« Dégage. » c'est presque poli, presque parce que je jure que mon coude dans les côtes de la grande brune qui prend toute la place dans la file d'attente devant moi a tout de doux, dans la mesure de douceur que je suis capable d'avoir. Pourtant ça marche, et elle dégage, et j'en suis ravie, oh que je souris.

La file s'étend sur plusieurs mètres devant le Canvas et sérieusement c'est un plan de merde, c'est le pire plan de l'univers et je sais même pas pourquoi je suis là en fait. Y'a des potes qui sont censés m'attendre à l'intérieur, mais à l'intérieur je parie que ça pue la sueur et qu'ils sont tous comprimés les uns sur les autres et que le bar est entouré de greluches qui sont que là pour faire les yeux doux et récolter le plus de cocktails aux fruits et sérieux elle dégage l'autre devant ou pas, elle fout quoi? « Toi pareil. » alors je presse, bats des paupières, le sourire toujours en place et ma silhouette qui finit par se faufiler entre tout ce beau monde sans un seul regard derrière.

J'avais raison.
Ça pue à l'intérieur.
Y'a du monde, trop de monde.

« C'est VIP ici? » et y'a une section privatisée, que j'investis tout de suite comme si c'était à moi. Ça l'est pas, ça semble être à une blonde plutôt, qui jacasse et qui rigole à gorge déployée. Mais c'est all good, parce qu'elle fait un boulot impeccable à attirer l'attention de tous que sur elle, quand j'en profite pour confirmer avec un gars qui semble faire partie de ses disciples à elle que ouais, en effet, c'est VIP. « Parfait. » un texto commun de ma part s'envoie à ceux que je devais rejoindre et qui sont égarés un peu partout dans la boîte de nuit, pendant que je doute clairement qu'ils finissent par aboutir ici, surtout avant que je n'ai fini de faire état des bouteilles ouvertes. Bouteilles laissées ça et là sur la table centrale et qui semblent abreuver le groupe rassemblé autour de la blonde de service. Elle me dit un truc d'ailleurs, mais sans plus, quand le plan est parfait, celui de piquer une ou deux bouteilles et de retourner faire ma vie loin des riches d'ici.

Il est cool ce bar. J'y suis déjà venue une ou deux fois, et j'ai vite repéré le coin VIP au dessus de la foule et de la piste de danse. J'allais pas ma mélanger à tous ces gens et de toutes ces filles qui sont prêtes à faire n'importe quoi de leur corps pour un gin tonic. J'ai pas fait la queue, et qui ca étonne ? Et finalement, je me rends compte que quelques personnes me reconnaissent dans cette ville aussi, j'ai presque cru que les gens d'ici étaient coupés du monde réel. Alors ce soir je me suis entourée d'une petite armée de fans. Que les plus beaux, et les plus crédules à mon goût. Beaux pour les photos, crédules parce que je compte bien jouer un peu avec eux, et parce que finalement c'est eux qui paieront les bouteilles de Champagne avec leurs petites économies. 

Je souris pour les photos, parce que bien évidemment ils dégainent tous leurs téléphones pour afficher leur chance d'être avec moi et ça je ne m'en lasse pas. Je crois que je ne m'en lasserai jamais. Et une fille monte et je la vois du coin de l'oeil. Elle tourne autour des bouteilles, elle est assez proche d'un gars qui fait encore partie de ma horde de fan. Elle joue avec ses doigts et lui ne le vois pas mais moi oui. Je les vois les doigts qui tirent sa montre et mon dos se pose contre la chaise alors que je m'applique à faire 2 choses en même temps. Je me racle la gorge et fais signe au type de dégager alors que je me rapproche de la rousse un sourire mauvais aux lèvres. "tu remets cette bouteille à sa place et je dis rien pour la montre."  je m'en fiche de son prénom, et de la montre aussi. Il avait qu'à faire plus attention. "ou je peux appeler la sécurité pour qu'ils te sortent d'ici en moins de deux secondes pour que tu puisses aller voler les bouteilles d'un autre coin VIP" par contre l'alcool je suis bien loin de m'en foutre ca je peux le jurer. Elle joue avec les montres, les bijoux et les bouteilles de qui elle veut, mais pas avec mon alcool. [b]"ou alors je peux dire à tout ce beau monde que t'es une personne hyper connue, hyper célèbre et hyper riche. Comme ça ils courront après toi pendant toute la soirée pour que ce soit toi qui leur paye les bouteilles. Et même si t'es coriace, je suis pas sûre que tu sois capable de gérer 20 fans en furie qui te courent derrière partout où tu vas."/b] ma main attrape une bouteille qu'elle avait déjà dans ses bras et je bois au goulot. Elle est peut-être un peu plus joueuse celle-là.

"tu remets cette bouteille à sa place et je dis rien pour la montre." tu fermes ta gueule ou je promets rien pour ton nez. Elle est presque cute et pas si pitoyable, la gamine qui arrive et qui erre, qui fixe et qui respire proche, trop proche, vraiment trop proche pour son bien. J'ai pas du tout le référent de qui elle peut bien être, je sais même pas qui elle est au final et ce serait mentir de dire que j'en ai quelque chose à battre. Sa voix grince par-dessus la musique, y'a des types qui prennent des photos d'elle je pense - ou de la banquette derrière, l'un l'autre me semble aussi divertissants si vous me demandez.

La montre qu'elle m'a attrapée en train de voler vient sagement s'enfiler sur mon poignet sans même un coup d'oeil vers ma pseudo bourreau. "ou je peux appeler la sécurité pour qu'ils te sortent d'ici en moins de deux secondes pour que tu puisses aller voler les bouteilles d'un autre coin VIP" parlant de bouteilles, ah ouais, c'est vrai, j'en ai encore une entre les mains et j'en bois une grande, une longue et dévouée gorgée, finissant enfin par planter mes yeux dans les siens quand elle se la joue pickpocket à son tour, dérobant mon champagne dans la foulée. Du revers de la paume j'essuie mon menton, redressant l'instant d'après un regard qui tient le sien, bien plus par ennui que par envie. "ou alors je peux dire à tout ce beau monde que t'es une personne hyper connue, hyper célèbre et hyper riche. Comme ça ils courront après toi pendant toute la soirée pour que ce soit toi qui leur paye les bouteilles. Et même si t'es coriace, je suis pas sûre que tu sois capable de gérer 20 fans en furie qui te courent derrière partout où tu vas." elle parle, elle parle, elle jacasse et elle parle encore, j'ai arrêté de l'écouter je sais pas quand, probablement rien que pour recommencer à lui porter attention quand elle se retrouve à gober un reste de salive et encore dans la bouteille vide de champagne qu'elle m'a piquée parce que ouais, c'est p'têtre à elle mais c'était surtout à moi. « Désolée. » si la condescendance avec un timbre de voix, ce serait le mien.

« Alors c'est ça ta vie? » et si ça a l'air d'un jugement, c'est que c'en est un.

Je l’ai repéré en moins de cinq minutes la rousse. Très mauvaise voleuse donc. Et l’abruti qui tentait de l’approcher à perdu sa montre sans se rendre compte de quoi que ce soit. Elle a l’air un peu plus amusante que ces gens qui ne font que me prendre en photo et prendre des photos avec moi. Pas que ça me déplaise, mais après une centaine ça commence à légèrement m’ennuyer. Une pause de quelques secondes et je serai prête à retourner poser pour les fans. Et, je fais attention à cette fille qui a cru qu’elle pourrait se barrer avec toutes MES bouteilles d’alcool. J’ai pas payer un seul centime. Mais ce sont les miennes, et c’est aussi mon coin VIP. La pauvre elle est peut-être jalouse ? Vous croyez que si je lui offre un autographe elle retrouvera le sourire ?

Je me fiche un peu de son sourire. Mais elle a typiquement l’air d’être la fille qui aime chercher les emmerdes. Je peux lui en apporter autant qu’elle veut. Alors je parle, j’attends de voir si elle a des limites la rousse. J’ai hâte de pouvoir provoquer un scandale si la demoiselle s’énerve ou commence à chercher les emmerdes un peu trop fort. Elle a une montre pas à elle à son poignet, et des bouteilles qu’elle n’a pas payé entre les mains. Et elle est là, devant moi. Mauvaise idée d’essayer de me voler moi rouquine. Mais je lui laisse le bénéfice du doute, peut-être qu’elle est moins chiante qu’elle en a l’air. “J’accepte tes excuses.” Je penche un peu la tête et lui réponds avec le même ton condescendant.

“Et c’est ça la tienne ?” Je méprise autant son mode de vie qu’elle peut mépriser le mien. Un point commun non ? Je la regarde un peu plus précisément, elle n’a vraiment pas l’air des gens qui trainent dans les coin VIP sans avoir une une invitation de quelqu’un qui est capable de s’offrir ce coin. “Pourquoi t’es jalouse ?” Qui n’est pas jaloux de mon mode de vie. Mais elle est étrange la jeune femme, elle a l’air blasé alors qu’elle est en train de boire de l’alcool gratuitement dans le meilleur coin du bar. “Ta vie à toi c’est voler des montres et de l’alcool parce que y’a que comme ça que tu peux les avoir ?” Elle veut la jouer condescendante, alors je peux jouer au même jeu qu’elle. Mais c’est pas sûr qu’elle soit capable de gagner contre moi.

Je jure, je l'ai presque prise au sérieux. Presque, avant qu'elle arbore la pire moue de Paris Hilton que j'ai pu voir dans ma vie, et qu'elle la tienne si longtemps que j'aie peur qu'elle en traumatise ses joues à vie la pauvre. Lol, qu'elle crève.

“Et c’est ça la tienne ?” oh honey, va pas par là. Parce qu'elle arriverait jamais à mettre le doigt sur c'est quoi ma vie. Parce qu'elle juge et parce que c'est fun aussi de la voir faire. Vas-y, émets toutes les hypothèses que tu veux, t'y arriveras jamais et je m'amuserai comme une petite folle à tout casser à chaque nouvelle accusation. “Pourquoi t’es jalouse ?” j'éclate de rire, le rire mauvais, le rire que personne veut entendre franchir mes lèvres, le rire que même la musique chaotique de sa section VIP de merde peut pas cacher. “Ta vie à toi c’est voler des montres et de l’alcool parce que y’a que comme ça que tu peux les avoir ?” « Et ta vie à toi c'est quoi, c'est de pas arrêter de poser des questions de merde à n'importe qui qui fait autre chose qu'être belle pour les caméras, le temps de te désennuyer et de vivre par procuration? »

Elle me lasse, elle m'ennuie, elle se répète, elle se dédie à des questionnaires chiants quand derrière elle son petit noyau de socialites a complètement arrêté de la prendre en photos, en vidéos. Ils sont désabusés ses sbires, ils sont là juste quand elle leur donne de l'attention, ils l'oublient la seconde d'après parce que mis à part les abonnés qu'elle a sur les réseaux sociaux et le nombre de zéro qu'elle doit avoir dans son compte en banque, ce sont que ses chiffres qui sont mémorables. Pas elle. Bouhou. « J'aurais presque de la peine, si j'en avais quelque chose à chier. » oups tiens, y'a une nouvelle bouteille volée qui apparaît entre mes mains. Et re-oups, tiens, y'a la moitié que je gobe dans jamais la lâcher des yeux.

Mon menton que j'essuie du revers de ses fringues hors de prix, l'un des pans de tissu que j'ai étiré pour sécher l’alcool sur ma peau sans la lâcher des yeux. « Le grand, au fond, les sourcils froncés. Il attend juste que tu cries au loup comme la petite chose fragile que t'es pour me dégager d'ici. Fais-toi plaisir.  » que je chuchote à son oreille, elle qui voulait absolument me dénoncer. Qu'elle le fasse, qu'elle retourne à sa petite vie, qu'elle me laisse vivre pour vrai la mienne.

Elle m’amuse pour le moment la rousse inconnue mais elle pourrait très vite me lasser. Parce qu’elle a la même expression faciale, parce qu’elle ne parle quasiment pas, parce qu’elle n’est pas de mon monde et que ce n’est pas une fan et ça ça peut très rapidement me fatiguer. Elle pose des questions inutiles, elle pique mais je continue de m’intéresser à elle pendant quelques minutes. On discute et la horde se désintéresse de moi et je m’en fiche pour le moment. Si je le décide ils recommenceront à me prendre en photo, et pour l’instant, j’ai décidé que ça m’importait peu. “Oh mais c’est qu’elle sait pas avoir une conversation sans piquer.” je pose mes coudes sur la table pour me rapprocher un peu du visage rempli d’alcool de la rousse. Apparemment elle ne sait pas boire correctement non plus. “Je devrais vivre par procuration à travers toi?” Qu’est ce que cette fille peut bien avoir qui pourrait me faire envie. A part sa capacité à voler des montres, mais le mec est bourré, donc elle était peut-être pas si douée que ça.

“J’aurais presque de la peine si ton avis avait une quelconque importance.” Plus elle parle plus mes sourcils se froncent parce qu’elle est compliqué à cerner. Qu’est ce qu’elle peut bien foutre dans ce coin VIP, sans amis, sans personne, sans rien à part une une nouvelle montre et une bouteille d’alcool à moitié bu. Elle boit, beaucoup, ça pourrait presque être impressionnant si je n’étais pas sûre de mieux tenir l’alcool qu’elle. Elle continue de faire comme si elle en avait rien à foutre mais en attendant elle n’a pas plus bougé que moi. Qu’est ce que ça veut dire ça ? Aucune idée, mais elle m’amuse un peu encore.

Elle me montre un type que je connais bien. Celui qui vire souvent des gens qui ne me plaisent pas de mon carré VIP. “Petite chose fragile, t’aimes bien être à côté de la plaque ?” Mon sourcil se hausse, j’en suis peut-être une mais je ne risque pas de l’avouer un jour. Je fais signe à la sécurité de s’en aller. “Pas tout de suite, t’as pas fini de parler je crois.” Et de raconter des conneries, des tas de conneries.

“Je devrais vivre par procuration à travers toi?”
« Tu devrais vivre tout court si tu veux mon avis. »

Ça me semble clair, et pourtant elle continue d'attendre que je lui sorte la nouvelle prophétie, à se scotcher à mes lèvres. C'est que ses autres potes de soirée doivent l'emmerder grave pour qu'elle en fasse une vendetta de me chasser, et c'est presque triste en vrai. Parce que je suis persuadée qu'elle m'a plus parlé à moi qu'elle a parlé à qui que ce soit depuis longtemps - que qui que ce soit l'ait écoutée, aussi. Et si vous voulez savoir si ça m'attendrit, si ça a le potentiel de m'adoucir face à elle, vous êtes à côté de la plaque.

Elle pourrait crever devant mes yeux que je ferais que vider ses poches. “Petite chose fragile, t’aimes bien être à côté de la plaque ?” en plus elle doit avoir des tas de cartes bancaires sans aucune limite, avec un mot de passe de merde genre 1234, l'idiote. « Jusqu'à maintenant, t'as rien prouvé à part être une pleurnicharde. » blablabla laisse-moi mon champagne, blablabla tu as volé un truc à un gars qui est disparu de la zone VIP anyways, blablabla je peux te faire sortir du bar en un claquement de doigt. La lourdeur. “Pas tout de suite, t’as pas fini de parler je crois.” « Tu m'ennuies. » et en plus c'est à moi de faire l'animation? Elle est marrante, la blonde.

« Amuse-toi avec tes montres, je vais vivre ma meilleure vie avec la mienne. » qu'elle aille voir son mec à la sécurité, qu'il la choppe dans les toilettes après qu'elle ait bavé de le voir me chasser. Moi, j'attrape deux autres bouteilles après lui avoir brandit la montre sous les yeux, montre qui file dans mon sac avant que ce soit mon majeur qui la salue. La seconde d'après, c'est la ruelle derrière le bar qui m'accueille à bras ouverts. On y respire mieux, déjà.

Elle m’énerve mais elle m’intrigue la rousse. Elle doit être sacrément douée pour s’introduire comme ça et voler un coin VIP. Personne ne l’aurait vu si ça n’avait pas été mon coin VIP. Je vois tout, toujours. Elle aurait pu être plus discrète, je suis déçue que même elle ne soit pas capable d’entretenir une conversation intéressante. Elle parle avec peu de mots, elle répète les miens. C’est donc à ça que se réduit son vocabulaire ? Ou elle a seulement besoin de mimer ce que je fais pour se croire intéressante ? Je me pose la question en détaillant son portrait, je n’oublierai pas son visage. Je grogne, pas intéressant, j’ai pas besoin de répondre.

“C’est toi qui as besoin de voler pour boire et c’est moi la pleurnicharde ?” Ma tête se penche, pourquoi elle est si hargneuse celle là ? Elle est presque pire que moi si c’était possible. Elle n’a jamais appris que quand on parle avec les gens avec un ton calme c’est encore pire que quand on leur crie dessus. Elle ne crie pas, mais son ton la trahit. Personne ne sait mentir correctement dans cette foutue ville ou quoi ? Pathétique. Blablabla je l’ennuie, qu’est ce que j’en ai à foutre ? “Oh et tu crois que j’en ai quelque chose à faire ?” Elle a juste la chance d’être un peu plus intéressante que les personnes qui ont décidé de m’accompagner ce soir. Mais elle parle trop, pour dire des choses très peu intéressantes.

Oh donc elle a cru qu’elle s’en sortirait comme ça ? On se débarrasse pas de moi aussi facilement. J’attrape une autre bouteille et je la suis. Elle ne va pas très vite, elle est de nouveau pas discrète. Elle sort, je sors. Je n’avais pas prévu de passer ma soirée dans la rue, j’espère qu’elle a des activités intéressantes à faire. “T’aurais dû aller plus vite si tu voulais pas que quelqu’un te suive.” Je ne tangue pas, je commence à tenir un peu trop bien l’alcool. C’est assez chiant par moment. Donc mes lèvres se posent autour du bouchon de cette bouteille pour en boire une longue gorgée. “Tu comptes t’amuser comment avec TA montre ?”

“T’aurais dû aller plus vite si tu voulais pas que quelqu’un te suive.” fais chier. Évidemment que je soupire bien plus fort que j'aurais dû, à voir la mèche qui s'est posée comme une conne sur mon visage voler au passage. Mes yeux roulent sur leur socle, mon nerf optique prend peur de finir foulé. J'ai pas envie de jouer la babysitter et j'ai encore moins envie de devoir lui rendre des comptes, de me la taper dans les pattes pendant une soirée entière quand, merde c'était juste une bouteille de champagne et une montre, qu'elle aille faire chier la planète en entier sauf moi, hello l'injustice.

Et en plus, elle pose des questions. “Tu comptes t’amuser comment avec TA montre ?” elle est en phase de s'interroger sur le sens du monde et de l'univers et notre place à travers et elle m'énerve. Je pense bien qu'elle est en communion avec l'incertitude et avec les grandes philosophies et sérieux je viens à peine de m'allumer un joint et je viens à peine de texter Jet pour qu'il débarque avec des pilules sérieux c'est quoi les chances qu'elle passe à travers cette soirée - indice, aucune. « J'imagine qu'il va falloir que j'aille pas assez vite et que tu me suives pour savoir. »

Alors je prends sur moi, âme charitable de merde pour une poignée de minutes à peine. Quand je lui glisse la clope verte entre les lèvres, que j'ouvre le champagne, que je nous appelle un taxi et que je décide qu'on va juste cumuler les mauvaises décisions ce soir. Elle a suivi et c'est son problème, elle me suit dans la voiture qui nous amène où je veux et ça aussi, c'est son putain de soucis.

En attendant, ce serait mentir de dire que je me régale pas de lui faire découvrir la vie, et que si elle sort vivante de ce soir elle survivra à d'autres soirées toutes aussi improbables à mes côtés.