| | | (#)Lun 27 Avr 2020 - 19:26 | |
| Je n'ai pas encore trouvé un horloger qui me convienne, à Brisbane, alors pour éteindre mes pensées et préoccupations, je me rends dans un lieu où tout est mécanique : le casino. Dans l'arrière-salle, loin du tracas des machines et des pièces, des cris et des verres, il y a des pièces calmes, où quelques personnes seulement peuvent accéder. C'est là que je joue au poker, et c'est là que je gagne de l'argent, pour aucune raison précise, si ce n'est le plaisir de lire le visage des autres, de deviner leur main à leurs mouvements. Ici, rien ne prête à conséquence. Je ne joue jamais trop d'argent, tout dans une sorte de mesure délicate qui traverse la nuit.
Ariane est là, de nouveau, et cette fois-ci, on sait l'un comme l'autre qu'on s'attendra à la fin de la partie pour se parler. Depuis le soir où Saül nous a présentés, on sait que ce moment venait. Pourquoi le précipiter ? On a pris notre temps, et ça fait des mois que je viens et qu'on ne s'aborde qu'en groupe, pour se dire des phrases sans intérêt, ou qu'on s'écoute parler à d'autres, en se jetant un regard entendu. Nous avons une intelligence et une force supérieures à la moyenne, et on se sent dominer la foule, et ça nous rapproche -- cérébralement, j'entends ; je ne joue pas au corps-à-corps.
Tandis que les joueurs se retirent avec leurs gains et leurs pertes, leur portefeuille un peu plus vide ou trop rempli, je m'avance vers un tableau hideux accroché au mur. Je sais qu'Ariane attend aussi, je sais qu'elle est dans la pièce, et j'écoute seulement les pas, les portes, puis le silence. "Qu'est-ce que tu veux ?" Je ne me tourne pas vers elle. Je ne cherche pas à l'insulter ; j'aimerais simplement entendre à sa voix si elle me répond honnêtement ou si elle va me mentir. Je sais que je ne lui ferai jamais confiance, et qu'il faut que j'apprenne vite son fonctionnement et ses codes.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Mar 28 Avr 2020 - 8:39 | |
| "Qu'est-ce que tu veux ?"
Alors c'est ça que lui, il veut. Qu'il veut entendre, qu'il veut savoir, qu'il veut maîtriser. Hm.
Mes yeux se détachent lentement du téléphone encore entre mes mains, quand j'étais occupée à compiler les plus importants des chiffres, aka ceux qui compilent le nombre de fois (nombreuses) où les autres ont eu l'impression de voir leur vie défiler devant leurs yeux. À combien de reprises (encore plus nombreuses) ils se sont dit qu'ils auraient dû se coucher. Pendant combien de minutes (exponentiellement nombreuses, cette fois) j'ai été en mesure de me dire qu'ils étaient cons, bien trop cons, pour juste jeter cartes sur table et me laisser remporter leurs mises.
Il est dos à moi Sebastian, mais ça m'empêche pas de le toiser du haut de la table de poker que j'ai investie pour m'y installer, jambes ballantes et prunelles dédiées. Il est arrivé de nulle part le gars avec en tête de dominer le monde qu'on lui a servi sur un plateau d'argent - l'or, c'est pas pour lui, c'est trop chaud l'or, quand il est froid, si froid, comme l'argent - et depuis, il bouge pas. Il sourit pas quand il gagne, il s'en vante pas non plus. Il a même pas l'air d'aimer jouer si vous me demandez, et ça m'a toujours autant énervée que fascinée. Il est anglais, il cache pas son accent, il est ici pour affaires, j'en ai rien à foutre pour autant. Et il parle pas, ni à moi, ni à grand monde, il parle qu'à Saül et encore, ça reste vague, des termes de base, des formalités de vieux riches avec.
J'inspire, parce que j'ai que ça à faire, quand ma réponse est toute trouvée, mais que c'est pas pour autant que je céderai du terrain non plus. Il est fun à voir réfléchir, il est intriguant quand il dégage son visage fermé de derrière son jeu pour s'improviser tantôt robot, tantôt humain. Il est fun et j'ai pas nécessairement envie que la conversation se termine trop vite, pliée, calée, quand je suis persuadée qu'il y a plus à la clé. S'il m'a pas adressé la parole j'en ai pas fait plus de mon côté, j'ai pas besoin d'amis et encore moins de connaissances - et c'est probablement le fait qu'il se perd pas dans un small talk ennuyant qui lui sauve la peau et pique mon intérêt, un temps.
« Ça dépend. » le portable posé sur le rebord de bois vernis d'une table qui a vu autant de rires que de pleurs, que d'agressifs sourires, que de coups d'oeil paniqués en une seule soirée. Un de mes pieds remonte, mon bras l'entoure, mes iris doivent lui brûler la nuque, don't care either. « Ce soir ou en général? » il l'aura sa réponse, il l'aura parce que j'ai décidé que j'avais pas envie de lui mentir, parce que ce serait bien plus intéressant d'être à égalité. J'crois. |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 9:34 | |
| "Ça dépend."
Elle veut jouer, mais elle est si jeune, et je doute qu'elle ait la force de se mesurer à moi. Il est évident qu'elle fait partie des êtres humains au QI plus élevé que la norme, mais plus élevé que moi, ça tiendrait du miracle. Je ferme les yeux en attendant sa prochaine phrase, car elle n'a pas fini. Ca m'évitera de regarder le tableau, et ça me permettra de prêter attention aux nuances de son intonation plutôt. Elle ne parle pas beaucoup, en tout cas, et c'est un déjà un début prometteur pour quelqu'un qui entre dans le ring avec moi. "Ce soir ou en général?"
Je me retourne vers Ariane avec un sourire que je ne cherche pas à contenir. Je commence l'examen de sa silhouette, depuis ses cheveux jusqu'à ses jambes sur la table de poker. Je ne sais rien de cette femme à part sa proximité avec Saül - et même cette proximité, je n'en ai pas encore saisi toute l'étendue. Je cherche des signes de pauvreté ou richesse, de classe sociale d'origine, de problèmes d'attachements, mais elle est lisse, car elle connaît tous les trucs et astuces pour n'être pas identifiable au premier regard, pour se camoufler dans les foules. "En général."
Je m'approche d'un pas seulement, pour sentir son odeur, son parfum, y trouver d'autres indices. Je ne fronce pas les sourcils, mais je n'en suis pas loin. Moins on me donne, plus je veux, et c'est un besoin de possession, d'investigation, qui gronde en moi. Qu'est-ce que cet être humain veut ? Et, sous-jacent, combien cet être humain coûte ? D'un mouvement assuré, je me dirige vers la porte, que je ferme, verrou également, puis vers une armoire en acajou, où les meilleures bouteilles sont sur l'étagère la plus basse, au ras du sol, et dans le coin, au fond. Je pose un genou à terre, et laisse mon bras explorer jusqu'à trouver du très bon gin. Une autre incursion, et du vermouth.
Sur une commode, je trouve des verres propres et vides. J'en prends deux, et prépare des dry martinis. Si elle aime ça, tant mieux. Si elle n'aime pas, tant pis. Je lui tends le sien sans lâcher son regard, puis m'installe sur un des fauteuils autour de la table. Something tells me we'll be here for a while.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 17:15 | |
| Comme il est procédural. Comme il est protocolaire. Comme il est anglais.
Quand chacun de ses gestes est calculé, du verrou qu'il glisse avec tant de cérémonie que mon soupir se veut silencieux, mon roulement d'yeux en rajoute. Bien sûr que j'ai senti son regard détailler mes traits les uns après les autres, les caresser des prunelles avec autant d'intérêt qu'aurait eu un oiseau de proie, bien au-delà d'un simple coup d'oeil. Il gratte Sebastian, il gratte sous la surface, il fait tomber une à une toutes les barrières et il prend le temps de retirer tous les masques. Qu'il tente, qu'il ose, c'est fun, c'en est presque cute de le voir se mettre en tête de percer une carapace qui ne fait qu'augmenter en ampleur et en force au fur et à mesure de ses tentatives même les plus voilées. Qu'il essaie - j'ai envie de m'amuser.
"En général." « Gagner. »
J'aime pas perdre. J'aime pas perdre de temps entre sa question qui n'en est pas une et ma réponse qui résume. J'aime pas perdre d'énergie à me braquer avec quelqu'un qui parle mon language. J'aime pas perdre le momentum quand son martini est incroyablement bon et que sérieux, juste pour ça, il gagne des points.
Il aurait même pas eu besoin de l'ouvrir de nouveau que j'aurais pas bougé d'ici, pas tant que mon cocktail sera pas terminé, et qu'il m'en aurait pas préparé un autre à nouveau sans même que j'ai eu à le demander. « Toi? »
J'aurais pu lui détourner la question de toutes les manières possible et inimaginables. Perdre un temps monstre à décortiquer ses réactions. J'aurais pu lui demander s'il allait assumer la réponse aussi facilement que moi ou si j'allais devoir le faire mariner, insister. J'aurais pu faire bien des choses, et lui pareil, il aurait pu se tirer aussi, capituler. Mais il est là et il reste, je fais pareil sans poser aucun autre geste.
Qu'est-ce que tu veux? |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 20:13 | |
| "Gagner."
Bon, ça, c'est une vraie réponse, et ça me met instantanément de très bonne humeur. Je sais instinctivement qu'Ariane ne prétendra pas me battre sur mes terrains, car si elle aime le triomphe, elle sait dans quels bacs à sable jouer. Je ne pense pas que le mien l'intéresse particulièrement, en plus. Je l'intrigue, et elle m'intrigue, et pourtant nous n'avons probablement rien à obtenir l'un de l'autre, à part la vérité, dissimulée derrière mille mystères. Je pourrais, bien sûr, demander à mes informateurs tout ce qu'il y a à savoir sur Ariane, mais j'ai envie de le découvrir moi-même pour une fois. Appelez ça un caprice ; j'appelle ça un passe-temps.
"Toi ?"
Je me lèverais presque pour danser. Elle est si mutique, elle ne donne rien, et elle demande. Elle exige, même, assise comme une reine. Sait-elle que son physique ne m'intéresse pas ? Je ne pense pas, et elle devrait donc ressentir au moins une légère inquiétude, mais rien de cela ne transparaît chez elle, et j'ai l'intuition qu'elle montre la vérité. C'est une amazone des temps modernes : voilà ma conclusion pour le moment. Le reste, je le devinerai entre les lignes, si elle le veut bien. "Gagner", je répète, et on aurait pu s'éviter tout ce dialogue, au fond, car il était évident du moment où on était restés après la partie que c'était cela, ce qu'on aimait. Nous nous sommes rencontrés dans des parties de poker, après tout.
Mes yeux sont plissés tandis que je les plonge dans les siens, réfléchissant à ma prochaine question. Elle boit vite, et je devrai bientôt préparer le cocktail suivant. Je sais déjà que l'alcool l'affectera peu. "Trois peurs", je demande, et je la défie d'un sourire amusé : celui qui refuse de répondre a perdu. "On ne retourne pas les questions, c'est une règle de bienséance, et tu as déjà utilisé ton joker", j'ajoute, créant des limites au fur et à mesure, plus pour savoir si elle va les transgresser que pour me préserver d'une éventuelle question sur mes peurs. Je n'en ai pas.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 20:55 | |
| "Gagner" copieur. "Trois peurs" creep. "On ne retourne pas les questions, c'est une règle de bienséance, et tu as déjà utilisé ton joker" trouillard.
« La routine. » celle qui nous enlise, celle qui nous rend incapable de s'adapter à l'inconnu. Celle qui nous rend stupide, celle qui fait de nous des éponges à réactions précises, prévues et préméditées. La routine que je déteste autant qu'elle me fait peur - et probablement que je la déteste parce que justement, elle me fait peur. « Être incompétente. » des limites forcées, celles que j'ai pas décidées, celles qui me prennent à la gorge, celles que je tente à chaque jour de repousser le plus possible, jamais pour les autres, exclusivement pour moi. Qu'on me mette face à ce que je ne maîtrise quoi que ce soit est probablement la chose qui me braque et me brusque le plus, et qui vient jouer avec mes nerfs au point de ne pas juste m'enrager, de me terrifier avec. « Les oiseaux. » ceux avec des yeux injectés de sang, ceux qui hurlent comme des mini-démons sortis d'outre-tombe, ceux qui grinçaient à ma fenêtre quand j'étais gamine et qui me donnaient l'impression d'être là rien que pour m'enfoncer leurs serres de foutus traîtres de merde dans les yeux.
J'aurais pu parier qu'il s'attendait à ce que je dise de perdre le contrôle, de perdre tout court. Ce sont des variables parfaitement jouables ; encore faudrait-il que j'en ai peur, en vrai. Perdre le contrôle ne fait que me provoquer la bouffée d'adrénaline dont j'ai besoin pour le reprendre dans la seconde. Perdre tout court ne fait que m'enrager au point où je me jure de ne plus jamais me retrouver en pareille situation. L'un comme l'autre ne sont pas des peurs valides, donc, et mon menton redressé ne fait que le confirmer.
Une seconde, dix autres, une gorgée et une suivante. Un fin sourire en coin repasse sur mes lèvres, elles brillent, mes prunelles.
« Trois erreurs. » |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 21:10 | |
| "La routine." Cette femme n'expliquera rien. Elle se contentera de me regarder dans les yeux en prolongeant des silences et des pauses qui la font rire. La routine, donc. Je me demande si c'est la répétition ou la discipline qui lui font peur, là-dedans. Elle n'a pas l'air d'une aventurière ; d'une femme forte, oui, mais qui reste dans les sentiers qu'elle connaît, malgré tout. Je la vois mal traverser l'océan sur un radeau. Etonnant que ces parties de poker ne lui semblent pas routinières ; ce n'est donc pas la répétition, ou pas seulement.
"Être incompétente." Je souris, car c'est une de mes peurs aussi. J'apprends, je répète, je m'exerce, et je ne m'autorise pas à échouer. C'est en partie dû au regard terrible que mon père me jetait lorsque je me trompais. C'est surtout dû au fait que je perds tout respect pour ceux qui se vantent mais ne prouvent pas leur valeur derrière. Je me demande si ce sera son cas, à Ariane : elle présente bien, si bien, mais est-ce qu'elle saura jouer jusqu'au bout ?
"Les oiseaux." Je hausse les sourcils. Enfin quelque chose que je pourrai utiliser. Le reste est vague, abstrait, mais des oiseaux, c'est facile à trouver, à acheter et à ressortir au mauvais moment. La plupart des gens ont peur d'araignées ou serpents. S'il s'agit de créatures ailées, c'est en général aux chauve-souris qu'on se prend. Mais Ariane, ce sont les oiseaux. C'est noté.
"Trois erreurs."
Fair is fair. Je souris, car la question est intelligente. Je cesse de sourire, parce que je réfléchis. Je ne la quitte pas des yeux une seconde, comme si elle était un prédateur qui pourrait m'attaquer. Je sais qu'il n'en est rien, et pourtant, la possibilité est toujours là, entre nous, comme une menace tacite que seuls nous deux entendons. "Mon frère." Je m'en veux parfois, je me demande si c'est ma faute, si c'est moi qui ai raté son éducation, qui ai été trop indulgent, ou trop cassant ; comment a-t-il pu être aussi décevant ?
Je bois une gorgée du cocktail redoutable que je nous ai préparé, tandis que mes yeux s'élèvent enfin vers le plafond. J'y trouve des souvenirs, que je passe en revue. "J'ai sous-estimé quelqu'un, il y a longtemps", et je maintiens un masque parfait sur mon visage, malgré la pointe d'amertume que j'éprouve. J'ai jugé trop vite, lorsque j'étais jeune, et je suis passé à côté du seul mariage que je n'aurais pas refusé, si seulement j'avais su observer, si j'avais su aller au-delà de mes préjugés. Peu importe le passé.
Mon regard revient sur Ariane tandis que ma mémoire parcourt les années depuis Londres jusqu'ici. "Je n'ai pas encore commis la troisième", je remarque avec surprise, "mais je reste vigilant, car ça peut arriver n'importe quand."
"Trois péchés capitaux."
@Ariane Parker |
| | | | (#)Sam 2 Mai 2020 - 1:23 | |
| "Mon frère." ouch. Pauvre gars qui performe si mal dans sa vie qu'il se retrouve tout haut, tout en haut de la liste des échecs de son frère. J'ai envie de savoir l'histoire derrière, j'ai envie de savoir où ça a merdé au point où il rafle une première place sur un podium qui ne lui est même pas dédié. Mais Sebastian se charge de changer de sujet aussi vite qu'il l'a amené. "J'ai sous-estimé quelqu'un, il y a longtemps" ouh. Sa voix pique, son visage reste impassible, il tient le masque parfaitement en place et c'est pire qu'avoir laissé entraver une fissure selon moi. Il ravale au point de ne rien ressentir, et j'ai beaucoup trop de référents en ce sens pour ne pas voir dans ses mots et dans sa réaction un parfait miroir de ma propre situation. "Je n'ai pas encore commis la troisième mais je reste vigilant, car ça peut arriver n'importe quand." hum. Ça c'est lassant, ça s'est ennuyant. Ça, c'est un move de lâche qui a pas assez pris l'exercice au sérieux, et bien sûr que je la note mentalement sa carte joker. Qu'il s'y reprenne pas à détourner la question - quand je dis trois, c'est trois. Rien de plus, rien de moins.
Le verre tourne entre mes paumes, il n'y reste que deux gorgées à peine. J'ai même pas remarqué s'il avait bu le sien ou pas, j'en ai rien à faire pour être honnête, il fait bien ce qu'il veut, sa vie ses choix. "Trois péchés capitaux." ma nuque s'arque, mes jambes se délâchent, se balancent dans le vide, appuyées sur le rebord de la table.
« L'orgueil. » aucune surprise ici, la fierté mal placée qui à mes yeux est exactement ancrée à la bonne place. « La colère. » la mauvaise, celle qui soulage le plus souvent, celle qui expie aussi. Il m'a vu rager devant des tricheurs, il m'a entendu hausser le ton et raviver de regards noirs qui que ce soit brusquait mon sillage. De ça aussi il s'en doutait avant même d'avoir questionné. « La gourmandise. » le classique, bien loin de la luxure qu'il m'aurait probablement attribuée, le gars erroné qui voit qu'avec ses préjugés. Ma coupe est vide la seconde d'après, j'y gobe même les olives restantes en un geste distrait. Coupe vide que je tends vers lui, aussi, pêché assumé et demande d'un refill à peine voilée.
« Trois objectifs. » |
| | | | (#)Sam 2 Mai 2020 - 15:48 | |
| "L'orgueil." Idem. "La colère." Idem. "La gourmandise." Vraiment ?
"Trois objectifs."
Je prends la coupe vide de Parker et prépare un nouveau cocktail pour elle. Le mien est encore assez rempli pour attendre. Je bois lentement, tout comme je joue lentement. Si l'impatience était un péché capital, elle l'aurait cité, je n'en doute pas. Je réfléchis tandis que je mélange la boisson, ajoute les olives, et l'apporte.
Je réfléchis encore tandis que je prends un paquet de cartes, et en pose deux sur la table. Les siennes. Un six et un sept. "Devenir le label le plus important d'Australie." Ca ne devrait pas être difficile, étant donné que la puissance de Jack diminue avec le temps - s'il en est à écouter des chansons composées par mon frère, c'est qu'il n'a plus le talent des affaires. Mon père le considérait comme un ennemi redoutable, mais j'en doute.
Puis deux cartes pour moi : un valet et un quatre. "Rentrer à Londres." Et les mirages de l'Angleterre me reprennent. Je ferme les yeux une seconde, et je souris, car je retrouve sur mes paupières fermées le ciel gris de ma ville, les monuments époustouflants, l'air froid et sans pitié.
Je pose le paquet de cartes devant moi, la main sur la première, prêt à la retourner, puis je relève les yeux vers elle. "Former le prochain Fitzgerald." Et ce sera le plus grand défi de tous, car Bailey préférera brûler en Enfer plutôt que de me laisser approcher son nain de jardin. Que ce soit un garçon ou une fille m'importe peu : je n'ai pas une once de sexisme en moi ; je veux juste enseigner à l'être humain à diriger notre empire. "Trois déceptions."
"Carte à 13 ?" Il n'y a plus qu'à espérer qu'elle sache jouer au blackjack.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Mar 12 Mai 2020 - 10:49 | |
| Il prend tout son temps Sebastian, et c'est pas pour autant qu'il prend ses aises non plus. Il pense et je me surprends à rêver de gratter son fonctionnement, ce qui se trame à chaque nouvelle pensée qui s'ajoute à la précédente. Il est impassible, c'est ce que je préfère, aucun trait ne bouge, aucun rictus ne le trahit, les seuls gestes et énièmes bruits qu'on entend sont ceux qu'il multiplie avec une adresse impeccable le temps de me servir un nouveau verre. On me dirait qu'il est un cyborg derrière ses costumes anglais hors de prix que j'en serais absolument pas étonnée.
"Devenir le label le plus important d'Australie." audacieux. "Rentrer à Londres." casanier. "Former le prochain Fitzgerald." territorial.
Mes doigts se referment sur le pied du verre qu'il remet en entre mes doigts, ma paume brûlante se rafraichissant instinctivement. "Trois déceptions." un temps, je les sens mes yeux qui dérivent vers les cartes, son "Carte à 13 ?" confirmant la partie de black jack qu'il veut jouer au passage. « T'essaierais presque de me distraire. » c'est pas un oui, c'est certainement pas un non ; c'est un peut-être, j'imagine. Quand on aurait fini de discuter, quand les adultes voudront jouer.
« Mon divorce. » je sais même pas s'il sait que j'étais mariée jusqu'à y'a à peine quelques semaines. Une histoire de papiers, d'assurances, de meilleur ami d'une vie d'avant à aider le temps de lui filer ce dont il avait besoin pour passer à travers la maladie. Une histoire qui s'est mal terminée parce qu'on a tout emmêlé - un échec, en soit, à mes yeux. Ce serait mentir de dire que je regrette pas que ça n'ait pas été suffisant, de l'aimer, pour que ça puisse marcher.
« Mon compte en banque. » le sourire est narquois, celui qui vient avec, quand mon compte pourrait être rempli à bloc que je regretterais encore ce collier de perles là, cette montre ci. L'avarice aurait très facilement pu être en quatrième position de ma liste, sachant à quel point je joue au poker pour les gains, pour les victoires bien plus que pour le reste. Il est pareil - sauf que pour lui, l'argent, c'est secondaire. c'est du pouvoir dont il se nourrit, c'est lui qu'il regrette s'il ne gagne pas. Il gagne toujours, pourtant.
« Mon père. » mes doigts libres d'un verre que je tiens de l'autre main viennent déranger les cartes qu'il a mises sur la table sous mes yeux. Mon père, ce raté qui est rentré ma vie juste pour en ressortir. Je ne regrette pas la relation que je n'ai jamais eue avec lui, je regrette simplement la personne qu'il est. Celle que j'arrive de mieux en mieux à oublier maintenant que j'ai un demi-frère à la clé avec qui j'arrive à reconstruire une relation dont j'aurais jamais cru manquer. Un mal pour un bien, dirons-nous.
Ma tête se redresse, mes épaules avec. « Trois ingrédients essentiels pour faire le meilleur martini que j'ai jamais bu? » le verre revient à mes lèvres, mon sourire le complète. Il m'en voudra pas de lui voler la recette et même si, do i look like i care. |
| | | | (#)Mar 12 Mai 2020 - 19:22 | |
| "T'essaierais presque de me distraire." Je n'avance pas d'un pouce. Elle défend ses secrets mieux que quiconque que j'ai rencontré avant. Les êtres humains ont des failles dans leur système de sécurité, et elles se trouvent en général en quatre secondes. Or, après des minutes entières passées avec Ariane, je n'ai que quelques certitudes : elle est opportuniste et se vendra en théorie au plus offrant ; mais dans les faits, elle est sentimentale et orgueilleuse, et cela biaisera ses décisions ; et enfin, elle n'a pas besoin de moi, et elle a encore moins peur de moi.
"Mon divorce." Mariée ? Mes yeux la parcourent de nouveau. Un mariage qui s'est suffisamment mal fini pour que ça arrive en tête de liste. Quelqu'un de proche, donc, pour qui elle avait des sentiments ? Romantiques ou de loyauté ? Je scrute. Il y a de la colère chez elle, mais je ne sens pas le poids de larmes et de prières ; elle n'a pas supplié, elle n'a pas dit qu'elle mourrait sans l'autre. Loyauté, donc, aussi vite donnée que reprise si elle se sent abandonnée ou trahie. Je soupire, car mes conclusions seront amenées à se modifier à chaque geste qu'elle fera ; je dois constamment recalculer, chercher. J'adore ça.
"Mon compte en banque." Faux. Elle est plus pauvre qu'elle ne le souhaiterait, certes, mais ce n'est pas l'argent qu'elle aime, elle se trompe, c'est la chasse. Ce que j'ai face à moi, ce n'est pas une hôtesse de l'air qui épouse l'homme en première, c'est une prédatrice qui s'amuse des lois de la jungle. Elle n'a pas envie d'être enfermée, emprisonnée, et donc l'argent n'est pas sa priorité. C'est la liberté, ce qu'elle considère être son indépendance enfin acquise (ou toujours eue ? interroger le statut familial), qu'elle défendra envers et contre tout.
"Mon père." Violent ou absent. Etant donné le manque de crainte complet, son corps détendu, je dirais absent plutôt que violent. Elle en a souffert, mais elle en a guéri, car elle en parle, même à moi, même dans une salle de poker ; ce n'est plus réservé au confessional d'une oreille qui oublierait vite. Elle a besoin de figures paternelles, et c'est pour ça qu'elle est prête à perdre quelques heures à me fréquenter ; c'est pour ça, aussi, qu'elle connaît Saül ; c'est pour ça, enfin, qu'elle joue au poker plutôt qu'obtenir de l'argent par les trente-sept autres façons simples et ludiques de le faire. Bon.
"Trois ingrédients essentiels pour faire le meilleur martini que j'ai jamais bu ?" Le sourire immanquable sur mon visage. C'est facile de flatter, Ariane, mais encore faudra-t-il te défaire de l'intérêt que tu crées toi-même. "2 de vermouth pour 3 de gin ; l'olive à la fin, pas au début ; un verre à température ambiante." Mais surtout : elle n'utilise pas sa question pour dominer. Ce n'est pas le pouvoir, définitivement pas. "Trois exemples de ce qu'on peut faire seulement si on est libre." Je veux explorer plus précisément ses valeurs, ce qui la fait se réveiller énergiquement et s'endormir sereinement.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Mar 12 Mai 2020 - 23:22 | |
| Ses yeux disent tout pour lui, mais ce serait mentir d'affirmer que j'aime pas mieux l'entendre parler. Il pourrait en dire des tas de choses rien qu'à me fixer, il pourrait les lâcher un par un ses secrets à chaque réaction qu'il retient plus que de raison de peur que je les lui vole pour aller les scander à qui veut bien entendre ; mais ça serait tricher, ça serait gagner en broyant les cartes plutôt qu'en les battant à l'amiable. C'est là où je décide que le jour où on s'affrontera l'un l'autre - parce que ça arrivera, c'est sûr et acté - je jouerai fairplay. J'aime avoir un adversaire à ma taille, ça rend la victoire encore meilleure.
"2 de vermouth pour 3 de gin ; l'olive à la fin, pas au début ; un verre à température ambiante." il sourit, il se complait dans ses règles et ses mesures. J'imagine même sans en douter une seule seconde qu'il avait bel et bien l'air d'un savant fou à s'assurer de la bonne quantité à la goutte près des dizaines de fois avant de trouver le parfait assemblage. Il aurait été un redoutable cuisiner de meth dans une autre vie.
Sa prise deux de martini goûte exactement comme la précédente ; et c'est aussi rassurant que terrifiant. "Trois exemples de ce qu'on peut faire seulement si on est libre."
La latitude qui reste et qu'il laisse, quand il précise des exemples généraux et non ce que moi, je fais, quand je me sens libre. C'est ça qui m'inspire à hausser d'un sourcil, à poser mon verre aussi.
« Partir au lieu de fuir. » ça s'est facile, ça sort tout seul, comme de la poésie à mes oreilles. Si on est libre, on peut partir quand on veut sans comptes à rendre, sans attaches. Si on étouffe, le départ se transforme en manoeuvre lâche de fuir ce qui nous garde en otage. « Assumer au lieu de regretter. » rien n'est pire qu'un boulet d'actions à sa cheville, de celles qui flirtent entre les remords et les regrets. Le truc, avec le fait d'assumer chacun de ses gestes, c'est qu'on coupe la chaîne à chaque fois avant même que qui que ce soit l'ait verrouillée. « Dire non aux autres pour mieux se dire oui. » l'ultime délice, l'ultime cadeau. Être libre c'est s'affranchir de l'avis des autres, pour ne prendre pour acquis que le nôtre. Il le sait autant que moi, l'anglais à l'air qui évolue entre le fermé et l'intrigué depuis qu'on joue à deux aux esseulés.
« Les trois dernières fois où tu t'es dit oui? » une gorgée de plus, un silence de moins. « Et les trois dernières fois où tu t'es dit non. »
Le jeu évolue et nous aussi. Oh, et surtout « Tes règles m'ennuient, maintenant. » |
| | | | (#)Mer 13 Mai 2020 - 20:09 | |
| "Partir au lieu de fuir." La fuite n'est que pour ceux qui s'estiment enchaînés. Ariane et moi savons parfaitement que rien ni personne ne peut nous lier, et que tout engagement peut être trahi. Cela fait de nous des alliés puissants et des adversaires terrifiants. Le jour où elle décidera de me voler quelque chose, non pas par avidité mais par envie de me battre, nous monterons sur le ring avec un sourire, nous mettrons nos gants sans trembler, et nous n'hésiterons pas une seconde à cogner aussi fort que nécessaire. Je voudrai sa peau, elle voudra la mienne, et ce sera le plus beau des combats.
"Assumer au lieu de regretter." Je soupire. Si seulement mon frère pouvait être un tout petit peu plus comme elle. Elle aurait fait une petite soeur intéressante. Redoutable, méprisable parfois, irritante souvent. J'aurais essayé de la façonner et ç'aurait été impossible. Elle se serait jouée des règles et ne les aurait suivis que pour son propre plaisir. Elle aurait travaillé pour le label un temps, et aurait terrifié les équipes au moins autant que moi ; et puis, elle serait partie, car elle se serait ennuyée, car elle s'ennuie toujours, Ariane, et c'est ça son démon. Au sein même de la liberté et de l'aventure, elle est constamment assoiffée.
"Dire non aux autres pour mieux se dire oui. " Vraiment ? Une théorie tirée des self-help books qui prônent le female empowerment ? Je ne m'attends pas à ce qu'Ariane parle comme Oprah. Je réfléchis. Elle n'a donc pas toujours eu la possibilité de dire non. Il y a eu des contraintes, mais lesquelles ? Qu'est-ce qui a bien pu enchaîner Ariane ? Pas les hommes. Pas l'amour. Pas la famille. Pas le travail. La maladie. Pas mentale. Physique. Pas débilitante. De l'adrénaline. De l'addiction. De l'addiction ? J'aimerais tant pouvoir poser des questions à une vitesse grand V, une quinzaine, mais je sais que je serais au même point. Je pourrais en poser cent que j'en serais toujours là. La petite assoiffée sait assoiffer les autres.
"Les trois dernières fois où tu t'es dit oui? " Je souris. Touché. "Et les trois dernières fois où tu t'es dit non. " Un rire, même. "Tes règles m'ennuient, maintenant. " Enfin une réaction prévisible. Je commence tout juste à discerner les limites, les frontières.
"Je me suis dit oui quand je suis resté pour parler avec toi, quand j'ai répondu à ta première question, quand j'ai préparé ton deuxième verre. Je me suis dit non quand j'ai eu envie d'enquêter sur toi, quand j'ai failli dire à Saül qu'il jouait avec le feu, et quand j'ai voulu te poser des questions que tu prendrais comme une déclaration de guerre."
Il n'y a rien d'autre que mes yeux dans les siens et le silence entre nous, si bref et pesant.
"Mais ni toi, ni moi n'avons peur de la guerre, alors voyons si tu me dis non pour mieux te dire oui", et mon sourire est cynique, car sa phrase me semble d'un ridicule.
"Ton père a été absent pendant la majeure partie de ta vie, mais tu t'en es remise. Tu es farouchement solitaire et tu tiens à ta liberté plus qu'à tout, probablement parce que tu as été contrainte. Contrainte par quoi ? Je devine une obsession, mais je ne sais pas si c'est de l'addiction à une substance à proprement parler, ou à un objet d'attachement plus abstrait. Tu t'es mariée par loyauté à quelqu'un dont tu étais proche, mais tu as été déçue et blessée. Tu fréquentes Saül parce que tu as manqué d'un père, évidemment, et tu me parles parce que tu jauges un futur adversaire. Tu t'ennuies souvent, trop souvent, et le bonheur n'est même pas un concept dans lequel tu crois, au fond, tu t'amuses, tu es là, tu essayes de te convaincre que le moment présent te suffit, mais il est si vite consommé, et c'est toi qui consommes pour dormir plus facilement, pour ne pas confronter les pensées extrêmement rapides qui se jouent dans ton cerveau. Tu n'as peur de personne, sauf de toi, un peu, et tu te dis que mourir jeune ce n'est pas si grave ; et pourtant, il y a un minuscule espoir, au fond de toi, que les choses vont s'arranger. Vrai ou faux ?"
Le nouveau jeu s'appelle : arrêtons les faux-semblants.
@Ariane Parker |
| | | | (#)Dim 31 Mai 2020 - 20:48 | |
| "Je me suis dit oui quand je suis resté pour parler avec toi, quand j'ai répondu à ta première question, quand j'ai préparé ton deuxième verre. Je me suis dit non quand j'ai eu envie d'enquêter sur toi, quand j'ai failli dire à Saül qu'il jouait avec le feu, et quand j'ai voulu te poser des questions que tu prendrais comme une déclaration de guerre." il parle bon Dieu qu'il parle le gars. J'imagine qu'il a enclenché le code "loquace" de sa carte mémoire et que c'est là le moment où tout le monde trépigne d'impatience de voir combien de mots à la seconde il peut dire tant il s'arrête pas.
"Mais ni toi, ni moi n'avons peur de la guerre, alors voyons si tu me dis non pour mieux te dire oui" go ahead, bombs away. Moi j'attends, moi, j'écoute patiemment. Il me laisse pas la moindre occasion d'en placer une le bâtard, de toute façon.
"Ton père a été absent pendant la majeure partie de ta vie, mais tu t'en es remise. Tu es farouchement solitaire et tu tiens à ta liberté plus qu'à tout, probablement parce que tu as été contrainte. Contrainte par quoi ? Je devine une obsession, mais je ne sais pas si c'est de l'addiction à une substance à proprement parler, ou à un objet d'attachement plus abstrait. Tu t'es mariée par loyauté à quelqu'un dont tu étais proche, mais tu as été déçue et blessée. Tu fréquentes Saül parce que tu as manqué d'un père, évidemment, et tu me parles parce que tu jauges un futur adversaire. Tu t'ennuies souvent, trop souvent, et le bonheur n'est même pas un concept dans lequel tu crois, au fond, tu t'amuses, tu es là, tu essayes de te convaincre que le moment présent te suffit, mais il est si vite consommé, et c'est toi qui consommes pour dormir plus facilement, pour ne pas confronter les pensées extrêmement rapides qui se jouent dans ton cerveau. Tu n'as peur de personne, sauf de toi, un peu, et tu te dis que mourir jeune ce n'est pas si grave ; et pourtant, il y a un minuscule espoir, au fond de toi, que les choses vont s'arranger. Vrai ou faux ?"
« Vrai et faux. » je lui ferai pas l'affront de lui mentir. Et pour être totalement honnête j'en ai rien à foutre qu'il décèle ce qui est vrai et qui est faux. Il a fait l'effort d'écouter et ça c'est pas donné à grand monde. Même s'il m'en donne presque mal à la tête tellement son vomi de paroles est venu d'un coup d'un seul, il a le mérite d'avoir su garder mon attention rivée sur lui le temps d'un monologue et de deux verres. Plusieurs sont morts pour bien peu. « C'est pas drôle si tu sais tout tout de suite Sebastian. » il remonte, mon sourire en coin, celui amplifié par le verre contre mes lèvres qui agit à titre de loupe. Puis, je saute de la table, puis, je pose mon verre vide à côté du sien, l'air mutin qui s'agence au sien. « On dirait presque que c'est toi, qui n'arrive plus à confronter les pensées extrêmement rapides qui se jouent dans ton cerveau. »
Il a voulu provoquer, il a voulu piquer. Il m'en a dit beaucoup sur lui, même si les honneurs reviennent à mon background à moi. « Merci, pour les verres. » n'en reste qu'il ne s'étonnera pas, que je déverrouille la porte, que je mâche et marine ses déclarations autant que je lui laisse le temps de faire pareil avec les miennes.
« Je passe ton bonjour à Saül. T'es toujours le bienvenu à notre table. » il était cool, le round one. Le round two sera meilleur encore. Il le sait autant que moi. |
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