| (Lara & Colleen) Trouble found me. |
| | (#)Lun 20 Avr 2020 - 10:22 | |
| L’eau ruisselait sur son corps nu, soignant ses muscles endoloris par deux heures de danse éreintantes. A peine passée le seuil de la porte de son appartement, Colleen s’était empressée de se diriger vers la salle de bains, se débarrassant sans cérémonie des vêtements qui lui collaient à la peau et les abandonnant sur les carreaux de carrelage. La séance du jour avait été éprouvante ; Lynn peinait à mémoriser les mouvements de la nouvelle chorégraphie et son corps, peu habitué à une pratique sportive régulière, n’était pas encore suffisamment musclé pour lui permettre de suivre aisément ses partenaires. Aussi se tenait-elle toujours en retrait, en dernière ligne, à quelques mètres derrière les danseurs aguerris pour lesquels elle éprouvait une immense admiration. Pourtant, en dépit des efforts physiques et de toute la concentration qu’exigeait la pratique de sa nouvelle activité sportive, et malgré le peu de résultats obtenus jusqu’à présent, Colleen n’en demeurait pas moins ultra motivée et déterminée à progresser le plus rapidement possible. Alors qu’elle s’était initialement inscrite pour un cours débutant hebdomadaire quelques mois plus tôt, elle était finalement revenue sur sa décision et avait obtenu une place dans un deuxième cours, au niveau intermédiaire. La danse lui permettait de s’évader, de se concentrer sur elle-même uniquement. Pendant deux heures, son esprit était comme verrouillé et ses préoccupations s’envolaient. C’était une sensation délicieuse que de ne plus penser à rien et de laisser ses membres s’éveiller au son de la musique. En plus du cours de yoga qu’elle suivait en parallèle une fois par semaine, Colleen avait la sensation de flotter en permanence sur un petit nuage de bien-être. Ce ressenti était le bienvenu après des années passées à se préoccuper des autres, et à reléguer son plaisir personnel au second plan.
Les yeux fermés, Colleen massa un long moment ses longs cheveux noirs avant d’activer à nouveau le jet d’eau tiède afin de rincer son corps apaisé. A contre cœur, elle finit par quitter la douche et saisit une serviette dans laquelle elle s’enroula. Elle avait prévu de rejoindre Evelyn à son appartement pour une virée shopping digne de ce nom dans le centre de Brisbane. Arrivée en Australie huit mois plus tôt, Lynn avait immédiatement pu compter sur son amie, rencontrée à Londres des années auparavant. En plus d’être un soutien moral indéfectible, Evie s’était révélée une aide précieuse lors de son installation à Brisbane. Son carnet d’adresse bien rempli lui avait permis de lui dénicher un appartement au cœur d’un quartier animé, et Evie l’avait mise au parfum des formalités administratives qu’entraînait son déménagement dans un pays étranger. Lynn se sentait extrêmement redevable vis-à-vis de son amie, car si elle était aussi bien installée à présent c’était en grande partie grâce sa générosité et sa patience.
Après avoir enfilé une robe longue et légère couleur vert d’eau dans laquelle elle se sentit immédiatement à son aise, Lynn croisa son reflet dans le miroir. Ses traits semblaient parfaitement détendus et ses joues arboraient une jolie teinte rosée. Ses cheveux encore humides commençaient déjà à onduler et elle décida de ne pas y toucher. Elle tourna les talons, enfila une paire de compensées et saisit son sac à main avant de quitter l’appartement. Le trajet en bus se déroula sans encombre et l’amena jusqu’au quartier des affaires de Spring Hill, où l’activité était nettement moins importante le week-end venu. Lynn se fraya un chemin et atteignit rapidement l’immeuble dans lequel se trouvait l’appartement partagé par Evie et sa cousine Lara. Un homme sortit à ce moment-là du bâtiment et la jeune femme saisit l’occasion pour y entrer. Elle grimpa les escaliers menant au palier de l’appartement et après avoir consulté l’heure sur l’écran de son téléphone portable, constata qu’elle avait dix bonnes minutes d’avance. Enfin, elle sonna à la porte et celle-ci s’ouvrit quelques secondes plus tard sur un visage familier… Mais qui n’était pas celui de son amie Evie. Il s’agissait de Lara, sa cousine, et Lynn ouvrit de grands yeux ronds stupéfaits en découvrant sa tenue – ou plutôt l’absence de tenue ? Déroutée, la jeune femme ne put empêcher son regard de glisser furtivement sur le corps de Lara avant de remonter et d’accrocher avec résolution ses yeux sombres, déterminée à garder les siens le plus loin possible des courbes plus ou moins à découvert de la jeune femme. Elle rougit légèrement et fut saisie d’une furieuse envie de se retourner afin d’échapper à ce spectacle qui la mettait mal à l’aise. « Oh salut Lara, j-je ne te dérange pas ? Je viens voir Evie, mais je suis un peu en avance ».
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| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 13:52 | |
| "Non, non, non…" Tu pousses un profond soupir, ne sachant pas vraiment à qui tu t’adresses, car tu es la seule personne présente dans la pièce et c’est dans un léger claquement de talons que tu finis par retrouver le sol. Tu arrêtes la musique en t'emparant de ton téléphone portable, le silence retombant dans ta chambre, mais également dans tout l’appartement. Tu jettes à ton propre reflet un regard excédé, comme si l’autre Lara avait un quelconque contrôle sur tes mouvements et sur tes actions et tu prends une autre inspiration avant de te repenser à tes mouvements précédents et ce qui n’allait pas. D’ordinaire, les pas te viennent très facilement et tu n’hésites pas de la sorte, mais voilà, plus d’une heure que tu danses devant ton propre miroir, à te déhancher et à grimper et à descendre de ta barre de pole dance et tu n’es pas satisfaite, convaincue qu’il manque quelque chose. C’est certain, tu te mets trop la pression, autant monter sur scène et improviser, cela ne te dérange, tu le fais même certain soir, mais depuis que tu as accepté de donner des vrais cours dans un studio de danse… Tu hésites. Tu ne sais même pas pourquoi tu as dit oui, pourquoi tu as accepté cette offre complètement stupide, devenir professeur, c’est ce que l’on fait en fin de carrière pas vrai ? Et pourtant, tu n’as pas pu résister, séduite à l’idée de pouvoir mener la barque et partager un peu toute l’expérience que tu as acquise depuis que tu es strip-teaseuse. Et puis danser avec 7 centimètres de talons aux pieds est devenu ta spécialité, cela ne te dérange pas vraiment d’en faire profiter les autres. Lesdits talons sont chaussés, roses bien évidemment, tu ne peux pas vraiment déroger à ta couleur préférée, tandis que tu inaugures une nouvelle tenue de scène, un ensemble deux pièces plus que révélateur, fait de strass et de paillettes roses et violettes. Tu as pris l’habitude d’inaugurer tes tenues chez toi et non devant les clients, car un accident est très vite arrivé et si tu n’es pas à l’aise toute seule chez-toi, ce n’est pas sous un projecteur ou confrontée à un banc de regards avides que tu le seras. Et puis le moins de vêtements tu portes et le plus confortable tu es, c’est certain. Et non, t’observer sous tous les angles dans ton miroir ne t’aide pas à résoudre ton problème, la chorégraphie est simple pour un cours de débutantes, mais il manque définitivement quelque chose. Peut-être qu’il faudrait que tu te concentres sur des mouvements de bases et oublies ta fidèle alliée, la barre de pôle-dance pour le moment ? Tu en es là dans tes réflexions, sur le point de lancer un nouveau morceau de musique quand tu finis par entendre la sonnerie familière de la porte d’entrée. Tu fronces les sourcils et plus qu’intriguée, tu te diriges vers le vestibule, à moins qu’il s’agisse d’Evie qui a oublié ses clés, tu n’attends pas vraiment de visiteur. "… Bonjour ?" Tu ouvres la porte et tu passes de l’ennui certain à la surprise et c’est enfin un sourire qui vient se caler sur ton visage en reconnaissant Colleen. L’autre femme a le don d’être une présence aussi apaisante qu’Evelyn et tu doutes bien qu’elle n’est pas là pour te voir toi. "Elle n’est pas là, je crois qu’elle a eu une urgence avec des robes ? Ou un gâteau ? Ou alors c’est moi qui ai une très mauvaise mémoire…" Ou alors c’est une conversation que vous avez eue il y a quelques jours de cela ? Tu ne sais plus vraiment et à force de vivre en décalé et d’avoir un train de rythme différent, tu finis par te mélanger les pinceaux, mais Evie n’est pas là pour le moment. "Mais ne reste pas sur le pas de la porte hein, tu peux l’attendre à l’intérieur, ce sera légèrement plus confortable." Tu ouvres d’avantage la porte et tu la laisses rentrer chez vous et tu refermes la porte derrière elle. Tu peux toujours envoyer un message à Evie et lui dire que Colleen est là, ou Colleen peut l’attendre dans le salon, sa présence ne te dérange pas, bien au contraire, et tenter de corriger tes propres mouvements en boucle et en boucle devient lassant au final… Colleen est un prétexte tout trouvé pour faire une pause et tu lui fais signe de la main de prendre ses aises, prête à jouer les hôtes exemplaires, tout comme ferait Evie si elle était, c’est certain. "Est-ce que tu veux quelque chose à b… " Sauf qu’Evie aurait certainement pris la peine de se rhabiller avant d’ouvrir la porte, très sincèrement, tu avais oublié ce léger détail, et ton propre regard tombe sur ta poitrine, tu as un clin d’œil pour cette vue plus que familière, avant de te tourner vers Colleen, qui ne sait visiblement pas où poser son regard à elle. "Tu sais, je ne vais pas mal le prendre si ton regard tombe accidentellement sur ma poitrine, genre vraiment, j’ai eu pire comme audience." Tu tentes un trait d’humour pour briser la glace et aussi pour lui indiquer que non, cela ne te dérange pas, tu ne cherches pas à cacher ce que tu fais, ou comment tu payes tes factures. Tu n’as pas honte de ta profession, bien au contraire. "J’étais en train de répéter pour la prochaine fois que je monte sur scène et aussi pour mon premier cours en tant que prof, d’où la tenue." Que tu ajoutes, tes mains se posant automatiquement sur tes hanches, cette explication-là au moins, fait plus de sens. |
| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 16:08 | |
| Un voile pourpre, à peine prononcé, s’était emparé des pommettes de Colleen. La nudité n’était pourtant pas un sujet tabou à ses yeux, elle-même n’était pas pudique pour un sou. La nature du gagne-pain de Lara ne lui était pas inconnue et jamais Lynn n’avait émis le moindre jugement négatif le concernant. Certes, sans doute serait-elle légèrement plus critique à l’égard de cette profession si sa propre fille l’exerçait, mais puisque ce n’était pas le cas, la sage-femme était plus admirative qu’autre chose à ce sujet. Le fait que Lara puisse se sentir suffisamment en harmonie avec son corps pour être en mesure de s’effeuiller devant un public l’émerveillait ; elle-même avait beau être à l’aise avec ses formes, elle aurait eu besoin d’un sacré coup dans le nez pour être capable d’en faire de même. Il s’agissait d’un talent, peu importait la manière dont on le considérait. Toutefois, il y avait un monde entre le fait de connaître la profession de Lara et le fait d’en être témoin. Or, quand Lynn avait vu la porte de l’appartement s’ouvrir devant elle, elle avait été prise au dépourvu par la tenue de la jeune femme. Ce n’était pas seulement l’éclat des strass, la profondeur du décolleté ou la hauteur des talons qui la mettait mal à l’aise, c’était le fait de se retrouver face à Lara et de ne pas savoir où poser son regard. Jusqu’à preuve du contraire, la cousine d’Evelyn ne ressentait pas une once de gêne face à elle, alors pourquoi devrait-elle être aussi embarrassée ? Sans doute parce que Lara n’était pas une inconnue et qu’elle avait l’impression de ne pas être légitime pour assister à ce spectacle.
Colleen fit de son mieux pour camoufler son trouble, mais force était de constater qu’elle n’était pas une actrice née. Lara lui expliqua qu’Evelyn avait eu une urgence en lien avec le wedding planning, une histoire de robe ou peut-être de pièce montée – Lara ne semblait pas persuadée de ce qu’elle avançait – et Lynn acquiesça, ne sachant pas vraiment s’il convenait d’attendre patiemment à l’intérieur de l’appartement ou s’il était plus raisonnable de tourner les talons et laisser Lara vaquer à ses occupations. Cette dernière ne lui laissa pourtant pas le choix et l’invita à entrer dans l’appartement ; Evelyn finirait sans doute par apparaître, alors autant éviter de l’attendre comme une idiote sur le pas de la porte.
« Tu es sûre que ça ne te dérange pas ? » Lui demanda Colleen, ne souhaitant pas imposer sa présence à la jolie danseuse. D’un seul regard, Lara lui assura que ce n’était pas le cas et elle consentit enfin à la suivre. Son hôte lui proposa généreusement quelque chose à boire avant de subitement s’interrompre, prenant conscience de sa tenue, peu appropriée à l’invitation d’une amie dans son appartement. La sage-femme vit son regard glisser sur sa poitrine à qui elle adressa même un clin d’œil. Ce geste la fit sourire et petit à petit ses traits se décrispèrent ostensiblement. Lara lui confia qu’elle ne le prendrait pas mal si le regard de Colleen se perdait malencontreusement dans les profondeurs de son décolleté, et cette fois la jolie brune lui adressa un sourire amusé. « C’est bon à savoir ». Elle désigna d’un geste circulaire ladite poitrine de son index, le regard toujours posé sur Lara, et poursuivit : « et si jamais ça devait arriver, dis-toi que ce serait plus par jalousie qu’autre chose. Franchement… Wow » ajouta-t-elle, les yeux rieurs et un sourire toujours fidèlement accroché aux lèvres. Elle espérait que cette réflexion achèverait de détendre l’atmosphère. Avec du recul, si jamais Colleen avait ouvert la porte de son propre appartement à moitié vêtue, enroulée en vitesse dans un peignoir par exemple, sans doute n’aurait-elle pas apprécié une réaction similaire à celle qu’elle avait eue. « Désolée pour tout à l’heure, c’est juste que… Ce n’est pas un spectacle déplaisant, loin de là, je suis plus admirative qu’autre chose en vérité, mais je ne m’attendais pas à ça quand j’ai sonné à la porte. Tu m’as prise au dépourvu… Je suis désolée si je t’ai donné l’impression de te juger ».
Heureusement, Lara ne semblait pas lui en tenir rigueur et elle lui expliqua qu’elle était en train de répéter une chorégraphie quand la sonnette de l’appartement avait retenti ; une chorégraphie qu’elle destinait à ses futurs élèves. « Tu es professeur de danse maintenant ? ». Colleen scruta le regard de son interlocutrice avec intérêt. « Je prends justement des cours moi aussi ! Bon pour tout t’avouer, je ne suis pas douée, mais paradoxalement ça me plaît » se sentit-elle obligée de préciser. La jeune femme n’avait jamais vu Lara à l’œuvre mais elle était persuadée que la danse était une discipline dans laquelle elle excellait. « Tu vas faire un carton, c’est sûr ! Tu vas enseigner quel type de danse ? » demanda-t-elle naïvement ; à en juger par la tenue de Lara, la probabilité qu’il s’agisse de danse classique était quand même relativement faible.
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| | | | (#)Dim 26 Avr 2020 - 20:32 | |
| La timidité n'a jamais fait partie de tes traits de caractère. La pudeur non plus d'ailleurs. Même plus jeune, quand certains avaient du mal à articuler leurs mots et leurs pensées, tu étais souvent une voix un peu plus élevée que les autres. Souvent pour exprimer ton désaccord ou ton mécontentement et ce, au plus grand désarroi de Cassandra Pearson, qui a tout fait, au fil des années, pour calmer tous tes élans et te transformer en petite fille sage et docile. Un échec cuisant. De même pour les vêtements, ton style a toujours été des plus uniques, tu as découvert le rose quand tu avais six ans et en plus d'avoir un véritable coup de foudre, tu as été incapable de t'en défaire, et ce même dans la vie de tous les jours. Il y a la preuve dans tes cheveux, mais pas que, ta garde-robe est composée majoritairement de ladite couleur, et elle reste légère et pratique à souhait. Quand on danse près de huit heures par jour, il faut pouvoir se mouvoir facilement, ou du moins pouvoir se changer très rapidement. Et, chose que tu as réalisé de castings en castings, avoir un véritable vestiaire est un luxe. Une chose très rare, tu ne comptes plus les fois où tu as dû te changer au beau milieu des autres danseuses, ou te servir de ton téléphone comme miroir d'infortune. Il est donc plus que normal que tu sois à ton aise chez-toi, un peu trop à ton aise. Tu fais de ton mieux pour rassurer Colleen cependant et c'est un franc sourire qui éclaire ton visage face à ses compliments. "Oh ne me dis pas ça, crois-moi mon ego n'en a vraiment pas besoin." Tu la mets en garde à ta façon, il y a une part de vérité dans ta plaisanterie, tu ne pourrais décemment pas faire ce métier si tu n'étais pas à l'aise dans ta peau ou que le regard des autres te dérangeait. Au contraire, tu n'as jamais été complexée, tu n'as pas eu comme beaucoup cette période de flottement pour te trouver, non, c'est ainsi que la nature t'a faite alors autant l'accepter plutôt que d'essayer de le changer. "Mais pas la peine de t'excuser, c'est moi qui devrais faire attention... je fais ce métier depuis un petit peu trop longtemps, c'est tout ce que ça veut dire." Garder un peu de mystère ne te ferait pas de mal de temps en temps et ce même face à Colleen qui connait ton métier. Non, pas que tu le caches particulièrement, seuls tes parents ne sont pas au courant, simplement car cela rend les choses plus simples pour toi. Tu lui lances un clin d'œil avant de te diriger vers ta chambre, pour quelques secondes. "Je vais mettre quelque chose en plus, il ne manquerait plus que je tombe malade en plus de tout ça." Un comble vraiment, la perspective de devoir rester au liet et de ne rien faire est un peu trop terrifiante à tes yeux. La prochaine question de la brune arrive alors que tu mets la main sur un t-shirt propre, à l'effigie de Gun N'Roses, et tu le passes rapidement, répondant un simple : "... Oui et non." un peu plus fort et pour qu'elle t'entende. Tu reviens dans la pièce principale pour expliquer ce que tu veux dire, pas certaine d'avoir la réponse à cette question toi-même. Professeur de danse... cela semble tellement sérieux quand tu entends Colleen le dire. "J'ai accepté de donner des cours de danse dans un nouveau studio dans le centre-ville, juste trois fois par semaine, je ne suis même pas encore certaine que ce soit une bonne idée. Je me suis juste dit, pourquoi pas?" Encore une fois, tu dis tout ce qui te passe par la tête et tu communiques ainsi ton hésitation et tes doutes à Colleen, sans vraiment le vouloir au final, à croire que tu ne peux pas vraiment t'en empêcher. "Et c'est une très bonne question, je n'ai pas vraiment de mots pour ce que je fais... ce n'est pas vraiment du jazz, ce n'est pas vraiment du hip hop." Ton propre style a tellement évolué au fil des années et ces derniers mois en particulier, tu as renoué avec ton amour pour la gymnastique mais pas que, si tu avais l'habitude de danser en baskets il y a peu, maintenant tu es bien mieux juchée sur une paire de talons aiguilles, ce qui est ironique à souhait, tu en as parfaitement conscience. "Tout ce que je sais c'est que mes élèves auront besoin d'une bonne paire de talons et laisser leurs inhibitions au placard." Autre chose que tu as appris sur scène et au fil des différentes missions que tu as accomplis dans tout Brisbane, la danse est quelque chose de très personnelle et va de pair avec la séduction. Le public n'a pas à être un banc d'hommes intéressés, loin de là, mais cela fait partie du jeu. "Tu veux que je te montre ?" Tu poses la question, changeant de sujet encore une fois, et n'ayant pas vraiment d'autres moyens d'expliquer ce que tu veux dire. "Ou alors tu veux me faire une démonstration ? J'ai bien entendu que tu prenais toi aussi des cours." Et qu’il faut bien se soutenir entre danseuses ? Quelque chose comme ça. |
| | | | (#)Mer 29 Avr 2020 - 10:06 | |
| Colleen profita de l’absence de Lara, partie enfiler une tenue plus chaude – et sans doute moins révélatrice – pour laisser son regard fureter dans l’appartement. L’air était plus respirable dans la pièce à présent que Lara l’avait mise à l’aise, lui expliquant qu’elle faisait ce métier depuis si longtemps que la pudeur n’était pas vraiment de mise. Après tout, si se dévoiler et s’effeuiller devant de parfaits étrangers ne l’affectait pas, il était tout à fait naturel qu’elle puisse se balader à moitié nue dans son propre appartement lorsqu’elle était seule, Colleen pouvait le concevoir – non sans une pensée amusée à l’égard des voisins de la jeune femme se trouvant dans l’immeuble d’en face, qui devaient trouver ce spectacle particulièrement divertissant. Ce n’était pas tant le fait de découvrir un corps féminin partiellement dénudé qui avait déstabilisé la sage-femme, mais plutôt le fait de connaître la personne à qui ce corps appartenait. Dans son métier, Lynn était confrontée à la nudité au quotidien ; cela faisait partie intégrante de la profession de sage-femme. Que ce soit en salle d’accouchement, à l’occasion de visites postnatales ou de rééducations périnéales, elle était habituée à voir des corps dénudés, et ce sous tous les aspects – pas toujours les plus glamours qui soient, d’ailleurs. L’anatomie féminine n’avait aucun secret pour elle. Vêtue d’une blouse blanche et munie de son savoir-faire professionnel, elle ne prêtait toutefois pas attention au corps de ces inconnues, qu’elle était parfois même amenée à manipuler avec toute la délicatesse qu’exigeait sa profession. Son but était précisément de les mettre à l’aise, de les inciter à ne pas avoir honte de leurs physiques et même, selon les conditions, de se détendre pour pouvoir exécuter les exercices qu’elle leur enseignait afin de muscler leur corps affaibli par des accouchements laborieux. Elle n’aurait jamais réagi de la même manière avec Lara et avec ses patientes, tout simplement parce qu’elle connaissait Lara et que la situation ne requérait pas son expertise de sage-femme. Jusqu’à présent, jamais Colleen n’avait eu à examiner l’une de ses amies dans le cadre de son travail, et c’était sans doute bien mieux ainsi – elle n’était vraiment pas impatiente à l’idée de franchir ce pas, déterminée à séparer vie privée et vie professionnelle tant qu’elle le pouvait.
La réponse de Lara lui parvint depuis sa chambre, alors que Colleen l’avait interrogée quelques instants plus tôt sur les cours de danse dont elle lui avait parlé. La jeune femme revint dans la pièce, couverte d’un t-shirt à l’effigie des Gun’s Roses, et lui expliqua avoir accepté de donner trois cours de danse par semaine dans un nouveau studio du centre-ville. Elle ne lui paraissait pas particulièrement convaincue par cette nouvelle activité, à laquelle elle semblait avoir consenti davantage sur un coup de tête qu’autre chose, sans avoir accordé trop de réflexion aux conséquences qu’elle pourrait engendrer. Toutefois Lynn pouvait difficilement imaginer que les choses tournent mal si elle se donnait autant de mal à préparer des chorégraphies pour ses futurs élèves. « Je trouve ça super ! Tu verras bien comment ça se passe, mais je suis sûre que tu seras géniale ! » S’exclama-t-elle, partageant son enthousiasme. Contrairement à Lara, Colleen était persuadée qu’elle ferait une excellente professeure de danse. Elle ne la connaissait peut-être pas autant qu’elle connaissait Evelyn, cependant cette dernière lui avait beaucoup parlé de sa cousine et avait brossé le portrait d’une personne passionnée par tout ce qu’elle entreprenait, et qui ne se souciait pas du regard que les autres pouvaient poser sur elle. Si Evelyn disait vrai, la sage-femme imaginait aisément Lara transmettre sa passion pour la danse à ses futurs élèves.
Colleen s’intéressa au type de danse que Lara s’apprêtait à enseigner, et cette dernière hésita entre plusieurs styles avant de conclure que peu importait, tant que ses élèves étaient à l’aise pour danser en talons aiguilles. La jolie brune glissa un regard en direction des talons qu’elle avait aux pieds et haussa les sourcils, impressionnée. Elle-même n’avait pas l’habitude d’en mettre régulièrement, et jamais de cette hauteur-là. Du haut de son mètre soixante-quinze, elle se considérait comme suffisamment grande pour ne pas devoir en rajouter – et c’était sans compter le fait qu’August l’avait toujours empêchée d’en porter en sa présence, ne supportant pas que son épouse puisse être plus grande que lui en public. « Mais ça doit être compliqué de danser avec des talons pareils quand on n’en a pas l’habitude, non ? ». Elle inspecta davantage la hauteur de ses talons, qui devait sans doute avoisiner les dix centimètres, avant de planter son regard dans le sien. « Tu n’as pas peur que tes élèves se cassent quelque chose, et de devoir appeler une ambulance à chaque heure de cours ? » Lui demanda-t-elle, à la fois amusée et réellement soucieuse. « Pour le coup, oui, je veux bien une démonstration, ça m’intéresse de voir ça ! Comme je te l’ai dit, je ne me sens pas encore particulièrement à l’aise en danse, donc je préfère éviter de me ridiculiser devant toi ». Colleen suivit docilement Lara, qui l’entraînait jusque dans sa chambre pour une raison qui échappait à la jeune femme – le salon n’était-il pas suffisamment grand pour lui permettre de danser ? Ou peut-être avait-elle l’habitude de s’exercer dans son univers à elle ? La réponse ne tarda pas à apparaître devant les yeux de la sage-femme ; apparemment, la chambre de Lara abritait tout le matériel nécessaire pour la pratique de la danse, matériel qui semblait inclure… Une barre de pole dance ! Colleen ouvrit de grands yeux ronds, ébahie. C’était pour le moins… Original ? Lynn était encore plus intriguée qu’auparavant. « Wow, je ne m’attendais pas à ça ! » Fit-elle, le regard rivé sur la barre de pole dance. « Je vois que tu es équipée ! ». Elle quitta l’objet des yeux pour glisser un regard en direction de Lara. « Maintenant, tu as véritablement toute mon attention, j’ai hâte de voir ça ! ».
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| | | | (#)Dim 3 Mai 2020 - 10:27 | |
| Tu esquisses un sourire en entendant déjà les encouragements de Colleen, qui ne t’a jamais vraiment vue à l’œuvre, mais qui ne semble pas du tout douter de tes capacités. C’est très probablement le genre d’optimiste qu’il te faut et que tu devrais posséder dans la vie de tous les jours, mais tu ne fonctionnes pas comme cela malheureusement. Tu restes très terre-à-terre et critique, c’est ton mode par défaut en quelques sortes et tes critiques souvent dites sur un ton quelque peu condescendant et en faisant porter le timbre de ta voix pour que l’on t’entende. Et la personne que tu critiques et dénigres le mieux ? Toi-même bien évidemment, si tu n’as aucun problème avec ton physique, tes goûts vestimentaires et ta sexualité… Le reste, c’est une autre histoire. Surtout quand il s’agit de la dance, car tu te considères encore novice dans la matière, tu vis de ta passion depuis tout juste un an et quelques mois. N’est-ce pas un peu prétentieux de s’improviser professeur de danse et donner des conseils à d’autres ? Tu n’en sais rien, tu as accepté sur un coup de tête et si tu es persuadée que les regrets sont quelque chose que tu ne devrais pas avoir, tu hésites cependant. Et tu continueras très probablement d’hésiter jusqu’au jour J, jusqu’au fameux premier cours où tu auras enfin toutes tes réponses et sauras véritablement de quoi il en retourne. "Merci, mais là soudainement, je pense plus à tous les professeurs que j’ai trouvé ennuyeux ou juste chiants à mourir dans ma vie. Je ne veux vraiment pas rejoindre ces rangs-là, tu vois." Tu as un léger rire nerveux à la fin de ta phrase, te rappelant sans aucune difficulté tes derniers mois de cours et les quelques professeurs qui ont su capter ton attention ou pas. Il y en a bien quelques-uns qui ont su se distinguer du reste, tu penses à un professeur de chimie organique en particulier, et ce n’était pas tant les blagues qu’il se permettait de temps à autre ou le fait que lui aussi arrive parfois en retard, une tasse estampillée Starbucks entre les mains, non… C’était surtout le fait qu’il rende sa discipline accessible et qu’il soit un passionné tout simplement. Ton esprit dérive quelques secondes vers les souvenirs de la fac, il te semble même qu’il s’agisse des souvenirs d’une autre vie en sommes, et tu offres un sourire à Colleen la seconde suivante, prête à répondre à toutes ses questions. "Très sincèrement ? Pas tant que ça, c’est mieux pour la posture et pour l’équilibre. Je sais mieux danser en talons que marcher avec alors…" Tu as de la chance, lors d’une tes premières soirées en tant que strip-teaseuse, de tomber sur une drag queen qui a été plus qu’excitée à l’idée de tout t’apprendre, elle dans ses talons taille 46 et toi dans ton petit 39. Tu sais que l’exercice n’est pas facile, mais c’est comme pour tout, il faut se lancer. La danse n’est pas vraiment une science exacte, l’inattendu est toujours là de même que les imprévus et autres. Toi et Colleen vous faites désormais le chemin en sens inverse cette fois-ci vers ta chambre et tu l’accueilles dans ton espace personnel, sans y penser. Il n’est plus aussi difficile pour toi de laisser les gens rentrer dans ta chambre, et oui, quand on te connaît, c’est un véritable bond en avant. "J’ai appris sur le tas c’est vrai, mais ce n’est pas si compliqué que cela je t’assure, mais c’est un très bon point que tu soulèves… Je recommanderais toujours une bonne paire de genouillères pour celles qui ne sont pas habituées.". Un autre conseil de la part de quelqu’un qui est déjà tombé quelques fois sans protection, tu te relèves toujours avec un haussement d’épaules la plupart du temps, certain que ça forge un peu l’âme, ou quelque chose de ce style-là. Colleen est impressionnée par ton matériel et oui, tu as un peu l’impression de vivre dans un mini studio de danse, tu es bien contente qu’Evie t’ait laissé la plus grande chambre, ton lit, tes vêtements et autres possessions sont d’un côté de la pièce, tandis que de l’autre côté tu as ton miroir et ta barre. "Oublions cette chère barre pour le moment, j’ai peur d’effrayer tout le monde si je commence avec, mais je peux te montrer ce que je veux dire." Tu t’empares une nouvelle fois de ton téléphone portable, à la recherche d’une chanson pop mais entraînante, le genre qu’Itziar te recommande souvent. "Installe-toi." Tu fais signe à Colleen de s’asseoir sur ton lit, vu que tu ne possèdes pas de bureau, c’est le seul endroit où elle peut se faire une place. Tu attends que la brune soit assise avant de démarrer un air qu’elle a déjà entendu. Et tu lui adresses un clin d’œil avant de te mettre à bouger. Talons aux pieds, t-shirt arrivant à mi-cuisses et le reste de tes jambes dénudées, tu es dans ton élément et tu te laisses porter par la mélodie et reprends la chorégraphie que tu tentais encore d’améliorer il y a quelques minutes. Les mouvements sont d’abord légers, gracieux et pour charmer un public que tu imagines dans ta tête, ton corps se tend et se détend pour suivre la voix d’Ariana. Jusqu’au changement rapide et calculé de tempo, tes hanches se joignent au reste de la danse ainsi que tes bras, ton sourire et ton énergie naturelle. Tu enchaînes rapidement les différents éléments d'une chorégraphie rythmée, fun et amusante, sans vraiment y penser, toujours sur tes talons aiguilles, toujours aussi toi. Pas chassé, qui se finit en grand écart, sur le sol enfin, quelques moments plus tard, tu te tournes de nouveau vers Colleen. Tu fixais un point au-dessus de sa tête, pour te concentrer plus qu’autre chose, reprenant ton souffle maintenant et la poitrine se soulevant au son de tes inspirations, tu lances la question fatidique : "Alors… tu serais convaincue si je te disais que j’étais ta prof’ pour les prochaines heures ?" |
| | | | (#)Lun 4 Mai 2020 - 11:54 | |
| « Je ne t’imagine pas du tout t’enfermer dans un rôle de professeur ennuyeux. Je veux dire, on peut difficilement faire plus fun que toi, non ? Et c’est un compliment ! » S’empressa-t-elle d’ajouter, inquiète l’espace d’un instant que son commentaire puisse être mal interprété. Ce que Colleen voulait dire par fun, c’était qu’avec ses talons aiguilles, ses cheveux colorés et son énergie, Lara pouvait difficilement être considérée comme quelqu’un de monotone et d’insipide. Elle ne ressemblait en rien aux professeurs que la sage-femme avait eus en Angleterre, mais peut-être était-ce une question de culture, encore une fois. Après tout, Colleen n’avait-elle pas récemment changé d’avis sur les professeurs en rencontrant Marius sur le campus de sa fille ? Elle avait confié au professeur d’université lors de leur rendez-vous qu’elle s’était imaginée un enseignant ridé et grisonnant employant un langage soutenu en toutes circonstances. Or Maris était un homme accueillant et naturel, qui n’avait pas érigé une distance immédiate entre eux sous prétexte qu’elle était la mère d’une de ses étudiantes. S’il en allait de même pour tous les enseignants Australiens, qu’il s’agisse d’universitaires ou de professeurs de sport, alors étudier sur cette île immense devait être une expérience particulièrement amusante. Lynn posa une main sur l’épaule de Lara et inclina la tête. « Tu vas gérer, je n’en doute pas une seule seconde » Conclut-elle. Loin d’elle l’envie de se montrer maternelle auprès de Lara, qui n’avait que dix ans de moins qu’elle après tout – et dix ans de plus que Louisa, nota Colleen au passage – mais il était naturel chez elle de chercher à rassurer ses proches en permanence. C’était une qualité qu’elle avait toujours possédée et qui s’était intensifiée lorsqu’elle avait commencé sa formation de sage-femme. Avec ses patientes, elle devait redoubler de prudence et de délicatesse pour les mettre en confiance. Aborder certains thèmes pénibles avec eux nécessitait une maîtrise de ses émotions et une douceur authentique. Et comme sa vie professionnelle avait tendance à déteindre sur sa vie privée, il n’était pas surprenant de constater qu’elle adoptait parfois un comportement similaire avec ses amies ou même de simples connaissances.
Lara la rassura quant à l’utilisation des talons aiguilles dans la pratique de la danse, lui certifiant que c’était même une bonne chose pour la posture et l’équilibre des danseurs. Colleen acquiesça d’un signe de la tête. Si elle restait un peu sceptique, elle devait admettre qu’elle n’y connaissait pas grand-chose en danse, n’ayant commencé ses cours que quelques mois plus tôt à son arrivée à Brisbane, et qu’elle n’avait même jamais pu assister à une chorégraphie en talons aiguilles. Ce qui expliquait naturellement pourquoi elle était si curieuse à l’idée de voir Lara danser. Il ne lui serait jamais venu à l’idée de se rendre dans le club où Lara se produisait pour assister à l’une de ses représentations et constater son talent de ses propres yeux. D’une part parce qu’elle ne fréquentait pas tellement ces établissements, et d’autre part parce qu’elle aurait eu l’impression d’être illégitime et de violer l’intimité de la cousine d’Evelyn. Pourtant il fallait reconnaître qu’elle nourrissait une certaine curiosité à son égard et qu’elle admirait sa faculté à se dénuder en public sans complexe.
Alors qu’elles se dirigeaient vers sa chambre, Lara lui assura que pour éviter les accidents, elle proposerait sans doute à ses futures élèves de porter des genouillères. L’image traversa l’imagination de la sage-femme, qui ne put empêcher un sourire de flotter sur ses lèvres à cette évocation. Elle aurait tellement aimé être une petite souris pour pouvoir assister au premier cours de la jeune femme et découvrir ses élèves en talons aiguilles et genouillères ! « Bonne idée » Approuva-t-elle avant d’entrer dans la pièce. La barre de pole dance capta aussitôt son attention, attirant son regard comme si elle était magnétique. Passé le moment de surprise, elle suivit cependant les consignes de Lara et s’installa sur le lit. Elle ne dissimulait plus sa curiosité ni son impatience à présent : le regard rivé sur la jeune femme, elle épiait le moindre de ses faits et gestes en attendant le début de la danse. La musique retentit finalement dans la chambre et après lui avoir adressé un clin d’œil, Lara se lança dans une chorégraphie dynamique sur un rythme effréné. Elle enchaîna les mouvements avec une telle aisance et une telle maîtrise que l’on avait l’impression que c’était simple, ce qui n’était pas du tout le cas. Lynn hocha la tête en rythme, les yeux emplis d’une admiration évidente ; force était de constater que les talons aiguilles de la jolie danseuse ne l’empêchaient absolument pas de reproduire les mouvements à la perfection, au contraire, ils semblaient être le prolongement de ses jambes. Colleen n’imaginait pas un seul instant être capable d’exécuter ne serait-ce qu’un quart de cette chorégraphie. Non seulement la cadence était très rapide, mais elle requérait une grande souplesse qu’elle était sûre de ne pas avoir. Et c’était sans compter l’aisance avec son corps qu’elle demandait, bien sûr. Les déhanchés, les jetés de cheveux… Tant de choses qu’elle ne maîtrisait pas.
A la fin de la chorégraphie, que Lara termina devant le grand miroir de sa chambre, Lynn ne put s’empêcher d’applaudir avec enthousiasme, réellement emballée par la représentation à laquelle elle venait d’assister. « Tu rigoles ! Evidemment que je serais convaincue, c’était génial ! Je suis épatée ! » S’exclama-t-elle. Elle se leva du lit et dévisagea Lara avec admiration. « Je dois même avouer que je suis presque contente qu’Evie ait eu une urgence, pour pouvoir y assister ». Si Lara était capable de transmettre son savoir à ses élèves, il ne faisait pas l’ombre d’un doute qu’elle serait une excellente professeure. Bien sûr cela lui demanderait un minimum de patience car il était fort probable que ses futurs élèves ne maîtrisent pas la danse avec la même assurance ni la même habileté, mais si elle se montrait aussi passionnée, Colleen ne voyait pas comment cela pourrait mal se passer. « Tu as appris où à danser comme ça ? Tu as pris des cours quand tu étais plus jeune ou tu es plutôt du genre autodidacte ? ». Elle se dirigea vers la barre de pole dance, tournant temporairement le dos à Lara, pour l’inspecter de plus près. Elle ne savait même pas qu’il était possible d’installer ce genre d’objet dans une chambre, comme quoi, elle avait encore tellement de choses à découvrir. « Tu l’as installée à ton arrivée ? » S’enquit-elle avant de tourner la tête vers Lara, une idée lui traversant l’esprit. « Est-ce qu’Evie l’utilise parfois ? Elle ne m’en a jamais rien dit, la cachottière ! Je suis sûre que dès que tu as le dos tourné, elle fait ses petites acrobaties, ni vue ni connue… » Fit-elle, empruntant un air conspirateur alors qu’un sourire espiègle jouait sur ses lèvres. « Ça tombe, elle propose même des cours auprès de certaines futures mariées pour qu’elles puissent charmer leurs époux la nuit de noces venue. On serait surprises… ».
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| | | | (#)Dim 10 Mai 2020 - 5:12 | |
| Qu’on se le dise, un cours de danse et une petite scène dans un club pour gentlemen sont deux choses totalement différentes. Dans ledit club, les lumières sont tamisées, il fait souvent tard, l’alcool coule à flot, les esprits sont susceptibles et les clients sont surtout là pour se rincer l’œil. Juste pour voir des courbes et des formes généreuses et c’est tout, ils se moquent bien de savoir que tu peux faire une chorégraphie sur 14 centimètres de talons, chorégraphie qui consiste principalement à tournoyer à plus d’un mètre du sol, tout en enchainant des figures dignes d’une gymnaste. Non, ils s’en fichent complètement, peut-être que cela leur fait penser à leur jeunesse, qu’ils s’imaginent à ton bras, ou toi en train d’exécuter les mêmes positions dans leur chambre à coucher… tu ne veux pas vraiment savoir, tu ne veux jamais savoir et le moins tu en sais sur tes clients, et le mieux tu te portes. Mais avec tes futurs élèves ? Ce n’est pas ce que tu veux, tu ne veux pas être la professeure distante, bien au contraire. Tu as envie de savoir ce qu’ils veulent apprendre, pourquoi ils sont dans ta classe et surtout, tu veux leur donner envie de rester, et pas juste de tourner les talons au bout de 20 minutes. Ce n’est pas vraiment le but de l’expérience et cela serait un échec un peu trop cuisant pour être ignoré, c’est certain. C’est bien pour cela que tu es anxieuse, pour la première fois, après avoir dansé devant quelqu’un, certaine que Colleen sera un peu plus critique que toi. C’est tout le contraire, tu acceptes son sourire et tu te redresses sur tes deux pieds à présent, ayant déjà dix milles critiques à offrir à ta propre performance. "Tu es certaine ? Ce n’est pas un peu trop pour un premier cours, ou alors... pas assez ? Est-ce que je dois ralentir la cadence ou au contraire accélérer ? Et si mes élèves ne font que s’ennuyer, s’ennuyer et … s’ennuyer. Ça serait la pire des choses qui arrive, tu ne peux pas tellement t’endormir sur ton bureau quand un cours de danse est barbant." La nervosité est nouvelle, les questions non, en général, tu te contentes de les garder pour toi et de ne jamais les verbaliser. A quoi bon ? Du moment que tu as du boulot dans Brisbane, tu ne te poses pas de question. Tu ne t’es jamais posée de questions avant car les choses suivaient leur cours et que tu n’avais pas vraiment le sens des responsabilités, il faut bien l’avouer. Mais vivre ici, avec Evie, c’est la chose la plus adulte que tu aies jamais faite, et si soudainement tu venais à manquer d’argent et que tu ne pouvais pas payer les factures… Tu connais assez Evelyn pour savoir qu’elle aborderait le problème avec son sérieux et son sourire habituel, sauf que tu n’as pas envie d’être la pseudo-adulte incapable de gérer son budget. Un boulot de professeur, même un premier, c’est un bon pas en avant et un signe d’un certain degré de responsabilités. Sauf que tu te contentes d’ignorer le léger nœud que tu peux ressentir dans ta poitrine en songeant à tout cela, tu te laisses retomber sur ton lit tandis que Colleen elle se lève pour inspecter ton matériel. "Je l’ai achetée sur internet si tu veux tout savoir, tu trouves absolument tout en ligne, ça s’installe en moins de trente minutes et tu peux t’amuser autant que tu le souhaites…" Tu confies tout ceci et finis par attraper ton sac à dos qui traîne sur le sol, en tirant, non pas un, ni deux, mais bien trois paquets de bonbons de ton sac pour les poser en face de toi sur la couverture. Tu te serres négligemment, parce qu’il n’y a que le sucre qui peut te réconforter dans un moment pareil, tu en es certaine. "… Et j’adore Evie de ton mon cœur mais personne… personne ne rentre dans ma chambre quand je ne suis pas là. Personne. Je retire peut-être mes vêtements pour vivre mais je suis très très territoriale." Tu ponctues cette phrase avec un froncement de sourcils, avant de fourrer un bonbon en forme de fraise dans ton gosier et de mâcher assez bruyamment. Tu tapotes la place à côté de toi, invitant déjà Colleen à te rejoindre pour continuer votre conversation et tu hausses les épaules. D’aussi loin que tu t'en souviennes, tu danses, cela a toujours été ton passe-temps préféré, qui a même été encouragé par tes parents à un moment donné. Avant qu’ils ne se lassent eux aussi, et qu’ils se servent de tes cours de danse uniquement comme un moyen de canaliser ton énergie et espérer que tu sois un peu plus… docile oui, il n’y a pas d’autres mots pour le décrire. "J’ai fait de la danse classique quand j’étais petite, et ensuite de la gymnastique quand j’avais dix ans jusqu’à …. Mes seize ans ? Ouais, quelque chose comme ça, et entre temps il y a eu les cours de jazz, de hip-hop… j’ai appris un peu partout en fait." Ton parcours est un peu original et même encore maintenant, tu te rends souvent à des cours ou des séminaires de danse, tu participes encore à des castings et tout ceci, dans le but de t’améliorer et de continuer à en apprendre plus. "Et toi ? Pourquoi tu t’es mis à la danse ? Par simple curiosité ou… ?" Ou juste pour avoir une manière un peu plus fun de faire de l’exercice ? "Fais attention à ta réponse, si c’est pour un mec, tu vas finir avec des ours en gélatine dans les cheveux." Tu dis cela en prenant ton air le plus menaçant, ta main droite retrouvant déjà le fond d’un paquet de bonbons. Enfin, ton air menaçant ne dure qu’une poignée de secondes, car il est rapidement suivi par un sourire. |
| | | | (#)Mer 13 Mai 2020 - 9:38 | |
| « Sûre et certaine » Assura Colleen. Elle posa délicatement ses mains sur les épaules de la jeune femme et planta son regard dans le sien, espérant ainsi lui transmettre toute la sérénité et l’approbation dont elle avait manifestement besoin. « Zen, Lara, tu te mets une pression de dingue ! Je peux t’assurer que ce que je viens de voir était incroyable ! Alors oui, je doute que cette chorégraphie soit à la portée de tout le monde, mais à toi d’en ajuster le rythme en fonction du niveau de tes élèves. Et crois-moi, il vaut mieux placer la barre un peu trop haute que pas assez ; ça les motivera et leur donnera un objectif à atteindre. Si c’est trop facile alors là, en effet, ils risqueraient de s’ennuyer ». Quelque part, il était amusant de constater qu’une personne comme Lara, aussi sûre d’elle en apparence, pouvait douter ainsi. Car elle était de toute évidence très nerveuse à l’approche de son tout premier cours de danse. En un sens, c’était positif, cela signifiait qu’elle tenait vraiment à assurer et à se donner à 100% - si cela n’avait pas compté pour elle, elle aurait joué la carte de l’indifférence et ne se serait pas donnée autant de mal pour faire en sorte que tout soit parfait. Toutefois, pour sa part, Lynn ne doutait pas une seule seconde que cela se passerait bien. Certes, son optimisme et sa naïveté légendaire la poussaient généralement à un peu trop idéaliser son entourage, aussi n’était-elle sans doute pas la personne la plus objective qui soit. Mais une chose était certaine : Lara ne manquait ni de talent, ni de passion, ni de motivation pour faire de son premier cours une réussite absolue.
Elle détacha ses doigts de ses épaules et se détourna un instant de la jeune femme, pour lui permettre de souffler un peu après la cadence effrénée de sa chorégraphie. Colleen ne pouvait le cacher : la barre de pole dance suscitait beaucoup de curiosité chez elle, et même de l’admiration. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’en voir une vraie auparavant – les deux seuls enterrements de vie de jeune fille auxquels elle avait participé en Angleterre avaient impliqué des chippendales plutôt que des strip-teaseuses. Elle en avait bien vu à la télévision, mais ce n’était pas la même chose ; en réalité, la barre semblait avoir un effet magnétique sur son regard, qu’elle attirait comme un aimant. Elle suggéra avec amusement qu’Evie l’utilisait peut-être en l’absence de Lara, mais cette dernière s’en défendit immédiatement, lui assurant que personne n’avait le droit d’entrer dans sa chambre en son absence. Bien sûr, Lynn avait dit ça sur le ton de la plaisanterie. Même s’il était particulièrement amusant d’imaginer Evie se glisser dans la chambre de sa cousine pour se dandiner derrière la barre de pole dance dès qu’elle avait le dos tourné, elle doutait fortement que cette dernière viole de son plein gré l’intimité de Lara, ou plus précisément son « territoire », comme elle venait de l’appeler. Cependant elle n’hésiterait pas à lui soumettre sa suggestion un jour ou l’autre, car elle était certaine que ce service pouvait faire un tabac auprès des futurs mariés.
Intriguée, Colleen fit glisser son doigt sur la surface de la barre avant de le retirer et de se retourner vers Lara avec un large sourire. « Tu devrais peut-être placer une caméra de surveillance dans ta chambre. Juste au cas où » Déclara-t-elle, une lueur espiègle s’animant dans son regard. « Je plaisante, bien sûr... Je ne doute pas une seule seconde qu'Evie respecte ton territoire » Préféra-t-elle ajouter en se dirigeant à présent vers le lit de la jeune femme. Cette dernière venait de sortir trois paquets de bonbons du sac installé près de son lit, et avait déjà jeté son dévolu sur plusieurs sucreries. Colleen s’installa à côté d’elle et lui coula un regard intéressé alors qu’elle lui expliquait comment elle en était venue à danser ainsi. « Impressionnant, tu as une sacrée expérience » Approuva-t-elle avec un hochement de la tête. Elle plongea à son tour sa main dans le paquet de bonbons afin d’en extirper une friandise. La gourmandise n’était peut-être pas son petit péché mignon, mais elle ne pouvait décemment pas nier qu’un peu de sucre lui donnait envie. Lara lui demanda pourquoi elle s’était elle-même mise à la danse, et elle ne put s’empêcher de rire devant l’air faussement menaçant de Lara, qui tenait le petit ours en gélatine entre ses doigts comme s’il s’agissait d’une arme. « Non, ça n’a rien à voir avec un mec, rassure-toi » Commença-t-elle en secouant la tête. « Enfin, oui et non. Disons que je n’ai pas commencé pour un homme, mais que je n’en avais jamais fait avant à cause d’un homme. C’est compliqué ». Elle marqua une pause, songeant à son mariage passé. August ne lui avait jamais formellement interdit de pratiquer une activité pour elle, mais disons que c’était plus implicite qu’autre chose. Si l’on considérait la réaction qu’il avait eue lorsqu’elle avait formulé le souhait de reprendre ses études, cela donnait le ton. August n’avait jamais été violent avec elle cependant, car la vérité était qu’il n’avait pas besoin d’user de son corps pour en imposer ; l’autorité qu’il avait exercée sur leur mariage était plus complexe que cela. Colleen secoua la tête pour balayer de son esprit l’image de son ex-époux. « Pourquoi la danse, en particulier ? A vrai dire, c’est une bonne question, mais c’est l’activité qui a tout de suite retenu mon attention quand je me suis renseignée sur les cours proposés en ville, à mon arrivée. J’avais besoin de quelque chose qui me permette de m’évader, et je suppose que couplée à la pratique de yoga, la danse remplit bien ce critère ». Elle pivota la tête pour regarder Lara, et poursuivit. « Mais comme je te le disais, je ne suis pas douée. Je manque de souplesse, je suis trop… Rigide, je suppose. Peut-être que tu pourras me donner un cours, à l’occasion ? Si tu en as le temps, bien sûr, car je suis certaine que tu vas devenir une professeure très en vue dans les prochaines semaines qui arrivent, et que ton emploi du temps va devenir très difficile à gérer » Ajouta-t-elle avec un sourire.
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| | | | (#)Dim 17 Mai 2020 - 9:36 | |
| Dans un sens, Colleen a raison, oui, il y a une pression colossale sur tes épaules et cela ne date pas d'hier. Ce n'est pas comme si tu avais grandi dans un environnement où les échecs étaient tolérés, c'est même tout le contraire. Sans te le dire de façon directe, tes parents ont toujours attendu quelque chose de plus de ta part, des notes excellentes, une attitude et un maintien parfaits, plein de qualités pour pouvoir parader leur petite protégée et prouver à certains que oui, elle a bien sa place au sein des Pearson. Et si impressionner ta tante Celie n'a jamais fait partie de tes priorités, pas du tout d'ailleurs, certaines mauvaises habitudes sont restées. Tu te poses souvent des questions, pas à voix haute, jamais à voix haute, car pour beaucoup, tu es la fille qui fonctionne à l'instinct et qui se laisse dominer par ses envies du moment. Et dans une certaine mesure, cela est vrai, cela a toujours été vrai et tu ne sais pas vraiment comment calmer tout ce qui t'envahi et te donne envie de protester parfois, tu as simplement appris à faire avec. Et surtout, tu as appris à prévenir tous ceux qui tu fréquentes, leur dire que tu étais prompte aux sautes d'humeur sans absolument aucun sens et que c'est comme ça que tu fonctionnes et que non, tu ne comptes pas changer dans l'immédiat. Dans la vie de tous les jours, cela n'a pas vraiment de conséquences et la seule décision que tu as prise de cette manière il y a peu, c'était celle de quitter les bancs de l'université pour te concentrer pleinement sur la danse. C'est une bonne décision au final, le genre de décision qui change toute une vie et qui allège le cœur, tu n'as pas besoin de revenir là-dessus. Mais quand la danse est concernée, ce qui paye te facture et te permet de te tenir droite, oui, tu es un peu plus vulnérable et beaucoup plus critique. Tu as quelques jours pour peaufiner cette chorégraphie et éventuellement la simplifier pour un cours de débutantes, te connaissant, tu prendras très probablement ta décision cinq minutes avant le début du cours... Oui, cela te ressemble bien. Pour le moment, la conversation dérive vers Colleen et face à sa réponse, tu fronces légèrement les sourcils, déclarant un simple : "Tu as dit oui et ensuite tu as dit non... donc fais attention hein, je t'ai à l'œil." Tellement à l'œil que tu remarques bien l'expression sur le visage de la jeune femme et la façon qu'elle a de dire compliqué. Tout est toujours compliqué avec les hommes, pas vrai ? "Est-ce le fameux ex-mari dont il ne faut pas parler ou ... ? Si c'est bien le cas, je comprends et on n'en parlera pas." Car tu ne vois pas vraiment quel genre de conseils tu pourrais lui prodiguer, quelques années vous séparent et tu n'es pas une experte en matière de relations amoureuses, pas du tout d'ailleurs. Tu n'as jamais été en couple et ton opinion du mariage est plus que tranchée, tu sais très bien que tu n'enfileras jamais de robe blanche, ou peu importe la couleur à la mode cette saison. "Tu es au bon endroit pour ne pas parler des hommes, le meilleur endroit d'ailleurs. D'après moi ils sont aussi utiles que des sacs à main, et encore... je peux cacher des bonbons dans mon sac, sans avoir à subir un discours comme quoi mon sac est mieux que moi." Là encore, tu as un avis très tranché sur la question et c'est avec cette même certitude que tu fourres encore plus de sucreries dans ta bouche, avant de légèrement te redresser sur les couvertures, écoutant Colleen parler de ses cours de yoga. Tu as presque envie de lui suggérer de se joindre à Tabitha et toi lors de votre prochaine session, mais ces temps-ci, vous vous donnez surtout rendez-vous pour boire des cafés et manger des donuts, après vos cours de yoga. Pas très productif au final. Cependant, tu ne peux t'empêcher de sauter sur l'occasion quand la brune suggère que tu lui donnes des cours, cela pourrait être un bon entrainement et même en règle générale, tu ne dis pas non quand la danse est concernée, de près comme de loin. "Hey, tu te souviens il y a une minute de ça quand tu disais que je me mettais trop la pression ? Je suis certaine que c'est pareil pour toi." Tu dis cela en bougeant de nouveau, cette fois-ci tu te diriges vers ton placard, et plus particulièrement l'endroit où tu stockes toutes tes paires de chaussures. "Oublie la souplesse et ce genre de trucs, faut que tu t'amuses, c'est le principal." Car c'est ce qui fonctionne le mieux pour toi, si tu penses trop à tes mouvements, à compter la mesure, tu te plantes à tous les coups. Les meilleures chorégraphies ne sont pas celles où la technique est parfaite et irréprochable non, c'est seulement quand on arrive à percevoir l'identité du danseur ou en l'occurrence de la danseuse. "Tu sais... On me demande souvent comment je fais pour danser devant une bande de pervers finis plus âgés que moi... Et je réponds toujours que je ne fais pas ça pour eux." Ça et le fait que tu as beaucoup d'estime pour ta personne et très peu pour tes spectateurs. Un léger détail. Quand tu te tournes de nouveau vers Colleen, tu n'as pas les mains vides, bien au contraire, tu as une paire de talons aiguilles dans les mains. "... Tu veux les essayer ? Je crois qu'ils sont dans ta taille." Juste cinq centimètres de talons, histoire de commencer en douceur. |
| | | | (#)Lun 18 Mai 2020 - 17:08 | |
| Son mariage passé – et raté – n’était pas un sujet que Colleen abordait souvent au détour de ses conversations depuis son arrivée à Brisbane, mais il ne constituait pas non plus un sujet tabou. Ce n’était pas tant qu’elle avait honte de son récent divorce, en réalité il s’agissait même de la partie dont elle était la plus fière. L’emprise qu’August avait eue sur elle avait été telle qu’elle peinait encore à réaliser qu’elle était parvenue à s’en défaire définitivement. Elle ne se considérait pas comme quelqu’un de très courageux, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle s’était laissée dominer par la force de caractère de son mari et ses nombreuses exigences pendant si longtemps. Elle avait été une épouse loyale, dévouée et attentionnée quand il lui avait été infidèle, impatient et froid. Il lui en avait fallu, du temps, pour se rendre compte que la relation qu’elle entretenait avec August depuis tant d’années n’était ni aussi saine ni aussi équilibrée qu’à leurs débuts. Leurs rapports avaient évolué dès la naissance de leur fille et, progressivement, elle s’était enfermée dans le rôle de la femme dominée par les excentricités de son époux. Aussi, le fait qu’elle ait pu lui tenir tête et lui imposer sa volonté de divorcer demeurait une grande source de satisfaction personnelle. Grâce aux conseils de son entourage, elle était parvenue à trouver une issue de secours, le départ de Lou à Brisbane s’étant imposé dans son esprit comme l’opportunité rêvée de prendre un nouveau départ. Puisqu’elle n’avait plus d’attaches à Londres – ni travail, ni famille puisqu’elle s’était coupée de la sienne au fil du temps, ni un cercle d’ami particulièrement étendu – quitter l’Angleterre pour s’installer à l’autre bout du monde auprès de la personne qui comptait le plus pour elle avait semblé être la solution idéale. Force était de constater, huit mois plus tard, qu’elle avait fait le bon choix. En l’espace de quelques mois, les conséquences que sa décision avait eue sur son bien-être et son épanouissement personnel étaient indéniables. Alors pourquoi s’épancher plus que de raison sur un personnage qui ne revêtait plus la moindre importance à ses yeux, et qui faisait irrémédiablement partie de son passé ?
Elle s’amusa de l’expression faussement menaçante de Lara, sourcils froncés et regard dubitatif, et lui subtilisa une nouvelle friandise avant de réagir. « On peut parler de lui s’il t’intéresse vraiment, mais j’en doute ». Elle arqua un sourcil, sceptique. « Crois-moi, c’est une perte de temps » Conclut-elle en haussant les épaules. August Wells ne méritait ni l’intérêt de Lara, ni la nostalgie de Colleen. Cette dernière gesticula afin de s’adosser plus confortablement contre la tête du lit alors que les paroles de la jeune femme faisaient mouche. Tout bien considéré, l’analogie entre le sac à main et la gente masculine était assez proche de la réalité, et elle éclata de rire. « Je n’avais jamais vu les choses sous cet angle, mais tu as parfaitement raison. Quelle femme a besoin d’un homme dans sa vie pour être épanouie, en 2020 ? ». Elle tendit son index devant elle pour désigner tout à tour la poitrine de Lara puis la sienne, avant de de l’agiter de droite à gauche pour marquer son avis bien tranché sur la question. Elle laissa retomber son bras sur le lit avec un sourire. Si un jour elle venait à changer d’avis en tombant sous le charme d’un autre homme, il lui suffirait probablement d’aller voir Lara pour que cette dernière lui remette les idées bien en place. Colleen comptait sur sa force de persuasion pour la dissuader de commettre cette erreur. Heureusement, elle n’avait pas l’intention de reconsidérer la question de sitôt, et presque un an après son départ, se raccrochait toujours avec détermination à la promesse qu’elle s’était faite en quittant l’Angleterre.
Alors que la conversation prenait un nouveau tournant, bien loin des déceptions causées par la gente masculine dans leurs vies, Lynn expliqua à Lara les raisons qui l’avaient poussée à suivre des cours de danse en arrivant à Brisbane. Elle avait été tellement impressionnée par la performance délivrée par la jeune femme quelques minutes plus tôt qu’elle lui proposa même de devenir son élève dans un futur plus ou moins proche. Ce qu’elle lui avait dit précédemment était sincère : elle n’avait aucun doute sur ses capacités à devenir une excellente professeure de danse. En revanche, ce qu’elle n’avait pas anticipé, c’est que la cousine d’Evie la prendrait au mot et s’en irait récupérer des talons aiguilles dans ses placards après lui avoir expliqué que le plus important dans la pratique de la danse, c’était de savoir s’amuser. Malgré ses réticences, Colleen ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle marquait un point très juste ; elle était tellement focalisée sur ses lacunes et sur sa crainte de paraître ridicule aux yeux des autres élèves plus expérimentées de son cours de danse, qu’elle était raide comme un piquet et incapable de se lâcher. C’était sans doute l’une des raisons pour lesquelles elle admirait Lara, qui elle n’avait pas froid aux yeux et n’hésitait pas à se dévêtir devant une bande de parfaits inconnus pour payer ses factures.
Comme en réponse à ses pensées, Lara lui expliqua justement que si elle était aussi douée, c’est parce qu’elle dansait pour elle et pour personne d’autre. Colleen fixa néanmoins la paire de talons aiguilles d’un air perplexe. « Et tu penses que ça, ça va m’aider ? ». Elle fronça les sourcils, hésitante. Elle n’était pas certaine que chausser des talons aiguilles ferait des miracles, mais d’un autre côté, si elle n’essayait pas elle ne risquait pas de le savoir. Et puis, ne venait-elle pas d’affirmer qu’elle faisait confiance à Lara ? « Bon… Après tout, c’est toi l’experte ». Elle se leva du lit à son tour et se dirigea vers la jeune femme. « Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure : j’espère qu’il n’y a pas de caméra de surveillance dans ta chambre. Parce que si c’est le cas et que je me retrouve à mon insu sur YouTube, ça va chauffer pour tes fesses ma p'tite ! » Déclara-t-elle d’un air qu’elle espérait menaçant en brandissant la chaussure qu’elle venait de retirer. Elle ne résista pas longtemps à la moue de Lara cependant, et retrouva rapidement son sourire, consciente qu’elle manquait clairement de crédibilité de toute façon. Après avoir posé ses chaussures par terre, elle se releva et fixa les talons aiguilles, essayant tant bien que mal d’en évaluer la hauteur. Si l’on considérait les paires qu’elle avait aperçues dans l’armoire de Lara, cette dernière était restée plutôt indulgente à son égard. Lynn saisit donc les chaussures et quelques secondes plus tard, se relevait difficilement, les deux bras tendus à ses côtés comme pour trouver son équilibre. Prudemment, elle esquissa quelques pas et dut se rendre à l’évidence : ce n’était pas si compliqué que ce qu’elle avait anticipé. Elle releva le menton et planta son regard dans celui de Lara. « Bon, marcher, passe encore… Mais tu penses vraiment que je pourrais danser avec ça aux pieds ? » Lui demanda-t-elle en cherchant l’approbation dans son regard.
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| | | | (#)Sam 23 Mai 2020 - 18:44 | |
| Tu n’es pas la personne la plus difficile du monde à convaincre. En revanche, il est très difficile de te faire changer d’avis, surtout lorsque tu t’es déjà faite ta propre opinion. Et tu as des avis très arrêtés et tranchés et cela a toujours été le cas. Tu sais ce que tu veux, tu sais ce que tu aimes et depuis que tu vis avec Evie, depuis que tu t’es libérée, un peu plus disons-le, de l’ombre de tes parents et de leurs critiques incessantes, tu ne te poses plus de questions. Si tu aimes quelque chose, vraiment, autant foncer, et même enfoncer des portes aux passages et se soucier du reste après. Les choses importantes méritent qu’on s’accroche à elle, oui, c’est surtout ça que tu as retenu après 27 ans d’existence. Et quand ta sexualité est concernée, tu as rapidement fait ton choix et tu as même eu beaucoup de chance, tu n’as pas eu d’hésitation, un simple baiser d’adolescentes échangé et tu as su, que l’autre sexe n’était pas fait pour toi, pas du tout. Ce sont les femmes que tu aimes et cela a toujours été une évidence pour toi, donc non, tu ne pourras pas défendre les hommes. Aucun homme d’ailleurs, ce sont des spécimens à part entière et si tu ne faisais pas le métier que tu fais, tu te tiendrais le plus loin possible de tes homologues masculins. On pourra t’accuser d’être trop hautaine, cassante ou pas assez ouverte, mais tu as dû subir pendant des années des critiques de toute part, à cause de ta féminité justement, de ta sexualité, de tes tenues vestimentaires, de tes choix de vie… Non vraiment, aucun homme ne peut te dicter ta conduite de vivre et si Colleen a besoin que quelqu’un lui rappelle à quel point elle n’est pas obligée de s’infliger ça, eh bien… Tu répondras à l’appel, sans aucune hésitation et très rapidement en plus. Mais elle n’est pas là pour ça, c’est par chance que vous vous retrouvez là, dans ta chambre, et la brune est sûrement un peu trop conciliante, car elle n’a pas encore fait demi-tour et elle t’écoute. Elle t’écoute parler de ta passion de toujours et la chose la plus importante dans ta vie, la danse. Et tu veux trouver un moyen de la remercier, car Colleen a réussi, juste par sa présence, à te redonner un peu plus confiance en toi et tu n’es plus si nerveuse que ça à l’idée de ce premier cours de danse. Tu n’as qu’à être toi-même après tout, quelques minutes de conversation avec toi et on peut comprendre que oui, tu danses plus que tu ne marches ou que tu respires et que tu as quelque chose à apprendre aux autres. Ce qui devrait suffire pour satisfaire des curieux pendant une heure et demi. Donc c’est ton tour de lui envoyer la pareille et de la rassurer, à ta manière bien entendue et avec une paire de talons entre les mains. Tu vois l’hésitation se dessiner sur le visage de la brune et tu laisses échapper un léger rire avant d’ajouter un : "Je pense que tu penses un peu trop aux détails, mais ce n’est que mon avis hein…" Qui se veut motivant. C’est assez pour qu’elle saute le pas, littéralement, ça et le haussement de sourcils que tu lui adresses et il y a un sourire sur ton visage la seconde suivante, tandis que Colleen enfile les chaussures. Tu l’observes se redresser comme si elle portait une paire d’échasses et tu dois te mordre la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire, non pas que tu veuilles te moquer d’elle, mais elle a l’air légèrement loin de sa zone de confort. Mais c’est pour ça que tu es là, pas vrai ? "C’est juste toi et moi, si tu te vautres et que tu tombes, promis, je t’aide à te relever et je ne le mentionnerais à personne. Pas même à Evie." Et puis pour quoi faire… ? Non, vraiment, tu n’es pas là pour enfoncer le clou ou la faire repartir en se sentant encore plus mal qu’à son arrivée. Cela ferait de toi une très mauvaise hôte et ce n’est pas le but de tout cela. "Fais-moi confiance, okay ?" Que tu déclares avant de venir te placer à côté de Colleen, tu lui indiques la posture à reproduire, à savoir se tenir droite et s’appuyer uniquement sur ses orteils, pas quelque chose de naturel, mais au bout d’un moment on s’y fait. "Oublie les pas, oublie les chaussures, oublie la musique, c’est juste une question d’attitude au final." Oui, d’attitude et pas autre chose. Plus jeune, tu détestais porter des talons et ce n’est qu’à l’université que tu y as pris véritablement goût, tu ne sais pas pourquoi, tu ne sais pas comment, peut-être en voyant le regard sur le visage de Cassandra Pearson à chaque fois que tu débarquais dans une paire plus haute que la précédente ? Quelque chose comme ça. Après avoir montré le bon exemple à l’autre femme, tu examines sa propre pose, tournant autour de la jeune femme et n’hésitant pas à la corriger. "Donc redresse-toi, tiens-toi un peu plus droite comme ça… Bombe un peu plus ta poitrine et … ne regarde surtout pas tes pieds, et oublie ton reflet dans le miroir." Tes mains se posent sur les épaules de Colleen puis dans le bas de son dos pour la guider et pour qu’elle reparte avec de bonnes bases, oui, tu pourras te dire que tu as bien fait ton travail de professeur alors. "On m’a souvent dit que les talons aiguilles étaient une autre forme d’oppression et que c’était juste pour obliger les femmes à marcher lentement et être incapable de fuir l’attention d’un certain type de spécimen." Tu réapparais devant la jeune femme, un sourcil dressé et une expression pas du tout convaincue sur le visage, tu ne portes pas des chaussures comme ça pour attirer l’attention, c’est un effet secondaire et c’est tout. "Moi je dis, au diable tout ça, tu es plus grande de cette manière, tu parais un peu plus élancée et ça met tes jambes en valeur, donc c’est juste pour toi, c’est l’attitude qui compte, personne ne peut te dire non dans ce genre de chaussures et absolument tout t’appartient." Tu lui fais une petite démonstration pour appuyer ton propos, faisant quelques allers-retours dans ta chambre, comme si de rien était, chaussures aux pieds et avec tout l’ego que tu possèdes. Parce que tu sais ce que tu vaux et que tu es faite pour ces chaussures et ce moment. "Et tu t’amuses tout simplement, okay ?" Parce que c’est ça la danse avant tout pour toi, quelque chose de léger, quelque chose de fun. "… On s’amuse. Et on va s’amuser avec mon type de musique." Cette fois-ci, quand tu t’empares de ton portable, ce n’est pas pour lancer un morceau pop à souhait qui pourra séduire tes élèves, mais quelque chose que tu écoutes tous les jours, juste pour toi. Tes yeux dans ceux de Colleen, tu te mets à te déhancher légèrement au son de la basse, puis de la guitare, l’encourageant à te suivre et réaliser que c’est plus simple qu’il n’y parait. |
| | | | (#)Mar 26 Mai 2020 - 3:10 | |
| Juchée sur une paire de talons aiguilles, à plus de cinq centimètres du sol, Colleen tentait de trouver son équilibre. Ce qui semblait n’être qu’une formalité aux yeux de Lara représentait en réalité un exercice d’équilibriste pour la jeune femme, bien plus habituée à utiliser des chaussures plates confortables dans son quotidien. Elle n’avait jamais nourri d’attrait particulier pour les talons aiguilles, réalisant bien assez tôt dans sa vie qu’elle n’en aurait pas besoin pour dépasser d’une bonne tête la plupart des femmes de son entourage. Sa silhouette était longiligne et ses jambes élancées, ce qui d’un point de vue extérieur était très esthétique mais qui, en réalité, pouvait être un sacré fardeau. Alors oui, comme on le lui répétait souvent, elle n’avait aucune difficulté à attraper certains objets dans des meubles hauts, mais là n’était pas vraiment la question. Être grande nécessitait un maintien encore plus rigoureux de sa personne et pouvait être synonyme de maladresse si l’on ne savait pas maîtriser ses gestes. Colleen avait tendance à penser que si tout ce qui était petit était mignon, tout ce qui était grand n’était pas forcément charmant. Plus jeune, elle avait considéré sa taille comme un handicap, plus tard elle l’avait apprivoisée et appris à se tenir bien droit en toutes circonstances pour ne pas avoir l’air godiche. Cependant, en talons aiguilles, ses réflexes étaient déstabilisés et sa posture fragilisée, et il fallait de nouveau tout réapprendre. Sous l’œil vigilant de Lara, elle fit quelques pas dans la pièce pour tester son équilibre. Elle levait les jambes sans doute un peu trop haut de peur de ne pas être capable de retomber sur ses talons, et à la place de la cousine d’Evie elle aurait sans doute peiné à garder son sérieux en voyant le spectacle qui se jouait sous ses yeux. Elle lui avait promis que si jamais elle tombait, elle l’aiderait à se relever, et même si Colleen préférait éviter ce scénario – n’ayant aucune envie de se retrouver avec un pied dans le plâtre – le fait de pouvoir compter sur Lara la rassurait. Elle lui faisait confiance ; si la jeune femme s’apprêtait à donner des cours à des élèves en talons aiguilles, elle avait tout intérêt à savoir s’y prendre de toute façon. Colleen était bien partie pour lui servir de cobaye mais tant qu’elle ne lui demandait pas de danser en sous-vêtements et talons aiguilles dans sa chambre, elle était prête à jouer le jeu.
Lara se plaça devant elle et lui confia que tout était une question d’attitude plutôt que de maîtrise. Colleen releva le menton et tenta de suivre ses indications alors que les mains de son hôtesse se posaient sur ses épaules afin de l’aider. La moue concentrée, elle ancra ses talons au sol, se redressa, bomba la poitrine et détacha son regard du reflet que lui renvoyait le miroir face à elle. Les mains de Lara quittèrent le bas de son dos et elle maintint sa position. Elle avait l’impression d’être une mannequin en coulisses avant un défilé de mode plutôt qu’à un cours de danse, mais de toute évidence mannequins et danseurs devaient maîtriser leur posture avec la bonne habileté. « C’est mieux comme ça ? » S’enquit-elle auprès de Lara, soucieuse d’obtenir son approbation. Pour l’instant, elle était immobile alors suivre ses indications n’était pas trop compliqué, toutefois ça le serait bien davantage quand elle se remettrait en mouvement. La danseuse exécuta un tour complet autour d’elle pour vérifier que tout était bon, puis revint face à elle. Elle lui confia une anecdote concernant la perception des talons aiguilles dans un monde misogyne et Lynn l’écouta avec attention, les sourcils froncés. Elle n’avait pas considéré la chose sous cette angle-là mais pouvait aisément attribuer du crédit à cette théorie. « Personne ne peut me dire non et le monde m’appartient ! » Répéta-t-elle avec détermination en hochant la tête, comme pour tenter de s’en convaincre. Cela semblait plus facile à dire qu’à faire, mais comme l’avait dit Lara : tout était une question d’attitude après tout.
Toujours aussi concentrée, Colleen suivit la jeune femme du regard et s’attarda sur sa posture alors qu’elle marchait le plus normalement du monde dans la pièce, comme si ses talons n’étaient pas à une dizaine de centimètres du sol. Quand elle s’arrêta, la sage-femme acquiesça de nouveau, les yeux plissés. Lara lui conseillait de s’amuser, et n’était-ce pas justement la nouvelle résolution qu’elle avait prise en arrivant à Brisbane ? S’amuser, sortir de sa zone de confort et découvrir de nouveaux horizons. Elle avait rejoint les cours de danse dans cette optique mais avait toujours été tellement focalisée sur ses défauts qu’elle n’était pas parvenue à se détendre véritablement. Dans l’intimité de la chambre de Lara, cela semblait possible, car cette dernière avait promis de ne pas se moquer d’elle. « Ton type de musique ? » Demanda-t-elle d’un air suspicieux, mais dès que la jeune femme lança le morceau choisi ses incertitudes s’envolèrent. La cadence était bien moins soutenue que le morceau que Lara avait choisi précédemment pour sa propre chorégraphie, et le style lui plaisait davantage. Elle commença à remuer lentement en ne bougeant d’abord que les épaules en rythme puis se laissa progressivement prendre au jeu, guidée par l’assurance qu’elle lisait dans le regard de Lara. La clé était de ne pas avoir honte de son corps. Ses traits se détendirent et ses muscles se relâchèrent, et elle ne pensa plus forcément à maintenir sa position de départ, mais à s’amuser. Elle se déhancha à son tour puis fit signe à Lara de monter le volume de la musique d’un cran, paume levée vers le ciel. Un sourire s’installa sur ses lèvres. Plus les secondes défilaient, plus elle prenait de plaisir à danser ainsi. C’était fun ! Après près de quatre minutes, elle avait encore beaucoup de progrès à faire mais si elle s’en tenait aux conseils de Lara, elle avait le sentiment d’avoir réussi au moins une chose : se détendre. Elle s’immobilisa face à la jeune femme et lui décocha un sourire ravi. « J’espère que tes voisins ne sont pas là, sinon ils vont m’en vouloir ». Ses joues étaient légèrement rosées après l’effort mais elle constata avec étonnement que les talons aiguilles dissimulés sous sa longue robe ne lui semblaient plus si difficiles à porter à présent. Non pas qu’elle s’y était habituée véritablement encore, mais cela lui semblait un peu plus naturel désormais. « On continue ? » Fit-elle, radieuse. « J’aime bien ce style de musique et j’avoue que ça m’amuse beaucoup en fin de compte. Tu sais vraiment t’y prendre, tu vas faire des merveilles en tant que prof ! ». La musique reprit et Colleen se lança avec davantage d’aisance cette fois-ci. Elle commençait même à franchement s’amuser quand soudain la porte d’entrée de l’appartement claqua distinctement dans un bruit sourd qui leur parvint jusque dans la chambre. La sage-femme s’arrêta net et coula un regard à son acolyte. Ce bruit ne pouvait signifier qu’une seule chose : Evie venait de rentrer au bercail. Si elle était honnête avec elle-même, Lynn avait moins envie de faire du shopping que de continuer à s’amuser avec Lara à présent. Alors… « On l’invite à nous rejoindre ? Qu’en penses-tu ? » Demanda-t-elle à Lara d’un air complice, un large sourire dessiné aux lèvres.
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| | | | (#)Mer 27 Mai 2020 - 14:05 | |
| Est-ce que tu te souviens de ton tout premier cours de danse ? Oui et non, tu as quelques vagues de souvenirs et certains détails sont flous, mais tu sais que tu n'avais que huit ans à l'époque et c'est Trevante qui t'a aidée à enfiler ta première paire de pointe. Juste avant de te dire de faire de ton mieux, juste avant que tu ne coures rejoindre les autres danseuses en herbe, toutes désireuses d'apprendre mais également de satisfaire leurs parents. Et si tu as oublié quel mouvement tu as appris ce jour-là, tu te souviens encore de l'air un peu trop austère de la professeure de danse en question et du sentiment de joie sans pareille qui t'a habitée quand tu t'es concentrée pour reproduire les mouvements, au son des accords de Chopin, contente de faire comme les grands. Le sentiment est toujours là, il a évolué, muté en quelque chose de différents et si ta première paire de pointes ne te va plus du tout, tu as troqué la chaussure fine et rose, contre d'autres chaussures rosées mais avec un autre type de talons et un autre type de danse. Si ta professeure de l'époque te voyait, il est certain qu'elle n'approuverait pas, mais le temps où tu faisais des pliés et des arabesques parfaites est loin et tu as su définir et trouver ton propre style au fil des années. Et c'est cela que tu vas essayer de transmettre à tes futurs élèves et à Colleen pour le moment. "Oui, c'est bien mieux comme ça !" Que tu répliques aussitôt, contente de voir que l'autre jeune femme a toujours un sourire sur le visage et qu'elle est prête à essayer ce que tu lui proposes, sans poser plus de questions. Et heureusement d'ailleurs, tu connais certaines personnes qui auraient déjà fait demi-tour depuis longtemps. Mais Colleen te suit, au rythme de la nouvelle chanson et au son des guitares et de la voix grave, cette musique te correspond un peu plus. Et la personne qui a dit qu'on ne pouvait pas danser au son du rock'n'roll a tort et a besoin d'avoir une sérieuse conversation avec toi. C'est ce que tu fais de mieux et surtout dans l'immédiat, suivant la demande de l'autre jeune femme pour augmenter le volume l'instant d'après. Ce n'est pas toi qui vas dire non à cette demande-là et encore moins quand tu écoutes de la musique que tu affectionnes. Tu lui montres quelques mouvements simples à réaliser, pour synchroniser ce que font ses bras et ses jambes et rendre le tout un peu plus fluide et ce, sans que Colleen y pense ou se dise que oui, tu es en train de lui apprendre le début d'une chorégraphie. C'est le cas pourtant et elle copie tes mouvements, avec son propre style, si bien qu'à la fin du morceau, tu es contente du résultat, te disant que Colleen est l'élève la plus conciliante et la plus motivée de tout Brisbane. Tu ne vois pas comment elle peut avoir des difficultés pendant les autres cours de danse qu'elle t'a dit prendre. La chanson prend fin et tu arrêtes le morceau suivant, sourire au bord des lèvres quand elle parle de tes voisins d'en dessous. "Pfff... je suis déjà allée m'excuser et je pense qu'ils commencent à avoir l'habitude hein." C'est le cas et tu t'efforces de danser à des heures raisonnables et en soirée, tu n'es pas là, tu à un rythme de vie complètement décalé du reste de ton immeuble, tu le sais déjà. "Et tu vois, quand tu ne te prends pas la tête et que tu t'amuses, c'est beaucoup mieux. La technique ça vient surtout avec l'habitude et l'entraînement, donc commence par ce que tu sais faire, le reste viendra après." Tu fais de ton mieux pour la rassurer et pour saluer les efforts de l'autre femme, car elle ne te paraît plus aussi hésitante qu'il y a quelques instants, quand tu lu l'as mise au défi de mettre ses chaussures-là. "Merci, j'espère vraiment que tous mes élèves seront aussi conciliants et motivés que toi." Que tu ajoutes dans un autre sourire, te laissant retomber sur ton lit pour t'étirer un peu. Tout comme elle, tu viens d'entendre le bruit d'instinctif d'un trousseau de clef et d'une porte qui s'ouvre, Evie est là et tu te souviens soudainement que c'était elle que Colleen cherchait et pas toi. "Non, je ne te retiens pas, tu venais pour la voir de toute façon et puis j'ai encore une chorégraphie à préparer et des heures de sommeil à rattraper." Et que tu te prépares pour ton boulot d'ailleurs, tout un programme pour les prochaines heures et tu indiques les chaussures aux pieds de la brune de ton index, car ce ne sont plus les tiennes, après ce petit baptême improvisé, elles appartiennent à Colleen, pas de doute là dessus. "Et oui, tu peux garder les chaussures." Ton ton est sans aucune appel, de même que l'expression que tu as sur le visage, faisant déjà signe à Colleen d'aller rejoindre l'autre Pearson. Au moment où cette dernière ouvre la porte, tu ne peux t'empêcher d'ajouter un :"Just... don't wear them for a guy okay ? Okay." indiquant que tu te chargeras personnellement de lui remettre les pendules à l'heure si c'est le cas. Car oui, c'est plus qu'une question de principes pour toi, il est important qu'elle se rappelle qu'elle fait des efforts pour elle et personne d'autre.
rp terminé |
| | | | | | | | (Lara & Colleen) Trouble found me. |
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