Dans un geste de rage, je claque la porte du hall de la caserne et traverse la cours à grande enjambées. Bouillonnante de rage, les poings serrés, mon regard est fixé sur mon seul et unique objectif : Louis. Celui à cause de qui le visage de mon petit frère à a nouveau prit cher, celui qui lui fait vivre un enfer sans aucune raison valable. Et mon frère il est trop gentil et trop bon pour essayer de rectifier le tir, pour lui dire de le laisser tranquille. Alors j'ai décidé de m'y coller, moi. Mes poings me démangent depuis hier soir et je n'ai pu penser à rien d'autre qu'à ce moment où je lui ferais manger mes phalanges.

Traversant le terrain d'entraînement, ignorant les autres militaires, mon regard capte la silhouette grande et élancée du soldat blond, et j'accélère le pas.  « LOUIS FUCKING WALSH !» hurlais-je en arrivant dans son dos. Il a tout juste le temps de se retourner que j'envoie mon coude dans sa tempe. Sans lui laisser le temps de réagir d'avantage, la paume de ma main rencontre son nez et je le pousse contre le mur, le plaquant violemment contre les briques. Il est trop surprit et trop étourdit pour se rendre compte de quoique ce soit. Bien, c'est tout dans mon avantage  « Si j'apprends encore une fois que t'as touché à mon petit frère, crois moi c'est pas le nez qui va prendre cher ! » menaçais-je, le maintenant fermement plaqué contre le mur.

C'est là, alors qu'il reprend enfin ses esprits et qu'il se redresse, que je me rends compte qu'en vrai la différence de taille entre lui et moi est quand même énorme. Nathan me l'avait déjà dit, il m'avait déjà prévenu que Louis faisait plus d'un mètre quatre vingt, mais je n'ai jamais réellement voulut le croire. Pour moi, quelqu'un qui s'attaque à mon frère est forcément d'un minuscule gabarit ou alors il a autre chose à compenser.

 « Mais t'es complètement conne !» chouine-t-il en se tenant le nez duquel le sang commence à couler  «Qu'est-ce qui te prend putain ? » et son regard se plonge dans le mien, me fixant durement et avec la même méchanceté qu'ont ces hommes lorsqu'on les blessent dans leur égaux  «Qu'est-ce tu vas faire ? Hein ? Pleurer dans les jupes de ta maman ? »

Je réagis très rapidement et, usant de mon agilité, je parviens à esquiver un coup de poing avant de me reculer pour me mettre en sécurité. Mais je ne suis peut-être pas assez rapide, car Louis a très vite fait de parcourir la distance qui nous sépare et je sens ses phalanges qui viennent s'écraser sur mes dents. Titubant en arrière sans quitter le soldat des yeux, je le défis du regard et crache le sang qui commence à se former dans ma bouche, un sourire narquois sur le visage  « C'est tout ce que t'as dans le ventre ? Avec un peu plus d'entraînement Nathan pourra te mettre la raclé de ta ...» je ne peux en dire d'avantage car, ayant fait un pas en avant, poing serrer et les muscles contracté en mode combat, mon corps est brusquement entouré de deux bras forts peu avant que Louis ne soit, lui-même immobilisé. Laissant sortir un cris de rage, je me débat, tente de donner des coups de pied en arrière, mais me rends compte bien rapidement que l'homme qui me retient est bien trop puissant pour moi. Ainsi, grognant et soufflant comme un dragon, je m'immobilise et décide de me montrer plus docile. Aurais-je des problèmes ? Sans aucun doute. Mais au moins j'ai réussi à placer deux bons coups dans la sale gueule de Louis et c'est tout ce qui m'importe.

Alors, lorsqu'on m'indique de me mettre en route et qu'on me pousse vers le hall qui mènent aux salles de cours de la caserne, je fusille le connard de soldat du regard, crachant une dernière fois à ses pieds avant de repousser la main qui emprisonne mon bras et m'éloigner un peu pour pouvoir marcher librement.

Je venais tout juste de me poser dans mon bureau pour traiter la paperasse que je délaisse depuis des semaines lorsque ça commence à hurler à l'étage d'en dessous. Un soupire m'échappe, mais je décide de laisser couleur. Si je ne traite pas mes dossiers dans la journée Sullivan va me tuer. Je m'assieds face à mon ordinateur et commence à rentrer mes derniers rapports. Malheureusement les hurlements se font plus fort et cette fois j'en suis certain, je viens d'entendre des coups. Je râle sur les gamins qui sont intenables en ce moment. Je prie tous les dieux pour ne pas trouver Nathan et Louis en train de s'arracher les cheveux. Je pourrais finir par en tuer un des deux si c'est le cas tellement ils sont insupportables ces derniers temps. En arrivant en bas, je réalise que j'aurais préféré devoir les séparer tous les deux. Bien entendu, Louis est dans l'altercation, mais cette fois, il est en train de se battre contre une femme. Une jeune que je ne reconnaît pas tant elle est en train de s'agiter et qui lui hurle dessus. De l'autre côté du couloir, mon regard croise celui de Thalia. On n'a pas le temps d'intervenir calmement que Louis se jette sur la jeune femme. Et là, c'est la goutte de trop. Il a le temps de lui en mettre une et je vois rouge. « WALSH ! » Heureusement Thalia est rapide dans ses mouvements et tandis que j'enserre mes bras autour de la jeune femme, elle s'occupe de Louis. La brunette se débat, elle quand elle tourne la tête vers moi, je la reconnais enfin : Louisa. Elle me met un coup de pied dans le tibia, elle souffle comme une lionne, mais je ne la lâche pas. Je resserre mon étreinte pour lui faire comprendre qu'elle ne bougera pas. « Calme toi. » J'attends encore quelques secondes pour être sûr qu'elle ne va pas aller se jeter sur Louis dès que je l'aurais lâché. Je finis par lui laisser sa liberté et croise son regard, lui faisant comprendre de ne pas bouger. Je prends une seconde pour m'approcher de Louis qui est face à Thalia et pour lui lâcher une claque derrière la tête comme je ne l'avais jamais fait auparavant. « On ne frappe jamais une femme Walsh. » Jamais. C'est quelque chose que je ne laisserai jamais passer. « Pour la peine tu vas passer le reste de la journée avec Eastwood ! » Et je sais que mon amie ne va pas lui laisser la vie tranquille, loin de là. Je la laisse maître des décisions pour la punition du jeune soldat.

De mon côté, je retourne vers la jeune femme qui semble prête à tuer le premier qui passe. « Et toi tu me suis ! » que je lui ordonne malgré le fait qu'elle ne soit pas une recrue ici. On va éviter d'attirer tout les regards sur nous déjà. Je fais signe aux autres de circuler et embarque Louisa dans une pièce fermer. « Je peux savoir pourquoi tu frappe un de mes soldats ?! » Elle a besoin d'adrénaline ? « Si c'est des histoires de cul je veux même pas le savoir ! » Autant mettre les choses aux clairs dès le départ. « Et s'il a fait un meilleur vol que toi, là va falloir que tu m'explique! » que j'ajoute pour la taquiner un peu. Parce que c'est comme ça que je la connais Louisa. Le jour où elle est venu se poser juste derrière moi dans une manœuvre parfaite et que je me suis fait repérer comme un con, à cause de Thomas.

Je bouillonne de ce genre de rage qui est autant tournée vers Louis et ses conneries, que vers moi et le fait qu'il ait réussi à m'atteindre. L'adrénaline aidant sans doute, la douleur est très supportable et je n'ai envie que d'une chose : réitérer mon attaque, frapper là où ça fait mal et où il ne risque pas de me contre attaquer. Mais malheureusement je ne suis pas assez rapide et je me fait emprisonner par deux bras ferme qui ne semblent pas avoir envie de me laisser partir. Soufflant, je me débats comme je peux avant d'abandonner le combat en un grognement de mécontentement. Ce sentiment est d'autant plus accentué lorsque j'entends la voix de Cian qui somme Louis d'arrêter et, lui mettant une claque derrière la tête, il le réprimande en lui disant que c'est interdit de frapper les femmes. Inclinant légèrement la tête sur le côté, je lance un regard du style 'tu te fous de ma gueule', trouvant là un certain machisme caché, mais je ne dis rien et me contente de suivre le soldat, non sans un regard assassin envers Louis.  « On n'a pas fini nous deux» que je formule silencieusement avec mes lèvres avant d'emboîter le pas de Cian.

Une fois que nous sommes plus loin et hors d'entente, l'irlandais m'adresse à nouveau la parole, me demandant ce qui me prend et insinue que nous pourrions avoir eu une histoire de cul, Louis et moi  « ...quoi ? Euuw, non » j'affiche une grimace de dégoût  « Je préfèrerais me taper ta collègue. Thalia est grave sexy et badass» hop, voilà, c'est dit : au moins les choses sont claires maintenant, il ne risque pas d'avoir quoique ce soit d’ambiguë entre une recrue masculine et moi.

 «Mais tu t'écoutes parfois quand tu parle ? » que je m'insurge lorsque Cian ose prétendre que Louis aurait pu faire un meilleur vol que moi  «Vos petits hélicoptères là, tout le monde peut les piloter. Mais vas-y, qu'il vienne un jour prendre place dans un de nos avions, il va se chier dessus » je me passe le dos de la main sur la bouche pour essuyer le sang qui fini de couler  «Non, j'ai frappé Louis parce que c'est un sale con tout simplement. Il a attendu Nathan à la sortie de la caserne hier pour lui péter la gueule » je me renfrogne et croise les bras  «J'ai pas chercher à comprendre pourquoi, je sais juste que c'est pas la première fois que ça arrive et comme t'es pas foutu de gérer ton poulain j'me suis dis que j'allais y aller moi-même pour lui faire comprendre combien il a merdé là. » Si je me montre aussi agressive et direct avec l'amiral, c'est simplement car il n'est pas mon supérieur et qu'il fait partie d'une autre branche de l'armée australienne. S'il avait été dans la RAAF j'aurais sans doute plus mâcher mes mots.

Elle s’agite, elle se débat Louisa. Un chien enragé et lorsque je croise le regard de Louis en face, je comprends que visiblement ce dernier ne c’est pas fait que des amis depuis son arrivé ici. Je soupire longuement commençant à en avoir marre de devoir gérer les erreurs et la mauvaise volonté de Walsh. Je vais sérieusement devoir avoir une conversation avec lui, cela ne peut plus durer. Il prend trop ses libertés et ce n’est pas comme cela que l’on fonction à la navy. Mais pour le moment, je dois gérer l’électron libre qu’est Louisa. Et elle s’offusque la brunette lorsque je sous-entends qu’il aurait pu se passer quelque chose entre elle et Louis. Visiblement, je me suis bien trompé et sa remarque sur Thalia me fait rire aux éclats. « Fait gaffe elle mords. » Enfin… Ça pourrait peut-être lui plaire. « Remarque, vous vous entendriez bien sur ce point-là. » Que j’affirme en hochant la tête.

On se retrouve dans mon bureau et déjà, je sens que la tension s’apaise. Elle est clairement remontée, Louisa, mais heureusement, ce n’est pas contre moi. J’ai déjà eu affaire à son tempérament et clairement, je n’ai pas trop envie de recommencer. Mais elle s’insurge au moment même où je me permets une remarque sur sa manière de piloter. « Tout doux Lou. » Je sais bien qu’il est impossible de comparer nos hélicoptères et les avions de chasse qu’elle pilote au quotidien. Après tout, je suis l’un des rares à la Navy qui connaît réellement la différence. Et autant dire que l’on s’éclate bien plus à Mach 5 qu’avec les pales d’un hélico. « Ça lui ferait pas de mal un vol avec toi en vrai. » Peut-être qu’elle arriverait à lui remettre les idées en place une bonne fois pour toutes. Je n’en sais trop rien. En réalité, je n’ai pas le temps d’y penser, car la jeune femme évoque la raison de sa venue. « Il l’a encore frappé, putain, mais ce gamin… » J’allais continuer à gueuler avant de réagir sur un point. « Attends… Nathan est ton petit frère ? » Oh. Ça, je ne le savais pas. Et ça change carrément tout. Et elle incrimine encore Louisa et je soupire. « Eh je suis pas sa mère ! » Tout le monde me reproche les actions de Louis comme si j’étais pleinement responsable du gamin. Faut arrêter de me lier à la moindre de ses actions. « Je vais m’en occuper ! » Il va bien le falloir de toute manière, il va beaucoup trop loin ces derniers temps. « Mais toi, tu peux pas débarquer ici pour faire ta justice. Sullivan va pas apprécier. » Et c’est encore moi qui vais prendre en plus et ça, ça me fait chier. « Faut calmer vos ardeurs tous là ! Puis ton frère peut pas se défendre tout seul aussi ? »

J'ai toujours été quelqu'un d'impulsif et direct. Quand quelque chose ne me plaît pas, je le dis, quand quelque chose est à faire, je le fais. Et il en donc de même en ce jour où j'ai décidé de prendre les choses en main et faire comprendre à ce putain de Louis qu'il a merdé sur toute la ligne en s'en prenant à nouveau à Nathan. Malheureusement, je ne peux pas mettre en œuvre la totalité de ma vengeance car Cian me retient. Je tente bien évidemment de me défendre et me défaire de son emprise, mais il faut croire que malgré tout il est quand même plus fort que moi et il parvient à me maîtriser parfaitement.

Ainsi, me calmant légèrement, je le suis dans une pièce a part où je fini par lui dire clairement ce qui se passe. Je fais une allusion rapide sur mon orientation sexuelle, ignore sa remarque sur le fait que sa collègue et moi-même nous nous ressemblons, avant de lui dire ce qui s'est passé. Sa colère semble, tout à coup, être dirigées vers son protégé, avant qu'il ne cligne de yeux, comprenant soudainement le lien qui me lie à Nathan. Croisant les bras et roulant des yeux, je m'adosse contre la table et soupire doucement  « Ben ouais, pourquoi ? C'est si difficile à croire ?» parce que nous sommes si différent, lui et moi ? Parce que nous n'avons pas la même couleur de peau?  « En fait Nathan c'est mon demi frère» expliquais-je finalement plus rationnellement  « Mon père est un médecin Canadien que ma mère, infirmière, s'est tapée lorsqu'il est venu faire une conférence à Brisbane il y a 28 ans» je pince les lèvres  «Et le père de Nathan c'est son mari actuel » j'hausse les épaules  «J'ai aussi une demie sœur qui est née de sa précédente union avant l'histoire du médecin. Bref, fucked up family  » concluais-je avant de reprendre que ça ne change en rien le fait que Louis est un sale con et que Cian devrait mieux le gérer.

Sa réponse m'arrache un autre lourd soupire : il n'est pas sa mère  «Non mais t'es son supérieur ! » m'exclamais-je  «Remet lui les idées en places, je sais pas, noie le dans l'océan, accroche le à une corde et fait le passer dans l'eau en dessous du bateau » proposais-je en haussant les épaules  « Les viking faisaient ça pour qu'on leur prête à allégeance, tu devrais essayer avec Louis. Au pire il se calmera, au mieux il crèvera»

C'est alors que Cian évoque Sullivan, le grand manitou de ces bouffeurs d'algues et je grimace légèrement. C'est vrai que j'étais tellement obnubilé par l'envie de refaire le portrait de Louis façon cubisme que je n'ai pas pensé à ce mec là. Pour la première fois depuis le début, je dévie le regard et hoche la tête  «Ouais, j'ai pas pensé à lui » avouais-je. Je dis toujours la vérité et si cela signifie avouer mes torts et bien ainsi soit il.

 « Mais tu crois vraiment que mon frère a envie de se battre, lui ?» demandais-je finalement, bien plus calmement  « Il en a tellement chier pour arriver là où il est et il adore réellement ce qu'il fait ! Tu devrais l'entendre le soir quand il revient après avoir passer une journée aux côtés de ce Beauregard qu'il considère comme le maître suprême» je roule des yeux et secoue la tête  « Sérieusement, c'est limite il ferait pas un autel pour lui» je souris doucement avant de soupirer  « Donc voilà, Nathan il a pas envie d'être viré parce qu'il s'est battu, alors il se laisse faire en espérant que vous, toi et ton grand ami preniez les choses en main. Parce que c'est ça, votre rôle : protéger les autres ! Vous ne devez pas seulement les former, vous devez surtout les protéger des ennemis. Et là en l’occurrence, Louis est clairement l'ennemi.» Sans doute que je ne suis pas assez objective car malgré tout mon frère peut vraiment être un sacré pain in the ass parfois.

On en apprend vraiment tous les jours sur cette base. Alors comme ça, Nathan, le petit protégé de Thomas est en réalité le demi-frère de Louisa. Je suis tellement surpris que je l'écoute l'histoire de la jeune femme sans broncher. C'est qu'ils ont une sacrée famille tous les deux, mais je ne suis personne pour juger. « Je savais pas, c'est tout. » que je lui affirme en souriant un peu. Au moins, maintenant, je le saurais et je vais peut-être pouvoir parler à Louisa de tous les soucis qu'on rencontre entre son frère et cet idiot de Louis. D'ailleurs, elle ne manque pas de me faire part de ses propres idées sur le traitement que je devrais réserver au blondinet. Tout y passe, même la torture viking. Je ne peux m'empêcher de rire alors que la jeune femme s'agite sous mon nez. « T'as fini la drama queen ? » Non parce qu’autant, je suis d'accord sur le fait que le jeune mérite sincèrement qu'on lui remette les idées en place, autant l'idée de l'attacher à la proue du bateau m'enchante moyen. « Enfin tu veux que je me fasse virer pour maltraitance de recrue, c'est ça ? » Je fronce les sourcils et plonge mon regard dans le sien. « Tu m'aura pas comme ça Lou! » Bien entendu, je plaisante. Toujours la même petite compétition entre nous. Et bien évidemment, le ton, et la tension, redescendent d'un cran lorsque je finis par évoquer Sullivan. Au moins, lui, elle ne lui tiendra pas tête comme cela, j'en suis persuadé, il est bien trop gradé et bien trop important au sein de l'Armée.

J'allais affirmer à Louisa que j'allais m'occuper de toute cette situation malgré tout, mais voilà qu'elle en vient à défendre son petit frère bec et ongle. Je ne peux pas lui en vouloir, la famille passe avant tout, mais dépeindre Nathan comme un véritable saint me fait légèrement pouffer. « Calme toi, Lou. » Je n'ai pas envie d'argumenter avec elle si elle monte directement dans les tours, je n'ai clairement pas la patience pour cela ces derniers temps. Je soupire alors qu'elle finit par me dire que notre rôle avec Thomas est de protéger nos recrues. « Me dis pas ce que je dois faire. » Autant, j'apprécie que l'on se chamaille pour s'amuser parfois autant, je ne lui laisserai pas le droit de commenter la manière dont je travaille avec mes recrues. « Et ton frangin est loin d'être un Saint. Il se permet des remarques sur ses supérieurs devant nous. » Parce que je n'oublie pas ce que Thomas m’a raconté lorsque nous étions sur le voilier. « Et c'est pas une cour de récré ici, ils commencent sérieusement à me les briser les deux, quand c'est pas l'un, c'est l'autre. » Et je perds patience, parce qu'en ce moment, je n'arrive plus à faire une claire distinction entre le privé et le professionnel, parce que je me perds un peu. « Je vais parler à Louis et je t'assure que ce sera réglé, mais ne viens pas faire ta justice ici. » Et j'insiste bien sur le dernier mot. « Dehors, tu fais ce que tu veux. »

Je sers les dents et les poings lorsque Cian me dit de me calmer. S'il n'avait dit que cela, ça aurait été ok. Mais il ose ajouter un 'drama queen' à la suite et ça je trouve que c'est un peu trop déplacé. Je fini toutefois par relâcher la pression en soupirant et en roulant des yeux lorsqu'il me demande si je veux qu'il soit viré pour maltraitance de recrue  «Ce serait pas la première fois » c'est un sourire espiègle que je viens poser sur le marin. Référence certaine à ce stage commando que l'armée de l'air à du faire avec la Navy et où on en a bien chier à cause de Cian et Thomas. Tous les deux se sont fait un malin plaisir à nous pousser au bout de nos retranchements. Il ne s'en rappelle sans doute plus, étant donné que c'était il y a 8 ans, mais moi je me rappelle parfaitement de leur putain de sourires narquois avec lesquels ils nous observaient alors qu'ils nous ordonnaient de faire 50 pompes en plus de 100 que nous avions déjà dans les bras.

Je fini par lui dire clairement ce que je pense de sa manière de travailler avec ses recrues. A savoir : c'est de la merde. Je me demande, pour le coup, comme il fait pour gérer ses hommes si une ou deux recrues lui échappe. Je me dis qu'être dans son équipe ne doit pas être très rassurant. Mais évidemment, je ne lui dis pas ça et fronce simplement les sourcils lorsqu'il me dit que mon frère n'est pas un sain non plus et qu'il se permet des remarques sur ses supérieurs  «Il est con Nathan, je le sais bien. Il réfléchis pas toujours mais il est bien le dernier à user de ses poings » et ça j'en suis persuadé à 100%  « Donc crois moi, Sullivan ou pas Sullivan, si j'apprends que Walsch s'en est à nouveau prit à lui, je lui arrache les couilles » malheureusement ce ne sera qu'au sens figuré du terme, mais soit.

 « Et oui, je le ferais à l'extérieur» je roule des yeux et secoue la tête en décroisant mes bras, posant mes mains sur le bord de la table contre laquelle je suis adossé  «Tu ne me verras plus ici » confirmais-je la chose en hochant la tête avant de me redresser  «Sur ce, je vais rentrer et réfléchir au meilleur moyen de faire ton travail » je m'avance vers Cian et lui adresse un clin d'oeil avant de me diriger vers la sortie.  « Ah mais d'ailleurs» je m'immobilise à la porte et me retourne vers le soldat  «C'est quand que tu reviens à la base ? » demandais-je, sourire narquois sur les lèvres  «Parce que y a Manchi qui a parlé de réunir les pilotes des différentes armée pour faire une présentation des nouvelles machine » Manchi c'est le surnom de mon propre supérieur. Son surnom c'est Manchester car il a une lubie pour cette ville et leur équipe de foot, mais tout le monde l'appelle Manchi sans qu'on ne puisse se l'expliquer.  « Donc je pense que Sullivan te donnera rapidement des informations» j'hausse les épaules  «Ramène Walsh aussi ! Et pis Beauregard aussi ! Essaie de faire en sorte pour qu'il soit obligé de venir. J'ai envie de voir sa tête lorsqu'il sortira de l'avion ! » mon sourire se fait mon large  «Et oublie pas les popcorn parce que tu sais très bien ce qu'on fera le soir aussi ! » Notre soirée Top Gun est obligatoire à chacun de nos stages ou rencontre inter armée.

Je comprends qu’elle soit autant enragée Louisa. Je n’aurais jamais accepté. Que quelqu’un s’en prenne de manière aussi gratuite à ma petite sœur. Alors, je comprends, mais je ne peux pas la laisser faire sa justice ici sans rien dire. On me reproche déjà assez régulièrement de faire trop de bruit, d’être celui que l’on remarque toujours trop, alors si elle pouvait éviter d’alimenter ce genre d’idées reçues, je dois avouer que cela m’arrangerait grandement. Elle m’assure savoir que son frère n’est pas tout blanc, mais qu’il n’a jamais été celui qui cherchait la bagarre et je dois bien lui donner cela. Nathan a une grande gueule, mais il n’a jamais rien tenter de physique envers Louis. « Je vais vraiment m’en occuper Louisa. » Il faut que je la rassure et que j’agisse rapidement sinon je sais parfaitement qu’elle n’hésitera pas à revenir ici pour faire encore plus de bruit.

Elle taquine encore Louisa et je lève les yeux au ciel. Elle veut faire mon travail, mais je suis persuadé qu’elle n’a aucune idée de ce que ça demande de gérer une bande de recrues remplies d’hormones, d’idée de bagarre et d’envie d’être les meilleurs. Ils ont tous un caractère différent et parfois certains sortent leur épingle du jeu. C’est le cas de Louis et de Nathan. Et comme Thomas et moi il y a plus de vingt ans, ils sont prêts à tous les coups bas pour être les meilleurs. Mais je sais déjà ce qu’ils vont faire les deux. Un séjour dans l’outback ça a souvent tendance à remettre les choses en place. Si cela ne fonctionne pas alors on verra pour passer à une étape un peu plus décisive.

Lou me parle de son supérieur qui a décidé d’organiser une journée inter armée entre pilote. J’adore ce genre de journée et elle le sait parfaitement. « Tu peux déjà compter sur moi ! » Même si Sullivan ne m’en parle pas, il n’aura pas le choix, je vais lui imposer ma présence là-bas. La jeune femme veut que je ramène mon meilleur ami et j’éclate de rire. « Il déteste toujours autant voler, tu sais. » Mon Thomas que je rêve de mettre dans un avion de chasse depuis des années. Je sais qu’un jour, je vais réussir. « J’oublie jamais les pop corn gamine. » Et on passera encore la soirée à regarder notre film favori tout en hurlant les répliques avant de faire une nouvelle sortie en avion dès le lendemain pour rejouer les scènes, parce qu’on est comme ça. « Aller file, j’ai du boulot moi ! » Je lui souris et reprends ma place à mon bureau.