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Bien sûr, c’était écrit. Lorsque le cancer d’Annie avait été détecté, elle était en phase terminale et les médecins avaient été peu optimistes. Ma mère me l’avait répété, après que j’ai réussi à lui pardonner de m’avoir caché la maladie de mon amie. Elle l’avait fait pour que je ne me berce pas d’illusion, parce que la chimiothérapie se passait bien, parce qu’elle faisait des progrès, parce que, j’en étais sûre, elle serait le 1%. Le 1% qui bat tous les pronostics, qui fait mentir les médecins et qui donne de l’espoir. Et je l’avais cru à Noël, quand elle avait pu venir passer le réveillon avec nous en famille, parce qu’elle faisait partie de la famille, elle en faisait partie depuis l’accident de ses parents, elle en faisait partie bien avant ça puisque nous avions toujours été fourrée ensemble depuis notre plus jeune âge.

J’y avais cru en janvier alors qu’elle avait retrouvé le sourire.

Mais mis février son état s’était à nouveau aggravé, et rapidement elle avait été hospitalisée. Le cancer reprenait du terrain, c’est ce qu’on avait dit à ma mère, ce qu’elle m’avait répété. Je n’avais eu le temps de lui rendre visite qu’à quelques reprises : la première juste après qu’elle ait été hospitalisée, et la dernière deux jours avant sa mort. Le long confinement m’avait tenue éloignée d’elle, et j’étais arrivée trop tard le jour J. C’est Hannah qui m’avait appelée, qui m’avait conseillée de venir au plus vite, me prévenant qu’à ses yeux il ne restait plus longtemps à ma meilleure amie. J’étais montée dans le bus, et j’étais arrivée trop tard, bien trop tard. J’avais versé toutes les larmes de mon corps et j’avais continué plus tard, une fois rentrée.

Aujourd’hui cela faisait une semaine. C’est une tante qui avait organisé l’enterrement, et je pense que mes parents avaient été soulagés de ne pas avoir à s’en occuper. Ils aimaient Annie, j’en suis persuadée, et s’ils étaient au fond soulagée je pense de n’enterrer aucune de leur fille, ils étaient en deuil eux aussi. Après la mort de ses parents nous l’avions recueillie chez nous jusqu’à ce que sa tante puisse s’installer à Brisbane, il avait été décidé que changer de ville aurait plus traumatisée la jeune adolescente qu’elle était à l’époque, et mes parents avaient même tenus à participer à ses frais d’université. C’est une pièce rapportée à notre famille que nous enterrons tous aujourd’hui, et moi ma plus vieille amie. J’étais une adulte, je pouvais courir pleurer dans les bras de ma soeur avec laquelle je reconstruisais péniblement une relation, timidement et doucement, mais j’avais besoin de soutien. J’avais hésité longtemps avant de demander à Swann de m’accompagner. Parce que c’était un événement intime, privé, mais j’étais persuadée d’avoir besoin de sa douceur et de se force à mes côtés. Quand il était venu me chercher à l’appartement j’avais les yeux rougis, mais je m’étais promise d’être forte et de ne plus céder aux larmes en public (promesse vouée à l’échec bien entendu). Je crois que la perte de mon ami remettait tout en perspective. Mes plaintes à cause du confinement, mes querelles pesantes avec Hannah, et Lawrence, même Lawrence et le mal qu’il m’avait fait. « Merci d’avoir accepté de m’accompagner. C’est pas très drôle comme sortie, j’aurais préféré t’emmener à Dreamworld... » J’avais trépigné d’impatience de pouvoir le revoir avec la fin du confinement, j’aurais souhaité un contexte plus joyeux.

Pourtant, quand on arrive au cimetière, après que Hannah et Gabrielle m’aient serrée dans leurs bras, pendant que l’homme de religion prononce quelques mots en mémoire de mon amie, pendant qu’on descend son cercueil en terre, je glisse mes doigts dans ceux du blond et je les serre de toute mes forces.

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(toowong cemetary) L’ambiance de leurs retrouvailles est bien loin des réjouissances auxquelles ils avaient assisté lors du mariage de Matt mais bien loin de Swann l’idée de s’en plaindre. Il plaint Lucia pour avoir perdu une amie qui lui était proche, ça oui, mais son cas personnel n’a pas à venir interférer au milieu de la vie de la brune. Elle lui a demandé sa présence de la manière la plus naturelle qui soit et c’est avec le même ton qu’il lui a aussitôt répondu, désireux tant d’être là pour elle dans ce moment difficile que de lui rendre service. Lui n’a jamais eu à enterrer personne de valeur à ses yeux, il a donc bien du mal à se rendre compte de sa peine. Cela n’a pourtant pas empêché son coeur de se serrer bien plus que de raison lorsqu’il a observé ses yeux bouffis et rougis de chagrin, lui qui n’a su que répondre par un sourire triste et fin mais pourtant bien présent. Il se fera son ombre, il se fera son pilier. Il sera fera oreille attentive ou moulin à paroles selon ce dont elle aura besoin et peu importe le rôle qu’elle aimerait lui donner, il l’endossera sans broncher parce que c’est ce que font les véritables amis. Ce n’est surtout pas le moment de lui demander pourquoi il l’a demandé lui et pas un autre mais sans doute qu’il n’a pas envie d’entendre la réponse à cette question qu’il ne posera jamais

Il ne lâche sa main seulement pour la laisser enlacer celles qu’il devine être ses sœurs, analyse tout sauf scientifique seulement basée sur leur ressemblance physique et le fait qu’elles aient l’air particulièrement proche. Étant une fois de plus devenu la pièce rapportée d’un groupe qui ne l’a jamais vraiment demandé, le blond se contente de hocher poliment la tête en leur direction tout en fermant les paupières un instant. Au vu des circonstances, il se contente de la neutralité absolue et du moins de mots possibles. Il ne connaissait pas même le nom de la meilleure amie de Lucia, simple idée qui le fait encore un peu plus se sentir mal à l’aise et tout sauf à sa place. « Merci d’avoir accepté de m’accompagner. C’est pas très drôle comme sortie, j’aurais préféré t’emmener à Dreamworld... » Pour elle et seulement pour elle, son sourire se fait un peu plus consistant alors qu’il abaisse son regard en sa direction. Elle a bien du mal à cacher sa peine et pourtant elle s’en sort comme une reine. Il n’aurait sans doute pas été capable de mieux à sa place et il admire réellement sa capacité à garder ses sentiments pour elle malgré les circonstances. Si jamais elle en venait à pleurer, pourtant, il serait bien le dernier à la juger. « T’en fais pas. Je suis heureux d’être là. » pour toi, être là pour toi ; la fin de la phrase qu’il ne prononcera pas tellement elle semble logique à ses yeux autant que déplacée à en juger par les circonstances. Lui aussi aurait aimé la retrouver dans d’autres circonstances et il ne s’en cachera pas, tout comme tout le monde aurait préféré que son amie puisse continuer à vivre.

Il accueille sa main dans la sienne sans se plaindre un seul instant alors qu’il imagine déjà ses doigts devenir rouge à cause de la pression qu’elle exerce dessus. Cette dernière ne se fait que plus forte à chacun des mots prononcés par le prêtre, tous aussi lents les uns que les autres, l’agonie qui semble vouée à ne jamais se terminer. Il n’a aucune idée de comment se déroulent les enterrements mais il est au moins convaincu que celui-ci dure bien plus longtemps que de raison, la souffrance de Lucia devenant peu à peu la sienne. Il échange une main pour une autre, lui laissant serrer autant que possible ses autres doigts alors que sa main libre se pose désormais à la base de sa nuque, son omoplate qu’il caresse doucement de son pouce en espérant au moins l’aider d’une manière ou d’une autre. Son propre souffle ne revient que peu à peu à la normale au moment où les membres de la famille jettent les premiers bouts de terre dessus le cercueil, sonnant petit à petit la fin de la cérémonie.

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Rien de ce qu’il se passait aujourd’hui n’était une surprise, et pourtant, le décès d’Annie avait secoué toute la famille Whitemore, en dépit des longs mois passés à se préparer au pire. Depuis qu’elle avait appris la maladie de celle qu’elle considérait comme une sœur de substitution, Hannah avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour l’aider à traverser cette épreuve, l’accompagnant dans diverses étapes au travers de l’association Beauregard dans laquelle elle évoluait comme psychiatre. Bien entendu, elle n’avait pas pu s’impliquer personnellement, mais elle s’était montrée relativement présente lorsqu’elle le pouvait. La distance était restée de mise – surtout lorsque Annie se rendait à divers groupes de parole – et la brune était parvenue à faire la part des choses entre le personnel et le professionnel, mais le fait de compartimenter ainsi ne l’avait pas empêchée d’être dévastée en voyant son amie s’éteindre lentement sous ses yeux. Depuis le début, rien n’avait été simple ; Lucia était absente, les deux sœurs ne se parlaient plus et par conséquent, la maladie d’Annie était restée sous silence jusqu’à ce que la cadette Whitemore revienne en ville. Les reproches avaient été de mise – sa mère le lui avait raconté – mais jamais la petite brune n’avait fait de reproche direct à Hannah – ce qui aurait probablement été une très mauvaise idée compte tenu de leur relation passée et encore très actuelle, d’ailleurs. Au fil des mois, l’espoir avait été de mise car l’état de santé d’Annie s’était fortement amélioré avant de reprendre une pente descendante qui avait finalement signé la fin de son supplice. Il s’agissait d’un phénomène bien connu qui avait tendance à créer le doute en dépit de l’annonce des médecins qui indiquait clairement qu’elle n’en avait plus pour longtemps et même Hannah s’était laissé aller à croire qu’elle faisait partie de ces cas mystères, ceux qui défiaient toutes les lois de la science et de la logique. Malheureusement, ça n’avait pas été le cas, et Hannah n’avait pas tardé à demander à Lucia de venir la voir pour lui dire au revoir. A présent, ils se devaient de se réunir pour la mettre en terre, une journée organisée par l’une des tantes d’Annie – ce qui avait enlevé un énorme poids aux parents Whitemore – à laquelle la brunette se rendait la mort dans l’âme, toute de noir vêtue. Elle ne pleurerait pas – elle pleurait très rarement – mais ses traits étaient tirés par un sommeil qu’elle peinait à trouver et elle se laissa aller aux accolades de rigueur, cherchant des yeux ses proches. Elle remarqua Lucia, qu’elle serra dans ses bras, et ne loupa pas de remarquer que sa cadette était venue accompagnée. Autant dire que durant la cérémonie, son attention se focalisa davantage sur le duo que sur la mise en terre d’Annie – paix à son âme – et discrètement, elle s’empara de son téléphone pour passer en mode KGB sur l’instagram de sa sœur. Très vite, elle tomba sur une photo d’elle où était tagué le nom d’un garçon qui ne lui disait rien et là… Jackpot. Swann McGrath. Elle le fixa un instant -en vrai elle se mit à le détailler de haut en bas – et attendit avec impatience la fin de la cérémonie pour venir à leur rencontre, ce qu’elle fit quelques secondes à peine après que le prêtre n’eût prononcé les quelques mots destinés à mettre un point final à tout ceci. « Ça va ? » Lança-t-elle à destination de sa sœur, avant de relever le menton vers Swann. « Tu nous présentes ? » Ces mots étaient destinés à sa cadette, mais ses yeux étaient restés résolument fixés sur ce garçon qui tenait la main de la petite brune dans la sienne.

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Dans mes pires moments et en proie à mes insécurité, je souhaitais très fort le soir au fond de mon lit, je priais parfois aussi sans trop savoir si j’y croyais, pour que 2020 soit une année qui m’apporte un peu plus de bonnes choses que 2019. Les derniers mois avaient été compliqués entre ma rupture, mon retour et le rejet d’Hannah, l’annonce de la maladie d’Annie, j’ai l’impression d’avoir été prise au casting d’un navet hollywoodien et je prie pour mon happy ending. Ou en tout cas, et je m’en contenterais pour l’instant, pour quelques instants de répit. J’ai cru avoir été entendue et mes prières exaucées au début. J’ai trouvé un appartement, trouvé deux boulots pour le prix d’un, rencontré de nouvelles personnes et Annie allait mieux. Les relations entre Hannah et moi sont toujours compliquées mais nous remontons doucement la pente, notamment grâce à la détermination de son parents et surtout de Gabrielle, et j’entrevoyais jusqu’ici des instants plus doux en perspective. La mort d’Annie, au delà d’être un déchirement, m’a replongée dans une détresse palpable. Exit les efforts fait pour parvenir à paraître plus sûre de moi. Exit la certitude que tout va s’arranger.

Je ne sais pas pourquoi j’ai demandé à Swann de m’accompagner. C’était une pulsion à laquelle j’ai répondu sans réfléchir et maintenant je m’en veux de lui infliger ça, et j’appréhende déjà ce qu’il pensera de moi si je m’effondre, si je n’arrive pas à tenir ma promesse de ne pas pleurer, si je me montre telle que je suis réellement : fragile et déjà bien trop abîmée pour l’âge que j’ai. Je n’ai pas envie qu’il prenne peur ou qu’il me prenne en pitié. Je l’aime beaucoup et j’avais besoin de le savoir là, tout simplement. Pendant la cérémonie, lorsque je me sens défaillir, lorsque j’ai l’impression de perdre pied souvent je cherche son regard des yeux pour qu’il me rassure, je m’y accroche et je me réchauffe de ses sourires encourageants. Ils ne sont pas déplacés, il n’est pas en train d’exulter de bonheur mais simplement de tenter de m’aider, il n’y a pas de joie sur son visage lorsque ses lèvres s’étirent simplement une empathie qui fait écho à la mienne. On se ressemble lui et moi et je songe que j’ai de la chance qu’il ait accepté de m’accompagner. « T’en fais pas. Je suis heureux d’être là. » Sur un ton plus bas, la gorge un peu serrée par l’émotion, je réitère mes remerciement en les pensant du fond du coeur. « Merci... » Je serre ses doigts un peu trop fort certainement lors des moments les plus compliqués mais il ne bronche pas. Il change simplement de main lorsque celle que je maltraite s’engourdit, et là encore je ne réagis pas, happée et hypnotisée par le cercueil en bois qui descend doucement sous terre. Je ne dois qu’à sa main posée sur mon omoplate et à son pouce qui caresse doucement ma nuque de ne pas m’effondrer - je sens mes jambes qui se dérobent - et honteusement j’essuie les quelques larmes qui j’ai laissé s’échapper lorsque la cérémonie s’achève.

J’apperçois Hannah qui s’approche au moment où elle arrive à notre niveau, et dans un premier temps mon coeur rate un battement à l’idée qu’elle soit là pour me soutenir, qu’à peine la cérémonie terminée elle ait accouru pour savoir comment je me sentais, pressentant que ce jour devait être particulièrement compliquée pour moi.

« Ça va ? »
« Je… Tu sais c’est... »
« Tu nous présentes ? »

Elle me coupe et je n’ai pas le temps de finir de dérouler mes pensées. Tant mieux, je pense d’abord, puisque je ne voyais pas comment répondre à cette question si banale. Ça va ? Comment pense-t-elle que ça va. Mais elle me coupe, et mon coeur se morcèle. Elle n’est pas là pour savoir comment je vais ou comment je vis cette journée. Elle n’est pas là pour être un soutien inconditionnel malgré nos différends parce qu’elle sait qu’aujourd’hui j’en ai besoin. Elle est là parce qu’elle se demande qui m’accompagne, parce qu’elle ne le connait pas mais a flairé un quelque chose qui a retenu mon attention. Elle n’est là que pour satisfaire sa curiosité et si ça me blesse, je n’ai pas la force ou la personnalité pour l’exprimer. « Oh, c’est Swann. Il travaille au café avec moi. Non en fait pas vraiment, mais c’est plus simple de l’expliquer comme ça tu vois son frère possède l’établissement et il est souvent là pour nous filer un coup de main. » Je me sens malgré tout obligée d’être le plus exhaustive possible. Lorsque Hannah est déterminée à savoir quelque chose je n’aime pas me la mettre à dos. Je tourne mon visage en direction du blond. « Et elle c’est Hannah, ma soeur, enfin une des mes soeurs. Il y a Gabrielle aussi, tu vois, celle là bas. Désolée, j’aurais dû commencer par ça. » Je l’ai plongée dans un bassin de requin affamés - Hannah surtout - sans lui donner les règles du jeu et faire les présentation. Je m’en veux maintenant, parce que je connais la brune et que je sais qu’elle ne s’arrêtera pas là. « La réception est chez nous c’est ça ? » La tante d’Annie a tout organisé mais ne possède pas de domicile où accueillir nos proches et ceux de ma défunte amie pour la réception, je me doute que ma mère s’est proposée. « Il peut venir non ? Ça dérangera pas maman ? » Et moi j’ai besoin qu’il ne lâche pas ma main.

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Les yeux du jeune homme passent rapidement d’une Whitemore à l’autre et il n’a aucun mal à deviner leur lien de parenté de part leur ressemblance physique plus que troublante. Il n’a même pas eu à voir Hannah pour savoir qu’il s’agit là d’une de ses fameuses deux grandes sœurs et quiconque lui aurait dit le contraire n’aurait été qu’un menteur.

« Ça va ? »
« Je… Tu sais c’est... »
« Tu nous présentes ? »

Ah. Ses yeux se bloquent sur la brune dont il trouve l’attitude déplacée mais il serait bien le dernier à pouvoir juger la fratrie Whitemore. Lucia a eu à endurer Ariane et Jill alors il peut très bien faire face à sa grande soeur sans aucun problème et ce peu importe son degrés de protection envers la benjamine. Bien qu’il aurait agit de façon bien différente, il aurait pris à coeur de savoir qui pourrait tenir la main de Jill ou Ginny lors de l’enterrement de quelqu’un d’aussi proche. C’est une épreuve difficile et son pouce continue de caresser lentement le dos de la main de la jeune femme, simplement pour lui prouver qu’il ne risque pas de s’enfuir et qu’elle peut continuer de compter sur lui. « Oh, c’est Swann. Il travaille au café avec moi. Non en fait pas vraiment, mais c’est plus simple de l’expliquer comme ça tu vois son frère possède l’établissement et il est souvent là pour nous filer un coup de main. » Lucia court-circuite les explications et il s’en veut d’être aussi perdu dans son monde. Elle ne devrait pas avoir à le présenter à sa place alors que sa langue fonctionne parfaitement et qu’il est encore capable de formuler des phrases de lui même. Ce n’est pas à la jeune femme qu’il en veut mais bien à lui. Quitte à avoir perdu le cap pour un temps, il la laisse au moins aller au bout des présentations en même temps que ses yeux se posent réellement dans ceux d’Hannah. Si elle semble le juger de haut en bas il n’en est rien pour lui qui tente simplement de lui offrir un sourire qui se veut un minimum apaisant. Un enterrement ne devrait pas être le lieu pour ce genre de scène. « Et elle c’est Hannah, ma soeur, enfin une des mes soeurs. Il y a Gabrielle aussi, tu vois, celle là bas. Désolée, j’aurais dû commencer par ça. » Il hoche la tête en direction de la plus jeune et resserre un peu plus ses doigts autour des siens pour la rassurer. “Enchanté.” La poignée de main aurait été sacrément ringarde alors il se contente d’hocher imperceptiblement de la tête et cligner des paupières pour marquer son respect envers Hannah. Il sait qu’elle ne veut que le bien de sa soeur et que cela peut passer par des moyens peu conventionnels - à sa place il aurait sûrement agit de la même manière.

Les présentations en restent pourtant au strict minimum et cela vaut sûrement mieux pour le moment. Après tout, le monde entier est encore en train de pleurer autour d’eux et il ne se souvient que trop bien encore des yeux embués de Lucia pour être totalement à l’aise. « La réception est chez nous c’est ça ? Il peut venir non ? Ça dérangera pas maman ? » Lucia a bien du mal à cacher son attachement au blond et il en est de même pour lui. Il cherche les bons mots pour esquiver l’évidence mais il n’y a absolument rien de naturel dans son attitude figée et ses mots balancés un à un comme s’il était en improvisation totale - ce qui est totalement le cas. “Je peux t’emmener en voiture si tu veux.” Se tournant d’abord vers la plus jeune, il en revient toujours vers la seconde ensuite. “Si ça ne pose aucun problème à personne.” Le contexte est difficile et n’ayant jamais connue ladite Annie, il comprend parfaitement que sa présence puisse être difficilement acceptable. “Je pourrai servir des tournées de café avec mon ingrédient secret, ça pourrait au moins aider un petit peu.” Parce qu’il n’y a que de la nourriture ou du café qui peut réparer l’âme, c’est un dicton très connu chez les McGrath et qui se transmet de génération en génération. “Ça me ferait plaisir de venir, en tout cas.” La vérité c’est que ça le rassurerait surtout de rester auprès de Lucia pour aujourd’hui au moins. Il ne sait que trop bien ce qu’elle peut ressentir et il ne le souhaiterait à personne, pas même son pire ennemi.

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L’entièreté de la famille était dévastée, et pour cause ; Annie faisait partie intégrante de celle-ci, faisant passer les liens du sang en arrière-plan tandis que la fratrie Whitemore l’avait toujours considérée comme la quatrième sœur, le chaînon manquant à une fratrie déjà bien soudée – du moins avant que tout ne s’effondre au départ de Lucia. Cette dernière se montrait plus émotive que ses aînées, ce qui n’avait rien de bien étonnant. De son côté, Hannah prenait sur elle de ne montrer aucune émotion si ce n’était par quelques sourires compatissants jetés ici et là, ayant toujours fait preuve de retenue dans les pires circonstances. Une déformation professionnelle qui n’était qu’une excuse toute trouvée pour expliquer un tempérament froid et mesuré, un mécanisme de défense pour pallier à la gêne que la brune éprouvait à montrer ses sentiments ainsi en public. Cette pudeur l’empêchait de fondre en larmes, à l’instar de sa cadette qui avait les yeux rougis depuis son arrivée aux funérailles. Cherchant probablement à ne pas se laisser happer par l’émotion, Hannah concentra son attention sur le garçon qui accompagnait Lucia, allant même jusqu’à stalker les réseaux sociaux de la petite brune à la recherche d’informations complémentaires à mettre à charge du jeune homme, attendant (im)patiemment la fin de la cérémonie pour venir à leur rencontre, ce qu’elle fit à la hâte une fois la pauvre Annie mise en terre. « Je… Tu sais c’est... » La brunette l’interrompit pour lui demander de lui présenter son ami, laissant son regard se promener sur lui – sans doute dans le but inavoué de le déstabiliser quelque peu, elle voulait voir ce qu’il avait dans le ventre – en attendant que Lucia lui réponde ou qu’il ne daigne le faire lui-même. « Oh, c’est Swann. Il travaille au café avec moi. Non en fait pas vraiment, mais c’est plus simple de l’expliquer comme ça tu vois son frère possède l’établissement et il est souvent là pour nous filer un coup de main. » D’accord, pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué, pas vrai ? Le médecin hocha la tête d’un air entendu, observant un instant la main de Lucia se loger dans celle de Swann avant de relever le nez vers eux. « Et elle c’est Hannah, ma soeur, enfin une des mes soeurs. Il y a Gabrielle aussi, tu vois, celle là bas. Désolée, j’aurais dû commencer par ça. » Éternelle à elle-même, Lucia se perdait dans ses explications, mais Swann ne semblait avoir d’yeux que pour elle ; un bon point pour lui. “Enchanté.” Lança-t-il dans un signe de tête auquel elle répondit d’un sourire amusé. « De même. » Elle se retint de leur demander depuis combien de temps ils étaient ensemble, jugeant que cela serait probablement un peu limite, même si elle en mourrait d’envie. Oh et puis après tout… « Ça fait longtemps vous deux ? Je ne te savais pas aussi cachottière… » Ajouta-t-elle en se tournant vers sa cadette, réalisant que ses paroles provenaient probablement d’un besoin de vengeance un peu mesquin pour effacer cette rancune tenace de laquelle elle ne parvenait pas à se débarrasser, ou bien très difficilement. Elle s’en rendait compte, et pourtant, elle ne parvenait pas à l’empêcher. Le but n'était pas de faire de la peine à Lucia bien entendu, juste de la titiller suffisamment pour qu’elle comprenne que l’affaire n’était pas classée, et continuer aussi longtemps que sa rancune serait présente. Il y en avait pour des années, sans doute. « La réception est chez nous c’est ça ? Il peut venir non ? Ça dérangera pas maman ? » La brunette hocha la tête, réalisant en même temps que sa mère allait probablement s’affoler de ne pas la voir arriver pour lui filer un coup de main. « Oui, maman s’est proposée, tu sais bien comment elle est. Et je n’y vois pas d’inconvénient, je ne pense pas qu’elle en verra non plus. » Ajouta-t-elle dans un nouveau sourire qui en disait long sur ce qu’elle pensait de cette histoire naissante, à la fois ravie et terrifiée pour sa sœur. Est-ce qu’elle leur ramenait un Lawrence bis, ou bien celui-là avait-il autre chose en tête que d’écraser Lucia comme un moucheron ? “Je peux t’emmener en voiture si tu veux. Si ça ne pose aucun problème à personne.” Hannah serra les dents, voyant déjà bien malgré elle une tentative d’éloigner Lucia de ses proches lors d’un évènement qui était pourtant basé sur la famille et le soutien de ses membres. « C’est-à-dire que qu’on pensait rentrer toutes les trois vers la maison, ensemble. » Lança-t-elle, mine de rien, en glissant un regard à sa sœur. Rien de tel n'était prévu en réalité, mais oui, ça lui posait problème. “Je pourrai servir des tournées de café avec mon ingrédient secret, ça pourrait au moins aider un petit peu. Ça me ferait plaisir de venir, en tout cas.” Son ingrédient secret, hein. Hannah le sonda un instant, cherchant à savoir s’il était réellement aussi empreint de bonnes intentions, ou s’il s’agissait là d’une manœuvre manipulatrice pour s’immiscer dans un évènement privé comme celui-ci. « Tu peux nous rejoindre avec tes cafés après, c’est gentil. » Elle lui lança un énième sourire avant d’attraper Lucia par le bras. « Il connait notre adresse Lulu ? Tu lui as déjà donnée ? » Plus oppressant, tu meurs. Mais la brune ne parvenait pas à retenir le démon insidieux qui était en elle et qui ne demandait qu’à être lâché, prêt à sauter sur quiconque osait une nouvelle fois faire du mal à sa cadette.

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Hannah arrive comme un boulet de canon et moi, je ne sais qu’en penser. Aurait-elle pu choisir un plus mauvais moment pour… Pour quoi faire ? Marquer son territoire ? Elle m’a fait comprendre à plusieurs reprises, de part son rejet, qu’elle n’est plus responsable de moi et de mes décisions idiotes. Pour assouvir une curiosité dans ce cas ? Elle n’aime pas ne pas avoir de réponse la brune, c’est vrai, mais pourquoi n’a-t-elle pas attendu un autre moment, un autre jour que celui où nous enterrons notre amie, celle qui a pratiquement fait partie de notre famille pendant des années avant de s’éloigner ? J’ai honte qu’elle se montre si insensible devant Swann puisque si je sait qu’elle manque parfois d’empathie et de douceur, elle a de belles qualités que j’aurais préféré qu’elle mette en avant pour une première rencontre. J’aimerais qu’il l’apprécie autant que je souhaite l’inverse puisque je souhaite de tout coeur que les deux fassent partie de ma vie, chacun d’une façon bien différente cela va sans dire. « Ça fait longtemps vous deux ? Je ne te savais pas aussi cachottière… » Mes doigts se figent à l’intérieur de ceux de Swann et, instantanément je rougis. « Longtemps que quoi ? » J’échange un regard avec lui, terriblement gênée. Que faire, démentir ? Je n’ai pas envie qu’il pense que l’idée me répugne, parce que je l’aime bien Swann et surtout, j’ai confiance en lui. Mais ne pas démentir c’est mentir, c’est faire preuve de prétention quand, dans les faits, nous ne sommes que de très bons amis. « Non je… On est pas. Enfin tu vois. » Ariane, Jill et maintenant Hannah, pourquoi tous nos proches pensent-il ça ? Verraient-ils une évidence que nous n’avons pas encore admise ? Lui, qu’en pense-t-il ?

Maladroitement je change de sujet. Je demande s’il peut nous accompagner puisque, malaise ou pas - merci Hannah - j’ai l’impression que je vacillerais s’il me lâchait la main, j’ai besoin qu’il reste. J’ai besoin de lui pour affronter les condoléances et adresser les mienne à la tante d’Annie. « Oui, maman s’est proposée, tu sais bien comment elle est. Et je n’y vois pas d’inconvénient, je ne pense pas qu’elle en verra non plus. » J’ai envie de rétorquer que elle, personne ne lui demande son avis puisqu’il s’agit de la maison familiale mais je me tais : elle n’a pas tort au fond, elle ressemble beaucoup à ma mère et en se basant sur les réactions et opinions de mon aînée il est facile d’imaginer celles de notre matriarche. Moi, je ressemble beaucoup plus à notre père. « Je peux t’emmener en voiture si tu veux. Si ça ne pose aucun problème à personne. » Je tourne la tête vers lui et lui adresse un sourire radieux - autant que possible vu les circonstances - mais avant que je n’ai pu articuler la moindre phrase Hannah m’interromps. « C’est-à-dire que qu’on pensait rentrer toutes les trois vers la maison, ensemble. » C’est vers elle que je tourne la tête ce coup-ci, sourcils froncés. On avait dit ça ? D’un coup je crains d’avoir oublié, et je suis mal à l’aise. Si j’avais su j’aurais proposé à Swann que nous venions autrement pour ne pas qu’il soit mis de côté mais, qu’à cela ne tienne, je cherche une solution. « On avait dit ça ? Mais t’es pas venue en voiture ? » Ça m’étonnerait, elle tient à son indépendance et à sa liberté de mouvement ma soeur. « Et Gaby, elle est venue avec Chris non ? » Je cherche toujours à comprendre, si naïve et candide, aveugle au fait que ma soeur cherche simplement à m’éloigner du jeune homme. « On peut faire une seule voiture au pire non ? Gaby pourra nous déposer ici quand elle rentrera et Swann me ramènera à l’appartement. » Égale à moi même, je cherche un compromis, désireuse de ne froisser personne dans cette histoire, terriblement confuse à l’idée que j’ai pu oublier avoir fait une promesse aux filles.

« Je pourrai servir des tournées de café avec mon ingrédient secret, ça pourrait au moins aider un petit peu. Ça me ferait plaisir de venir, en tout cas. » Je retrouve le sourire instantanément, c’est idiot mais je le connais ce secret, et je me sens comme une privilégiée. Je me sens aussi touchée par sa prévenance. « Je pourrais t’aider. » Je sais doser la cannelle moi aussi, il me l’a appris et comme promis j’ai tenté de faire rager Matt en refusant d’admettre ce que j’avais ajoué aux macchiatos du café. « Tu peux nous rejoindre avec tes cafés après, c’est gentil. » Je pose de grands yeux ronds sur elle alors qu’elle attrape mon bras. « Il connait notre adresse Lulu ? Tu lui as déjà donnée ? » Depuis quand ne m’a-t-elle pas appelée comme ça ? Depuis quand ne m’a-t-elle pas traitée comme si nous étions à nouveau des enfants complices. Je rougis face à ce sobriquet ridicule, j’aurais préféré qu’elle s’abstienne de m’appeler Lulu face à Swann, c’est ridicule mais je n’ai pas envie qu’il me voit comme plus enfantine, fragile et idiote que je ne le suis déjà. « Je, non je lui ait pas donnée. » Je ne lâche pas la main du brun. « Je te l’envoie ? T’es sûr que ça t’embête pas de faire le trajet tout seul ? » Je sais qu’il ne s’en formalisera pas. Comme moi, il est conciliant Swann, mais j’aurais préféré que Hannah ne me mette pas dans cette situation. Elle joue avec mon besoin de lui plaire, de retrouver ma place dans sa vie, et étant donné l’état actuel de notre relation, je ne peux pas refuser. « On habite à moins d’un quart d’heure de toute façon. Je t’envoie l’adresse. T’es sûr que tu veux pas monter avec nous ? » Et pourquoi le voudrait-il maintenant que la brune lui a fait son numéro de harpie ? Quand je suis plus loin, que seule elle peut m’entendre, je déglutis difficilement. « T’avais besoin d’être comme ça ? » Il ne faut pas qu’elle s’étonne après si je ne lui confie rien.

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Hannah ne les laisse pas souffler avant de passer à la question qui semble l’intéresser avant toutes choses « Ça fait longtemps vous deux ? Je ne te savais pas aussi cachottière… » laissant Swann littéralement sans voix, lui à qui on vient de couper l’herbe sous le pied. Si son aînée n’avait pas été là, il se serait sûrement contenté de baisser le regard en direction de Lucia pour sourire tendrement mais la situation fait qu’il n’en a pas la possibilité. Sa bouche s’ouvre pour balbutier quelque chose (il ne sait pas encore quoi) mais c’est finalement la Whitemore qui prend les devants. « Longtemps que quoi ? » Swann garde son sourire pour lui cette fois-ci et se contente de caresser la main de la jeune femme avec son pouce, bien conscient que pour elle cela ressemble désormais bien plus à de la torture plutôt qu’à des présentations en bonne et due forme. « Non je… On est pas. Enfin tu vois. » Lucia patauge dans la semoule et il ne l’accable d’aucun regard supplémentaire, ses yeux vissés dans ceux d’Hannah sans pour autant ne démontrer aucune haine supplémentaire. Il se contente d’observer les réactions de la jeune femme, ce qu’elle fait aussi en parallèle. “On est juste amis.” A son tour, il ajoute et conclut aussi l’interrogatoire improvisé autour de la terre fraîchement retournée. Il s’est bien rendu compte qu’ils ne sont pas juste amis mais pour le moment il reste persuadé que c’est la meilleure version officielle à adopter. Ce n’est ni l’heure ni le lieu d’expliquer qu’il a un sourire béat dès qu’elle arrive au dbd et qu’il n’y a jamais passé autant de temps non plus.

La proposition de ramener Lucia en voiture est rapidement avortée par son aîné, laquelle semble bien plus rude que Matt encore lorsqu’il s’agit de protéger les plus jeunes. Au moins le McGrath y aurait ajouté son sourire d’imbécile. « C’est-à-dire que qu’on pensait rentrer toutes les trois vers la maison, ensemble. » L’ambiance reste résolument glacée mais Swann est loin de paniquer pour autant, habitué aux relations familiales quelques peu chaotiques et désordonnées. Lucia cherche une présence rassurante et Hannah ne veut pas que leur petit monde parfait ne soit chamboulé par l’arrivée de qui que ce soit : il ne peut que comprendre. Il ne l’accepte pas, mais il comprend. « On avait dit ça ? Mais t’es pas venue en voiture ? Et Gaby, elle est venue avec Chris non ? On peut faire une seule voiture au pire non ? Gaby pourra nous déposer ici quand elle rentrera et Swann me ramènera à l’appartement. » L’insouciante Lucia tente de négocier, elle ressemble à une enfant devant ses parents. Toutes les solutions semblent bonnes à prendre pour qu’il l’accompagne jusque chez elle mais le blond ne désire pas ajouter de tensions supplémentaires dans sa famille apparemment déjà bien assez complexe. Il se retire du jeu pour le bien de Lucia, désolé de ne pas avoir pu prévoir les événements en amont. Si tel avait été le cas, nul doute qu’il aurait adopté une tactique bien différente laquelle ne l’aurait pas obligé à laisser glisser ses doigts en dehors de ceux de la Whitemore. “Ne t’en fais pas, je vous retrouve là bas.”

« Tu peux nous rejoindre avec tes cafés après, c’est gentil. » Agacé du ton employé par celle qui lui est encore largement inconnue, il n’a pas la force d’ajouter un sourire de circonstance cette fois-ci. Il peut se montrer conciliant aussi longtemps qu’il le souhaite mais comme tout le monde, sa politesse a aussi ses limites et se faire marcher sur les pieds est loin d’être une chose qu’il tolère. Il a encore moins de mal à accepter la manière dont elle s’adresse à Lucia et même s’il a beau se répéter que leurs histoires de famille ne le concernent pas, il reste encore présent quelques secondes de plus, prêt à désamorcer n’importe quelle bombe - juste au cas où. “Elle ne m’a pas donné votre adresse.” Il soutient Lucia et appuie la vérité, se concentrant désormais sur les faits uniquement. Ce n’est pas le moment de préciser qu’il est déjà venu chez elle, sans doute, et qu’il connaît l’adresse et le chemin par coeur. « On habite à moins d’un quart d’heure de toute façon. Je t’envoie l’adresse. T’es sûr que tu veux pas monter avec nous ? » Ses doigts ont oublié de lâcher ceux de Lucia mais maintenant qu’il a commencé à faire demi tour, il a au moins un sourire un peu plus rassurant pour la jolie jeune femme. “Je vais gérer ma playlist seul, t’en fais pas. On se revoit dans quinze minutes.” Il conclut par un hochement de tête rassurant et se retient d’ajouter un baiser d’au revoir contre sa tempe, son petit doigt lui indiquant que ce ne serait sûrement pas la meilleure chose à faire en présence de sa soeur.

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Garé dans l’allée, il reconnaît les voitures déjà présentes à l’enterrement et se fait bon dernier de cette course qui n’en était de toute façon pas une. Il s’est arrêté en chemin pour ramener à manger. Pour une fois ce n’est pas pour contenter son estomac mais bien parce qu’il se voyait mal arriver les mains vides à un moment aussi complexe de l’existence de la famille Whitemore. En bon anglais (trop) bien éduqué, c’est devant la sonnette et la microphone de la maison qu’il se plante en attendant qu’on lui autorise l’entrée. Il pense sûrement être un vampire. “J’ai ramené de quoi grignoter. Et ma proposition pour faire du café tient toujours.” De kinésithérapeute il se reconverti en homme à tout faire quand le besoin se fait ressentir. Tant qu’il peut s’assurer que Lucia se porte à peu près bien, il ne se fera pas difficile. "J'espère que personne n'est mort sur la route, hein." Le hein bien trop aigue traduit son manque d'assurance à la fin de sa phrase, lorsqu'il se rend compte que son humour est loin d'être adapté à toutes les situations et qu'il a surtout raté l'occasion de se taire.

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« Longtemps que quoi ? » Le duo se croisa du regard sans qu’Hannah ne se sente le moins du monde embarrassée à l’idée d’avoir mis à mal l’assurance de sa cadette, tout simplement parce que c’était davantage ce garçon qu’elle visait et non la pauvre Lucia qui n’en avait pas fini de rougir. S’il devait en vouloir à quelqu’un pour cette façon de faire, il pourrait blâmer Lawrence ou encore le manque de jugement de la jeune femme en ce qui concernait ses relations amoureuses, mais la brunette avait décidé de prendre les devants et rien ni personne ne se mettrait en travers de sa route cette fois-ci. S’il voulait être avec Lucia, il devrait s’en montrer digne. « Non je… On est pas. Enfin tu vois. » Elle voyait oui, et plutôt bien même. Son regard se posa une nouvelle fois sur leurs mains entremêlées et un fin sourire étira le coin de ses lèvres ; comme si elle était née de la dernière pluie. “On est juste amis.” Était-ce une façon de ne pas mettre la jeune Whitemore davantage mal à l’aise ou n’assumait-il pas ce qui crevait pourtant les yeux ? Il était trop tôt pour le dire et Hannah se contenta de hocher la tête d’un air entendu. « Bien sûr. » Son ton dénotait de ses paroles et lorsque Lucia intervint en expliquant qu’elle ferait le trajet jusqu’à la maison avec Swann, la brune s’interposa en inventant une excuse improvisée à la dernière seconde. Pourquoi l’empêcher de passer ce laps de temps avec lui ? Après tout ça n’était pas comme s’ils avaient attendu d’avoir son aval pour se fréquenter en dehors de cet enterrement, mais son instinct avait une nouvelle fois été plus fort que sa raison, comme d’habitude lorsque cela concernait sa sœur. Cette dernière se tourna d’ailleurs vers elle avec une lueur d’incompréhension dans le regard – qui était totalement justifiée d’ailleurs – et la jeune femme lui adressa simplement un petit sourire qui signifiait que oui, voyons, elle avait oublié. « On avait dit ça ? Mais t’es pas venue en voiture ? Et Gaby, elle est venue avec Chris non ? On peut faire une seule voiture au pire non ? Gaby pourra nous déposer ici quand elle rentrera et Swann me ramènera à l’appartement. » Lucia cherchait un compromis, sa tête oscillant de Swann à Hannah sans toutefois parvenir à faire changer d’avis la brune qui campait sur ses positions, bien décidée à avoir une conversation – ou un interrogatoire – sur le trajet du retour avec elle. Elle ouvrit la bouche pour intervenir et couper court à son flot de parole – la nervosité ne lui réussissait jamais – mais le jeune homme prit les devants en lâchant un “Ne t’en fais pas, je vous retrouve là bas.” qui eut le mérite de décocher un sourire satisfait à Hannah ; il savait rester à sa place. Ajoutant le coup de grâce en le piquant au sujet des cafés qu’il avait proposé d’amener, elle récolta un regard qui avait perdu de sa sympathie à son égard, mais qui lui prouva également qu’il avait du caractère. Était-elle en train de le tester ? Absolument. Bienvenue dans la famille, Swann. Et en parallèle, elle ne put s’empêcher d’embarrasser quelque peu Lucia en l’affublant d’un surnom ridicule et en l’infantilisant, juste parce qu’une part d’elle estimait qu’elle l’avait bien mérité. “Elle ne m’a pas donné votre adresse.” « Je te l’envoie ? T’es sûr que ça t’embête pas de faire le trajet tout seul ? On habite à moins d’un quart d’heure de toute façon. Je t’envoie l’adresse. T’es sûr que tu veux pas monter avec nous ? » Mais oui Lucia, c’est un grand garçon et il se débrouillera très bien tout seul. La petite brune semblait affairée à l’idée de le laisser faire le trajet sans elle, mais Swann mis un point final à cette discussion grâce à un “Je vais gérer ma playlist seul, t’en fais pas. On se revoit dans quinze minutes.” Rassurant. Hannah l’observa partir sans un mot avant de se tourner vers Lucia qui l’observait avec des yeux ronds. « T’avais besoin d’être comme ça ? » La brunette soupira légèrement dans un petit haussement d’épaules. « S’il ne peut pas gérer ça, alors il ne te mérite pas. » C’était plutôt simple à comprendre, non ?

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Savoir quelle voiture prendre fut un imbroglio pas possible puisque, comme l’avait souligné Lucia, Hannah était bien entendu venue avec sa voiture et que Gabrielle était bel et bien venue avec Chris, mais peu importait ; elle était parvenue à ses fins. Lucia avait cependant décidé de se murer dans un silence boudeur sur le trajet, ne lui livrant finalement aucune information intéressante – un coup pour rien, donc. Elles arrivèrent après une bonne partie des autres convives et leur mère leur tomba dessus, passablement affolée par l’ampleur que prenait la suite des funérailles et relativement attristée par la perte qu’elle ne parvenait pas à dépasser, elle non plus. « Allez, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? » Insista-t-elle en donna un petit coup de coude à sa sœur qui s’était déjà emparée d’un petit four en jetant des regards furtifs vers la fenêtre, en attente de son prince charmant. « Je te jure que si tu ne dis rien, je vais enclencher la seconde et le faire fuir. » Elle en était parfaitement capable, même si elle ne ferait rien de tel. Le bruit de l’interphone retentit et Lucia se précipita comme une flèche vers celui-ci pour ouvrir à un Swann qui jouait plutôt bien le rôle du mec n’ayant jamais passé le pas de cette porte. “J’ai ramené de quoi grignoter. Et ma proposition pour faire du café tient toujours.” Oui, on verrait bien pour ça. « Merci beaucoup, il ne fallait pas. » Un bon point pour la politesse et un autre pour l’esprit d’initiative. "J'espère que personne n'est mort sur la route, hein." Un mauvais point pour l’humour à deux balles, mais un autre pour l’effort. « Non ça s’est bien passé, même si tu as beaucoup manqué à Lucia. Elle ne tarit pas d’éloges à ton sujet. » En fait ça avait été tout l’inverse puisque la jeune Whitemore s’était muée dans un mutisme des plus irritants, mais c’était une autre façon de lui faire comprendre qu’elle aurait préféré qu’elle passe aux aveux.

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« On est juste amis. » Swann est beaucoup plus assuré que moi, et Swann répond bien mieux à la question. Est-ce vrai pourtant ? Je sonde discrètement son visage à la recherche d’un indice, un qui me prouve que comme moi il ne m’apprécie pas uniquement comme une amie, mais comme quelque chose d’encore que je décris encore difficilement à cause de ma timidité et de mon manque d’assurance. On est proches, on est très proches. Lui il fixe Hannah, sans baisser les yeux, et il y a mis beaucoup de conviction. Peut-être que ça suffira ? Peut-être qu’elle nous croira et me laissera tranquille ? Il n’y a de toute façon pas grand chose à dire de plus, les papillons que j’ai dans le ventre quand je le regarde, ce n’est pas concret, et ça ne regarde pas Hannah. « Bien sûr. » Même moi, je ne suis pas assez naïve pour croire qu’elle puisse s’en tenir à ça. Tout dans son ton montre qu’elle ne croit pas un mot de ce que nous avons tous les deux dit, et sur l’instant je la maudis d’être aussi inquisitrice, tant j’ai peur que le comportement de ma soeur brusque le blond et l’éloigne de moi.

Surtout lorsque je comprends que je n’ai rien oublié du tout. Que nous n’avions pas prévu de rentrer ensemble chez nos parents pour la veillée, et que je n’ai pas oublié l’information. Elle m’aurait laissé me débrouiller sans se soucier de si j’avais quelqu’un pour m’y emmener si Swann n’était pas à apparut à mes côtés aujourd’hui, et ça m’agace. « Ne t’en fais pas, je vous retrouve là bas. » Je lui adresse une moue désolée et, si ma soeur n’était pas collée à nous, je lui dirais que je le suis. J’aurais préféré qu’il commence par rencontrer Gabrielle, ainsi la présentation à la famille aurait été plus… progressive en terme de manque de douceur et de délicatesse. Je ne sais pas où me mettre, gênée qu’elle le mette sur le banc de touche alors que c’est lui qui est venu me chercher chez moi. « Je vais gérer ma playlist seul, t’en fais pas. On se revoit dans quinze minutes. » Il me sourit, il me rassure, mais lorsque les doigts lâchent les miens et que Hannah m’entraîne déjà dans la direction opposée, je me sens plus écartelée que rassurée. « S’il ne peut pas gérer ça, alors il ne te mérite pas. » Je lève les yeux au ciel en la suivant docilement. « On t’a dit qu’on était amis, tu vas choisir mes amis aussi maintenant ? » Je suis certaine qu’elle serait capable de répondre oui.

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Dans la voiture, je reste silencieuse, dans une attitude qui peut être confondue avec de la bouderie mais plutôt perplexe. Hannah ne m’a pas accordé autant d’attention depuis que je suis revenue, et il faut qu’elle me voit en compagnie de quelqu’un que j’apprécie, en train de passer un moment qu’elle peut gâcher pour qu’elle décide que, tout à coup, je mérite son attention. Heureusement que nous nous sommes pas que toutes les deux dans la voiture finalement, au moins je me retiens d’exploser (en larmes, très certainement).

Dans la maison je tente de m'éclipser et en profite pour attraper quelques petit fours, mais elle me rattrape rapidement et revient à la charge. « Allez, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? » « Mais on est pas ensemble Hannah. » C’est la stricte vérité. Exaspérée mais surtout émotive, plus aujourd’hui qu’un autre jour, je me sens prête à fondre en larme tant j’en ai assez d’être houspillée (oui, il ne me faut pas grand chose). « Je te jure que si tu ne dis rien, je vais enclencher la seconde et le faire fuir. » J’engloutis mon petit four et attrape une assiette pour en déposer d’autre, bien décidée à manger pour pallier à ma nervosité. « Je t’ai déjà tout dis. C’est le frère du patron du café où je fais des extras depuis décembre. On s’entend bien, mais c’est tout. » Ils sont bons ces petits fours. « Et maintenant il va penser que je viens d’une famille de folles, alors qu’il avait été adorable d’accepter de m’accompagner aujourd’hui. » Je ne parviens pas à prononcer les mots à l’enterrement, la gorge encore serrée, mais plus vraiment surprise par le manque de sensibilité et de délicatesse de mon aînée.

Quand le carillon sonne, je lui fausse compagnie le plus rapidement possible, espérant - une nouvelle fois - faire diversion mais échouant lamentablement une fois de plus. Avant qu’elle n’arrive, je n’ai le temps que d’articuler un ”Je suis désolée” qu’il devra lire sur mes lèvres. « J’ai ramené de quoi grignoter. Et ma proposition pour faire du café tient toujours. » J’attrape le carton qu’il a dans les mains et j’ouvre doucement la boîte. « Oh, des lamingtons. » Directement, mes yeux se mettent à briller. Il a ramené à manger et il a pris en compte mes préférences. « T’as pensé à prendre du sucré. Merci. » Je me hisse sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur sa joue, juste à temps, puisque ma furie d’ombre arrive déjà. « Merci beaucoup, il ne fallait pas. » Je lève les yeux au ciel. N’a-t-elle pas autre chose à faire ? « J'espère que personne n'est mort sur la route, hein. » Ah. Je n’ai pas le temps de répondre qu’Hannah attaque à nouveau. « Non ça s’est bien passé, même si tu as beaucoup manqué à Lucia. Elle ne tarit pas d’éloges à ton sujet. » Mes yeux s’écarquillent en grand et je fixe ma soeur avant de reporter mon attention sur Swann. « Non, pas du tout je, je... » Mes joues rougissent, et je sais que, bien que je maintienne que nous n’avons pas menti et nous ne sommes dans les faits qu’amis, je me trahis ainsi en ce qui concerne ma façon de voir le jeune homme. « J’expliquais juste comment on s’était rencontrés. » Pas du tout, mais je n’ai pas envie de la traiter de menteuse, même si c’est ce qu’elle est. « T’entends pas un truc ? » Je fixe mon attention sur Hannah. « On dirait la voix de maman, ou de Gaby, en tout cas j’ai l’impression qu’elle t’apelle et qu’elle a super besoin de ton aide. » Pas du tout, il n’y a aucun bruit en provenance de la cuisine, mais je peux toujours espérer non ?

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Un sourire niais s’installe sur son visage après le baiser sur la joue de Lucia mais il rejetterait la faute sur les lamingtons si jamais quelqu’un osait même lui poser la question à un moment donné. Non, bien sûr que non il ne se contente pas de sourire de cette manière après un simple remercient de la part de la jeune femme, tout ce qu’il y a de plus poli et de moins intentionné au monde. Elle dit juste merci et lui de rien, voilà tout ce qu’il y a à retenir de cette histoire et même Hannah ne devrait pas rien avoir à leur dire ; ou aucun soupçon ajouter à la liste déjà bien longue. « Non ça s’est bien passé, même si tu as beaucoup manqué à Lucia. Elle ne tarit pas d’éloges à ton sujet. » Il n’y en a pourtant pas un pour rattraper l’autre et leur duo est aussi évident qu’un nez au milieu de la figure, finalement. Swann a passé le trajet à sourire bêtement devant son volant et Lucia à apparement parler de lui, alors finalement c’est comme s’ils avaient voyagé ensemble … à quelques voitures d’écart. « Non, pas du tout je, je... » Elle s’enfonce et il ne peut que la rattraper, lui qui a gardé une main entre les omoplates de la jeune femme depuis qu’il s’est à peine baissé pour recevoir son bisou sur la joue. Il ne s’en est même pas rendu compte, il ne le remarque toujours pas alors qu’il parle et la coupe dans ses explications saccadées. “Y’a tellement de trucs à raconter à mon sujet qu’on ne peut pas lui en vouloir.” Il joue de fausse vantardise et y ajoute un sourire franc à défaut de savoir faire quoique ce soit d’autre pour la tirer de son mauvais pétrin. Il voudrait y ajouter une nouvelle blague mais juge pourtant judicieux de s’en tenir à une connerie par jour et par rencontre, ce qui semble déjà beaucoup.

Lucia trouve pourtant le moyen d’ajouter des précisions qui ne les enfonce pas un peu plus encore et intérieurement, le blond la remercie de ce don qu’elle a de s’en tenir aux faits. « J’expliquais juste comment on s’était rencontrés. » Il se doute qu’elle n’a pas pris le temps d’ajouter qu’ils courent ensemble, se parlent chaque jour par sms et ont fait les plus belles rainbow crêpes du monde une fois enfermés dans la réserve du DBD un soir de fête. Ce ne sont que des détails, de toute façon. Ce genre de détail qui ne fait que confirmer qu’ils sont de bons amis voire même de très bons, mais certainement rien de plus puisque ce serait mal venu. Quelle idée. Elle est une employée de Matt et lui son frère, il n’y a aucune autre explication à donne puisque rien ne pourrait non plus être ajouté.

« T’entends pas un truc ? On dirait la voix de maman, ou de Gaby, en tout cas j’ai l’impression qu’elle t'appelle et qu’elle a super besoin de ton aide. »
“J’imagine que c’est dans ces moments là que la famille doit rester soudée.”

Bien sûr que Swann n’aurait jamais dû se mêler de ce qui ne le regarde pas mais il ne pouvait pas non plus laisser son amie batailler seule pour gagner un peu d’intimité et d’espace vital là où il ne lui souhaite que ça. Si jamais vous lui posez la question, pourtant, lui aussi serait prêt à jurer avoir entendu la matriarche Whitemore ou bien Gabrielle appeler sa soeur. C’est à coup sûr pour quelque chose de vraiment important et elle devrait vraiment aller vérifier, juste au cas où. Toutes ces pensées restent pourtant bloquées dans son esprit et tout ce qu’il ne sait apporter à la discussion reste une phrase bateau et ses yeux qu’il bloque dans ceux d’Hannah, tout comme le fait si bien la plus jeune. “Nous on se charge d’aller proposer à boire et à manger à tout le monde.” Ce n’est pas parce que c’est un enterrement que personne n’a envie de boire ou manger, quand même ?

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La brune n’était pas dupe et n’avalait pas un seul instant cette version édulcorée de leur relation que lui offrait Swann, même si son ton était plus assuré que celui de sa sœur qui continuait de ne pas en mener très large, comme toujours lorsque la situation lui échappait. La question résidait désormais dans le fait de savoir s’ils croyaient tous les deux ce qu’ils disaient, ce qui se résumait donc à se voiler la face, ou s’ils étaient conscients de ce qu’ils partageaient mais se refusaient à l’admettre à autrui. Certains regards ne trompaient pas et Hannah connaissait suffisamment Lucia pour savoir qu’elle était sous le charme, et si ce garçon s’était embêté à venir à l’enterrement et ainsi à s’exposer devant toute la famille d’un seul coup, c’était qu’il tenait forcément à elle. Soit, elle fit en sorte de se retrouver seule avec sa cadette en prenant soin d’envoyer gentiment balader son prétendant – gentiment, hein – afin d’obtenir davantage d’informations durant le trajet en espérant que celui-ci suffise à lui délier la langue, mais la tête de six pieds de long qu’affichait désormais Lucia indiquait clairement que ça ne serait guère le cas. Ceci dit, et sans trop de surprise, la petite brune accepta de la suivre sans opposer de résistance et c’est à deux qu’elles se dirigèrent vers la voiture tandis que Swann faisait de même en allant à l’opposé. « On t’a dit qu’on était amis, tu vas choisir mes amis aussi maintenant ? » Hannah était persuadée que s’occuper de la vie sociale de sa sœur ajouterait très certainement une plus-value à celle-ci, mais elle se contenta de lever les yeux au ciel comme si cette perspective était tout simplement improbable. « Si tu es encore convaincue que c’est d’une amitié dont il s’agit entre vous, tu te mets le doigt dans l’œil. On appelle ça le déni. » Ajouta-t-elle sans pouvoir retenir un sourire en coin, amusée malgré elle par la naïveté dont faisait bien trop souvent preuve sa petite sœur.

Le trajet se passa en silence, sans grande surprise, et une fois arrivées au bercail, Hannah salua quelques personnes avant de retrouver Lucia qui était déjà en train de taper dans le buffet des petits-fours, regardant avec insistance par la fenêtre comme si cela pouvait faire arriver Swann plus rapidement. « Mais on est pas ensemble Hannah. » La brunette soupira légèrement en constatant qu’encore une fois, sa cadette se montrait bien trop émotive même si, en l’occurrence, l’évènement de la journée n’aidait en rien à apporter un peu de stabilité à la jeune femme qui était déjà sur le point de s’effondrer dès qu’on la houspillait un peu trop. « Je t’ai déjà tout dis. C’est le frère du patron du café où je fais des extras depuis décembre. On s’entend bien, mais c’est tout. Et maintenant il va penser que je viens d’une famille de folles, alors qu’il avait été adorable d’accepter de m’accompagner aujourd’hui. » Adorable, oui selon ses propres critères qui n’étaient pas des plus affutés si on lui demandait son avis sur la question – et même si on ne le lui demandait pas, d’ailleurs. « Oh ça va, toutes les familles sont un peu désaxées à leur façon, rien de nouveau là-dedans. » Lança-t-elle en balayant ses craintes d’un geste, s’appuyant sur ses notions de systémique pour expliquer le comportement un peu exagéré qu’elle venait d’adopter à l’encontre de Swann. Ce dernier choisi cet instant précis pour débarquer et Lucia ne demanda pas son reste pour laisser sa sœur sur place afin d’aller l’accueillir comme il se devait. « Oh, des lamingtons. T’as pensé à prendre du sucré. Merci. » Hannah observa sa sœur, regrettant son comportement trop familier qui donnait déjà bien trop de pouvoir à ce garçon, que ses intentions soient honorables ou pas. Le blond s’interrogea sur le trajet et le médecin saisit la balle au bond pour tester une fois de plus les réactions de sa cadette, une façon à elle de lui faire gentiment payer le silence dans lequel elle s’était enfermée durant le trajet. « Non, pas du tout je, je... » “Y’a tellement de trucs à raconter à mon sujet qu’on ne peut pas lui en vouloir.” Une fois de plus, le blond intervenait et jouait cette fois-ci la carte de l’humour, signe qu’il était plutôt à l’aise en dépit de ce qu’il s’était passé. Un autre bon point pour lui. Hannah commençait à se détendre vis-à-vis de lui, mais loin d’elle l’idée de laisser sa cadette tranquille pour autant. « J’expliquais juste comment on s’était rencontrés. » Balbutia-t-elle en rougissant une fois de plus, décrochant l’ombre d’un sourire chez Hannah. « Oui, ça c’est toi qui le dis. » « T’entends pas un truc ?» Non, rien du tout. « On dirait la voix de maman, ou de Gaby, en tout cas j’ai l’impression qu’elle t’apelle et qu’elle a super besoin de ton aide. » La brunette ne cilla même pas, se contentant de pencher la tête sur le côté en croisant les bras. « Tu essaies de me faire partir pour rester seule avec ton ami? » Demanda-t-elle avec le plus grand sérieux du monde, mangeant du popcorn intérieurement en voyant Lucia passer de rouge à cramoisie en l’espace de quelques secondes à peine. “J’imagine que c’est dans ces moments là que la famille doit rester soudée.” Bien entendu, c’était dans ces moments-là. “Nous on se charge d’aller proposer à boire et à manger à tout le monde.” Swann était plus convaincant dans sa tentative de la faire déguerpir et elle finit par hocher la tête d’un air entendu, lui accordant cette victoire en se détournant dans un petit soupir théâtral. « Et moi je vais voir si les voix imaginaires ont besoin d’aide. » Elle tourna les talons sans se départir de son sourire, décidée à ne pas en rester là pour la cause.

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Lucia Whitemore & @Swann McGrath & @Hannah Whitemore angel down 873483867

« Si tu es encore convaincue que c’est d’une amitié dont il s’agit entre vous, tu te mets le doigt dans l’œil. On appelle ça le déni. » Je plisse le nez et pince mes lèvres. Pourquoi insiste-t-elle à tout prix ? Je ne devrais pas être étonnée pour me poser la question : elle le fait pour avoir raison, Hannah n’est pas du genre à accepter qu’elle fait erreur, et le cas présent j’ai beau tenter de la convaincre je n’y parviens pas : peut-être parce qu’au fond, elle a raison. Swann et moi avons tous les deux envie de quelque chose de plus qu’une amitié, et c’est ce que nous développons, seulement nous avançons doucement et avec cette candeur qui nous est propre et nous même nous ne le réalisons pas. Pourquoi ne me laisse-t-elle pas faire les choses à ma façon. « Depuis quand t’es devenue une référence en terme de relations toi ? » Je suis un peu boudeuse, mais on est sur le maximum dont je sois capable en terme d’insolence et de répondant, surtout face à Hannah, c’est à dire pas grand chose. Mais après tout, elle n’a jamais eu de relation longue et sérieuse ma soeur, aussi loin que je me souvienne, alors pourquoi pense-t-elle tout savoir mieux que tout le monde dans ce domaine. « Oh ça va, toutes les familles sont un peu désaxées à leur façon, rien de nouveau là-dedans. » Je ne lui dis pas que les soeurs de Swann ont décidé de me détester à l’instant où elles m’ont vue, ce serait appuyer toutes ses hypothèses. Alors je croise mes bras sous ma poitrine et, installée à l’arrière de la voiture, je me mure dans un silence réprobateur.

A la maison, je guette l’arrivée du blond comme s’il était le messie ou Joe Jonas en personne. Je cherche à échapper à la surveillance d’Hannah mais je sens son regard dans mon dos et, dès lors que je bondis vers la porte, je sens qu’elle est sur mes talons. Il parle à mon estomac comme l’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, et s’il ne faut pas être un analyste comportemental pour savoir que tout ce qui contient beaucoup trop de sucre trouve grâce à mes yeux, je suis touchée qu’il ait pensé à mes goût. Assez touchée pour embrasser sa joue, ce qui me fais rougir instantanément, évidemment. Et rebelote lorsque ma soeur insiste à nouveau et tente de me mettre dans l’embarras. « Y’a tellement de trucs à raconter à mon sujet qu’on ne peut pas lui en vouloir. » Sans son intervention je me serais probablement emmêlée dans des explications sans queue ni tête, si bien que je lui adresse en silence dans un regard toute ma reconnaissance. « Il est anglais, tu te rends compte ? » Je m’extasie comme si ça lui donnait automatique un air mystérieux et particulièrement exotique. « Oui, ça c’est toi qui le dis. » Je fronce les sourcils, trop innocente pour saisir qu’elle se moque de moi et je précise. « Bein, si, c’est exactement ce que j’étais en train de t’expliquer. » Je ne comprends que trop tard et je tente de faire usage d’une ruse clairement maladroite pour me débarrasser d’elle. Pas parce que je ne la veux pas proche de moi, mais parce qu’elle semble déterminée à m'embrasser devant Swann et que, même si ce n’est qu’un ami, je n’ai pas envie qu’elle se mette à déballer toutes les anecdotes les plus ridicules qu’elle connaisse me concernant. « Tu essaies de me faire partir pour rester seule avec ton ami ? » Evidemment, c’est trop gros pour qu’elle ne le réalise pas et, à nouveau, c’est le jeune homme qui vient à ma rescousse en s’y prenant un peu plus délicatement. « J’imagine que c’est dans ces moments là que la famille doit rester soudée. » Je hoche la tête frénétiquement l’air de dire ”exactement, c’est tout à fait ça, hein Hannah ?” « Nous on se charge d’aller proposer à boire et à manger à tout le monde. » Et là, un petit miracle se produit sous mes yeux : Hannah acquiesce et s’exécute. « Et moi je vais voir si les voix imaginaires ont besoin d’aide. » J’écarquille les yeux, presque surprise tandis qu’elle s’éloigne et je me retourne vers le blond. « Va falloir que tu m’expliques comment t’as fait. Je la côtoie depuis vingt six ans et j’ai jamais réussi à lui faire faire ce que je voulais comme ça. » Bon, elle s’est certainement éclipsée pour mieux revenir, mais c’est déjà ça. « Désolée pour l’interrogatoire… Et désolée d’être obligée de t’avoue que c’est juste le début. » Je l’invite à accrocher sa veste sur le porte manteau, avant de l’entraîner vers le buffet. « On a qu’à vraiment faire ce que t’as dit et proposer à manger et à boire ? » Comme ça Hannah ne pourra pas l'accuser de l’avoir roulée.

J’attrape un plateau de petits fours salés à deux mains, et je commence à naviguer à travers les invités. Je déteste ceux qui se sentent obligés de me présenter leurs condoléances en touchant mes cheveux ou caressant ma joue, comme si je n’étais qu’une enfant, mais je fais de mon mieux pour être une hôte agréable. Sans Swann, je n’aurais pas survécu à cette journée. Son soutien est ce qui me permet de tenir debout, et je passe ma fin d’après midi à lui pointer du doigt chaque invité en lui expliquant qui c’est, comment ma famille y est lié et j’ajoute quelques anecdotes amusante lorsque j’en ai. Les invités commencent à s’excuser et à quitter la maison aux alentours de 19 heures, et alosr que je réalise que bientôt Swann se retrouvera seule avec ma famille, et donc avec mes parents je me tourne vers lui. « Tu veux aller prendre l’air ? » Moi j’ai besoin d’aller prendre l’air. « Hannah fait semblant, mais je suis sûre qu’elle a besoin de s’échapper aussi. » Gabrielle et Christopher pourront parfaitement tenir compagnie à mes parents seuls. Moi j’ai besoin d’échapper à cette ambiance morbide. « Je pense qu’elle s’adoucirait, si elle te connaissait un peu mieux. » Je n’ai pas envie de lui imposer cette balade et, si d’aventure il semblait réticent, je renoncerais à l’idée pour remettre ma proposition à plus tard.

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« Va falloir que tu m’expliques comment t’as fait. Je la côtoie depuis vingt six ans et j’ai jamais réussi à lui faire faire ce que je voulais comme ça. » A ça il n’a aucun argument à rétorquer puisqu’elle sait tout aussi bien que lui ce que c’est que de grandir en étant le cadet de la famille (à vrai dire, elle le sait même mieux que lui). Il faut simplement croire que cette fois-ci c’est sa chance qui a jouée bien plus qu’autre chose - ou alors qu’Hannah est partie aiguiser les couteaux dans la cuisine pour l’attaquer plus facilement dès qu’elle reviendra. Swann lui même n’est pas certain d’avoir réussi à gagner un peu de temps de repos et c’est la raison principale pour laquelle il ne s’en vante pas - ça, et le fait qu’il soit toujours encore trop occupé à sourire à Lucia comme un bêta. « Désolée pour l’interrogatoire… Et désolée d’être obligée de t’avouer que c’est juste le début. » Invité obéissant, le blond accroche sa veste au porte manteau avant de se laisser entraîner peu à peu dans la maison. Tout sent la nourriture, il devrait s’y sentir à l’aise et pourtant les visages crispés et les yeux rouges de la plupart des personnes présentes ne l’aident pas à ce que ce soit le cas. Il retient la jeune femme quelque second en posant doucement sa main sur son épaule. “T’excuse pas. Tu n’y es pour rien et tu sais, ça ressemble un peu aux douze travaux d’Hercules tu vois ? C’est cool, vraiment.” Cool n’est sans doute pas le terme le plus adéquat pour qualifier la situation mais il est loin d’en être traumatisé et plus loin encore d’en vouloir à la jeune femme pour quoi que ce soit. A vrai dire, il ne peut pas s’empêcher de penser qu’en comparaison à ce que lui ont fait subir Ariane et Jillian, il n’aura jamais le droit de se plaindre de rien - et cela ne le dérange absolument pas.

Finalement le duo s’accorde sur le fait de proposer à boire et à manger à tous les invités, ce qui semble plus ou moins sans danger (et au moins ils gardent la nourriture comme fil conducteur de chacune de leurs rencontres, sans que cela n’étonne personne). Swann est celui vers qui les regards interloqués se tournent, le blond qui fait tâche au milieu de la famille et des amis, celui que personne ne connaît et que celle dont on vient d’enterrer le corps connaissait encore moins. Il aurait pu être gêné de la situation mais après avoir vécu toute sa scolarité de la même manière, il se sent presque de retour quinze années en arrière, à Londres même. Les regards de travers sont sa madeleine de Proust à lui mais il ne prend pas le temps d’en faire mention à aucun moment, trop occupé à dresser la liste des petits friandises sur le plateau qu’il tend à chaque invité avec le même sourire. A sa manière, il tente de drainer un peu de la peine de chacun et si cela passe par des macarons et des friands au fromage, alors tant mieux. De son côté, cela lui permet à son tour d’en apprendre un peu plus sur le monde de Lucia alors qu’en retour, elle sait tout du sien. Il sait de toute façon que chaque information vient en son temps et c’est là la raison pour laquelle il n’est pas prêt de forcer quoi que ce soit avec la jeune femme, pas alors que tout dans sa vie semble réellement bien se passer. De toute façon, aujourd’hui n’aurait pas été le bon jour pour cela et il était trop occupé à se laisser toucher les joues par des dames âgées pour avoir le temps de dire quoi que ce soit de censé.

« Tu veux aller prendre l’air ? » Loin de comprendre la tactique de Lucia, le blond était prêt à rétorquer qu’il n’a pas besoin d’aller prendre l’air puisqu’il se sent très bien à l’intérieur et, qui plus est, au chaud. Ce n’est que lorsqu’il croise ses yeux fatigués qu’il change aussitôt d’avis et referme sa mâchoire pour, à la place, se contenter d’un sourire rassurant. Il hoche la tête sans un mot de plus et glisse son bras autour de celui de la jeune Whitemore pour l’entraîner à sa suite après avoir récupéré les blousons de chacun sur le porte manteau. Après tout, la nuit arrive déjà et il ne voudrait pas prendre le risque qu’elle attrape froid. « Hannah fait semblant, mais je suis sûre qu’elle a besoin de s’échapper aussi. Je pense qu’elle s’adoucirait, si elle te connaissait un peu mieux. » De nouveau, il se contente d’hocher la tête en silence tout en ajoutant cette information ci à l’immense liste qu’il dresse au sujet des Whitemore et ne cesse d’éditer chaque jour.

Il longe la maison familiale pour venir s’asseoir sur les planches en bois de la terrasse légèrement surélevée, intimant Lucia d’un geste de la main à venir se poser près de lui. Après tout, ils ont couru à droite et à gauche toute l’après midi sans prendre le temps de se reposer. “Tu penses qu’elle voudrait venir manger chez moi, un jour ? Avec toi, bien sûr. Je pourrais cuisiner. Et je range les figurines Doctor Who, c’est promis.” Il s’enquiert déjà des détails dont Lucia n’a pas idée puisqu’elle n’est jamais entrée dans son appartement non plus. Après tout, il n’a pas de quoi s’en vanter et il ne paye pas de mine mais les quatre murs lui suffisent amplement puisqu’à ce niveau là, il n’aspire pas à grand chose. “Tu la connais mieux que moi mais je me dis qu’elle a peut être besoin d’un peu de temps. T’es sa petite soeur et elle veut te protéger.” C’est la raison pour laquelle les sœurs de Swann ont été aussi dures avec Lucia aussi ; il ne fait parfois pas bon à être cadet dans sa famille, encore moins un cadet qui tend à avoir une très bonne amie. “Et un jour elle finira par comprendre que … je te veux pas de mal. En attendant, elle ne me fera pas fuir.” Il a connu bien plus costaud, bien plus robuste et bien plus sournois. Il saura faire face à sa soeur, à n’en pas douter, même s’il reste bien loin de la sous estimer. “Dis moi quand tu veux partir, je te ramènerai.” Parce qu’elle est de toute façon sur son chemin, voilà tout.

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Invité Invité

Angel down.

Hannah s’amusait à faire enrager sa petite sœur, mais au fond d’elle, elle était plutôt contente de la voir proche d’un garçon qui n’était ni musicien, ni décidé à la faire quitter Brisbane pour jouer aux groupies. Bien entendu, ce Swann allait faire les frais d’une inspection en bonne et due forme, mais pour l’heure, la jeune femme était surtout contente de savoir que Lucia était entourée en ce jour difficile. Ce n’était pas son cas, et cette mise en lumière sur sa propre solitude la fit réfléchir, d’autant que la brune sembla lire dans ses pensées en lui balançant un « Depuis quand t’es devenue une référence en terme de relations toi ? » boudeur qui était l’équivalent d’une insulte chez la jeune femme qui était bien incapable de faire du mal à une mouche. Et si elle avait visé juste, le médecin évita de le lui montrer, choisissant de lui adresser un sourire mystérieux qui ne manquerait pas de faire cogiter sa cadette ; une autre mini-vengeance qui l’amusait beaucoup et qui ne causerait pas le moindre mal. « Qui sait, t’as peut-être raté des trucs. » Le tacle était à moitié conscient et elle balaya ensuite les reproches de Lucia en arguant que chaque famille avait ses petites particularités et que les Whitemore ne faisaient pas exception ; Swann allait devoir s’y faire. Une fois arrivées à destination, les deux brunes saluèrent divers membres de la famille et Lucia ne tarda pas à jouer les pieds de grue en attendant que son – futur – cher et tendre ne daigne faire son apparition, sous le regard amusé d’Hannah qui ne ratait pas une miette du spectacle. Cherchait-elle volontairement à mettre la petite brune mal à l’aise ? C’était possible, oui. Enfin, le blond fit son apparition sous le regard émerveillé de Lucia et le médecin ne tarda pas à en rajouter une couche, arguant que sa sœur avait été intarissable à son sujet dans la voiture. « Y’a tellement de trucs à raconter à mon sujet qu’on ne peut pas lui en vouloir. » Un sourire étira les lèvres de la brune qui apprécia le répondant du jeune homme, même si elle décida de garder ça pour elle, n’appréciant que trop le spectacle du rouge qui était déjà monté aux joues de la brunette. « Il est anglais, tu te rends compte ? » Cela n’avait jamais été un argument de séduction pour le médecin, mais apparemment, Lucia semblait trouver ça à son goût, ce qui ne fit qu’étayer sa thèse selon laquelle elle craquait pour lui ; ça crevait les yeux. « J’adore l’Angleterre, il faudra qu’on parle plus amplement de tout ça une prochaine fois. » Se contenta-t-elle de dire avant de continuer sur sa lancée, pas encore totalement décidée à laisser sa sœur tranquille. « Bein, si, c’est exactement ce que j’étais en train de t’expliquer. » Hein hein. Finalement, Lucia fit une tentative maladroite pour la faire déguerpir et comprenant le message, Hannah décida de lancer une dernière boutade, juste pour marquer le coup avant de laisser les tourtereaux ensemble. « J’imagine que c’est dans ces moments là que la famille doit rester soudée. Nous on se charge d’aller proposer à boire et à manger à tout le monde. » Bien joué Swann, ce garçon avait du potentiel. Leur adressant un sourire, elle opina du chef et s’éloigna afin de vérifier que tout allait bien et que sa mère n’avait pas besoin de son aide. Mais à peine quelques minutes plus tard, son téléphone lui indiqua qu’elle était attendue pour une urgence à l’hôpital ; un de ses patients était en pleine décompensation et s’était montré violent envers un autre résident, autant dire que la crise méritait qu’on lui accorde de l’attention. S’excusant auprès de la plupart des convives, elle sortit de la maison en jetant des regards frénétiques autour d’elle, n’ayant pas trouvé Lucia à l’intérieur. C’est finalement dans le jardin qu’elle tomba sur le duo qui s’était isolé – étonnant ? pas vraiment, non – et elle s’approcha dans un fin sourire, levant les deux mains en l’air pour se dédouaner d’une énième tentative de plaisanterie. « Je viens vous saluer, j’ai eu un appel de l’hôpital. Je vous souhaite une bonne soirée à tous les deux. » Elle fit une étreinte rapide à sa sœur, fit un signe de tête à Swann avant de s’éloigner, non sans lâcher un dernier « Et ne faites pas de bêtises, les amoureux. » accompagné d’un petit clin d’œil avant de disparaître, sourire aux lèvres.

Spoiler:

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