Pomme d'amour dans les mains, je flâne le long des stands de jeux, me délectant de la joie et la bonne humeur des gamins et des adultes mais aussi des hurlement de terreurs qui provienne du train fantôme, des cris de sales gosses indignés et les haussements de voix de parents désespérés. Ce parc d'attraction est un spectacle et un joyeux bordel à lui tout seul et j'avoue que je pourrais passer des heures ici à marcher à travers la foule qui se presse, slalomer entre les gens qui s'arrête sur le chemin, esquiver ceux qui répandent le contenue de leur estomac à la descente d'un manège un peu trop violent pour eux et humer les bonnes odeurs sucré de barbes à papa ou amande caramélisés. Je connais ce parc depuis que je suis toute petite, c'était notre sortie familiale de l'année et à chaque fois je prenais une barbe à papa, une pomme d'amour et un sachet d'amandes grillé. Et même maintenant à presque 29 ans je m'autorise ces petits plaisirs et je n'ai absolument aucune honte à me balader entre les gens avec du sucre rose sur un bâtonnet en plastique.

Je profite aujourd'hui d'un des derniers beaux temps de l'automne australien pour venir ici car je sais que dans quelques semaines il n'y aura plus grand monde et la plupart des attractions auront fermés. Même maintenant il n'y a déjà pas grand monde et si en général je suis plutôt contente quand un endroit n'est pas bondé, je dois avouer qu'aujourd'hui j'aurais bien aimé pouvoir me fondre dans la masse.

Car, voilà. Au détour des stands de machines à sous, je la vois, Clarisse, mon ex copine qui m'a lâché après 2 mois parce qu'elle avait peur de l'engagement. C'était vraiment à croire qu'elle ne me connaissait pas car l'engagement et moi ça fait deux. J'ai eu beau le lui faire comprendre, elle n'a rien voulut savoir. Et a final j'ai appris que je n'étais qu'un parie. La salope. Le truc vraiment nul c'est que j'ai l'impression qu'elle m'a utilisé en me faisant miroiter des truc irréel.

J'aurais bien aimé ne plus jamais lui faire face car je pense que si elle me reparle encore une seule fois, mon poing risque de rencontre son nez avec un minimum de violence. Mais la voilà qui arrive, toute souriante et toute innocente.  «LOU ! OMG Ça fait trop longtemps »  «pas assez  » marmonnais-je, mon poing se resserrant autour de la tige de la pomme d'amour  « T'as vraiment une sale tête» qu'elle reprend, me faisant hausser un sourcil  « ...pardon ?» demandais-je  « Je ...hum..c'est pas ce que je voulais dire. Ce ...c'est juste que t'as plus de cernes que d'habitude et … enfin bref. Ça va ?! Les amours tout ça ?»

Je me vois déjà lui faire bouffer ma pomme d'amour en entière, mais au lieu de ça, je m'approche de la première personne qui passe et l'attrape par les hanches pour l'attirer contre  « ça va on ne peut mieux. Pas vrai ?» que je répond avec un sourire amoureux envers la jeune femme. J'espère qu'elle sait lire dans les regards et qu'elle comprend que tout cela n'est qu'un jeu et qu'elle soit actrice pour quelques secondes  «Oh...  » Clarisse semble déboussolé  «Eh ouais. Ça fait 6 mois qu'on est ensemble Alexia et moi » sorry girl, je panique et je suis nulle à trouver des prénoms  «6 mois … ? Mais...ça fait seulement 3 mois qu'on est séparé. Je ... »  «Ah ben tu sais, j'ai toujours préféré les rousses aux blondes. Mais bon, quand on est conne comme toi, on peut pas le savoir » j'hausse les épaules puis attrape la main de l'inconnue dans la mienne et je passe à côté de Clarisse sans un mot de plus.

Ce n'est que quelque mètres plus loin une fois que nous sommes à l'abri de regards indiscrets que je lâche la main de la pauvre inconnue qui s'est sans doute vu séparer de son groupe.  « pfiou ...désolé» que je m'excuse promptement en me reculant un peu  «J'ai un peu paniqué là-bas et ...bref, désolé que ça soit tomber sur toi » je lance un coup d’œil au-dessus de mon épaule puis secoue la tête  « Merci d'avoir jouer le jeu» je repend en lui adressant un petit sourire  «Et désolé pour le prénom aussi ! T'as même pas une tête à t'appeler Alexia. C'est moche Alexia en plus, j'aurais du t'appeler Rose ou Sophie … ou Michelle. Michelle c'est jolie » ta gueule Lou, tu t'enfonces

@Ariane Parker

« ça va on ne peut mieux. Pas vrai ?» what. the. hell.
« Eh ouais. Ça fait 6 mois qu'on est ensemble Alexia et moi » tu fous quoi?
« Ah ben tu sais, j'ai toujours préféré les rousses aux blondes. Mais bon, quand on est conne comme toi, on peut pas le savoir » t'es qui toi?

Et elle me touche la fille. Elle est démonstrative et elle roucoule et ce serait mentir de dire que mes sourcils se sont pas haussés à la seconde où elle prend ses aises quand d'autres ont souffert pour bien moins pire que ça.

Mais son ex où ce qui semble l'être est une véritable conne. Elle l'est dans son regard haut perché et dans sa voix de crécelle. Elle rage et elle bouille et c'est devenu ma nouvelle raison de vivre de la voir qui se confond dans ses vannes pendant que mes doigts se perdent dans les cheveux de l'autre célibataire qui veut se prouver. Bon okay je tire ses mèches et j'y fais des noeuds, y'a rien là d'amoureux, mais pour le show j'ai pas eu le mémo du coup j'improvise. Faites pas chier.

La fille à rendre jalouse se tire, mes prunelles la suivent un temps avant que j'en devienne complètement désintéressée. « pfiou ...désolé J'ai un peu paniqué là-bas et ...bref, désolé que ça soit tomber sur toi » j'ai vu ça. « Merci d'avoir jouer le jeu » « J'ai pas vraiment eu le choix. » ça aurait pu sonner comme une critique, comme une insulte, comme une menace. Ça sonne juste comme une pique, mon sourire en coin qui se charge de dédramatiser quand elle, elle a l'air clairement encore au bout de sa vie.

« Et désolé pour le prénom aussi ! T'as même pas une tête à t'appeler Alexia. C'est moche Alexia en plus, j'aurais du t'appeler Rose ou Sophie … ou Michelle. Michelle c'est jolie » « Ariane. » soit elle se demande vraiment comment je m'appelle et son cerveau spin bien trop fort d'un sens ou de l'autre, soit elle flippe toujours à cause de l'autre ex envolée dans la nature désormais. « Ça s'est mal fini à quel point, vous deux, pour que tu sois dans cet état? » on m'a pas appris le tact, on m'a pas appris la politesse non plus ; quand en gage de paiement je lui pique sa pomme d'amour à peine entamée.

J'ai paniqué. Beaucoup trop. Crois moi, chère et magnifique inconnue, je ne suis tactile en général. En temps normal je suis même loin de faire ce que j'ai fait avec toi et je suis désolé que ce soit tombé sur toi. Tu étais au mauvais endroit au mauvais moment, c'est la faute à pas de chance. Ou alors était-elle au bon endroit au bon moment ? Je ne saurais le dire. Tout ce que je sais c'est que Clarisse se confond en excuse alors que la jolie rousse s'amuse avec mes cheveux. Je sens bien que ce n'est pas un geste amoureux et qu'elle tire plus qu'autre chose, mais ça suffit pour que Clarisse se sente comme une conne.

Et pour remercier la jolie rousse pour ses bons et loyaux services, je la relâche et me confond en excuse. La première chose qu'elle me dit c'est que ça se voyait que j'ai paniqué et je grimace légèrement  « pourtant j'ai fait du théâtre quand j'étais gamine et ma spécialité c'est l'improvisation» haussais-je les épaules comme si cela aurait pu me sauver, comme si les quelques heures passées sur scène a l'école primaire aurait pu m'être utiles dans cette situation.

Ni une ni et pendant que je cherche un prénom plus adéquat à la pauvre victime que je viens de faire, celle-ci me pique la pomme d'amour que j'avais à peine entamée et si en tant normal j'aurais sans doute protesté, aujourd'hui je lui en fait grâce. C'est la moindre des choses, non ? Alors qu'elle croque dans le nappage de sucre rouge, elle me donne son vrai prénom. Ariane. Un prénom plutôt original mais qui lui va tellement bien, a elle qui est aussi hot[i] qu'une fusée au moment de la propulsion.

 «C'est tellement idiot » que je lui répond en secouant la tête alors qu'elle me demande si ça c'est tellement mal finie avec mon ex  «Disons que c'était pendant ce moment où j'ai été trop bonne et trop conne quoi» haussais-je les épaules  «Elle voulait plus, je voulais pas. Puis c'est moi qui voulais plus et elle qui a prit peur et ...bref, c'est trop long à expliquer » que je déclare avec un mouvement de la main comme pour passer à autre chose  «Lou » me présentais-je finalement. Je tends la main pour reprendre la pomme d'amour des doigts d'Ariane et croquer une fois dedans avant de la lui rendre  «Merci encore, d'avoir jouer le jeu et d'avoir pu improviser un couple » je laisse échapper un rire  « J'ai beaucoup aimé le regard de Clarisse et sa tête était tout bonnement [i]priceless» t'as fait un bon job avec tes doigts dans mes cheveux.


@Ariane Parker

Elle en perd ses mots, en perd presque l'équilibre. Pauvre fille en vrai. « pourtant j'ai fait du théâtre quand j'étais gamine et ma spécialité c'est l'improvisation» « Quand t'étais gamine, hm? » vaut mieux dédramatiser avec une pique qui juge à quel point ses performances datent. Vaut mieux en rire avec un sourire en coin, avec n'importe quoi mais pas sa pomme d'amour qui devient d'office la mienne. Mon pourboire.

«C'est tellement idiot » qu'elle se diminue pas en plus sinon tout le monde va croire que je vais finir par me transformer en Maya Angelou. Ma patience a quand même ses limites. Je peux l'écouter, je l'ai fait pendant des années à GQ, j'ai envie de recommencer aujourd'hui, point barre. «Disons que c'était pendant ce moment où j'ai été trop bonne et trop conne quoi. Elle voulait plus, je voulais pas. Puis c'est moi qui voulais plus et elle qui a prit peur et ...bref, c'est trop long à expliquer » « T'as fait un bon boulot d'expliquer ça en une minute top chrono. » elle a pas besoin de me donner plus de détails, je suis qu'une inconnue, je suis juste son alibi du jour, et limite je suis son oreille attentive le temps qu'elle se rappelle pourquoi elles ont rompu. Et surtout pourquoi elle est certainement mille fois mieux dans sa vie désormais. Ce genre de conneries.

J'ai tué pour moins que ça, quand elle reprend son dû sucré entre mes doigts collants. «Lou » au moins, elle me la rend sa pomme. Vaut mieux. «Merci encore, d'avoir jouer le jeu et d'avoir pu improviser un couple » l'épaule que je hausse, c'est pas comme si on s'était confondues en baisers langoureux, j'ai juste joué dans ses cheveux. « J'ai beaucoup aimé le regard de Clarisse et sa tête était tout bonnement priceless» là par contre, c'est un sourire bien fier bien grand qui trône sur mes lèvres. « C'est une passion de vie de faire chier les gens. Ou un don? Un peu des deux. » j'ai certainement des dizaines d'années d'expérience là-dedans. Aujourd'hui n'est qu'un énième exemple à ajouter au lot.

« T'as l'air de quelqu'un qui a besoin de relaxer. » que je finis par ajouter, une longue poignée de secondes plus tard quand elle ne semble pas bouger et que mes prunelles sont vissées dans les siennes, effrontée de service. L'instant d'après, je l'entraîne derrière les kiosques des forains, le joint que je dégaine de la poche arrière de mon jeans. Je partage jamais, mais à voir sa tête, ça lui fera plus de bien qu'à moi. « Panique pas, ils viennent jamais errer ici. » le briquet craque, la clope verte trouve sa place contre mes lèvres le temps que j'en aspire la première bouffée. Un coup d'oeil par-dessus son épaule pour valider qu'en effet, on a la paix, avant que mes doigts lui tendent sa thérapie du jour.

Le hasard a bien choisi sa personne en vrai. Ariane est belle, Ariane est caustique, Ariane me ressemble sans doute plus que ce que nous imaginons. Malheureusement (ou heureusement …?) elle est hétéro. Elle ne me l'a pas dit, ne me l'a pas montré, mais mon gaydar ne m'a jamais trompé et là il est à zéro. Il n'y aura donc que dans mon imagination que nous sommes ensemble. Ce qui, toutefois, ne nous empêche pas d'échanger encore quelques paroles. En quelques secondes je lui explique mon histoire avec cette Clarisse, croque dans la pomme d'amour que je m'étais acheté moi-même mais la redonne rapidement à Ariane lorsque je vois son regard et je me présente par mon surnom. Lou, tout simplement.

Je la remercie à nouveau, laisse échapper un rire et m'amuse du regard que mon ex m'a lancé lorsqu'elle s'est rendu compte que j'ai faussement trouvé mieux qu'elle. Et je vois là, dans la lueur du regard de la rousse que celle-ci s'en est, elle-même, totalement délecté.  « La meilleure des passions» dis-je en hochant la tête d'un air entendu  « T'as l'air de bien t'en sortir à ce jeu là, en plus» J'incline légèrement la tête sur le côté, observant la belle Ariana avant que celle-ci ne m'attrape le bras pour me tirer derrière elle.

Je n'hésite pas longtemps et la suis jusqu'à ce que nous ne retrouvions derrières les barraques où elle sort le cornet de grâce : un joint. Dans un petit rire cristallin elle me dis que j'ai l'air de quelqu'un qui a besoin de me détendre et l'allume. T'as pas plutôt du Lexomil ou du Valium ? Je lui offre un sourire et hausse les épaules lorsqu'elle me dit que de toute façon personne ne vient jamais ici et attrape le joint  « tant mieux alors» dis-je en prenant une grande taff, garde la fumé un peu dans mes poumons puis expire lentement en rejetant la tête en l'air et m'adosse contre la maisonnette  « Tu fais quoi dans la vie Ariane ?» demandais-je  «Je veux dire, à part jouer les fake couple avec brio » et je lui adresse à nouveau un sourire, amusé par toute cette situation.

@Ariane Parker

Elle suit, encore heureux. Si le joint d'habitude aurait sagement continué d'être calé au creux de mes lèvres n'en reste qu'aujourd'hui apparemment je suis généreuse. Toute la planète en entier s'en étonnera, que je la laisse tirer avec autant de vigueur sur la clope verte, qu'elle en prenne pour son grade. Elle doit en avoir besoin, pauvre petit chaton délaissé, son ex qui erre et rôde encore dans les parages et qu'elle a clairement pas assez fait chier à son goût pour ce qu'elles ont bien pu pouvoir vivre.

« Tu fais quoi dans la vie Ariane ?» sa question sort de nulle part et je recrache ma fumée entre deux rires de la voir être si portée sur le sérieux de la chose. Elle me connaît pas, me croisera probablement plus jamais après aujourd'hui. Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre que je sois astronaute ou proxénète? «Je veux dire, à part jouer les fake couple avec brio » au moins elle dédramatise et ouvre la porte aux conneries, grand bien m'en fasse.

« Je fais des tas de trucs. » que je commence, mystérieusement chiante, la cendre qui tombe à mes pieds et la fumée qui englobe mes sens avec. « Mais si je te dresse la liste va falloir que je te tue, et je t'avertis j'irai pas doucement. » les menaces qui n'en ont que le nom flottent entre notre deux, alors que le joint repart de mes lèvres pour trouver les siennes. Qu'elle le voit comme ma version douce et polie de la couper dans son élan pour faire la conversation, maintenant que rester une inconnue me va parfaitement. « Okay on va faire un truc. » après une bonne minute à cogiter pendant qu'elle a l'air de relaxer, j'en viens à une conclusion qui n'a rien de dramatique, bien au contraire. « Fais la liste de tout ce que tu pouvais pas faire quand t'étais avec elle. Et aujourd'hui, coche tout. » ça me semble être les meilleurs adieux possible, et la meilleure façon de la voir déguerpir conquérir monts et marrées à foison.

Quelle calomnie, quelle traîtrise, que celle que je viens de faire vivre à Clarisse. Et le pire dans tout ça c'est qu'elle y a crus, à ces paroles mensonger. Elle les a bu comme elle boirait des Margherita ou des mojito (et dieu sait qu'elle aime ces cocktails basiques et sans saveurs). Quel n'est donc pas le bonheur de savoir que j'ai réussi à chopper une bonimenteuse telle qu'Ariane qui s'est fait un malin plaisir de jouer le jeu. Je ne pense pas que j'aurais pu tomber sur une meilleure perle qu'elle ! D'autant plus qu'elle accepte de partager un joint avec moi et ça, ça veut tout dire.

J'accepte donc avec grand plaisir de ma cacher derrière les pavillons pour tirer quelques taf avec cette jolie fille. Et, afin de vouloir faire plus ample connaissances, je lui demande ce qu'elle fait dans la vie. Sa réponse, elle, est si vaste et limite j'aurais pu m'en douter vu à quel point Ariane est piquante. Et ça c'est magique. Je me joins à son rire alors qu'elle me redonne le cône du bonheur sur lequel je tire avec joie.  «Je prendrais bien le risque, tu sais » haussais-je les épaules en lui lançant un regard malicieux avant de pouffer de rire et lui redonner le joint.

Et c'est alors qu'Ariane propose quelque chose de totalement bizarre mais Ô combien intriguant et intéressant. J'incline légèrement la tête sur le côté en reprenant le joint entre mes doigts  «T'es sûre ? Parce que la liste est vraiment longues et qu'on pourrait passer des jours dessus » serait-ce peut-être une invitation pour qu'on se revoit ? Je n'en sais rien  «Elle n'a jamais voulut faire le double saut de l'ange à l'extérieur de Brisbane par exemple » est-ce qu'Ariane le ferait, elle, du saut à l'élastique ? Elle m'a tout l'air d'être ce genre de meuf qui adorent l'adrénaline. Ou peut-être que je me trompe totalement ?  « Elle n'a jamais voulut m'embrasser dans le train fantôme» je pince les lèvres, réfléchissant  « Elle n'a jamais voulut puncher les gars qui fait le vampire dans la maison de l'horreur » j'hausse les épaules et redonne la cigarette à Ariane pour qu'elle prenne la dernière taf  «Elle n'a jamais voulut s'envoyer en l'air avec la grosse Bertha non » reprenais-je  « Certes, l'armée nous interdit d'embarquer des civils avec nous pendant nos vols, mais elle tout nié dès le début » je croise les bras et m'appuie sur la baraque  «Bon, allez vient, on va faire le train fantôme »

Je laisse Ariane finir le joint et l'écraser au sol, avant de me détourner pour me diriger vers l'homme qui gère les tickets du train fantôme  « Et bonjour monsieur du corbeau !» m'exclamais-je à l'homme au déguisement noir  « C'est une chauve souris» qu'il répond, ennuyé  « Corbeau ou chauve souris peu importe, vous devez sans doute être le phénix des hôtes de ces bois, non ?» reprenais-je en désignant l'entrée du train fantôme  « C'est moi, oui !» répond-t-il pour montrer sa belle voix avant de nous donner nos tickets et nous dire de le suivre.  « Avant d'entrer ici, apprenez que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute» reprend-t-il avec un ton mystérieux avant de laisser échapper un rire sardonique et de disparaître de devant l'entrée  «ça veut dire qu'on ne doit pas trop flâter la frimousse de Cerbère et des autres Hellhounds ? » demandais-je avec innocence, pouffant de rire tout en entrant dans cette maison horrifique.

Elle parle, elle parle, elle parle et elle parle encore et c'est ma faute, c'est moi la conne qui lui ait ouvert la porte à ce qu'elle vide son sac une bonne fois pour toutes. Je prends mon mal en patience en me disant que dès qu'elle me repasse la clope verte je me tire et ça ne sera que pour mon bien. La dernière bouffée vient achever mes dernières envies de l'étrangler pour qu'elle se taise et comprenne à quel point le silence peut être vital dans la vie, mais la voilà qui s'enfuit déjà vers d'autres cieux.  

« Bon, allez vient, on va faire le train fantôme » on?

Et okay, j'avoue, j'ai suivi. J'ai suivi parce que je voulais voir si elle allait avoir l'audace de m'embrasser à la seconde où on serait dans le putain de premier wagon de son putain de train fantôme. J'ai pas été conne j'ai bien entendu ce qu'elle a avancé en se pinçant les lèvres ensuite, en mode faussement gênée. Si je suis pas du tout intéressée par son cas je le suis toujours par un peu d'adrénaline et de ce côté-là, ça aurait fort probablement été la sienne de plaquer ses baisers sur ma peau comme si elle en avait le droit sur l'épiderme d'une inconnue.

Mais ils font chier, à s'envoyer des piques de renard et de corbeau et j'en ai rien à battre, vraiment, de ça. Qu'ils rigolent, qu'ils se fassent des poignées de mains secrètes, qu'ils s'inventent un monde et qu'ils s'en amusent, moi, je tire ma révérence dans la seconde. Je l'entends se détourner, l'imaginant agiter les billets qu'elle vient apparamment d'acheter. Me disant qu'elle retournera peut-être voir son ex pour pas se laisser une impression d'inachevé dans le train fantôme, c'est en parfaite chieuse que je la laisse dans mon sillage. Sans un merci pour la pomme d'amour que j'ai gobée au complet à sa place. Elle a eu autant de taff de joint que moi, on appellera ça la plus pure des égalités.