Bien sûr que non, elle n'avait pas oublié qu'ils étaient yeladorables ensemble. Ca ne s'oublie pas, une première histoire. Elle avait toujours refusé de dire que c'était de l'amour. Elle avait appelé ça une relation, un passé, un ex, une rupture douloureuse, mais elle n'avait jamais mis des mots sur les sentiments qu'ils avaient éprouvés, et elle ne comptait pas commencer aujourd'hui. Elle n'avait pas oublié, mais elle ne cherchait pas à le raviver non plus. Elle voulait juste que l'échange redevienne cordial, qu'ils réussissent à être agréables l'un envers l'autre, ou au moins polis. Puisque Yele n'avait aucune intention de partir, le mieux serait de ne pas se hurler dessus.

Du moins c'est ce qu'elle pensa jusqu'à la tasse suspicieuse. Et sa main restait tendue vers Yele, mais il refusait de lui donner le café, et son refus ne faisait que confirmer les doutes de Lola. Il était tôt dans la journée. Il buvait. Il y avait de l'alcool dans son café. Elle fronça les sourcils, car elle ne savait pas comment réagir à ça. "T’as pas besoin de savoir ça." Il avait raison. "Ca te regarde pas." Techniquement, il avait raison de nouveau. Il disait la vérité. Ca ne la regardait pas. Et pourtant, elle ne parvenait pas à détacher ses yeux de la tasse. On aurait cru que c'était un jeu vidéo et qu'elle réfléchissait aux techniques pour l'attraper. Clairement, tout cela était une très mauvaise idée.

"T'as raison, ça ne me regarde pas", dit-elle en faisant mine de baisser la tête, avant de bondir et de faire la seule chose qui lui vint à l'esprit (on n'avait pas dit que ce serait intelligent) : elle envoya valser la tasse de café assez vite et fort pour qu'aucune goutte ne retombe sur eux. L'objet s'écrasa par terre et le contenu se répandit. "Je vais chercher une serpillère", dit-elle immédiatement, avant de s'éloigner dans la cuisine pour commencer à réparer les dégâts. Son cerveau tournait à mille à l'heure. Yele ne travaillait plus à l'hôpital. Yele buvait le matin. Yele se faisait aider par Ginny. Tandis qu'elle attrapait la serpillère, elle arriva enfin à la conclusion : Yele vivait à la galerie.

Elle revint comme si de rien n'était et tendit la serpillère à Yele. C'était lui qui squattait les lieux, certes avec l'autorisation de la propriétaire, c'était lui aussi qui buvait le matin, donc c'était lui qui nettoyait. Aussi simple que ça. Elle le défia du regard, car elle avait décidé déjà que ce qui n'apparaîtrait pas, ce qu'elle s'interdirait de montrer, ce serait de la pitié - car sinon, il ne le lui pardonnerait jamais. Son visage était froid, donc, tandis qu'elle l'observait, même si à l'intérieur, elle réfléchissait déjà, sans pouvoir se retenir, à comment l'aider.

@Yelahiah Blythe

Elle tourne autour de lui, un peu trop proche à son goût. Elle a peut-être quelqu’un dans sa vie mais lui, il n’a personne, il n’a donc aucune limite pour se rapprocher d’elle. Et ce n’est pas parce qu’elle a quelqu’un qu’il va s’empêcher de faire quoi que ce soit. C’est un enfant capricieux Yelahiah, et Lola est froide et distante et il ne veut pas ça. Mais il le sait qu’il faut du temps, parce qu’elle est encore surprise. Alors il reste en arrière, et il décide de se taire parce qu’il essaie encore d’avaler le fait qu’elle a quelqu’un dans sa vie. Pourquoi il n’arrive pas à l’accepter ? C’est simple pourtant, elle est passée à autre chose, elle est passée à quelqu’un d’autre. Mais il ne l’acceptera pas Yelahiah, il est bien trop fier pour ça.

Elle s’éloigne quelques secondes mais il ne se fait pas avoir. Le bond de la brune fait voler la tasse de Yelahiah et elle se brise en mille morceaux, l’alcool s’étend sur le sol et ça ça l’énerve vraiment. Il lui lance le regard le plus noir qu’il a en stock, et déjà que Yele fait peur en temps normal, je vous laisse imaginer quand il décide de regarder quelqu’un méchamment. Là il a envie de lui hurler dessus pour tout et pour rien. Mais surtout pour 2 points précis. 1 : Elle vient de jeter au sol sa routine matinale. 2 : Elle est passée à autre chose. Elle va chercher une serpillière et il s’attrape une nouvelle tasse pour refaire exactement la même mixture quand elle revient bien plus vite que prévu et qu’il se met à grogner vraiment fort.

Elle lui tend le chiffon et il ouvre de grands yeux étonnés. “C’est toi qui a renversé ça.” Si elle n’avait pas fait la gamine curieuse la tasse serait toujours entre ses mains. Il retient qu’elle ne le prend pas en pitié et c’est certainement pour ça qu’il prend la serpillière pour jouer avec alors qu’il recommence à marcher dans la pièce. “Arrête de faire celle qui en a quelque chose à foutre.” Elle peut aller s’occuper de sa vie, faire ce qu’elle voulait de base. Partir, et faire comme si il n’était jamais réapparu dans cet atelier. “Je gère.” Le seul mensonge qu’il raconte à tout le monde. Parce que même lui ne sait pas vraiment qu’il ne gère rien du tout.

"C’est toi qui a renversé ça." Lola ne bougea pas d'un pouce, et son expression resta la même : totale indifférence, complètement feinte, qui finit par marcher, puisque Yele prit la serpillère. Elle se tourna vers le café qu'il avait commencé à se préparer et se sentit si furieuse qu'elle en était à deux doigts de renverser cette tasse là aussi. Mais bon, on ne gâche pas du café comme ça sans arrêt. Elle renifla et il n'y avait pas eu de mélange douteux, donc jusque là, tout allait bien. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle hésita à la boire, mais se dit qu'il méritait bien sa caféine.

"Arrête de faire celle qui en a quelque chose à foutre."

Non, il ne méritait rien du tout. Elle prit la tasse de café fumant, alors qu'elle en avait une rien qu'à elle sur son bureau, et la but juste pour se venger d'une phrase aussi mesquine. C'était trop chaud, ça brûlait, tant pis, elle était fâchée et elle en avait déjà ras-le-bol qu'il soit passé en mode furie, alors que c'était à elle d'être énervée. "Dis pas de bêtises", articula-t-elle avec la diction d'une maîtresse d'école élémentaire. S'il voulait être odieux, elle pouvait l'être aussi.

"Je gère." Lola soupira. "Tu ne gères rien du tout. Tu n'es pas chirurgien, tu habites à la galerie, tu bois de l'alcool le matin, tu ne gères rien. Qu'est-ce qui est arrivé à mon major de la promo ?" Elle s'arrêta net en se rendant compte qu'elle avait dit mon. Rien n'allait. Tout foutait le camp. Mais il fallait qu'elle se concentre sur sa vie à lui, sur où c'était cassé, pour qu'ils puissent le réparer. Elle était furieuse de vouloir l'aider et ne savait pas comment faire autrement. "Bon, c'est quoi le souci ? T'as raté un truc. Quoi ? Une opération ? T'as fait une erreur et tu t'es barré en courant de ta vie ?"

@Yelahiah Blythe

Elle l'énerve, là elle l'énerve vraiment. Elle se mêle de choses dont elle ne connait rien. Il gère Yele, il lui dit qu'il agrée absolument tout. Elle voulait le voir partir il y a encore quelques minutes et maintenant elle joue à la protectrice. Pour quoi ? Une gorgée d'alcool. Ca arrive à tout le monde d'en glisser dans son café de temps en temps pourquoi elle en fait toute une histoire. Elle jette sa tasse et là il pourrait hurler. Il aurait hurlé et commis un meurtre si ce n'était pas Lola. Mais elle a toujours eu un passé droit la jeune femme. Il la déteste à cet instant. Comment il peut la suivre alors qu'elle change d'avis toutes les 2 minutes. Quoi ? Maintenant elle veut être proche de lui parce qu'il foire sa vie ? Désolé Lola c'estpas comme ça que ça marche. 


"Je raconte pas de bêtises, t'as une vie à gérer. Alors t'occupes pas de la mienne." oui il est encore énervé pour l'autre personne, et oui il est totalement injuste. Mais il peut dire tout ce qu'il veut elle reste dans les parages Lola. Il souffle fort alors qu'il jette la serpillière sur le sol pour éponger le mélange fabuleux qu'elle a jeté au sol. Il gère, et elle commence à s'emballer Lola. Elle parle, elle ne s'arrête plus. Il ne fait rien, il ne réagit pas même si tous ces souvenirs piquent fort, qu'il a juste envie de lui renvoyer sa serpillière pleine d'alcool à la figure. Mais il craque quand elle dit mon. Parce que là ça pique au niveau du cœur parce qu'elle a quelqu'un d'autre non ? Alors elle n'a pas le droit d'utiliser mon. Il se lève et se tourne vers elle, bien plus froid que lorsqu'il a croisé son regard pour la première fois. Mais il se tait, il la laisse finir la nouvelle phrase qu'elle a commencé alors qu'il se rapproche d'elle. "Tu ne sais rien de rien Lola." il parle calmement, un peu trop calmement pour que ce soit rassurant. "Qu'est-ce que tu veux que je te dise Lola ? il se rapproche, et elle ne peut pas vraiment s'échapper. "Je t'ai quitté, je suis devenu chirurgien plastique, j'ai fais la putain de connerie de m'attacher à Chloe, elle s'est barrée, j'ai bu, je suis allé à l'hôpital pour opérer quelqu'un parce que j'en étais capable. Et une infirmière m'a balancé, donc je suis radié, j'ai plus le droit de m'approcher d'un hôpital." un faux sourire nait sur mon visage alors que la bouteille de scotch me fait de l'oeil. "Je joue au poker aussi, et j'ai plus d'appartement ni de voiture depuis quelques mois maintenant. Et Chloe se tape mon frère, et toi t'es là et t'as quelqu'un et…" il se décale pour se préparer un nouveau café, et refaire exactement la même mixture devant ses yeux. "Donc tu vas me laisser boire ce putain de café." et je m'éloigne pour aller vers la porte d'entrée. "Ton major de promo et mort le jour où t'es sortie de son appartement." et il ouvre la porte pour la claquer et s'asseoir sur les escaliers devant l'atelier. C'est le meilleur endroit pour boire son premier café de la journée. 

Les mouvements de serpillère se faisaient de plus en plus furieux, et ça n'augurait rien de bon. Yele bouillait. Lola s'attendait presque à ce qu'il ait de la fièvre. Ca n'aurait pas été étonnant. Et puis l'alcool aurait pu être vu comme un médicament à ce moment-là. Elle leva les yeux au ciel. Elle avait passé assez de temps avec Amos pour savoir que l'alcoolisme est un sujet sérieux que les malades nient le plus longtemps possible. Elle en avait vu à l'hôpital, aussi, et elle détestait l'idée que Yele puisse en arriver là, se perdre aussi loin. C'est ce qu'il se passerait s'il ne se rattrapait pas, s'il ne revenait pas parmi les vivants.

"Tu ne sais rien de rien Lola."

Et la voix était si calme qu'elle en eut un frisson. Ou peut-être était-ce dû au fait qu'il se rapprochait. Elle avait envie de regarder derrière elle pour voir si elle pouvait reculer, mais elle sentait bien le mur, là, qu'est-ce qu'il faisait là ce mur, on n'aurait pas pu le placer ailleurs, les choses n'étaient pas bien faites, quand même. "Qu'est-ce que tu veux que je te dise Lola ?" Il répétait son prénom, ce qui indiquait qu'il allait exploser. C'était facile. Elle le connaissait par coeur. Ca ne rendait pas la scène plus simple pour autant. "Je t'ai quitté, je suis devenu chirurgien plastique, j'ai fais la putain de connerie de m'attacher à Chloe, elle s'est barrée, j'ai bu, je suis allé à l'hôpital pour opérer quelqu'un parce que j'en étais capable. Et une infirmière m'a balancé, donc je suis radié, j'ai plus le droit de m'approcher d'un hôpital." Ah, effectivement. Lola baissa les yeux, car le faux sourire de Yele faisait plus mal encore que tout son récit. Elle détestait la tristesse et le cynisme qui s'extirpaient de lui, sinueux serpents qui dévoraient son âme. Un Serpentard jusqu'au bout.

"Yele, je..." Mais il ne la laissa pas finir, car il repartait dans son histoire, et c'était de pire en pire, un cauchemar : "Je joue au poker aussi, et j'ai plus d'appartement ni de voiture depuis quelques mois maintenant. Et Chloe se tape mon frère, et toi t'es là et t'as quelqu'un et…" Elle ferma les yeux. Ca n'avait aucun rapport. Il ne pouvait pas mettre sa tristesse sur ses épaules à elle, puisqu'il n'était pas au courant jusqu'à il y a quelques minutes. Elle ressentit en revanche de la fureur envers Chloé d'avoir autant maltraité un être qui méritait tellement mieux. Il avait dû se sentir détruit, trahi. Son frère était le seul membre de sa famille dont il parlait, et même lui n'avait plus sa place dans sa vie. Lola soupira. Il y avait tant à dénouer. Elle avait promis un jour qu'elle ne l'analyserait jamais, mais il était peut-être temps de faire une entorse à ce programme.

"Donc tu vas me laisser boire ce putain de café." Elle grimaça. Son envie de dégommer la tasse était forte, mais il s'éloignait, il était rapide, et elle était figée sur place. "Ton major de promo est mort le jour où t'es sortie de son appartement." Et il claquait la porte, ce fou, et sortait avec son alcool, et Lola sentait qu'elle allait crier de nouveau, parce que c'était fort de dire que c'était lui qui était mort le jour où elle était partie, comme si elle avait demandé à partir, comme si c'était elle qui avait imposé cette décision. "T'es gonflé", soupira-t-elle en sortant après lui et en s'asseyant sur les marches à côté de lui. Elle n'avait pas la force de maintenir une distance. Elle n'avait pas la force d'aller se tenir debout devant lui, comme une adulte face à un enfant assis. Elle n'avait pas la force de faire semblant qu'ils ne tenaient pas l'un à l'autre quoi qu'il arrive, même après des années de silence. "Et je suis désolée pour toi. Je ne le dis pas avec pitié, je te rassure. Je suis juste furieuse que t'aies dû vivre autant de trucs nuls alors que tu mérites tellement mieux." Elle se tourna vers lui, dans le silence qu'ils maintenaient, et se permit un : "T'as pas oublié que t'es le meilleur, hein ? Que les autres ne devraient pas pouvoir fouler le même sol que toi ? Tu t'en souviens ?"

Et elle luttait contre les larmes de le voir si défait, et elle se leva soudainement, descendit les marches, toucha à peine le trottoir qu'elle faisait les cent pas de nouveau. Il y avait trop d'émotions et de pensées, et elle devait démêler le passé du présent, trouver ses marques, de nouveaux repères. "Okay, c'est quoi la prochaine étape ? Un salaire, non ? Pour un appartement, faut un salaire. Je peux te laisser dormir chez moi et j'irai squatter chez...", elle s'arrêta net, il détesterait la fin de sa phrase et elle ne cherchait pas à le couler plus que ça, "... enfin, je trouverai où dormir. Comme ça t'as un appart, déjà. Temporaire, mais voilà. Faut que je demande à Auden, ceci dit, je ne sais pas s'il sera d'accord. Ah mais en fait, je suis con, on a une troisième chambre libre, bon faudrait que tu rencontres Itziar et qu'elle soit d'accord, mais techniquement si elle veut bien, tu pourrais emménager. Ce qui ne résoud pas le problème du salaire, parce que tu devras quand même payer le loyer." Et elle se tourna vers Yele, et ne put s'empêcher de rire. C'était incongru de rire à ce moment-là, certes, et peut-être pas très délicat, mais c'était absurde, quand même, non ? Elle s'emballait comme une toupie et il fallait qu'elle arrête de vouloir remonter la vie de Yele comme si c'était des Lego. "Je suis désolée, quand je panique tu sais que je me mets à chercher des solutions partout et je dis n'importe quoi. C'est ta vie. Je me tais. Toi, t'aimerais faire quoi ?"

@Yelahiah Blythe

Il parle, trop, trop vite, trop longtemps, trop proche d’elle. Il respire à peine, s’accroche à son regard parce que c’est la seule chose qui lui permet de ne pas partir en vrille et détruire tout ce qui se trouve sur son passage pour le moment. Il raconte tout, pourquoi est ce qu’il fait ça ? Il ne l’a dit à personne tout ça. Ginny est plus ou moins au courant, mais c’est tout. Pourquoi il s’ouvre comme ça alors qu’elle a bien mieux à faire ? Parce que c’est Yelahiah et qu’il ferait tout pour la garder auprès de lui autant qu’il le peut. Ils se sont perdus si longtemps de vu, que cette rencontre l’énerve autant qu’elle la rend heureux. Et Yele heureux, c’était pas arrivé depuis un bout de temps. Mais il le cache le côté heureux là quand il veut uniquement être froid parce que ça l’énerve qu’elle soit passé à autre chose. C’est terriblement égoïste n’est ce pas ? Et oui, c’est Yelahiah Blythe.

Il s’éloigne d’elle tant qu’il est encore temps. Il prend sa tasse de café et compte bien la boire vite pour qu’elle n’ait pas l’occasion de jeter le liquide ambré une nouvelle fois. Elle s’assoie à côté de lui, elle réduit la distance qu’il avait imposé et il n’imposera plus aucune distance si elle compte rester là. Il ne la regarde pas mais il l’écoute. Il fronce le nez en buvant une longue gorgée de café aromatisé. Et il sourit légèrement quand il sent qu’elle le connait encore mieux que personne. Elle n’a pas pitié de lui, et ça, c’est étrange. Mais c’est Lola, et ça redonne un léger sourire un peu moins froid au jeune homme. “C’est plus pareil Lola. J’ai dormi dans la rue, j’ai plus un sous, vraiment plus rien.” Il n’a réellement plus rien à part l’aide de Ginny et cette place qu’elle lui a fait dans l’atelier. Et Lola, maintenant qu’elle est là, maintenant qu’elle est revenue dans sa vie par on ne sait quel miracle. “J’aurais tellement aimé que ça n’ait pas changé, que je sois toujours le meilleur, toujours ton major de promo.” Il regarde au fond de son café. Est ce que ça a réellement été sa vie à une période ou est ce que ce n’était qu’un rêve qu’il n’a jamais vraiment réussi à atteindre.

Elle se remet à marcher et son absence laisse un froid sur le bras de Yele. Un froid qui le fait grimacer alors qu’elle commence à faire les 100 pas. Oh elle fait les 100 pas. Oh elle va parler sans s’arrêter parce qu’elle est en pleine réflexion et elle ne contrôle pas ce qu’il se passe dans sa tête. Et déjà il pouffe de rire dans son café alors qu’elle bouge ses bras dans tous les sens. Pourquoi elle continue à vouloir être là pour lui alors qu’il a détruit sa vie il y a quelques années et que l’égoïste qu’il est aurait envie qu’elle revienne vers lui ? Il secoue la tête, il ne dit rien. Et le café est fini. Ses dents se serrent, elle n’ira squatter chez personne, et il dormira dans la rue pendant les 10 prochaines années si c’est pour être sûr qu’elle dormira seule dans son lit tout ce temps. Ses yeux s’arrondissent et il la fixe quand elle lui propose un appartement. Un appartement où elle vit elle-même ? C’est étonnant mais l’idée est plaisante. Il réfléchit, et l’écoute jusqu’à la fin sans dire un mot. Il s’est détendu Yelahiah, elle avait ce don Lola, c’était la bouffée de positivité et de sourire qui entourait le monde. “Oui je sais, je vois que toi tu changes pas.” Et pourquoi cette nouvelle est terriblement rassurante ? “Ginny m’a posé la même question.” Et il n’a pas su quoi répondre. Mais il a commencé à faire des recherches, de vraies recherches pour trouver des idées. Il capte son regard. “Un appartement ce serait le premier truc à trouver. Et ton idée me plaît bien.” Mais ça elle le sait déjà c’est certain. “J’ai encore quelques économies sur un compte.” Pour quelques mois de loyer peut-être. Le peu d’argent qu’il a promis de ne pas mettre dans les jeux. “Pourquoi tu fais ça ?” Pourquoi tu m’aides autant ?

"C’est plus pareil Lola. J’ai dormi dans la rue, j’ai plus un sous, vraiment plus rien." "Okay, j'ai pas mal de questions à ce sujet, mais pour ne pas passer pour un être complètement insensible, je te les poserai plus tard." Et elle fit un grand sourire, car c'était clairement le moment pour faire des plaisanteries. "J’aurais tellement aimé que ça n’ait pas changé, que je sois toujours le meilleur, toujours ton major de promo." "C'aurait été bien, hein ? Si t'avais pas été fasciné par la poitrine de Chloé et tout ça, et tout ça", tenta-t-elle, avant d'ajouter, avec une grimace souriante, "Too soon ?"

Et on ne l'arrêtait plus d'essayer d'améliorer son humeur. Tout pour qu'il arrête de boire le matin. Tout pour qu'il arrête de considérer qu'il avait perdu à la loterie de la vie. Il méritait mieux que de rendre son café un peu plus intéressant et un peu moins caféiné. Et des solutions, il y en avait, ils en trouveraient, même s'ils n'étaient plus un couple, même si tout était compliqué parce qu'il revenait au mauvais moment. Elle finit cependant par s'arrêter, et vit que Yele souriait : c'était déjà ça de gagné.

"Oui je sais, je vois que toi tu changes pas." "Jamais, mon capitaine", elle réfléchit une seconde, "mais un peu quand même", sinon elle n'aurait pas exposé, sinon elle n'aurait pas crié sur Yele dix minutes auparavant, elle grandissait. "Ginny m’a posé la même question." Le sourire de Lola se fit radieux à l'idée qu'elle se rapproche un peu de son idéal, de son rôle modèle. Bon, elle ne ratait pas tout dans la vie, alors. Même si, techniquement, elle n'avait toujours pas été s'excuser auprès de ce fameux rôle modèle. Je vais l'appeler, se dit-elle pour la centième fois.

"Un appartement ce serait le premier truc à trouver. Et ton idée me plaît bien." Lola se figea sur place, et c'en était comique tellement elle ressemblait à un portrait égyptien, de profil, les yeux vers Yele. Elle avait lancé ça comme ça, comme on parlait de prénoms de bébé sans vraiment en vouloir, juste parce que c'était une possibilité infinitésimale. "J’ai encore quelques économies sur un compte." Mais Yele, lui, l'envisageait vraiment, et en parlait avec des mots, et l'espoir revenait sur son visage, et Lola était si soulagée de le voir croire à quelque chose qu'elle calma ses propres inquiétudes. "C'est pas fait encore, Auden et Itziar sont féroces, mais je peux leur demander si t'es sûr de toi."

Et elle savait que la question allait venir, bien sûr qu'elle le savait. "Pourquoi tu fais ça ?" Quant à la réponse, c'était plus compliqué, car Lola n'en savait rien, justement. Elle haussa les épaules. "Parce que c'est toi, je pense." C'était en partie vrai, sans doute. Aurait-elle recueilli n'importe quel SDF alcoolique dans son appartement ? Probablement pas. Elle les aurait redirigés vers les services adéquats. Mais Yele, c'était une partie immense de sa vie et de son passé. "Parce que j'ai envie que t'ailles bien." Ca, c'était 100% sûr et elle n'aurait pas besoin de rectifier. Elle le regarda avec un sourire encourageant.

Comme elle aurait aimé qu'il pose sa tasse et qu'il arrête de boire. "J'ai proposé à un ami de l'accompagner à AA quand il serait prêt. Ca vaut pour toi aussi. Prends ton temps, mais quand t'en auras envie, sache que je suis là. Je connais les meilleures réunions de la ville, ils ont de ces cookies, je te raconte pas." Bon, certes, c'était elle qui avait amené les cookies, et certes elle y était allée pour accompagner quelqu'un, pas pour partager elle-même, mais c'était quand même super sympa.

@Yelahiah Blythe

Elle détend l’atmosphère, et elle est vraiment une bouffée d’air frais. Un point d’ancrage positif qu’il ne veut plus perdre maintenant. Vraiment. “C’est moi le mec complètement insensible.” Il hoche la tête, et elle est là la relation qu’ils ont toujours eu. La relation où ils disent n’importe quoi et changent de sujet à la seconde. “J’écoute tes questions, quelles qu’elles soient.” Il hoche la tête, levant la main droite comme pour promettre qu’il ne s’énerverait plus. Il ne peut pas être énervé longtemps contre elle de toute manière, alors il sourit, et il va vraiment essayer de ne plus s’emporter. Contre elle du moins. Les yeux de Yele s’arrondissent et il manque de recracher son café sur le trottoir. Elle joue déjà avec ça et il ne saurait pas dire si c’est rassurant ou terrifiant. “Ok tu marques un point.” Elle tourne un peu la tête vers lui et il ne perd pas une occasion de croiser son regard. “Too late.” Il aime jouer aussi, depuis quand il arrivait à plaisanter sur Chloe ? Mais elle aurait pu sortir une telle phrase il y a des années déjà, donc elle était vraiment assez en retard.

“Oui je vois que t’arrives à crier un peu c’est… étonnant.” Ok l’ambiance était clairement plus détendue puisque l’un et l’autre s'autorisent à faire des plaisanteries malgré la tension ambiante quelques minutes auparavant. Elle a failli partir, il a failli partir. Mais cette fois, les deux sont restés. C’était peut-être ça la bonne décision. Son sourire s’agrandit quand elle entend le nom de Ginny. “Ton ange gardien hein ?” Il reprend ses mots, ce qu’elle lui a dit quand ils étaient encore à l’intérieur.

Elle marche, elle propose des tas d’idées. Et il ne peut qu’être attendri par tant d’efforts. Même lui ne fait pas autant d’efforts pour sa propre vie. Elle voulait encore tout son bien, alors qu’elle pourrait vouloir la maudire jusqu’à la fin des temps. Mais elle a un bon fond Lola, une personnalité bien meilleure que la sienne. Et c’est pour ça qu’il devrait s’éloigner et ne plus jamais la voir, pour ça aussi qu’il reste accroché à elle et qu’il ne veut plus jamais passer autant de temps sans la voir. Les idées de Lola s’ancrent dans la tête de Yelahiah, elle le sait que c’est enregistré dans son cerveau. “Tu peux leur demander et on avisera après.” Oh ce on n’est peut-être pas très bon. Mais c’est elle qui a eu l’idée, et lui qui l’a accepté à demi mot.

Il la pose la question, celle qui trotte dans sa tête à chaque fois qu’il la voit faire un pas de plus pour réfléchir à comment lui sauver la vie. Parce que c’est clairement ce qu’elle essaie de faire. Elle essaie d’attraper chacun des morceaux de sa vie, de son âme et de son coeur pour les recoller. Il soupire, il n’a pas parlé très fort pourtant, mais elle a entendu. Et la réponse le fait sourire de plus belle. “Oh je suis privilégié ?” Un sourcil se hausse quand la réponse lui va à ravir. “Je vais pas mal, je suis juste pas dans ma meilleure passe.” Vivre dans le déni c’est sympa non ? Et tant qu’il ne se l’est pas avoué à lui même il croit encore un peu à ses mensonges. Mais il ment toujours aussi mal, et il n’aime toujours pas ça. Elle ne peut pas tout mettre en pause dans sa vie pour lui. “Est ce que tu vas vraiment bien ? Parce que, c’est beau d’essayer de te concentrer sur moi, mais je veux la vraie réponse.” Il ne sait pas si elle lui a déjà dit la vérité, c’était bien plus froid quand il a posé la question. Elle parle des alcooliques anonymes, et il ne s’énerve pas. Mais il n’est pas prêt à affronter cette réalité. “Dans tes rêves.” Il gère, il l’a dit non ? La tasse de café est vide d’ailleurs. “Je suis sûr que c’est toi qui as fait les cookies en plus. C’est un scandale que t’en fasses pour une réunion et que moi je sois obligé de manger des cookies en boite.” L’humour c’est la meilleure des armes. Et la façon dont elle essaie de vendre les supers cookies de la réunion, c’est soit qu’elle veut vraiment qu’il y aille, soit que c’est elle qui les a fait.

En moins d'une heure, Lola et Yele avaient retrouvé des habitudes vieilles de plusieurs années. Ils étaient passés par la stupeur, les hurlements et la serpillière, pour en arriver finalement aux plaisanteries qui leur allaient le mieux. "Oui, ça on le sait que t'es insensible, t'es pas Serpentard pour rien." Et Lola faisait mine de grimacer à la mention de cette maison de Poudlard qu'elle ne respectait pas du tout. Elle avait d'ailleurs beaucoup réfléchi à la question depuis et avait deux-trois choses à lui dire. Mais ce n'était probablement pas le meilleur moment. "Question un : est-ce que t'arrivais à prendre des douches ou est-ce que tu puais ? Si tu puais, est-ce que tu sentais que tu puais ? Question deux : est-ce que tu t'es fait des amis SDFs ? T'as du mal à te faire des amis d'habitude, mais peut-être qu'entre marginaux..." Elle leva les bras comme pour se protéger d'une éventuelle attaque. Mais elle fut très vite rassurée de voir qu'il plaisantait lui aussi sur Chloé, et que finalement, ils retrouvaient leur humour plus vite qu'on ne retrouve ses clés dans son propre appartement.

"T'as vuuuuu, c'est la première fois que j'essaye de crier, tu trouves que j'ai bien réussi ? Genre tu me donnerais quoi comme note ?" Et c'était l'entière vérité : elle n'avait encore jamais crié sur personne, et elle n'aurait jamais cru que ça tomberait sur Yele - mais ça faisait sens, après tout ce qu'ils avaient vécu. Elle ne pensait pas que ça se reproduirait de si tôt, ceci dit, ce n'était pas aussi agréable que ça n'en avait l'air. "Mon ange gardien, oui, c'est elle qui m'a donné ce travail à la galerie. T'imagines ? Je travaille dans l'art, maintenant", et ses yeux brillaient de joie.

Quant à l'appartement, Lola acquiesça. Elle demanderait... lorsque les relations avec Auden seraient rétablies, ce qui était loin d'être le cas. Mais elle ne voulait pas penser à ça tout de suite. Il lui avait ébouriffé les cheveux à la galerie, et c'était tout ce qu'elle demandait pour le moment : elle se contentait de peu, la gamine. Et puis, il y avait des sujets plus importants pour le moment : Yele ramenait sur la table des questions complexes, avec des réponses difficiles aussi, mais immédiatement, il raillait et elle souriait. "Oui, tu es privilégié, et tu devrais t'estimer heureux, autant que Dobby quand il est libéré", et elle les voyait encore en train de crier dans la rue le soir I'm freeeeeeee juste après avoir revu le film une énième fois. "Tu vas carrément mal, Yele. Sur une échelle de mal à bien, t'es en-dessous de tout. Mais t'inquiète, ça va aller." Il avait raison, finalement, lorsqu'il avait dit qu'ils ne se mentaient pas entre eux : la vérité sortait comme un boulet de canon, et il n'avait plus qu'à esquiver s'il ne voulait pas se le prendre de plein fouet. Elle souriait, ceci dit, car elle était remplie d'espoir et qu'il commençait à le ressentir, lui aussi.

En revanche, elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il lui retourne la question, et elle resta muette un instant. Puis un autre. Puis un autre. "Bah, je... oui, enfin... parce que..." Essayait-elle d'aider Yele pour fuir ce qui la tracassait ? Mais qu'est-ce qui la tracassait exactement ? Ca faisait quelques jours qu'elle était angoissée en permanence, certes, mais elle ne savait pas d'où ça lui venait. Il allait falloir qu'elle y réfléchisse et qu'elle fasse le point. "Je ne sais pas trop, en fait", et elle se réinstalla à côté de lui, coude sur le genou, tête sur la main. "Je vais y réfléchir et je te dirai un autre jour", ajouta-t-elle, et c'était sa façon à elle de dire qu'ils avaient le temps.

Elle changea le sujet vers les réunions AA, et il eut la réaction à laquelle elle s'attendait : un refus catégorique, et une dérive humoristique. "J'ai pas fait les cookies, mais j'avoue je les ai achetés dans une pâtisserie trop, trop bonne qui a ouvert à côté de l'hôpital." Le magasin avait ouvert quelques mois après la rupture, et Yele ne le connaissait donc pas encore, mais Lola se faire un plaisir de le lui faire découvrir un jour. Cela étant dit, il allait falloir poser quelques règles de base, de formalité. "Bon, mon numéro est le même, mais pas de textos pendant la nuit, parce que la nuit je dors, et pas de blagues dégueu, parce que sinon je serai triste. Okay ?" Elle regarda l'heure sur son portable et soupira. "Il faut vraiment que je me mette au travail, maintenant. Ca va aller, toi ? Tu vas faire quoi aujourd'hui ?"

@Yelahiah Blythe

Et là c’est vraiment comme si ils étaient projetés des années en arrière. Parce qu’en quelques minutes plus rien n’est bizarre, tout est comme avant à quelques détails près. Un détail non négligeable et qu’il ne peut pas se lever pour la prendre dans ses bras ou l’embrasser, et ça vous étonnera peut-être, mais là, cette fois, il ne brise pas les règles. “Je suis un Serpentard pour toujours tu le sais.” La meilleure maison de tous les temps. Il ne changera d’avis pour rien au monde, jamais. “Alors déjà, je pus pas même si je me lave pas pendant des mois.” Mais il avait toujours trouvé un moyen d’aller dans l’appartement d’une connaissance de soirée pour prendre une douche. Il devait être irréprochable Yelahiah, physiquement parfait, même si il n’avait plus de voiture ni d’appartement. Il hausse un sourcil alors qu’elle lève les bras, elle n’est pas gênée, et elle lui pose des tas de questions que d’autres n’auraient pas osé poser. “J’ai rencontré une fille qui vivait dans sa voiture, et elle m’a donné pleins de conseils pour survivre en milieu hostile.” Il n’avait pas l’habitude de tourner ce sujet à la rigolade, mais ça faisait beaucoup de bien.

“Mmmmh j’aurais mis la moyenne. T’es pas restée énervé assez longtemps.” Il garde l’air le plus sérieux qu’il a en banque, comme si il était vraiment en train de la noter pour quelque chose d’important. “ça y est t’as réussi ! Je suis content pour toi, vraiment. Ils sont beaux tes dessins.” Et il dit ça parce qu’il a passé des heures et des heures à poser pour elle, et toutes les autres heures il les passait à la regarder dessiner sans trop lui poser de questions. Elle a toujours la même lueur dans le regard, elle rayonne Lola quand elle dessine.

Il secoue la tête, ils adoraient donner des références d’Harry Potter pour chaque sujet. Harry Potter leur sauvait la vie à de nombreuses reprises quand ils voulaient parler en langage codé. “I’m FREEEEEEEEEE” oui il crie au milieu de la rue parce qu’il sait que ça va la faire rire. Et il l’a la référence, avec tous les souvenirs qui vont avec. Et c’est lui qui pouffe de rire quand elle est honnête à 100%. Ca se voit tant que ça qu’il est au plus bas ? “ça se voit vraiment ou y’a juste toi qui le vois ?” Elle peut en voir des choses la brune, des choses qui sont invisibles au reste des êtres humains. Et il lui demande comment elle va. Elle va être honnête, ils ont besoin d’honnêteté. Et elle ne peut pas lui mentir alors qu’il vient de lui balancer tout un pan de sa vie. “Un autre jour ça me va.” Parce que ça veut dire qu’elle veut le revoir. Qu’ils vont se revoir. Et ça ça lui redonne le sourire. Et ils ont le temps, ils ont vraiment tout le temps qu’ils veulent.

Des cookies, Yele a encore faim. Il va certainement aller finir le paquet de cookie qu’il a entamé si Lola ne le fait pas avant lui. “Tu m’emmèneras ou je dois trouver l’adresse tout seul ?” Elle s’est rassise à côté de lui et il s’autorise à la bousculer légèrement par l’épaule. Elle a le même numéro, numéro qu’il n’a jamais supprimé. “La nuit c’est de quelle heure à quelle heure ?” Parce qu’il allait forcément lui envoyer des textos pendant la nuit parce que lui vit quasiment que la nuit. Elle doit travailler, et il doit juste vivre une journée de plus. Mais il risque de rester plus longtemps que prévu dans la galerie. “Je peux te regarder dessiner en cachette. Je peux retourner dormir dans l’atelier de Ginny. Ou je peux t’harceler de textos pour t’empêcher de travailler. Mais pour l’instant je vais finir les cookies sans t’en laisser un seul.” Et le voilà qui se lève pour entrer dans l’atelier avant elle.

Lola riait de l'attachement de Yele à sa maison ; il n'y avait vraiment pas de quoi être fier. "Je reste convaincue que t'es un Gryffondor caché", car il avait un grand coeur et beaucoup de courage, derrière ses apparences de premier de la classe je m'en foutiste. Elle l'avait vu, le vrai Yele, derrière la porte fermée de l'appartement qu'ils partageaient trop de soirs par semaine, lorsqu'il révisait et qu'elle l'observait du coin de l'oeil tout en finissant un livre de Jung. Il avait accepté de réviser avec elle les différents archétypes juste parce que ça la passionnait, et un Serpentard n'aurait jamais fait ça.

Son rire ne fit qu'augmenter lorsqu'il parla de son odeur corporelle. "Alors, je te rappelle qu'on a fait du jogging ensemble", une seule fois, c'était atroce, ils avaient les poumons en feu, "et tu puais avant la douche, c'est pour ça que je t'ai poussé dedans aussi violemment", et pas du tout parce qu'elle avait eu envie de le voir nu. Elle se mit à rougir stupidement. Ca n'avait aucun sens de rappeler ce souvenir, en fait, mais c'était à cause de la puantueur, là, c'était pas ce qu'elle voulait dire, pourquoi tout s'emmêlait comme ça ? Ca s'emmêla encore plus lorsqu'il parle d'une complice de vue de rue. "Une quoi ?" Elle savait très bien qu'il avait dit fille, mais elle allait avoir besoin de précisions, quand même. "Non, tu sais quoi, me dis pas, ça va m'énerver." Et son rire repartit de plus belle. Elle n'avait aucun droit de possessivité sur quelqu'un qui n'était plus qu'un ex d'il y a longtemps.

"Arrrrrrrrête, ça vaut plus que la moyenne pour une première tentative, il y avait de l'effort dans le volume et les gros mots. Bon, la durée, pas top, mais ça arrive aux meilleurs d'entre nous", et ses yeux s'écarquillèrent, mais Lola, arrête-toi, pour l'amour du ciel, car clairement c'était une plaisanterie à caractère sexuel, et elle avait envie de se taper la tête contre une armoire comme le faisait Dobby... que Yele imitait à la perfection. "I'm freeeeeeeeeee", le copia-t-elle joyeusement.

"Il y a que moi, t'inquiète, tu fais toujours bonne figure", elle le regardait de haut en bas, vérifiant les détails, les coins, oui, tout allait bien. Et ils souriaient à l'idée de se revoir un autre jour, parce que malgré tout, maintenant qu'ils s'étaient retrouvés, ils ne se lâcheraient plus. La question serait de déterminer ce qu'ils deviendraient. Lola espérait qu'une amitié serait possible, mais elle avait du mal à imaginer ce que ça donnerait. Ils n'avaient jamais été amis, ni avant de coucher ensemble, ni après, donc c'était un terrain complètement inconnu et inexploré. Peut-être qu'ils pourraient se voir et discuter sans étiquette, juste deux êtres humains qui ont tenu l'un à l'autre pendant assez longtemps pour que l'affection perdure.

"La nuit, c'est de 20h à 8h, gros malin", et elle tira la langue, car elle le voyait venir, sa triche, à mille kilomètres, "et pour les cookies, on verra, je sais pas encore si tu mérites cette pâtisserie, c'est un honneur immense." Et surtout, elle y était souvent. Déjà qu'il était à la galerie, s'il commençait en plus à se pointer dans son lieu de pause d'hôpital, ce serait une invasion alien. Son programme de la journée la fit mourir de rire, et il prit donc une avance injuste en se jetant dans la galerie pour finir les cookies. Elle resta là à rire comme une débile, puis ses sourcils se froncèrent : je suis dans la merde. Elle dormait chez Grace, ce soir-là. Elles allaient avoir de quoi discuter. Ca allait être sympa.

Elle finit par entrer et se remettre à son bureau pour travailler. Yele l'embêta quelque temps, mais alla dormir finalement. Et la journée suivit son cours, pareille aux autres journées, mais si différente pourtant.

@Yelahiah Blythe

- the end.