Sac à dos sur les épaules, écouteurs dans les oreilles et un bouquin à la main, Mira attend le bus en lisant. Lara lui avait donné rendez-vous au Mcdo, elle avait préféré un endroit "neutre" pour les retrouvailles, parce qu’apparemment les deux jeunes femmes "ne sont pas très douées". Qu’entendait-elle par "pas très douées" ? Sous-entendait-elle qu’elles étaient incapables de discuter sans faire de grandes scènes, qu’elle préférait éviter ce genre de discussions de dramaqueen, et donc qu’un lieu public convenait mieux pour leur discussion ? Sans doute, et c’était d’ailleurs certainement la meilleure solution : l’asiatique détestait la confrontation, mais ce qu’elle détestait encore plus, c’étaient les confrontations en public. Rappelle-toi Mira, on a dit pas de cris, pas d’alcool, pas de larmes. Une discussion entre adultes, c’est tout. Un coup d’œil à sa montre indique qu’il est déjà 14:40. En bus, quinze minutes suffisent pour parcourir le trajet jusqu’au centre commercial, mais c’est idéaliste de penser qu’il n’aura aucun retard. « Allllllez putain là… » Elle râle sans se soucier de la grand-mère à côté d’elle qui la dévisage de haut en bas : contrairement à la vieille, Mira n’a pas dix minutes à perdre dans l’attente d’un bus. Quelque minutes plus tard, le transport en commun pointe finalement le bout de son nez. Elle grimpe dedans, se trouve une place et s’y pose en espérant que le chauffeur ne va pas prendre tout son temps pour redémarrer alors que la grand-mère commence à parler de la pluie et du beau temps avec lui. La doctorante soupire (comme si ça pouvait empêcher la vieille de parler), ouvre son livre à dernière page lue, et tente de se focaliser sur la lecture tout en essayant de ne pas faire sauter sa jambe qui reflète son stress. Au bout de la huitième fois où elle relit le même paragraphe sans réussir à se concentrer, elle finit par ranger son livre et s’empare de son téléphone. Mira ouvre machinalement son Instagram pour faire défiler son fil d’actualité comme à chaque fois qu’elle cherche à fuir une situation, ou qu’elle préfère s’oublier pour se concentrer sur les images qui s’animent sous ses yeux. C’est beaucoup plus facile comme ça. Elle devait retrouver Lara à quinze heures, l'asiatique serait certainement en retard, mais ce n’est pas ce qui lui faisait le plus peur. Ce qui l’effrayait vraiment, c’était plutôt de parler. Qu’allait-elle lui dire au fond ? La vérité ? Mais quelle est la vérité ? Sait-elle réellement ce qu’elle veut, aujourd’hui ? Elle avait fini par envoyer ce message pour lui dire qu’elle était prête à parler, pour lui donner rendez-vous, c’est bien elle qui a initié cette rencontre. Pour la première fois depuis son retour sur Brisbane, Lara et Mira n’allaient pas se retrouver par hasard, mais parce que c’était voulu. La brune relève la tête pour voir où elle en est sur le trajet, il ne reste plus que deux arrêts avant qu’elle n’arrive au centre commercial. Le stress se fait d’autant plus présent, elle a du mal à déglutir et toute faim est coupée même si elle n’a rien avalé depuis le petit déjeuner. Sa respiration s’accélère au fur et à mesure qu’elle s’approche un peu plus du fast-food, et quand elle arrive finalement devant le centre commercial, elle aurait presque envie de ne pas descendre du bus, de feindre être malade pour éviter la discussion avec Lara, de mentir sur ses expériences en disant qu’il y a eu un problème au labo, d’inventer n’importe quoi pour ne pas se pointer. Avec beaucoup d’appréhension et un gros coup de pied au cul qu’elle se donne, elle finit quand même par descendre du transport pour se diriger vers le McDonald’s. Sa respiration beaucoup plus rapide lui rappelle encore une fois qu’elle angoisse, elle sait qu’il va falloir discuter, qu’elle ne pourra plus faire machine arrière quand elle sera devant Lara, mais elle ne voulait pas la perdre une deuxième fois, la Pearson lui avait donné une seconde chance de se rattraper et la doctorante ne pouvait pas passer à côté. Le cœur battant et les jambes tremblantes, elle arrive presque à l’heure devant le fast-food. Un coup d’œil rapide à l’intérieur lui indique que Lara est déjà attablée, les yeux rivés sur son téléphone. Allez Mira, tu peux le faire. Elle compte jusqu’à trois dans sa tête, prend une grande inspiration, et se dirige finalement vers son ancienne meilleure amie d'un pas décidé. « Hey coucou je suis désolée pour le retard le bus a fait de la merde en plus y’avait une vieille qui arrêtait pas de discuter avec le chauffeur et apparemment il avait du mal à conduire et répondre en même temps donc il a préféré prendre son temps mais promis j’étais à l’heure de base en plus. » Elle reprend son souffle après cette très (trop) longue amorce, les détails inutiles dits à haute-voix pour essayer de cacher son malaise mais qui montrent la plupart du cas tout l’inverse, et n’attend pas la réponse de Lara pour continuer à déblatérer. « J’espère que t’attends pas depuis trop longtemps en tous cas, tu veux prendre quelque chose à manger ? Moi je pense que je vais prendre un truc, j’ai pas encore mangé. C’est justement pour ça que j’étais censée être à l’heure parce que j’ai pas encore mangé parce que j’avais peur d’être en retard. » qu’elle finit par dire, toujours aussi rapidement, toujours plantée debout en attendant cette fois-ci la réponse de Lara, un sourire forcé et gêné tracé sur son visage. Elle ne sait pas si elle doit lui faire la bise, si elle doit juste s’asseoir, ou s’il vaut mieux qu’elle aille commander aux bornes pour se calmer un peu. Elles se connaissaient pourtant très bien toutes les deux, mais les derniers mois n’avaient pas été leurs meilleurs. Mira avait eu honte de son comportement, et bien qu’elle ait essayé de s’excuser, elle était parfaitement consciente de la rancœur que pouvait éprouver la Pearson à son égard.

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{hard feelings}
crédit/ (katmcnamara/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

La nuit avait été longue. Mais c’est souvent le cas pour toi et tu as fini par t’y faire au bout d’un moment donné. Oui, tu as accepté le fait que les nuits allaient s’étirer pour toi et principalement à cause du métier que tu as choisi mais pas que. Il y a quelque chose de particulièrement satisfaisant à commencer ta journée au moment où beaucoup rentrent chez eux pour oublier leurs problèmes et recharger leurs batteries. Pas toi, c’est même l’inverse ce soir, surtout que ce ne sont pas un mais deux enterrements de vie de garçons qui t’attendent, l’un à la suite de l’autre en plus. Mais tu peux tout gérer et tu as le sac rempli pour les deux occasions, prête à répondre aux demandes, même les plus ridicules et extravagantes de tes clients du jour. Ou plutôt du soir.
C’est bien pour cela que tu revêts un costume d’infirmière pour la première partie de la soirée, pas très règlementaire et beaucoup plus court que la normale mais personne ne semble se plaindre et même le chauffeur de ton Uber t’adresse un compliment et tu te contentes de simplement de répondre que c’est une soirée comme les autres. Pour toi en tout cas. Juste le temps de fourrer tous tes billets dans ton décolleté et dans ton sac à dos, il est déjà 3h du matin et tu dois te retrouver dans une autre partie de la ville. Tu te changes dans l’Uber suivant, remercies mille fois la conductrice cette fois-ci et lui promet un rating du tonnerre. Elle ne semble même pas sourciller quand tu passes du rose bonbon au blond platine en revêtant une de tes perruques préférées ou quand c’est une jupe plissée d’écolière que tu troques contre ton short en jean. Tu ne poses plus de questions depuis longtemps, tu ne préfères même pas juger… à quoi bon d’ailleurs ?
La tenue n’a pas d’importance, la taille de la scène n'entre pas en compte et le nombre de spectateurs non plus, tu es capable de danser n’importe où, n’importe quand et pour n’importe qui. Un talent que personne ne peut vraiment t’enlever c’est certain. Il est 7 heures du matin quand tu finis enfin par consulter ton écran de portable, pour te trouver un énième véhicule afin de rentrer chez toi. Tu as également plusieurs messages non lus sur ton téléphone, et plutôt que de les lire, tu préfères repasser sur ta conversation avec Mira.
Le rendez-vous a été fixé aujourd’hui, c’est toi qui as insisté pour avoir cette discussion mature au possible, et toi également qui as proposé que vous vous retrouviez dans un endroit neutre. Rien qu’à imaginer Mira chez toi, dans ton appartement à Spring Hill… non, si c’est pour dire au revoir à la brune, et pour de bon cette fois-ci, autant le faire le plus loin possible de l’endroit où tu te sens le plus en sécurité. Enfin si c’est ce que Mira veut, tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre et tu ne sais pas vraiment comment t'y préparer. Tu es surprise de te retrouver chez toi, tu étais trop concentrée sur ton téléphone pour faire attention au reste et tu remercies ton dernier chauffeur de la soirée avant de rejoindre ton appartement. Tu t’effondres rapidement sur ton lit, juste pour quelques heures, prenant bien soin de mettre un réveil afin de ne pas être en retard. Tu trouves le sommeil facilement, ton corps ayant besoin de repos plus qu’autre chose, tu ne prends même pas la peine d’enlever tes chaussures ou tes vêtements. Ce qui explique pourquoi tu as des courbatures quelques heures plus tard. Ou pourquoi il est 14h15. "… Ugh merde." Visiblement, tu n’as pas entendu ton réveil. Parfait.
Tu te redresses rapidement et empruntes le chemin de la salle de bain, pour une douche des plus rapides et c’est en te brossant les dents que tu choisis ta tenue du jour, jetant ton dévolu sur un t-shirt de Led Zeppelin noir et short bleu marine. Juste le temps d’enfiler une autre paire de bottes, d’attraper ton sac et toutes les notes de Mira que tu avais mis bien en évidence sur ton bureau et tu es repartie. Tu pousses la porte du fast food à très exactement 14h55 et tu préfères commandes deux barquettes de frites et un Coca-Cola plutôt que de songer à la tournure de cette conversation-là. Les frites disparaissent rapidement, très rapidement et la boisson suit également et tu te retrouves à jouer avec ton téléphone portable les minutes suivantes, pas certaine que l’autre brune fera son apparition. C’est le cas quelques minutes plus tard, et tu lui adresses un léger sourire. Car elle est là, ce qui est un bon début.
"Hey, non je n’attends pas depuis l…" Tu n’as pas le temps de finir ta phrase, Mira et son flot incessant de paroles te coupent la seconde suivante et tu la laisses finir sa phrase, un sourcil dressé, attendant qu’elle soit à court de mots. Tu avais oublié que la brune avait tendance à blablater pour ne rien dire quand elle était nerveuse. Ce qui veut dire qu’elle est nerveuse. Toi ? Tu ne sais pas quoi ressentir, depuis que Mira a refait apparition dans ta vie, tu es passée pas trop de stades : la colère, la déception, le dégoût, l’envie, la tristesse… Maintenant tu es juste épuisée, tu aimerais savoir où t’en tenir au final. "Mira, respire. Tu as juste dix minutes de retard, ce n’est pas la fin du monde." Que tu dis avant de hausser les épaules. "Et c’est bon niveau nourriture, j’ai déjà pris tout ce qu’il me faut pour ma part. Mais si tu veux commander quelque chose, vas-y, je peux attendre, ça ne me dérange pas."
Tu pointes la chaise juste en face de toi, pour qu’elle s’installe elle aussi, ou qu’elle y pose son sac pour aller s’acheter quelque chose d’aussi calorique que les frites que tu viens d’engloutir. "Sauf si tu préfères qu’on rentre directement dans le vif du sujet ? Et qu’on n’essaye enfin d’avoir cette discussion, comme des adultes. Une première pour moi aussi, je te rassure." C’est un sourire sincère qui passe sur ton visage quand tu articules les mots suivants, tu ne sais pas vraiment où tout cela va vous mener, mais elle est là, tu es là et c’est un bon début. "Oh et avant que j’oublie… voilà, comme promis." Tu fouilles dans ton sac et finis par en sortir quelques livres de notes et un manuel de chimie organique, l’un comme l’autre, les pages ont été noircies par vos deux soins, avec mêmes quelques commentaires dont vous seul aviez le secret quelques blagues privées. Tout cela semble remonter à tellement loin.

Mira pouvait sentir l’angoisse monter en elle au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du lieu de rendez-vous, elles avaient toutes les deux défini la raison de cette rencontre : la discussion, et c’était plutôt nouveau pour la brune. Enfin, nouveau non, c’est juste qu’habituellement elle s’en sortait toujours pour ne pas avoir à subir ce moment gênant sans qu’elle ne sache quoi dire parce qu’elle n’est pas douée avec les mots, elle ne sait pas dire les choses sans blesser, elle ne sais pas avoir une discussion mature et posée sans que ses larmes ne viennent inonder ses joues, et elle ne sait tout simplement pas mettre de mots sur ses pensées. Après plus d’un an et demi, elle avait tout de même pu réfléchir sur ce qu’elle souhaitait avec Lara, et même si elle n’avait toujours pas la réponse, même si elle se voilait toujours la face sur ses sentiments, Brown savait qu’elle ne voulait pas perdre sa meilleure amie une seconde fois et la discussion semblait être la seule échappatoire qui satisfasse réellement Lara. La gorge asséchée par le stress, la doctorante finit par débarquer dans le fast-food, reste plantée devant la Pearson et déblatère tout ce qu’elle peut en espérant contourner le sujet le plus longtemps possible, en espérant ne pas avoir à se montrer à nue tout de suite. " Mira, respire. Tu as juste dix minutes de retard, ce n’est pas la fin du monde." Un coup d’œil rapide sur sa montre lui confirme cette remarque et elle essaie de ne pas se focaliser sur les battements de son coeur trop rapides. "Et c’est bon niveau nourriture, j’ai déjà pris tout ce qu’il me faut pour ma part. Mais si tu veux commander quelque chose, vas-y, je peux attendre, ça ne me dérange pas." Mira remarque finalement que son amie avait effectivement un plateau posé devant elle, deux barquettes de frites vides et un grand gobelet qui contient (ou contenait plutôt) certainement du Coca-Cola, et elle se sent à nouveau coupable de son retard. La faire attendre davantage en allant chercher sa bouffe serait certainement malvenu de sa part, même si son amie lui affirme que cela ne posera pas problème. Lara lui montre la chaise en face d’elle, et Mira en déduit donc que la bonne situation à adopter est de s’asseoir. Elle ira chercher à manger après. "Sauf si tu préfères qu’on rentre directement dans le vif du sujet ?" Pas encore tout à fait assise, la brune ouvre un peu plus grand les yeux et se pince les lèvres en rougissant de plus belle. Tout compte fait, elle va peut-être aller aux bornes maintenant. Mira repousse la chaise en arrière en se redressant, et cherche son portefeuille dans son petit sac pendant que Lara continue d’essayer de détendre l’atmosphère. L'asiatique relève furtivement les yeux en direction de son amie qui lui offre un sourire, mais n’arrive pas à relâcher sa crispation et c’est sans doute un sourire gêné qui étire à peine ses lèvres en guise de réponse. "Oh et avant que j’oublie… voilà, comme promis." Lara pose le tout sur la table pendant que la doctorante met enfin la main sur sa carte bleue et détache son regard de son sac pour le diriger vers les bouquins. « Ah. Euh, oui merci. » qu’elle dit finalement en relevant la tête. « Pardon je suis désolée mais j’ai complètement oublié de te ramener ta jupe. » C’était surtout parce qu’elle n’arrivait pas à penser à autre chose qu’au discours qu’elle allait tenir, mais aussi parce que malgré tout, elle n’avait toujours pas suffisamment confiance en elle pour croire que Lara puisse vraiment vouloir la jupe qu’elle lui avait cousue. « Mais merci pour les bouquins. Ya des trucs que je voulais relire, ça tombe bien. » qu’elle affirme dans un premier vrai sourire avant de tendre sa carte bleue en l’air. « Jeeeeee… Je vais quand même aller me chercher à manger si ça te dérange pas. » Elle lui avait déjà dit que ça ne la gênait pas, pourquoi le redemander à nouveau Mira ? « Parce que du coup j’ai pas mangé, je pensais arriver avant et en profiter pour pouvoir enfiler quelques nuggets avant que t’arrives mais… C’est loupé apparemment. Je reviens vite. » annonce-t-elle en pensant tout le contraire en se retournant pour se diriger vers les bornes : elle espérait qu’il y ait la queue, que l’attente soit longue, qu’elle repousserait l’échéance, mais à cette heure-ci, la plupart des gens avaient déjà déjeuné, et ce sont des bornes vides qui n’attendent qu’elle. Brown choisit son repas, paie, et son numéro est affiché dans les commandes prêtes seulement deux minutes après. P’tain mais qu’est-ce que je vais pouvoir lui dire bordel. Elle jure intérieurement, ne sait toujours pas comment aborder le sujet, et espère secrètement que Lara passera outre bien qu’elle sache pertinemment que cela n’arrivera pas. Mira revient à leur table avec son plateau rempli de malbouffe, au moins elle pourrait toujours se réfugier derrière son gobelet XL ou en fourrant ses potatoes dans sa bouche. « Comment tu vas toi alors ? Tu te plais dans ton nouveau boulot ? » demande-t-elle avant même de s’asseoir en cherchant à contourner une nouvelle fois le sujet. Le fait que Lara soit strippeuse ne l’enchantait pas, elle s’inquiétait plutôt même de ce nouveau statut mais elle n’avait plus aucun droit de jugement, elle ne savait même plus si elle était légitime de s’inquiéter. Après tout, Lara et elle n’avaient plus eu de contact pendant plus d’un an et demi, beaucoup de choses pouvaient se passer en ce laps de temps. « J’espère au moins que tu te fais pas emmerder par des gros lourds. » Elle espérait surtout que Lara s’étende à propos de son métier et qu’elle puisse en oublier la raison de leur rencontre.

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crédit/ (katmcnamara/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Rentrer dans le vif du sujet. Tu n’arrives pas vraiment à croire que tu viens de lui proposer cela, et pourtant c’est bien la raison pour laquelle tu lui as demandé de venir et pourquoi vous êtes là toutes les deux. Pas juste pour parler de la pluie et du beau temps, mais de vous deux. De ce que vous représentez l’une pour l’autre. Et tu as bien conscience que tout va définitivement basculer après cette conversation, qu’il vous faudra décider si vous retournez à la normale ou si … ou si autre chose se passe. Parce que c’est ce que font les adultes pas vrais ? Ils ont des discussions matures et réfléchies et ils ne se contentent pas juste d’ignorer leurs problèmes, de s’enfouir la tête dans le sable et faire comme s’ils n’avaient pas de cœur.
Ce serait ridicule et stupide, tu es humaine, tu as des émotions et là tout de suite, tu comprends que Mira ait besoin de quelques minutes de plus, et tu hoches la tête alors qu’elle te révèle qu’elle a oublié ta jupe. Tu n’y pensais honnêtement plus, ce n’était pas vraiment au centre de tes préoccupations ces derniers temps et tu continues d’hocher la tête alors que Mira indique les bornes, visiblement, elle aussi a besoin de se remplir l’estomac pour … faire face aux prochaines minutes de discussion. "Je ne bouge pas." Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu te sens obligée de le préciser, Mira le sait, tu ne vas pas vraiment t’envoler et tu reportes ton attention sur ton téléphone pendant ce léger moment de flottement, redressant finalement le regard face à Mira et son plateau rempli. Tout a des allures de normalité, tellement que tu pourrais tout oublier et te lancer dans une énième discussion sur les couples de votre promo, qui a le meilleur style, qui est le meilleur danseur et qui va réussir les prochains examens ou pas. Le genre de futilité qui occupait tout votre temps libre quand les choses étaient un peu plus légères.
Mais non, Mira reprend la parole et tu ne sais pas pourquoi la conversation dérive sur ta profession. Elle ne choisit pas le sujet le plus facile du monde, est-ce qu’elle en a au moins conscience ? Tu redresses un sourcil à sa dernière remarque, tu n’es pas autant sur la défensive que lors de votre première altercation et le sujet de ton métier. Non, tu ne l’es pas, et cela ne te dérange pas de répondre aux questions de Mira, bien au contraire. Tu comprends les interrogations et sa curiosité est tout à fait justifiée et si vous rattrapez le temps perdu, tu peux commencer par être honnête toi-même. Histoire de prouver ta bonne foi et que tu n’es pas là pour lui mentir. "De manière surprenante oui, si on m’avait dit il y a un an en arrière que je serais strip-teaseuse et à temps plein je n’y aurais pas vraiment cru mais oui." Tout remonte à tellement loin maintenant que tu y songes, c’est un peu comme un rêve brumeux et distant. Le départ précipité de Mira, le campus qui t’a paru soudainement trop maussade et trop vite, cette dispute avec Trevante quand il a découvert que tu prenais quand même des missions de danseuse en parallèle à tes cours, toi qui as pris la décision de tout envoyer valser… Oui, tout a été rapide et un peu impulsif, mais franchement ? Tu ne regrettes absolument rien. "Tout s’est passé très rapidement après ton départ… enfin non, pas rapidement, brusquement en fait… J’ai lâché la fac en Mars de l’année dernière, oui, j’adore mes études et ça me manque d’une certaine façon, mais je ne pouvais plus vraiment faire semblant. Et la danse c’est beaucoup plus intéressant pour moi."
Ta passion pour la danse, ça ne date pas vraiment d’hier, même Mira est au courant, tu lui as déjà demandé de prendre des notes de cours pour toi pendant que tu te rendais à un casting. Avant, c’était plus irréguliers, quelque chose de ponctuel qui te permettait de respirer, et de te dire que les études, c’était pour la bonne cause. C’était juste un rôle que tu jouais en fait, celui de l’étudiante, pour faire plaisir à tes parents, mettant leurs souhaits et leurs désirs au-devant de tout. Tu ne le fais plus à présent et c’est très libérateur. "Après ça, ça a été beaucoup de castings et puis j’ai été repérée par quelqu’un pour danser dans sa boite de strip-tease et quelques mois plus tard… On peut dire que j’y ai pris goût." Tu admets cela sans aucune gêne et avec un sourire certain sur le visage, ton expression s’adoucissant de secondes en secondes, car tu n’as jamais vu cela comme quelque chose de particulièrement dégradant ou humiliant. C’est tout le contraire, il faut posséder un moral d’acier et confiance en toi pour faire ce que tu fais, tu le sais. "Je danse dans tout Brisbane et je me débrouille bien pour le moment." Tu n’as pas à te plaindre et tu ne manques de rien, que ce soit sur le plan financier ou autre.
"Et tu me connais, j’ai toujours su repousser les lourds que ce soit sur scène ou en dehors donc…" Tu n’es pas soudainement devenue une autre personne juste parce que tu n’es plus Lara l’étudiante, non, tu as toujours su te défendre et regarder par-dessus ton épaule et remettre les indésirables à leur place. Car les remarques et autres que tu te prends ne datent pas vraiment du moment où tu as pris la décision de monter sur scène, il y a toujours eu les piques sur ta couleur de peau, ton nom de famille, ta couleur de cheveux, tes vêtements trop courts ou alors trop révélateurs et n’oublions pas, ta sexualité. Mais cela ne t’a jamais empêchée de vivre. "Et toi ? Ce fameux stage à l’autre bout de la planète ? J’espère que tu t’es éclaté au moins." A son tour de faire preuve d’un peu d’honnêteté il te semble.

Le ton qu’elle prend pour inviter Lara à parler de son nouveau métier n’a rien d’accusateur, mais ces simples interrogations auraient suffi pour que son amie se mette sur la défensive les fois où elles s’étaient croisées depuis son retour sur Brisbane. C’est donc naturellement qu’elle appréhende sa réponse quand le sourcil de la Pearson se relève face à sa remarque, elle n’a pas envie d’une autre dispute, et encore moins d’une dispute en public. "De manière surprenante oui, si on m’avait dit il y a un an en arrière que je serais strip-teaseuse et à temps plein je n’y aurais pas vraiment cru mais oui." Ses muscles se détendent un peu, Lara n’a apparemment pas envie de monter dans les tours elle non plus et à son grand étonnement, elle y répond même plutôt de façon enthousiaste. Le strip-tease ne fait donc pas partie des sujets sensibles apparemment, et même si Mira s’en réjouit sur l’instant, elle sait pertinemment que si elles venaient à se rapprocher à nouveau, la discussion irait certainement plus loin, et pas forcément dans la bonne direction. Lara remet sur le tapis le départ de son amie aux Etat-Unis, et bien que la doctorante sache qu’il n’y a aucune pique dans sa réponse, elle ne peut s’empêcher de ressentir une nouvelle fois un pincement au cœur. Son départ a fait des dégâts dans leur relation, mais il a apparemment aussi poussé Lara à arrêter la fac et à se diriger vers une autre branche que la chimie. Mira croit détecter un semblant de regret quand son amie lui dit que les études lui manquent, mais son ton reprend tout de suite plus d’entrain lorsqu’elle parle de la danse. Au fond, c’est peut-être pas plus mal qu’elle se soit réorientée, la doctorante a toujours su que la danse faisait partie de Lara, qu’elle ne se voyait pas vivre sans cette passion qui la fait tant vibrer. Il y en a au moins une sur deux qui a accepté de prendre un risque en lâchant les sciences, il y en a au moins une sur deux qui croit suffisamment en elle pour tout arrêter pour vivre de sa passion, c’est toujours mieux que rien. Mira ne comptait pas abandonner la sécurité qu’elle pouvait avoir avec sa thèse et les différentes offres qu’on lui proposait pour l’année prochaine, elle ne pouvait pas s’autoriser à faire de la couture son métier : la scientifique ne faisait pas suffisamment confiance en son talent, mais elle ne voulait surtout pas retourner à la case départ à devoir enchainer les petits boulots pour survivre et à devenir dépendante de ses parents adoptifs qui ont déjà tant donné pour elle. Pendant que Lara lui décris son parcours, Mira fourre ses nuggets dans sa bouche tout en écoutant son amie avec attention. Même si de nombreux changements ont eu lieu depuis qu’elle est partie, elle est heureuse de voir la Pearson épanouie. Elle a toujours du mal à concevoir que son amie se déhanche devant des mecs en chien, mais c’est son choix et elle n’est pas en droit de juger, ni de faire une quelconque remarque. "Je danse dans tout Brisbane et je me débrouille bien pour le moment." La scientifique acquiesce en souriant, le coin de sa bouche recouvert de sauce barbecue. Elle n’en doute pas une seule seconde, elle a toujours cru en Lara plus que n’importe qui. "Et tu me connais, j’ai toujours su repousser les lourds que ce soit sur scène ou en dehors donc…" Un petit rire s’échappe cette fois-ci de sa gorge, évidemment que Lara ne se laisse pas faire, évidemment que c’est elle qui gère les lourds plutôt que l’inverse. « Ben dis donc… Il s’en est passé des choses. Si tu es heureuse dans ta vie, c’est ce qui compte alors. Je suis contente pour toi. Tu sais bien que j’ai jamais douté de tes talents. » qu’elle affirme en souriant en se gardant bien de sortir une remarque négative sur les différentes scènes sur lesquelles se produit son amie. "Et toi ? Ce fameux stage à l’autre bout de la planète ? J’espère que tu t’es éclaté au moins." C’est sans grand étonnement que Lara lui retourne la question, elles qui se parlaient tous les jours étaient amenées à ne plus avoir aucun contact pendant près d’un an et demi, la Pearson ne savait plus rien de la vie de Mira. « Eclatée je sais pas, mais oui j’y ai fait pas mal de rencontres. » qu’elle affirme en haussant les épaules et en se fourrant deux frites dans la bouche. «  C’était un peu dur au début de se retrouver seule au début là-bas sans personne… » Surtout sans sa meilleure amie qui n’était même pas présente virtuellement. « Enfin, je voyais Lex et Margaret sur Skype, et puis mes parents m’appelaient souvent aussi. Lex est venue me voir d’ailleurs ! C’était chouette on a passé une super semaine ensemble. » A défaut de voir débarquer sa meilleure amie, elle y avait accueilli sa grande sœur de cœur. Lara savait parfaitement que les Hamilton étaient importants pour Mira, qu’ils faisaient partie de sa famille et que les deux femme y avaient trouvé leur place avant tout le monde. « Et puis du coup l’équipe au labo là-bas était géniale, on s’entendait vachement bien et j’ai vite été intégrée. » La mentalité était tout de même différente à Los Angeles, que ce soit au niveau de la population ou au niveau des travailleurs. Peut-être aussi que son statut y avait contribué dans le laboratoire pour lequel elle faisait ses recherches pour sa thèse, mais elle avait aussi pu se découvrir une autre facette quand elle sortait avec Heather, la princesse Disney était devenue une de ses personnes référentes sur ce nouveau continent, une amie sur qui elle avait pu compter alors que ses contacts avec l’Australie s’amenuisaient. Mira se retient évidemment de dire qu’elle a cherché à combler ses questionnements avec d’autres femmes, qu’elle n’avait évidemment entretenu aucune relation avec elles, mais elle s’était autorisée à apprécier leur corps nus sans pour autant se mettre au clair avec elle-même sur son orientation. Elle chasse ses pensées en se réancrant dans ses réponses et en se focalisant sur le fait que Lex lui ait rendu visite : « Au fait, je sais pas si je te l’ai dit, mais Lex a eu un grave accident de voiture en février… Elle a perdu la mémoire de ces quatre dernières années, donc ça a été un peu difficile pour tout le monde… » finit-elle par dire, un voile de tristesse traversant ses pupilles. « Enfin voilà à peu près tout, je crois. » qu’elle affirme en se fourrant à nouveau un nugget dans la bouche en espérant avoir la bouche pleine si Lara venait à l’interroger sur leur relation. Après tout, c’était bien la raison de leur rencontre, non ?

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crédit/ (katmcnamara/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Tu as retourné la question à Mira parce que tu es curieuse, tu veux savoir de quoi sa vie a été faite au cours de l'année et demie passée, et aussi, peut-être, parce qu'une partie de toi espère que tu y as toujours ta place. Si les choses pouvaient juste redevenir comme avant, tout serait plus simple, pas vrai ? Vous êtes encore entre les deux moments, encore en équilibre, suspendues à quelques mètres du sol, juste avant la chute, juste avant que tout devienne insupportable et que quelqu'un dise la phrase de trop. Et cette fois-ci, vous n'avez plus vraiment d'excuses, plus la distance, plus les mois de séparation, plus l'alcool... Plus rien pour vous protéger et rien pour vous dire que toute la situation vous dépasse et que ce n'est pas vous le problème. Plus rien du tout. Et peut-être que tu crains cette réalisation-là, le moment où vous allez vous rendre compte que c'est déjà trop tard et que vous ne pouvez pas, que vous ne pouvez plus vraiment recoller les morceaux.
Tu t'efforces de repousser cette pensée-là loin, car si cela doit arriver, ce n'est pas comme si tu pouvais taper ton poing sur la table et dire non. Cela ne serait pas très mature et pas très responsable, si c'est ce que Mira veut alors... Alors au moins, la coupure sera simple. Vous n'en êtes pas encore là cependant, la conversation est encore légère et quand elle te complimentes sur ton talent, tu acceptes les mots et les quelques éloges, pas du tout humble et fidèle à toi-même. "Merci... et ouais, je suis douée. Faudra que tu viennes me voir un jour, pas pendant un enterrement de vie de garçon, mais quelque chose d'un peu plus ... léger." Et parce que, avouons-le, si tu as déjà dû mal à imaginer Evie dans le décor de certains clubs que tu fréquentes, ce n'est certainement pas un endroit pour Mira. Evie te soutient elle, sans jugement, elle l'a déjà prouvé à maintes reprises, Mira a clairement des doutes quand à ta profession, alors autant commencer en douceur.
Mais c'est à tour d'écouter le récit de la brune et tu fais de ton mieux pour prendre en compte tout ce qu'elle te confie par la suite, pour ne rien manquer et tu hoches la tête. "Tant mieux alors, je sais que ce stage te tenait à cœur." Que tu dis enfin à demie-voix, tu ne peux cependant qu'imaginer tout ce qu'elle te décrit mais tu sais déjà que Mira a dû se faire sa place au sein du laboratoire sans problème et briller grâce à ses compétences et son intelligence. Tu as toujours cru en la brune, à l'époque, tu étais sa plus grande supportrice, et cela n'a pas l'air d'avoir changé pour le moment. Tu sais que les études sont importantes pour Mira, tout comme il est important pour elle de pouvoir tenir debout par ses propres moyens et de gérer sa vie, comme une vraie adulte, histoire de ne décevoir personne, et surtout pas ses parents adoptifs, eux qui ont beaucoup investis sur elle. Oui, tu n'as pas oublié que Mira se mettait autant la pression, c'était souvent toi qui lui rappelais de respirer... Tu te demandes qui joue ce rôle maintenant. Ou si personne n'a pris cette place. Tu as un léger pincement au cœur quand elle te parle de l'état de santé de Lex, quelqu'un de tout aussi important dans la vie de Mira, car Mira n'est pas comme toi, elle vient de différent horizons, de différentes familles et a des contacts un peu partout. "Oh... je suis désolée de l'apprendre, je sais que vous êtes proches toutes les deux. J'espère vraiment que ça ira mieux."
Tu es sincère et tu ponctues ta phrase par un hochement de tête, fouillant dans ta propre mémoire, voyant ce que Mira a manqué de plus... et puis cela te vient, Evie, comment est-ce que tu as pu zapper Evie ? "Si on est sur le sujet de la famille, les choses ne sont pas arrangées avec mes parents, loin de là. Mais je vis avec une autre Pearson, ma cousine Evelyn. Elle a quelques années de plus que moi, le courant passe bien, principalement parce qu'elle sait ce que ça fait d'être sur la touche au sein de sa propre famille." Tu pourrais t'étendre plus, dire qu'Evie a la classe en permanence, et ce même quand elle fait son apparition dans la pièce à vivre de votre chez-vous, pas encore maquillée et à la recherche d'un peu plus de café. Tu pourrais parler de son métier tout aussi glamour, du fait que vous vous entendiez très bien et surtout, parce qu'elle n'essaye pas de changer qui tu es. "Bref, on a emmenagé ensemble sur Spring Hill en début d'année... l'appartement est juste parfait et ... c'est tout ce que tu as manqué de mon côté." Tu as un léger sourire à la fin de ta phrase, car c'est la vérité et tu n'as rien d'autre à ajouter. "On a fait le tour. On a parlé de la fac, du boulot, de nos familles respectives." Donc... comment combler le silence, maintenant ?  
"Il reste plus que le sujet qui fâche." Tu marques une pause, avant de prendre la décision d'ouvrir la marche encore une fois. Pourquoi pas ? C'est toi qui as insisté pour ce tête-à-tête ... plus aucun moyen de faire marche à arrière maintenant. "J'ai pas envie d'être en colère contre toi Mira, mais j'ai besoin de savoir tout ce que ça veut dire. Toi et moi. Tu avais peur de partir, je comprends, sauf que ça n'explique pas la nuit qu'on a passé ensemble, ni ton départ soudain... Ni le fait qu'on se soient embrassées il y a quelques jours de cela." Parce que ne pas savoir comment à t'irriter au plus au point, ce n'est pas vraiment sain, ni pour toi, ni pour elle. Amies ? Amantes ? Qu'est-ce que vous êtes au final ? Et où est-ce que vous allez ? Tes mots sont lourds de double sens, et tu préfères commencer par ce qui t'as fait le plus de mal. "Pourquoi t'es partie sans dire au revoir Mira ? Franchement, tu pensais vraiment que je ne t'aurais pas laissée partir, ou que j'en aurais voulu plus... Je veux savoir ce qui t'est passé par la tête ce matin-là, quand tu as décidé qu'un mot serait suffisant."

Elle est sincère Mira quand elle affirme être heureuse pour Lara si elle-même se retrouvait mieux dans ce qu’elle fait aujourd’hui, elle croit en ses mots même si elle a toujours du mal à l’imaginer danser ailleurs que dans un studio de danse. Le strip-tease est mal vu, et les jugements infondés viennent tout de même inquiéter la scientifique mais elle n’en dit rien : ce serait enclencher une bombe si elle lui exposait ses peurs et son aversion pour cette activité, et elle n’est pas là pour ça. "Faudra que tu viennes me voir un jour, pas pendant un enterrement de vie de garçon, mais quelque chose d'un peu plus ... léger." Comment le strip-tease pouvait être plus léger ? Elle est bien strip-teaseuse, non ? Appréciait-elle se faire dévorer du regard par des hommes qui ont la trique ? Comment pouvait-elle se contenir de leur en foutre une ? L’argent suffisait-il à ce qu’elle passe au-dessus ? Elle aura sans doute toujours du mal à accepter que sa meilleure amie ait lâché des études brillantes pour un métier bas de gamme, pour un métier qui semble payer mais à quel prix ? Mira n’avait pas toujours eu un parcours parfait sans encombre, elle aussi a dû se débrouiller pour subvenir à ses besoins quand elle avait quitté le foyer de Margaret, mais elle avait opté pour des situations qui rapportent mais qui étaient beaucoup moins dangereuses que ce que faisait Lara. Les culottes déjà portées qu’elle envoyait à des mecs russes lui ramenaient gros, mais elle était toujours restée en sécurité dans sa caravane, elle n’avait pas provoqué l’envie chez les hommes en se frottant à eux, et surtout, elle n’avait pas risqué sa vie si un mec était trop insistant puisqu’aucun d’entre eux n’avaient vu son visage. Arrête Mira, reconcentre-toi sur ton stage. Même si les questions lui brûlent les lèvres, elle n’en pose aucune, acquiesce simplement de la tête en forçant un sourire, et saute sur l’occasion quand Lara lui demande de parler de son séjour à Los Angeles pour changer de sujet. "Tant mieux alors, je sais que ce stage te tenait à cœur." Oui ce stage était important pour elle, il avait déterminé sa carrière, elle n’aurait pas eu d’autres choix que de se retrouver comme laborantine en attendant que quelqu’un d’autre accepte de subventionner sa thèse. Elle avait fait le bon choix en partant à Los Angeles. C’est ce qu’elle essayait de se dire en tous cas. La scientifique finit ses explications en parlant de Lex et de son accident, va à l’essentiel et ne s’étend aucunement sur le fait qu’elle ait eu beaucoup de mal à surmonter la peur de perdre Lex, de perdre celle qui a toujours été présente dans sa vie depuis qu’elle est gamine, la seule sœur qu’on lui avait donné alors qu’elle avait été abandonnée par sa mère. "Oh... je suis désolée de l'apprendre, je sais que vous êtes proches toutes les deux. J'espère vraiment que ça ira mieux." Elle hausse les épaules avant de se réfugier derrière sa boisson, l’essentiel c’est que Lex soit en vie aujourd’hui. Son amie lui parle alors de sa famille à elle, et Mira n’est pas étonnée d’apprendre que les parents Pearson n’ont toujours pas compris qu’il y avait autre chose que l’argent dans leur vie, peut-être qu’il faut qu’ils affrontent la perte d’un être cher pour comprendre. Ce qui étonne la doctorante en revanche, c’est de savoir que Lara ait renoué avec un membre des Pearson, mais ses interrogations trouvent réponses quand elle apprend que sa cousine est elle-aussi mise à part. "Bref, on a emmenagé ensemble sur Spring Hill en début d'année... l'appartement est juste parfait et ... c'est tout ce que tu as manqué de mon côté." Elles s’entendent tellement bien qu’elles ont décidé de vivre ensemble, d’accord. C’est peut-être pas plus mal, la doctorante sait que la famille Pearson est un sujet sensible pour Lara, et si elle a trouvé quelqu’un qui puisse la comprendre et la soutenir parce qu’elle vit la même chose, c’est plutôt bien. « Ah, t’es sur Spring Hill, mais on habite à côté en fait. » C’est tout ce qu’elle trouve à répondre, et si elle n’avait pas suffisamment de retenue, c’est sans doute plutôt un ’Est-ce que cette cousine est au courant de ton boulot ?’ qui serait sorti à la place. "On a fait le tour. On a parlé de la fac, du boulot, de nos familles respectives." Mira connait la suite de sa phrase mais elle prie pour que Lara ne la termine pas. "Il reste plus que le sujet qui fâche." Trop tard. Les nuggets qu’elle fourre dans sa bouche ne suffiront pas à ce qu’elle se taise indéfiniment, elles sont là pour parler et la cadette ne peut pas contourner le sujet plus qu’elle ne l’a déjà fait. Alors que Mira termine sa bouchée, un bref silence s’installe, jusqu'à ce que Lara reprenne le dessus. Cette discussion attend depuis trop longtemps. "J'ai pas envie d'être en colère contre toi Mira, mais j'ai besoin de savoir tout ce que ça veut dire. Toi et moi. Tu avais peur de partir, je comprends, sauf que ça n'explique pas la nuit qu'on a passé ensemble, ni ton départ soudain... Ni le fait qu'on se soient embrassées il y a quelques jours de cela." D’un hochement de tête timide, Mira acquiesce. Elle non plus n’a pas envie d’être en colère contre elle-même et pourtant, elle a toujours autant de mal à se dire qu’elle pourra être un point positif dans la vie de Lara, les emmerdes ne sont jamais loin derrière quand l'orpheline est là. Trop lâche, trop immature, comment son amie pouvait-elle lui faire confiance ? Comment pouvait-elle l’accepter autant sans partir en courant ? Comment pouvait-elle l’aimer ? "Pourquoi t'es partie sans dire au revoir Mira ? Franchement, tu pensais vraiment que je ne t'aurais pas laissée partir, ou que j'en aurais voulu plus... Je veux savoir ce qui t'est passé par la tête ce matin-là, quand tu as décidé qu'un mot serait suffisant." Son mot pourri était loin d’être suffisant, elle le savait. Lara méritait mieux que ça, c’est vrai. Lara mérite mieux que ça. Alors la Brown prend son courage à deux mains – bien que la seule chose qui tienne dans ses mains en ce moment précis c’est son gobelet qu’elle essaie de ne pas écrabouiller sous ses mains tremblantes – et prend une grande inspiration avant de se lancer. « C’est vrai, j’ai pas été correcte avec toi. » C’est bien, c’est une bonne façon de commencer Mira, continue. « Je sais pas non plus ce que ça veut dire tout ce qui s’est passé entre nous, je veux dire… De plus qu’habituellement. » Les baisers et le fait qu’elles aient couché ensemble, oui c’est bien de ça dont il est question. « J’arrive pas à poser des mots dessus, parce que j’ai jamais ressenti ça. Mais j’ai beaucoup, beaucoup aimé notre dernière soirée. » qu’elle s’autorise à dire en se recroquevillant un peu plus de façon à ce que son amie ne puisse même plus voir ses yeux brillants. « Mais j’ai pris peur, justement parce que j’y comprenais plus rien. Et encore une fois, je suis désolée. » Elle s’excuse pour la énième fois, elle ne sait pas comment faire comprendre à Lara qu’elle s’en veut terriblement d’avoir mis leur amitié en péril, que ses tendances d’autodestruction ne devraient en aucun cas affecter son entourage, surtout ceux qu’elle aime du plus profond de son cœur. « J’avais peur de faire face à mes sentiments, à ce que tu voulais toi, j’avais peur du changement alors que j’ai toujours eu besoin de stabilité, et toi tu m’apportais en partie cette stabilité. » Les sanglots dans la voix, elle fait de son mieux pour se retenir de pleurer, mais une Mira qui ne déverse pas un torrent de larmes quand elle parle de ses sentiments, c’est quasiment impossible. Alors elle marque un silence, suffisamment long pour qu’elle puisse retrouver un semblant de contrôle sur la situation, sur ce qu’elle émet et sur ce qu’elle choisit de dire ou non. « Je suis désolée de t’avoir embrassée chez Suzie, je m’y attendais pas non plus. » Sa tête se relève doucement mais pas assez pour que leurs regards se croisent. Elle se contente de fixer les cheveux de Lara en évitant ses iris, elle ne pourra pas continuer à parler en la regardant dans les yeux. « Mais je regrette rien. Je ne regrette pas non plus la nuit qu’on a passée ensemble. Tout ce que je regrette, c’est que mon comportement nous a éloignées, et j’ai pas envie de te perdre. » qu’elle finit par dire dans un soupir avant de se pincer les lèvre et de contracter sa mâchoire pour ravaler les larmes qui viennent lui nouer la gorge.

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{hard feelings}
crédit/ (katmcnamara/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

Parler de toi n’est pas quelque chose que tu fais facilement. Ce n’est pas quelque chose que tu fais tout court, t’ouvrir aux autres et te rapprocher d’eux ? Non, ce n’est pas vraiment ce que Lara Pearson fait de mieux et pour cause. Pendant des années, tu étais la fille avec le nom de famille pompeux qu’on ne pouvait pas vraiment approcher. Il y avait quelques rumeurs qui circulaient sur toi et ta famille et la potentielle richesse de ces derniers. Pendant longtemps, certains ont débattu pour savoir si tu avais bien des stades de rugby entier dédié à ton célèbre oncle et si tu pouvais avoir des tickets pour les matches. Ensuite, tu as été connues comme la fille gay, celle qui aime embrasser d’autres filles, pas pour choquer mais bien parce ce qu’elle aime faire. Ensuite, les années sont passés par là et à l’université, si certains ont voulu te coller une étiquette de flemmarde et de simple trouble fait, ils se sont rapidement rendus compte, en voyant tes notes et la façon habile dont tu corrigeais certains, que tu n’étais pas juste un joli visage ou une plastique dans des shorts un peu trop courts. Certains ont réalisé que tu avais des choses à dire. Et que tu étais intelligente.
Et parmi ceux-là, Mira, il a été facile de lui parler, facile de s’en faire une amie et de lui confier toutes les choses que tu n’avais pas révélé avant. La pression mise par Trevante et Cassandra sur tes épaules, ton besoin d’aller vers l’avant et cette fondation que tu comptais rejoindre sans vraiment y croire, mais juste parce que c’était de famille. Mais pas que. Tu as également prouvé à Mira que ce n’était pas avec ses insultes ou ses mises en gardes qu’elle allait te faire fuir, non, tu as toujours été loyale. Et même après tout ce qui s’est passé entre vous… tu es toujours là, à lui demander des explications. À essayer de comprendre pourquoi. À lui donner le bénéfice du doute, encore une fois, la brune devra au moins admettre que tu lui donnes beaucoup plus de chances qu’à la moyenne. Mais tu l’écoutes, admettre que non, elle n’a pas été correcte avec toi et qu’elle aussi est perdue. Et plus tu l’écoutes parler, plus tu as envie de rabattre ton sac sur tes épaules et de mettre de la distance entre vous. Tout était plus clair quand elle n’était pas là. Au moins, tu ne devrais pas faire face à tout… à tout ça… Mira tente de garder son calme et toi aussi, car tu ne vois absolument pas où elle veut en venir, et ce que cela veut dire pour vous.
Est-ce qu’une nuit de folie et un baiser effacent des années d’amitié ? Et qu’est-ce que vous êtes censées faire maintenant ?
"Tu ne regrettes rien ?" Tu répètes ses propos, pas certaine de savoir pourquoi ça sonne comme une question. Parce que tu ne t’attendais pas à ce discours, tu t’attendais à ce que la brune te soutienne que non, elle n’est pas de ce bord-là, que c’était une erreur et que justement, elle regrette tout. Oui, tu aurais été ravie que Mira rejette tout ce que vous avez partagé… maintenant tu dois juste… Tu pousses un soupir, croisant les bras sur ta poitrine, une partie de toi sur la défensive. "Oui, parlons de stabilité et parlons de ta confusion, justement." Car tu as entendu ce qu’elle ressentait et toi ? Tu n’as pas pensé à Mira ou à ses lèvres depuis un an et demi et maintenant qu’elle est en face de toi… Oui, tu as un léger pincement au cœur, oui, tu ne peux pas nier le fait qu’elle soit importante pour toi, ou que tu avais conscience de ne pas embrasser n’importe qui cette nuit-là, ou il y a quelques jours. Et alors ? T’as embrassé et couché avec ta meilleure amie, et alors ? Vous n’allez pas soudainement vous serrer la main et vivre ensemble ou planifier vos prochaines vacances… Non, tu refuses catégoriquement, effrayée par l’idée que Mira se dise que cela est possible. Tu refuses. Aussi tu prends une profonde inspiration, ranges les mèches roses derrière ton oreille, pour trouver ta voix et pour trouver les bons mots. "Je peux déjà te dire ce que je veux, Mira, je n’ai pas envie de repasser par toutes ces cases-là. Non, je n’ai pas la moindre idée de ce que tu vis et ce que ça veut dire pour toi ou pour nous deux… Mais il y a plusieurs choses donc je suis certaine et qui ne changeront pas."
Est-ce que tu es une égoïste finie ? Probablement. Mais… si tu ne penses pas à toi, qui va le faire ? À chaque fois que Mira se rapproche, c’est un désastre, et même maintenant, tu sais qu’elle se retient de verser quelques larmes. Par tristesse ? Par regret ? Tu ne sais pas, tu ne fonctionnes pas ainsi, tu n’as pas pleuré depuis quoi… tes douze ans ? Quelque chose comme ça, tu ne sais pas vraiment ce que cela veut dire à part montrer une faiblesse apparente. Autant dire les choses telles qu’elles sont, une bonne fois pour toute. "Je suis gay, je l’ai toujours été, il n’y a pas l’ombre d’un doute là-dessus, j’aime les filles. Est-ce que j’ai envie d’être en couple ? Non, ça n’a jamais été ce que je voulais…" Est-ce que tu as envie d’essayer ou faire des efforts pour Mira ? Elle ne te l’a pas demandé, et tu es certaine que ce n’est pas ce qu’elle veut, pourquoi être en couple ? Il n’y a que ses études qui comptent à ses yeux et tu le sais. "Et toi ? Je ne sais pas ce que tu es maintenant ou dans quelle case tu veux te ranger, et c’est ton problème, une question à laquelle tu vas devoir répondre toute seule." Tu entends tes propres mots, tu entends ton propre ton résolu et tu te demandes si tu es la même personne qui la réconfortait il y a des mois de cela, lui assurant qu’elle n’avait pas foiré son examen. Votre relation n’a jamais été équitable pas vrai ? Ouais, tu t’en rends compte dans la seconde, c’était toujours toi qui lui tenais la main, toi qui initiais les câlins et autres étreintes. Parce qu’elle en avait besoin ou juste parce que tu étais faible et toujours prête à t’écraser en sa présence ? Un peu des deux, il te semble.
"Non, je ne veux pas être en couple, mais je ne veux pas non plus être celle qui a tout gâchée ou ta petite expérience lesbienne, crois-moi… je n’ai pas envie d’avoir ce rôle-là." Tu as un léger sourire à la fin de ta phrase, non vraiment, une position que tu as toujours fuie, car oui, tu as eu de la chance, ta propre sexualité a été défini très rapidement. "Donc je propose…" Tu prends une profonde inspiration, arrivant à la seule conclusion logique pour toi. "Qu’on mette tout ça derrière nous… et qu’on soit justes amies, c’est ce qu’on fait de mieux je te le rappelle."

La Brown habituellement muette sur ses sentiments a enfin réussi à parler, elle a enfin posé des mots sur tout ce qu’elle tentait de retenir et d’enfouir : elle avait eu peur. Elle avait eu peur parce qu’elle avait ressenti quelque chose de fort avec Lara, quelque chose qui dépassait le côté rationnel et cartésien auxquels elle se raccrochait bien souvent pour se justifier. Elle ne sait toujours pas comment elle a réussi à sortir tout ça, mais elle l’a fait. Non sans contraintes, mais elle y est parvenue. "Tu ne regrettes rien ?" Lara semble confuse, comme si elle cherchait à ce que Mira lui confirme ces propos, comme si elle avait du mal à y croire. Peut-être qu’elle-même ne voulait pas y croire ? Peut-être qu’elle-même ne voulait pas admettre qu’il y avait bel et bien eu quelque chose entre elles ? La brune pince ses lèvres, et bouge lentement sa tête de droite à gauche sans savoir si Lara la remarque vraiment. Non, elle n’a rien regretté, mais le dire une seconde fois lui parait trop douloureux. Est-ce que son amie, elle, regrette ces moments ? Pourquoi ne rebondit-elle que sur ça ? Va-t-elle lui répondre ou laisser les joues de Mira s’empourprer de plus belle alors qu’elle pense encore avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? "Oui, parlons de stabilité et parlons de ta confusion, justement." La Pearson semble reprendre un peu de contenance, et Mira soupire discrètement de soulagement. Elle n’est pas certaine d’apprécier le reste de la phrase qui annonce certainement un ton moralisateur derrière, mais c’est mieux que de faire face au silence. La suite ne lui plait effectivement pas vraiment : Lara ne veut pas retourner dans le placard, elle ne veut pas être le genre de petite amie qu’on cache sous l’étiquette de "l’amie de la fac", et ça se comprend. "Est-ce que j’ai envie d’être en couple ? Non, ça n’a jamais été ce que je voulais…" C’est vrai ça, pourquoi est-ce que sa vision des choses aurait changé pour Mira ? Se raccrochait-elle à l’idée que Lara puisse vouloir plus avec elle ? Peut-être un peu. Elle n’a pas dit qu’elle voulait se mettre en couple avec Lara, elle ne l’a jamais énoncé et elles n’en ont jamais parlé. En même temps, elles n’ont pas parlé de grand-chose depuis qu’elle était partie à l’autre bout du monde. Mais de savoir que Lara pose des limites, qu’elle ne souhaite pas avoir Mira dans sa vie de cette façon, ça lui fout un coup à son égo. C’est pas censé être elle qui lui dit qu’elle n’est pas prête et qu’elle ne peut pas se mettre en couple ? En couple. C’est seulement maintenant qu’elle se souvient avoir quelqu’un dans sa vie aujourd’hui, qu’elle prend conscience qu’Archibald est son mec et qu’elle l’a trompé. Enfin, embrasser c’est tromper, non ? Mais ce n’est pas ce qu’elle souhaitait au fond ? Depuis le début ? A saboter leur relation pour qu’il parte, lui-aussi ? Pour qu’il la blâme pour ses erreurs et confirme qu’elle n’est pas digne d’être aimée ? Alors c’était ça le baiser lors de la soirée ? De la pure provocation ? Non, elle sait bien que non. Elle sait bien que ce n’est pas la raison pour laquelle elle a embrassé Lara. Elle mourait d'envie de goûter à nouveau ses lèvres, et l'alcool lui a juste facilité les choses. Mira tente du mieux qu’elle peut de cacher sa déception parce qu’elle vient de se prendre un énorme râteau et qu’elle s’est fait friendzone alors qu’elle ne l’avait même pas vu venir. Mais pensait-elle réellement que son amie allait lui sauter dans les bras et excuser tous ses comportements ? Qu’elle accepterait de remplir ce rôle de "fille maniable" malgré l’humiliation ? Qu’elle la supplierait pour qu’elles se mettent ensemble alors qu’elle lui a toujours affirmé ne vouloir personne dans sa vie de cette façon ? A quel moment s’était-elle imaginé ce scénario comme étant probable ? La scientifique a du mal à se raccrocher aux paroles de son amie à présent, l’énergie qu’elle avait fournie pour ne pas laisser son émotion prendre le dessus était à présent focalisée sur le fait qu’elle devait garder la face, qu’elle ne devait en aucun cas montrer sa déception. "Donc je te propose…" Lara la cherche un peu du regard et Mira relève enfin les yeux vers elle, un sourire forcé sur son visage. "Qu’on mette tout ça derrière nous… et qu’on soit justes amies, c’est ce qu’on fait de mieux je te le rappelle." Elle déglutit presque bruyamment, sa gorge étant complètement asséchée, et s’empoigne de sa boisson pour s’hydrater en hochant la tête pour acquiescer. C’est la meilleure solution Mira, c’est tout ce que tu obtiendras de toute façon. Toute façon t’aurais flippé aussi si elle t’avait dit qu’elle voulait se mettre en couple avec toi. Qu’est-ce que tu veux à la fin bordel de merde. « Hm, je suis d’accord. » finit-elle par dire après avoir reposé sa boisson. Que pouvait-elle dire de plus ? « C’est mieux comme ça pour tout le monde en effet. De toute façon je suis en couple. » Elle lâche ça comme un cheveu sur la soupe, parce qu'il fallait que la Pearson le sache à un moment ou un autre, parce qu'elle ne veut plus rien lui cacher maintenant. Ca prendra du temps, mais c'est un début que de commencer par ça. Toute la partie du "il faut que tu te trouves toute seule" en revanche, elle en fait abstraction, elle ne rebondit ni sur ça, ni sur le fait que Lara n’ait pas dit une seule fois qu’elle a apprécié leur soirée avant que la doctorante ne parte pour les Etats-Unis. Il faudra à un moment ou un autre qu’elle affronte ses peurs, qu’elle s’affirme et qu’elle accepte qui elle est, mais aujourd’hui n'est pas le jour. Aujourd’hui, elle retrouve sa meilleure amie. Aujourd’hui, peut-être que tout redeviendra comme avant. Peu importe ce qui s’est passé entre elles, ça restera derrière, oublié. Voilà une autre chose que Mira doit enfouir, la situation est claire à présent. « Bon et du coup, parle-moi un peu de ta cousine ? Comment ça se fait que vous vous êtes retrouvées et que vous avez fini par emménager ensemble ? Elle est comment ? » Enchainer sur un autre sujet, c’est ce qu’il y a de mieux à faire. Quasiment deux ans sans se voir et Lara avait bien avancé dans sa vie. Si elles devaient faire comme si de rien n’était, autant y aller directement et poser les questions pour rattraper le temps perdu. « Faudra que je passe vous rendre visite et que je vois ton nouveau chez toi d'ailleurs. » finit-elle par dire en lui adressant un clin d'oeil. C'est bien Mira, tu arriverais presque à faire abstraction de la discussion qui précède.

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crédit/ (katmcnamara/tumblr) ✰ w/ @Mira Brown

C'est la deuxième fois en l'espace de quelques semaines que tu arrives à exprimer ce que tu ressens sans te laisser dominer par tes émotions. Sans te lever, sans mettre ton sac sur ton épaule droite, lancer un doigt d'honneur en direction de ton interlocuteur, tout en partant et ce, sans vraiment demander ton reste. La première fois, c'était face à tes parents et Evie était présente et c'est elle qui t'a indiqué la marche à suivre, comment prendre une profonde inspiration pour relativiser et pour ne pas perdre ton sang-froid. Et ce sont les conseils de ton aînée que tu appliques aujourd'hui, à la lettre encore une fois, tandis que tu lances reproches et interrogations en direction de Mira. Et que finalement, tu arrives au seul compromis qui fasse du sens. Tu ne te posais pas autant de question lorsque Mira était ton amie, il n'y avait pas de zone d'ombres, pas d'ambiguïté, pas ce vide au creux de ta poitrine et décidément pas envie de lui prendre la main et de lui avouer que tu es aussi perdue qu'elle. Tu parais presque calme et assez déterminée, ayant plus que tout envie d'aller de l'avant.
Oui, il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que tu ressens, tu veux passer à autre chose, tu es fatiguée de te refaire les détails de chacune de vos dernières interactions dans ta tête, espérant d'y trouver un sens caché et un semblant de raison. Cela ne peut pas continuer de la sorte. Et tu ne quittes pas Mira du regard, attendant sa réaction, son avis sur la question et il arrive enfin. Tu laisses échapper l'expiration que tu retenais depuis plusieurs secondes lorsqu'elle confirme que oui, c'est une bonne idée, c'est mieux pour tout le monde et... La dernière information sonne fausse et tu hausses un sourcil, pas certaine d'avoir entendu mais vu comment Mira change de sujet, tu as très bien entendu la bribe d'information qu'elle a lâché à ton sujet. Elle est en couple. Celle qu'il y a peu proclamait que te revoir était un peu trop, celle qui t'a embrassé, celle qui prétend qu'elle a besoin de toi, pour être stable, pour vivre... Elle est en couple.
Et tu ne sais pas quoi dire, pas comment réagir, mais il y a quelque chose qui t'habite, de la colère ? de la déception ? de la surprise ? Toutes ces émotions-là se mêlent et se démêlent et tu te retrouves à prendre une autre profonde inspiration, ayant définitivement besoin d'air pour supporter le goût amer que tu as en bouche. "De toute façon tu es en couple." Tu répètes les mots sur un ton un peu trop sec, un vague reflet de ce que tu ressens. Mira se fiche de toi et il n'y a pas d'autres mots pour le résumer, donc oui, tu n'étais qu'un petit test pour elle, un moyen de savoir si ça valait le coup. Car tu supposes qu'elle est en couple avec un homme, parce que c'est ce qu'il faut faire et c'est tout. Tu ranges tes mèches roses derrière ton oreille, chassant tout ce que tu ressens dans la même temps, lissant ta colère et ton irritation, te rappelant ce qu'Evie t'a dit, souriant déjà comme le ferait l'autre Pearson, parce ... qu'est-ce que tu peux dire de toute façon ? Vous êtes amies, tu n'as pas le droit de te montrer en colère, ou envieuse, ou jalouse ou de vouloir lui poser des questions trop personnelles. C'est Mira, quand elle voudra t'en dire plus, elle le fera, cela a toujours été cela votre petit accord tacite. Tu ne bouscules pas les limites de la brune et elle finit par se rendre compte, tôt ou tard, que tu es toujours là prête à écouter.
"Donc, c'est la meilleure solution pour tout le monde." Tu ponctues ton affirmation par un autre hochement de tête. "On oublie tout et on repart de zéro ..." Tu l'annonces, pour le lui rappeler, pour te convaincre plus qu'autre chose et ton esprit dérive vers Evelyn, tu préfères te concentrer sur elle que le reste. C'est elle qui t'a permis de t'en sortir ces derniers mois et de ne pas tout envoyer valser, si tes parents n'ont pas réussi à te faire te sentir comme une moins que rien, ce n'est décidément pas Mira qui va réussir à le faire. "On habite à Spring Hill avec Evie, l'appartement est vraiment superbe, plus petit que ce que me payait mes parents quand j'étais encore à la fac, mais ce n'est pas la taille qui compte pas vrai ?" Le timbre de ta voix redevient léger de phrase en phrase et tu laisses même échapper un petit rire, amusée par ta propre stupidité et parce que tu ne sais pas comment décrire votre appartement autrement. "J'ai décidé de reprendre le contact avec elle après avoir lâché mes études. Elle aussi, c'est le vilain petit canard de la famille donc entre nous, on se comprend." Une très bonne description de votre relation selon toi.
"Et puis ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui ne me traite pas comme si j'étais une gamine en permanence et qui me respecte..." Plus que tes parents, tes autres cousines et plus que Mira dans un sens. "Pour une fois." Tu insistes avec un autre haussement de sourcils, tu ne cherches pas à lui envoyer des piques de manière indirecte, non, ce n'est décidément pas ton style. Et tu es celle qui vient de dire que vous deviez passer à autre chose. C'est bien dans cette optique que tu fais la proposition suivante : "Mais ouais, je t'enverrai l'adresse, n’hésite pas à passer pour regarder un film ou manger une pizza à l'occasion, ça nous fera encore plus rebasculer dans la normalité." Et de cette façon-là, vous pourrez vraiment repartir de zéro. On ne pourra pas non plus t'accuser de ne pas faire d'effort pour sauver ce qu'il reste de votre amitié, tu fais un pas en avant considérable, mettant de côté tout ce que tu pourrais lui dire et lui reprocher. Tu tournes la page, véritablement.

Si elle avait oublié pendant un instant (à chaque fois qu’elle se retrouvait en présence de Lara en fait) qu’elle était en couple avec Archibald, elle ne pouvait pas se permettre de mentir à son amie si elles comptaient repartir de zéro. Et même si ça fait déjà quasiment six mois qu’ils sont ensemble, Mira n’arrive toujours pas à affirmer sa situation aisément : à chaque fois qu’elle a dû l’annoncer, c’est parce qu’on le lui avait demandé et qu’elle s’était juré être honnête. Honnête sur le fait qu’elle sorte avec un mec, pas honnête avec ses sentiments, parce qu’il est clair que des sentiments pour le Ford il n’y en a pas des masses. De l’affection, peut-être, et encore. Alors qu’elle lâche la bombe, elle sent Lara un peu choquée, presque déçue ? La brune croit reconnaître une expression d’irritation passer sur son visage, brièvement certes, mais tout de même. Elle cherche alors à changer de sujet, l’interroge sur sa cousine : les sujets fâcheux il y en a eu assez pour aujourd’hui. "On habite à Spring Hill avec Evie, l'appartement est vraiment superbe, plus petit que ce que me payait mes parents quand j'étais encore à la fac, mais ce n'est pas la taille qui compte pas vrai ?" Un sourire mesquin se trace sur ses lèvres : non, ce n’est pas la taille qui compte. L’esprit tordu de l’asiatique revient en flèche maintenant que la discussion glisse sur un ton plus léger, et Mira relève ses sourcils en approuvant de façon exagérée l’affirmation de son amie. « Ouais, c’est bien ce qu’on dit, la taille ne compte pas. » qu’elle lâche en toute impunité, après tout, on reprenait les bonnes habitudes non ? Elle n’est pas si bien placée que ça pour parler de la taille des pénis de ses partenaires, elle n’en a pas vu tant que ça d’ailleurs, mais se donner cette image la fait marrer. Elle sait que Lara connait quasiment toute sa vie – à l’exception de ses quelques expériences avec d’autres filles – mais la Pearson reste tout de même celle qui en sait le plus sur elle, suffisamment en tous cas pour savoir que Mira n’a pas une expérience infinie avec les garçons. « Pardon, continue. » qu’elle dit en mettant sa main devant sa bouche, son sourire toujours affiché. Son amie reprend ses explications, et la brune acquiesce d’un hochement de tête. La scientifique est contente que Lara ait pu trouver quelqu’un de sa famille qui comprenne entièrement ce qu’elle vit, elle sait à quel point ce sujet est sensible. Même si la Brown a toujours fait en sorte de l’écouter objectivement sans jugement, la différence entre elles était tout de même présente : l’une avait grandi dans la richesse tandis que l’autre avait déjà créché dans une caravane toute pourrie du haut de ses 15 ans. Elles n’avaient pas vécu la même chose, à chaque expérience sa douleur, mais Mira n’avait jamais fait de remarques sur ce sujet. Sauf la fois où elles se sont retrouvées par hasard après un an et demi sans se parler. Mais au fond, peu importe l’expérience et le vécu, elles ressentaient toutes les deux la même douleur dans la poitrine : celle d’avoir été abandonnées par leurs parents. "Et puis ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui ne me traite pas comme si j'étais une gamine en permanence et qui me respecte... Pour une fois." Haussement de sourcils. Pas amusés cette fois-ci. Pour une fois ? Qu’est-ce qu’elle entendait par là ? Que Mira ne l’avait jamais respectée ? Enfin, à part la fois où elles ont couché ensemble et qu’elle est partie comme une voleuse, bien sûr… Bon, en fait c’est compliqué de faire abstraction de cette fois-là. Elle ne répond pas, se contente de se pincer les lèvres en redirigeant son regard vers son plateau vide. Lara a dû sentir le malaise qui allait s’installer, et comme elle sait bien le faire, elle relance la conversation en lui proposant de passer chez elle. La doctorante relève alors les yeux vers son amie, un sourire à la fois timide et soulagé venant illuminer son visage. « Ca sera avec grand plaisir. Tu me diras quand tu seras dispo, moi je me débrouillerai pour me libérer. » qu’elle finit par dire, certaine que leur relation pourrait repartir sur de bonnes bases après cette discussion qui attendait depuis bien trop longtemps.