| come back and haunt me - Ariet #10 |
| | (#)Mar 28 Avr 2020 - 12:02 | |
| C'est ma première représentation ce soir. La première officielle. La première après avoir signé un contrat dans des bureaux plus grands que mon appartement. Et j'ai encore l'impression que c'est qu'une blague, que bientôt je vais devoir revenir à ma vie d'avant où je m'amusais juste à chanter pour des soirées karaokés au Canvas. Qui aurait cru que quelqu'un finirait par réellement me repérer ? Mais c'est arrivé et j'en suis ravi. Je vais être patient et je vais suivre les conseils de Sebastian. Parce que je ne veux plus retourner à ma vie d'avant. Pas alors que le rêve de ma vie commence à se réaliser.
J'ai envoyé un message à Ariane. Une heure, une adresse. Rien de plus. Elle viendra peut-être. Mais je dois me concentrer sur le fait que je dois chanter. Qu'elle soit là ou pas, j'irai jusqu'au bout de cette soirée. Je dépose mon téléphone après avoir donné quelques instructions aux techniciens qui gèrent les loges et les coulisses. Ils ont remaniés le roof top pour cette soirée parce que je ne suis pas seul à me produire. D'autres artistes du label doivent passer à leur tour. Il y a une liste d'invités. Ca change des endroits miteux que je fréquente habituellement. Et je peux m'empêcher de me dire que je pourrais vendre une tonne de sachets aux jeunes riches qui cherchent un peu de folie dans leurs soirées.
J'ai donné le nom d'Ariane à l'entrée pour qu'elle ne soit pas refusé si elle finissait par arriver, il y a une table aussi. Assez proche de la scène pour qu'elle puisse m'envoyer des bouteilles vides à ma figure. Et j'ai même dit à la sécurité que si elle refusait la table il fallait lui dire que ce n'était que comme ça qu'elle pouvait avoir accès à du champagne à volonté. Elle n'allait pas cracher sur le Champagne gratuit. Mais pour ca, il fallait qu'elle s'assoit juste devant moi. À voir ce qu'elle finirait par décider. Mais dans tous les cas, je saurais quand elle entrera dans la salle, je la verrai de loin. Et même si je ne la vois pas, je le saurais.
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| | | | (#)Mer 29 Avr 2020 - 10:04 | |
| 5 bouteilles de bière, ça aurait été 5 bouteilles de bière que j'aurais pu lui tirer à la gueule, s'il s'était pas obstiné à me forcer du champagne gratuit le con à sa table VIP de merdeux. Il a insisté pour que ce soit que ça qu'on serve à la place où on m'a attitrée et sérieux je sais pas s'il a pensé que de recevoir un crémant par la tête c'est nettement moins confortable qu'une lager, mais bref, faudra que je le lui apprenne à la dure apparemment.
Je sais pas pourquoi il en a fait tout un plat. C'est pas un stade, c'est pas un festival de plusieurs milliers de personnes, mais aussi stupide que ça puisse être je suis presque stressée pour lui. Ils sont proches les autres, ils suffoquent à errer à côté de la scène qu'il lui ont aménagée, le gars il est à quelques mètres même pas d'eux tous et sérieux sa bulle c'est pas juste une parure guys laissez-le respirer vous êtes cons ou juste nés avec des neurones en moins?
Ça discute, ça glousse, ça jacasse, certains tentent de m'adresser la parole, moi je regarde ailleurs, je les écoute même pas. J'essaie de voir il a amené quelle guitare pour jouer au jeu de celle qui liste les chansons qu'il fera comme si le simple instrument me soufflerait les réponses à l'avance - c'est le cas. Je les connais par coeur ses compositions de raté qui n'est plus si raté que ça à voir la quantité de gens qui s'attroupent près de point de spectacle quand on annonce que le show commencera dans une poignée de minutes à peine. Il arrête pas de les pratiquer et de les rejouer et de les réajuster depuis des jours Jet, il m'en a cassé les oreilles les fois où on s'est vus, les fois où je suis allée lui livrer une claque derrière la tête parce que je passais dans le quartier.
Mon majeur se lève bien haut bien fier pour l'accueillir, quand il apparaît guitare accrochée à son cou et sourire de merdeux en puissance sur les lèvres. Il est prêt, il est stupide de douter. |
| | | | (#)Mer 29 Avr 2020 - 16:47 | |
| Je ne la cherche pas vraiment du regard. Même si je ne sais pas si elle va venir, je ne peux pas me concentrer que sur elle. Pour une fois, je fais de mon mieux pour ne pas mettre en péril mon avenir. Il faut que je sois au top. Et elle m’a vu répéter Ariane, elle est là depuis des jours déjà. Elle passait à l’appartement juste parce qu’elle était dans le coin. Et j’ouvrais la porte parce que c’est naturel, parce que c’est comme ça qu’on fonctionne. Comme ça que j’ai envie qu’on fonctionne, comme ça qu’on devrait fonctionner depuis 15 ans. Alors j’ai passé des après-midi et la moitié de certaines nuits à répéter. A réécrire des centaines de fois mes refrains et mes couplets, à faire et refaire des sélections de chanson. A changer et changer de nouveau de guitare pour voir laquelle sonne le mieux. Et elle était là tout le long Ariane, je ne sais pas vraiment ce qu’elle faisait. Peut-être qu’elle était simplement en train d’écrire, de regarder, ou de faire des dessins étranges sur les partitions que j’avais eu le malheur de laisser de côté.
Il y a du monde. Et j’essaie de pas stresser. J’ai déjà fait ça des centaines de fois après tout. Ce n’est qu’un public parmis tant d’autres. Une soirée comme une autre. Sauf que ce soir c’est officiel, c’est un contrat signé, c’est le début de ma carrière, et Ariane est là, je la vois. Elle est à la table et elle ne parle à personne, et ça me fait rire, ça me détend. Je les vois les gens qui essaient de l’aborder pour squatter la table VIP et le champagne. Et je la vois elle qui a une mine dégoûtée quand le serveur lui annonce qu’elle n’aura pas le droit à autre chose. Et je ris dans mon coin, une seconde, c’est comme si je n’avais aucune obligation. Alors je l’observe et je m’amuse. Parce que c’était clairement un de mes plans pour être sûr qu’elle n’ait pas la bonne idée de laisser glisser une bouteille de bière sur la scène.
C’est à mon tour et les applaudissements retentissent. Et un coup d’oeil à la rousse alors qu’elle me fait un doigt d’honneur. Un sourire carnassier nait sur mon visage parce que la seule chose que je peux lui renvoyer c’est un clin d’oeil. Et je lui envoie quand même ce clin d’oeil amusé avant de commencer à respirer pour chanter. J’enchaine les chansons et les coups d’oeil sur la rousse. Qui est étonnement restée assise, qui est venue aussi et au fond j’en suis encore étonné. Elle est là depuis le début de tout ça, et elle est là quand tout devient officiel, quand tout ce rêve devient réel. Et peut-être qu’elle fera partie intégrante de ce rêve. Je la regarde de nombreuses fois et on me dira certainement que je n’étais pas assez concentré sur le reste du public. Mais le public ne compte pas trop quand le seul avis que j’attends vraiment c’est le sien. Mais ça, je suis assez intelligent pour le garder pour moi.
Les chansons se sont enchaînées et c’est la fin de mon passage. Je serais bien resté encore des heures sur cette scène mais je dois laisser ma place et j’ai pas l’intention de commencer à faire des vagues. Alors je descends, et j’attends sur le côté, j’attrape deux bouteilles de bière parce que, soit elle aura volé la bouteille de champagne et elle la ramènera avec elle, soit elle l’aura entièrement bu et elle sera à la recherche d’autre chose à se mettre sous la dent. Et je lui envoie un texto à peine j’ai volé un décapsuleur à un serveur. “Terrasse ?”
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| | | | (#)Mer 29 Avr 2020 - 23:00 | |
| Il prend ça au sérieux Jet, c'est quasiement attendrissant. Quasiment, si j'en avais quelque chose à faire mais c'est pas le cas. Quand son champagne gratuit suffit à me distraire, et que c'est que sur ça que je me base.
C'est pas un moment important, c'est juste une autre scène ouverte de plus, ce sont juste de nouvelles chansons qu'il fait connaître au public, ce sont juste d'autres occasions pour lui de voler la vedette à la planète entière en faisant son truc là, avec sa voix. La note dont il est fier, le trémolo de merde qu'il tient et qui les fait tous sourire. Ils ont la larme à l'oeil presque, quand je l'ai entendu faire des tas de fois dans les derniers jours et que là c'est pas pareil, c'est pas aussi travaillé que dans son salon, quand on était seuls et que c'était que ça qu'on entendait. Y'a des merdeux qui chuchotent, y'a des verres au bar qui tintent, y'a un monde entier qui continue de vivre et lui il gratte ses cordes et c'est pas ma préférée, celle qu'il joue. Pourquoi il me fixe le lourd, pourquoi il regarde que moi quand c'est même pas ma chanson celle-là.
Ils applaudissent tous, je suis occupée à tenir la bouteille de champagne à deux mains du coup je peux pas témoigner de mon appréciation quel dommage, vraiment. Mon téléphone qui vibre dans la poche arrière de mon jeans et le message qui vient de lui, c'est sûr, y'a pas le moindre doute, au point que je regarde même pas. Il veut sortir, il veut s'isoler, y'a la terrasse, il va par là et j'ai même pas besoin de valider que je sais déjà. Ça aide, de se connaître par coeur depuis une éternité.
Ce qui reste de bulles, une gorgée à peine, traîne docilement dans mon sillage. J'attrape une des bières qu'il a apportées avec lui quand je le rejoins sur le toit pour la tinter sur sa propre bouteille avant de porter la mienne à mes lèvres. Il parle pas et j'ai rien de plus à dire, ce genre de moment, tu jacasses pas non plus. Il a attendu une vie pour y arriver, c'est pas pour tout gâcher avec des répliques de merde dont il - on - se souviendra encore dans des années.
À la place, c'est le joint planqué dans mon hoodie que je sors, l'allume la seconde d'après, l'inspire avant de le lui filer comme une énième drapeau blanc, comme un cadeau de célébration pour un temps. |
| | | | (#)Jeu 30 Avr 2020 - 9:32 | |
| Je l'ai observé, elle ne montre rien et c'est certainement ce qui est rassurant. C'est bien plus rassurant de la regarder elle que de se concentrer sur la foule et les gens qui parlent alors que je chante. C'est sur eux qu'elle devrait lancer des bouteilles de bière vides. Mais c'est comme si j'étais chez moi, comme si j'étais sur mon canapé et qu'elle me tapait l'arrière de la tête après les fausses notes. Et je chante pas aussi bien que dans le salon, parce qu'elle ne peut rien faire aussi loin, et parce que ça m'amuse de la voir rester seule avec sa bouteille de champagne qu'elle aura vidé avant la fin de mon passage j'en suis certain. Mais je tente de capter deux ou trois autres regards, j'y mets vraiment toutes mes tripes parce qu'il n'y a que comme ça que je sais chanter.
J'en ai loupé quelques-unes des notes d'ailleurs, pas avec ma guitare. La guitare je gérais même avant d'avoir aligné mes premiers mots. Mais ma voix elle casse des fois, et ça, ca m'énerve. Pourtant je l'ai travailler des heures et des heures durant. Et j'ai besoin de sortir pour ne pas me mettre à hurler sur la première personne qui viendra me dire à quel point c'était beau et combien j'ai du talent. Le genre de personne qui ne connait rien à la musique et que je déteste par-dessus tout.
Je fais vibrer le téléphone d'Ariane. Elle saura que c'est moi, et elle ne le lira peut-être pas parce qu'elle sait où je vais et je sais où elle serait allée après que je sois descendu. Elle arrive et on est seul parce que c'est isolé, parce qu'on sait par où passer pour trouver des endroits sans personne. Et elle ne parle pas, je ne parle pas non plus quand j'attends qu'elle allume le joint qu'elle tient entre ses doigts. Elle me le tend et je le prends sans hésiter une seule seconde alors que je grimpe sur le toit pour m'y allonger. Je ne tourne pas la tête pour savoir si elle me suit. Mais quand elle verra que j'ai caché des bouteilles au même endroit elle finira par débarquer. "J'ai loupé la note." elle sait de quoi je parle, c'est pour cette note là que j'ai certainement un bleu sur la nuque.
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| | | | (#)Jeu 30 Avr 2020 - 21:23 | |
| "J'ai loupé la note." « Ouaip. »
Oh qu'il est dramatique le gars. Et oh qu'il sait que ça prendra pas avec moi. C'est pas parce qu'il se plaint que je vais lui tapoter l'épaule, lui ébouriffer les cheveux et lui dire que tout ira. C'est pas parce que c'est une soirée qu'il a attendue toute sa vie que je vais adoucir les coins, le rassurer en lui disant que non, bien sûr que non Jet, t'es parfait, t'as été parfait, tu t'en fais pour rien et tu te fais du mal là, viens on va observer les étoiles et on leur donne des noms et on se dit que le monde est con quand il est pas le nôtre. Nope. Il l'a loupé sa note, il le sait, je le sais aussi.
« Ta foule est aveugle et conne, personne a remarqué. » le joint passe de ses lèvres aux miennes quand je finis par venir le rejoindre sur le toit, l'inspiration suit et elle suit fort, la fumée avec qui s'élève dans la nuit. À l'intérieur on les entend, les cons qui piaillent, qui commentent, qui s'extasient. Tout le monde qui ne tarie pas de bonnes éloges qui encensent l'égo de Jet au point où je songe sincèrement à me tirer d'ici vite fait avant que ses chevilles ne prennent mille tailles de plus et qu'il se confonde, l'autre imbu. Mais pourtant je reste et ça a sûrement à voir avec la bouteille que je lui ai piquée, avec la clope verte qui n'en finit plus de griller.
Mes yeux sont fixés sur le ciel noir et sans nuage, y'a les reflets de lumières de la ville qui dérivent d'un sens comme de l'autre - on respire bien, toujours mieux, quand on surplombe les autres. « T'es bien payé au moins? » je pouffe de rire, payé à faire quoi. maintenant, au juste? Il s'est tiré à peine ses compos chantées, s'il devait faire acte de présence à son contrat, c'est loupé. Mes rires se mélangent aux bruits ambiants, les klaxons des voiture s'y additionnent un temps. |
| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 17:41 | |
| J’attendais pas sa réponse parce que ce n’était qu’une affirmation. Elle le sait, et je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise que c’était rien. Pas elle, et je veux qu’elle reste toujours comme ça. Je ne veux pas qu’elle fasse partie de tous ces gens qui cherchent à se faire apprécier en faisant tous les compliments possibles et imaginables. J’aime les compliments, je les écouté et je souris. Mais je sais que Ariane me mentira pas si je fais n’importe quoi. Si mon regard n’était pas le bon, si j’ai loupé la note ou si j’ai oublié les paroles. Elle les connait mes chansons, elle connait certains accords aussi. Je hoche la tête et je bois directement à la bouteille de vin que j’ai ramené sur le toit.
Je ris légèrement quand elle parle de toute cette foule présente. La fameuse foule qui fait beaucoup de compliments mais qui n’y connait rien. “Tu sais que leur avis m’intéresse pas.” J’ai pas besoin d’entendre que j’ai une jolie voix ça je le sais déjà. J’ai besoin d’avis constructifs mais apparemment, il n’y a personne qui aime vraiment la musique dans cette salle. Je ne peux me fier qu’à l’avis tranché et honnête de la rousse. Avis que j’ai toujours écouté d’ailleurs. On s’échange le joint à de nombreuses reprises. Sans que ni l’un ni l’autre ne cherche à l’avoir plus longtemps. Elle me rejoint sur le toit, et là, on est tranquille. “Mais j’ai toujours une oreille pour écouter les compliments.” Je hoche la tête et pose les bouteilles d’alcool au dessus de nous alors que je m’allonge.
“Mieux que si vendais 10 sachets par soir.” ça veut dire que je suis vraiment bien payé et elle fera le calcule toute seule. Et pourtant je reste accroché aux quelques sachets qui trainent dans mes poches et que je continue de vendre régulièrement. Je baigne dans ça depuis toujours, je ne peux pas m’arrêter aussi rapidement. “Mais peut-être que ça durera pas, donc autant profiter.” Je tourne ma tête vers elle, il n’y a pas que moi qui ai des projets ou un plan d’avenir. Et je me souviens de ce qui lui plaît à la rousse. “Et tes livres ?”
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| | | | (#)Ven 1 Mai 2020 - 22:01 | |
| “Tu sais que leur avis m’intéresse pas.” pourtant, qu'il prenne le temps de le mentionner, j'sais pas ça casse un peu la remarque. C'est évident que leur avis compte - s'ils aiment pas, il vendra pas d'albums peu importe le nombre de personnes qu'on menacera de mort en échange d'un achat de son disque de merde. “Mais j’ai toujours une oreille pour écouter les compliments.” « Je sais jamais si t'es plus vantard ou imbu. » je souffle, fort, la bouffée d'herbe qui quitte mes lèvres va se casser dans l'air ambiant la seconde d'après.
On a jamais été doués pour parler d'argent ; on finissait toujours par s'arracher des cheveux et de la peau quand il se retrouvait avec des dettes à acquitter qui l'empêchait de payer notre loyer mensuel, ou alors que c'était à moi d'assumer nos frais à cause de ses conneries. “Mieux que si vendais 10 sachets par soir.” « T'es capable d'en vendre plus que 10. » que je m'entends renchérir, quand je l'ai vu de mes yeux faire, durant des soirées entières. On le sait tous les deux, qu'il fait pas ça pour le fric. Il sourirait pas autant si c'était juste pour les chèques. “Mais peut-être que ça durera pas, donc autant profiter.” oh, le pauvre petit chat blessé, oh le sombre connard qui pense déjà à s'auto-saboter. « Ça sera ta faute et que la tienne si ça dure pas. » et il pourrait être terrifié là. Terrifié que je le bute pour le ressusciter et le buter à nouveau s'il gâche tout. Le vin qu'il a volé goûte pas aussi bon que le bourbon dérobé que je sors de mon sac ensuite, mais on fera avec ce qu'on a pour ce soir.
“Et tes livres ?” quoi, mes livres? « Je bosse juste sur un, là. » depuis quand il demande? « J'ai signé le contrat d'édition, faut juste que je réécrive certains passages. » depuis quand je lui en parle? « Y'a un personnage il te ressemble - et il crève avant la fin. » ah ouais, faudrait qu'il signe une décharge pour m'autoriser à le tuer là aussi, à défaut de pas l'avoir encore fait dans la vraie vie. |
| | | | (#)Sam 2 Mai 2020 - 11:50 | |
| ”Je suis les deux pareil.” Vantard et imbu ça me va, elle est pareil la rousse, et ça sonnerait presque comme un compliment dans sa bouche. Et puis c’est ce que je suis, ce que je serai toujours mais elle est là la gamine, toujours dans le coin. Je ne m’en plains pas ce soir, je ne m’en suis jamais vraiment plaint mais ce soir c’est moi qui l’ai invité. J’attrape de nouveau le joint qu’elle a presque fini et je souffle aussi fort qu’elle. La fumée se dissipe rapidement quand les effets commencent tout juste à apparaître. Et je l’aime cette sensation. Ca aurait pu être parfait si il n’y avait pas deux connards qui discutent de bateau juste en dessous du toit. Qui parle de yacht dans la vraie vie ? Je grogne parce que je serais totalement le genre de mec à parler de mon yacht si j’en avais un, mais moi j’en ai pas, alors qu’ils ferment leurs gueules.
Bien sûr que je suis capable d’en vendre plus de dix. Et si on s’y mettait à deux on pourrait vendre la totalité du stock de Lou en une seule soirée. Mais j’aurais pas la musique si je ne faisais que ça. Et elle ne deal plus Ariane pas vrai ? Alors pourquoi proposer une telle idée ? Je souris mais je continue de fixer le ciel étoilé. “C’est moins fatigant de chanter.” Oh que c’est faux. C’est tellement plus de boulot, tellement plus de temps. Mais je fais toujours ce que j’aime, et je peux passer des jours et des jours sur une chanson sans m’en lasser une seule seconde. Là je réponds pas parce qu’elle sait qu’elle a raison et je ne risque pas de gonfler son ego en affirmant que ce qu’elle dit est vrai. Je suis seul maître de ce qui m’arrive désormais, et si je veux vraiment cette carrière, je dois tout faire pour l’obtenir.
Et allez savoir pourquoi je lui demande ce qu’elle fait elle. Si tout ce qu’elle veut faire avance comme elle le veut. Il vaut mieux ça plutôt que lui demander si elle va bien alors que je connais la réponse, alors que je vois qu’elle se perd encore dans sa tête et dans ce qu’elle fait et que j’essaie de l’aider sans rien lui demander ni rien lui dire parce qu’on est pas comme ça. Je hoche la tête en buvant une gorgée du la bouteille qu’elle a volé. “T’as signé ? Il sera publié quand ?” Je tourne la tête vers elle, elle aussi elle a ce petit sourire, cette petite lueur dans les yeux quand elle parle de ses livres. “Tu veux jouer à madame Irma ?” Est ce qu’elle a parlé de moi dans son livre ? Est ce que j’y suis vraiment. Je ne souris pas, du moins j’essaye. “J’espère que ma mort est cool. Genre noyé dans la mer ou mort dans un accident de moto.” Parce que c’est certainement comme ça que je finirai ma vie dans tous les cas. Je ne fais pas partie des gens qui sont fait pour vivre vieux.
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| | | | (#)Mer 6 Mai 2020 - 8:10 | |
| Il divague Jet, il s'intéresse jamais à mes trucs à moi ou du moins, il s'y intéressait pas, avant. Il posait des questions que pour piquer, les mauvaises questions, celles qui faisaient mal. Il a changé, il essaie de le montrer j'pense. “T’as signé ? Il sera publié quand ?” « Oui. » du vin au joint, on alterne les liquides et les bouffées sans jamais vraiment les calculer. Je réponds au compte-goutte. « Quand il sera fini. » ça me laisse de la marge, ça me laisse de la latitude, ça me laisse le temps de revenir sur mes positions ou de vraiment le laisser lire. Un pas pour dix derrière, mais on a l'assurance d'avoir au moins un pas devant dans le lot, et ça change ça aussi.
“Tu veux jouer à madame Irma ?” « On n'a plus 15 ans, Jet. »
Au moins il a réussi à me faire rire le con. Le con qui sabote sa soirée, quand il aurait dû rester à l'intérieur et serrer des mains, discuter avec son public, faire le beau pour leurs photos de merde. Il devrait être là-bas à se foutre du monde entier sauf de lui Jet, et pourtant il est là à parler de mes affaires à moi, et je sais pas comment je dois me sentir face à ça. On se ressemble pas du tout en ce moment, mais quand je lui file un coup de coude parce que sa tête dérive sur mon épaule, ma joue vient quand même inévitablement se poser sur son crâne de cheveux de merdeux qui sentent la sueur, la clope, le cuir et lui, juste lui. “J’espère que ma mort est cool. Genre noyé dans la mer ou mort dans un accident de moto.”
Mes yeux roulent sur eux-même, j'en ai rien à battre s'il reçoit du vin sur sa p'tite peau de porcelaine quand la dernière gorgée que je prends est bien plus généreuse que toutes les autres d'avant. « Elle est douloureuse surtout. » faut croire que ça pouvait pas en être autrement. On faisait ça également, du temps où on avait 15 ans, imaginer les pires morts, celles avec du poison, celles avec de la torture, celles pires même que dans les films. Un jour, on élaborait des scénarios qui mettaient en vedette le monde entier qu'on détestait, le lendemain, c'était autant lui que moi qu'on tuait hypothétiquement. Notre relation avait toujours été très saine, dirons-nous. « Vois pas ça comme un traitement de faveur. » le sourire mauvais qui vient se nicher sur mes lèvres en suggère l'inverse. |
| | | | | | | | come back and haunt me - Ariet #10 |
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