua Colleen. « Au plus vous répéterez les exercices de respiration que je vous ai enseignés, au mieux vous serez préparée le jour J. Je vous recommande donc de vous entraîner régulièrement ; invitez ces exercices dans votre quotidien et vous réaliserez que le travail ne sera pas si pénible que ce que vous pensez, lorsqu’il débutera » Conclut-elle avec une douceur habituelle, celle qu’elle réservait à ses patientes. Elle demanda à Mrs Martin si elle avait des questions, puis lorsque celle-ci la remercia et récupéra ses affaires, Colleen lui rappela la date de leur prochain rendez-vous de préparation à la naissance avant de la laisser prendre congé.

La matinée s’était déroulée dans les meilleures conditions, les rendez-vous s’étaient enchaînés et Colleen avait passé ses rares moments de répit au téléphone, à rappeler les patientes qui n’avaient pas réussi à la joindre. C’était un rythme qu’elle appréciait grandement ; elle aimait consulter l’heure et se rendre compte que le temps avait défilé sans qu’elle ne le réalise, passant en un claquement de doigts. L’ennui n’avait pas sa place dans son travail, et ce constat la satisfaisait pleinement. Colleen avait passé une bonne partie de sa vie à chercher le moyen de tromper l’ennui en trouvant des activités qui pourraient combler ses journées. La femme au foyer qu’elle avait été à l’époque n’avait jamais trouvé le moindre plaisir dans les tâches quotidiennes, à l’exception peut-être de la cuisine, la seule activité susceptible de l’inspirer et l’amener à se surpasser. Tant d’années perdues pour rien, si ce n’était pour un homme dont elle avait si souvent remis en question l’amour. Aujourd’hui, elle se sentait enfin vivante dans un quotidien qui la faisait vibrer. L’emprise d’August n’était plus, et seul importait à présent son propre équilibre et ses ambitions personnelles.

La sonnerie de son téléphone retentit, tirant Colleen de ses rêveries et la ramenant sereinement à la réalité. Elle saisit l’objet sur son bureau et lut le rappel qui s’affichait sur son écran : son rendez-vous avec Yasmine était prévu dans dix minutes tout juste, ce qui signifiait que l’heure était venue pour elle de fermer son bureau. Elle se leva, rangea consciencieusement quelques documents éparpillés sur son bureau dans ses classeurs, jeta un coup d’œil circulaire à la pièce pour s’assurer qu’elle n’avait rien oublié, et ferma enfin la porte. Dans les couloirs, l’effervescence coutumière de l’hôpital la rattrapa : les pleurs des nouveau-nés lui parvenaient depuis la salle d’attente, l’accueil du service, en sous-effectif à l’heure du déjeuner, peinait à gérer les personnes qui se présentaient au comptoir, et les infirmières que Lynn croisait marchaient à un rythme qui en disait long sur le nombre de taches qu’elles avaient à gérer. La sage-femme adressa à chaque personne qu’elle croisait un sourire bienveillant, tout en pressant le pas afin de ne pas faire attendre Yasmine, impatiente d’en découvrir davantage sur le rôle de bénévole que tenait l’infirmière-urgentiste au service pédiatrique.

C’était un sujet qui l’avait immédiatement intriguée lors de leur première rencontre. Ce jour-là, c’est Yasmine qui s’était chargée de faire découvrir l’hôpital à Colleen ; elle lui avait exposé l’ensemble des services avec une patience infinie tout en la présentant aux collègues qui croisaient leur chemin. Lynn avait immédiatement apprécié la jeune femme chez qui elle avait perçu un mélange de force et de sensibilité qui ne l’avait pas laissée indifférente. Le sujet du bénévolat avait rapidement fait irruption dans leur conversation, et la sage-femme avait été tout bonnement incapable de dissimuler l’intérêt que cette expérience suscita instinctivement chez elle. Toutefois, si elle s’était sentie irrémédiablement attirée par l’opportunité de pouvoir passer bénévolement du temps au service pédiatrique en compagnie de Yasmine, elle avait préféré prendre d’abord ses marques à l’hôpital, se familiariser au système hospitalier Australien, bien différent ce qu’elle avait connu en Angleterre, et faire connaissance avec ses patientes avant de multiplier les missions au risque de s’y perdre. C’était désormais chose faite et plusieurs mois après le relancement de sa carrière au St Vincent’s Hospital, elle était enfin prête.

De loin elle aperçut la silhouette familière de Yasmine qui se tenait dos à elle. Elle s’approcha et posa délicatement une main sur son épaule, ne désirant pas la brusquer. « Infirmière Khadji, votre stagiaire de l’après-midi est arrivée » Déclara-t-elle d’un air faussement solennel avant d’avancer d’un pas afin de lui faire face. « Elle n’a pas l’air très commode ceci dit, ni très vive d’esprit d’ailleurs… J’espère qu’elle ne vous fera pas perdre patience » Ajouta-t-elle avec un clin d’œil, brandissant sous ses yeux le carnet et le stylo qu’elle avait réunis en stagiaire parfaitement préparée qu’elle était afin de prendre des notes.
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyLun 20 Avr 2020 - 11:34


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Au cours des derniers mois, Yasmine n'avait pas souvent pu honorer ses engagements de bénévole. Son quotidien avait été dense, entrecoupé par des nouveautés qu'elle avait dû gérer comme elle l'avait pu et pas toujours très bien, d'ailleurs. Aussi, forcée de revoir l'ordre de ses priorités, elle avait abandonné les couloirs du service de pédiatrie du St-Vincent pour déambuler ailleurs, prise entre plusieurs feux – au sens propre, comme au figuré. D'accord, la vraie raison de cette désertion inopinée n'était peut-être pas totalement celle qu'elle avait utilisé auprès de ses collègues en rejoignant leur étage en ce début d'après-midi, mais ils n'avaient aucun moyen de le savoir, alors elle se garda de passer aux aveux nets et concis. Pourtant, si elle n'avait pas eu autant honte de jouer franc-jeu face aux questions de ces derniers, elle leur aurait admis que passer plus d'heures que nécessaire entre les murs de l'hôpital l'avait beaucoup indisposée après l'annonce de son échec à son examen d'admission à l'école de médecine. Elle n'irait pas jusqu'à dire que ce lieu lui paraissait désormais hostile, cependant il y avait des moments où la sécurité de son chez elle, très souvent investi par un Edge suffisamment à l'aise pour estimer que son canapé était le plus confortable de la région, lui apparaissait comme le meilleur remède à toutes ces choses qu'elle couvait en secret. Echapper aux regards de ses supérieurs et de ses collègues était devenu une épreuve en elle-même, un combat qu'elle menait avec une hargne qui commençait pourtant à faiblir tandis qu'elle mûrissait des envies profondes d'abandonner son poste très bientôt ; si bien que dès lors que l'heure de la fin de son service approchait, elle se précipitait pour s'échapper sans demander son reste, pressée de se départir de la lourdeur qui régnait dans les couloirs des urgences.
C'était une certitude, elle avait négligé les petits patients qu'elle affectionnait particulièrement pour se remettre de son côté d'une pathologie moins pire que la leur. Mais l'arrivée de Colleen dans l'établissement, et le bon feeling qu'elles avaient eu à l'instant où elles s'étaient rencontrées à la prise de fonction de la sage-femme, lui avait rappelée à quel point, à une époque pas si éloignée, elle avait trouvé la paix en donnant de sa personne auprès des enfants qui le nécessitaient. Sitôt qu'elles en avaient discutés, il y avait déjà plusieurs mois désormais, elle s'était imaginée la travailler au corps sur la durée pour lui faire accepter de former un duo de choc avec elle et reprendre, de son côté, et ce à son rythme, ses quartiers au sein de la salle de jeux du service dans laquelle elle avait construit de nombreux souvenirs. La sage-femme avait elle aussi eu un quotidien chargé, mais il semblait qu'enfin, elle avait trouvé le temps de répondre aux tentatives intempestives de sa collègue de l'embrigader dans sa mission d'illuminer la vie des petits enfermés ici, prisonniers de la douleur et de la maladie.

Elle avait faussé compagnie à ses collègues de pédiatrie pour s'enfoncer dans la salle de jeux du service, échappant à leurs accolades et à leur interrogatoire avec toute la douceur dont elle était capable, soucieuse de ne pas les vexer en se montrant trop évasive. Son idée immédiate était de dépoussiérer son attirail de la bénévole parfaite qu'elle rangeait dans une boîte, et toujours au même endroit – sous le chevalet bancal que personne n'avait jamais réparé tant il donnait un côté amusant à l'ensemble de la pièce, trop proprette, trop aseptisée, malgré les efforts de Ginny pour la rendre plus gaie. Lorsqu'elle l'ouvrit, une bouffée agréable de nostalgie lui monta au visage, et elle se revit accompagnée d'Hassan et de Ginny ; tous les trois occupés à changer les idées des enfants à qui ils apprenaient à manier les pinceaux, les poussant aussi habilement que possible, sans ni les froisser ni les forcer, à exprimer ce qu'ils gardaient au fond de leur cœur au travers de dessins parfois colorés, parfois moins. Sa spécialité à elle, c'était le récit d'histoire qu'elle savait dérouler sur un ton de conteuse née, grimant sa voix suave, gommant son accent marqué aussi, pour les immerger dans un monde différent de celui qu'ils connaissaient, et qui n'était pas toujours très joyeux. Mais celui qu'elle leur offrait était fait de mythes et de fées, d'enchantements et de morales joyeuses et éducatives ; il prenait vie durant ses passages dans leurs chambres qu'elle investissait des heures durant… jusqu'à ce que les coups fatidiques retentissent, et que le charme se rompe pour de nouveau laisser place à la trop dure réalité.
Elle sursauta "Tu m'as fait peur." répondit-elle, une main sur le cœur en se rendant compte que les doigts qui l'avait brièvement cramponnée n'était autre que celle de sa collègue – et pas ceux de la vilaine sorcière de ses histoires. Elle lui adressa un rire, fermant brièvement les yeux pour se remettre les esprits en place et prudemment, elle se leva avec sa boîte de trésors dans les mains. Rapidement, elle remarqua comme Colleen était appliquée pour le nouveau rôle qui l'attendait, déjà prête à nourrir les pages du carnet qu'elle brandit devant ses yeux "Et bien, j'ai une idée pour la rendre un peu plus commode, ma stagiaire." annonça-t-elle sans détour, défaisant à nouveau le couvercle de sa boîte qu'elle posa sur une table à échelle d'enfant, et devant laquelle elle s'agenouilla pour mieux trifouiller à l'intérieur. Les secondes s'étirèrent, faisant naître un pli soucieux entre ses sourcils bien dessinés, quand enfin elle mit la main sur ce qu'elle convoitait "Ah, je te tiens." Avec soin, elle extirpa un personnage fait de bric et de broc monté sur une épingle à nourrice ; un chat du Cheshire qu'un ancien petit patient avait créé de ses dix doigts, et qui souffrait du temps qui avait passé. Ses yeux n'étant plus très bien alignés dans leur axe originel, mais au moins, ça lui donnait un petit côté excentrique qui collait parfaitement à l'univers de Lewis Caroll. En plus, il irait à ravir à Colleen.
Repoussant une longue mèche de cheveux derrière son épaule, Yasmine s'approcha d'elle après s'être levée "Je te présente Matou. Hey, c'est pas moi qui fais les règles, et puisque t'es notre toute derrière recrue, c'est toi qui a l'honneur de porter la plus belle création jamais réalisée en ce lieu magique. Sois en digne." murmura-t-elle avec emphase, un peu comme si elle la défiait de dire le contraire. S'appliquant à épingler le chat sur la blouse de la jeune femme, elle finit par désigner d'un geste vaste et théâtral la salle de jeux du service "Bienvenue ! C'est calme pour l'instant, alors profite du silence… ça te va trop bien, vraiment." ajouta-t-elle en pointant un doigt sur le personnage qu'elle lui avait épinglé à la poitrine.
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyMer 22 Avr 2020 - 9:44

Lorsqu’elle avait posé sa main sur son épaule afin de l’interpeller, Colleen avait perçu un léger tressaillement chez la jeune infirmière. Ses muscles s’étaient tendus à la seconde où le contact avait été initié, comme si d’instinct son corps se mettait en position de défense. Si elle n’en laissa rien paraître, préférant jouer la carte de l’humour afin de détendre l’atmosphère, la sage-femme n’ignora pas ce réflexe spontané pour autant, et l’ajouta à la liste non-exhaustive qu’elle avait dressée dans un coin de son esprit des indices qui la poussaient à croire que quelque chose était irrémédiablement off chez Yasmine. Elle n’aurait su véritablement mettre le doigt sur ce qui n’allait pas, mais naturellement sensible à ce que pouvaient ressentir ses proches et analysant sans même parfois s’en rendre compte leurs paroles et réactions, Lynn savait que quelque chose ne tournait pas rond. Depuis qu’elle connaissait Yasmine, elle avait le sentiment que cette dernière dissimulait des blessures qu’elle tentait de panser par elle-même, mais qui n’étaient pas encore tout à fait cicatrisées pour autant. La jolie infirmière, habituée à donner de sa personne pour soulager les maux de ses patients, avait peut-être même relégué au second plan ses propres plaies. Colleen spéculait, rien n’était certain car il s’agissait là d’un sujet qu’elle n’avait jamais abordé avec la jolie brune, leur relation étant encore somme toute assez récente et ne lui permettant pas d’exiger de sa collègue qu’elle se livre à cœur ouvert. Néanmoins ce sujet était indéniablement niché dans un coin de son esprit et le jour venu, elle pourrait sans doute proposer à Yasmine une oreille attentive voire même une épaule sur laquelle se reposer si elle le souhaitait.

Le rire cristallin de l’infirmière-urgentiste brisa la tension qui s’était très brièvement installée et Lynn esquissa un sourire à l’adresse de la jeune femme. En dépit des réserves qu’elle avait émises à propos de l’attitude de ladite stagiaire, Yasmine ne semblait pas perturbée le moins du monde et sur le ton de la confidence, elle lui expliqua qu’elle avait justement de quoi la rendre plus commode. Aussitôt, elle posa la boîte qu’elle tenait entre ses mains comme s’il s’agissait d’un coffre contenant bien des trésors inestimables et s’affaira à retrouver quelque chose à l’intérieur. Sa curiosité piquée à vif, Lynn suivit attentivement la scène du regard, impatiente de découvrir ce que l’infirmière lui avait préparé. Aussi, quand elle vit son regard s’illuminer alors qu’elle avait enfin mis la main sur l’objet de ses convoitises – un petit chat tout droit sorti du monde imaginaire de Lewis Caroll – Colleen fronça les sourcils d’un air perplexe. Elle n’eut cependant pas le temps de l’interroger car déjà Yasmine se relevait et plaçait l’épingle sur sa blouse immaculée, à la manière d’un petit talisman, et la sage-femme comprit enfin là où elle voulait en venir en écoutant ses explications. « Matou, c’est bien ça ? ». Lynn glissa un regard amusé au petit personnage avant de cligner des yeux d’un air faussement solennel et de pincer les lèvres pour tenter de réprimer le rire que sa gorge menaçait de laisser échapper. « Eh bien enchantée de faire ta connaissance, Matou. Je te promets de prendre le plus grand soin de ta petite personne et crois-moi : je sais me montrer convaincante ! Personne ne viendra te chercher des noises cet après-midi. Tant que tu resteras fidèlement accroché à ma blouse, tout près de mon cœur, tu seras protégé ». Son petit discours de bienvenue terminé, la sage-femme sonda le regard de Yasmine d’un air énigmatique et plissa les yeux. « Rassure-moi, Yasmine, tu n’as pas prévu une séance de bizutage en bonne et due forme cet après-midi, hein ? Qu’on mette les choses au clair toi et moi : je ne chante que sous la douche, quand je suis absolument certaine que personne n’est en mesure de m’écouter » conclut-elle avec un grand sourire et un regard entendu.

Yasmine lui désigna majestueusement la salle de jeux et l’accueillit avec solennité dans ce lieu qui revêtait une importance si particulière à ses yeux. Pour le moment, les petites tables étaient encore propres et désertes, et les armoires parfaitement rangées, mais Colleen ne pouvait qu’imaginer l’effervescence qui devait régner dans cette pièce quand les petits étaient présents. Elle était incapable de dissimuler son impatience à l’idée de découvrir le fonctionnement de cette salle de jeux. « Alors c’est ici que la magie opère ? » demanda-t-elle, la fascination colorant son regard qui sa posa successivement sur les différents espaces de jeux. Elle pouvait aisément imaginer l’espace peinture prévu près du chevalet bancal et des tables recouvertes d’une toile cirée transparente destinée à les protéger. Non loin de là, des cahiers de coloriages étaient soigneusement empilés sur une petite table d’enfant, et les feutres et crayons de couleur reposaient sans doute dans ces trousses fermées que Colleen apercevait sur la table voisine. L’armoire dissimulée derrière des rideaux colorés au fond de la pièce devait abriter tout un tas de jeux de société ; la sage-femme imaginait leurs couvercles abîmés par les années et les enfants qui les avaient manipulés, parfois avec délicatesse, d’autres fois avec un empressement difficilement contenu. Un petit parcours dédié à la motricité des plus petits était installé sur sa gauche, avec divers obstacles et même une petite piscine à balles, et à nouveau, l’imagination de la jeune femme s’emballa en songeant aux cris d’excitation et rires emplis de joie de ces chères têtes blondes quand elles s’amusaient dans cet espace récréatif. Enfin, si l’art avait indubitablement une place prédominante dans les activités proposées dans la salle de jeux, la culture et la musique n’étaient pas en reste : les étagères semblaient fléchir sous le poids des livres et quelques instruments de musique destinés aux enfants s’éparpillaient près d’un tapis de jeux.

Cette salle recelait bien des trésors et le cœur de Colleen se serra en pensant au bonheur qu’elle devait apporter aux enfants hospitalisés. Tout avait été pensé dans le but de leur redonner le sourire, que ce soit au niveau des activités proposés, des couleurs qui égaillaient les murs ou bien encore des dessins et portraits qui recouvraient les murs, trésors incontestés des enfants qui s’étaient appliqués à les créer, et témoins des années passées. Le regard ébahi, Lynn s’arracha à la contemplation des lieux pour se retourner vers Yasmine. « Comment les choses se passent-elles concrètement ici ? » Lui demanda-t-elle, curieuse. « Les enfants viennent quand ils le souhaitent et le peuvent, ou il existe une sorte de planning quelque part ? Les bénévoles se passent le relais pour assurer l’organisation ? Leur présence dans cette salle est-elle obligatoire pour la venue des enfants, ou ces derniers ont la possibilité de venir accompagnés de leurs parents uniquement ? ». Si Colleen voulait à son tour devenir bénévole dans ce service, il lui fallait connaître les règles afin de pouvoir les faire respecter. Ouvrant son carnet à la page retenue par un marque-page, elle actionna son stylo, prête à noircir les pages des informations que Yasmine voudrait bien lui donner
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyVen 24 Avr 2020 - 6:07


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"Pour aujourd'hui en tout cas." précisa-t-elle en pointant Matou du doigt "Son nom change à chaque fois, mais celui-ci je le trouve parfait pour lui." Le contraire aurait été étonnant puisqu'effectivement, il était très à propos ce petit nom. Alors qu'elle écoutait sa collègue se présenter correctement à son nouveau meilleur ami pour la journée au moins, Yasmine, pendant ce temps, s'accroupit à nouveau pour refermer la boîte dans laquelle elle laissa ses souvenirs. Elle y reviendrait sans doute un peu plus tard, elle avait plus important à faire dans la seconde et c'était de guider la nouvelle recrue du squad des bénévoles du service de pédiatrie dans ses nouvelles taches. Gentiment, elle se moqua de l'apparence que Matou lui donnait, empruntant une mine malicieuse qui allait de paire avec sa bonne volonté à changer les idées de ceux qui en avaient plus besoin qu'elle. Est-ce que Colleen faisait partie de ceux-là ? Il était trop tôt pour le dire. Pourtant, les conversations qu'elles avaient eu depuis leur première rencontre lui faisaient penser que la jeune femme avait ses secrets – comme tout le monde finalement. Elle n'essaierait pas de les dénicher, elle en connaissait l'importance, et loin d'être invasive ou insistante, Yasmine patienterait avant de creuser pour tomber sur les trésors que conservaient jalousement Colleen. Elle avait appris que poser des questions n'étaient pas toujours la meilleure méthode à adopter pour connaître les autres ; les sensibilités différaient, on n'était pas à l'abri de toucher le nerf sensible au fil des questions déroulées sur le ton usuel de la conversation… et Yasmine était magnanime, trop lucide à propos de l'impact des révélations pour les provoquer sciemment. Dans ce domaine donc, elle était patiente, parfois trop d'ailleurs, aussi Colleen pouvait dormir sur ses deux oreilles : qu'importe ce qu'elle cachait, elle ne serait pas jugée.
Elle devait néanmoins l'admettre, il y avait quelque chose d'intriguant chez cette femme venue d'ailleurs. Impressionnée par son aura et l'élégance qui se dégageait de sa silhouette longiligne, elle lui rappelait Norah quelque part. Toutes les deux, elles faisaient partie des aînées qui l'avaient toujours inspirée dans son travail et qu'un jour, elle avait aspiré devenir sans pour autant avoir la prétention d'y parvenir à la fin. Elles dégageaient une force qu'elle leur enviait avec délicatesse, les respectant comme des grandes sœurs de qui elle avait tout à apprendre, s'abreuvant de leurs conseils avec la candeur d'une apprentie alors qu'elle était elle-même une infirmière aguerrie. Pour elle qui avait évoluée dans un monde où les hommes avaient une influence prépondérante, bien que positive, se retrouver au contact de femmes comme Norah et Colleen la rendait plus apte à accepter la part de féminité qu'elle négligeait parfois… en d'autres termes, ça lui faisait du bien de ressentir la bienveillance d'une comparse à son encontre, ça lui permettait de s'élever au-dessus des craintes qu'elle nourrissait sans en donner l'air, finalement aussi secrète que la jeune femme à qui elle répondit :
"Peut-être que j'ai fait passer le mot pour déclencher une attaque de câlins à une heure précise de la journée." A 15h10 tapantes, un peu avant la collation préparée par l'équipe. Il y avait pire comme bizutage – le sien, à l'aube de son affectation au service des urgences, avait été une expérience assez traumatisante pour qu'elle refuse désormais de se rendre au sous-sol de l'hôpital, là où se trouvait la morgue. Enfin, elle tacha encore une fois de garder son sourire pour elle, mais la naissance inopinée de fossettes au creux de ses joues indiqua qu'elle ne tiendrait plus longtemps. Et en effet, elle finit par libérer le grand sourire qui illumina son visage quand elle ajouta, un clin d'œil raté accompagnant ses paroles "Mais je prends note pour tes talents de chanteuse de salle de bain… juste au cas-où." Elle ne ferait jamais rien de cette information. Quoique si elle pouvait la convaincre de rejoindre l'équipe de pros du karaoké qu'elle avait dans son entourage, elle s'appliquerait à la rameuter de son côté – celui des introvertis qu'elle formait avec Louis Price – avec autant d'habilité qu'elle l'avait fait pour la faire caresser l'éventualité de devenir bénévoles en pédiatrie.

D'ailleurs, il était temps de rentrer dans le vif du sujet. Aussi après un souhait de bienvenue, elle laissa Colleen s'enquérir de l'environnement dans lequel elle se trouvait. Elle laissa sa boîte de matériel de côté, puis elle se releva prudemment tout en frottant la paume de ses mains sur le devant de son pantalon de ville – elle avait abandonné sa tenue de travail comme elle le faisait tout le temps lorsqu'elle donnait de son temps pour les enfants, campant sur ses positions à ce sujet, refusant de les soumettre davantage à l'impression d'être enfermée dans un hôpital en déambulant avec une blouse sur le dos. Et elle avait beau s'être maintes fois fait taper sur les doigts à ce sujet, elle persistait à se présenter aux petits avec ses éternels sweats trop larges et ses mains couvertes de bagues ; c'était bien pour ça qu'elle avait tant de succès, elle ne donnait pas l'impression de travailler ici, mais d'être une amie qui leur rendait visite plusieurs fois par semaine.
Du coin de l'œil, elle examina la manière dont Colleen emplit l'espace, ses yeux clairs vadrouillant de part et d'autre des éléments qui constituaient l'univers de chacun et de tous à la fois. Rien qu'à son langage corporel, elle sut qu'elle ferait une bonne bénévole… une certitude qui grandit lorsqu'elle laissa échapper à une salve de questions précises à laquelle Yasmine prit le temps de répondre en revetissant son air d'infirmière comme le disait Edge.
"On n'a pas toujours le temps de se réunir pour discuter des activités à mettre en place. Mais généralement, on essaye quand même de se voir une fois par semaine pour établir une liste d'activités. Ça varie pas mal à ce sujet, on s'y efforce." Elle fronça doucement les sourcils pour mieux fureter dans sa mémoire afin de n'omettre aucune information. Distraite par sa réflexion, elle plissa doucement les yeux "On les laisse décider si oui ou non ils veulent y participer. Rien n'est obligatoire, mais quand on s'aperçoit que l'un d'entre eux reste replié sur lui-même pendant quelque temps, on passe dans sa chambre pour le motiver à rejoindre les autres. Une petite lecture d'un classique ça aide beaucoup…" Harry Potter avait souvent été son allié dans ces cas-là, à croire que la détermination du sorcier à en venir à bout de son ennemi juré avait un effet revigorant, inspirant même sur les jeunes. Parce qu'ils avaient beau être des guerriers tous autant qu'ils étaient, il y avait des semaines plus compliquées que d'autres ; les symptômes, les traitements, l'enfermement, le manque des proches… "C'est en fonction des disponibilités de chacun. Ça arrive qu'on soit présents à plusieurs bénévoles lors d'une activité… il faudra que tu rencontres les autres, ils seront ravis de te compter parmi nous." Pourquoi ne pas organiser un petit rendez-vous après le travail pour faire les présentations ? L'idée lui traversa l'esprit l'espace d'un instant, mais c'était déjà un casse-tête d'ordinaire, de réunir tout le monde à heure fixe. Tant pis, elle en parlerait au moins à Hassan pour qu'il l'accueille avec toute la chaleur qu'elle lui connaissait.
Elle glissa une longue mèche de cheveux derrière son oreille pendant qu'elle décalait une petite chaise pour s'y asseoir doucement. Yasmine joignit ses longs doigts bagués entre eux, observant Colleen prendre des notes avec un sourire en biais sur ses lèvres nues "En majorité, les parents préfèrent nous laisser gérer leurs enfants pendant les activités. Certains ne sont pas autorisés à sortir à cause de leur pathologie, se retrouver dans cette salle de jeux, c'est un vrai moment d'évasion pour eux. Leurs parents tiennent à ce qu'ils en profitent sans se soucier de l'inquiétude qu'ils peuvent laisser transparaître, même inconsciemment…" C'était difficile pour tout le monde songea-t-elle avant d'ajouter en opinant du chef "C'est aussi l'occasion pour eux de prendre une pause, surtout pour ceux qui sont ici non-stop. T'auras sans doute l'occasion de tomber sur quelques-uns d'entre eux d'ailleurs, je me chargerai des présentations" Son sourit s'élargit. Elle s'accouda au bord de la table, appuyant son menton à l'intérieur de sa paume lorsqu'elle railla en la regardant directement "J'ai jamais eu une stagiaire aussi consciencieuse que toi. Ça va très bien se passer, Colleen." la rassura-t-elle tout de suite après en tendant son autre main pour lui presser le poignet, et lui insuffler un peu de sérénité à propos de ses nouvelles responsabilités.
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptySam 25 Avr 2020 - 10:18

Une attaque de câlins, voilà ce que lui avait promis Yasmine en guise de bizutage, une promesse qui sonnait davantage comme une faveur qu’une épreuve. Soulagée, Colleen ne put retenir un soupir de satisfaction. Elle connaissait suffisamment Yasmine désormais pour se douter qu’elle ne lui avait pas préparé une humiliation publique dans les règles de l’art, que ce soit par le biais d’un karaoké inopiné, d’une bataille de mousse à raser ou même d’une démonstration de danse de ventre – maintenant que l’idée lui traversait l’esprit, la sage-femme était mortifiée rien qu’en s’imaginant se déhancher à moitié nue devant des paires d’yeux arrondis par la surprise. Cela ne correspondait pas au portrait qu’elle avait dressé de sa jeune collègue, et puis elle doutait sincèrement que la salle de jeux du service pédiatrique de l’hôpital puisse être le théâtre de ce genre de représentations ; un bizutage se traduisant par un concours de changement de couches aurait sans doute été plus plausible dans ces circonstances.
Toutefois, malgré la confiance que Lynn accordait à la bénévole préférée des tout-petits, elle était heureuse d’avoir clarifié ce point. D’un tempérament assez réservé, la jeune femme détestait être le centre de l’attention et, à moins d’avoir bu plusieurs cocktails au préalable – l’alcool ayant tendance à lever ses inhibitions avec une facilité déconcertante – elle se dérobait dès que le feu des projecteurs était un peu trop orienté sur sa personne. Pourtant, elle avait bien conscience que faire du bénévolat au sein du service pédiatrique l’amènerait à se dévoiler un minimum car elle pouvait difficilement amuser les enfants en gardant son sérieux. Au contraire, sans doute lui faudrait-elle une bonne dose d’autodérision auprès des plus jeunes et jouer de son humour dans l’optique de leur arracher quelques rires joyeux. Or, maintenant qu’elle s’était familiarisée à son nouveau lieu de travail et à ses collègues, c’était un exercice auquel elle était prête à se plier. Le premier jour, elle aurait pu difficilement le concevoir mais c’était avant d’apprendre à découvrir et appréhender son nouvel environnement. Yasmine y était d’ailleurs pour beaucoup dans sa volonté d’entreprendre le bénévolat à l’hôpital, car si c’était une expérience qui l’avait attirée à la seconde où le sujet avait été évoqué, sans les encouragements de sa collègue infirmière elle n’aurait sans doute pas franchi le pas avant encore un bon moment. Elle avait besoin d’être rassurée quant à sa capacité à pouvoir tout gérer de front : sa carrière, le bénévolat ainsi que ses loisirs, qui avaient pris une place importante dans son quotidien depuis son arrivée à Brisbane. Or c’était précisément ce que lui avait apporté la bienveillance de Yasmine : de la confiance et du soutien.

« Tu ne prends note de rien du tout, et tu vas d’ailleurs me faire le plaisir d’effacer ce grand sourire de ton visage, non mais ! » S’exclama-t-elle à la manière d’une maman réprimandant son enfant, bien qu’hilare en réalité après la tentative de clin d’œil ratée de sa collègue. Un doux sourire flottant sur ses propres lèvres, elle se laissa par la suite happée par l’atmosphère qui régnait dans la salle de jeux, passant en revue chaque recoin avec une curiosité similaire. Inspirée, elle imaginait aisément les scènes qui devaient se jouer au quotidien en ces lieux : les enfants se réunissant autour d’activités organisées par les bénévoles, s’amusant, riant aux éclats, chahutant peut-être même par moments, mais s’évadant sans l’ombre d’un doute d’une routine éprouvante, rythmée par les soins apportés par les infirmiers et aides-soignants, les diagnostics des médecins, les inquiétudes des parents et les visites des proches qui ne parvenaient malheureusement pas toujours à leur rendre le sourire. La salle de jeux agissait comme une parenthèse dans ce quotidien. Certes, la pièce se trouvait au cœur même de l’hôpital, mais la bonne humeur des bénévoles devait agir comme un remède temporaire auprès de ces enfants déjà tristement marqués par la vie.

Quand elle parvint à se tirer de ses rêveries, Colleen s’intéressa de nouveau à Yasmine et lui posa tout un tas de questions qui la titillaient à propos du fonctionnement du bénévolat. Armée de son stylo et de son carnet, elle ouvrit ce dernier et commença à prendre bonne note des indications données par l’infirmière, après avoir griffonné la date du jour dans la marge.


18.04.2020 – Bénévolat au service pédiatrique.

1) Une réunion hebdomadaire avec l’équipe des bénévoles* pour le choix des activités proposées.
2) Mise en place des activités en fonction des disponibilités de chacun.
3) Les enfants ne sont pas obligés de participer aux activités mais il est possible de les encourager à le faire si l’on juge que c’est nécessaire.
4) Les parents préfèrent laisser gérer les bénévoles et s’impliquent rarement dans la mise en place des activités.

*Rencontrer les autres bénévoles le plus vite possible !!



Colleen releva le menton à la mention des présentations que Yasmine se proposait d’initier avec les parents, et une nouvelle fois, lui adressa un sourire reconnaissant. Elle tira à son tour une chaise afin de s’installer plus confortablement et faciliter la prise de notes, puis posa son carnet sur la table. L’infirmière saisit alors délicatement son poignet entre ses doigts afin d’y exercer une pression légère, et la rassura : il n’y avait aucune raison pour que le bénévolat se passe mal. Lynn inclina la tête et se massa lentement la nuque de sa main libre. « Ah tu sais, je ne prends pas ça à la légère. Quand je m’investis dans quelque chose, soit je le fais à fond soit je ne le fais pas du tout, c’est comme ça que je fonctionne » Lui confia-t-elle. Sa main toujours glissée à l’arrière de sa nuque, elle désigna d’un signe de la tête le carnet dans lequel elle avait couché consciencieusement tous les conseils de Yasmine. « Prendre des notes me rassure, ça me donne le sentiment de mieux maîtriser la situation. J’ai beau approcher dangereusement la quarantaine, j’ai encore l’âme d’une étudiante tu vois ». Elle planta son regard dans celui de sa collègue avec un peu plus d’insistance et se départit de son air sérieux. « Ceci dit, tu peux te moquer autant que tu veux de mes airs de stagiaire débutante, n’empêche, tu n’es pas mal non plus dans le rôle de l’enseignante ». Cette fois, elle lui adressa un clin d’œil amusé avant de se redresser et de se saisir de nouveau de son stylo. « Trêve de plaisanterie, j’ai encore des questions, tu t’en doutes… Doit-on respecter des consignes sanitaires particulières en compagnie de certains enfants ? Si oui, y a-t-il une liste quelque part qui puisse me permettre de les mémoriser ? Et cette réunion dont tu me parlais tout à l’heure, avec les autres bénévoles, comment est-elle initiée ? Ça fonctionne par le biais d’un groupe WhatsApp ou quelque chose comme ça ? ». Pauvre Yasmine, Colleen avait l’impression de la noyer sous un flot de questions, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Comme elle l’avait confié précédemment à la jeune femme, elle avait besoin de contrôler un maximum de choses pour être certaine s’assumer son rôle de bénévole dans les meilleures conditions possibles. Dans un coin de sa tête, elle se fit la promesse solennelle de trouver le moyen plus tard de remercier Yasmine en bonne et due forme pour le temps qu’elle lui consacrait cet après-midi-là.
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyMer 29 Avr 2020 - 9:00


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Effacer le grand sourire qu'elle avait sur le visage fût une tache plus ardue que le laissait sous-entendre l'ordre gentillet de sa collègue. Aussi, un petit rire légèrement éraillé vint se joindre à l'expression que laissa échapper Colleen et qui, dans le fond, amusait bien la jeune femme dont le regard bienveillant se posa directement sur elle. En la regardant, Yasmine s'aperçut que depuis qu'elle était arrivée dans la salle de jeux, elle n'avait cessé de lui faire risette. Sans doute était-ce son retour dans le service qu'elle avait déserté pendant quelques temps qui la mettait d'aussi bonne humeur, ou bien plutôt la perspective de former au bénévolat la sage-femme avec qui elle s'entendait déjà très bien… elle l'ignorait et qui sait, peut-être que c'était les deux en vérité ? Toujours est-il que, assise sur sa chaise à échelle réduite, elle se dit que ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas été aussi joyeuse au sein de l'établissement dans lequel elle travaillait, et ce malgré les tentatives de Molly de lui faire apprécier son quotidien en lui racontant tous les ragots du coin à sa manière – comprendre en exagérant grossièrement les faits, quitte à ce qu'ils deviennent de gros mensonges éhontés qui finissaient par faire tout le tour de l'hôpital et à entrer dans la légende qui l'entourait.
C'était devenu difficile d'appréhender son parcours à l'hôpital sans songer aux regards qu'on posait sur elle chaque fois que son échec à l'examen d'admission à la fac de médecine revenait sur le tapis. C'était inconscient, néanmoins elle avait le sentiment d'être devenue l'exemple à ne pas suivre ; c'était d'autant plus vrai que les rapports avec son supérieur direct étaient devenus compliqués, bien qu'ils tachaient d'évoluer avec en tête, la notion qu'ils devaient tourner la page pour que rien n'entache la dynamique de l'équipe dans laquelle ils travaillaient tous les deux comme coéquipiers. Parfois, lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil – et c'était souvent –, elle se demandait comment elle avait bien pu faire, elle, l'infirmière si douée et respectée pour son sang-froid et sa maîtrise de l'urgence, pour être ainsi rétrogradée à une place qui la rendait si honteuse et indigne d'exercer. Elle avait bien des idées, mais ça aussi, c'était difficile à appréhender et finalement, ça ne l'aidait pas à considérer son imminente démission comme une mauvaise idée ; bien au contraire, ça lui pendait au nez.

"J'aime beaucoup ta façon de voir les choses. On devrait définitivement bien s'entendre, toi et moi." fit-elle après avoir terminé ses premières explications. Elle en avait profité pour faire savoir à Colleen qu'elle était sans nul doute possible la stagiaire la plus consciencieuse qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer. Sa réponse la ravit assez pour qu'elle lui offre un nouveau sourire et qu'elle se sente rassurée sur le parcours futur qu'elle se créerait en rejoignant le squad de bénévole.
A cette idée, elle lui pressa le poignet. Dans la foulée de cette petite dose discrète d'encouragement, elle ajouta "Je crois que c'est le bon moment pour te dire que tu ne fais pas ton âge. Et puis j'y pense, mais il y a de vieux étudiants…" Elle en était la preuve vivante. N'avait-elle pas envisager de le redevenir à plus de 30 ans ? Cela dit, elle prit sens que ses paroles pouvaient être mal perçues, et parce que Yasmine était assez spontanée pour laisser échapper des âneries qu'elle regrettait ensuite – comme maintenant d'ailleurs –, elle se ressaisit. Se redressant sur sa petite chaise, elle dit avec un empressement qu'accompagnèrent ses mains qu'elle tendit en avant comme pour se rattraper à une branche invisible "Enfin vieux, c'est pas ce que je voulais dire. Qui ont plus de 25 ans quoi… OK, qu'est-ce que je dois faire pour rattraper la bourde que je viens de commettre ?" demanda-t-elle à la jeune femme après avoir fermé un œil et penchée la tête sur le côté comme l'aurait fait un enfant conscient de l'imminence de la gronderie. Qui ne vint pas évidemment… au contraire, elle gagna un compliment qui la fit doucement baisser la tête, mais ne rien répondre, car déjà Colleen reprenait son interrogatoire Et ça l'arrangeait bien au demeurant, puisqu'elle n'avait toujours pas trouvé la bonne façon d'accueillir les compliments sans piquer un fard. A cet instant, il se fondit au teint caramel de son visage.
"Les enfants au système immunitaires fragile font partie d'un autre service, on y reviendra un peu plus tard si tu veux t'y aventurer." n'attendit-elle pas pour lui répondre, plus à l'aise quand il s'agissait de discuter de ce pourquoi elles étaient là, plutôt que de ses talents supposés. Joignant à nouveau ses doigts, elle les glissa sous son menton de façon à pouvoir le poser dessus. Encore une fois, ses sourcils se froncèrent quand elle chercha à remettre ses pensées dans le bon ordre pour ne rien omettre et guider au mieux la jeune femme. Elle lui accorda un regard en biais "Tu seras surtout amenée à déambuler ici, où les consignes sanitaires de base sont à respecter. Je vais pas te faire un topo inutile sur ce qu'elles impliquent, tu devrais t'en sortir." Un léger sourire remonta la commissure de ses lèvres à ses propres paroles ; il n'y avait aucun doute sur l'idée que Colleen savait de quoi il s'agissait – les lui rappeler aurait presque été insultant.
Peu à peu, elle reprit son sérieux, et explicita avec douceur et professionnalisme "L'intérêt de tout ça, c'est de les faire sortir du cocoon aseptisé dans lequel ils ont été projeté ; certains momentanément, d'autres pour plus longtemps alors… on encourage plutôt le laisser-aller, le laisser-aller contrôlé bien sûr. Je te le répète, les consignes sanitaires de base suffiront." ponctua-t-elle et aussitôt, prenant sens du reste des interrogations de sa collègue, elle sortit son téléphone portable de la poche arrière de son pantalon. Elle se tortilla un peu pour aller le pêcher tout au fond, grimaçant légèrement en passant, et reprit tout à la fois "Ça dépend un peu de la manière dont on vit nos gardes. Ça bouge beaucoup dans le coin, je t'apprends rien." Elle trafiqua quelques secondes sur l'écran tactile de son téléphone en se sommant de ne pas prêter attention aux notifications qui attendaient d'être consultées, et poursuivit "Parfois, il suffit du bouche-à-oreille pour réunir tout le monde. Et tu verras que les rumeurs circulent vite entre les services… mais j'imagine que depuis ton arrivée, t'as dû t'en rendre compte." avança-t-elle en se reposant sur des suppositions. Il suffit d'une nouvelle notification – venant de Molly – qui apparut en haut de son écran pour qu'elle s'anime et relève la tête en direction de Colleen "Un conseil d'ailleurs : si tu tiens à faire profil bas, filtre les infos que tu partageras avec Molly. Tu sais ? La petite rousse à l'accueil des urgences ?" Elle avait beau l'aimer comme une cousine un peu rebelle – un peu dérangée aussi –, il fallait admettre qu'elle n'était pas la plus indiquée quand il était question de discrétion "Mais sinon, oui. Cette petite chose reste le meilleur moyen pour mettre tout le monde d'accord. Par contre, j'en suis pas la… créatrice, l'administratrice ? Qu'importe, je sais pas trop comment ça fonctionne." Elle entendait presque la voix de son frère lui répéter à quel point c'était facile, pourtant.
Elle agita son téléphone pour faire l'emphase et finit par le poser devant elle en lui demandant, lui laissant jeter un œil à la conversation des bénévoles qu'elle avait ouverte pour qu'elle se familiarise avec les noms de chacun "Du coup, tu veux bien me donner l'autorisation de filer ton numéro à celui qui pourra t'ajouter à la conversation ?" Elle leva les mains devant elle comme témoignage de bonne foi "Sois sans crainte, c'est quelqu'un de fiable." Et n'attendant, elle pointa du doigt le carnet et le stylo de Colleen "Note : Hassan Jaafari. Avec deux a… parfait ! S'il y en a un à rencontrer dans le groupe de bénévoles, c'est lui."
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyVen 1 Mai 2020 - 10:52

« P-pardon ? C’est moi ou tu viens à l’instant de me qualifier de vieille étudiante ? » Fit Colleen, ses traits composant un air horrifié : sourcils haussés, yeux grands ouverts et bouche arrondie formant un O parfait. Elle lâcha son stylo sur la table et recouvrit ses lèvres de la paume tendue de sa main pour compléter le tableau de sa stupéfaction. Yasmine venait bel et bien de gaffer, la complimentant d’abord en affirmant qu’elle ne faisait pas son âge, avant de la comparer à de vieux étudiants. Elle tenta tant bien que mal de se rattraper – un échec cuisant puisqu’elle s’enfonça davantage. Colleen la laissa ramer un peu, tenant sa position quelques secondes supplémentaires avant de céder et d’éclater de rire face à l’expression défaite de sa jeune collègue. « Allez, je plaisante ! Par contre si tu tiens vraiment à rattraper ta bourde d’une manière ou d’une autre, je peux réfléchir à quelque chose. Mais je te préviens : j’ai beaucoup d’imagination et tu risques de ne pas apprécier ! ». Elle inclina la tête pour appuyer ses propos, mais autant dire que niveau crédibilité, elle n’en menait pas large – d’ailleurs, un sourire était toujours solidement accroché à ses lèvres. Et franchement, c’était bien plus drôle ainsi. Colleen couva Yasmine du regard un instant, attendrie par la jeune femme et ravie de constater que leur relation était un peu plus solide tous les jours. Travailler avec l’infirmière-urgentiste lui semblait tellement naturel, et pourtant elle ne la connaissait que depuis quelques mois seulement. Entre elles, le courant était immédiatement passé. Sans doute parce que la jolie Australienne partageait avec elle de nombreux points communs, certains encore sans doute insoupçonnés, tandis que d’autres s’étaient révélés dès leur toute première rencontre. Colleen se voyait en Yasmine. Elles avaient emprunté des parcours distincts, essuyé des échecs différents, mais partageaient le même rêve d’antan, celui de devenir médecin. Si la sage-femme avait vu ses plans bouleversés par une grossesse inespérée, alors qu’elle n’était encore qu’une étudiante en deuxième année de médecine, Yasmine, elle, avait renoncé à son rêve faute de moyens financiers suffisants. Et cet échec pesait encore aujourd’hui autant sur l’une que sur l’autre.
De son côté, Colleen ne regrettait pas sa maternité, l’arrivée de Louisa lui avait fait l’effet d’une bouffée d’oxygène – comme si elle goûtait pour la première fois à la vraie vie. Toutefois, elle devait bien admettre qu’elle n’aurait pas été contre attendre quelques années supplémentaires, le temps de boucler ses études universitaires et de s’installer véritablement, pour envisager une vie familiale dans les meilleures conditions possibles. Parfois, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce qu’aurait été sa vie si Louisa n’était pas arrivée aussi vite. La seule évocation de cette idée avait beau la faire culpabiliser, sa curiosité l’emportait généralement et elle s’inventait alors un parcours totalement différent de celui qu’elle avait été amenée à suivre. Des questions subsistaient néanmoins : se serait-elle lassée d’August, si Louisa n’était pas née ? Aurait-elle émis le souhait de fonder une famille avec lui, si elle en avait eu le choix ? L’équilibre du couple aurait-il été maintenu, ou August serait-il inévitablement devenu la même personne au fil des années ? Que l’on ne s’y méprenne, Colleen était vraiment tombée amoureuse d’August, et elle ne remettait pas un seul instant en doute l’amour qu’elle lui avait porté. Toutefois, elle avait tendance à croire – ou espérer ? – qu’elle aurait été suffisamment lucide pour finir par comprendre qu’en dépit de ses efforts pour l’en empêcher, le naturel de son époux reviendrait inéluctablement au galop tôt ou tard.
Contrairement à Yasmine, l’échec essuyé par Colleen datait de plusieurs années maintenant – presque dix-huit, pour être exacte – aussi avait-elle fini par se faire une raison, revoyant finalement son ambition à la baisse plusieurs années plus tard pour devenir sage-femme. Pour l’infirmière en revanche, l’échec était encore tout récent et son amertume pas encore tout à fait dissipée. La lettre de refus à l’école de médecine ne datait que de quelques mois. C’était un sujet qu’elles n’avaient pas vraiment abordé toutes les deux ; à vrai dire, la nouvelle avait fait le tour de l’hôpital et était parvenue jusqu’aux oreilles de la sage-femme sans que cette dernière ait réellement souhaité l’entendre. Toutefois, elle lui permettait de mieux comprendre l’attitude de la jeune femme, et plus précisément de comprendre le trouble qu’elle avait ressenti chez elle ces derniers temps.

Ne cédant pas longtemps à l’envie de poser toujours plus de questions à Yasmine, et de profiter éhontément au passage de la patience de cette dernière, Colleen attrapa de nouveau consciencieusement son carnet afin de recopier la suite de ses instructions.

5) Consignes sanitaires de base à respecter. Les enfants plus fragiles se trouvent dans un autre service (se renseigner plus tard).
6) Pour les réunions avec les bénévoles…


Lynn releva le nez de son carnet, croisant le regard de Yasmine quand cette dernière affirma qu’il y avait beaucoup de mouvement « dans le coin » – comprendre, chez les bénévoles du service pédiatrique. Elle haussa un sourcil interrogateur, se demandant si la jeune infirmière-urgentiste tentait de lui faire passer un message, mais ne dit rien. Peut-être ne s’agissait-il après tout que d’une simple impression. Colleen avait tendance à tellement tout analyser qu’elle se faisait parfois des films pour pas grand-chose. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure pour retenir son commentaire et observa Yasmine alors qu’elle cherchait désespérément à attraper son téléphone portable dans la poche arrière de son pantalon. Tenant finalement l’objet désiré entre ses mains, elle fit glisser son doigt sur l’écran tactile afin de le déverrouiller. Le regard rivé sur le téléphone, Yasmine mentionna alors une certaine Molly, « la petite rousse de l’accueil des urgences », selon ses propres dires. Apparemment, mieux valait éviter cette personne comme la peste si elle tenait à faire profil bas. « Molly, tu dis ? Je crois que j’ai déjà entendu Izzie m’en parler. J’ai comme l’impression qu’elle ne la porte pas vraiment dans son cœur par contre » Ajouta-t-elle en haussant les épaules, n’en sachant pas vraiment plus sur ce personnage haut-en-couleur dont la réputation était de toute évidence contestée au sein de l’hôpital. Colleen avait rarement vu Izzie, sa collègue sage-femme, s’emporter de la sorte quand elle lui avait parlé de ladite Molly, si bien qu’elle avait retenu son prénom.

Yasmine lui expliqua qu’elle n’était pas l’administratrice du groupe utilisé par les bénévoles pour communiquer, et lui demanda l’autorisation pour pouvoir transmettre son numéro de téléphone. Lynn acquiesça. « Bien sûr » Accepta-t-elle. Suivant les consignes de sa collègue à la lettre, elle se pencha ensuite vers son carnet pour compléter sa phrase et inscrire le nom qu’elle lui avait dicté.

6) Pour les réunions avec les bénévoles, contacter un certain Hassan Jaafari.


Elle leva de nouveau son visage vers Yasmine et tapota son menton du bout de son stylo, réfléchissant à d’éventuelles autres questions, mais force était de constater qu’elle en avait fait le tour. « Je pense que tu as répondu à toutes mes interrogations… Pour l’instant en tout cas. Désolée d’ailleurs, j’ai conscience que je ne suis pas une stagiaire facile et que je t’ai un peu bombardé de questions ». Elle se redressa et après un nouveau coup d’œil à la pièce, constata que celle-ci était toujours aussi résolument déserte. Colleen consulta l’heure sur l’écran du téléphone de Yasmine, toujours orienté vers elle, et en comprit la raison : il n’était pas encore tout à fait treize heures, aussi y avait-il fort à parier que les enfants soient toujours dans les chambres, en train de terminer leur déjeuner ou peut-être en train de se reposer après celui-ci. « Quelle est la suite du programme, Infirmière Khadji ? Tu veux me faire visiter le service, ou me présenter à tes petits favoris, peut-être ? Inutile de faire cette tête, je le sais bien que tu as tes petits préférés » Déclara-t-elle avec humour, plissant les yeux et désignant sa collègue d’un doigt accusateur. « D’ailleurs, si tu as des conseils à me donner pour m’occuper des enfants, je suis preneuse. Ma fille est grande maintenant, aussi je n’ai plus vraiment l’habitude des tout-petits… ».
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Tant que ça n'impliquait pas de devoir se balader en petite tenue devant le personnel de l'hôpital, Yasmine était prête à tout pour se faire pardonner sa petite bévue verbale. Quoi que ça leur laisserait un souvenir impérissable de leur collègue lorsqu'elle partirait enfin, c'était une certitude. Momentanément livide, la jeune femme se rattrapa bien vite ; autant ne donner aucune mauvaise idée à Colleen, alors elle ravala sa rhétorique. C'est ainsi que le sujet de sa bourde fût aussitôt balayé pour qu'elles puissent revenir à l'essentiel. En s'arrêtant en large et en travers sur le fonctionnement du bénévolat dans le service de pédiatrie, Yasmine s'en voulut un peu de ne pas totalement jouer franc-jeu avec la jolie jeune femme. Elle savait cependant très bien que, dans quelques temps, elle ne pourrait plus la guider dans sa nouvelle tâche. Oh, le bénévolat lui serait toujours autorisé, même si elle démissionnait demain, mais réussirait-elle à passer les portes de l'hôpital en tant que visiteuse, elle qui faisait tout son possible pour s'en extraire, fatiguée par la pression qui pesait sur ses épaules et cet échec qui la suivait partout où elle allait ?
Sans doute aurait-elle dû s'épancher davantage sur ce qui lui trottait dans la tête à ce moment-là, et avouer à Colleen que bientôt, elle devrait se débrouiller seule pour déambuler dans les couloirs qu'à distance, toujours assise sur sa petite chaise, elle observa d'un œil distrait. Mais elles n'étaient pas si proches que ça en vérité… et puis Yasmine n'était pas du genre à s'épancher plus que de raison, surtout sur ce genre de sujet qui la touchaient de près, de trop près. Alors elle s'abstint, songeant au fait que, quand elle partirait, elle sommerait Molly de prendre le relais et de s'occuper de garder un œil sur Colleen pour l'aider à mieux gérer son nouveau rôle.

En parlant de la petite rousse, elle trouva ça plus que nécessaire de mettre gentiment en garde Colleen "Je l'adore, c'est une bonne amie... l'une de mes meilleures amies à vrai dire." finit-elle par préciser, et encore une fois, un sentiment de culpabilité s'insinua en elle lorsqu'elle ajouta en haussant les épaules, comme pour contrer une trahison interdite par sa flagrante loyauté "Elle aime juste mettre l'animation et savoir tout ce qui se passe à tous les étages. Elle a beau ne pas avoir la langue dans sa poche, elle pourrait déplacer des montagnes si tu te trouves dans ses petits papiers. Je lui confie pas tous mes secrets, j'ai appris que c'était pas toujours une bonne idée… mais je lui confierais beaucoup d'autres choses si je pouvais. Il faut simplement réussir à… la dompter." Aussi, Yasmine savait que Molly ne faisait pas l'unanimité au sein de l'établissement dans lequel elles travaillaient toutes les trois. Tout le monde à un moment où un autre finissait par se demander ce qu'elle fichait à l'accueil des urgences tant il paraissait évident qu'elle n'était pas très portée sur le travail. Au moins, elle faisait l'animation, comme l'avait dit Yasmine, toujours la première à donner de son temps pour égayer les journées des patients coincés en salle d'attente. Elle n'hésitait pas à y passer du temps, délaissant son poste pour gratter quelques ragots sur la vie de gens qu'elle ne reverrait sans doute plus jamais, mais qui alimentaient sans le savoir son besoin infatigable de récits et d'histoires dont elle usait parfois pour étayer sa propre vie. Ainsi, même après autant d'années à la côtoyer, davantage depuis qu'elle était rentrée d'Afrique, Yasmine ne savait pas qui était vraiment Molly. Ça viendrait sans doute, personne n'était pressé. Pour l'heure, elle se satisfaisait du sentiment de réconfort que lui procurait les anecdotes de la jeune femme, et de l'impression indéfinissable qu'elle ressentait face à la bienveillance qu'elle lui avait toujours témoignée et qu'elle lui rendait au centuple ; comme elle avait rendu au centuple, voire plus encore, tout ce qu'Hassan lui avait donné durant toute sa vie.

D'ailleurs, lui aussi elle le mentionna, presque instinctivement. Un sourire illumina son visage "Je suis là pour ça. En fait, je me serais fait du souci si t'étais arrivée sans aucune question à me poser. T'as tout bien noté ?" lui demanda-t-elle en rangeant son téléphone portable dans la poche de son pantalon. Yasmine rejoignit ses doigts les uns aux autres, ouvrant de grands yeux en écoutant Colleen s'adresser de nouveau à elle. Un rapide coup d'œil à sa montre lui fit comprendre qu'elles avaient encore beaucoup de temps devant elle "Shhhh, on ne parle pas de favoritisme dans ces couloirs. Tu vas me faire avoir des problèmes avec mon fan-club." murmura-t-elle exagérément en se penchant sur sa collègue pour créer un furtif aparté, rompu par le rire qu'elle laissa filer Le succès que Nurse Khadji avait dans ses couloirs était de notoriété publique. Chaque petit patient qui avaient eu un jour la chance de se faire lire une histoire par sa voix suave tenait à remplir l'espace qu'ils croyaient vide dans son petit cœur. Malheureusement pour eux, heureusement pour elle, cette place-là était comblée désormais, cependant elle se devait de jouer le jeu et de faire croire à chacun d'eux qu'ils étaient tous importants pour elle ; ce qui, d'une certaine façon, était vraiment le cas. Elle se redressa avec un autre sourire aux lèvres "Comment ça, des conseils ? Je suis persuadée que tu sauras très bien t'en sortir avec les enfants. T'as un avantage sur moi d'ailleurs, t'as déjà pouponné… ce qui n'est pas mon cas et pourtant, je m'en sors plutôt bien." Elle semblait si sûre d'elle, Yasmine, lorsqu'elle parlait de ses facilités avec les enfants ; un fait assez rare pour être mentionné, elle qui souffrait d'un manque notoire d'assurance. Elle s'était peu entrainée en plus de ça. Les enfants de Qasim et Olivia vivant à plusieurs milliers de kilomètres de Brisbane, elle n'avait eu que de rares occasions de les tenir dans ses bras lorsqu'ils étaient bébés, encore moins de participer à leurs facéties lorsqu'ils étaient devenus plus grands. C'était très sporadique, leurs petits moments ensemble, reste qu'elle avait pour eux autant d'amour que s'ils avaient été ses vrais neveux. Elle les choyait sans même se demander si elle en faisait trop ou non lorsqu'elle les voyait, comme ça avait été récemment le cas …de toute façon, elle adorait les enfants. Yasmine avait toujours eu un bon feeling avec eux. Et de son avis, ça devait venir tout naturellement : si on se sentait obligé de déguiser sa façon d'être en présence d'enfants, ce n'était jamais bon signe. De son côté, elle était plus à l'aise avec eux, et ça avait très longtemps favorisé son envie d'évoluer professionnellement dans un domaine qui toucherait de près tout ce qui avait attrait à leur bien-être. Elle avait changé d'avis lors de sa première affection, le service des urgences prenant des allures de coup de cœur sur lequel elle s'était jetée comme une amoureuse éperdue… mais elle avait toujours voulu rester en contacts avec le monde des petits, c'était important pour elle, et son développement.
Elle se leva de sa chaise, puis ajouta avec curiosité "Elle a quel âge, ta fille ? Tu sais qu'elle pourrait se lancer dans le bénévolat, elle aussi. On a souvent des membres de la même famille qui rejoignent nos rangs…" avança-t-elle avec un petit air mystérieux avant de se reprendre, et de ranger sa petite chaise sous la table tout aussi petite. Elle dégagea son visage de ses longs cheveux bruns comme s'il s'agissait d'un rideau inconvenant, et dans un léger soupir, elle poursuivit "Très bien, je vais mettre de côté mon rôle de recruteuse, ou alors je vais réussir à te convaincre d'enrôler ton mari aussi ! Un petit thé en salle de repos, ça te dit ?"
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyVen 8 Mai 2020 - 10:26

Colleen n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer la fameuse Molly qui travaillait à l’accueil du service des urgences, mais force était de constater que sa réputation n’était plus à faire. La sage-femme voyait bien les tentatives de Yasmine pour tenter de redorer le blason de la jolie rousse et d’adoucir les traits d’un portrait abîmé par ses détracteurs, mais elle demeurait sur la réserve à son sujet. La vérité était qu’elle n’était pas certaine de vouloir tenter de la « dompter », justement. Lynn n’était pas de celles qui aimaient déballer leur vie privée pour en voir des bribes se transformer en commérages par la suite. Elle avait beau être une personne sociable, n’ayant aucune difficulté à engager la conversation avec un inconnu – une qualité qui lui avait permis de faire de nombreuses rencontres depuis son arrivée à Brisbane – elle n’aimait véritablement se dévoiler qu’en présence de ses proches, ceux en qui elle avait accordé sa confiance. Or son entourage n’était pas particulièrement étendu ; en Australie, il ne comptait en réalité qu’une poignée de personnes. Yasmine avait beau défendre son amie, Colleen ne put s’empêcher de faire la moue, guère convaincue. Elle n’ajouta rien pour autant, n’ayant nullement l’intention d’émettre ses doutes au risque d’enfoncer une personne qu’elle n’avait encore jamais rencontrée. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour, l’occasion se présenterait et qu’après avoir échangé avec cette Molly, elle se rangerait à l’avis de Yasmine.

Après avoir dûment copié les informations que lui avait transmises l’infirmière-urgentiste, Colleen s’adossa au dossier bas de sa chaise miniature et posa le carnet sur la table. Malgré les taquineries de l’une et de l’autre, elle s’était montrée particulièrement attentive aux explications de Yasmine et appréhendait désormais le bénévolat avec davantage de confiance ; elle était impatiente à l’idée de le commencer et de découvrir les petites bouilles du service pédiatrie. Elle avait conscience qu’elle devrait néanmoins prendre ses précautions à leurs côtés, et sans doute éviter de s’attacher plus que de raison. Car c’était là le danger qui existait à travailler auprès d’enfants malades : nourrir une trop grande affection à leur égard au risque de souffrir lorsqu’un malheur survenait – ce qui était inévitable, au sein d’un hôpital. Dans son métier de sage-femme, il était plus simple d’ériger des barrières entre ses patientes et elle dans la mesure où une majeure partie de sa tâche consistait à les préparer à l’arrivée d’un bébé, puis à les accompagner lorsqu’elles avaient accouché, plutôt que de les soigner. Exception faite des grossesses à risque, qui engageaient davantage de danger autant au niveau du suivi que de l’accouchement à proprement parler, elle ne côtoyait que rarement la mort. Au contraire, la vie était au centre même de sa mission, ce dont peu de professionnels de la santé pouvaient se vanter. L’une des difficultés de son futur bénévolat consisterait donc à maintenir une distance de sécurité respectable entre son cœur et les petits patients.

« Yep, tout est noté, je pense que je suis presque prête grâce à toi » Confia-t-elle avec reconnaissance. Yasmine avait joué un rôle prépondérant dans sa prise de décision, et continuerait de jouer un rôle au moins aussi important les premiers jours de son bénévolat, le temps de sa mise en route. Il était rassurant pour Lynn de se dire qu’elle pouvait compter sur elle, et qu’elle ne se lançait pas dans cette aventure toute seule. « Bon, on n’est pas à l’abri que je me réveille demain avec une douzaine de nouvelles questions, alors il faut te préparer à cette éventualité – et à ce que j’abuse encore un peu de ta patience ». Sans doute apprendrait-elle encore beaucoup au contact des autres bénévoles et même à celui des patients, mais il était important qu’elle puisse avoir un repère dans l’exercice de son bénévolat. Or son repère était tout trouvé, et le meilleur qui soit si elle se fiait à la réputation immaculée de l’infirmière-urgentiste auprès des petites têtes blondes. Yasmine plaisanta d’ailleurs à propos de ses petits favoris, et Colleen posa une main sur sa bouche, comme si elle avait gaffé. Pour appuyer sa comédie, elle jeta des petits coups d’œil furtifs autour d’elles et constatant qu’elles étaient bien seules, plaqua sa main sur son cœur pour soupirer lourdement de soulagement. Elle chuchota. « Oups, promis je ne ferai plus de gaffe… Ici en tout cas ». Elle esquissa un sourire et imitant Yasmine, se redressa à son tour sur sa chaise.

Parce qu’elle avait besoin d’être rassurée, Colleen lui demanda de nouveaux conseils, cette fois-ci pour savoir comment précisément s’occuper des enfants. Yasmine balaya ses doutes d’un sourire, lui assurant qu’elle avait l’avantage d’être déjà maman et que par conséquent tout se passerait à merveille. La sage-femme n’était pas franchement convaincue, mais se fit une raison ; ce serait en s’occupant des enfants qu’elle apprendrait – il n’y avait rien de tel que l’expérience dans ce genre de situation. Elles se levèrent toutes les deux en même temps, prête à poursuivre cet après-midi de stage dans une autre partie du service afin de permettre à Colleen d’en découvrir les moindres recoins. Yasmine l’interrogea sur sa fille, lui assurant qu’il serait tout à fait possible pour elle de faire du bénévolat si elle le souhaitait. Lynn considéra cette hypothèse un instant, mais à la réflexion elle n’était pas certaine que ce soit une bonne idée. Qu’à cela ne tienne, toutes les occasions étaient bonnes à saisir quand il s’agissait de passer du temps avec Lou – et elle était persuadée que le caractère de sa fille ferait des miracles auprès des enfants – toutefois il fallait bien avouer que cette dernière avait déjà beaucoup à faire entre son adaptation en Australie et sa nouvelle vie universitaire. « Elle aura dix-huit ans dans deux mois. J’ai du mal à le réaliser, mais c’est ainsi… Tu verras quand ce sera ton tour de pouponner : le temps passe à une vitesse folle ! ». C’était cliché, mais vrai ; Lynn se remémorait l’enfance de sa fille avec une telle précision qu’une partie d’elle refusait d’admettre qu’elle n’était pourtant qu’un lointain souvenir. « Pour le bénévolat je lui proposerai mais pour être honnête, je ne suis pas sûre qu’il s’agisse d’une très bonne idée. Je préfère qu’elle se concentre sur sa première année à l’université pour le moment ». Elle ponctua sa phrase d’un sourire et suivit Yasmine dans les couloirs. « Et aucun risque que tu enrôles mon mari, je suis divorcée » Ajouta-t-elle avec un clin d’œil. Quand bien même August aurait été dans les parages, Lynn doutait qu’il se serait intéressé au bénévolat de toute façon. Le connaissant, il y avait fort à parier qu’il aurait plutôt tenté de convaincre son épouse d’abandonner ce projet elle-même. Toutefois la sage-femme ne s’attarda pas davantage sur le sujet de son ex-mari ; moins elle y pensait et mieux elle se portait. Aussi se contenta-t-elle de suivre Yasmine vers la salle de pause, prête à découvrir ce qui pouvait s’y cacher, et peut-être même à faire connaissance avec les bénévoles si l’occasion se présentait.
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Message(#)(Yasmine & Colleen) Miracles at work. EmptyDim 10 Mai 2020 - 9:56


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{miracles at work}
crédits gif et code fiche/ (ssoveia & malibu) ✰ w/ @Colleen Sainsbury

De la patience, Yasmine en avait toujours eu. On ne finissait pas infirmière si on n'était pas un minimum capable de prendre sur soi. Elle, elle était la championne pour ça. Faisant toujours passer les autres en premier, elle ne se formalisait pas de passer au dernier plan lorsqu'il s'agissait d'apporter son aide aux autres. En vérité, elle avait même trop tendance à s'oublier, une qualité comme un défaut qu'elle avait bien du mal à canaliser depuis ces trois dernières années, déterminée à amortir ses difficultés en restant à l'affût de celles des autres pour les apaiser et les soigner. Quelque part, ça avait toujours été sa technique à elle pour supporter ses propres soucis, de s'intéresser à la détresse humaine, toute dévouée à cette cause qui l'avait fait évoluer en tant qu'infirmière, mais en tant que femme aussi. Ça lui laissait le sentiment réconfortant d'être bonne à quelque chose… chose dont elle doutait souvent, encore plus maintenant, après l'échec retentissant de son admission à l'école de médecine. Là aujourd'hui, dans cette salle de jeux dans laquelle elle se sentait à son aise, elle était ravie d'avoir pu répondre aux questions de sa collègue qu'elle sentait plus sereine à la perspective de faire une entrée fracassante dans le milieu du bénévolat hospitalier. Désormais, elle avait toutes les clefs pour réussir à gérer cette nouvelle corde à son arc avec le talent qu'elle décelait en elle, toute parée à tendre la main sans rien attendre en retour que quelques sourires de la part d'enfants malchanceux.
Un léger rire s'échappa des lèvres de Yasmine lorsque Colleen reprit la parole à sa suite. Elle ne put s'empêcher de penser à sa propre mère qui regrettait qu'à son âge, elle ne soit pas encore en train de s'occuper des petits enfants qu'elle attendait depuis longtemps. Depuis les 14 ans de son unique fille, Fatima n'avait eu de cesse de lui répéter qu'elle ferait une maman extraordinaire. Aussi, sa capacité à aller aussi délicatement que possible à l'encontre des attentes de ses parent, ça avait poussé Yasmine à ne pas envisager tout ça avant longtemps ; elle n'avait jamais voulu n'être qu'une main à offrir au premier prétendant venu, ou un ventre à combler. C'était une conversation qui revenait un peu moins souvent qu'auparavant mais qui, la cadette des Khadji le savait, continuait à tarauder Fatima en secret. Sa fille était, à ses yeux, son unique chance de connaître le bonheur de devenir grand-mère… une pression qu'elle avait toujours ressentie et qu'elle n'avait pu s'empêcher de trouver injuste pour Sohan qui, sitôt son coming-out annoncé, s'était vu rayé de la liste potentielle des fiertés du foyer qu'elle formait avec Amjad. Alors effectivement, ça la faisait un peu sourire tristement d'entendre sa collègue lui prévoir un avenir de jeune maman sur le ton de l'évidence. Le sujet était tellement délicat finalement ; même si elle en avait envie, elle ne faisait pas partie de cette catégorie de femmes qui n'attendaient que ça. Et puis dans une certaine mesure seulement, elle était encore assez jeune pour s'autoriser un peu d'insouciance à ce sujet. Rien ne pressait.

Elle ne dit rien de tout ça cependant, se contentant de lui sourire en rebondissant sur la réponse à sa question "C'est une grande fille, je l'imaginais plus petite que ça." Une preuve supplémentaire que sa collègue ne faisait définitivement pas son âge, car jamais elle ne l'aurait imaginée mère d'une adolescente – presque d'une jeune adulte d'ailleurs. Yasmine aurait été prête à se proposer pour du baby-sitting autrement, mais maintenant elle doutait que la jeune étudiante apprécie vraiment de se faire chaperonner par une collègue de sa mère "Mais finalement ça arrange bien mes affaires tout ça." fit-elle avec malice, s'extirpant aussi bien de la chaise que de la conversation concernant sa potentielle maternité "Je comprends. Si jamais tu changes d'avis et qu'elle cherche je ne sais pas… quelque chose pour peaufiner son CV et faire meilleure impression auprès de la fac, n'hésite pas à lui donner mon numéro. Je serai contente de l'aider à se trouver un petit truc à faire dans le coin, vraiment." proposa-t-elle à la place du baby-sitting – et ça valait mieux. Néanmoins, elle consentit à taire ses travers de recruteuse. Elle l'exprima à voix haute sur le ton de la plaisanterie, lui faisant miroiter un thé brûlant pour la récompenser d'avoir été si concentrée et dans la foulée, elle mentionna l'époux de Colleen. Décidément, la journée était aux bourdes plus grosses qu'elle "Pardon, je l'ignorais." s'excusa-t-elle sobrement.
Elle savait combien les divorces pouvaient être durs à vivre, elle en avait eu l'illustration parfaite en la personne d'Hassan qui s'était enfoncé dans la dépression sitôt qu'il avait choisi de laisser Joanne s'en aller. Se retirant brièvement dans sa propre réflexion, souffrant d'un léger temps de pause durant lequel elle rassembla sa contenance, Yasmine regarda Colleen au travers de la barrière épaisse de ses cils noirs. Elle fut rassurée du clin d'œil que lui adressa la jeune femme, pour autant elle regretta d'avoir peut-être mis le doigt sur quelque chose dont elle ne voulait pas parler. Alors, elle ne s'appesantit pas sur la question, après avoir empoigné la boîte qu'elle avait sorti de sa cachette tout à l'heure et qu'elle cala sous son bras, elle toupilla sur la semelle de ses tennis pour traverser la pièce colorée qui recelait de tant de souvenirs et de secrets "Laisse-moi te guider dans le labyrinthe de la pédiatrie. Prête pour l'exploration, partner ?" lui demanda-t-elle plus pour dissiper le léger malaise qui s'était instauré que pour s'assurer de sa participation. Lui montrant la porte d'une main chaleureuse et un peu théâtrale, Yasmine l'emmena hors de la pièce pour remonter le large couloir du service de pédiatrie dont elle lui désigna toutes les pièces au fur et à mesure, partageant des anecdotes moins savoureuses que celles de Molly, mais qui étaient contées sur le ton mystique des diseuses d'histoires, celui qu'elle utilisait pour immerger les enfants dans les contes qu'elle leur lisait. Enfin, elle arrivèrent jusqu'à la salle de repos des infirmières où quelques-uns de leurs collègues les accueillirent avec un grand sourire sur le visage et quelques douceurs qu'elles partagèrent avec connivence.
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