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 (Keith) C'est une belle journée

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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyLun 20 Avr 2020 - 16:15

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

L’orphelinat était un lieu sinistre pour une petite fille. J’en avais bien conscience. Je regardai les autres enfants se faire adopter, partir dans d’autres familles alors que je restai coincée ici. Toutes les semaines, la mère supérieure nous faisait nous aligner proprement en attendant le passage en revue. Les parents passaient devant moi mais jamais ne s’arrêtaient. Ils me voyaient à peine. Comme si j’étais transparente. Alors je ne prenais même plus la peine de descendre. Munie d’un vieux carnet à croquis, je regardai les autres partir. Au début les voir me quitter chacune à leur tour, me faisait un mal de chien. Et puis on finit par ne plus rien éprouver. Je me sentais comme morte, esseulée lorsque j’ai entendu du bruit dans le dortoir. Une sorte de grognement. Je me suis approchée non me munir d’un balai au passage pour voir que sous mes yeux, il y avait un jeune chaton. « Nous l’avons pris pour nous débarrasser des souris. » Je me suis penchée vers l’animal. Et j’ai su que plus jamais ma vie ne serait pareil.

Je ne sais pas pourquoi ce souvenir me revient en mémoire aujourd’hui. Après tout, je n’ai plus de chat depuis la mort de Rufus. J’ai trop souffert lorsqu’il s’est éteint et je me suis tournée vers les chiens. Il suffisait de regarder Chopin et Debussy qui étaient de bons gros balourds. L’histoire de l’adoption de Debussy est assez drôle puisque je l’ai choisi pour sa carrure. N’étant pas d’un naturel très téméraire -mon agoraphobie peut en témoigner- je me suis tournée vers de gros chiens lorsque j’étais enceinte. Parce que j’avais peur en allant courir de me faire agresser. Et il me fut d’une grande aide. Au point que ma fille est tombée amoureuse de la race et de réclamer le « sien ». J’ai dû céder sous ses suppliques et Chopin a vu le jour des suites d’une saillie. Nous avons pris la décision ensembles de nous rentre au refuge tous les weekends pour aider les autres animaux abandonnés. La santé de Jacob ne lui permettant pas de se déplacer.

Les cernes sous mes yeux témoignent de mon inquiétude devant cette pandémie grandissante. Ayant passée ma nuit au chevet de Jacob qui peine de plus en plus à respirer, j’ai cette boule au ventre qui s’agrandit au fur et à mesure que les jours passent. Même si son pédiatre m’a assuré que cela ne contaminait pas les enfants, je sentais une détérioration de son état. Comme si le prénom qu’il portait était maudit dans le fond. Celui de son propre père, trop disparu au combat. A chaque pensée pour Jacob Sr, je touche les plaques de métal qui ornent mon cou, les larmes aux yeux. Le monde m’a paru si immensément grand à sa disparition que je me suis retranchée dans mon petit appartement. Ce qui est assez ironique quand on connait mon passé.

Enfermée, contrainte de rester entre quatre murs pendant dix-huit ans, je rêvai de parcourir le monde. Et j’ai été assez stupide pour tomber enceinte du premier homme que j’ai rencontré en France. Homme qui a rapidement pris la fuite. Le choix s’imposait. L’avortement était hors de question. Et j’ai du dès que j’ai entendu les battements du cœur de Lisa que je garderai cet enfant. Je ne l’abandonnerai pas comme ma mère a pu le faire. Je n’avorterai pas. Et j’ai tenu ma promesse. L’élevant seule pendant trois ans avant de tomber sur Jacob. L’amour peut être cruel. On rêve dans le fond de fonder une famille mais cette dernière vole en éclats avant même d’avoir pu en installer les bases. Je n’avais pas défait le premier carton qu’il était mobilisé et qu’il me quittait alors enceinte de notre enfant. Et depuis, je n’ai cessé d’être seule.

Le temps était radieux en ce jour d’avril. Je ne me ferai jamais à cette inversion des saisons. Mais prenant mon courage à deux mains, j’ai décidé de sortir les chiens. Les enfants habillés correctement, je mis le masque sur le nez de Jacob qui l’arracha au bout de deux secondes. Il ne faut pas le forcer m’a dit le pédiatre. Je serrai les dents tandis que Lisa passa le collier autour du cou de son chien. Mais qui tire l’autre quand on y pense ? Quand on songe au fait que Chopin pèse plus lourd que moi. Debussy était plus calme que son fils. Sans doute l’âge y est pour quelque chose. Il ne nous faut pas un quart d’heure avant d’arriver au parc. Les gens semblent heureux quand on pense au contexte sanitaire actuel. Je passe devant les parents qui semblent s’émerveiller devant le moindre caillou que leurs enfants ramassent. La prison pour adultes.

Ma fille nous guida jusqu’à l’espace réservé pour les chiens. Et je me baissais pour détacher Debussy qui vient s’asseoir à mes pieds tandis que Chopin partait en courant jouer avec les autres chiens, suivi de près par Jacob. Lisa vint se poster à côté de moi pour poser sa petite tête sur mon épaule. « ça va aller, EvE. Jaja est fort. » Je vins sourire alors que je me redressai. « Tu vois ton frère ? » Elle fit la même chose que moi pour voir que ni le chien, ni mon fils n’étaient visibles. Putain, il s’est encore barré. « Debussy ! Cherche Chopin ! » Ce dernier se leva de manière nonchalante, propre aux feignasses avant de commencer à humer l’air. Puis parti en courant alors que je le suivis, Lisa sur les talons. Il ne nous fallut pas deux minutes pour retrouver ma tête blonde qui se roulait dans l’herbe avec mon chien et un autre canidé que je connaissais bien. Ruby. Où est donc son maître ? « Oh salut Keith, dit Lisa derrière moi. » Je me retournai pour tomber face à l’homme que j’avais assez côtoyé au refuge. Il avait disparu il y a deux mois quand il avait trouvé son âme sœur canine. Je vins lui sourire avant de m’approcher. « Bon… salut. » Comme d’habitude, il faut que je bégaie comme une bécasse. Jacob arriva près de moi pour me sourire. « Beau chien, me dit-il dans un babillement. » Je vins me baisser pour le prendre dans mes bras, chancelant légèrement sous le poids de mon propre enfant. « Il faut que tu arrêtes de faire ça. Je t’ai déjà dit de venir chercher ta sœur avant de partir, canaille. » Je vins froncer le nez avant de me tourner vers Keith. « Je te présente mon fils, Jacob et les deux gros pépères derrière moi sont les derniers membres de la famille. » Et nous avions l’air de parfaits sauvageons outre nos cheveux blonds.
Un jour, je ne me mettrai plus dans des situations impossibles.
Un jour, oui.




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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:01

C'est une belle journée
@Eve Zimmer & Keith

«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Les jours de repos étaient rares en ce moment pour moi, me consacrant entièrement à ces étudiants qui montraient un tant soit peu d'intérêt pour la matière que j'enseignais. Je ne dirais pas que je croulais sous les écrits mais j'avais pas mal de relecture et de dossier à corriger, en oubliant presque que la saison ne demandait qu'à me voir arpenter les rues de la ville. Et si la saison oubliait parfois de me sonner, Ruby elle se faisait un malin plaisir de me le rappeler ! J'avais récupéré ce chiot il y a maintenant deux mois et je ne comptais plus le nombre de fou rires qu'elle m'avait provoqué, redécouvrant la joie de jouer avec un chien. Je ne connaissais pas ma vie sans chien et je n'avais aucunement envie de la connaître. Et en maître indigne que j'étais, je ne lui avais accordé que trop peu de temps ces derniers jours. C'est ce que j'étais en train de me dire, la tête sous l'oreiller tandis qu'elle ne se privait pas pour jouer avec son os en plastique, me réveillant au bruit des pouic-pouics incessants. "Oui, Ruby... J'ai compris, on va aller se promener aujourd'hui..." marmonnais-je en m'étirant tandis que le chiot montait aboyait au pied du lit pour vouloir y monter à l'entente de son nom. Je penchais la tête par dessus le matelas, riant en la voyant toute excitée avant de daigner enfin me lever. "Pire que les gosses dis donc..." dis-je en l'attrapant pour venir la caresser, embrassant le haut de son crâne en évitant les tentatives de léchouilles de sa part. "Non... Pas le visage..." dis-je simplement pour lui faire comprendre en la reposant au sol tandis que je me dirigeais vers la cuisine, la sentant passer entre mes jambes, m'arrachant un éclat de rire. Je ne pouvais pas nier le bien fou qu'elle m'apportait depuis que je l'avais récupéré. Je me contentais de faire couler un café le temps de filer sous une douche rapide, tandis que j'entendais Ruby me suivre à la trace comme toujours quand je passais la porte d'entrée.

Il ne me fallut qu'une petite demi heure pour enfiler une tenue ordinaire, laissant volontiers sur le cintre les costumes que je consacrais à l'université, préférant un simple jean plus décontracté, avant d'attacher la laisse de Ruby qui tournait presque d'impatience devant la porte d'entrée. Le trajet en voiture jusqu'à Oates Park se fit sans embûches, Ruby étant toujours calme en véhicule. Mais le calme disparaissait bien rapidement en posant les quatre pattes au sol. Attrapant mes lunettes de soleil je m'avançais vers le parc qui rassemblait grand nombres de personnes malgré la situation actuelle, aussi surprenant que cela puisse paraître. Enfin rien de bien dramatique qui pourrait empêcher Ruby de courir dans les hautes herbes à n'en plus finir. Je la sentais tirer sur la laisse, et décidais de m'éloigner au maximum de la foule, m'installant à proximité d'un arbre à l'entrée du parc à chien. J'attrapais une branche et jouais comme un enfant avec Ruby qui me le rendait bien, m'émerveillant face au simple fait qu'elle ramenait ce bâton (Gâteux vous avez dit ?). Pourtant il suffit d'une seule odeur pour faire partir Ruby au quart de tour dans une direction tout à fait autre que la mienne. Je n'étais pas du genre à m'inquiéter pour un rien et je me contentais de suivre de loin la chienne, accélérant le pas en apercevant un enfant à quelques mètres d'elle. Non pas que je craignais que ma chienne ne puisse lui faire du mal, mais elle n'avait pas encore été à proximité d'enfants depuis que je l'avais récupéré. "Ruby, aux pieds ! !" tentais-je fermement pour la rappeler à mes côtés... En vain, le jeu était bien plus intéressant que la voix de son propre maître. Pourtant plus je m'en approchais, plus j'apercevais au loin une silhouette qui me semblait familière. Eve et Lisa. Puis celui qui devait n'être que son fils. Du souvenir qu'il en avait du refuge et du peu qu'il avait pu obtenir comme information de la jeune fille plutôt que de sa mère. "Salut Lisa, la forme ?" demanda-t-il tendrement en lui caressant délicatement le haut du crâne tandis qu'il observait sa mère se retourner, lui adressant un léger signe de la main, légèrement gêné (comme souvent avec la gente féminine). "Bonjour Eve..." dit-il simplement en réponse aux bégaiements de la jeune femme qu'il trouvait attendrissant avant de reporter son attention sur le petit garçon qui trônait dans ses bras alors qu'il se roulait avec Ruby il y a quelques minutes. "Jacob ? Joli prénom pour ce sacré phénomène... Et tes deux rottweilers donc ? " demandais-je en les pointant du doigt avant de reprendre. "Tu as conscience qu'à côté de toi... Comment te dire...  Enfin si tu veux, Ruby correspond plus à ton gabarit qu'eux deux riais-je légèrement face à Ruby qui semblait découvrir qu'il existait bien plus grand et bien plus gros qu'elle. J'observais les alentours et pointais du doigt un des bancs qui se trouvait derrière nous. "On pourrait peut-être s'installer ici, si ça te dit... " proposais-je maladroitement, tout en lui adressant un sourire qui se voulait chaleureux. "Sauf si tu voulais passer la sortie tranquillement avec tes enfants et dans ce cas là je comprendrais parfaitement..." rajoutais-je ne voulant pas me montrer insistant.
Je n'avais pas prévu de croiser quelqu'un aujourd'hui mais partager du temps avec cette petite famille ne me dérangeait pas, au contraire.
(c) DΛNDELION


Dernière édition par Keith Weddington le Lun 20 Avr 2020 - 19:57, édité 1 fois
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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyLun 20 Avr 2020 - 19:46

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Bien que demeurant agoraphobe, j’ai toujours aimé les parcs. Quand j’étais petite, je ne sortais que très rarement de l’orphelinat. Nous rejoignions souvent le côté des garçons pour aller jouer avec eux. Je montais dans les arbres, les suivant quitte à tomber. L’odeur de l’herbe, le chatouillement des feuilles sur mon visage. Et il y avait cette adrénaline. J’étais si petite, si jeune. Une chute aurait pu être si vite arrivé. Nous nous installions dans les arbres pour regarder les familles, les jalouser. Et après, je trouvais place en hauteur pour les dessiner, esquisser leurs traits. En m’évadant dans ce monde imaginaire qui était le mien où j’avais une famille et où l’on pouvait m’aimer.

C’est pour cette raison que sortir aux parcs ne faisait pas peur. Bien au contraire. J’aimais les étendues vertes, me rappelant le spectacle de la Bavière lorsque j’y suis allée. Je pouvais encore sentir le vent s’engouffrer dans mes cheveux, le châle sur mes épaules. Le paysage me manquait tant. Souvent, je pensais à retourner dans mes contrées natales. Mais ici, j’avais un semblant de famille avec la mère de Jacob. Des amis. Je ne me sentais pas encore totalement chez moi mais je savais que les progrès que j’étais en train de faire étaient immenses. Se recroqueviller sur moi, de vivre entre quatre murs en ayant peur de l’extérieur et de l’inconnu.

Alors que nous sommes assises sur un banc, mère et fille. Ses cheveux étaient si beaux aux reflets du soleil. Les miens avaient perdu de leur éclat quand je les avais coupés dans un élan de folie Boucle d’or, m’appelait-on. M’appelait-il. Il m’arrivait encore d’entendre sa voix même deux ans après sa disparition, de sentir encore sa main dans mes cheveux. Mais je ne culpabilise pas autant qu’avant. De parler à d’autres hommes. J’essaie de calmer les battements de mon cœur, pauvre sotte que je suis, quand je me retrouve face à un étranger de sexe masculin. Il me faut du temps pour laisser s’évaporer cette timidité qui me saisit les tripes à chaque fois que j’ouvre la bouche.

Un sprint plus loin et je retrouve ma bonne vieille amie timidité qui vient s’installer avec honte. En face de moi se tient une personne que je connaissais. Pas très bien, certes car nos échanges ont surtout tourné autour de nos chiens, de certaines choses. Mais je ne suis jamais rentrée dans les détails sur le père de Lisa. Sur la fuite de ce dernier, ni même sur la mort de Jacob. Je n’étais pas encore capable de le dire à voix haute. Je le vois venir passer une main dans les cheveux de Lisa. Ma fille n’aime pas grand monde mais avec Keith le courant est passé tout de suite. "Salut Lisa, la forme ?" Elle s’échappe cependant à son contact en grondant. « Pas les cheveux Keith. EvE a mis du temps à me coiffer ce matin. Et j’ai l’air d’une princesse. » Oui bien sûr. Tout ça parce qu’elle a insisté pour avoir une couronne tressée. Mais il est vrai que cela faisait ressortir son teint de porcelaine et ses yeux clairs. Ma fille n’avait quasiment rien pris de son père, si ce n’était son foutu caractère. Physiquement, elle est ma copie mais en mieux. Je sais d’avance qu’elle sera plus grande que moi. Il faut dire que cela ne sera pas trop difficile. Je viens lever la tête pour faire face au regard sombre de mon interlocuteur. J’ai toujours été déstabilisé par les yeux de cette teinte. Noir d’encre. Et je le suis d’autant plus qu’ils sont cachés derrière une paire de lunettes de soleil. Sans doute aurais-je dû prendre la mienne ? Et aussi l’écran total car nous allions finir tous les trois rouges écrevisses ce soir.

Alors qu’il me salue, je lui fais un petit sourire timide. Sa voix est forte, chaude. Contrairement à la mienne qui ressemble à un couinement de souris. Je prends donc Jacob dans mes bras pour venir lui remonter gentiment les bretelles. Ce dernier vient poser ses petites mains sur mon visage comme pour communiquer d’une manière qui lui est bien propre. "Jacob ? Joli prénom pour ce sacré phénomène... Et tes deux rottweilers donc ? " Mon fils se tourne vers l’inconnu pour le regarder en penchant la tête sur le côté. Le regard de Keith et celui de Jacob ont la même teinte. « Ouais, c’est en hommage à son père, dis-je gênée, Jacob Junior. J.J. » Je constate que Chopin est en train de renifler Ruby et je fronce les sourcils tandis que Debussy vient se coucher à mes pieds. « Lui, c’est Chopin, répliqua Lisa, c’est mon chien à moi. Et tu sais, j’ai plein plein d’insectes aussi. » Je viens rire alors que pour une fois, elle semble se montrer coopérative. Presque joyeuse. « Et le gros pépère à mes pieds, c’est le mien. Debussy. » Le chien lève juste son regard, ennuyé vers nous avant de sortir un petit aboiement comme pour se présenter. Quand je dis que ce chien est trop humanisé.

"Tu as conscience qu'à côté de toi... Comment te dire...  Enfin si tu veux, Ruby correspond plus à ton gabarit qu'eux deux » Je viens ouvrir la bouche avant de laisser échapper un rire. Non mais comment peut-il oser ? « Ne dit-on pas Gulliver que ce qui est petit est mignon et je te laisse finir la fin de ta phrase, rétorquai-je en fronçant le nez. » Après tout, nous avions une bonne trentaine de centimètres qui nous séparaient l’un de l’autre. Quand je dis que les Australiens sont tous trop grands. A chaque fois que j’en rencontre un, je me fais l’effet d’être un minimoys. Je le laisse me proposer maladroitement de rester avec lui, avec le sourire aux lèvres. Je sens timidité qui claque la porte pour s’en aller vers d’autres contrées. Limite, on dirait qu’elle a pris possession de lui. « Je ne sais pas trop. D’un côté, t’es mignon quand t’es gêné mais tu as insulté ma taille. Je suis partagée. » Je jette un coup d’œil à Lisa qui se met à rire pour aller vers la chienne de Keith. Je viens m’asseoir sur le banc. « Jacob, tu demandes à Keith de venir se mettre à côté de moi, s’il te plait ? » Mon fils se tourne pour darder son regard sur lui. « Kiiiiiif, viens avec nous. » Il dodeline de la tête avant de venir tendre les bras vers notre nouvel ami. « Je pense qu’il veut faire ta connaissance. Et J.J est tactile, un peu comme moi d’ailleurs. » Je tapote la place de l’autre côté qui est vacante pour laisser monter Debussy qui pose sa tête sur ma jambe. Notre relation toujours plus fusionnelle entre ce gros chien et moi. « Ah et si j’ai des chiens si massifs, c’est pour rivaliser avec vous autres, géants. Ça se passe bien avec Ruby ? » Je regarde la chienne qui semble s’amuser avec Lisa. Lisa adorant les animaux, comme moi. Et les insectes aussi.
Sans doute tient-elle ça de son père ? Ce père si volatile qu’elle ne connaîtra jamais sauf si elle le désire. Car contrairement à celui de Jacob, le sien est encore vivant, respire, bouge. Et se comporte en parfait enfoiré.





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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyLun 20 Avr 2020 - 20:46

C'est une belle journée
@Eve Zimmer & Keith

«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Il y avait parfois des choses que la vie prenait et qu’on ne comprenait pas pourquoi. Du temps, des proches ou une part de son âme qu’elle emmenait au plus profond de ses entrailles, obligeant tout un chacun à se reconstruire. C’est ce que j’avais compris quand tous les matins je me déplaçais avec difficultés, accrochés à cette foutue paire de béquilles et m’entendant dire que j’étais un miraculé. J’ai mis du temps pour y croire puis après pour m’y accrocher, et malgré tout le chemin parcouru je savais qu’à tout moment le bord de la falaise pouvait se trouver si proche de mes pieds que la chute ne pourrait être évitée. Et pourtant encore aujourd’hui, je réussissais à me satisfaire du peu que j’avais, retrouvant mon penchant optimiste tant naturel derrière ce regard qui pourrait être qualifié de frigide. Alors je tentais chaque jour de me montrer meilleur que la veille et moins bien que le lendemain, ce genre de petit défi que j’appréciais poser sur le chemin de la vie pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Elle avait voulu prendre mon rêve mais ne prendrait pas mon destin.

La première rencontre avec Eve et Lisa s’était faite tout naturellement, ne faisant même pas le rapprochement avec l’apparence relativement jeune de la mère et l’âge de sa fille. Depuis quand doit-on juger une personne sur son passé ou des histoires dont on n’avait pas connaissance ? Je n’avais pas été éduqué de la sorte et ne me pensait pas être suffisamment goujat pour pouvoir sortir une remarque taciturne à ce sujet. Puis sa fille était parfaitement adorable, d’une grande vivacité intellectuelle qui attisait la mienne. Surtout quand elle me fit remarquer que mon geste pourrait la décoiffer. Je soupirais en secouant la tête avant de rire légèrement. « Une princesse ? J’espère que ta maman t’a aussi amené le carrosse et la robe qui va avec… Le prince on verra plus tard » ironisais-je en retirant mes lunettes de soleil par politesse, les accrochant au col de mon polo tout naturellement. « J.J ? Ça va, il n’aura pas beaucoup de lettres à apprendre pour épeler les initiales de son prénom » rajoutais-je d’un ton aussi léger malgré la gêne qui commençait à s’installer. Je crois que nous venions de dépasser le temps maximal passé l’un avec l’autre. Mon regard se rabattit sur Lisa, me sentant bien plus à l’aise avec la petite fille qu’avec sa maman. Je venais caresser la tête de son chien tandis que Ruby venait se glisser entre mes jambes tout naturellement. « Tu vois, elle c’est Ruby, c’est ma chienne. Mais tu l’avais déjà vu non ? » lui demandais-je en m’agenouillant pour être à la hauteur de la petite fille. « Je n’ai pas d’insectes cependant peut-être qu’un jour tu pourras me les présenter… Tu sais, je n’y connais pas grand-chose, mais si tu m’en apprends un peu plus, peut-être que je pourrais t’apprendre autre chose en échange ? » rajoutais-je en me redressant, accordant de nouveau toute mon attention à Eve. « Chopin et Debussy ? » répétais-je en me frottant la barbe naissante avant de faire une mine faussement hésitante « Entre une marche funèbre et un clair de lune, ne m’en veux pas Lisa, mais je préfère Debussy ! ».

Mon ironie se détourna bien rapidement, laissant place au malaise tandis que mon regard ne pouvait croiser celui de la demoiselle en face de moi, préférant observer les alentours avant de rire à ses deux remarques. « Le comble c’est que tu viens d’insulter la mienne par la même occasion… » lui fis-je remarquer en laissant (involontairement) de côté son compliment. Je n’étais pas à l’aise et pourtant j’avais l’habitude de parler de part mon métier. Le paradoxe ? C’est que je me sentais moins gêné devant un amphithéâtre bondé que devant cette jeune femme. Elle avait un petit je-ne-sais-quoi qui me donnait envie d’en apprendre plus et ce sentiment m’effrayait. La dernière personne avec qui j’avais sympathisé n’avait pas hésité à me tirer dessus en me regardant droit dans les yeux. La voix du petit garçon me sortit bien rapidement de mes pensées et, observant ses petits bras tendus, je regardais Eve comme pour lui demander la permission de le prendre. Après tout il n’avait pas l’air bien difficile ce petit bout et j’avais un je ne sais quoi qui passait relativement bien auprès des enfants. Le saisissant par la taille, je vins le caler dans mon bras gauche, ses fesses sur mon avant-bras, tandis que mon autre main venait tenir son dos. J’observais le petit garçon du coin de l’œil en suivant les pas de sa mère pour s’installer à côté d’elle. « D’accord J.J, mais tu diras à ta mère que la prochaine fois qu’elle me compare à Gulliver, c’est elle qui risque de faire un tour à dos de Keith… » murmurais-je à l’oreille du petit garçon sans être sûr que sa mère l’entende réellement. Je rapportais mon attention sur Lily et Ruby qui était en train de jouer, esquissant un sourire, ravi de voir que ma chienne se faisait relativement bien à la jeunesse autour d’elle. « Nous autres géants ? C’est juste que tu as dû sécher les soupes quand il fallait en manger pour grandir » riais-je avant d’hocher la tête en signe de validation « Cette chienne est pleine de vie, parfois fougueuse mais c’est la jeunesse qui veut ça. Une véritable boule d’amour » avouais-je simplement, des étoiles dans les yeux. S’il y avait bien quelqu’un qui avait tout mon amour, c’était cette petite boule de vie. « Lily te ressemble énormément… » fis-je remarquer en tournant un regard vers elle. « Elle a le même amour que toi pour les animaux… C’est beau ce que vous partagez ensemble. » rajoutais-je avant de regarder le petit Jacob que je tenais toujours dans mes bras, lui qui jouait à tirer sur les poils de ma barbe, m’arrachant de légers rires.

« Tu verras, un jour t’en auras une pareille… Et ce jour là, ta mère s’efforcera de vouloir te raser à tous les coups, parce qu’elle trouvera ça négligé… ». J’adressais un regard en coin à la jeune femme pour être à l’affût de sa réaction. « Ton fils n’a pas l’air très sauvage, ni même timide ! J’espère qu’il ne t’en fait pas voir de toutes les couleurs… Parce qu’il pourrait aller avec n’importe qui. » pointais-je du doigt non pas par jugement mais en laissant parler mon ancienne expérience de flic, défaut professionnel oblige. Je ne voulais pas remettre en question sa faculté à élever ses enfants, simplement aborder le sujet sans aucune arrière-pensée. Le petit garçon tournait la tête entre sa mère et moi-même, s’appuyant sur mon torse tout en se penchant en arrière, signe qu’il voulait de nouveau accéder à sa liberté que je lui offris après lui avoir laissé un petit mot à son attention. « Eh J.J, tu ne restes pas trop loin de ta maman ou de ta sœur d’accord ? C’est ce que t’as demandé ta maman ! » lui rappelais-je sans le sermonner mais plutôt d’un ton amical, délicat, bien loin de l’apparence de gros méchant que je pouvais laisser paraître. Je ne voulais pas me montrer trop intrusif vis à vis de ses enfants, mais je ne pouvais m'empêcher d'agir ainsi avec ces derniers en général, ayant vu trop de choses horribles pour rester de marbre malgré toute mon expérience. Mon regard vint se poser de nouveau sur Eve, maintenant que nous étions que deux, le malaise revenait… « Vous venez souvent ici ? » demandais-je pour ne pas laisser un quelconque silence s’installer, aussi court soit-il.

Je ne voulais pas perdre pieds, ni même face. Après tout, il ne s’agissait que d’une simple ballade dans le parc, et aucun sniper ne risquait de me tirer à vue pour avoir discuté avec Eve.
Du moins je l’espérais.
(c) DΛNDELION
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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyLun 20 Avr 2020 - 21:49

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Il y a des personnes avec qui tu te sens bien. Des personnes qui feront battre ton cœur plus vite. D’autres qui te feront perdre tes moyens. Mais ce n’est pas grave. Car ce sont de bonnes sensations. De belles sensations. Celle d’un cœur échaudé dans les prémices d’une amitié, d’un amour naissant. Et puis, il y a ce vide, ce trou que laisse la personne en partant. Et on refuse donc de s’attacher par peur. La peur de l’inconnu, la peur de tomber amoureux, de chuter si violemment qu’on risquerait de s’éparpiller.
La peur de vivre tout simplement.


J’ai toujours été troublée en présence d’hommes trop séduisants. Et dire que je n’avais pas de type était mentir. Il suffisait de regarder Pierre et Jacob. Grands, bruns, aux yeux bleus pour l’un et aux yeux sombres pour l’autre. Mon regard ne s’attarde pas sur les blonds ou les roux, aussi beaux soient-ils. J’ai toujours eu un faible pour les bruns. Mais étant d’une gaucherie sans précédent, étant très timide, je n’ose pas aller vers eux. J’ai su au premier sourire de Keith que cet homme était dangereux pour ma santé mentale. Que je devais le maintenir éloignée de moi. Certes, je n’échangeai que quelques mots mais quand on a des enfants, on remet les choses en perspective. Nous ne sommes plus des femmes séduisantes, nous avons donné la vie. Je ne suis plus une femme.
Je suis simplement une maman.

« Une princesse ? J’espère que ta maman t’a aussi amené le carrosse et la robe qui va avec… Le prince on verra plus tard » Je souris à sa remarque avant de trouver sa complicité d’avec ma fille touchante. Lisa ne s’attache plus depuis la mort de Jacob. Qu’elle avait quasiment appelé papa. Depuis son cœur s’est fermé alors que le mien est mort. Chacune nous avons appris à faire notre deuil. Et à grandir. « Tu rigoles ou quoi ? J’ai pas besoin du prince charmant. Je suis comme Elsa. Et j’ai ma monture. » Elle présente son chien et je viens sourire. Ma fille fait preuve de tant d’esprit alors que je n’en avais pas à son âge. J’étais très renfermée sur moi-même, je le suis toujours d’ailleurs. « J.J ? Ça va, il n’aura pas beaucoup de lettres à apprendre pour épeler les initiales de son prénom » J’ai un franc rire alors qu’il vient à me parler du prénom de mon fils. Je pourrais m’en offusquer. Et je pense que si je n’avais pas entraperçu le comportement taquin du jeune homme. Je le regarde aller présenter sa chienne à ma fille qui le fixe toute ébahie avant de venir passer une main dans ses poils. « EvE, on peut avoir le même ? Comme ça, ils tomberont amoureux et feront plein de bébés ? » What ? Je fronce les sourcils avant de rigoler. « on verra quand on aura une maison, Lisa. » Je resserre ma prise sur Jacob qui passe une main dans mes cheveux courts. Les siens commencent à boucler légèrement. Comme les miens lorsque j’étais petite. « Deal. Je t’apprends un truc sur les insectes et tu fais sourire, EvE ? » Ok c’est quoi ça ?
Ma fille essaierait-elle de me caser avec le premier inconnu qui passe ? Je me sens devenir rouge pivoine pour le coup. « C’est bon je rigole tous les deux. A manger. » Je dodeline de la tête. Effectivement, qu’elle veut apprendre à cuisiner. Je sais le faire mais c’est mieux avec un inconnu.

Je me pose donc sur le banc non sans lui avoir rendu la monnaie de sa pièce avant de le voir avec Jacob dans ses bras. Je pourrais fondre comme neige au soleil mais je les écoute parler. « J’ai entendu, Gulliver. Et il est hors de question que tu ne me portes. » Je croise les jambes alors que mon chien vient me rejoindre. Les hommes et leur force. Keith vient prendre place à mes côtés et sa chaleur est contagieuse. Déjà qu’elle est étouffante dans ce pays mais je sens toute sa virilité qui m’englobe. « Nous autres géants ? C’est juste que tu as dû sécher les soupes quand il fallait en manger pour grandir » Je ris en même temps que lui. Autant avec les autres, je peux complexer ma taille mais vu qu’il s’en amuse. Il vaut mieux rentrer dans son jeu. « Cette chienne est pleine de vie, parfois fougueuse mais c’est la jeunesse qui veut ça. Une véritable boule d’amour » Je constate à son regard qu’il est mordu. « Follement épris de sa chienne. Auriez-vous un cœur sous cette imposante couche de muscles, monsieur ? Et au passage, je mange des soupes. Je suis juste comme ça. » Je plonge dans son regard alors que ses yeux me sont cachés. J’en demeure frustrée. « Lisa te ressemble énormément… Elle a le même amour que toi pour les animaux… C’est beau ce que vous partagez ensemble. » Jacob se tourne vers moi pour me fixer. « Pendant très longtemps, il n’y a eu que nous deux. Avant que le père de Jacob n’entre dans ma vie. Et j’avais peur. Quand j’étais à Paris donc j’ai pris un gros chien. Sauf que tu l’as vu, ce n’est pas celui qui va me défendre bec et ongles. Mais oui, nous nous ressemblons énormément. » Je m’autorise un coup d’épaule. « Mais elle a le caractère de son père. »

« Tu verras, un jour t’en auras une pareille… Et ce jour-là, ta mère s’efforcera de vouloir te raser à tous les coups, parce qu’elle trouvera ça négligé… » Je le fixe alors qu’il me regarde en coin. Je viens donc passer ma main sur sa joue, sans rougir pour une fois. « J’aime les hommes à barbe. Donc je ne forcerai jamais mon fils à se raser. » Je retire ma main avant de venir la poser sur ma jambe. Quand je disais que j’aimais trop toucher les gens. « Ton fils n’a pas l’air très sauvage, ni même timide ! J’espère qu’il ne t’en fait pas voir de toutes les couleurs… Parce qu’il pourrait aller avec n’importe qui. » Je viens déglutir. Il a raison. J’ai peur tous les jours à cause de ça. Je passe une main dans mes cheveux. « C’est l’une de mes plus grandes peurs. Il est petit encore mais je vais lui apprendre à se méfier. Même si je ne le fais pas assez. » J’ai un petit rire. Je ne sais pas s’il me juge ou s’il se comporte comme un ami. Après tout, je ne suis pas très douée en codes sociaux. Je regarde Jacob qui fait la navette entre sa sœur et moi alors que Keith me coupe dans le fil de mes pensées. Je me tourne pour le regarder avant d’approcher mon visage du sien. Comme pour créer une certaine intimité alors que Debussy descend pour aller rejoindre le restant de la famille, comme pour veiller sur eux. « Vous venez souvent ici ? » Je viens lui sourire. « Tous les jours. Après la classe et mon travail. D’ailleurs tu fais… attends ça me gêne. » Je viens saisir délicatement ses lunettes avant de lui retirer pour les replier. « Voilà qui est mieux. Donc j’allais te demander ce que tu faisais comme travail ? » Je viens croiser les jambes avant d’entortiller une mèche autour de mon index pour me tourner vers les enfants, à l’affût.
Essayons d’être une bonne mère et qu’il ait une bonne opinion de moi.






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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMar 21 Avr 2020 - 13:03

C'est une belle journée
@Eve Zimmer & Keith

«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Combien de fois avais-je entendu que la confiance ne se donnait pas, elle se méritait ? Combien de fois je m’étais forgé un espoir lambda sur ce terme-là, qui si flou était d’une limpidité extrême. C’était un terme fourre-tout dans lequel je m’étais enlisé pour expliquer le fait que je n’avais rien vu venir. Se faire tirer comme un simple lapin, sans la moindre pointe de regrets ? C’était ça l’abus de confiance ? Mes cicatrices me le rappelaient chaque jour, et chaque matin devant ce miroir qui me renvoyait à mes traits parfois fatigués, parfois enjoués, je me promettais de ne plus refaire confiance. Du moins pas à une femme. Pas si rapidement. C’était paradoxal surtout quand je prônais la destinée et le hasard. Mais je ne m’en tirais pas trop mal au milieu de ce paradoxe, au milieu de cette gêne et au milieu de ce qui me semblait être l’inconnue. Fort heureusement, ma capacité sociale d’intégration est bien plus élevée que mes peurs, et sans aucune difficulté, j’avais réussi à faire parler la petite fille d’Eve. Une façon d’attirer son attention ? Oui, sans doute. Mais c’était quelque chose de naturel chez moi, les enfants m’appréciaient derrière mon apparence qui pouvait faire peur parfois. Une voix rauque, une carrure imposante, une barbe et un visage qui pouvait parfois se montrer strict jusqu’à ce qu’un sourire ne vienne percer cette carapace. Un véritable nounours pour eux.

Je regardais Eve à la recherche d’un peu d’aide pour récupérer la référence de Lisa au sujet d’une certaine Elsa. Je n’étais décidément pas à la pointe de la dernière princesse à la mode à priori, et malgré tout, mon instinct me disait de rester dans cette ignorance certaine. Je soupirais discrètement de soulagement, m’apercevant que mon ironie avait été perçue, moi qui pouvais me montrer parfois un peu brut et franc-jeu, j’étais surtout adepte de sarcasme et d’ironie. Mais l’insouciance dont faisait preuve Lisa dans chacun de ses propos m’arracha un rire surpris. Parlait-elle déjà de procréation à son âge ? Oui sans aucun doute. Et en plus, elle venait de conclure un accord un peu particulier auquel je ne m’étais pas attendu. Faire sourire sa mère ? Mon regard se leva sur la jeune maman, légèrement attendri par J.J qui était en train de l’admirer tout comme on pouvait réellement admirer sa mère. J’acquiesçais en silence, à destination de Lisa comme pour lui dire que les deux deals étaient acceptés sans aucune difficultés. « Tu deviendras la plus grande cuisinière de Brisbane… Tu verras, les pâtes à toutes les sauces, c’est super efficace. » ironisais-je, le tout accompagné d’un clin d’œil avant que je ne m’éloigne de la petite fille. Bien sûr que je savais cuisiner autre chose que des féculents tous les jours, mais je ne dévoilais pas si rapidement mes talents

J’haussais les sourcils, faussement outré par le surnom qu’elle venait d’employer. Gulliver ? Vraiment ? Elle ne perdait rien pour attendre, mais je préférais lui offrir un clin d’œil en signe de mise au défi plutôt que des mots. J’étais un homme d’acte bien plus que de paroles à la mémoire longue. Et pourtant, je lui rendais la mise du tac-o-tac comme si les piques étaient amusantes et bonnes enfantes. Pourtant je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils en l’entendant décrire la caricature de gros bras à laquelle je pouvais appartenir. Je pris mon air offusqué, levant les yeux aux ciels avant de lui répondre de but en blanc. « Autant qu’un cœur se cache derrière toute cette timidité. » J’étais comme cela, quand on venait me toucher de trop près, j’avais tendance à rendre la donne sans forcément peser mes mots, ou réfléchir à l’impact de ces derniers. Mais après tout, il n’y avait aucun mal dans mes paroles, juste une pointe d’honnêteté avec laquelle je lui faisais comprendre que j’avais commencé à cerner son caractère. Malgré tout, j’écoutais attentivement la description de sa vie antérieure, de l’histoire de Debussy et je grimaçais au coup d’épaule donné, par réflexe plus que par réelle douleur. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle n’était pas au courant de l’histoire et ne le serait probablement jamais. « Paris ? Il paraît que c’est une jolie ville… D’où viens-tu ? » lui demandais-je soudainement curieux de voyager par procuration, moi qui n’avais jamais quitté le pays une seule et unique fois. Non pas par chauvinisme mais parce que je n’avais quasiment jamais pris de vacances… Voir très peu. Le crime n’attendait pas. « Le caractère de son père ? A voir ta fille, elle est quand même adorable… Et à t’entendre, son père n’a pas le caractère le plus… facile à vivre. » dis-je en réfléchissant à voix haute, commençant à analyser par habitude les propos et les faits et gestes de la petite fille. « J’en déduis que son père est parti et que tu vois en elle certaines facettes qui te faisaient l’aimer mais que tu aurais préféré qu’elle laisse de côté. » conclus-je tout simplement, m’arrêtant en sentant sa main dans ma barbe.

Mon corps se raidissait instinctivement, n’ayant pas l’habitude de ce genre de contact qui n’était pas pour autant désagréable mais malaisant. Je me reculais légèrement, un rire gêné face à son geste tandis que j’essayais de reprendre une respiration normale. Fort heureusement, sa main quitta ma barbe bien rapidement, et j’y glissais la mienne par nervosité. J’en oubliais même le compliment qu’elle venait de faire, ou du moins l’information qu’elle venait de livrer. Elle appréciait les hommes à barbe… « Je persiste à penser qu’il ne faut forcer en rien les enfants. Ils grandissent de leurs expériences, et même s’il veut se faire une tresse au bout, à la nordique… Il devrait pouvoir le faire. » rajoutais-je tandis que je la regarder jouer avec ses cheveux, signe premier de nervosité chez une femme (foutue déformation professionnelle).  J’observais le petit garçon dont elle me parlait tandis que j’acquiesçais à ses propos. Les gens étaient parfois tellement tordus qu’un enfant aussi innocent qu’un petit garçon de deux ans pouvait sans aucun doute tomber dans le piège sournois que ce dernier pourrait lui tendre. « Je te conseillerais une méthode qui a pu faire ses preuves. Une question que toi seule et lui connaissez… une seule et unique réponse possible et si l’adulte ne la connaît pas, J.J sait qu’il n’est pas envoyé par tes soins » dis-je tout simplement en me laissant faire, l’observant refermer mes lunettes. Malpoli que j’étais, je n’avais pas daigné croiser véritablement son regard. Par peur du soleil ou de l’immensité du bleu de ses yeux ? Je n’en avais aucune idée pourtant je restais perdu dans son regard, un léger sourire aux lèvres. Je l’avais déjà croisé et pourtant j’étais toujours surpris par ce dernier qui me semblait si fragile et si tendre. Et ce regard que je n’avais jamais croisé dans ce lieu auparavant alors qu’elle y venait chaque jour. Il était vrai que le parc était un peu éloigné de mon domicile ou que mon emploi du temps ne me le permettait pas, mais je notais que si jamais je voulais retomber sur cette petite famille, il me suffisait simplement de revenir promener Ruby jusqu’ici.

« Tu es sûre que tu veux vraiment savoir ce que je fais ? » lui demandais-je avant d’attraper doucement la main qui triturait sa mèche, la reposant sur sa propre jambe, avant de murmurer en guise d’explications « Tu n’as pas à être gênée… Puis ta mèche de cheveux ne t’a rien fait, la pauvre… » ironisais-je comme pour reculer le moment où je devrais lui répondre. Mais après tout, qu’avais-je à cacher maintenant ? Ma honte d’être devenu impotent ou la fierté d’avoir su rebondir ?  « Je suis professeur de sciences et psychologies criminelles à l’Université de Brisbane, après une reconversion… Oui, j’étais de ceux qui ont utilisé leurs gros bras au sein de l’unité criminelle de Brisbane. » Ma voix était emplie de cette fierté en réalité, car j’adorais mon métier c’était indéniable et les étudiants me le rendaient bien mais je préférais garder sous silence les raisons de ma reconversion. « Et toi donc ? Comment occupes-tu tes journées Minipousse ? Je suis persuadé d’une chose… » dis-je en laissant un rictus poindre aux coins des lèvres. « C’est que tu n’es pas spécialiste dans l’art de trouver un surnom » Ma langue claqua contre mon palais, comme pour venir accentuer les points que je pensais marquer avant de lever les mains dans sa direction comme pour se protéger. « Attention, mon petit cœur est fragile… » rajoutais-je avant de regarder Lisa et de lui lancer un clin d’œil. Forcément que j’étais en train de faire en sorte d’essayer de faire rire Eve, et je n’étais pas forcément le plus doué dans l’exercice. « Je te rappelle que j’ai un deal avec ta fille… Alors si tu pouvais sourire, et me déclarer vainqueur, ce serait chouette. » rajoutais-je en venant à mon tour impacter son épaule en toute délicatesse pour éviter d’abuser de la différence de gabarit. « Promis, si tu me fais gagner, je te revaudrais ça… Je suis du genre loyal » lui dis-je avec une tendresse déconcertante. Les choses étaient simples et pourtant, en l’observant du coin de l’œil, je m’aperçus d’un changement d’attitude, souriant délicatement en me tournant à mon tour vers les enfants. « Tu sais… Il paraît que les mères ont un instinct maternel surdéveloppé. Je suis persuadé que même si tu ne les regardes pas, tu saurais exactement où ils sont s’ils sont à proximité de toi… Alors détends toi… » lui dis-je en posant ma main sur la sienne comme pour la rassurer. Je regardais quelques instants le contact de nos deux mains et retira par la suite la mienne que je glissais dans la poche de mon jean préférant changer de sujet bien rapidement. « Lisa a l’air de prendre à cœur son rôle de grande sœur… J’aurais aimé en avoir une de sa trempe… » avouais-je à demi-mot en observant les enfants et les trois chiens qui s’amusaient entre eux.

Il fallait parfois faire confiance à la simplicité, elle apportait toute la légèreté nécessaire.


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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMar 21 Avr 2020 - 15:02

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Il y a des moments dans la vie où le chemin bifurque. On tombe amoureux, on croit à ce coup de foudre, on le développe et on décide de se laisser aller. On s’installe confortablement dans une routine. On devient tactile. Et puis tout vole en éclats, brutalement. Décès, départ précipité. Et la chute est si douloureuse que l’on met du temps à se relever. Deux ans, deux ans. Une très longue thérapie, des crises d’angoisse, des peurs inconsidérées mais suis-je réellement prête ? Mon cœur a-t-il survécu à ça ? Je me posais souvent la question. Durant mes longues nuits d’insomnie où je me rejoue le départ de mon mari. Ou ma manière d’annoncer à Pierre que j’étais enceinte. Tant d’erreurs faites dans ma vie et pourtant j’en suis là. A essayer de ramasser les morceaux, seule, à cacher mes névroses.
Car dans le fond, je sais que je n’aurai jamais personne pour m’aider.


Je regarde la complicité se tisser entre Lisa et Keith. Le géant et ma petite fille. Je n’avais pas pris en compte sa taille lorsque nous étions au refuge. Parce que nous étions entourés d’autres personnes sans doute plus grandes. Je ne me suis jamais sentie à ma place dans ce pays. Où dans les supermarchés tout était si grand. Je complexe assez sur mon physique comme ça. Mes cheveux trop fades, ma peau trop blanche, mes yeux trop clairs. Les rondeurs de mon corps. Ce manque de confiance en soi qui s’est installé après le départ de Pierre et qui n’a fait que grandir durant toutes ces années. Jacob ne cessait de me dire que j’étais pourtant belle. Mais à l’époque, mes cheveux étaient d’or, similaires à ceux de mes enfants.

Autant qu’un cœur se cache derrière toute cette timidité. » Je me fige alors qu’il dit ça. Me raidissant sur le coup avant de venir mordre ma lèvre inférieure. Mon cœur. J’avais dit ceci sur le coup de la plaisanterie car la chose était trop facile et que je m’étais prise au jeu d’entrer dans ses boutades. Mais lorsqu’on parlait de mon cœur, le sujet était sensible. Je raffermis ma prise sur ma jambe, signe d’une crise d’angoisse. Mon chien le sent puisqu’il vient pousser ma main comme pour m’inciter à me détendre. Je viens caresser sa truffe avant de sourire, retenant les larmes de la douleur qui est mienne depuis des années. « Si tu arrives à le trouver, fais-moi signe, dis-je doucement avec un petit rire triste. » Je viens passer maladroitement une mèche de cheveux derrière mon oreille. J’essaie de détendre la situation en le poussant d’un coup d’épaule mais je le sens se raidir. Pas habitué au contact. Qu’est-ce que l’on avait pu lui faire pour qu’il soit autant sur la défensive ? Lui qui peut se montrer si taquin mais après se renfermer sur lui-même. Il y a un certain parallèle entre nous deux. Nous protégeons l’un l’autre de l’inconnu par peur d’une certaine souffrance.

« Paris ? Il paraît que c’est une jolie ville… D’où viens-tu ? » Serait-ce le moment où j’en viendrai à parler de mon histoire personnelle. Je sens une certaine curiosité pour mon passif, essayer de comprendre qui je suis. « Je suis allemande. Née à Munich selon mon extrait de naissance mais j’ai grandi en… à Berlin. Et je me suis rendue à Paris pour mes études. » La version sommaire. Je vais lui épargner le couplet de la pauvre orpheline qui a fui son pays natal pour y revenir avec un enfant lorsque sa mère de substitution a poussé son dernier soupir. Mais l’intérêt de Keith ne s’arrête pas là. Il continue à me poser des questions, essayant de creuser un peu plus. Je ne saurai pas lui dire stop. Pitié Keith arrête ! Je viens baisser la tête pour me cacher derrière mes cheveux. « Tu déduis bien. Pi… Pierre m’a… » Debussy pousse un soupir alors que je vois Lisa qui se retourne vers moi. Les enfants ont l’air de passer un bon moment. Je devais tenir pour eux. « Je n’ai eu que… il n’y a que deux hommes dans ma vie. Le père de Lisa s’appelait Pierre, il était français. Il a disparu quand je lui ai appris que j’étais enceinte. » Je viens relever la tête pour regarder Lisa se roulant par terre. « Je… mon caractère, j’ai toujours été une enfant timide. Je ne parlais pas ou peu. Je passais mon temps à dessiner et regarde Lisa. Elle est pleine de vie. On voit clairement qu’à part son physique, elle n’a rien de moi. » Une larme silencieuse roule sur ma joue alors que je viens déglutir. « Jacob me ressemble plus. Son côté naïf. »

Je constate que le contact le gêne vraiment. Alors je repose ma main en fuyant son regard, à nouveau. Je peux le voir se renfermer lui, je peux le voir qui essaye de fuir. J’aimerai m’excuser mais je ne le fais pas. demeurant silencieuse alors qu’il me parle de tresse nordique. « Je le laisserai faire lui-même ses propres expériences. Je ne suis pas ce genre de maman. C’est plutôt cool chez nous. » J’essaie de sourire alors que mon fils descend des genoux de Keith pour se ruer derrière sa sœur. Je demeure en alerte, au cas où il aurait du mal à respirer. « Je te conseillerais une méthode qui a pu faire ses preuves. Une question que toi seule et lui connaissez… une seule et unique réponse possible et si l’adulte ne la connaît pas, J.J sait qu’il n’est pas envoyé par tes soins » Je me tourne alors vers lui pour l’écouter attentivement. Je viens donc ôter ses lunettes pour les regarder. Elles doivent coûter cher. Alors que je relève les yeux, mon regard rencontre le sien alors que nous sommes proches. Je referme les branches pour me demander quoi en faire. D’une main tremblante, je viens poser sa paire dans la sienne pour lui rendre. Il a un regard vraiment… intense. Comme s’il cherchait à m’étudier et je dois admettre que je suis assez désarçonnée face à ça.

Lorsqu’il brise le contact en se mettant à parler, je ne peux quitter son regard avant de hocher la tête. Mon cœur essaie de se remettre en marche alors qu’il brise de lui-même notre connexion. Sa main stoppe la mienne qui entortille ma mèche de cheveux. Et hop, on arrête le cœur à nouveau. Je me sens rougir alors qu’il retire ses doigts comme si je l’avais brûlé. « Je suis professeur de sciences et psychologies criminelles à l’Université de Brisbane, après une reconversion… Oui, j’étais de ceux qui ont utilisé leurs gros bras au sein de l’unité criminelle de Brisbane. » Ainsi tout s’explique. Sa froideur, sa tendance à ne pas avoir de contact. Jacob était pareil au début. Je viens ouvrir les yeux. J’avais réellement un type. « J’ai compris. Je sais pourquoi tu n’aimes pas qu’on te touche, dis-je d’une voix douce, Jacob était comme toi. » Oui, était. « Il n’aimait pas que je le touche au début. Mais j’ai ce besoin… je t’expliquerai un jour pourquoi j’ai ce besoin de contact. Les militaires, les policiers, vous vous ressemblez de bien des façons. » Et c’est ainsi que je lui ai trouvé un surnom. Un vrai surnom. « Et toi donc ? Comment occupes-tu tes journées Minipousse ? Je suis persuadé d’une chose… ’est que tu n’es pas spécialiste dans l’art de trouver un surnom » Comme s’il lisait dans mes pensées. Un petit sourire vient illuminer mon visage alors que je dodeline de la tête « Je suis restauratrice d’arts pour le musée de Brisbane. Et comme élever des enfants c’est couteux, j’enseigne aussi. Je suis intervenante en arts dans les écoles élémentaires pour sensibiliser les enfants à l’expression par le biais des pratiques artistiques. D’où mes études à Paris. » J’ai un petit rire avant de relever la tête. « J’aime bien Minipousse. Et je t’ai trouvé un surnom, je ne te le dirai juste pas maintenant. » Je glisse un petit clin d’œil maladroit avant de prendre une profonde inspiration. Je viens cependant lui donner une petite tape sur la poitrine, sans aucune force. « Cœur fragile, mon œil. Tu es fait d’acier, cela se voit au premier coup d’œil. »

Depuis combien de temps n’ai-je pas souri de la sorte avec quelqu’un ? « Je te rappelle que j’ai un deal avec ta fille… Alors si tu pouvais sourire, et me déclarer vainqueur, ce serait chouette. » J’ai un franc rire avant de secouer la tête. « Promis, si tu me fais gagner, je te revaudrais ça… Je suis du genre loyal » Je viens donc plonger mon regard dans le sien alors que je viens lever la main pour essayer de le toucher mais que je m’arrête en chemin. « Je sourirai quand tu me laisseras te toucher. Je… Je ne vais pas te faire de mal tu sais. Généralement, c’est mon cœur qu’on brise et pas l’inverse. » Je relève un peu le menton par défi avant de vérifier que les enfants étaient là. Et que J.J allait bien. Je viens mâchouiller ma lèvre inférieure alors que le contact de Keith me désarçonne. Je me sens rougir jusqu’aux oreilles avant d’avoir un petit sourire timide. « On dirait que tu l’as eu ton sourire, finalement. » Je viens déglutir alors qu’il commence à parler de Lisa. « Elle l’aime son petit frère. Il faut dire qu’on a failli le perdre dès la naissance. Il est né avec deux mois d’avance. C'est à cause de... » Je viens prendre une grande inspiration avant de mettre ma main contre mon cœur, là où trônent les plaques militaires. Je viens donc ôter le collier avant de lui mettre dans sa main vacante. Plaques militaires et mon alliance.
Et c’est ainsi que la gêne revient à la charge. Je baisse donc la tête pour venir jouer avec mes mains. « Je te l’ai dit que… » Les larmes manquent d’affluer et je prends une profonde inspiration.
Et c’est généralement le moment où les hommes prennent la fuite. Quand tu leur apprends que non seulement t’es une mère de deux enfants et qu’en plus de ça, t’es veuve.
Youpi joie.







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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMer 22 Avr 2020 - 15:19

Keith Weddington a écrit:
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«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Je pensais réellement être quelqu'un de bien. Je me levais tous les matins depuis des années avec cette envie de faire les choses biens, de trouver le bon dans chaque situation que je pouvais traverser et d'égayer quelque peu les gens du fait de ma présence. J'avais fait de la droiture et de l'honnêteté des principes clés qui forgeaient jour après jour mes relations et l'image que je souhaitais refléter. Et pourtant je compris bien trop vite à mon goût qu'à force de mettre la barre trop haute, les gens attendaient beaucoup trop de nous. La chute était douloureuse et mon ego en prenait un coup. C’est ce que j’avais ressenti quand malgré tout ce que j’avais pu faire, Andréa avait appuyer sur la détente, sans aucune lueur de remord qui pouvait habiter ses yeux. Et la flamme qui jaillissaient de l’arme était venue éteindre celle qui habitait mon cœur.

J’avais mis longtemps pour accepter que la trahison d’Andréa ne fût pas de ma responsabilité. Quelques semaines qui s’étaient transformées en mois puis en année. Comment pouvait-on réellement vouloir abattre quelqu’un de sang froid après neuf ans de complicité ? Et depuis ce jour, toutes traces potentielles de relations avaient été éteintes par mes soins. Je m’étais renfermé, j’avais appliqué la fameuse méthode du « silence radio » et je m’étais surpris à me plonger corps et âme dans le travail. Les personnes qui avaient bravé cette tentative d’isolement se comptaient sur les doigts d’une main. Mais ce fussent ces derniers qui me permirent de reprendre le dessus sur le flux émotionnel incessant qui m’habitait. Mais rien ne pouvait ôter la méfiance extrême que je pouvais ressentir lorsqu’il s’agissait de s’ouvrir réellement à quelqu’un d’autres. Alors je m’ouvrais aux enfants, leur enviant bien souvent l’insouciance et la facilité avec laquelle les querelles peuvent leur passer par-dessus. Oui, il avait été extrêmement simple de tisser des liens avec la fille d’Eve sachant qu’elle me le rendait bien. Bien plus simple que de m’ouvrir à sa mère.

A priori cette difficulté était partagée, m’apercevant que les mots que j’avais pu prononcer venaient de créer une peine que je n’avais pas encore aperçu sur le visage de la jeune femme. J’aperçus ses mains se refermer plus fortement sur sa jambe comme si la force de la prise lui permettait de ne pas céder à ses propres démons. Seule la présence de Debussy réussissait à la calmer, signe que le chien était habitué à ce genre de réaction et qu’il savait pertinemment comment agir avec sa maîtresse, chose que je ne connaissais pas encore mais que je tâcherais de retenir. J’étais un homme de défi et même si mon silence venait ponctuer sa remarque, je ne retenais qu’une chose : elle avait besoin qu’on lui rappelle qu’un cœur battait en elle. Ce cœur qui – probablement – avait été détruit par le passé, comme tout un chacun. Cependant les blessures qu’elle semblait porter paraissaient plus fraîches, moins pansées et plus fragiles. La journée était trop belle pour venir remuer le couteau dans la plaie. Que ce soit pour elle comme pour moi. Vouloir percer sa carapace sous-entendait que la mienne risquait d’être brisée.

Pourtant, en lui demandant son lieu d’origine, je ne faisais que remettre un pied dans cette fourmilière que j’avais déjà commencé à ébranler. Elle était donc allemande, ce qui expliquait son léger accent, ses yeux bleus et ses cheveux blonds, sa peau porcelaine et sa petite taille. Un léger sourire se dessinait sur mes lèvres. Cela aurait dû me paraître évident tant elle était à l’opposée des femmes australiennes. Malgré tout, je me retins de faire une remarque sur son origine en l’apercevant baisser la tête tout en me livrant la suite de son histoire. Nous n’étions pas si différents l’un de l’autre d’un point de vue sentimental. Nos histoires se comptaient sur les doigts d’une main. Je me contentais d’acquiescer, faisant appel à mon empathie légendaire qui m’était utile quand je travaillais mais encore plus dans mes relations privées. Je posais mon regard sur la petite fille qui ne connaissait pas son père et qui pourtant semblait se faire à l’idée même de ne pas avoir de figure paternelle à ses côtés. J’avais vu les dérives que pouvaient réaliser ces familles monoparentales si tant est qu’elles étaient mal gérées. Le sentiment d’abandon, de revanche et de vengeance pouvait amener une personne à envisager le pire.

Et malgré tout, j’avais du mal à imaginer Lisa dans cette situation. « Détrompe-toi, je suis sûr qu’elle a bien plus de toi que de son père. Sa compassion et sa tendresse ne peuvent venir que d’une femme. » dis-je comme pour la rassurer tandis que je pivotais mon regard sur le petit garçon à présent. « La naïveté n’est pas forcément un défaut… Si tant est que l’on sache déjouer les personnes malveillantes qui pourraient en jouer… » Je laissais mes mots en suspens tandis que je posais mon regard enfin dans le sien. Dans combien de regard avais-je pu me perdre aussi facilement ? Dans combien de paroles pouvais-je me plonger sans trouver le temps trop long ? Je ne savais plus, l’exercice étant presque nouveau pour moi. Je resserrais la prise sur mes lunettes de soleil, la remerciant d’un signe de tête tandis qu’il était l’heure – mon heure – de se livrer au même exercice que la jeune femme. Et comme si mon ancienne profession pouvait être l’explication de bien des plaies que je portais, elle avait l’air d’être également l’origine de cette difficulté que j’éprouvais vis-à-vis du contact physique. « Je… Non, cela ne vient probablement pas de là… » argumentais-je en restant perturbé par l’utilisation du passé au sujet du père de J.J., utilisation verbale que je ne relevais pourtant pas, étant bien trop subjugué par le léger sourire qui venait de naître sur ses lèvres en oubliant même de poursuivre mes explications. Une artiste. Tout le contraire de celui que j’étais, très terre à terre. « Ce qui est bien c’est que tu as à côté de toi celui qui confond Picasso avec Warhol… Ne fuis pas face à mon ignominie » avouais-je avant de rire en écho avec elle. Mon surnom lui plaisait ? Je n’étais peut-être pas si mauvais en imagination. Et avant de ne pouvoir surenchérir, je sentis la légère tape fondre droit sur le haut de mon torse, m’arrachant un léger soupir surpris. Je fronçais les sourcils, la défiant du regard tandis que je me détournais d’elle, un air faussement boudeur tout en croisant les bras sur mon torse. « Sous-entends-tu que je suis froid et distant ? Et je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi pour porter déjà des prothèses de hanches en acier. » rouspétais-je sans tourner le regard vers elle, tentant de la faire culpabiliser, avant d’écarquiller les yeux, posant finalement mon regard dans le sien. « Mais… Je… Pourquoi ? » demandais-je en balbutiant.

Il n’y avait que peu de femmes qui avaient pu me toucher et même ma kinésithérapeute avait mis plus d’un mois et demi avant que mes réflexes ne disparaissent, étant toujours sur le qui-vive prêt à intervenir en cas de danger imminent. Mais il m’avait fallu un mois de plus pour comprendre que le toucher n’était pas un danger, venant de la part d’un professionnel de santé. Alors, autoriser une inconnue à poser ses mains sur moi ? Cela me semblait absolument impensable, à tel point que je crus que mon souffle s’était arrêté, que mon cœur ratait un battement et que je ne pouvais m’empêcher de scruter le moindre mouvement de ses mains. Comment pouvait-elle comprendre cette peur ? Personne ne le pouvait réellement et pour la première fois, mon obstination n’était pas catégorique. Après tout, il était peut-être temps de passer outre cette peur. Je tendis une main en direction de la jeune femme, venant poser le dos de cette dernière sur sa cuisse comme pour accueillir la sienne dans son creux. « Je… Prends cela comme un pas immense que je fais. » lui dis-je en basculant mon regard sur ma main tendue. « Et si seulement je refusais par peur de me faire briser le cœur, ce serait peut-être beaucoup plus simple à combattre » avouais-je à demi-mot tandis qu’un rictus presque fier se dessinait sur mes lèvres. Elle venait de sourire ET de rougir. Je ne pus m’empêcher de bomber le torse, fier d’avoir réussi en moins de temps que je ne l’avais imaginé et je lui offrais un clin d’œil en signe d’acquiescement. « Je n’ai pas eu besoin de te laisser me toucher au passage, tu n’es pas si compliquée à faire sourire tu sais ? » avouais-je avant de tourner un regard vers Lisa, m’apprêtant à la héler pour lui montrer le résultat de ce défi gagné. Pourtant les mots qu’Eve était en train de prononcer m’arrêtèrent net dans ma lancée. « Tu… Tu n’es pas obligée de le dire, je pense avoir compris sans même que tu l’explicites. » avouais-je en regardant les plaques militaires que je connaissais que trop bien pour en avoir croisé plusieurs.

Annoncer le décès d’un proche n’était jamais chose aisée, et j’avais eu de multitudes de décès à annoncer. Je pensais qu’avec l’expérience on se faisait à ce type d’exercice, mais c’était peine perdue. Il n’existait pas non plus de façon prédéfinie implacable pour faire accepter cette vérité. Tout un chacun réagissait différemment face au deuil et à la perte. J’attrapais la main d’Eve, posant les plaques dans cette dernière avant de les refermer par-dessus, un léger sourire désolé aux lèvres. « Si tu veux aborder le sujet, je t’écouterais… Si tu veux attendre, j’attendrais. » dis-je simplement comme pour la rassurer, m’apercevant de la venue des larmes au bord de ses yeux. « Je ne suis pas sûr qu’il y ait une cause véritable à ce surplus d’amour de Lisa pour son frère si ce n’est qu’elle a une âme d’enfant, pure et aimante. Et ça, elle le tient de son éducation, pas d’une crainte de perdre un être cher. » avouais-je en resserrant ma main sur celle d’Eve. « Je n’ai pas d’enfants, je suis peut-être mal placé pour en parler, mais j’en ai vu passer beaucoup dans mon service… Crois moi, tes enfants sont des anges » complétais-je d’une voix qui se voulait apaisante tandis que la foule commençait à se déplacer vers le nord du parc.

Mon regard se tourna subitement vers le bruit approchant du marchand ambulant aux alentours du chemin qui se trouvait derrière nous. J’observais Eve et les enfants et me leva soudainement, remettant mes lunettes au col de mon polo. « Je suis comme tes enfants probablement… Gourmand… Une glace, un beignet ? Et interdiction de refuser… J.J mangera quelque chose ? » demandais-je à destination de la jeune femme tout en pointant du doigt le marchant qui apparaissait à notre vue. Je me tournais vers Lisa et J.J, faisant un signe à la petite fille. « Dis Lisa, tu peux m’aider ? J’ai des glaces à récupérer et pas assez de mains pour les porter… Je suis grand, mais je ne suis pas un super-héros ! » riais-je en commençant à m’avancer vers la roulotte où les gens affluaient. J’observais du coin de l’œil la jeune fille qui me suivait enfin, sortant le portefeuille de la poche arrière de mon jean.

Après tout, il n’y avait rien de mieux que la gourmandise pour faire passer la peine.
Du moins c’est ce qui l’avait aidé à lui.

(c) DΛNDELION
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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMer 22 Avr 2020 - 19:18

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Un sourire. Je veux que tu fasses sourire maman. Je connaissais assez Lisa pour savoir ce qu’elle voulait dire avec cette litanie. Des sourires factices je peux en servir. J’en suis capable. Souris, Evelyn, sois gentille. Sois une enfant docile. Écoute-moi. Se mettre en rang avec les autres, bien coiffée, bien habillée et sourire. Pendant que les parents nous passaient en revue. Souris, Evelyn tu es maman. Ne pleure pas, cache ta peine. Oublie que tu existes. Efface-toi et souris pour ton enfant. Chéris-le. Toute ma vie, on m’a demandé de sourire. On m’a demandé d’arborer cette expression faciale sans se demander s’il était vrai ou non. Mais qu’est-ce qui peut nous trahir ? Qu’est-ce qui peut permettre à la personne qui nous parle de faire la différence entre un vrai et un faux sourire. Cette grimace qu’on rapporte au bonheur et qui peut signifier tant de choses.

Sourire, verbe intransitif.
1, Prendre une expression rieuse ou ironique par un léger mouvement de la bouche et des yeux.
2, Être agréable.

J’essayai de l’être au possible. A prendre en considération les autres et plus moi-même. je suis très douée pour m’effacer. Ne plus montrer que j’ai mal, ne plus mettre en avant ma douleur. La thérapie aurait pu m’aider, aurait pu me guider un pas derrière l’autre. Me réapprendre à marcher après les chutes que j’ai subies. Mais, non. Il n’y a que moi pour y palier. Pour faire en sorte que je dois être gentille, être douce. Alors qu’avec les autres, parler, m’ouvrir est difficile. Pas avec Keith. Je ne sais pas ce qu’il avait en lui de spécial pour que je décide de parler. Même si mon cœur saignait, même si j’essayai de ne pas montrer ma peine. Un cœur est avant tout un organe qui nous sert pour rester en vie. Quant à l’expression, elle est morte avec le décès de mon mari, parti trop tôt. Il s’est étiolé alors que mon fils était en couveuse pendant les deux premiers mois de sa vie et que le diagnostic de sa maladie tombait. Cyanose. Une maladie des poumons peu courante chez les nouveau-nés. Pourquoi votre fils a-t-il les lèvres de couleur bleu ? Pourquoi votre fils est-il si petit alors qu’il a deux ans ? Pourquoi touche-t-il tout ce qu’il trouve ? Pourquoi, pourquoi ? Tant de questions auxquelles je ne veux plus répondre. Au bord de l’implosion. Je ne suis plus maîtresse de mes émotions depuis que l’état de Jacob s’est aggravé.
Je ne gère plus rien.

« Détrompe-toi, je suis sûr qu’elle a bien plus de toi que de son père. Sa compassion et sa tendresse ne peuvent venir que d’une femme. La naïveté n’est pas forcément un défaut… Si tant est que l’on sache déjouer les personnes malveillantes qui pourraient en jouer… » Oh Keith. Seulement si tu savais de quoi sont capables les femmes ? « C’est faux. » Ma voix se veut plus sèche lorsque je repense au souvenir de la femme qui m’a abandonnée et de celle qui m’a élevée. Des femmes froides, dures. Des femmes pour qui les autres n’étaient que des parasites. « Une femme ne fait pas forcément preuve de compassion tout comme un homme n’est pas forcément dépourvu de tendresse. Tu en fais bien preuve envers des enfants que tu ne connais pas et envers moi. » Le sais-tu Keith ? As-tu conscience de ce trait de caractère que tu tentes de cacher bien malgré toi ? Je peux voir le regard que tu adresses à Jacob qui est sur des genoux et qui te regarde comme s’il essayait de voir ton âme. Peux-tu vraiment te montrer aussi catégorique envers la séparation des sexes ? « Quant à la naïveté, cela m’a pas mal déservi dans le passé. Je… j’ai tendance à m’attacher trop vite et on me piétine comme si je n’étais rien. Après tout, je suis si petite que je ne suis pas grand-chose. » Dans l’immensité de ce monde qui me fait peur. Qui m’effraie comme un croque-mitaine comme s’il voulait m’avaler avec mes enfants. Je tente de me protéger au mieux, Keith. Même si j’essaie de te toucher physiquement, je ne te laisse pas approcher du peu d’âme qu’il me reste. Car j’ai peur si tu savais. J’ai si peur que ça vrille mes sentiments, mon esprit et que les traits de mon angoisse sont palpables. « Je… Non, cela ne vient probablement pas de là… » Je déglutis alors que je ressens ton trouble, mon ami. Ton être te trahit. J’inspire profondément. « Si tu en connais la cause, tu m’en feras part quand tu voudras. Rien ne presse. » Je ne vais nulle part. Je resterai sur ce banc pour attendre tes réponses. Dans ma tête, je peux le voir se matérialiser. Mais j’ai peur de te laisser approcher car j’ai peur que tu fasses comme les autres.
Cette fichue peur de l’abandon.

« Ce qui est bien c’est que tu as à côté de toi celui qui confond Picasso avec Warhol… Ne fuis pas face à mon ignominie » Comme beaucoup de monde. Je viens avoir un petit sourire avant de dégager mon visage tandis que je plonge dans les tréfonds de ton regard. Je reste captivée par ses yeux si sombres. J’ai envie de toucher ta peau pour voir si elle est aussi douce qu’elle n’y paraît. Alors je me contente de lever la main sans pour autant la poser sur ton visage. Je ne sais pas pourquoi Keith refuse le contact. Je n’en ai aucune idée. Tout un tas de scénarios se jouent dans ma tête. Un manque de tacticité durant sa jeunesse, un traumatisme ou alors, le plus évident : je ne lui plais pas. « Sous-entends-tu que je suis froid et distant ? Et je ne suis pas beaucoup plus vieux que toi pour porter déjà des prothèses de hanches en acier. » La phrase qui a l’art de désamorcer une situation alors qu’un petit rire ne vient sortir de ma bouche malgré moi. « Non, je te comparai juste à Superman. Les muscles, la taille. L’homme d’acier. » Je pourrais me pencher pour déposer un baiser sur ta joue afin de te calmer mais je sais que ce contact te fera fuir. Alors, je viens me mordre la lèvre inférieure. « Mais… Je… Pourquoi ? » Je réfléchis à la réponse à cette question. Pourquoi est-ce que je veux te toucher ? La réponse est évidente certes. Mais c’est un peu trop tôt pour l’admettre. « Parce que tu verras qu’on peut… » Avec ce geste, je viens déplier mes doigts pour te les montrer. « … avoir de bonnes sensations par le contact physique. Que parfois, une caresse amicale peut soigner tous les maux. Et qu’il n’y a pas que la violence ou l’indifférence. » J’ai ceci comme une caresse, comme pour essayer de t’apaiser. « Je te l’ai dit, Keith. Je ne te ferai pas de mal. De même que je ne forcerai pas. ça viendra quand ça viendra. » J’ai un petit haussement d’épaules avant de détourner le regard, fuyant tes yeux si intenses.

Je viens fixer de nouveau un point imaginaire alors que Keith vient poser sa main sur la mienne. Je ressens la chaleur de ta main et pendant un instant, cette caresse apaise mon être. Pendant un instant, mon cœur se cale sur ta tendresse. Je sais d’avance que c’est un pas immense que nous faisons l’un vers l’autre. « Je… Prends cela comme un pas immense que je fais. Et si seulement je refusais par peur de me faire briser le cœur, ce serait peut-être beaucoup plus simple à combattre » Je viens doucement serrer ta main alors que j’ai conscience que ta peur est similaire à la mienne. « Je comprends, dis-je simplement. » Si tu savais ce dont j’avais peur Keith. Si tu savais que je suis actuellement en train de vivre on pire cauchemar, tu comprendrais mieux. « Je n’ai pas eu besoin de te laisser me toucher au passage, tu n’es pas si compliquée à faire sourire tu sais ? » J’ai un petit rire avant de secouer la tête. « Il y a plusieurs sortes de sourires, Keith. Si tu veux savoir si celui d’une femme est réel, regarde-la dans les yeux. » En outre, les miens sont factices depuis si longtemps que je ne sais pas s’il s’agit d’un vrai sourire ou non. « Tu ne peux pas mentir sur un contact physique. Mais tu peux le faire sur un simple sourire. Je t’accorde la victoire. » Mais dans le fond, tu n’as rien gagné du tout. Il faudrait déjà que je réapprenne ce que c’est que de rire avant d’en venir à sourire. Que je vois quelque chose de drôle. Je prends bien soin à détourner mon regard pour fuir, pour ne pas que tu vois que par ce petit rictus, je t’ai menti. T’accordant une victoire car tu me l’as demandé. Pour te faire plaisir. A toi et pas à moi. Mais dans le fond qu’ai-je fait pour moi dernièrement ? « Tu… Tu n’es pas obligée de le dire, je pense avoir compris sans même que tu l’explicites. »
Bien sûr que tu as compris.

« Je n’ai que 26 ans, murmurai-je avec des sanglots dans la voix, j’ai ces deux magnifiques enfants er je suis déjà v… foutue. » Car oui, je suis belle et bien foutue. Je ne sais pas ce qu’il t’est arrivé mais je suis fichue. Je sais d’avance qu’après le départ de Jacob dans seize ans, je resterai seule. Que ma vie n’a jamais été faite que de ça dans le fond. Et la perspective de ce futur m’effraie. Je n’ose pas le regarder alors qu’il vient poser les plaques dans le creux de ma main et que sa main reste sur la mienne. Je demeure la tête baissée. Consciente cependant que c’est un pas immense qu’il fait vers moi. Que tu fais, Keith. « Si tu veux aborder le sujet, je t’écouterais… Si tu veux attendre, j’attendrais. » Je hoche la tête avant de déglutir. J’ai la respiration coupée, incapable de prononcer le moindre mot tant j’essaie de contrôler mes sentiments. Mes sentiments contradictoires entre la joie de sentir ta main sur la mienne et la tristesse de me remémorer le décès de mon mari. La femme est un être paradoxal, Keith. Et surtout, elle ne sait pas ce qu’elle veut. « Je ne suis pas sûr qu’il y ait une cause véritable à ce surplus d’amour de Lisa pour son frère si ce n’est qu’elle a une âme d’enfant, pure et aimante. Et ça, elle le tient de son éducation, pas d’une crainte de perdre un être cher. » Je raidis à mesure que les gens passent à côté de nous, comme figée. Ma poigne se raffermit sur la tienne alors que je vins admirer mes chaussures. « Je n’ai pas d’enfants, je suis peut-être mal placé pour en parler, mais j’en ai vu passer beaucoup dans mon service… Crois moi, tes enfants sont des anges » J’ai un léger sourire triste avant de relever la tête pour ne pas oser croiser ton regard. « Danke… » Je suis une belle hypocrite à te demander de me toucher alors que je n’ose pas faire face au miroir de l’âme. Car je reste certaine que le regard est le miroir de l’âme.
Puis le contact est rompu.

Je n’ai pas le temps de réagir que Keith est debout devant moi. Je viens alors relever la tête pour tenter de comprendre ce revirement de situation. Vas-tu me fuir ? « Je suis comme tes enfants probablement… Gourmand… Une glace, un beignet ? Et interdiction de refuser… J.J mangera quelque chose ? » Je suis le doigt de Keith pour voir le marchant de confiseries ainsi que le monde qui commençait à affluer. Prise au dépourvu devant ma phobie, je vins faire un bond pour tomber du banc. « Je… pr… prends-nous deux boules dans un petit… petit pot. » Lisa semble avoir senti la crise pointer le bout de son nez car elle s’approcha avant même que Keith ne la hèle. Ma fille vint poser sa main sur mon épaule comme pour m’adjoindre de me calmer. « Dis Lisa, tu peux m’aider ? J’ai des glaces à récupérer et pas assez de mains pour les porter… Je suis grand, mais je ne suis pas un super-héros ! »

Lisa hocha la tête avant d’interroger sa mère du regard. Eve semblait tétanisée par les gens qui les entouraient. La fillette avait compris la maladie qui rongeait Evelyn depuis la disparition de Jacob. Elle l’entendait pleurer la nuit. Alors elle interrogea cette femme qu’elle admira qui lui fit un signe de tête pour suivre Keith. Un regard silencieux entre mère et fille. Je vais bien, tu peux y aller. Cependant, la fillette préféra appeler son petit frère et les chiens à la rescousse pour réconforter sa maman. Puis enfin, elle suivit le géant jusqu’au marchant de friandises. « Maman a peur de sortir. » Les gens pensaient qu’elle était froide lorsqu’elle parlait. Car même si Evelyn la comparait à son père, la blondinette tenait plus d’elle que de Pierre. Elle ne parlait que très peu. « Elle est très malade. Mais Eve ne le montre pas. Elle a tendance à s’oublier pour faire plaisir à Jaja et moi. » Un discours d’adulte pour une enfant. Qu’elle tenait mot pour mot d’une amie de sa mère qu’elle avait entendu lors d’une discussion avec l’allemande. « Mais elle t’aime bien. » La fillette poussa un soupir audible avant de passer une main dans ses cheveux blonds comme les blés. Elle avait plein d’herbe sur sa robe et dans ses chaussures. « Je suis comme toi. J’ai entendu quand tu disais que tu n’aimais pas qu’on te touche. Je déteste ça aussi. » Lisa fit une moue dégoutée avant de voir les autres enfants passer à côté d’elle. Ils semblaient si différents d’elle. Alors que la jeune fille n’avait que six ans, elle se sentait parfois plus âgée. Et ne cessait de le rappeler à âme qui vive. Soucieuse du bien-être de sa mère, elle se tourna pour voir qu’Eve tenait fermement son fils dans ses bras et qu’elle avait enfoui son visage dans les cheveux bouclés du cadet. Comme si elle cherchait à cacher ses larmes. La petite fille secoua la tête dépitée avant de voir que son frère la regardait. Comme pour les supplier de revenir. Elle savait pourquoi.
Sa mère était en train de pleurer dans les bras du petit garçon. Et Lisa savait pourquoi.
Et sur le coup la gamine s’en voulut d’avoir insisté pour que toute la famille sorte même si ça leur avait permis de tomber sur Keith.
« Je t’aime bien aussi. T’as l’air sympa. Prends du chocolat. Maman va en avoir besoin. » Elle savait que c’était la seule chose qui pourrait chasser les larmes de sa mère. Ça et les fêtes foraines. Mais il n’y en avait pas dans le coin donc on fera avec ce qu’on a.







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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMar 5 Mai 2020 - 20:46

C'est une belle journée
@Eve Zimmer & Keith

«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Je n’avais jamais eu de réelles facilités pour m’ouvrir aux autres. Il s’agissait bien souvent de ces mêmes personnes qui venaient forcer les verrous de mon cœur et de mes pensées. C’était ce qu’il s’était passé à la mort de mes parents avec Hayden, ma meilleure amie. Elle avait poussé la porte de ce fort que je gardais précieusement et avec persévérance et patience, m’avait obligé à me livrer. Cela avait été différent avec Danika, elle qui m’avait vu grandir, devenir un homme et qui probablement me connaissait bien mieux que je ne pouvais l’imaginer. Enfin, penser à ces deux femmes était peut-être déplacé, étant donné que je leur avais réservé le même sort à l’une comme à l’autre : le poids de mon silence et de mon absence. Puis à côté de cela, il y avait Eve. Celle avec qui parler me semblait naturel tout comme l’écouter. Et elle semblait en avoir besoin de l’écoute.

Sa voix s’était voulue tranchante quand j’avais évoqué la douceur des femmes. Et elle décida de détruire tout stéréotype possible différenciant la dureté d’un homme à la douceur d’une femme. J’en étais à priori la preuve même. J’haussais les épaules en guise de réponse, étant persuadé que le sujet risquait d’être légèrement animé si nous défendions deux positions différentes. Et je n’étais pas prêt pour rentrer dans un débat sur ce genre d’idéologie. Je voulais profiter du moment que le temps était en train de nous offrir. C’était surtout une parenthèse délicate dans le tourment qui me prenait actuellement. Pourtant je ne pouvais pas la regarder se dénigrer sans broncher. « Pas grand-chose ? Tu es une maman, c’est déjà une grande chose… ». Je la remerciais d’un léger sourire d’accepter de ne pas me presser, ni même me forcer. J’étais quelqu’un qui avait besoin de temps, besoin d’espace et d’être à l’initiative des choses. Et seul le temps me permettait de me sentir assez en confiance pour livrer une part aussi importante de mon histoire que je n’arrivais encore pas à admettre malgré tout. Fort heureusement, la discussion était fluide et le sujet changeait bien rapidement.

Mon ignorance au niveau de l’art semblait la faire sourire et le surnom qu’elle venait de m’offrir m’arracha à mon tour un sourire. Superman donc. J’en avais la couleur des cheveux mais ma carrure était bien loin de celle du super-héros en réalité. Combien avais-je perdu ? Cinq ou dix kilos de muscles ? Je me sentais ramolli et pourtant je restais toujours imposant. Je lui offrais une moue déconfite, peu convaincu par ce surnom avant de rester bloquer sur sa main qui se tendait dans ma direction. Allait-elle retenter l’expérience alors qu’elle venait de me donner du temps selon ses dires. Une fois de plus, je sentais mon corps se raidir, sans pour autant entamer de mouvement de recul, bien trop occupé à garder un œil sur sa main qui se mouvait. Ses paroles se voulaient rassurantes et pourtant je ne réussissais pas à passer outre cette peur qui me tirailler. On m’avait trahi, j’étais meurtri et la plaie était toujours béante. « Aussi délicat puisse-t-il être, aussi salvateur, aussi bienveillant… il y a une part de moi qui pour l’instant n’accepte pas cette initiative. Je ne sais pas ce qui bloque, je sais simplement que j’ai besoin d’avancer à mon rythme… » avouais-je tandis que j’étais à l’initiative du premier geste dans sa direction.

Son sourire semblait si réel que sa remarque m’étonna. N’avais-je pas réussi à obtenir un sourire sincère ? Rien que l’idée qu’elle puisse se cacher derrière ces faux-semblants m’étonnait. Et pourtant ses mots n’avaient pas d’autres sens possible que celui-ci. Mon regard se posa dans le bleu turquoise du sien, m’arrachant un léger sourire face à tant de profondeur. Mais surtout parce que j’avais gagné ce défi que sa fille m’avait proposé. J’étais et restais un joueur dans l’âme et ce jeu ne faisait de mal à personne. Pourtant comme un orage pointant le bout de son nez, le sourire laissa bien trop vite place aux sanglots. Ving-six ans. Son âge me laissait presque sans voix mais depuis quand un nombre s’avérait être révélateur de la personne qu’on avait en face de soi ? Pouvais-je réellement la juger sans connaître le quart de sa vie passée ? Je niais d’un signe de tête à sa remarque, reposant avec délicatesse les plaques auparavant transmises. « Tu n’es pas foutue. Es-tu fataliste ? Ou de celles qui croient en la destinée ? » demandais-je intrigué. Puis comme avançant en pleine tempête et sans réellement comprendre, je m’aperçus du changement de son regard. J’acquiesçais inquiet tout en observant la scène entre la mère et sa fille, comme si la petite fille était habituée à gérer ce genre de crise. Je tendais la main à l’enfant, l’écoutant attentivement. Elle était donc agoraphobe. Tout s’expliquait et tandis que je restais surpris par la maturité de Lisa, je m’arrêtais au bout de la queue, gardant mon regard entre Lisa et sa mère que j’apercevais accroupie avec Jacob dans les bras. « Tu as une mère formidable tu sais ? Et elle a de la chance d’avoir une grande fille comme toi… » avouais-je en attendant les bras croisés. « Et je l’aime bien aussi… Ne t’inquiète pas pour ça ! » répondis-je en m’avançant vers le glacier. « Bonjour alors je vais vous prendre deux boules chocolat dans un pot, puis une boule vanille, une boule caramel dans un cornet et pour la demoiselle… » m’arrêtais-je pour laisser Lisa passer sa commande.

Je me reculais pour contourner la petite fille, glissant un billet pour régler notre commande avant de la récupérer et d’effectuer le trajet inverse, en souriant au compliment de Lisa. « C’est gentil ça ! Allez, rejoignons ta maman pour ne pas la laisser trop longtemps toute seule… Et avant que les glaces ne fondent ! » répondis-je en accélérant le pas. Une fois à proximité de la jeune femme, je m’asseyais dans l’herbe face à elle, Ruby venant directement entre mes jambes me faire la fête, m’arrachant un rire. « Ruby, calme-toi… » murmurais-je avant de tendre le pot en direction d’Eve. « Tiens… Il parait que le chocolat était nécessaire… C’est Lisa qui m’a aidé… » avouais-je en montrant la petite fille d’un mouvement de tête dans un léger sourire désolé. « Je ne savais pas que tu avais la phobie de la foule… Tu aurais du me le dire, on aurait été dans un endroit un peu plus reculé… Je ne voulais pas te… » je m’arrêtais, observant l’une de mes boules de glace tombée du cornet bien aidé par la truffe de Ruby. « Mais ce n’est pas possible ! » soupirais-je en penchant la tête en arrière. « Elle est impossible quand elle s’y met… Tu ne saurais pas comment lui faire passer sa fougue soudaine… » ironisais-je en attrapant Ruby pour la transférer à l’opposée de la glace tombée. « Adieu la vanille… » soupirais-je, une moue faussement mécontente. « Tu… tu veux peut-être rentrer chez toi ? Si tu ne te sens pas bien, je comprendrais… Je pourrais peut-être même te raccompagner si cela ne te dérange pas. Ou alors on peut aller se mettre à l’ombre du saule, il y a l’air d’avoir moins de monde… » tentais-je pour la mettre à l’aise. Je glissais ma cuillère dans ma glace, portant la bouchée soudainement avant de grimacer, puis frissonner en sentant la glace passée dans mon œsophage. Je lui souriais légèrement, me voulant rassurant avant de tendre un doigt vers le petit lac qui se trouvait à l’horizon. « Tu vois par exemple… Je n’irais jamais la-bas… J’ai la phobie des oies…Enfin de tout ce qui est volatile dans ce genre… Et oui, on peut être Superman et avoir peur aussi… ».

Peut-être qu’en lui avouant à mon tour mes peurs, cela lui changerait les idées. Car à priori depuis le début, je ne réussissais pas forcément à la mettre à l’aise, alors je n’étais pas le plus enjoué de la voir pleurer.


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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyMer 6 Mai 2020 - 1:02

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Les phobies. D’où nous viennent nos peurs irrationnelles ? Pourquoi a-t-on peur du vide ? Des serpents ? Ou encore du monde ? J’ai toujours rêvé de pouvoir me mêler à la foule. De pouvoir trouver mes pairs, les regarder, voir leurs différences, leurs ressemblances. Mais avec la perte du seul être qui comptait pour moi. avec ce vide qu’il a laissé dans ma vie. J’ai pris peur. Cette peur irrationnelle du monde. Des gens qui m’entourent. Des gens qui discutent avec moi. les parcs sont sources de terreur. Elles sont la source de toutes mes angoisses. Mais je ne peux pas priver mes enfants parce que je suis foutue. Parce que j’ai cette peur irrationnelle qui vrille mes sens et mon cœur. Parce que j’ai peur.
Peur de vivre à nouveau.
Peur de vivre sans lui.

Peur, tout court.

Je ne sais pas d’où me vient cette facilité que j’ai à discuter avec Keith. sans doute parce qu’il sait m’écouter, sans me juger. Il est parfois plus facile de se confier à un véritable inconnu qu’à quelqu’un de notre entourage. Le mien est assez restreint. Je laisse très peu de personnes m’approcher. Envahir mon espace personnel. Car ma peur la plus profonde peut ressortir à tout instant et me prendre au ventre. Celle d’être vue et que la personne en face décide que je n’en valais pas la peine. Que je devais demeurer seule, invisible du commun des mortels. Je ne sais pas si tu comprendras Keith, cette peur qui m’anime depuis toujours. Depuis que mes parents ont décidé que je n’en valais pas la peine, que je devais rester dans cet orphelinat jusqu’à l’âge fatidique de ma majorité. Jusqu’à mon diplôme où j’ai quitté l’Allemagne chérie pour la France. Pour revenir tel un boomerang à mon lieu de départ. Je sais qu’un jour, j’y retournerai. Car c’est là qu’est ma place. Je n’appartiens pas à l’Australie. Jamais.

« Pas grand-chose ? Tu es une maman, c’est déjà une grande chose… ». Une maman. Ainsi on me réduit à ce titre honorifique. Sous prétexte que j’ai donné la vie, je ne suis plus une femme. Mais une mère. Mère de deux enfants. Condamnée à cette solitude forcée pour le bien-être de mes enfants. Je ne désire pas leur présenter des hommes pour que ceux-ci fuient ma vie dès qu’ils apprennent ma folie. Ma peur de la foule, ma peur de respirer à nouveau. ma peur de se faire et d’aimer à nouveau. « J’ai été abandonnée à la naissance, confiai-je. » Bien que ce secret n’en soit pas un. Pas plus que la paternité différente de mes deux rejetons. Certains me cataloguent comme étant une fille facile. Comme étant une femme à hommes car j’ai eu le malheur de connaitre deux amants et de tomber enceinte de chacun d’eux. Sans doute est-ce ça qui m’empêche de partager quelques moments d’intimité avec quelqu’un d’autre. Cette peur d’une nouvelle grossesse, de tromper mon mari et de l’oublier. « Quand je suis tombée enceinte de Lisa, j’avais le choix. Avorter ou la garder. J’ai su dès… que son cœur a émis un bruit qu’elle était à moi. Que je ne l’abandonnerai pas. C’est pas si grand tu sais. C’est juste différent. Tu ne vis plus pour toi dès que tu as un enfant. tu vis pour lui. » Mon discours est sans doute un brin fataliste, philosophique pour le lieu et le contexte de cette rencontre. Mais je voulais qu’il comprenne, que tu comprennes que mes choix ne me sont plus dictés par mon propre égocentrisme.

« Aussi délicat puisse-t-il être, aussi salvateur, aussi bienveillant… il y a une part de moi qui pour l’instant n’accepte pas cette initiative. Je ne sais pas ce qui bloque, je sais simplement que j’ai besoin d’avancer à mon rythme… » Je peux comprendre, Keith. Je viens hocher la tête alors pour appuyer tes propos. Je me heurte de nouveau à la froideur de ce pays. Au fait que ses habitants sont si différents de ce que j’ai connu. Pendant deux ans, j’ai vécu en marge de cette société. J’ai attendu de voir. Et maintenant que je saute dans le grand bain, je me rends compte que la température ne me convient pas. sans doute devrais-je retourner chez moi ? L’idée s’imisce de plus en plus dans mon cerveau gangréné par l’agoraphobie et je songe à tout quitter. Je viens reposer ma main qui pianotait dans les airs avant de venir me confier sur la teneur des sourires. Sur ce qu’il représentait. Il faut sourire, il faut montrer au monde que tu vas bien. Le monde ne se soucie pas des problèmes des autres, il vit une véritable utopie. Je veux bien croire que Keith est différent mais je ne le connais pas. bien que je demeure naïve, je veux rester prudente. Même si laisser entrer quelqu’un dans ma vie ne peut pas me briser le cœur. Ce cœur chimérique qui ne m’appartient plus depuis quelques temps. Mon regard accroche celui de mon interlocuteur et je reste un moment sans rien dire. « Tu n’es pas foutue. Es-tu fataliste ? Ou de celles qui croient en la destinée ? » Je viens réfléchir au sens de sa question. « Tu ne me connais pas, dis-je d’une voix douce. Si tu savais, je pense que tu fuirais à grands pas. » Je le regarde se lever, rompant le contact alors que Lisa s’approche de moi.

La gamine n’a que six ans mais elle comprend comment tout fonctionne. Sa maman commençait à s’agiter et elle comprenait pourquoi. Eve avait peur. Lisa vient donc à suivre Keith. Cet homme qu’elle n’avait vu que de rares fois. Elle l’examina de la tête aux pieds avant de voir que le regard de l’homme dérivait instinctivement vers Evelyn qui était restée sur le banc avec Jacob et les chiens. « Tu as une mère formidable tu sais ? Et elle a de la chance d’avoir une grande fille comme toi… » Bien sûr qu’elle le savait. Elle voyait les autres mères dans la cour de l’école. Lisa pouvait voir les mamans hurler sur leurs enfants, les détester, en avoir marre. Mais Eve a toujours fait passer les enfants en premier. La petite choisit de ne pas répondre au géant. Car cela serait futile et qu’elle n’est pas bavarde. « Et je l’aime bien aussi… Ne t’inquiète pas pour ça ! » Bien sûr qu’elle s’inquiète. Eve ne s’est laissée aller que très peu de fois dans sa vie. Et il n’y a pas beaucoup d’hommes dans sa vie. Elle avait entendu parler d’un certain avec qui sa mère discutait tard le soir. « Tant mieux, dit-elle en regardant l’adulte. » Puis, elle constata le changement chez sa mère. La tête cachée dans le cou de son cadet, signe qu’Eve était en train de pleurer. La panique peut faire de drôles de choses aux adultes. « Bonjour, une boule à la vanille s’il vous plaît. » Sa voix demeurait imperturbable alors qu’elle suivit Keith jusqu’au restant de sa famille.

J’avais le nez dans le cou de J.J qui gazouillait tout contre mon oreille. Je n’osai pas relever la tête alors que Keith s’approchait. Lisa vint se poser près de moi pour venir poser sa main libre sur la mienne. la chienne de Keith lui fit la fête alors que je pris une profonde inspiration. Je souris faiblement en prenant le pot avant de déglutir. « Merci, dis-je sommairement. » J’étais gênée de ressentir cette peur. De voir les gens affluer autour de nous et d’avoir l’impression d’étouffer. C’est comme si une main invisible venait compresser ma gorge. « Je ne savais pas que tu avais la phobie de la foule… Tu aurais du me le dire, on aurait été dans un endroit un peu plus reculé… Je ne voulais pas te… » Me quoi ? Je vins prendre une serviette pour me sécher les larmes alors que je laissais le soin à Jacob de se servir dans le pot. Je vins rire tristement à la scène qui se jouait devant moi. De l’extérieur on pourrait nous prendre pour une famille alors que nous étions en train de tisser un lien amical. J’essaie de visualiser la couleur du lien qui pourrait ressortir de Keith. Quelle couleur apporteras-tu à mon arc-en-ciel de couleur ? « C’est un berger australien, tu peux l’emmener à l’agility, lui dis-je platement alors que Jacob vint me tendre une cuillère de chocolat. » Lisa mangeait en silence tout en donnant également le cornet à Chopin de temps en temps. « Tu… tu veux peut-être rentrer chez toi ? Si tu ne te sens pas bien, je comprendrais… Je pourrais peut-être même te raccompagner si cela ne te dérange pas. Ou alors on peut aller se mettre à l’ombre du saule, il y a l’air d’avoir moins de monde… » Je vins regarder les alentours avant de venir sourire à Keith. Un vrai sourire pour la première fois depuis le début de cette conversation. « le saule me semble parfait. mais laissons les enfants finir leurs glaces d’abord. Je vais bien. » Mensonge éhonté. Mais je devais apprendre à vaincre ma phobie. Je devais apprendre à tenir le plus longtemps possible. « Tu vois par exemple… Je n’irais jamais la-bas… J’ai la phobie des oies…Enfin de tout ce qui est volatile dans ce genre… Et oui, on peut être Superman et avoir peur aussi… » Lisa éclate de rire à la confession de Keith qui me fait sourire. Je vins me mettre sur mes pieds après que J.J soit descendu pour venir jeter le pot à la poubelle. « C’est ta kryptonite en fait ? Après je te comprends, les oies sont de méchants volatiles. Je me suis faite courser par un jard une fois. C’était pas drôle du tout. Je te rassure si tu viens un jour à la maison, nous n’en avons pas. » Je me baisse pour venir humidifier une serviette et nettoyer le visage de Jacob qui est plein de chocolat avant d’essayer de faire la même chose aux chiens. Debussy en a partout. Subitement les trois chiens me foncent dessus pour me plaquer au sol avant d’être suivis par mes deux enfants qui s’affalent sur moi. « Au secours à l’aide, dis-je en riant alors que Lisa venait me serrer le cou. » Une coutume après chaque crise. De venir faire un câlin collectif. Je me redresse une fois les tornades passées pour me tourner vers Keith. « Merci pour ton aide, Superman. »
J’éclate d’un rire franc alors que mon regard s’attarde sur le sien un instant. Pour venir détourner les yeux, gênée. Je me lève pour venir attendre qu’il me mène jusqu’au saule gentiment proposé. C’était définitivement une belle journée.








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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyJeu 7 Mai 2020 - 19:11

C'est une belle journée
@Eve Zimmer & Keith

«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas passé une journée si agréable, ensoleillée, à savourer le bienfait du soleil brisbanais. Puis c’était d’autant plus agréable quand la compagnie suivait. J’étais surpris de ne pas avoir appris à connaître Eve bien plus tôt quand nous nous croisions au refuge, avant que je ne récupère Ruby. J’étais bien entendu quelqu’un de discret surtout dans ma situation actuelle et je ne réussissais pas à passer outre le fait que les femmes, aussi tendre puisse-t-elle être, restaient des risques. J’avais déjà pris trois balles, le proverbe était complété, pas besoin d’y retourner. Pourtant Eve ne me semblait pas de ce genre ci. Pas de celles qui se donnent un air pour exister. Pas de celles qui seraient capables de vous poignarder dans votre sommeil pour hériter. Pas de celles qui prendraient la moindre information pour un jour vous planter avec, vous laissant là, pour ainsi dire pour mort. J’avais envie de lui faire confiance, à elle et ses deux enfants : Lisa et Jacob. Car rien ne laissait présager dans l’attitude des enfants qu’ils puissent me faire regretter ma bienveillance vis-à-vis d’eux même comme de leur mère. Impossible face à temps d’insouciance. Du moins c’était avant que je fasse le peu de trajet nous séparant du marchant ambulant avec Lisa.
J’étais resté silencieux face aux révélations de sa mère, ne sachant réellement que dire face à cette histoire qui me paraissait si terrible. Comment quelqu’un pouvait abandonner un enfant à la naissance ? Et demander à une future mère d’avorter ? Non, je ne réussissais pas à comprendre ce principe, étant même effaré et au risque de me montrer désintéressé, je n’avais pas répondu. Je ne voulais aucune maladresse, aucune blessure. Car je me connaissais, j’aurais été capable d’avoir des mots qui – sortis de leur contexte – auraient une portée toute autre que mes pensées. Mais fuir ? Pensait-elle que je fuirais vraiment ? N’étais-je pas en train de lui prouver le contraire en revenant vers elle, nos deux glaces à la main ? Je lui souriais légèrement, frottant la tête du petit garçon avec délicatesse. « Avec plaisir ».

Je me voulais rassurant, bien conscient que la jeune femme devait traverser un enfer si elle n’appréciait pas la foule. Et quoi de mieux que de parler de quelque chose que je savais qu’elle appréciait ? Je profitais du quart d’heures de folie de ma chienne, la ramenant à mes côtés avant qu’elle ne vienne massacrer mon cornet de glace. Elle avait besoin de se défouler, et je ne savais plus quoi faire pour réussir à canaliser son énergie, étant moi-même dépourvu de motivation. « L’agility ? Tu veux ma mort ? » riais-je légèrement. « Ou alors je te regarde faire le parcours avec elle, et je m’occupe des enfants ! Marché conclu ! » ironisais-je en faisant mine de serrer la patte de Ruby comme pour imager mes propos dans un rire léger. « Non, je plaisante, ton idée est pas mal, mais j’ai peur qu’elle ait vraiment trop d’énergie pour moi malgré tout… » avouais-je en pointant mon épaule du doigt. « Je suis en rééducation… » mentis-je en reprenant « J’ai encore pas mal de boulot à faire… Mais je ne désespère pas qu’elle puisse m’aider à avancer ! » A vrai dire, c’est même pour cela que je l’ai adopté, n’ayant jamais connu plus d’un an seul. Dès mon plus jeune âge, mon père m’avait offert un chiot et depuis ce jour, je m’étais découvert une passion pour cette race de berger australien. C’était actuellement l’une des seules choses qui me changeait les esprits. Ca et la nourriture. Sauf quand Ruby décidait de venir manger ce qui était destiné à mon estomac. J’observais Chopin qui semblait apprécier fortement la glace de la petite fille, m’arrachant un rire avant d’acquiescer à la demande d’Eve. « Va pour le saule quand Tom-tom et Nana auront fini leur glace » ironisais-je en tirant la langue en direction d’Eve, voulant surtout détendre l’atmosphère. « Si tu me dis que tout va bien, je n’ai pas d’autres choix que de te croire n’est-ce pas ? Sauf si tu me permets de douter, et dans ce cas là je te dirais que tu n’es pas la meilleure des comédiennes pour cacher ton malaise… » conclus-je en finissant ma glace à mon tour, fusillant la petite fille qui venait de rire à ma confidence. « Depuis quand il est autorisé de se moquer des super-héros ? » demandais-je en bombant le torse, faisant une mine renfrognée avant de me tourner vers la petite fille. « Tu vois, même ta maman dis que ce ne sont pas des animaux gentils ! » ripostais-je tel un grand enfant tout en souriant à la jeune femme. « Me voilà donc rassuré… qui aurait des animaux si étranges chez soi ? » demandais-je surpris avant de rester estomaqué face aux trois chiens qui décidaient de se jeter sur Eve. La scène était impressionnante tant le gabarit de la jeune femme était frêle à coté des trois mastodontes et des deux enfants qui étaient en train de s’étreindre.

J’étais tellement surpris que j’étais resté immobile face à la scène, repoussant ses remerciements d’une main une fois son corps lâché par ce câlin improvisé. « Ne me remercie pas, tout le plaisir est pour moi » répondis-je avant de rire, tendant une main pour l’aider à se relever. « Ca va ? Rien de casser ? J’ai cru qu’ils allaient t’écraser… » avouais-je en riant tout en commençant à marcher dans la direction du saule. J’observais Ruby qui était à mes côtés et attrapa la main de Jacob. « Tu restes là bonhomme, à côté de nous. » dis-je en l’incluant entre sa mère et moi-même, relevant le regard vers Eve. « On ne sait jamais, tu lui as déjà couru après une fois … » riais-je en marchant tranquillement. « Depuis quand aides-tu au refuge au fait ? Je ne te l’ai jamais réellement demandé je crois… En même temps, si tel est le cas, je suis un peu tête en l’air depuis l’accident… » avouais-je tandis que je m’installais enfin à l’ombre du saule, à l’abri des regards indiscrets et de la foule envahissante.

Un petit coin de tranquillité.



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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyDim 7 Juin 2020 - 15:55

C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, qui s'achève. Donne l'envie d'aimer, mais, je vais me coucher. Mordre l'éternité, à dents pleines. C'est une belle journée. Je vais me coucher. Une si belle journée, souveraine. Donne, l'envie de paix. Voir des anges à mes pieds, mais. Je vais me coucher, m'f'aire la belle (Mylène Farmer, C'est une belle journée )
☆ Keith & Eve ☆

Passer une bonne journée, cela faisait souvent que je n’en avais pas eu une bonne. Constamment à m’inquiéter pour les enfants, à travailler. J’ai rarement le temps de me poser et de prendre profondes inspirations pour jouir de la vie. Je pense que la dernière fois remonte à mon séjour en France. J’ai parfois envie d’y retourner. J’étais heureuse en France. Car même si Pierre m’avait laissée tomber, je n’ai pas eu cette peine franche où j’avais cette impression qu’on m’avait arraché le cœur. Je ne le sentais plus. Je ne sentais plus cette joie palpable, le premier émoi depuis la mort de Jacob. J’ai cru le ressentir lorsque je me suis retrouvée en présence de Kieran mais le fait que je ressemble à son ex, j’étais perdue. Lorsque Keith revint avec ma fille, il me sortit de mes pensées et j’eus un sourire de convenance. Toujours mentir, toujours faire semblant. Je le regardai alors que son chien vint lui sauter dessus pour faire tomber sa boule de glace. J’eus un petit rire alors que J.J demeurait sur mes genoux. « L’agility ? Tu veux ma mort ? » Je fronce le nez avant de tourner la tête vers mon nouvel ami. « Ou alors je te regarde faire le parcours avec elle, et je m’occupe des enfants ! Marché conclu ! » Je vins rire alors que Chopin vint lécher le cornet de ma fille. « Ce n’est pas si fatigant que ça. Je l’ai fait pour Chopin mais je veux bien m’en charger pour la jolie Ruby. » Je me penchai pour venir caresser le poil soyeux de Ruby qui me regardait, langue pendante. « Il faut qu’elle se dépense donc ça sera sans problèmes pour moi. Et Lisa s’y connait en agility donc tu n’auras sous ta garde que le petit. » J.J mangeait sa glace de manière gloutonne. Il s’en mettait vraiment partout. « Non, je plaisante, ton idée est pas mal, mais j’ai peur qu’elle ait vraiment trop d’énergie pour moi malgré tout… » Je le regarde me montrer son épaule du doigt avant de faire le lien. « Je suis en rééducation… » J’eus un petit sourire désolé alors que je caressai les cheveux du petit qui continuait à tout dévorer. Je ne mangeai que très peu depuis quelques temps. « J’ai encore pas mal de boulot à faire… Mais je ne désespère pas qu’elle puisse m’aider à avancer ! » Je vins passer une main dans mes cheveux. D’ordinaire, j’aurai posé ma main sur sa cuisse pour le réconforter mais vu que le contact physique le révulsait. Je me contentai de hocher la tête. « Je t’aiderai avec Ruby. Ne t’inquiètes pas. » J’avais dit ceci d’une voix douce comme pour l’apaiser et le réconforter.

« Va pour le saule quand Tom-tom et Nana auront fini leur glace » J.J se mit à babiller alors qu’il avait la bouche tartinée de chocolat. Je vins donc l’essuyer avant de me tourner vers Lisa qui partageait un moment intime avec son chien. Dans ces moment-là, je me sentais bien seule. Keith avec Ruby, Lisa et son chien. Debussy et moi semblions si vieux sur le coup. « Si tu me dis que tout va bien, je n’ai pas d’autres choix que de te croire n’est-ce pas ? Sauf si tu me permets de douter, et dans ce cas là je te dirais que tu n’es pas la meilleure des comédiennes pour cacher ton malaise… » Je souris avant de baisser la tête pour voler la cuillère des mains de mon fils. « Cela demande des années d’entrainement. Donc tu ne sauras jamais la vérité. Le pouvoir d’une mère. » je vins secouer la tête et grimacer pour le faire rire à nouveau. « Depuis quand il est autorisé de se moquer des super-héros ? » Nous rigolons toutes les deux en le regardant bomber le torse fièrement. Il ne lui manquait plus que les collants. « Tu vois, même ta maman dis que ce ne sont pas des animaux gentils ! » Lisa soupira avant de retourner à son chien. Pour ma part, je me contentai de rester silencieuse. De ne rien dire car cela serait inutile. « Me voilà donc rassuré… qui aurait des animaux si étranges chez soi ? »

Je n’eus pas le temps de répondre que tous les chiens ainsi que les enfants se jetèrent sur moi. j’éclatai de rire avant d’avoir la respiration coupée à cause de la masse des chiens. La scène ne doit durer que cinq minutes. Je me redresse donc un peu sonnée avant de venir ôter un brin d’herbe de mes cheveux. « Ne me remercie pas, tout le plaisir est pour moi » Je viens saisir sa main avant de me relever pour me masser la nuque. « Ca va ? Rien de casser ? J’ai cru qu’ils allaient t’écraser… » Je lui donne un coup d’épaules avant d’éclater de rire. « ça va. Ils me font le coup tout le temps. Je suis plus coriace que je n’en ai l’air. » Je dodeline un peu de la tête avant de le suivre jusqu’au saule. Keith attrape la main de J.J qui nous suit docilement avant que je ne vienne prendre place. « Depuis quand aides-tu au refuge au fait ? Je ne te l’ai jamais réellement demandé je crois… En même temps, si tel est le cas, je suis un peu tête en l’air depuis l’accident… » Mon fils vient monter sur mes genoux alors que Lisa est repartie jouer avec les chiens. « ça doit bien faire un an, un an et demi. J’y suis allée sous les conseils de mon thérapeute. » Je hoche la tête avant de caresser les cheveux de Jacob qui commence à tousser. Je fouille dans mon sac pour lui donner sa boisson alors que ses lèvres commencent à perdre de leur pigmentation. « Il est malade. Jacob. Il est né deux mois avant terme et donc j’ai pris peur de le perdre et donc j’ai pris peur du monde extérieur. Je ne sais plus trop comment me comporter avec les gens. » Le petit repose sa tête sur mon épaule en suçotant sa boisson, les yeux fermés. Et je choisis de garder le silence pour une fois.
Car il est reposant.








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Message(#)(Keith) C'est une belle journée EmptyDim 21 Juin 2020 - 11:49

C'est une belle journée
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«Il te faudra partir. Au lever du soleil. Quitter cette vie qui tous les jours pareil détruira tes rêves, dérangera ton ciel  »
Le temps passait vite lorsque l’on était en bonne compagnie. Les choses semblaient simples avec Eve tout comme nos discussions l’avaient été au refuge. Et même si cela m’obligeait à me pousser dans mes retranchements, moi qui ne supportais plus le moindre contact, faire connaissance de la jeune femme ne me semblait pas une corvée, bien au contraire. Puis ses enfants restaient des anges contrairement à d’autres. Ce fût donc avec plaisir que je revenais des glaces pour chacun et un large sourire aux lèvres, en parfait gentleman que j’étais. J’observais nos chiens respectifs, mon regard s’attardant plus longuement sur Ruby, mon cœur se serrant d’un amour indescriptible. Eve avait raison, elle devait se dépenser même si je n’étais pas capable de la suivre, ce n’était pas une raison pour la laisser s’ennuyer. J’observais la jeune femme calmement, acquiesçant à sa demande. Une autre raison de voir cette petite famille. « Ce n’est peut-être pas fatiguant pour toi, mais l’activité physique me coûte terriblement. Alors si ton aide est sincère, ce sera avec plaisir. » lui-fis je remarquer en souriant face à la venue de Ruby qui était toujours en demande de caresse. « Elle sait quand on parle d’elle… » relevais-je dans un sourire. « Et je m’occuperais de J.J pendant ce temps-là, entre hommes, on se comprendra ! » riais-je avant que l’ensemble des chiens ne viennent se jeter sur Eve.

Je l’aidais à se relever dans un sourire charmeur, me frottant l’épaule par pur réflexe tandis qu’elle venait de me cogner contre cette dernière à la suite de ma pointe d’humour. « Pas besoin d’aller à l’agility donc ! Je t’invite à manger dans mon sublime jardin, et je te laisse servir d’appât pour les chiens ! » me moquais-je en avançant vers notre destination choisie, la main du petit garçon dans la mienne avant que nous nous installions au pied du saule, le petit garçon revenant systématiquement dans les jambes de sa mère. Je lui caressais la tête avec tendresse, observant sa fille qui jouait avec les chiens un peu plus loin. « C’est une bonne idée. Je crois que tous les thérapeutes proposent ce genre de solution. Le mien m’a dit de m’investir dans des associations. Je vais voir où je pourrais me rendre utile… Mais ça ne me rendra pas ce que j’ai perdu pour autant. » avouais-je à demi-mot tandis que j’haussais un sourcil en observant le petit garçon toussait et sa mère s’affairait à récupérer ce qui me semblait être une boisson. « Qu’est-ce qu’il a ? » lui demandais-je non pas par curiosité mais par inquiétude tandis que le garçon semblait tenir à sa boisson comme à quelque chose de précieux. Je comprenais enfin que la succession des évènements avait fait d’Eve ce qu’elle était devenue : une femme inquiète et apeurée de ce que la vie pouvait réserver à ce qu’elle tenait le plus dans ce bas monde. « Les médecins en disent quoi ? » tentais-je de lui demander pour la sortir du silence dans lequel elle s’était murée. J’avais un penchant très terre à terre, cartésien de surcroît, et même si cela ne fonctionnait pas sur ma propre personne, je voulais toujours tenter de rassurer autrui. « Tu te comportes plutôt facilement avec moi, Eve. » lui fis-je remarquer tandis que je venais poser ma main sur la sienne. « Je sais que ce n’est pas facile, mais il faut parfois savoir lâcher du lest, et relativiser… C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, mais crois moi, je suis persuadé que le monde extérieur te semblera moins terrible… » lui avouais-je avec la même tendresse que j’arborais avec elle depuis le début. « La seule chose qui pourra t’enlever ton fils, c’est la personne qu’il aimera… Et crois-moi, tu as encore un peu de temps avant qu’il ne vole de ses propres ailes… » souriais-je en serrant sa main dans la mienne pour la rassurer.

Parce qu’elle ne demandait que cela, d’être rassurée.




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