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 Savior of humanity || Lola

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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyLun 20 Avr 2020 - 16:06

Se désinfecter les mains est devenu le geste le plus banal du monde, de même qu'ignorer la brûlure occasionnée par la solution hydroalcoolique. Je grimace simplement, maudissant cette nouvelle recette qui est, certes, bien plus efficace contre les germes qui se trouvent dans l'air, mais qui est d'autant plus caustique pour nos mains. J'ai de la chance, quelque part, étant donné que ma peau semble se régénérer au courant de la nuit, mais j'ai de nombreux amis dont les micro fissures se sont infectées avec le temps. Cette infection s'est ensuite transformée en nécrose et ils ont dû être amputé. Chienne de vie. Déjà que ce virus apparu en 2020 nous a bien foutu dans la merde cette année là, les effets secondaires semblent être vraiment de pire en pire.

Nous sommes en 2025 et la situation est bien loin d'être finie. Chaque jour amène son nouveau lot de victimes et de décès, les corps s'entassent dans les fosses communes qui débordent depuis bien longtemps car personne n'ose s'en approcher. En 5 ans, plus des trois quarts de l'humanité à disparue. Des pays entiers ont été rasés et ne sont plus qu'un souvenir : l'Asie n'existe plus, l'Amérique non plus de même que l'Europe. Les seuls pays qui sur lesquels il reste de la vie sont l'Islande, l'Australie, la nouvelle Zélande et les îles Fidji. Que des îles en sommes.

Ici, en Australie, je pousse un lourd soupire lorsque je passe les portes de ce laboratoire pour 5e fois en même pas un mois. Automatiquement, je me désinfecte les mains puis retire mon masque que je met dans le four à brûler puis me re-désinfecte les doigts avant d'aller rejoindre la salle d'attente. Ça sent l'eau de javel et d'autres produits toxiques, les seuls qui parviennent encore à venir à bout de ce virus.

En entrant dans la salle, je lance un sourire à la seule personne présente. Ça fait plusieurs fois que je la vois cette jeune femme et pourtant, à part des sourires à distance et des 'bonjour' de politesse, nous n'avons jamais échangé quelques paroles que ce soit. Alors, m'installant en face d'elle à une bonne distance de sécurité, je décide qu'aujourd'hui est un jour de changement.

 « C'est comme ça qu'on se revoit» dis-je, souriant amusé  « C'est genre ...la quatrième ou la cinquième fois qu'on a un rendez-vous ensemble, à croire que nos destins sont liés d'une façon ou d'une autre » je laisse échapper un rire, trouvant que mes paroles donne sincèrement l'impression que ma technique de drague est aussi rouillée que le grillage qui entoure ce laboratoire  «Moi c'est Martin » me présentais-je finalement, espérant que la jeune femme continue sur ma lancé et décide qu'il est grand temps que nous fassions connaissance.

@Lola Wright
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyLun 20 Avr 2020 - 18:57

Lola se souvenait des heures de panique aux débuts du virus, lorsqu'il n'était encore que le COVID-19, un gentil petit monstre qui se transmettait à la vitesse d'un serrement de mains. Elle se rappelait les messages confus des gouvernements qui tenaient de suivre les progrès médicaux sans y comprendre grand-chose. Elle se remémorait les concerts virtuels, les tentatives des artistes et personnalités d'être là pour leurs fans, de leur donner du courage et de l'espoir. Ces souvenirs avaient le goût d'une gueule de bois, et elle vivait maintenant dans une certaine amertume. Elle s'était refermée depuis qu'elle avait perdu tant de proches, qui étaient allés aider dans d'autres pays. Grace était partie prendre des photos de la situation dans d'autres continents, pour aider, pour rendre manifeste l'incidence de la pauvreté sur ceux qui étaient atteints, et elle n'était jamais revenue. Le deuil avait été long. Au bout de trois ans, Lola s'en était remise, mais elle n'était plus sortie de sa carapace de solitude. Elle parlait à peine, à part pour les formules de politesse.

Jour de laboratoire, et dès le réveil, Lola savait qu'il y avait de grandes chances qu'elle croise l'inconnu, celui qui semblait toujours être là en même temps qu'elle. A la troisième occurrence, elle s'était demandée s'il était envoyé par le gouvernement pour la surveiller, vérifier qu'elle respectait bien les gestes barrières - toucher un inconnu était devenu passible de cinq ans de prison ferme, car c'était, maintenant, un homicide. A la quatrième occurrence, elle avait renoncé à cette idée, et lui avait souri. S'il savait à quel point c'était devenu rare chez elle, celle qui avait été un jour été la joie et l'innocence incarnées.

Malgré l'absurdité de la coquetterie dans un climat d'apocalypse, Lola avait décidé de se faire belle pour le laboratoire. Cela voulait surtout dire changer de vêtements, parce qu'il y avait des jours où elle n'en avait pas la moindre envie. Avec une blouse rouge flottante et un jean, elle avait l'impression d'être prête pour un défilé de mode (ça n'existait plus, on se concentrait sur l'utile maintenant). Elle s'était installée dans la salle d'attente, et vit du coin de l'oeil l'inconnu débarquer à son tour. Elle dissimula un sourire.

"C'est comme ça qu'on se revoit. C'est genre ...la quatrième ou la cinquième fois qu'on a un rendez-vous ensemble, à croire que nos destins sont liés d'une façon ou d'une autre."
"Tu crois encore au destin ?"

C'était une époque où la foi avait pris deux chemins, comme dans toutes les crises : soit les gens avaient opté pour un athéisme cynique et désabusé ; soit ils étaient partis dans l'extrémisme d'une pratique destinée à sauver le monde. Lola faisait partie de la première catégorie. Elle ne croyait plus à rien, au fond, et l'idée qu'il y ait un destin lui semblait cruelle plutôt que joyeuse.

"Moi, c'est Martin."
"Lola."

Elle le regarda dans les yeux, plus longtemps que d'habitude, cherchant à y cerner qui il était, à le découvrir. Elle opta pour une question qui était devenue étrangement usuelle. "Tu étais qui, avant ?" Puisque tout avait changé, les gens, eux aussi, avaient dû s'adapter. Mais ils gardaient pourtant les mêmes repères d'identité. Avant, il y avait des marqueurs, des points communs, des différences. Alors on se demandait les uns aux autres qui on était avant la crise, si on était artiste ou journaliste ou démocrate ou républicain.

@Martin Murphy
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:38

La première chose que je remarque en voyant l'inconnue c'est à quel point elle est jolie aujourd'hui. Non pas qu'elle ne l'était pas les dernières fois que je l'ai vu, mais en ce jour je la trouve particulièrement magnifique. Le rouge lui va à ravir, autant que le sourire qu'elle affiche lorsqu'elle croise mon regard. Et pourtant, son ton, bien que calme, apporte avec lui des paroles assez tranchantes. J'accueille ses mots avec en pinçant les lèvres et en haussant les épaules, une moue de réflexion innocente sur le visage.

 «C'est ce qu'on disait à l'époque » l'époque, la période avant la venue du virus, celle qui me semble bien trop lointaine maintenant.  «Dire une phrase qu'on entendait dans la bouche de tout le monde ne signifie pas forcément être d'accord sur ce qui est dit » trop de mystère et de contradiction dans mes paroles et pourtant je suis persuadé que la belle inconnue me comprend. Allez savoir pourquoi...

Elle fini par se présenter et je dois dire que son prénom lui va à ravir. Lola a une consonance douce et charmante, comme elle. Du moins, l'est-elle en apparence. Je lui adresse un doux sourire et un hochement de tête pour lui montrer que j'ai entendu, compris et enregistré son prénom, avant qu'elle ne reprenne la parole, me demandant qui j'étais avant.  « J'étais celui qui me battait contre tout ça» dis-je sur un ton sobre, me mordillant légèrement la lèvre inférieure  « Je battais pour une planète plus propre, plus respectée et contre l'humanité qui se croyait tout permis» mes activités d'activismes ont très rapidement stoppées. De toute manière, la planète va beaucoup mieux depuis que l'humanité a cessé de se reproduire et que les grandes industries ont cessé leur production de masse. Si j'ai, dès le début, été celui qui était 'pro covid-19' et surtout 'pro confinement', ce serait mentir si je disais que je n'ai pas été affecté personnellement par la destruction massive de cette entité invisible.  «Et a côté de ça j'étais kiné, donc en contact direct avec les gens atteint. Mais je n'ai jamais été infecté » assurais-je, comme si ça pouvait éviter qu'elle ne parte en courant  « Je n'ai jamais rien eu. Pas même un rhume ou une gastro ou je ne sais quoi. C'est sans doute pour ça qu'ils me font passer tout un tas de tests ici» j'hausse les épaules et regarde autour de moi, regrettant presque le temps où il y avait des magasines à disposition  «Et toi ? » demandais-je en reportant mon attention sur Lola  «Tu étais qui avant ? »

@Lola Wright
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:56

"C'est ce qu'on disait à l'époque. Dire une phrase qu'on entendait dans la bouche de tout le monde ne signifie pas forcément être d'accord sur ce qui est dit." Lola eut un sourire et acquiesça. Elle était tout à fait d'accord, et s'en voulait presque d'avoir été aussi brutale dans sa réponse. Elle n'avait plus les bons réflexes pour des conversations pacifiées et simples. "Comme n'être plus que l'ombre de soi-même", offrit-elle en guise d'excuse, en donnant, entre les lignes, une clé de compréhension à Martin : qu'il sache un peu qui il avait en face de lui.

"J'étais celui qui me battait contre tout ça." Médecin ? Chercheur ? "Je battais pour une planète plus propre, plus respectée et contre l'humanité qui se croyait tout permis." Ah. Idéaliste militant. De ceux dont on se moquait en les appelant hippies et stoners. De ceux qui prétendaient faire face, depuis leurs cabanes en bois, à des multinationales trop puissantes pour quelconque individu. Lola était admirative. "Et à côté de ça j'étais kiné, donc en contact direct avec les gens atteint. Mais je n'ai jamais été infecté. Je n'ai jamais rien eu. Pas même un rhume ou une gastro ou je ne sais quoi. C'est sans doute pour ça qu'ils me font passer tout un tas de tests ici." Lola eut un frisson. Elle aurait dû s'y attendre, et pourtant, elle ne s'était même pas posé la question. Il était comme elle : une de ces rares exceptions qu'on étudiait avec agitation. "Moi aussi", et elle baissa les yeux, car elle éprouvait la culpabilité de ceux qui ont survécu, de ceux qui n'ont pas souffert les mêmes maux et tortures physiques que les autres. Pourquoi avait-elle été épargnée, elle qui n'avait rien fait de spécial avant le virus ?

"Et toi ? Tu étais qui avant ?" "Artiste-peintre", sourit-elle, car si à l'époque elle ne l'avait pas admis à voix haute, désormais rien ne le lui empêchait : ces métiers n'existaient plus, de toute façon, alors quelle honte y avait-il ? "Mais j'avais étudié la psychologie et je faisais de la thérapie en bénévole. C'est mon activité principale, maintenant. Comme tu peux t'en douter, il y a beaucoup de... traumatismes, liés à tout ce qu'il s'est passé." Elle eut un sourire triste, car tous les souvenirs de ses patients étaient dans sa tête à elle désormais, dans son coeur : elle connaissait leurs deuils, leurs peurs. Elle ne pouvait pas leur faire de câlin. Ils étaient nombreux à vouloir juste un geste d'affection comme on pouvait en donner avant. Mais d'ailleurs... Elle releva les yeux vers Martin avec une vitesse qui l'étonna elle-même. "Attends, mais parce que..." Elle venait de réaliser ce que ça voulait dire. Il était immunisé. Elle aussi. Elle eut un moment de vertige. Ils pouvaient se serrer la main. Ils pouvaient se faire un câlin. Mais il fallait qu'elle demande l'autorisation au staff du laboratoire, elle ne pouvait pas juste faire ce qu'elle voulait, ils avaient une responsabilité.

"T'as déjà rencontré des gens comme nous ?" Lola n'avait jamais cherché à les rencontrer. C'était une partie de la population à part, qui révélait rarement son immunité, car c'était toujours gênant, et ça attirait parfois de la colère, de l'agression. "Est-ce que tu sais si..." Elle eut un sourire gêné, mais il fallait qu'elle termine sa phrase. "... si on a l'autorisation de se faire un câlin ?"

@Martin Murphy
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyMar 28 Avr 2020 - 21:43

Si j'ai du rapidement revoir mes idéaux à la baisse -bien que c'était le moment où jamais où l'humanité aurait dû apprendre à réfléchir un peu et à changer sa façon de pensé- j'ai été pas mal sollicité du fait de mon métier. Les gens qui ont réussi à survivre avait besoin de soins de suite et surtout d'un ré-entraînement à l'effort et j'étais donc en seconde ligne si on veut pour combattre cette maladie. Fort heureusement, j'étais immunisé et je n'ai jamais eu aucun symptômes. Rien. Pas même un peu de toux ou de la fièvre, rien du tout.

Et il en est de même pour Lola. Son simple « moi aussi » fait battre mon cœur plus fort alors que ma respiration se bloque dans ma gorge. Ainsi donc il y en a d'autre? Des gens qui, comme moi, sont immunisés de nature contre cette foutue maladie ? Mon regard s'éclaircit quelque peu et mon sourire se fait plus large,plus léger aussi alors que je lui retourne la question, souhaitant savoir qu'elle était son métier à elle.

J'apprends ainsi qu'elle aussi travaillait dans le corps médical, alliant peinture et psychologie ce qui est son occupation principale maintenant étant donné tous les traumatismes liés à cette situation  « Je comprend totalement» hochais-je la tête, souriant.  « T'as encore beaucoup de patient ? Ou tu commences aussi à avoir du mal à joindre les deux boûts ?» Même si toute notre vie a changé, que beaucoup d'activité n'existent ou ne se font plus, l'argent reste un thème récurant. Il y a une grosse baisse des prix puis une inflation avec presque +200% du prix initial. Et le salaire, lui, n'a pas bougé et a même baissé. Il a donc fallut réapprendre à vivre d'une manière totalement différente.

Toutefois, l'argent ne semble pas être ce qu'il y a de plus intéressant aux yeux de la jeune femme. Celle-ci, se rendant compte que nous somme pareil, commence à me poser des questions auxquelles je n'ai aucune réponse. Si nous pouvons nous faire un câlin ?  «je ne sais pas  » secouais-je la tête, dépité  « Ce serait tellement bien. Parce que j'avoue que le contact physique ça me manque énormément» Que ce soit un simple câlin ou que ça aille plus loin en acte charnel, c'est quelque chose qui me manque de plus en plus cruellement, ayant toujours été quelqu'un de très tactile avec tout le monde.

 «Murphy ? Wright ? Merci d'être venu ! » nous coupe la voix féminine d'Elsa Potter, donc je n'ai jamais aperçu à cause de l'équipement.  «veuillez me suivre s'il vous plaît » sans plus attendre, je me lève, laisse Lola passer devant moi et suis les deux femmes dans une pièce aseptisée où nous avons ordre de ne surtout rien toucher et de nous asseoir directement sur deux chaises qui sont à deux mètre l'une de l'autre.

 « Alors voilà, allons directement au but : vous êtes tous les deux, de manière totalement improbable, immunisé contre le covid-19 et vous êtes donc la la solution pour sauver l'humanité» qu'elle nous dit de but en blanc. Arquant un sourcil je lance un coup d'oeil vers Lola puis reporte mon attention sur la femme  «Nous allons donc vous demander de vous isoler ensemble pendant un mois. Entre temps nous allons procéder à des prise de sang journalière et nous allons récolter vos urines. Mais nous sommes persuadé qu'en mélangeant votre sang nous pourront trouver un remède» elle tarde son regard sur Lola  «Vous n'êtes pas stérile, n'est-ce pas ?» mes yeux s'écarquillent légèrement, commençant tout doucement à savoir où elle veut en venir. Mais j'espère quelque part que je me trompe.

@Lola Wright
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyVen 1 Mai 2020 - 17:56

"Je comprends totalement. T'as encore beaucoup de patient ? Ou tu commences aussi à avoir du mal à joindre les deux bouts ?" Lola comprit immédiatement la gravité de la question. Une grande partie de la population était morte non pas de la maladie, mais de la paupérisation extrême de la société suite au crash de l'économie. Elle rougit, car elle avait conscience de faire partie de la minorité qui s'en sortait plutôt bien économiquement. "J'ai des gens sur liste d'attente tellement j'ai de patients en ce moment. Avec la pandémie, la thérapie a cessé d'être un sujet tabou ou juste pour les fous. C'est devenu un outil de survie, et puis le gouvernement a insisté là-dessus, et les célébrités, celles qui ont survécu, aussi, et ça a beaucoup aidé à faire tourner mon cabinet." Aucun sourire ne vint éclairer son visage, car elle avait beau se sentir reconnaissante de cette chance, c'était très inconfortable de parler de réussite dans un monde où ça n'avait plus aucun sens.

"Je ne sais pas. Ce serait tellement bien. Parce que j'avoue que le contact physique ça me manque énormément." Lola eut un frisson qui lui parcourut tout le corps. Elle se voyait courir dans les bras de Martin et y rester le temps d'oublier intégralement ces dernières années de distance physique. Mais heureusement, une voix vint les interrompre.

Ils suivirent les médecins dans une pièce qui suivait toutes les normes de sécurité. "Alors voilà, allons directement au but : vous êtes tous les deux, de manière totalement improbable, immunisé contre le covid-19 et vous êtes donc la la solution pour sauver l'humanité." Lola sentit un rire nerveux grimper en elle, et elle roula sa main dans un poing pour s'en empêcher. Non, non, non. Ne pas avoir de fou rire. Ecouter. Solution pour sauver l'humanité. D'accord. Pardon ? Qui ça ? (Oui, on l'a perdue, là-dessus.) "Nous allons donc vous demander de vous isoler ensemble pendant un mois. Entre temps nous allons procéder à des prise de sang journalière et nous allons récolter vos urines. Mais nous sommes persuadé qu'en mélangeant votre sang nous pourront trouver un remède." Lola se figea. "Pardon ? Comment ça mélanger notre sang ?" Dans une pipette ? Prises de sang et puis un joyeux mélange dans un bol ? Comme sur une palette de peinture ?

"Vous n'êtes pas stérile, n'est-ce pas ?" Ce fut comme un coup de poing dans le ventre accompagné d'un coup de massue sur la tête. Pas très agréable. Lola fixa la scientifique en clignant des yeux bêtement. Elle était d'une part gênée de parler de ses capacités reproductives devant Martin, qui restait malgré tout un inconnu ; d'autre part terrifiée car elle savait précisément où on allait dans cette conversation. Elle s'était déjà posé la question de nombreuses fois. Femme et immunisée : la conclusion était assez logique. On y était, donc. C'était ce jour-là. Bon. "Non." Comme la scientifique continuait de la fixer, elle se rendit compte que sa réponse pouvait prêter à confusion. Elle soupira, et ajouta : "Pas stérile." Il y eut un grand sourire chez leurs deux interlocutrices - mais heureusement pas sur le visage de Martin. "Parfait, nous allons donc commencer immédiatement." Lola trouva que le nous était un peu gonflé, parce que ce n'était pas à la scientifique d'aller s'isoler avec un inconnu et... mélanger son sang avec lui.

"Vous êtes invités à aller récupérer vos affaires et les amener à l'adresse que je vais vous donner. Le logement sera bien entendu payé par le gouvernement, et nous subviendrons à tous vos besoins. Vous pourrez donc arrêter de travailler, si vous le souhaitez." "Je ne le souhaite pas", répondit Lola trop vite, car on lui enlevait toutes ses libertés d'un coup, et qu'elle paniquait, et qu'elle se raccrochait à ce qu'elle pouvait. "C'est comme vous voudrez. La seule chose qu'on vous demande, c'est d'avoir des rapports réguliers, afin de maximiser les chances d'une grossesse. Vous serez ensuite suivie le temps de la grossesse, et ce sera à vous de choisir si vous voulez vivre ensemble pendant cette période, ou si vous souhaitez mettre fin à la colocation." Lola sentit un vertige. On lui proposait presque de devenir une candidate de télé-réalité, grosso modo. "Il n'y aura pas de caméras et micros, rassurez-moi." Les scientifiques eurent un sourire et secouèrent la tête. C'était déjà ça. Lola eut envie de demander s'ils avaient le choix de refuser, mais elle se fit la réflexion que ce serait la question la plus égoïste de la planète, car s'ils avaient une chance d'aider, de sauver l'humanité, la question ne se posait pas.

"Nous pourrons répondre à toutes vos autres questions au fur et à mesure des jours. Nous aurons un rendez-vous sur Skype chaque matin afin de faire un bilan de votre nuit. Une infirmière passera chaque jour pour les prises de sang, mais ne restera que quelques minutes, pour des raisons évidentes." Evidentes, c'était vite dit, mais Lola aurait le loisir de poser des questions plus tard. "Si tout est clair pour le moment, je vous invite à aller chercher vos affaires pour emménager." Lola acquiesça et se tourna vers Martin, cherchant sur son visage un signe qu'il était tout aussi ébahi qu'elle, mais prêt à ce changement de vie inédit.

@Martin Murphy
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptyVen 1 Mai 2020 - 19:48

Les explications de Lola sont logiques et me paraissent tout à fait normales. J'avoue que j'ai moi-même eu recours à quelques séances de thérapie. Pas à cause de la maladie en elle-même ou des conséquences d'un trop long confinement, mais bel et bien à cause de ces innombrables mort auxquelles j'ai du faire face sans pouvoir faire mon deuil correctement. Mon frère, mes colocataires, mon meilleur ami, mes collègues, tous sans exceptions sont décédés dans des souffrances presque insoutenable. Et moi j'étais là, impuissant et dans l'interdiction formelle d'être auprès d'eux.

 «On a beaucoup de chance d'avoir des gens comme toi dans notre vie » dis-je, sourire sur le bout des lèvres. Ce n'était pas un sourire triste, ni joyeux, mais sincèrement reconnaissant. Si au début de l'épidémie nous avons eu énormément de recours auprès des soignants et des médecins, actuellement, ce sont les psychologues, psychiatres et autre thérapeutes de ce genre qui sont en première ligne. Combien de patient n'ais-je pas déjà envoyé chez un confrère ?

Je décide de ne pas parler de moi et des problèmes financiers auxquels je fais face actuellement. Non pas par honte ou quoique ce soit, mais simplement car je pense qu'elle n'en a rien à faire. Ou peut-être s'y serait-elle intéressé ? Je ne le saurais sans doute jamais car après avoir évoqué le fait que le manque de contact physique me pèse de plus en plus, la scientifique que je ne connais que trop bien nous interrompt en nous disant de la suivre.

Nous traversons les couloirs aseptisé et nous nous installons sur une chaise dans une pièce blanche sentant le désinfectant à plein nez tandis que les deux autres personne s'assoient derrière une protection de plastique. Et c'est sans attendre que Lola et moi apprenons la nouvelle : elle et moi sommes la solution et les 'sauveurs de l'humanité', rien que ça. Je lance un coup d’œil vers Lola puis reporte mon attention sur les médecins qui finissent par nous expliquer le plan plus en détail : s'ils nous confinent ensemble, ce n'est pas seulement pour nous rendre la vie plus agréable, mais c'est surtout pour que Lola tombe enceinte. Alors que les deux scientifiques semble ravie de cette idée, moi je suis plus choqué qu'autre chose.

Même dans ces moments tragique le gouvernement parvient à faire de nous des esclaves. Et pourtant, je les comprends. Nous serons donc confiné ensemble dans une maison tout frais payés par le gouvernement et notre but c'est de procréer. Et ensuite ? Qu'adviendra-t-il de cet être ? Je n'ai jamais, de toute ma vie, eu envie de faire des gosses, je ne pense pas avoir la fibre paternelle nécessaire à cela, et pourtant l'Australie veut que je le fasse.

J'avoue que je n'écoute la suite que d'une oreille et que je ne me lève que parce que Lola a amorcé le mouvement. Je croise son regard, lui adresse un sourire pas forcément très rassuré par ce changement, mais conscient que c'est un truc à faire maintenant, avant de me lever  «Un taxi viendra vous chercher à 19h ce soir pour vous emmener à votre nouvelle demeure. Vous allez voir, vous allez l'adorer » nous assura la chercheuse en nous raccompagnant vers la sortie  «Nous nous reverrons le plus vite possible, je l'espère »

C'est en silence que Lola et moi traversons le couloir puis la salle d'attente pour finalement sortir. Je m'avance de quelques pas sur le trottoir puis me tourne vers la jeune femme, l'observe quelques instants comme si je lui demandais une autorisation silencieuse. Il n'en faut pas plus qu'un simple coup d’œil pour que nous nous retrouvions l'un dans les bras de l'autre. Les yeux fermés, serrant fermement les épaules de Lola, je soupire doucement. Sentir sa chaleur contre moi, ravive ce sentiment de bonheur qui, je pensais, avait été éteint pour toujours.  «ça m'avais tellement manqué » soufflais-je sans la relâcher.  «Je sais pas comment ça va se passer tout ça mais ça va aller » je prend une dernière profonde inspiration et resserre légèrement mon étreinte avant de la relâcher avec douceur et me reculer en lui souriant  « On discuteras de tout ça ce soir» dis-je en haussant les épaules  «J'habite à Fortitude Valley, et toi ?» après qu'elle m'ait répondu nous décidons, d'un commun accord de faire un bout de chemin ensemble  « J'espère au moins qu'ils nous filent une de ces villas à Bayside au bord de la mer » dis-je avec un sourire amusé sur les lèvres  «Avec une grand baie vitré dans notre chambre à couché et le salon....enfin un MUR de baie vitré ! Et une terrasse qui donne sur la plage avec des hamac ! » que je continue alors que nous marchons tranquillement, ignorant totalement les distances de sécurités qui nous ont été imposé pendant tant d'années.

@Lola Wright
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Message(#)Savior of humanity || Lola EmptySam 2 Mai 2020 - 21:16

Et c'était tout.
On leur annonçait une nouvelle qui allait bouleverser le cours de leur vie, et puis on les relâchait dans la nature. Ils auraient pu s'échapper, prendre un bateau et ramer jusqu'à la Nouvelle-Zélande. Ou jusqu'à une île inexplorée. Devenir Robinson Crusoé. Lola faillit le suggérer à Martin dès qu'ils sortirent du laboratoire, mais ce qu'elle vit dans ses yeux était tout autre, et lui fit immédiatement oublier cette perspective. Le coeur serré, elle ouvrit les bras et l'étreignit beaucoup trop fort. De parfait inconnu, il devenait bouée de sauvetage, incarnation de l'humanité, des corps, et elle ne voulait plus jamais lâcher. "Moi aussi", souffla-t-elle, comme s'il y avait besoin de préciser à quel point ça lui avait manqué. Elle entendit le ton rassurant de Martin et acquiesça, tandis qu'il la relâchait et s'éloignait. Pour la première fois depuis des années, elle avait l'expression d'une Bambi en forêt. Elle s'était permis une seconde de fragilité, et elle était la première surprise. "Oui, on a beaucoup de choses à mettre au point", confirma-t-elle, mais elle n'avait pas hâte de ce dialogue, car ils en viendraient forcément à discuter l'intimité qu'on leur imposait.

Prendre le boulevard à droite puis continuer longtemps tout droit avant de bifurquer, c'était ça le plan, un pas à la fois. "J'habite à Fortitude Valley, et toi ?" "Spring Hill, j'ai récupéré l'appartement d'un ami après...", sa voix s'étouffa. Elle n'avait toujours pas parlé à qui que ce soit du deuil d'Auden et Ginny, de Yele et Amos. Elle n'avait parlé que de Grace, car c'était le plus évident, le plus à fleur de peau. Mais les autres deuils restaient là, enfouis. "J'espère au moins qu'ils nous filent une de ces villas à Bayside au bord de la mer." Lola eut un sourire reconnaissant et son rire se fit léger. Il avait raison : autant penser aux aspects positifs de cette aventure absurde, puisqu'ils y étaient, plongés dans un roman de Kafka sans manuel d'utilisation. "Avec une grande baignoire et plein de glaces dans le congélateur !" Et une bonne connexion Internet pour ses patients, mais c'était moins fun à préciser, donc elle le garda pour elle. "Avec une grand baie vitré dans notre chambre à couché et le salon....enfin un MUR de baie vitré ! Et une terrasse qui donne sur la plage avec des hamac !" Elle hocha de la tête, ravie. Ca n'avait aucun sens, mais pourquoi pas, pourquoi pas choisir l'optimisme.

A la bifurcation, Lola fronça les sourcils et lâcha un "A tout à l'heure" à contrecoeur, reprenant la route vers chez elle. Sur le chemin, elle réalisa qu'elle s'apprêtait à vivre ses derniers moments de solitude complète d'ici un mois, et elle était décidée à en profiter. Dès qu'elle arriva dans son appartement, elle fit ses bagages d'abord, raisonnable, tout en chantant à tue-tête des titres vieux de décennies : exorciser les peurs. Il lui restait deux heures après, et elle s'aventura enfin dans la chambre d'Auden, qu'il avait laissée vide lors de son déménagement, et où elle avait entassé tous ses tableaux depuis la mort du nouveau colocataire. Tout était à vif dans cette pièce. Elle décida d'emporter ses toiles aussi, sans trop savoir pourquoi, peut-être parce que c'était trop douloureux de les laisser là. Lorsque le taxi arriva, elle était sur le trottoir, à côté de cinq toiles et deux valises, prête pour le voyage.

Martin avait vu juste pour Bayside. Lola descendit du taxi en regardant la mer avec un sourire amusé. Le chauffeur toussota pour signaler qu'il allait avoir besoin d'aide avec toutes ses affaires, et elle se précipita pour prendre les toiles et les amener devant la maison qu'il lui indiquait. Deux étages, architecture moderne, l'extérieur blanc avec autant de fenêtres que possible, l'intérieur boisé et dans des tons clairs. Tout était fait pour qu'ils soient détendus, confortables, et aussi heureux que possible. Pas pour eux, bien sûr, mais pour l'enfant à venir. Lola entendit une autre voiture arriver et se tourna pour accueillir Martin. D'ici quelques minutes, les chauffeurs partiraient, et ils ne resteraient plus qu'eux, seuls, dans leur nouvelle maison. "Bienvenu chez... nous", improvisa-t-elle avec un haussement d'épaules.

@Martin Murphy
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