| dream for dreaming (lola) |
| | (#)Mar 3 Mar 2020 - 5:25 | |
| « Je savais pas si on était plus en mode sucré ou salé, du coup j'ai improvisé. » fût ma seule et unique justification pour l'avalanche de nourriture qui couvre toute la table basse du salon, la commode qu'on a descendue de la chambre de Noah et l'immense nappe que j'ai mise au sol comme si on organisait aussi un pique-nique en intérieur.
Le gamin/la terreur est occupé à préparer le bar à chocolats chauds à la cuisine, quand je laisse Lola faire le tour du buffet composé de chips, de macarons, de glaces (qu'on va devoir manger relativement bientôt parce que je les ai sorties du congélo y'a un moment déjà, elles coulent), de pizzas, de frites, de cookies, de donuts. Y'a des fruits aussi - en gelée et en sucettes les fruits, je suis pas un animal non plus.
On avait dit pyjama party, mais pyjama party ça rime aussi avec food party, avec sugar rush party, avec calorie overdose party et à partir de ça j'ai improvisé un menu en conséquence. Pour ce qui est de la sélection des films, là par contre, j'étais dans un néant complet. J'ai juste sorti l'immense boîte contenant tous les DVDs de films de super-héros de Noah, j'y ai mélangé ceux que j'ai accumulés à travers les années qui passent des classiques en noir & blanc aux films d'horreur les plus gore et ridicules qui aient pu exister. Y'en a pour tous les goûts, elle pourra y plonger ses mains et en choisir un au hasard, ou passer la prochaine heure et l'heure d'après à débattre avec elle-même sur celui qu'elle voudra lancer quand au dernier moment elle en sélectionnera un autre sur un coup de tête.
La touche finale, ce sont les matelas qui sont recouverts de couvertures et de coussins, avalanche de confort dans laquelle je m'écroule quand mon gamin aka la meilleur héritier du monde revient au salon pour tendre à Lola une immense concoction de son cru, un verre de chocolat recouvert de chantilly et de bonbons. Il en renverse presque pas, du mien, quand il vient me le servir à travers le champ de mines qu'est le lit aménagé au salon, qu'il se blotti contre moi un peu de force parce qu'à la seconde où il s'approche, je l'attrape par la taille sans la moindre intention de le laisser partir.
Ne reste qu'à l'invitée d'honneur de la soirée (et de la nuit, si on arrive à dormir après avoir englouti tout ça ce dont je doute) à confortablement s'installer avec nous. |
| | | | (#)Mar 3 Mar 2020 - 17:50 | |
| "Tu as... improvisé", répéta Lola, ahurie devant le nombre d'ingrédients qui l'entouraient. C'était comme un film de zombie, sauf que le risque de mort était lié uniquement au sucre. Lola avait beau savoir que c'était une des passions de Ginny (en compétition avec Noah, la peinture et Auden), elle était à chaque surprise de l'ampleur que ça prenait. Son instinct pragmatique et de survie lui conseilla de se ruer sur une glace et d'arrêter de réfléchir, parce qu'au rythme où ça fondait, ce serait bientôt une fontaine de chocolat improvisée. Pas que ce soit pour déranger Noah et Ginny - mais Lola aimait bien ses glaces à l'état de solidité. Elle croqua dedans tout en faisant une liste mentale de l'ordre dans lequel elle aimerait manger ce qui l'entourait. La pizza avait une bonne place. Les biscuits vanille chocolat aussi.
Puis, Lola localisa la pile de films, et réalisa, à sa plus grande horreur, qu'elle n'était classée selon rien. Pas même le plus petit ordre de rangement. Rien du tout. Lola finit sa glace en une seconde trente pour se consacrer à ce qui était devenu sa priorité numéro une : ranger les films. Elle les posa par genre d'abord, puis par ordre chronologique de sortie. Ca lui permit de faire un état des lieux de ce qui pouvait être regardé, et de se faire la réflexion que 30% de ces titres n'étaient pas accessibles au regard innocent et fragile (c'est ça, oui) de Noah.
Noah qui lui tendait un chocolat dont le deuxième prénom était meurs-de-diabète. Lola lui fit un grand sourire, prit le breuvage, le renifla, et alla le poser très discrètement sur une table. Se tourna avec un sourire attendri pour voir Noah dans les bras de Ginny, sur la pile géante de coussins de la soirée. Elle fila les rejoindre, tout en donnant un coup de coussin à Noah, "Oups, désolée, pardon", puis un deuxième, "Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ?". Elle tira la langue à l'enfant, qui fit pareil, puis lui fit une atroce grimace. Un point partout. Lola soupira profondément : la pizza était maintenant tellement loin ; il y avait eu erreur dans la stratégie.
"Tu te souviens la dernière fois que tu es allée en Europe et que tu m'as raconté ton voyage en deux phrases ?" demanda Lola à Ginny, avec un air passablement insatisfait. "J'ai laissé passer, parce que t'avais des circonstances atténuantes, que tu m'intimidais encore un peu, et puis après je t'ai vu déguisée, et je t'avoue, ça a fait passer l'effet effrayant très, très vite." Le sourire de Lola grandissait à vue de nez. Noah comprenait beaucoup trop bien ses plaisanteries, et heureusement, il était bon public, parce qu'il riait avec elle. "Maman, tu t'es déguisée ?" Lola opina du chef pour qu'il sache que oui, oui, c'était vrai. "J'ai des photos, et si tu vas me chercher de la pizza, je te les montre." Noah réfléchit, et, sage enfant, déclina l'offre : "Tu vas me les montrer de toute façon." Lola s'avoua vaincue et se leva pour ramener la pizza sur la forteresse de coussins. "Donc, Ginny, nous voulons ton récit de l'Europe. Au moins un bout de récit. Une histoire. Quelque chose." Et Lola mitrailla Noah du regard pour qu'il insiste lui aussi, qu'il l'aide, dans sa demande - mais à la place, il se servit de pizza et se réinstalla dans les bras de Ginny. Cet enfant ne l'aiderait donc jamais.
@Ginny McGrath |
| | | | (#)Sam 7 Mar 2020 - 7:20 | |
| "Tu te souviens la dernière fois que tu es allée en Europe et que tu m'as raconté ton voyage en deux phrases ?" oh, oh.
Je me replace dans les coussins et les couvertures, contemple la solution extrême quoi qu'efficace de me cacher si loin dans notre forteresse de confort que jamais personne n'arriverait à me retrouver avant que je ne finisse asphyxiée.
"J'ai laissé passer, parce que t'avais des circonstances atténuantes, que tu m'intimidais encore un peu, et puis après je t'ai vu déguisée, et je t'avoue, ça a fait passer l'effet effrayant très, très vite." "Maman, tu t'es déguisée ?" oh, oh, ohhh.
Parce qu'évidemment Noah s'en mêle. Il me lance le regard de celui qui est aussi curieux que déçu. Curieux de voir dans quel accoutrement j'ai pu fièrement me balader en ville, déçu de ne pas pouvoir avoir fait partie du plan dès le début.
"J'ai des photos, et si tu vas me chercher de la pizza, je te les montre." "Tu vas me les montrer de toute façon."
Là par contre, je respire un peu mieux. Prends une grande, une immense gorgée de mon chocolat, faisant un bruit qui m'assure d'être repérée à la seconde où je lâche la paille de mes lèvres et que son grincement se tait. Et moi qui croyait être subtilement évitée à travers tous les stratagèmes du gamin le plus brillant du quartier, que dis-je de la ville, que dis-je du monde. Mon avis n'était clairement pas biaisé.
"Donc, Ginny, nous voulons ton récit de l'Europe. Au moins un bout de récit. Une histoire. Quelque chose." bon. Elle a raison Lola, quand elle dit que j'ai été radine avec mes détails. Que j'ai tout gardé pour moi ; je l'ai fait en connaissance de cause. Je suis rarement égoïste, me déteste lorsque ça arrive. Et pourtant, pour ça, je l'avais été en pleine maîtrise du moins, jusqu'à maintenant.
Alors je fais ce que tout adulte responsable, ce que toute bonne mère de famille a comme seule et unique solution : je lève un index impoli et empressé vers ma progéniture. « Noah a des photos. » faut pas oublier qu'il est venu avec nous à Disney et que c'est là qu'il s'est improvisé le nouveau Dolan en version mineur et pas plus haut que la pile de livres qui traîne pêle-mêle dans mon salon (et j'espère secrètement que Lola la classera aussi bien qu'elle a classé mes films). « Et des vidéos. » je poursuis même, la fourbe, avant que l'héritier n'enserre mon doigt de sa petite paume collante pour me lâcher un « Traître. » franchement mérité.
La pizza qui trône sur les cuisses de Lola me nargue, et bonne joueuse, je lâche dans un soupir aussi exagéré que je suis affamée. « Okay, t'as droit à 3 questions par pays. » je prends une bouchée, sens le regard inquisiteur de Noah sur moi qui lui aussi, apparemment, veut prendre part au processus. « Vous avez droit. » parler la bouche pleine n'est pas nécessairement le premier enseignement que je pensais donner à mon fils ce soir, mais bon, c'est difficile de résister aussi longtemps à la quatre fromages. « Choisissez bien. » |
| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 16:16 | |
| Ginny, en mère responsable, montra son enfant du doigt pour se soulager du stress de répondre. Lola s'en amusait, car lorsqu'elle demandait des récits de voyage à d'autres personnes, ça partait en tirades, ça durait des heures, mais avec Ginny, c'était toujours chercher une aiguille dans une botte de foin, elle s'évadait, elle regardait ailleurs, répondait à côté. On aurait dit une magicienne de l'évitement, avec un petit garçon comme assistant pour le show. Il n'y avait pas de boite en bois, ni de scie, mais c'était tout pareil à part ça.
Lola fit signe à Noah de lui montrer les photos et vidéos de suite. Elle écarquilla grand les yeux, parce que ce n'était pas du tout filmé comme il fallait, mais qu'on ressentait la joie et les mille émotions qui avaient fait partie de ce moment à Disney. Noah riait comme s'il les découvrait, et Lola ne savait pas quoi regarder, les vidéos ou le gamin, tellement il y avait de la magie dans l'un et l'autre. Elle le remercia par une tape sur la tête, et Noah répliqua par une grimace. Ils avaient donc le même âge mental - ce n'était pas pour rien qu'ils s'entendaient aussi bien.
C'était déjà un grand pas pour l'humanité d'avoir pu voir des images, mais déjà Ginny se portait volontaire pour plus. "Okay, t'as droit à 3 questions par pays. Vous avez droit. Choisissez bien." Lola eut un sourire beaucoup trop maléfique, et embarqua Noah dans la cuisine en une fraction de seconde. "Tu penses à la même chose que moi ?" "Si maman a goûté les glaces à la vanille en France ?" "Mais non, Noah, ça c'est sûr que oui, concentre-toi. Elle a dit trois questions par pays. Mais elle n'a pas dit par personne." Le sourire de Noah devint à son tour facétieux, et Lola fut soulagée : comme d'habitude, ils feraient leur prank ensemble. Ils avait le droit à six questions par pays. Angleterre, France, Allemagne, Italie. Il y avait de quoi faire.
Les deux comploteurs revinrent et constatèrent qu'il ne restait déjà presque plus de pizza. Mais comment faisait Ginny pour dévorer aussi vite ? Lola ramena des frites et des donuts dans la forteresse. "Noah, je commence." "Mais -" Lola tendit une donut à Noah, qui, telle mère tel fils, accepta le marché et croqua dans sa donut. "Mes trois questions pour la France d'abord. Est-ce que t'es allée en haut de la Tour Eiffel ? Est-ce que tu peux nous dire une phrase en français ? C'était quoi ta rue préférée ? Et attends, attends, avant que tu répondes, maintenant les trois questions de Noah pour la France."
Ignorant l'air outré de Ginny, qui comprenait désormais leur stratagème, Noah se lança : "Est-ce que tu as goûté les glaces à la vanille ?" Lola leva les yeux au ciel, cet enfant était terriblement obstiné. "Est-ce que t'as vu le Bossu de Notre Dame ?" Fair enough. Le film Disney pouvait rendre confus les jeunes esprits, et, à sa décharge, c'était Lola qui lui montrait tous les Disneys dès qu'elle avait deux heures à passer avec Noah. "Est-ce que c'était mieux quand j'étais là ou quand j'étais pas là ?" Lola fronça les sourcils très brièvement, puis prit sauvagement Noah dans ses bras. Elle savait que ce n'était pas simple pour lui d'avoir une grande famille recomposée, même s'il en tirait le meilleur, et ça se ressentait dans sa question.
@Ginny McGrath |
| | | | (#)Sam 14 Mar 2020 - 19:52 | |
| De les voir comploter à la table me donne le ton pour la suite : ce sera intense, ce sera ardu, ce sera compliqué. Par chance, je peux nier le tout encore longtemps en gobant la plus longue gorgée de chocolat chaud possible avant de me brûler la langue et les lèvres.
"Noah, je commence." "Mais -" « T'es horrible. » mon index se pointe d'abord vers Lola, parce que je le reconnais cet air malin-là, et que je sais clairement qu'elle est en train de mettre en place son prochain méfait. « T'es horrible aussi. » et il se déplace vers Noah maintenant mon index, Noah et ses joues tartinées de confiture, de sauce tomate de maintenant de glaçage de beignet. Cet enfant avait un estomac plus creux que le mien. « Et ensemble vous êtes encore pires. » et j'alterne en les pointant les deux un à la suite de l'autre maintenant. De vraies terreurs.
"Mes trois questions pour la France d'abord. Est-ce que t'es allée en haut de la Tour Eiffel ? Est-ce que tu peux nous dire une phrase en français ? C'était quoi ta rue préférée ? Et attends, attends, avant que tu répondes, maintenant les trois questions de Noah pour la France." qu'est-ce que je disais. Y'avait une fuite dans le plan, y'avait une précision à laquelle j'ai pas pensée parce que je croyais naïvement qu'on regarderait bel et bien des films ce soir, pas qu'on parlerait jusqu'à pas d'heure par-dessus les bandes vidéos - le rush de sucre se chargera de nous garder éveillé jusqu'à l'aube, c'est déjà assuré.
Bonne élève, j'hoche de la tête calmement, fais signe de glisser la fermeture éclair imaginaire sur ma bouche, lance la clé dans le plat de chips au fromage beaucoup trop loin pour que je ne fasse pas éventuellement une crise à ce propos. "Est-ce que tu as goûté les glaces à la vanille ? Est-ce que t'as vu le Bossu de Notre Dame ? Est-ce que c'était mieux quand j'étais là ou quand j'étais pas là ?"
Oh, Noah. Lola l'enlace, j'embrasse son front, il fronce du nez et rigole parce que mes mèches le chatouillent. Puis j'inspire, la suite qui risque d'être longue et laborieuse ; on en est qu'au premier pays, en plus.
« Je suis allée en haut toute seule pour des raisons évidentes. » et si jamais Auden apprend que j'ai sous-entendu son vertige maladif même sans mentionner son nom, même en me la jouant Voldemort, je suis morte de chez morte et il montera avec moi en haut la prochaine fois, rien que pour me pousser en bas. « Nous sommes excusés - j'ai VRAIMENT travaillé la prononciation, parce qu'une journée j'arrêtais pas de foncer dans tout le monde du coup y'a fallu que je la répète beaucoup. » la phrase que je prononce si fière, si accomplie, si en confiance, alors que j'ai jamais compris la mine perplexe/amusée/désespérée de qui que ce soit à qui je la disais. « La rue des Archives, dans le Marais. C'est tout petit et caché, mais c'était vraiment ma rue préférée. Y'avaient pleins de bâtiments secrets, et un cloître avec des expositions aussi. » j'ai fait exprès de débarquer au métro à proximité pour errer des dizaines de fois à la sortie juste à côté, rien que pour remonter la rue en dédales de pierre et m'y perdre volontairement.
La panique que j'anticipe en me levant pour aller chercher plus de popcorn au caramel, je sprint jusqu'au buffet pour revenir me poser près d'eux en un temps record.
« Vanille : oui. Vanille dorée : oui. Vanille bourbon : oui. » mimant une checklist que je cocherais au fur et à mesure des saveurs, je vois le regard scintillant de mon fils qui s'illumine assez pour que je songe à faire une razzia au supermarché rayon crème glacée vanillée demain à la première heure. « Auden courbaturé après avoir trop marché, ça compte comme bossu? » mention un peu plus affirmée ici, parce que ça j'ai le droit de me moquer, de son âge et du fait qu'il râlait tellement pour ses pauvres genoux et son pauvre dos à la fin des journées où même mon podomètre arrêtait de fonctionner valent la peine d'être soulignées. « Et on y retournera Noah. Pour que tu vois la Tour Eiffel et pour que tu manges toutes les glaces à la vanille et pour que ce soit bien mieux parce que tu seras tout le temps là. » le meilleur pour la fin, quand je le force à se lover contre moi, que je le couvre de baisers et de caresses, qu'il est à deux doigts de râler que je l'énerve et que je lui fais mal et que je suis la pire mère de l'univers - mais le sourire que je vois glisser sur son visage me confirme que depuis qu'on en parle plus ouvertement, il est un peu plus à l'aise et en paix avec les raisons derrière mon départ. |
| | | | (#)Lun 16 Mar 2020 - 12:34 | |
| Il ne fallait surtout pas mettre Lola et Noah dans une même pièce, tout comme il ne faut pas fumer une cigarette au-dessus d'une flaque d'essence. A deux, ils devenaient machiavéliques, monstrueux, géniaux, des criminels de haut vol. C'était une émulation comme on en voit rarement, quelque chose de beau et d'inspiré. "Ensemble, vous êtes encore pires", disait Ginny, et Lola et Noah se faisaient un high-five pour confirmer l'accusation.
Les révélations commencèrent avec : 1) Auden a le vertige. (Lola fut prise d'un mélange de surprise, d'hilarité, et d'idées pour réussir à lui faire dépasser cette peur.) 2) Ginny parlait hyper bien français. 3) Lola avait vraiment envie d'aller à Paris.
Lorsque Ginny s'éloigna, l'air de rien, pour aller chercher à manger, Noah et Lola s'échangèrent un regard affolé. "La cible s'enfuit, Noah." "Ne la perdons pas de vue." Ils se tinrent tous les deux assis avec le regard fixé sur la silhouette de Ginny, prêts à bondir au cas où elle partirait en courant. Mais elle revint d'elle-même avec des munitions de popcorn au caramel, et ça, c'était gentil. Tous trois plongèrent les mains dedans.
Ils reçurent confirmation pour la vanille, pour le bossu, et pour l'amour de Ginny envers Noah. Lola eut un soupir de soulagement à les voir se comporter comme d'habitude, à retrouver leurs marques. Rien n'était simple mais tout se réparait avec le temps.
"Soldat, au rapport", déclara-t-elle, et Noah se tourna vers elle. Ils firent un salut militaire et se tournèrent vers Ginny pour le deuxième pays. Noah commença, cette fois. "Je trouve ça moche l'allemand." Il eut un sourire affolé car il n'y avait pas de question dans la phrase, et il rajouta : "Et tooooi ?" Puis, les sourcils froncés : "Est-ce que c'est vrai qu'il y a de trop bonnes saucisses en Allemagne ? Et est-ce que tu t'es fait des amis là-bas ?"
Lola eut un hochement de tête satisfait, puis prit le relais : "Plus beau monument de Berlin ? Est-ce qu'on y ressent encore les guerre, la séparation de la ville, tous les événements historiques ? Et est-ce que c'est vrai qu'ils ont de la bonne bière en Allemagne ?" Noah leva les yeux au ciel. "Bah quoi, t'as bien demandé pour les saucisses, toi."
@Ginny McGrath |
| | | | (#)Mer 25 Mar 2020 - 23:22 | |
| "Soldat, au rapport" "Je trouve ça moche l'allemand." « Toi t'es moche. »
"Et tooooi ?" et la conversation repart de plus belle, Noah et sa voix cristalline emplissant la pièce comme si on n'avait pas mis mille ans à choisir le film, comme si c'était pas la cérémonie la plus importante du monde qu'on snobbait au point où on tourne tous le dos à la télé pour surveiller le buffet au cas où il allait s'envoler à travers leurs dix milliers de questions à la seconde. « C'est cool en vrai l'allemand. Ils ont toujours l'air fâchés quand ils lisent leur liste d'épicerie. » je pouffe, croque dans ce qui je crois est un morceau de chips qui en fait est un bonbon au sucre d'orge. La surprise est totale. "Est-ce que c'est vrai qu'il y a de trop bonnes saucisses en Allemagne ? Et est-ce que tu t'es fait des amis là-bas ?" « J'ai pas mangé de saucisse, y'en avait pas des végétariennes. Mais j'ai rencontré plein de gens cool du coup ça compte pour des tas d'amis j'pense. » c'est pas beau de parler la bouche pleine maman, que je l'entends râler mon fils, lui qui a la bouche encore plus pleine que la mienne et qui passe à deux doigts de s'étouffer en me grondant. J'éclate de rire encore, toujours.
"Plus beau monument de Berlin ? Est-ce qu'on y ressent encore les guerre, la séparation de la ville, tous les événements historiques ? Et est-ce que c'est vrai qu'ils ont de la bonne bière en Allemagne ?" si je dis à Noah que les questions de Lola sont plus fun que les siennes il va rager. Je sais, je sais tellement que j'y pense, juste pour semer la zizanie, juste pour la garder cette ambiance-là, celle où j'ai l'impression qu'aucun de nous n'est vraiment un adulte ou à l'aspiration de l'être. Comme si on n'était que des gamins et que ça nous allait, de jouer aux frère et soeurs encore un peu. "Bah quoi, t'as bien demandé pour les saucisses, toi." bonhomme qui fronce du nez, j'en profite pour voler son chocolat chaud sans que personne ne le remarque, même si ma paille fait tant d'écho que oui, tout le monde remarquera.
« La bière avait l'air bonne mais les jus de fruits sont meilleurs. » ils étaient tous à tenir leur chope immense et à les cogner comme dans les films, dans l'espèce de pub crade où on allait barbouiller dans nos cahiers entre deux musées. Nous on jetait notre dévolu sur le duo jus de pomme et d'orange sans que ça n'étonne personne. « Le Memorial ; c'est pas le plus beau, mais c'est le plus puissant. Ça compte pour deux réponses. » évidemment que ma mémoire a volontairement effacé l'épisode qui y est si fatalement associé, ne gardant en tête que les informations importantes et donc celles dont je m'autorise à parler à Lola. Pas ma crise de panique, et certainement pas celle d'Auden.
« On est à la moitié là? On peut déménager au jardin au moins? Les étoiles sont belles ce soir! » que je finis par demander, le rush de sucre qui commence à embarquer et les oreillers et couvertures que je rassemble déjà, ignorant impoliment le film encore et toujours, et pressant le déménagement vers la terrasse comme si nos vies en dépendaient. |
| | | | (#)Dim 29 Mar 2020 - 20:14 | |
| "C'est cool en vrai l'allemand. Ils ont toujours l'air fâchés quand ils lisent leur liste d'épicerie." Lola pouffa de rire. Ca correspondait tout à fait à l'idée qu'elle se faisait de la langue. "J'ai pas mangé de saucisse, y'en avait pas des végétariennes. Mais j'ai rencontré plein de gens cool du coup ça compte pour des tas d'amis j'pense." Lola eut envie de protester qu'être végétarien, c'était sympa, mais que manger de la viande, c'était mieux. Bien sûr, elle ne le fit pas, parce qu'un peu de respect quand même. "T'es végétarienne pour sauver les animaux ou pour l'environnement ou pour ta bonne santé ?" Oui, il y avait beaucoup de raisons de ne pas dévorer des cadavres d'animaux, bon.
"La bière avait l'air bonne mais les jus de fruits sont meilleurs." Lola était indignée. "Mais, mais, mais la bière européenne." Elle aurait aimé un rapport breuvage à breuvage, dans un journal tenu saveur par saveur. La grossesse de Ginny lui était sortie de la tête, peut-être parce que Lola était en déni de la triste épreuve que venait de vivre son amie. Si elle s'autorisait à ressentir pleinement ces montagnes russes, elle allait devenir insupportable de câlins, de t'es sûre que ça va, et de regards compatissants, qui donneraient envie à Ginny de pleurer et de la pousser dehors. Donc, non, on parlerait de bières, c'était bien la bière.
"Le Memorial ; c'est pas le plus beau, mais c'est le plus puissant. Ça compte pour deux réponses." Lola acquiesça, sans avoir aucune idée de ce qu'était le Memorial. Il faut dire qu'elle ne savait pas grand-chose de Berlin, à part les événements historiques qui s'y étaient déroulés ou décidés. Un jour, peut-être, elle y voyagerait, elle aussi. "On est à la moitié là? On peut déménager au jardin au moins? Les étoiles sont belles ce soir!" Lola et Noah échangèrent un regard de concertation, et dans leurs yeux ils se disaient : est-ce que tu crois qu'elle se défile, non je ne pense pas, ça pourrait être bien de voir les étoiles, oui j'aime bien tu connais les constellations ou pas, quelques-unes mais pas toutes, okay on verra une fois là-bas, ça marche. Puis ils se tournèrent vers Ginny : "Okay !"
Le déménagement prit plusieurs allers-retours, car il fallait déplacer tous les coussins, les couvertures, et de très nombreux snacks (sinon, ils allaient mourir de faim, ou pire, d'hypoglycémie). Ils s'allongèrent tous, et eurent un moment d'émerveillement face au ciel. "Je suis contente que tu sois rentrée." Lola regardait fixement les étoiles parce que c'était déjà suffisamment gênant comme ça de dire que Ginny lui avait manquée. "Mais je suis contente pour toi que tu y sois allée." Elle savait que pas mal de gens n'étaient pas exactement réjouis de ce voyage, donc elle tenait à exprimer qu'elle n'en faisait pas partie. Elle était heureuse pour eux. Elle était juste plus heureuse avec eux.
"Tiens, regarde, c'est la Grande Ourse", dit-elle à Noah en pointant vers des étoiles qui n'étaient probablement pas du tout la Grande Ourse. Tant pis pour l'éducation ; l'improvisation, ça marchait en général très bien. En général, parce que là, "Mais non, pas du tout", ah, Noah connaissait ses constellations. "Londres. Est-ce qu'il pleut tout le temps ? Est-ce que t'as pris le bus touristique ? Est-ce que c'était bizarre d'y retourner avec Auden ?" Cash, comme ça. Noah enchaîna : "Est-ce que t'as mangé des frites ? Est-ce que t'es allée voir papy et mamie ? Est-ce que t'as vu Harry Potter ?" Lola fut tellement émue que le gamin connaisse le nom de Harry Potter qu'elle le décoiffa immédiatement avec l'affection d'une grande soeur déchaînée.
@Ginny McGrath-Williams |
| | | | (#)Mar 31 Mar 2020 - 17:18 | |
| Elle souffle comme s'il s'agissait d'un secret en deux parties Lola. "Je suis contente que tu sois rentrée." mes yeux trouvent les siens quand elle précise, ensuite."Mais je suis contente pour toi que tu y sois allée." et je sais ce qu'elle veut dire, je sais ce qu'elle tente de désamorcer, je sais de quel côté elle veut aller, sans que jamais je ne lui impose de choisir une équipe ou une autre. On est une famille, aussi dysfonctionnelle pouvons-nous l'être. « Je suis contente aussi. » d'être allée, d'être revenue, d'être ici, aussi, précisément. « Je suis content également. » il veut toujours le dernier mot mais je le lui vole, lui lançant un coussin pour la peine.
"Tiens, regarde, c'est la Grande Ourse" le cortège file au jardin et après un loooooong moment à tout réorganiser d'un sens, de l'autre, à tout défaire pour refaire exactement comme la fois d'avant, on en vient à un compromis qui plaît à tout le monde. "Mais non, pas du tout" Lola et Noah se disputent le sourire aux lèvres, je perds mes doigts dans les mèches de mon fils pour les emmêler autant que lui masser les tempes. "Londres. Est-ce qu'il pleut tout le temps ? Est-ce que t'as pris le bus touristique ? Est-ce que c'était bizarre d'y retourner avec Auden ?" « Faut arrêter de croire qu'il pleut toujours. C'est de la bruine, pas des averses! » je commence en douceur, défendant ma patrie, la pluie qui était mon moment météo préféré de tous les préférés sans que ça étonne personne. La neige bonne seconde. « On a pris le bus local, c'est mieux que celui touristique et de toute façon on s'est fait jeter de 3 réseaux de tours différents parce qu'on volait les écouteurs - oui je sais Noah, ta mère est un truand. » Noah pouffe sur mes derniers mots, il sait bien à quel point je n'ai rien d'un bandit, mais l'entendre rire me donne presque l'impression que je l'ai vaguement été. « Bizarre, non. Différent. » si ça sonne comme une façon aussi brève qu'évidente que je conclus ce chapitre-là c'est que ça l'est. Mon regard désolé trouve celui de Lola une seconde seulement, m'assurant qu'elle comprend que justement, elle ne pourra jamais comprendre ce volet-là.
"Est-ce que t'as mangé des frites ? Est-ce que t'es allée voir papy et mamie ? Est-ce que t'as vu Harry Potter ?" « Depuis quand je mangerais pas de frites? » d'un air aussi émotif que nostalgique, je passe à la mine la plus forcée et outrée que j'ai en banque. Mon bras se love autour des épaules du gamin quand je l'entends croquer si fort à mon oreille que je dois décaler ma tête de la sienne de peur que sa mastication de mastodonte me crève un tympan. « Ils étaient occupés. » occupés à nous ignorer, occupés à nous renier. Je laisse passer, il est trop jeune encore pour réaliser à quel point on a été joués. Harry Potter suffit à me remettre un grand, un immense sourire sur les lèvres. « Je l'ai croisé oui, et il m'a dit que si tu manquais la prochaine étoile filante qui est là dans 3...2...1... t'allais pas pouvoir choisir ta maison REGARDE LÀ! » mon doigt se pointe, l'index haut dressé, tournant vivement les yeux vers Lola en espérant qu'elle l'a vue elle aussi.
« Un jour, vous voudriez qu'on parte en voyage? Ensemble? » ils disent de ne pas mentionner le voeux qu'on fait, quand on voit une étoile filante. Si je ne leur dis pas que c'est ça que j'ai souhaité, ça ne compte pas, right? |
| | | | (#)Mar 31 Mar 2020 - 17:58 | |
| "Je suis contente aussi." "Je suis content également." C'était un étrange rituel, mais Lola en aimait le cérémonial. C'était une façon de se retrouver.
"Faut arrêter de croire qu'il pleut toujours. C'est de la bruine, pas des averses ! On a pris le bus local, c'est mieux que celui touristique et de toute façon on s'est fait jeter de 3 réseaux de tours différents parce qu'on volait les écouteurs - oui je sais Noah, ta mère est un truand. Bizarre, non. Différent." "Depuis quand je mangerais pas de frites? Ils étaient occupés. Je l'ai croisé oui, et il m'a dit que si tu manquais la prochaine étoile filante qui est là dans 3...2...1... t'allais pas pouvoir choisir ta maison." Londres in a nutshell.
Ginny avait beau être énigmatique sur certains sujets, c'était extraordinaire pour Lola d'ajouter tous les détails dont elle parlait à ce qu'elle s'imaginait de la ville, du voyage. Son cerveau modifiait le paramètre météo pour remplacer la pluie par de la bruine, et mettait des frites dans les mains de Ginny sans arrêt, dans toutes les rues - excessif, mais sans doute pas si loin que ça de la réalité.
"REGARDE LÀ !" Il n'y eut même pas de chamaillerie, tellement Lola et Noah furent émerveillés par l'étoile filante. "Trop beau." "Trop, trop beau." Lola pouffa de rire : s'il pensait avoir gagné cette manche, il se mettait le doigt dans l'oeil. "Fais un voeu, minus." Noah se concentra, l'air sérieux, et Lola s'y mit aussi. Elle aimerait... elle aimerait... elle aimerait exposer ses toiles pour la première fois. Elle ferma les yeux comme si ça concrétisait son souhait.
"Un jour, vous voudriez qu'on parte en voyage ? Ensemble ?" Lola ouvrit un oeil timidement : venait-elle d'entrer dans une dimension parallèle où on lui proposait les meilleures idées du monde ? Noah avait déjà répondu "OUAIIIS", tandis que Lola processait encore l'information. "Oui, j'aimerais beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup qu'on parte en voyage ensemble", finit-elle par lâcher, avec un sourire de la taille de la Grande Ourse. "On va où ?" demanda-t-elle à Noah, qui prit le temps de réfléchir. "TOKYO ! ON VA VOIR DES SAMOURAÏS !" Lola le dévisagea avec un rire attendri. Elle ne se sentait pas de choisir une destination, elle partait du principe que Ginny annulerait, comme les gens le faisaient, comme sa famille le faisait, et elles n'en parleraient plus jamais, et ce serait okay.
"C'est vrai que c'est bon, les sushis", ne put-elle s'empêcher de faire remarquer, en se tournant vers Ginny, "et les dessinateurs et peintres japonais sont tellement doués..." Elle avait vu une toile de Murakami à la Queensland Art Gallery à Brisbane, et avait toujours été intriguée par cet artiste, dont elle suivait l'actualité joyeusement.
"En parlant de voyages... il fallait que je te demande quelque chose, Gin." Le visage soudainement ultra gêné de Lola. "Le soir de la Saint-Valentin, il y a une amie", son sourire en prononçant le mot amie, ça marchait de moins en moins comme dénomination, "qui m'a invitée à l'accompagner quelques jours en Islande", l'accompagner ? à y aller avec elle, certes, mais ce n'était pas un accompagnement, c'était un voyage à deux, "et c'est la semaine prochaine, et je me demandais si tu serais okay pour que je prenne quelques jours de la galerie", elle n'avait pas encore pris de vacances, donc elle avait de l'espoir, mais elle était quand même navrée de demander. Elle n'oubliait jamais la chance qu'elle avait d'y travailler, après tout.
@Ginny McGrath-Williams |
| | | | (#)Lun 4 Mai 2020 - 14:20 | |
| "Fais un voeu, minus." il rage, je pouffe de rire, Lola le pique, le tout est facilement relié. Ils sont un duo que j'aime autant que je le crains, et ils sont parfaits ensemble, tout simplement. Pas besoin de rien forcer."Oui, j'aimerais beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup beaucoup qu'on parte en voyage ensemble" poser la question c'était y répondre en somme. Mes doigts collés de caramel le confirment, lorsqu'ils s'appuient les uns les autres en tentant d'applaudir, se prenant ensemble la seconde d'après. "On va où ?" "TOKYO ! ON VA VOIR DES SAMOURAÏS !" c'est plus simple de les laisser s'emballer, s'emporter en duo. "C'est vrai que c'est bon, les sushis et les dessinateurs et peintres japonais sont tellement doués..." tout me va dans leur plan de toute façon, tant qu'on est ensemble.
Je sens le souffle chaud de Lola se casser sur mon épiderme glacé par l'air ambiant du jardin bien avant qu'elle ne dise le moindre mot. "En parlant de voyages... il fallait que je te demande quelque chose, Gin." oula, oulala. Noah s'est endormi au pied des coussins ou alors il tente de compter dans sa tête toutes les étoiles du ciel en italien et arrête pas d'accrocher au mêmes endroits en entendant en parallèle Auden qui soufflerait autant qu'il lui réexpliquerait d'emblée. "Le soir de la Saint-Valentin, il y a une amie qui m'a invitée à l'accompagner quelques jours en Islande et c'est la semaine prochaine, et je me demandais si tu serais okay pour que je prenne quelques jours de la galerie" respire, Lola, que mon sourire tente de lui faire comprendre, dans la pénombre. Les milliers de double-sens qu'elle retient, que je lui en voudrai jamais de retenir non plus. Je prends ce qu'elle me donne.
Ma tête se décale, mes iris quittent son profil pour revenir se poser sur le firmament, je suis une horreur, je suis une plaie, je suis l'enfer, mais je laisse une seconde une seule passer, le temps qu'un sourire espiègle se dessine sur mes lèvres. « J'en parle pas à Auden si tu me ramènes un souvenir. » je pouffe, sentant ma tempe s'appuyer sur l'épaule de la gamine qui est bien plus une femme qu'elle ne peut se l'avouer. « Pourquoi faut pas en parler à Auden? » Noah renchérit, pouffe lui aussi. « Parce que c'est fun. » et ça, ça fait le consensus. Lola comprendra que ça restera entre elle et moi, un temps du moins. « Profite. » que je souffle, entre deux sourires, mes paupières lourdes la seconde d'après. |
| | | | | | | | dream for dreaming (lola) |
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