Life will find a way. Ce n’est peut être pas Alan qui a prononcé ces mots là mais n’en reste pas moins que un milliard et demi de visionnages de Jurassic Park plus tard, c’est pourtant l’une des rares répliques que Lily a su garder en mémoire. De ce fait elle l’utilise de partout dès qu’elle parle à Will, même lorsqu’il s’agit de lui demander s’il veut un café au petit déjeuner. Du temps où ils étaient encore en colocation, pour le coup, on s’entend. Elle pouvait lui sortir cette même réplique dix fois dans la même journée sans jamais s’en lasser mais autant dire qu’elle n’est pas certaine que le contraire fût vrai.
Houston-Alan nous avons un problème.
Life will find a wayyy (je viens de décider que c’était le cri d’alarme).
Le jeu ne fonctionne plus, l’écran est bleu et j’ai rien touché c’est promis.
Tu peux passer ?
Matt travaille et elle est étendue sur le lit de la manière la plus théâtrale qui soit, c’est à dire entourée de ses dizaines de feuilles de révision et ses surligneurs en tout genre. Elle travaille d’arrache pied pour obtenir son diplôme et dès qu’elle ne révise plus elle est en stage sur le terrain. Lily a le mental pour ça et des années d’expérience derrière, elle pourrait simplement se laisser aller jusqu’à la date de l’examen et le réussir haut la main mais pour autant cela ne lui ressemblerait pas. La brune est perfectionniste au possible et elle veut le meilleur ou rien, d’autant que si elle passe autant d’heures à bûcher ce n’est finalement que pour aider au mieux son prochain ensuite. Le jeu en vaut la chandelle.
Le jeu en vaut la chandelle mais elle n’en reste pas moins nostalgique. Son ancienne vie lui manque parfois, même si pour rien au monde elle ne voudrait délaisser celle qu’elle a aujourd’hui. La vie en colocation entourée de mille personnes et tout autant de problèmes lui manque. Ils lui manquent tous à leur manière, à vrai dire, même Murphy qui est finalement devenue sa famille par alliance. Will n’est toujours pas de sa famille, lui, même si elle l’a espéré très très fort. Il est le plus vieux colocataire avec qui elle est restée et des années durant ils ont vu le pire comme le meilleur l’un de l’autre ; il l’a écoutée réciter des listes de molécules chimiques pendant des heures et elle en a fait de même avec tous les noms de dinosaures les plus compliqués du monde. Parfois même ils se faisaient des battles de celui qui trouvera le nom d’os le plus difficile et le plus long à prononcer, elle le soupçonne de parfois en avoir inventé certains seulement pour gagner - et elle rage seulement de ne pas en avoir eu l’idée avant. Son mari occupe autant d’espace et monopolise la parole pour mille dès qu’il est là et ça plait réellement à la brune ; pour autant jamais il ne remplacera ses amis et jamais elle ne le lui demandera non plus.
Au fil des années Will est surtout devenu le frère qu’elle aurait toujours aimé avoir et aujourd’hui qu’elle semble difficilement renouer avec celui avec qui elle partage véritablement son sang, elle cherche paradoxalement à en faire de même avec le Dunham. Aujourd’hui il lui manque indéniablement et elle est certaine que, à défaut de réellement être cassé, le jeu vidéo qu’il lui a offert au moment de son départ fait un genre de bip bip ou peut être seulement de biip qui n’a rien de normal. Il s’agit là aussi de la meilleure excuse qui soit pour le retrouver l’espace d’un temps et lui montrer autant son nouvel appartement - et le balcon, surtout le balcon - et le bar de Matt juste en dessous.
La jeune femme est plus heureuse que jamais au moment de lui ouvrir la porte alors qu’elle reconnaît distinctement le nombre de fois et la fréquence de ses coups sur le bois. Sans lui laisser réellement le temps d’articuler quoi que ce soit, elle se contente finalement de le serrer dans ses bras aussi fort que possible. “Ça fait trois mois Alan, t’imagines, même dans tes rêves les plus fous t’arrivais pas à te débarrasser de moi pendant autant de temps.” Elle en rigole rapidement sans pour autant desserrer son étreinte, l’intonation de sa voix qu’elle n’adapte pas du tout à la situation alors que ses lèvres sont à quelques centimètres à peine de son oreille. “Est ce que c’est vrai que finalement les dinosaures avaient peut être tous des plumes ? Genre que finalement, ce sont tous de plus ou moins grosses autruches ? Jurassic Park en prend un sacré coup là.”
Dinosaurs and man, two species separated by 65 million years of evolution have just been suddenly thrown back into the mix together. How can we have the slightest idea of what to expect?
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L’appartement est beaucoup trop vide et le silence est pesant. Les filles sont au travail mais c’est pas mon cas. Pas aujourd’hui. Les périodes d’examen sont peut-être un peu plus light pour nous et si en règle générale rester chez moi ne me dérange pas vraiment, aujourd’hui, je me sens seul. Allongé comme une étoile de mer dans mon lit, je viens d’enchaîner sept épisodes d’une série et je m’autorise un petit break. Une pause qui s’est transformée en réflexion philosophique sur la vie et son sens. J’ai trente-et-un an et je suis célibataire. Divorcé pour être plus précis. J’ai déjà un mariage foireux à mon actif, ça craint. Surtout quand ta femme – enfin, ton ex-femme du coup – a demandé le divorcé parce que je cite : « T’es qu’un gamin, Will. Tu passes ta vie sur tes jeux-vidéos et à parler d’Iron Man comme si c’était une vraie personne. » Est-ce que c’est si mal d’être un passionné ? Quelqu’un qui se donne à deux-cent pourcent quand il aime quelque chose ? Moi j’ai envie de dire que non, mais je sais que beaucoup ne seraient pas d’accord avec moi. Parce que Tony Stark n’est pas réel et les jeux-vidéos c’est pas la vraie vie. J’en ai conscience ne vous en faites pas. Je suis pas encore aussi fou que ça. Enfin, je crois. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis en train de réfléchir comme ça mais c’est en entendant mon portable vibrer à plusieurs reprises sur la table de chevet que ma réflexion prend fin. Je tends le bras pour l’attraper et c’est un sourire aux lèvres que je lis les messages. Life will find a way. L’écran est bleu. Le jeu ne marche plus. Mais qu’est-ce qu’elle a fait ? D’ailleurs, Lily est mariée. Elle s’est mariée putain. Quelle connerie. Et surtout que depuis son mariage elle a quitté la coloc. Logique en soit vous allez me dire et oui je suis d’accord. C’est logique. Et normal. Mais ça me fait chier. Parce qu’elle me manque. Je m’étais habitué à elle. Prendre mon café avec elle le matin, ça me manque. Regarder pour la millième fois Jurassic Park avec elle tout en me scandalisant à chaque incohérence de ces films, même ça, ça me manque. L’aider dans ses révisions pendant des heures et des heures. Enfin bref, elle me manque. Beaucoup. Elle commence sa nouvelle vie, c’est normal mais la coloc me semble bien vide sans elle.
Tellement d’accord pour que “Life will find a wayyy” soit notre cri d’alarme
Je suis là dans trente minutes, prepare-moi des cookies stp.
Ouais, je peux toujours rêver. Mais au moins j’ai essayé. Qui ne tente rien n’a rien, non ? Elle a cassé le jeu. Je me demande bien ce qu’elle entend par « cassé ». Je lui ai acheté le jeu neuf, pas d’occasion, alors il n’y a aucune raison qu’il ne se mette à buguer comme ça au bout de quelques petits mois. Enfin petits. Oui. Et non. J’ai l’impression qu’elle est partie il y a si longtemps. Est-ce que je dramatise un peu la situation ? Oui totalement, et je l’assume. C’est donc aussi rapidement que possible que je me prépare pour la rejoindre chez elle. Son nouveau chez elle. Son nouvel appartement. Avec son mari. Mais j’avoue avoir hâte de découvrir son nouvel environnement et de la voir en vrai pour m’assurer qu’elle va bien qu’elle est heureuse et qu’en aucun cas elle ne regrette son mariage. Son bonheur est important pour moi parce que même si on ne partage pas le même sang à mes yeux, c’est tout comme. Je frappe plusieurs fois à la porte et assez rapidement la porte s’ouvre. Mes lèvres s’étirent dans un grand sourire en voyant Lily derrière la porte. Je la serre contre moi profitant de cet instant de retrouvailles. “Ça fait trois mois Alan, t’imagines, même dans tes rêves les plus fous t’arrivais pas à te débarrasser de moi pendant autant de temps.” Mon rire vient se mêler au sien sans m’éloigner d’elle. Je la garde contre moi et je lui réponds. « Une fois j’ai rêvé que tu te faisais pourchasser par un vélociraptor. Spoiler alert : ça s’est mal terminé pour toi. » Faux, faux, entièrement faux. Jamais de la vie je n’ai fait ce rêve-là et heureusement quand même sinon je pense que ça serait assez inquiétant. “Est ce que c’est vrai que finalement les dinosaures avaient peut être tous des plumes ? Genre que finalement, ce sont tous de plus ou moins grosses autruches ? Jurassic Park en prend un sacré coup là.” Mais tellement. Et le fait que ce soit – plus ou moins – la première chose qu’elle trouve à me dire me fait sourire d’autant plus. « On estime que la plupart des dinosaures avaient des plumes. Ils ressemblaient plus à des autruches ou des oiseaux qu’à des lézards flippants. Tu comprends maintenant pourquoi je te disais tout le temps que Jurassic Park raconte que des conneries ? Mais n’oublie pas que le prochain film on ira quand même le voir ensemble au cinéma. » Bah oui parce que même si cette saga n’est pas très fidèle à l’image que l’on a des dinosaures, j’ai vu tous les films et ça, plusieurs fois. « Tu sais que depuis les années 90, tous les dix jours on découvre une nouvelle espèce ? » Je lui demande cette fois en desserrant enfin mon étreinte. « C’est complètement dingue, tu trouves pas ? » Je ressemble à un gamin tout excité la veille de Noël mais pour ma défense je trouve cette information réellement captivante et vraiment incroyable. Et ce qui est encore plus génial c’est que je sais que Lily ne s’en fiche pas et qu’elle ne va pas lever les yeux au ciel comme quatre-vingt-dix pourcents des gens le font. That’s my girl. Mon sourire ne quitte pas mon visage, certainement parce que je suis réellement heureux de la revoir et de pouvoir passer du temps en sa compagnie parce que merde, elle m’a vraiment manquée. « T’as bonne mine, t’as l’air d’aller bien. » Et c’est tout ce qui m’importe finalement. Qu’elle soit heureuse.
Will a longtemps été la seule présence masculine rassurante de sa vie et c’est sûrement grâce à lui qu’elle ne s’est pas refermée comme une huître. Sans même le savoir, il a fait énormément pour la Keegan, bien au delà d’être un ami et même un frère de coeur. Jamais elle n’aurait cru s’attacher autant aux membres de la colocation, lui en tête de liste, celui qui l’a supporté (ou qu’elle a supporté, selon le point de vue) le plus longtemps sans trop se plaindre. Aujourd’hui elle le remercie silencieusement pour toutes ces années en l'enlaçant une dernière fois un peu plus fort encore pour finalement relâcher son étreinte. « Une fois j’ai rêvé que tu te faisais pourchasser par un vélociraptor. Spoiler alert : ça s’est mal terminé pour toi. » Elle rigole contre son épaule avant d’afficher la mine choquée la moins crédible qui soit. “Heey t’es pas supposée me dire que t’as profité de mon départ pour me tuer dans tes rêves !” Ses sourcils se froncent, ce reproche n’a rien à voir avec tous ceux qu’elle a un jour pu proférer dans sa vie. Elle espère au moins que le vélociraptor était réaliste et qu’elle n’est pas morte comme tous ceux dans Jurassic Park, parce qu’aucune n’en vallait la peine à ses yeux.
La brune oscille entre toutes les attitudes possible, passant finalement du rire au sérieux le plus total et au salut militaire cérémonieux pour appuyer son hochement de tête. « Mais n’oublie pas que le prochain film on ira quand même le voir ensemble au cinéma. » Chef oui chef, qu’elle aurait presque pu ajouter si elle n’était pas trop occupée à se pincer les lèvres pour ne pas exploser de rire de nouveau. “Pour critiquer, on est d’accord ? Pour voir à quel point Blue va devenir un super Berger Allemand domestiqué, aussi, hein.” Entre deux siestes improvisées au milieu des séances, elle promet qu’elle a vraiment regardé le film. Et oui, ok, d’accord, elle a aussi regardé tous les résumés et review en ligne et sur YouTube - mais ce n’est pas de la triche, ne lui dites pas ça. « Tu sais que depuis les années 90, tous les dix jours on découvre une nouvelle espèce ? » “Ça fait combien au total ? Y’a combien de zéro dans tout ce bazar ?” La scientifique qui parle, celle qui veut des chiffres pour avoir quelque chose sur quoi se reposer, celle qui veut aussi avoir le dernier mot et voir jusqu’où portent toutes les connaissances de Will en la matière. Et vue que ses connaissances portent loin (du genre très loin), elle peut se permettre de lui poser des questions pendant des heures et des heures sans jamais s’en lasser.
Ce n’est qu’après avoir déjà bien trop parlé qu’elle se résout à se détacher de lui pour enfin le laisser rentrer dans son nouveau chez elle. Matt la laisse tout arranger selon ses goûts depuis le premier jour mais elle n’a pas changé beaucoup de choses, si ce n’est ramené tous ses bonbons préférés et autres accessoires pour la pâtisserie. Elle se sent de toute façon chez elle depuis le premier jour et elle ne doute pas un seul instant qu’il en sera de même pour Will et qu’il trouvera ici aussi une sorte de refuge, à sa manière. « T’as bonne mine, t’as l’air d’aller bien. » Le laissant passer le pas de la porte, elle se retourne vers lui pour assurer ses mots, un sourire d’adulte sur le visage, ô combien franc. “C’est le cas.” Elle n’a jamais été aussi bien et en paix avec elle même depuis longtemps, si ce n’est toujours. Ici elle a le droit à un nouveau souffle ou, comme dirait Will, une vie bonus - il dirait un truc comme ça, en tout cas - ce qui ne l’empêche pas de rester fidèle à elle même et de courir dans tous les sens, notamment pour enfin sortir les cookies du four. “Attends deux minutes, je veux pas que tu te brûles, c’est pas le moment de me faire réviser mes cours.” Il lui en a demandé, elle s’est exécutée dans la minute, bien trop envieuse de lui faire plaisir. “Qui cuisine pour vous maintenant ? Adèle est okay ? Elia et Wylda vont bien, c’est certain. Vous avez trouvé quelqu’un pour me remplacer ?” Le mariage n’a pas annihilé son incroyable capacité à poser bien trop de questions les unes à la suite des autres sans ne jamais laisser le temps à son interlocuteur de répondre à aucune d’elle. Patience et mémoire d’éléphant sont de mises avec elle. “Ok, je parle trop.” Elle connaît ses défauts - oui celui ci, en tout cas - et l’admet en souriant, jonglant de son torchon et de la plaque de cookies pour venir poser le tout sur le comptoir de la cuisine. Will est heureux d’en avoir, Matt le sera tout autant. Les garçons contents, elle le sera aussi. “Maiiis j’ai une dernière question : qui c’est qui te bat aux batailles de polochon, maintenant, hm ?” Malicieuse, elle relève ses yeux bleus vers lui, sourire. Si vous lui demandez, elle était championne en la matière et tout à fait indétrônable.
Dinosaurs and man, two species separated by 65 million years of evolution have just been suddenly thrown back into the mix together. How can we have the slightest idea of what to expect?
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Depuis le départ de Lily à la coloc’ c’est plus vraiment la même chose. Ça faisait longtemps qu’elle était là et je m’étais vraiment habitué à sa présence. En plus de m’y être habitué je l’appréciais beaucoup. Mais elle a décidé de nous quitter – nous abandonner – logique quand on sait qu’elle vient de se marier. Quelle idée le mariage. Oui je sais je me suis moi-même déjà marié une fois mais aujourd’hui je le regrette amèrement. J’espère simplement que son mariage aura plus de chance que le mien. Elle le mérite. Je veux juste qu’elle soit heureuse c’est tout. “Heey t’es pas supposée me dire que t’as profité de mon départ pour me tuer dans tes rêves !” Je ris un peu, essayant de me remémorer ce fameux rêve où elle se faisait apparemment poursuivre par un vélociraptor et j’hausse les épaules doucement. « J’y peux rien moi je contrôle pas mes rêves. Et puis si tu veux tout savoir il date, t’étais encore à la coloc’. » Je lui avoue dans un sourire. Là je suis sûr que vous vous demandez si je suis sérieux, si ce rêve a réellement existé ? Peut-être que oui, peut-être que non ça restera un mystère dont moi seul a la réponse – et j’avoue que ça a quelque chose de plaisant. – “Pour critiquer, on est d’accord ? Pour voir à quel point Blue va devenir un super Berger Allemand domestiqué, aussi, hein.” Un grand sourire sur mon visage et je reprends un air sérieux presque immédiatement. « Sérieusement je sais pas ce qui leur est passé par la tête. Un raptor domestique, on aura tout vu. » Même s’ils essayent de l’expliquer. C’est pas réaliste et pas besoin d’être paléontologue pour s’en rendre compte. Et c’est surtout complètement fou. « Ça serait presque cool que Blue se rebelle et finisse par achever tout le monde à la fin. Au point où on en est avec cette deuxième trilogie… » Bien que la première ne soit pas plus réaliste niveau dino. Mais au moins les films étaient bons, ça rattrapait un peu le truc quand même. “Ça fait combien au total ? Y’a combien de zéro dans tout ce bazar ?” Voilà c’est ça aussi qui me manque à la coloc. Pouvoir donner mes petits interesting facts tout en ayant au moins une personne qui s’y intéresse vraiment. « Les derniers chiffres sortis datent de 2017, on était à environ 1500 espèces. Mais c’est assez compliqué de mettre un chiffre exact sur une espèce disparue. » C’est aussi pour ça que le métier est fascinant. Des nouvelles espèces sont découverte, on parvient à avoir des certitudes de plus en plus exactes et intéressantes sur celles que l’on connait déjà depuis longtemps. Maintenant on pense savoir à peu près à quoi ressemblait un cri de vélociraptor par exemple et ils n’étaient pas aussi effrayants que dans Jurassic Park.
Après s’être enlacés – peut-être – un peu trop longtemps on se détache enfin l’un de l’autre ce qui me permet d’entrer dans le nouveau cocon de Lily. J’y jette plusieurs coups d’œil, je regarde un peu partout autour de moi comme un enfant qui découvre un endroit. En même temps je découvre cet appartement. Je n’y avais jamais mis les pieds avant et je me demande pourquoi nous avons attendu aussi longtemps pour se revoir. C’est scandaleux et je me promets que la prochaine fois ne sera pas dans quelques mois. Mais elle devait être sur un petit nuage rose plein de cœurs d’amour et de guimauve. Elle est souriante, elle a bonne mine ce qui me rassure et je lui en fais part. Je lui dis qu’elle semble bien se porter et elle me répond tout d’abord par un sourire. Un grand sourire. Sincère, franc. “C’est le cas.” C’est bien. Tant mieux. C’est le principal. Je lui réponds d’abord par un signe de tête et après j’ouvre la bouche pour parler. « Il te rend heureuse ? » Vu le magnifique sourire qu’elle a depuis que je lui ai demandé si elle allait bien je suppose que la réponse est positive. Je la suis jusque dans la cuisine. Elle se dirige vers le four et c’est à mon tour de sourire. Elle l’a fait. Elle m’a vraiment fait des cookies. Elle est géniale et moi je dois certainement ressembler à un gosse de cinq ans à qui on apporte son goûter. Je m’approche des cookies à peine sortis du four, prêt à les déguster. “Attends deux minutes, je veux pas que tu te brûles, c’est pas le moment de me faire réviser mes cours.” Mon sourire ne quitte pas mes lèvres alors que je regarde les cookies qui me font réellement envie, le chocolat est bien fondant la cuisson est parfaite comme je l’aime et ça sent tellement bon. « T’es la meilleure ! » Je suis enthousiaste oui oui, il m’en faut peu pour que je sois heureux. Mettez-moi des cookies cuisinés par Lily et je suis comblé. Comblé mais toujours un peu buté et j’attrape un cookie malgré les avertissements de Lily et oui merde c’est chaud. Je grimace et je lâche un petit cri – moyennement masculin je vous avoue – mais je n’ai pas gardé le gâteau assez longtemps dans la main pour me brûler donc je râle tout simplement. Contre moi-même parce qu’elle m’avait prévenu mais que voulez-vous je pense que je suis comme un enfant, quand on me demande de ne pas faire quelque chose je le fais. Je passe tout de même mes doigts sous l’eau froide – oui j’en fais peut-être un peu trop – tout en l’écoutant me bombarder de questions. “Qui cuisine pour vous maintenant ? Adèle est okay ? Elia et Wylda vont bien, c’est certain. Vous avez trouvé quelqu’un pour me remplacer ?” J’encaisse toutes ses questions, je réfléchis aux réponses que je peux lui donner et quand elle avoue trop parler, je rigole une nouvelle fois. « Toi, trop parler ? Nooooon… Pas du tout. » L’ironie est débordante mais en soit, ça fait aussi partie des raisons pour laquelle on l’aime, Lily. « C’est Elia qui cuisine la plupart du temps. Addie est fatiguée mais ça va…je crois. » Parce que sa maladie reste tout de même un sujet tabou entre nous et nous n’en parlons pas beaucoup. Le déni. C’est bien ça, non ? « Wylda elle va bien, elle est toujours en train de réparer des bateaux ou bien plonger pour trouver des explosifs. En vrai son boulot est cool non ? Enfin surtout badass. Elle essaie toujours de me battre aux jeux-vidéos et même si elle est pas nulle je reste le meilleur pour l’instant. » Mais les heures que l’on passe sur Call of tous les deux finissent par paye et elle s’améliore de jour en jour. « Et non, pour l’instant on t’a pas encore remplacé. » Je grimace légèrement. « Laisser ta chambre à quelqu’un d’autre ça fait un peu bizarre quand même. » Voilà. Je lui ai donné de bonnes réponses à ses questions. Les cookies sont maintenant posés sur le comptoir de la cuisine, je les regarde et je suis presque sûr que mes yeux sont brillants tant j’ai hâte de pouvoir les manger. “Maiiis j’ai une dernière question : qui c’est qui te bat aux batailles de polochon, maintenant, hm ?” Je me retourne vers elle pour la regarder, un nouveau sourire s’étire sur mes lèvres alors que mes yeux se plissent. « T’es la seule que je laissais gagner. » J’admets sans la quitter des yeux. « Parce que oui je te laissais gagner. Crois pas que t’es meilleure que moi. » Mauvaise foi quand tu nous tiens.
« Il te rend heureuse ? » “Plus que quiconque.” Les réponses viennent le plus naturellement du monde et du tac au tac, comme si elle cherchait à ne laisser aucun laps de temps de libre à la tristesse pour entrer dans sa vie. Elle ne ment pas non plus et bien loin de là, elle qui ne s’est jamais sentie aussi heureuse et à sa place depuis bien longtemps si ce n’est même toujours. Il la rend heureuse et bien plus encore, elle porte son nom et un jour peut être son enfant, tout va trop vite mais pour une fois elle se permet de courir sans ne jamais avoir peu de s’égratigner les genoux. Sa réponse est lancée avec un éternel sourire sur les lèvres, lequel elle quitte seulement un instant au moment de le prévenir d’attendre un peu avant de se jeter sur les cookies.
Lily aurait pu se moquer de Will n’écoutant pas le moins du monde ses conseils pourtant avisés mais elle reste bien trop habituée à son rôle de maman de substitution pour avoir le courage de lui reprocher quoi que ce soit. Au contraire même, elle souffle imperceptiblement avant de reprendre possession d’un fin sourire sur ses lippes et de se diriger vers le tiroir spécial bobos et en sortir une crème qu’elle applique sur ses doigts sans pour autant lui demander son avis. Matt aussi se brûle tout le temps et parfois elle jurerait qu’il fait exprès ; n’en reste pas le moins qu’il a toujours le droit à sa pommade pour apaiser les brûlures, aussi superficielles et bénignes soient-elles. « T’es la meilleure ! » Et lui il est un gamin ; c’est parfait ainsi. Elle rigole un instant et passe à autre chose la seconde suivante, largement habituée à ce qu’il l’élève à un rang divin dès qu’elle lui cuisine un plat qu’il peut apprécier. « Toi, trop parler ? Nooooon… Pas du tout. » Son visage arbore une expression faussement outrée alors que maintenant ses doigts viennent pincer l’épaule du garçon, comme si justement il avait dix ans de nouveau. Pour autant Lily ne lui fait pas mal et c’est à peine si elle effleure même sa peau finalement, toujours bien trop paniquée à l’idée qu’il ne garde ne serait-ce une trace rouge, signe de leur affrontement sanglant.
Ce n’est que l’orsqu’il finit par lui expliquer le nouveau fonctionnement au sein de la colocation qu’elle se tait et se fait docile, à l’écoute du moindre signe qui pourrait être alarmant et la faire revenir à l’appartement en courant. « C’est Elia qui cuisine la plupart du temps. Addie est fatiguée mais ça va…je crois. » Elle renifle par automatisme, Will lui ayant apporté la réponse la plus complète qu’il soit en état de donner et elle d’encaisser. La maladie de la jeune femme est un sujet tabou pour tout le monde alors ils se contentent encore et toujours de le survoler mais jamais de creuser un minimum. Adèle va bien, Adèle est là et c’est finalement tout ce qui compte. Le reste attendra demain. « Wylda elle va bien, elle est toujours en train de réparer des bateaux ou bien plonger pour trouver des explosifs. En vrai son boulot est cool non ? Enfin surtout badass. Elle essaie toujours de me battre aux jeux-vidéos et même si elle est pas nulle je reste le meilleur pour l’instant. » La brune rigole avec franchises aux interventions de son ami et aux anecdotes allant avec, la pauvre Wylda venant sans doute de prendre sa place en tant que partenaire de jeu vidéo - sauf que bien sûre, avant Lily était bien meilleure que le blond. Avec un peu d’entrainement son amie pourra de nouveau lui en faire voir de toutes les couleurs pour qu’il désespère d’avoir échangé une plaie contre une autre - et les filles, elles, de rigoler gaiement. « Et non, pour l’instant on t’a pas encore remplacé. Laisser ta chambre à quelqu’un d’autre ça fait un peu bizarre quand même. » C’est toujours en silence qu’elle finit par acquiescer, émue qu’il soit tant attaché à la place qu’elle avait dans l’appartement quand bien même elle n’a aucun mal à comprendre que la vie doit continuer et les lits vides se remplir. Au contraire, elle serait sincèrement heureuse qu’ils trouvent quelqu’un pour la remplacer et continuer à faire vivre cette collocation qu’elle n’oubliera jamais. Elle a passé de merveilleuses années à leurs côtés et tout ce qu’elle désire c’est que quelqu’un puisse avoir la même chance qu’elle.
Ils parlent bataille et ils parlent polochon, Will se moque d’elle alors en guise de seule réponse elle en vient à lui tirer la langue, éternelle enfant qu’elle représente. « T’es la seule que je laissais gagner. Parce que oui je te laissais gagner. Crois pas que t’es meilleure que moi. » “J’ai oublié de préciser que les mensonges n’étaient pas admis chez toi ? Parce qu’aux dernières nouvelles c’est toujours moi qui te mettait la pâté.” Elle boude et son nez se fronce, ses bras se croisent et le tout ne dure qu’une seconde ou deux à peine, alors que la suivante elle est déjà hilare à nouveau, bien trop heureuse de le revoir pour pouvoir perdre de leur temps précieux à lui en vouloir. “Très bien.” Elle se place finalement devant la plaque de cookies mais dos à lui, l’air grave, prête à annoncer la pire chose qui soit. Ses doigts font glisser les petits gâteaux dans une boite métallique, mécanique bien huilée qu’elle répète chaque jour ou presque. “Tant que tu n’admets pas ma supériorité aux batailles de polochons, tu n’auras pas de cookies.” Elle lève un sourcil, compétitrice au possible. Prends toi ça Dunham !
Dinosaurs and man, two species separated by 65 million years of evolution have just been suddenly thrown back into the mix together. How can we have the slightest idea of what to expect?
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Elle est heureuse, elle va bien et puis au final c’est ça le principal. Son bonheur. Et s’il faut qu’elle soit mariée pour ça je ne la jugerais pas – même si sérieusement, le mariage c’est vraiment pas nécessaire. – J’espère simplement que le mariage sera une meilleure expérience pour elle que ça ne l’a été pour moi ; qu’elle évite le divorce ça coûte cher cette merde et puis quand ça traîne sur de très longs mois – même des années pour certains – ça craint. Mais les traits de son visage sont détendus, elle semble sereine et ses yeux brillants à l’évocation de son mari en sont la preuve vivante. On ne s’attarde pas plus sur ce sujet, si elle a envie de s’asseoir et de me raconter avec un sourire niais au visage ses nouvelles aventures incroyables de femme mariée elle peut le faire et vous savez quoi ? Je l’écouterais sans broncher et sans me moquer. Enfin presque sans me moquer. Au lieu de ça je préfère faire l’imbécile et me brûler en prenant un cookie à peine sorti du four. Oui je sais, je suis un véritable enfant certainement bien trop blasant pour vous. Un gosse de trente et un an et Lily joue déjà son rôle de maman à la perfection, elle souffle sur ma brûlure d’un mouvement naturel et instinctif et peut-être que j’en rajoute un peu beaucoup. Tout de suite elle applique une crème sur mes doigts légèrement rouges et je ne sais pas si c’est un réflexe de la future infirmière ou plutôt un instinct maternel mais elle semble avoir les bons réflexes. Elle fera une très bonne mère, Lily. Le genre de maman gâteau hyper protectrice avec ses gosses et je peux l’avancer sans trop me tromper parce que j’en suis sûr, je suis un véritable gamin et elle a toujours un peu veillée sur moi, j’en profite pour la taquiner et aussi par la suite je lui donne des nouvelles de la coloc’. Addie qui va…bien ? On va dire ça comme ça. Wylda qui vit sa meilleure vie à son boulot et qui s’améliore de jour en jour aux jeux-vidéos. Elia qui nous cuisine des plats délicieux et que je vais sérieusement commencer à tenir pour principale responsable des kilos en trop que je suis en train de prendre. C’est clairement de sa faute. Elle cuisine trop bien, moi je ne fais qu’honorer ses plats en les mangeant jusqu’à la dernière miette. Faut pas faire de gâchis. On passe rapidement d’un sujet à l’autre sans vraiment s’attarder sur un en particulier et on arrive même à parler des batailles d’oreillers et c’est sans mal que je lui rappelle à quel point je peux être fort – nul — à cette activité. Elle me tire la langue, je l’imite parce que j’ai deux ans et demi et que ça m’amuse. Si si, je vous assure. “J’ai oublié de préciser que les mensonges n’étaient pas admis chez toi ? Parce qu’aux dernières nouvelles c’est toujours moi qui te mettait la pâté.” Instinctivement mes sourcils se froncent et je la regarde de la même manière qu’un enfant regarde ses parents quand il leur fait la gueule pour une chose extrêmement futile. Parce que le pire c’est que c’est vrai elle a raison, elle a toujours été bien plus forte que moi mais l’avouer me fait clairement chier on ne va pas se mentir. J’ai ma fierté et surtout je suis mauvais joueur – c’est peut-être mon côté gamer rageur qui ressort un peu là. – « Bon…ok. » Je commence à dire tout simplement. Je laisse durer un peu le suspense, je la regarde mais je reprends très vite la parole. « PEUT-ÊTRE. Je dis bien peut-être que tu étais un peu plus forte que moi. » M’enfin juste un peu, hein. « Mais par contre t’as toujours été une noob quand tu jouais avec moi à Call Of. » Le nombre de fois où j’ai dû risquer de mourir pour aussi pour la soigner est incalculable. Mais ça me faisait rire au fond et j’en garde que des bons souvenirs. Lui donner des petites astuces simples quand je choisissais une partie en mode zombies, comment rester en vie le plus longtemps possible. Après moi j’ai des années d’entraînement alors qu’elle au final je suis sûr qu’elle y jouait juste pour me faire plaisir. Et ça marchait. “Très bien.” Elle se glisse entre moi et la plaque de cookies, je la regarde faire un peu confus même si je pense savoir où elle veut en venir. Mais non elle va pas faire ça. Elle va quand même pas m’empêcher d’en manger. Je l’observe ranger les cookies dans une boîte, toujours muet. J’attends qu’elle prenne la parole ce qu’elle ne tarde pas à faire. “Tant que tu n’admets pas ma supériorité aux batailles de polochons, tu n’auras pas de cookies.” Et merde. Ma bouche s’ouvre formant un « o » afin de lui montrer mon étonnement. Je croise mes bras sur mon torse sans la quitter du regard. Cette scène pourrait sembler comique pour beaucoup, certains diront même qu’on en fait de trop. Mais non je vous assure que quand il est question des cookies de Lily, je suis prêt à aller dans son sens. Surtout que l’odeur des biscuits me chatouille les narines depuis que j’ai mis un pied chez elle. « D’accord. » J’abandonne parce que j’ai faim. Je ferme les yeux quelques secondes me donnant un air grave. Sûrement trop grave au vu de notre sujet de conversation. « T’étais plus forte que moi aux batailles de polochons.» Je me pince les lèvres toujours les yeux fermés. « T’abuse McGrath. » En vrai c’est surtout moi qui suis entré dans son jeu avec grand plaisir. « T’es tenace, je plains Matt. » Non en fait il a surtout beaucoup de chance d’avoir quelqu'un comme Lily en tant que femme. « J’peux avoir des cookies maintenant ? Va me falloir de la force si tu veux que je regarde en quoi ton jeu est cassé. » Oui parce qu’à la base, elle m’a aussi envoyé un message pour me dire que le jeu que je lui ai acheté quand elle a quitté la coloc’ avait rendu l’âme.
« Bon…ok. » Est ce qu’il vient de lui concéder une victoire ? Est ce qu’il vient réellement de faire ça ? Est ce qu’elle vient réellement de gagner du terrain sans même avoir à suer sang et eau et - « PEUT-ÊTRE. Je dis bien peut-être que tu étais un peu plus forte que moi. » Ah, oui. Il nuance déjà, le lâche. La victoire fût de courte durée. Elle garde pourtant son sourire bien présent, prête à lever les yeux au ciel à tout moment simplement pour appuyer l’idée selon laquelle elle a raison et qu’il a tort. C’est évident, de toute façon, elle ne devrait pas avoir à le lui rappeler de nouveau. « Mais par contre t’as toujours été une noob quand tu jouais avec moi à Call Of. » - “Maiiis c’est pas le sujet blablabla on s’en moque.” Ce n’est pas le sujet, c’est vrai et elle s’en moque, ça c’est plus vrai encore. Il peut bien la battre à plate couture à tous les jeux du monde qu’elle continuera à s’en moquer parce qu’elle aura réussit à le faire rire et s’amuser pendant un temps au moins. C’est tout ce qui compte alors qu’elle ne fait qu’appuyer sur des touches au hasard, la plupart du temps. Ça arrange tout le monde que Lily sache à peu près jouer pour ne pas mourir en une minute mais pas assez pour avoir une quelconque chance face à lui ; c’est leur secret de polichinelle à eux.
N’en reste pas moins qu’elle est une joueuse dans l’âme et la simple idée d’éloigner Will des cookies pendant quelques minutes la fait rire - presque autant que la mine outrée qu’il improvise à la perfection. Elle aurait presque envie de le prendre en photo et d’en faire un meme, voir même sa photo de contact ou même de fond d’écran tellement elle le trouve hilarant. « D’accord. » Elle a le plus beau et le plus grand sourire victorieux de l’univers, pendue à ses lèvres pour bien entendre la suite de ses aveux. « T’étais plus forte que moi aux batailles de polochons.» Ses yeux pétillent, elle s’amuse d’un rien. Elle se dit qu’elle aurait du enregistrer la chose et si jamais elle n’avait pas de coeur, elle lui aurait demandé de répéter parce que ‘hein quoi ? attend une voiture est passée dans la rue j’ai pas entenduuu’. « T’abuse McGrath. » C’est vrai. Pour ça, elle n’a rien à répondre. Des deux, elle est celle qui n’a pas d’âme et n’a pas hésité à prendre en otage de pauvres cookies innocents pour récolter quelques mots qui lui feraient plaisir. Au moins, son ego est ravi de voir la vérité rétablie ainsi. « T’es tenace, je plains Matt. » Elle est heureuse de le voir parler de Matt avec autant d’aisance alors qu’il n’est dans sa vie que depuis très peu de temps et si elle continue de sourire ce n’est plus simplement parce qu’elle a marqué son point mais parce qu’elle est la plus heureuse du monde. Rien que ça. « J’peux avoir des cookies maintenant ? Va me falloir de la force si tu veux que je regarde en quoi ton jeu est cassé. » Levant les yeux au ciel comme si elle venait de lui concéder le monde, la brune attrape enfin la boite de cookies derrière elle pour la lui poser entre ses mains. Elles sont presque squelettiques, il est vrai, puisque cela fait au moins dix-sept secondes qu’il est en train de mourir de faim. Il marque un point en parlant du jeu vidéo et il aurait très bien pu repartir d’ici (pas avant une heure ou deux ou même dix) sans avoir touché aux fils et autres commandes de ladite chose que cela n’aurait pas dérangé Lily. C’est à peine si elle se souvient qu’elle est l’heureuse propriétaire de jeux vidéos lorsqu’il ne joue pas avec elle et que dans sa tête elle l’entend déjà crier pour un oui ou pour un non - comment ça le but de GTA ce n’est pas de simplement conduire des voitures et écraser des gens ? “Garde les tous parce que ça va être hyper compliqué à réparer.” C’est faux, totalement faux, archi faux. Elle a débranché un fil et touché à tous les boutons, voilà ce qu’elle a fait pour que l’écran soit bleu et que les messages d’erreurs pleuvent. Mince alors, oh la la, mais qu’est ce qu’elle ferait sans Will ?
Finalement elle passe devant pour lui montrer le chemin jusqu’au salon (en réalité ils ne font que passer de l’autre côté de la pièce mais c’est bien moins glamour expliqué ainsi). Flocon et Neige ont élu domicile sur le canapé, les deux pachas profitant des rayons du soleil australien pour se dorer la pilule mais appréciant sans doute le frais que l’on peut retrouver dans l’appartement. Les deux chats sont rapidement devenus les rois de la maison et si Will n’aura aucun mal à reconnaître Neige, elle lui présente brièvement le dernier chaton arrivé. Personne ne s’étonnera des prénoms stéréotypés, c’est déjà bien acté. “J’ai fait tes machins avec rond rond carré carré alpha bêta je sais pas quoi et toute la procédure pour enclencher la bombe atomique doit être moins compliquée.” Si elle se plaint elle ne cesse pour autant pas de sourire et rigoler, simplement heureuse de voir son ami de toujours dans cet appartement auquel elle s’est rapidement attachée. “Tu viendras un jour au DBD ? J’ai entendu dire qu’ils faisaient des soirées quizz pour les nerds, tu pourrais montrer ton talent.” Elle a vu les photos d’anciennes soirées Harry Potter accrochées sur les murs et si Will avait été là, ce seraient ses mèches blondes qui auraient été immortalisées et pas celles de qui que ce soit d’autre. “Et comme ça, tu te sentiras moins mal de pas avoir réussi à réparer mon jeu si tu gagnes un quizz, hein.” Les gens espèrent généralement que tout va être réglé rapidement mais ce n’est pas le cas de Lily, absolument pas. Elle ponctue d’ailleurs ses paroles en envoyant un des coussins du canapé sur la tête de son ami au moment même où elle s’enfonce dans l’angle.
Dinosaurs and man, two species separated by 65 million years of evolution have just been suddenly thrown back into the mix together. How can we have the slightest idea of what to expect?
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Elle a raison en me disant que son niveau à Call Of Duty n’est pas le sujet de la discussion mais j’essaie simplement de détourner un peu la conversation parce que je n’aime pas lui avouer qu’elle était effectivement plus forte que moi aux batailles de polochons. Pour ma défense j’ai pas vraiment d’expérience derrière moi à ce sujet. Je suis nul certes, mais je suis aussi fils unique et j’ai jamais eu personne pour faire ce genre de jeu. Et puis de toute façon j’ai toujours préféré ma PS4 à n’importe quelle autre activité. Même aujourd’hui même à presque trente-deux ans oui, je préfère clairement une partie de GTA à n’importe quelle autre préoccupation d’adulte. Tout comme prendre un cookie alors qu’ils sont encore brulants, c’est un truc qu’un gamin de cinq ans pourrait faire oui. Mais moi aussi je le fais, parce qu’au fond je suis encore un gosse et je l’assume entièrement. Surtout qu’il va me falloir des forces si je veux réussir à réparer le jeu qu’elle aurait apparemment cassé. Ouais, elle a cassé un jeu. Enfin c’est ce qu’elle dit et je demande à en voir un peu plus parce qu’à la base c’est pour ça qu’elle m’a fait venir ici. Même si elle aurait pu me demander de venir chez elle pour n’importe quelle autre raison j’aurais accepté. Parce que c’est Lily. Une sorte de sourire victorieux se dessine sur mon visage quand elle me confie la magnifique boîte à cookies encore pleine – mais elle ne le sera plus quand j’aurais quitté son appartement vous pouvez compter sur moi. – “Garde les tous parce que ça va être hyper compliqué à réparer.” Bah oui, bien sûr. Mes sourcils se froncent et je tiens la boîte à cookies contre moi, presque comme un enfant de huit ans pourrait le faire. Au cas-où quelqu’un voudrait me la voler, je la garde avec moi alors que j’ai déjà commencé la dégustation et oui, ses cookies sont toujours aussi bons. Voire même encore meilleurs que dans mes souvenirs ? Peut-être que je me mets à penser ça parce que j’en avais pas mangé depuis un petit moment. Je la suis jusqu’au salon et j’en profite pour jeter un coup d’œil un peu partout autour de moi. C’est sympa mais ça manquerait quand même bien d’un poster de Star Wars au-dessus de la télé ainsi que quelques figurines du seigneur des anneaux pour décorer un peu le meuble télé. Dommage qu’elle ait pas épousée un geek j’aurais encore plus aimé la décoration. M’enfin je dis tout ça alors qu’au fond son nouveau chez elle est vraiment cool. Et puis en plus elle a maintenant deux chats, Neige peut donc jouer tranquillement avec le nouveau venu. “J’ai fait tes machins avec rond rond carré carré alpha bêta je sais pas quoi et toute la procédure pour enclencher la bombe atomique doit être moins compliquée.” Mes machins avec rond rond carré. Je ferme les yeux pour accentuer la douleur que son manque de connaissance m’inflige, mais je vous assure que oui ça me fait mal l’entendre parler des QTE comme ça. C’est pas comme si je lui avais dit environ trois cent fois comment ça s’appelait. Elle m’a perdu dès son début de phrase et j’en ai presque oublié l’infirmation principale. « Des QTE. » Ouais, c’est tout ce que je lui réponds. Enfin dans un premier temps. J’ouvre les yeux tout en prenant une grande inspiration me donnant un air grave. Parce que oui, pour moi qu’elle ne se souvienne pas qu’on appelle ça des QTE, c’est grave. Ou presque. « On appelle ça des QTE. » Mais bref, en soit c’est pas ça le plus important. Je fais un mouvement de la main et je relève le regard vers elle tout en prenant un deuxième cookie. “Tu viendras un jour au DBD ? J’ai entendu dire qu’ils faisaient des soirées quizz pour les nerds, tu pourrais montrer ton talent.” Elle sait comment me parler. Elle me connait. Et au fond la réponse est presque évidente. Je souris sûrement comme un abruti mais l’idée d’une soirée quizz au DBD avec Lily pas très loin qui serait comme ma cheerleader me plait plutôt pas mal. « Seulement si Matt serait prêt à m’accueillir avec tous mes potes. Pour cette soirée j’veux qu’il renomme toutes les boissons en référence à la pop culture. » Genre. Comme si, sous prétexte que Monsieur Dunham a demandé ça, Matt le fera. J’en doute un peu même si ça serait super cool quand même. « Et celui qui gagne remporte quoi ? » Parce que je suis un grand compétitif oui mais j’aime bien aussi savoir ce que je peux gagner. Même si ma décision est déjà prise : OUI je serai là à la prochaine soirée quizz au bar. Elle peut carrément compter sur moi. “Et comme ça, tu te sentiras moins mal de pas avoir réussi à réparer mon jeu si tu gagnes un quizz, hein.” Ah oui, réparer son jeu. J’avais déjà presque oublié que j’étais là pour ça alors que c’est moi qui lui ai rappelé il y a deux minutes. J’attrape le coussin qu’elle me lance tout en gardant mon sérieux – enfin presque, au lieu de ça je la regarde en plissant les yeux ce qui me donne un air suspicieux – Avec presque un peu de regret je pose la boîte à gâteaux sur la table basse avant de m’avancer vers la télé. J’allume la console, elle ne s’allume pas. Bon. Bon. Premier réflex ; vérifier tous les branchements. Et puis…je fronce les sourcils. La console n’est pas branchée. Non ? Elle a quand même pas fait ça ? Je reconnecte le fils à la PS4 et à l’électricité. Magique. L’image revient et le son aussi. Doucement, je me retourne vers Lily et je la fixe sans rien dire dans un premier temps. Je prends le même coussin qu’elle m’a balancé tout à l’heure pour le lui lancer en plein visage. « Je suis sûr que tu vas me dire que le fils s’est débranché tout seul ? Comme par magie ? » Je ne peux pas rester sérieux plus longtemps et je ris. « Qu’est-ce que tu ferais sans moi ? » Elle ne jouerait pas aux jeux-vidéos, tout simplement.
Rond rond carré alpha béta machin chose, ça avait quand même un certain charme, avouez le. Will lève les yeux au ciel, contraint de rapidement en venir à la conclusion que toutes les années d’apprentissage auprès de Lily n’ont menées à rien. Elle, au contraire, se contente de hausser les épaules en y ajoutant un rire et un sourire, aussi enfantins que amusés. « Des QTE. » Les lettres sont imprimées dans son esprit depuis bien longtemps déjà, à vrai dire. Dans le mauvais ordre, certes, mais elle ne risque pour autant pas de les oublier vue la fréquence à laquelle il ne cessait de lui marteler la chose à l’esprit et elle de profiter de la seconde suivante pour s’en moquer allègrement. Lily sait à quel point il tient à tout son jargon de nerd et c’est bien pour cette raison qu’elle prend un malin plaisir à le mettre à mal aussi souvent que possible, simplement pour le voir s’exaspérer et elle d’en sourire dans la même seconde. « On appelle ça des QTE. » “Hmmm t’es sûr ? Sûr sûr ?” Son sourire de gamine enfonce le couteau dans la plaie béante alors qu’elle n’arrive même plus à feindre son amusement face à la scène qui semble se répéter au fil des ans.
L’instant d’après, elle ne sourit non plus par espièglerie mais simplement parce que Matt est - de nouveau - le sujet principal de la discussion. S’il savait que la pharmacienne parlait tant de lui alors ses chevilles auraient déjà explosées il y a bien longtemps, c’est certain. « Seulement si Matt serait prêt à m’accueillir avec tous mes potes. Pour cette soirée j’veux qu’il renomme toutes les boissons en référence à la pop culture. » Un rire étouffé eclipse un temps son sourire mais elle reprend rapidement ses esprits en se servant un verre d’eau à l’évier derrière elle. Will profite de ce moment d’accalmie pour lorgner sur la boîte de cookies et elle le reconnaît bien là, son ami de toujours, ce frère qu’elle aurait sincèrement aimé avoir. “Je l’entends déjà hurler dans ma tête que c’est une trop bonne idée et s’en vouloir de ne pas y avoir pensé lui même.” Malheureusement oui, à défaut de contrôler les idées de Will, Matt serait au contraire bien le premier à se jeter dans cette idée sans même connaître la finalité de la chose. Il a une passion pour renommer les cocktails, de toute façon, preuve en est du MaxiMattor qui devait être un nom temporaire lequel elle voit pourtant encore à la carte malgré les mois passés. “Vous vous entendriez bien, malheureusement.” Dramatique à souhait, elle appuie sur le dernier mot comme si le fait que son mari et son ami s’entendent soit réellement un problème. Au contraire, elle serait sans aucun doute la plus heureuse du trio de savoir que certaines personnes peuvent s’apprécier sans ne créer aucun problème - ce qu’elle a bien du mal à faire. « Et celui qui gagne remporte quoi ? » Levant les yeux au ciel pour se laisser le temps de réfléchir, elle se souvient finalement du fameux cadre trônant en solitaire sur l’un des murs du DBD. Elle trouve encore fort étonnant qu’il y soit toujours accroché et qu’aucune personne un peu trop éméchée ne soit arrivée à le faire tomber par maladresse. “Un supeeer portrait de toi affiché dans le bar. Génial hein ? Tu pourras faire un thumbs up, la classe.” Elle ironie de nouveau, peu consciente des prix qui peuvent être remportés lors de ce genre d’évènements. Elle sait que Will se moque finalement peu de la récompense et qu’il sera présent tant qu’on parle de ses héros préférés.
Le blond en vient enfin à s’occuper du problème principal de toute cette journée, c’est à dire la console de jeu ne fonctionnant absolument pas, le tout étant une véritable catastrophe dont la jeune femme ressort consternée. La brune l’observe toucher à tout un tas de trucs sans dire un mot ni en entendre aucun, elle se contente de retenir son souffle et prier pour qu’il ne décèle pas dans la seconde le grossier piège qu’elle lui a tendu. Pourtant, elle n’a jamais été aussi peu rassurée de voir revenir son et image simultanément sur la télévision du salon marital. Sa moue se fait enfantine, elle qui retrousse les lèvres et baisse à peine les yeux alors que Will se retourne vers elle et profite de ce moment en suspens pour lui lancer à son tour le coussin au visage, lequel elle n’a pas le temps d’éviter. Ses mains le rattrapent avant qu’il ne tombe au sol et elle affiche une moue faussement outrée, tant à cause de l’attaque que des paroles de son ami. « Je suis sûr que tu vas me dire que le fils s’est débranché tout seul ? Comme par magie ? » Avant qu’il ne rigole, elle théâtralise une toux fulgurante et une fausse fièvre, posant son poignet sur son front comme si elle était en pleine représentation. “Ah. Oh. Euh. Bla bla bla je ne me sens pas bien, oh regarde je tousse, ahhh je crois qu’on m’a appelé en bas là je devrais aller voir c’est peut être important qui saiiit.” Elle exagère et s’amuse, roule les yeux au ciel et dévie toute l’attention de son ami ailleurs dans l’espoir qu’il oubliera bien vite ce misérable malentendu. Bien sûr que les fils se débranchent comme par magie dans le coin, c’est bien connu. Quel fléau ! « Qu’est-ce que tu ferais sans moi ? » “Rien, c’est certain. D’ailleurs dès que tu auras franchi le pas de la porte, je vais mettre toute ma vie en pause en attendant que tu reviennes.” Elle finit par accompagner ses paroles amusées d’un énième lancer de coussin, pauvre objet bien plus maltraité que d’usuelle maintenant que le blond est dans les parages. “Tu as le temps de faire une partie avant de repartir, hein ? Et puis, tu te dois de t’assurer que le jeu fonctionne bien.” Ne lui donnant de toute façon pas le choix, elle retrouve sa place de choix dans le canapé et lui tend une manette alors qu’elle prend la seconde, s’énervant déjà sur les QTE quand bien même le jeu n’est pas encore lancé.
Dinosaurs and man, two species separated by 65 million years of evolution have just been suddenly thrown back into the mix together. How can we have the slightest idea of what to expect?
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J’ai l’impression de toujours devoir répéter les choses environ une dizaine de fois. Toujours. Tout le temps. Pourtant c’est pas difficile à retenir. QTE. Ça va, c’est tranquille. Trois lettres qui se suivent, en vrai il y a rien de plus simple. Mais je suis sûr qu’elle le fait exprès juste pour voir cet air dépité sur mon visage et le pire c’est que ça marche. Je cours. Je suis un peu blasé qu’elle parle de rond carré triangle. En plus c’est plus rapide à dire, QTE. “Hmmm t’es sûr ? Sûr sûr ?” C’est officiel, elle le fait exprès. Il y a qu’à voir le sourire sur ses lèvres pour le comprendre et en être sûr. Moi je me contente de la regarder en plissant les yeux et c’est ça, ma réponse ne voulant pas polémiquer là-dessus encore plus longtemps. Le sujet Matt arrive et comme à chaque fois qu’on parle de lui elle semble vraiment rayonner. C’est mignon. Un peu niais mais quand même assez mignon pour être honnête. “Je l’entends déjà hurler dans ma tête que c’est une trop bonne idée et s’en vouloir de ne pas y avoir pensé lui même.” À mon tour je souris et je m’imagine déjà boire un cocktail à base de bière renommait Bièraubeurre, boire un cocktail de couleur bleue ; Le TARDIS, un autre cocktail rouge orangé ; Fumseck. Ça y est, je m’emballe. « En plus j’ai PLEIN d’idées. » Je suis sûr qu’elle ne sera pas vraiment étonnée de cette révélation. Dès qu’on me parle de pop culture je suis d’un coup bizarrement réellement motivé et débordant d’idées innovantes. Même si je ne doute pas que Matt puisse avoir de bonnes idées tout seul dans son coin. “Vous vous entendriez bien, malheureusement.” Intéressant. SI en plus je peux m’entendre à merveille avec le mari de Lily, moi je ne demande que ça. Aussi un peu pour m’assurer que ce mec est une personne de confiance qui n’a pas en tête de la faire souffrir. Parce qu’elle ne mérite pas ça. Genre pas du tout. Moi je veux simplement qu’elle soit heureuse. « Alors je demande à le rencontrer officiellement. » Je l’ai déjà vu plusieurs fois oui mais jamais très longtemps et au final je me rends compte qu’on a jamais réellement parlé. C’est un peu dommage. « Je lui donnerai toutes mes super-idées et on préparera des soirées de malade. Il aime Star Wars ? Le Seigneur des anneaux ? Ou Harry Potter ? » Parce que c’est mes sagas préférées et si elle me dit que c’est un fan inconditionnel de l’une de ces sagas – voire mêmes de toutes ? – je peux directement dire que je l’aime beaucoup. « S’il te plaît dis-moi qu’il est team Iron Man ? » Je m’emballe, je lui pose plein de questions mais c’est aussi pour apprendre à connaître celui à qui elle a promis de passer le restant de sa vie avec. Elle devrait être contente de voir que je m’y intéresse. “Un supeeer portrait de toi affiché dans le bar. Génial hein ? Tu pourras faire un thumbs up, la classe.” Cette fois c’est à mon tour de lever les yeux au ciel pour imaginer une photo de moi affichée fièrement dans un coin du DBD. Parce que si je participe à cette fameuse soirée quizz, je compte bien gagner. Et je souris. Parce que cette image que j’ai en tête est plutôt satisfaisante et me motive davantage à en savoir un peu plus sur ces soirées geek au DBD.
Au final on en oublie presque la raison principale de ma venue ici, son jeu est cassé et je dois le réparer. Bien que je ne m’attendais pas à ce que le problème soit très compliqué à réparer mais pas à ce point. Parce qu’elle s’est contentée de débrancher quelques fils. C’est presque drôle. Je lui demande si les fils se sont débranchés comme par magie mais je ne garde pas mon sérieux parce qu’elle ressemble presque à une gamine qui vient d’être prise ne flagrant délit. D’une manière volontairement exagérée elle se met à tousser, son poignet sur son front mimant certainement une forte fièvre. “Ah. Oh. Euh. Bla bla bla je ne me sens pas bien, oh regarde je tousse, ahhh je crois qu’on m’a appelé en bas là je devrais aller voir c’est peut être important qui saiiit.” Elle passe du on m'appelle en bas à je tousse. – ou plutôt dans l’ordre inverse – On s’amuse comme des gamins de cinq ans et le pire dans tout ça c’est qu’on y prend vraiment plaisir. « Oh bah attends ! Alors on devrait peut-être… » Je ne termine pas ma phrase. Je m’arrête soudainement réalisant qu’en rentrant dans son jeu, elle gagne en m’éloignant du sujet de base ; les fils débranchés. Un demi-sourire sur mon visage, je reprends. « T’as failli m’avoir. » Failli. Mais non. Je me suis repris en main avant. Je me retourne quelques secondes pour bien tout rebrancher. « Ça aura duré trente secondes. C’est trop dur, ohlala. » C’est d’un air mi-ironique et mi-exagéré que je dis tout ça. « Puis des fils qui se débranchent tout seul, votre appart il est hanté je pense. Vous devriez le faire exorciser. » Tout de suite, je suis dans l’exagération mais c’est tellement plus drôle comme ça. “Rien, c’est certain. D’ailleurs dès que tu auras franchi le pas de la porte, je vais mettre toute ma vie en pause en attendant que tu reviennes.” Je le savais. Ou pas. J’ai même pas le temps de réagir que je me prends le pauvre coussin maltraité depuis quelques minutes en pleine face. Les bras le long du corps, d’un air blasé, je ferme les yeux et me baisse pour le ramasser juste après sa misérable chute sur le sol. « Si tu veux je peux m’enregistrer en train de te raconter des conneries. Ou bien mes conseils matures et sages sur la vie. Et tu pourras t’endormir avec ma douce voix dans les oreilles. » C’est pas sérieux. Je suis ironique et elle me connait assez pour le comprendre sans en douter une seule seconde. “Tu as le temps de faire une partie avant de repartir, hein ? Et puis, tu te dois de t’assurer que le jeu fonctionne bien.” La réponse semble tellement logique que je ne prends même pas la peine de dire quoique ce soit. Je mets en marche le jeu et m’installe à côté d’elle, la manette principale dans les mains je laisse la boîte à cookies entre nous avant d’en prendre un. « Tu me suis ok ? Mémorise bien les touches de la manette pour gérer les QTE. » Moi je les connais par cœur, pas besoin de les regarder mais je sais que pour elle c’est différent.
La présence de Will la rassure bien plus qu’il ne pourrait jamais le croire. Il est quelqu’un de familier dans un monde qu’elle ne cesse de découvrir un peu plus chaque jour et bien qu’elle se sente totalement chez elle dans cet appartement, n’en reste pas moins que le savoir à ses côtés ne peut être qu’une bonne chose. « En plus j’ai PLEIN d’idées. » Il a tout l’air d’être faux et pourtant il n’y a rien de plus franc que le rire de la brune en cet instant, pas même le sourire qui s’ensuite. C’est le contraire qui l’aurait étonné : bien sûr que Will déborde d’idées, encore plus lorsqu’il s’agit d’assouvir sa passion de geek à plein temps. Elle lui a donné toutes les raisons du monde pour faire bouillonner son cerveau. “C’est bien ce qui me fait peur.” Qu’elle termine dans un sourire, justement pas effrayée pour un sous.
Jeune mariée incapable de subsister plus de cinq minutes sans parler de son mari, le sujet de Matt revient inlassablement sur le tapis et même si elle essaye au mieux de ne pas montrer à quelle point elle a des étoiles dans les yeux dès qu’il se contente d’être lui même … c’est peine perdue. « Alors je demande à le rencontrer officiellement. » Il le prend avec détachement mais pour Lily c’est une autre histoire puisque même si elle aime Matt, elle est incapable de nier le fait que les avis des autres comptent beaucoup pour elle, encore plus lorsque les autres en question sont des personnes comme Will qu’elle connaît depuis des années. Elle voudra entendre ce qu’il a à dire à son sujet, peu importe que ça lui plaise ou non ; et elle demandera l’entière vérité, sans filtres. Ce qui pourrait être une simple rencontre pour les gens normaux sera dans son esprit une véritable épreuve du combattant. Ravalant ses peurs pendant un temps, elle est bien heureuse que Will change de sujet de lui même pour ne pas avoir à lui répondre. « Je lui donnerai toutes mes super-idées et on préparera des soirées de malade. Il aime Star Wars ? Le Seigneur des anneaux ? Ou Harry Potter ? » “Il me parle tous les jours de l’anneau de Sauron qui est caché sur le mont Rogue One parce qu’il faut le protéger de Voldemort, ouais, carrément.” Tirant la langue, elle ne rate pas une occasion pour se moquer de la passion dévorant du blond pour la pop culture. La vérité c’est que, encore une fois, Matt aime sans doute bien trop ça pour son propre bien mais il a la patience d’un enfant de trois ans alors c’est loin d’être certain qu’il ait terminé aucun des films cité - et ne parlons pas des sagas entières. Il faut aussi avouer qu’elle fait tout pour le déconcentrer. « S’il te plaît dis-moi qu’il est team Iron Man ? » Cette fois-ci le rire est aussi immédiat que l’est la réponse. “Il est team fesses de l’Amérique, déso.” Matt regarde bien plus les hommes qu’elle au bar et même ailleurs, c’est aussi indécent que hilarant. Bien sûr qu’il serait team Iron Man, si on lui avait donné une tenue en cuir moulante et Chris Evans. A quelques détails près, tout était parfait.
La scène de l’étouffement soudaine ne fonctionne pas entièrement avec Will mais elle a gardé espoir pendant quelques secondes, au moins, avant de se résoudre à abandonner la tactique. Au moins il a entre temps pu réparer le jeu - et lui faire peur avec des histoires de fantômes débiles au milieu d’une proposition de podcast ASMR, dans la continuité des choses la plus logique qui soit. Elle a eu comme seule réponse de lever les yeux au ciel, rigoler et se moquer de lui. En somme, elle a réagi de la même manière qu’elle le fait à chacune de ses remarques et ce peu importe sa teneur. Maintenant elle se contente de le regarder avec des étoiles dans les yeux alors qu’il s’installer près d’elle sur le canapé pour lancer une partie sur un jeu dont elle ne comprendra sûrement pas grand chose. S’asseyant en tailleur, elle en profite pour décaler les cookies, histoire qu’il ne renverse pas le bol au moment où il sénervera et appuiera comme un dératé sur croix croix triangle carré. « Tu me suis ok ? Mémorise bien les touches de la manette pour gérer les QTE. » “Okay cap’taine !” Et elle jure qu’elle fait au mieux pour ne pas les faire perdre, c’est promis, mais rien ne dit que cela ne va finalement pas arriver puisqu’après tout … c’est Lily. Si elle n’avait pas deux mains gauches, ça saurait voyons. “Si tu gagnes, t'as le droit de rencontrer officiellement Matt.” Qu'elle ose annoncer, faussement assurée, une seconde à peine avant que le jeu ne débute.
win : Ils arrivent à bout de la première tâche avec brio et décident d'enchaîner sur cette bonne lancée, à raison : ils terminent même le jeu en un rien de temps. Quel duo de champions. so close : Ils arrivent à bout de la première tâche avec brio et décident d'enchaîner sur cette bonne lancée, à tort : le reste n'est qu'une suite de morts toutes plus désastreuses les unes que les autres. Ils s'acharnent mais ne réussissent pas mieux pour autant. Tant pis : ne restera en leur mémoire que la première (et seule) victoire. fail : C'est la c-a-t-a-s-t-r-o-p-h-e et c'est sans doute la faute des QTE s'ils n'ont enchaîné que des échecs tout l'après midi. Lily propose donc à Will de revenir un autre jour, pour montrer au jeu de quel bois il se chauffe (et ramasser ce qu'il reste de son honneur, éparpillé entre deux fantômes dans l'appartement) !
Dans tous les cas, elle en vient à la conclusion qu'il devrait rencontrer Matt (parfois parce qu'il l'a mérité, parfois comme un lot de consolation)
Dernière édition par Lily McGrath le Mar 18 Aoû 2020 - 17:01, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
C'est facile de la repérer, encore plus quand elle perd à un jeu que j'ai pas capté et qui en devient donc le jeu le plus cool de l'histoire de l'humanité. Pauvre chaton qui fronce du nez et des sourcils, qui rage comme si elle allait démonter l'écran face à elle avec l'aide du type installé à ses côtés qui a l'air lui aussi de pas tant apprécier le spectacle. De ce que je capte, les seuls éléments donc, ils perdent et ils perdent suffisamment pour que ce soit considéré comme être l'enfer sur Terre.
Et je jure que je voulais faire genre le bon mari qui supporte et qui est là dans l'adversité. Je voulais vraiment l'encourager, lui dire que c'est qu'une partie (ou mille), que les éclats de rage qui volent de parts et d'autres de la pièce n'ont rien à voir avec son talent, avec sa capacité à tout gagner et à tout réussir dans la vie du moment où elle y met des efforts parce que c'est une battante et parce que c'est une reine et parce qu'elle me rend fier et parce que - « Oh my God okay ouais vous vous êtes vraiment faits défoncer au final. » le gars que je connais pas, le gars à qui je tends la main en guise de poignée de loser. Ah non mais c'est vrai, faut que je sois là autant dans le bonheur que dans les moments difficiles, et celui-là, il en est un gros et un marquant à les voir aussi défaits les uns que les autres.
Ma silhouette se faufile à la cuisine presto, ramasse des bouteilles variées et des verres, leur improvise le mix des perdants qui rendra la défaite au moins un peu plus sucrée, un peu plus savoureuse quand bien même elle a l'air de faire mal autant à l'une qu'à l'autre. Les verres donc, que je leur tends avec toute la dévotion du monde, débranchant le téléviseur pour au moins leur garder une pointe de dignité intacte en chassant le score de l'écran. Ce n'est que lorsque les preuves se sont envolées que je leur improvise un cheers en tendant mon propre cocktail vers les leurs. « Je sais pas on trinque à quoi mais plus vite on trouve pourquoi plus vite on oublie c'qui se passait ici avant ça. » logique implacable, et la seconde d'après j'initie la première gorgée, me voulant autant supporter que cheerleader.