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 LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU

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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyMer 29 Avr 2020 - 18:04

THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
EXORDIUM.

Imperceptibles. Les tiquetés de l’horloge murale accrochée dans la salle d’attente de l’hôpital auraient dû l'être. Ils n’étaient pas supposés résonner dans ma tête. Il y a trop de bruits et pourtant, ils supplantent les cris du bébé, les rires des enfants s’amusant avec les Lego mis à leur disposition – derrière l’une des trois portes se cachent un pédiatre visiblement – et les répliques agacées de la part masculine du couple non loin de moi. “Que se disent-ils ? “ aurais-je pensé en temps normal. Je crois même que je les aurais espionné tant ma curiosité est malsaine et maladive. Or, aujourd’hui, je ne me reconnais pas. Je n’arrive pas à me concentrer sur leur éclat de voix. Je n’’entends que ce TIC TAC obsédant qui menace de me rendre fou. Je n’ai pas envie d’être là. Je n’y ai pas ma place, je vais bien et je regrette d’être resté pantois et muet devant mon boss. C’est à cause de lui que j’ai été forcé de prendre rendez-vous avec un psychologue, un autre que celui des services de police. Lui, il était hors de question que je le rencontre à cause de l’image que j’aurais renvoyée à mes collègues. Je ne suis pas un faible. Je suis apte au travail. Je le sens dans mes tripes et sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai éteint le feu de mes arguments avant qu’il ne quitte ma bouche. Il est intransigeant, le patron. Je n’aurais rien gagné à discuter sa décision à part lui servir de paratonnerre. Ses foudres se seraient abattues sur moi avec violence et il aurait retardé l’heure de ma réhabilitation. Alors, quoique j’aie négocié le médecin qui serait en charge de mon dossier, je me suis exécuté à l’instar d’un petit soldat obéissant. “Tout sauf la circulation“ me suis-je répété comme un péan alors que je prenais la route pour l’hôpital. Tout, mais l’épreuve me semble incoercible et j’en viens à me demander si la punition n’est pas plus terrible que de retrouver l’uniforme. Que vais-je lui dire, à cette Whitemore ? Comment va-t-elle m’aborder ? Va-t-elle me demander de m’allonger dans un fauteuil afin de me mettre à l’aise et de favoriser un échange ? Va-t-elle, comme dans les films, griffonnés des dessins enfantins sur son calepin sans m’écouter vraiment ? Autant je m’opposerai à ma première hypothèse, autant pourra-t-elle se découvrir des talents artistiques que je n’en aurai cure. Je sais par avance comment je vais réagir. Borné, je lui chanterai quelques banalités d’usage à propos de mon accident. Je lui raconterai les faits sans fanfaronner et j’ajouterai que, depuis lors, je ne me sens ni invincible ni le contraire, que je ne suis pas frileux à l’idée que de tels faits se reproduisent. J’ai toujours mesuré les risques de mon métier. Je l’ai choisi en toutes connaissances de cause et il n’a jamais été un frein à mon ambition. Ainsi ai-je puisé dans cette certitude de quoi rester vissé à ma chaise et chasser l’envie saugrenue de me barrer avant que la porte ne s’ouvre et que mon nom de famille soit formellement scandé en guise d’invitation à une heure de supplice.

Une heure, c’est long quand le temps s’étire. Ça l’est d’autant plus que la ponctualité n’a jamais étouffé les services publics. “Dix minutes. J’attends encore dix minutes et je me barre“ ai-je songé en rabotant les quinze habituelles dites académiques. Ça m’a paru une éternité et, comble de malchance, c’est au moment même où j’ai quitté mon siège de métal – le summum de l’inconfortable – que mon patronyme a ricoché contre les murs carrelés de blanc. Tous les regards se sont tournés vers moi comme si la sacro-sainte étiquette des serveurs de fast food était épinglée sur ma poitrine côté cœur. Et parlons-en ! Il s’emballe et dans une réflexe somme toute stupide, j’ai imité la plèbe en regardant autour de moi en quête du dénommé Loris. « Ce n’est pas moi. » ai-je menti sans honte, les mains levées en reddition. « J’ai rendez-vous là, moi. » Mon ultime tentative de dérobade s’est vautrée alors que je détaillais la spécialité du médecin dissimulé dans son bureau. Un chiropracteur. Un putain de chiropracteur. Autant dire que la querelle du couple a fait sens. « Ouais. Ok. C’est moi. » Mal à l’aise au possible, je me sens mal dans mes fringues et dans mes converses. D’instinct, ma main a glissé derrière ma nuque et j’ai souri, bêtement, presque béatement, parce que la grimace est le remède à tout. Je l’ai accompagné d’un signe de la tête en emboîtant le pas à cette brune au visage familier. Je l’ai déjà vue. J’en suis convaincu. Je n’ai pas couché avec elle en revanche. Je m’en souviendrais et, étonnamment, ça m’arrange plutôt bien. Je ne tiens pas un tableau de chasse, mais j’aurais été embêté plus encore d’avoir à lui expliquer que je ne l’ai jamais rappelée. « On se connait, non ? » ai-je cependant demandé pour détourner son attention de mauvaise blague, preuve de cette lâcheté qui n’aura plus court. La porte est fermée : je suis pris au piège.

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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptySam 2 Mai 2020 - 10:14



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Hannah avait été relativement étonnée de recevoir un dossier externe à celui du service de l’hôpital sur son bureau quelques jours auparavant, étant donné que le patient était un membre actif des services de police de Brisbane. Loris Baumann. Ce nom lui était familier, et pour cause ; ça n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient. La brune avait été présente lorsqu’il avait été blessé par balle quelques mois auparavant et si elle avait été responsable de son dossier pendant un temps, la police avait eu vite fait de remettre tout ça en interne. Elle n’y avait plus pensé depuis, mais maintenant qu’elle analysait ce qu’elle avait sous les yeux, le médecin se rendait compte qu’il travaillait dans la même brigade que Nate. Se connaissaient-ils ? Sa relation avec le policier en était à ses prémisses, et si le travail occupait une grande partie de leur vie, ils essayaient néanmoins d’en parler le moins possible afin d’apprendre à connaître la personne qu’ils étaient derrière l’uniforme. Chose qu’Hannah regrettait légèrement à présent, car elle se retrouvait avec quelques interrogations auxquelles elle n’obtiendrait pas de réponse dans l’immédiat, peu désireuse de déranger Nate pour si peu. Et il était évident qu’elle n’interrogerait pas Loris à ce sujet… Quoique. Plissant les lèvres, la brunette avait analysé le peu de détails qu’on avait accepté de lui fournir, notamment sur les états de service du policier avant sa reprise au sein de la brigade, puisque c’était de ça qu’il était question. Apparemment, son chef remettait quelque peu en question sa présence sur le terrain, raison pour laquelle il avait demandé une évaluation psychologique. Hannah ne comprenait pas vraiment pourquoi le dossier était une nouvelle fois remis entre ses mains alors que la police avait suffisamment de médecins compétents en service, et à cela elle n’avait pas vraiment reçu d’explication satisfaisante. La brunette n’aimait pas vraiment lorsqu’il y avait des trous dans l’histoire, mais elle ferait avec pour l’instant. Ils voulaient une évaluation, elle allait leur en donner une. Ce n’était pas comme si son emploi du temps était assez chargé de toute façon, pensa-t-elle avec ironie en replaçant le dossier sur un coin de son bureau. Le rendez-vous avait été fixé sur son heure de pause, ne lui laissant aucun répit jusqu’à l’heure dite alors que l’aile psy de l’hôpital était surbookée – à croire qu’ils s’étaient tous donnés le mot. Cette surcharge de travail, couplée à l’absence de deux éducateurs qui avait totalement bousillé le planning horaire de la semaine, avait fait prendre un retard considérable à la jeune femme qui ouvrit finalement la porte en remettant une mèche de cheveu en place, hésitant entre prononcer son nom ou courir en sens inverse pour aller se chercher un café avant de commencer. Elle était déjà sacrément en retard, ça n’était pas ça qui allait changer grand-chose, pas vrai ? « Loris Baumann? » Foutue conscience professionnelle. Son regard étudia les différentes personnes qui attendaient dans le couloir, se posant enfin sur le brun qui était debout et qui semblait prêt à prendre la tangente. « Ce n’est pas moi. » La jeune femme haussa un sourcil dans sa direction. Cela aurait pu fonctionner, si seulement elle ne savait pas à quoi il ressemblait. « J’ai rendez-vous là, moi. » Le regard d’Hannah suivit la direction de celui de Loris, les deux convergeant vers la plaque du chiropracteur que le brun se vantait d’aller voir. Amusant. La brunette se fendit d’un sourire tandis qu’il semblait au comble du malaise, réalisant doucement que sa tentative de fuite était avortée par manque d’excuse digne de ce nom. « Ouais. Ok. C’est moi. » Sans blague. « Suivez-moi. » Lança-t-elle en tournant les talons pour revenir dans son bureau, se retenant de laisser échapper un petit rire face au ridicule de la situation. Il était nécessaire qu’elle conserve un air professionnel, même si sa tête en découvrant la plaque du médecin d’en face avait tout simplement été impayable. Loris la suivit de près et elle referma la porte derrière lui, ayant retrouvé son masque de gravité habituel – celui qui seyait à tous les médecins. « On se connait, non ? » Ah. Il était physionomiste, à défaut d’être doué pour se sortir des situations malaisantes. Esquissant un petit sourire, elle se tourna vers lui pour lui tendre la main. « Hannah Whitemore. On s’était déjà vu lorsque vous aviez été blessé par balle. Et maintenant… » Elle s’avança vers son bureau pour s’emparer de son dossier avant de revenir vers lui, lui indiquant d’un geste qu’il pouvait s’assoir sur le divan. « … C’est moi qui suis supposée vous déclarer apte à revenir sur le terrain. Je ne suis pas bien sûre du pourquoi, d’ailleurs. » Elle releva les yeux vers lui, haussant un sourcil perplexe. « Vous ne vouliez pas garder ça en interne ? » Parce que d’habitude, tout se réglait avec les professionnels avec lesquels la police travaillait, ce qui suscitait une pointe de surprise chez la brune. Elle s’installa à son tour, face à lui, détaillant ses expressions tandis qu’elle entrait dans le vif du sujet. « Vous comptiez me faire faux bond ? » Ce n’était pas comme si son petit stratagème avait fonctionné, pour le coup.  

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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptySam 2 Mai 2020 - 14:54

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EXORDIUM.

Je ne suis pas le roi des menteurs. S’il m’arrive d’en distribuer, c’est que la fin – m’extirper d’une situation gênante - avait forcément justifié ce déploiement de moyens. Toutefois, tandis que je pénètre dans le bureau du médecin et que la porte se referme sur les regards de la patientèle consternée, je me dis que cette fois, ça n’en valait pas la peine. Non seulement, je suis désarçonné et, qui plus est, le jeune docteur Whitemore n’a rien de la mégère que je m’étais imaginé, De mémoire d’homme, je n’ai pas souvenir d’avoir déjà croisé jeune femme aussi charmante. N’ai-je pas là de quoi regretter ma tartuferie ? N’est-il pas surprenant que je ne me souvienne plus, avec précision, du jour et de l’heure où je l’ai rencontrée pour la première fois ? Un tel visage ne s’oublie pas normalement, pas plus que son ce sourire, esquissé plus tôt, qui dévoila des dents parfaitement rangées et d’une blancheur immaculée. La question se pose là, entre nous et dans ma tête et je suis entêté, à mes heures. Je suis borné au point de faire fi du cocasse au profit d’une indiscrétion. « C’est ça ! » me suis-je exclamé alors que les pièces du puzzle se reconstituent doucement. Mes nuits étaient agitées de cauchemars. Mes constantes étaient faiblardes et je me bornais à refuser l’opération préconisée par les chirurgiens. Par souci de bien-faire, ils m’avaient envoyé la dite Hannah dans l’unique but de m’aider à accoucher de mon traumatisme présumé et de m’inciter à la confiance envers les compétences de l’équipe. A l’époque, je m’étais tiré d’affaires en promettant que j’allais bien, que j’étais entouré par mes proches, en particulier par Leah, mais que j’y réfléchirais tout de même. J’ai fait, sans grand succès. Je n’ai pas envie de passer sur le billard et d’y gagner davantage d’emmerdes. A quoi bon être charcuté si c’est pour ressortir de la salle d’opération plus cabossé encore. « Juste. Je me rappelle. » En d’autres circonstances, j’aurais versé dans la flatterie. Je me suis abstenu de peur d’alourdir mon cas. En matière de ridicule, j’ai assez donné pour aujourd’hui. « Et, c’est à mon tour de vous éclairer. Je n’ai pas voulu rencontrer le psy du commissariat. Primo, sa tête ne me revient pas. Deuzio, j’ai pas envie que mes collègues se méfient une fois vous m’aurez déclaré apte à revenir sur le terrain. » Je me suis interrompu le temps d’un clin d’œil. « Quant à la raison pour laquelle le dossier est arrivé chez vous, je présume que quand j’ai pris mon rendez-vous. » La mort dans l’âme et plus sympathique qu’une porte de prison, ce qui me ressemble peu. « La secrétaire de l’hôpital a dû s’imaginer que vous étiez ma psy attitrée parce que vous m’avez déjà rencontré. » Sans doute avait-elle, il y a de cela neuf mois, rédigé un rapport à mon sujet.

Avançant plus allant dans son bureau – inutile de prendre racine sur le seuil – j’ai pris place sur le bord du fauteuil qu’elle m’a désigné et, instinctivement, j’ai jeté quelques coups d’œil autour de moi. La décoration de son lieu de travail est somme toute rudimentaire. Pourquoi ? Ne prévoit-elle pas de rester ? A-t-elle d’autres projets pour sa carrière ? Un cabinet privé, peut-être. On raconte que ça coûte cher. A-t-elle les moyens ? Tout occupé avec ma curiosité, j’ai évalué distraitement sa question. J’ai essayé de définir ce qui, entre le mensonge et la vérité, me serait moins dommageable professionnellement parlant et personnellement également. Me prenait-elle pour un lâche ? Un idiot ? Un pauvre type semblable à ces récalcitrants qu’elle est forcée de rencontrer dans le cadre de sa mission au sein de cet hôpital ? Au moins, je ne lui renvoie pas de désespoir au visage, ai-je pensé en soupirant. « Je ne sais pas. Ça apparaîtra au dossier ? » Je la taquine, car nous en sommes toujours à la phrase de présentation. L’entretien n’a pas encore commencé, elle cherche sûrement à écrire la genèse d’une relation de confiance. « Parce que oui, pour ne rien vous cacher, j’allais bien et bien vous faire faux bond et je me suis lamentablement planté. » ai-je confessé avec un sourire, sur les lèvres, mi figue mi raisin. Il oscillait entre l’embarras et l’amusement. « Mais, c’est parce que c’est inutile. Moi, ici, c’est pas nécessaire, même si c’est un vrai plaisir de vous revoir. » Je le pense. Je suis certain qu’en d’autres circonstances, lorsqu’elle est débarrassée de son maque de gravité, elle doit être douce et sympathique. « Je vais bien. Je suis prêt à reprendre. Physiquement parlant, personne ne s’y oppose. » Parce que je mens bien et que les radios ne révèlent pas d’aggravation notoire de mon état. « Je sais ce que vous vous dites… » Nul besoin d’être devin pour dresser des hypothèses valables et convenables. « Que tout le monde vous dit ça, mais je vous assure que c’est vrai. Mon seul problème, c’est de ne pas pouvoir bosser justement. Ça fait trop longtemps. Je rouille. Et vous avez l’air d’avoir pris un peu de retard alors… je me suis dit que j’allais retenter ma chance avec le boss. Pour le convaincre que ce rendez-vous n'était pas nécessaire et laisser ma place à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui en a vraiment besoin.» Je n’ai rien de plus à ajouter. Je répondrai volontiers à ses questions s’il en est, mais à quoi bon ? Tout est dit, non ?

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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyLun 18 Mai 2020 - 6:25


   
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Ce n’était guère la première fois qu’Hannah assistait ainsi à une tentative de fuite juste avant un rendez-vous avec elle, mais elle devait bien avouer que ce Loris avait eu l’air plutôt convaincant – du moins jusqu’à ce qu’il prétende avoir rendez-vous avec le chiropracteur en face de son bureau à elle. Amusée par son air désemparé, elle referma la porte derrière lui tout en se retenant de laisser échapper un petit rire tandis qu’il faisait son entrée dans le bureau, passant une main embarrassée sur sa nuque avant de se tourner vers elle. La brune se présenta, mettant fin à ses interrogations à son sujet ; évidemment qu’il l’avait déjà vue. Elle était intervenue en catastrophe alors qu’il refusait net l’intervention que les chirurgiens préconisaient, et son dossier démontrait qu’à ce jour, il ne l’avait toujours pas acceptée. « C’est ça ! Juste. Je me rappelle. » Elle hocha subtilement la tête, l’invitant à s’assoir d’un geste alors qu’elle s’interrogeait à haute voix sur les raisons de sa présence à l’hôpital et non pas dans le cabinet de l’un des psychiatres faisant partie de la gestion interne de la police de Brisbane. « Et, c’est à mon tour de vous éclairer. Je n’ai pas voulu rencontrer le psy du commissariat. Primo, sa tête ne me revient pas. Deuzio, j’ai pas envie que mes collègues se méfient une fois vous m’aurez déclaré apte à revenir sur le terrain. » Ah. Rien que ça. Ce Loris jouait décidément sur son charme, mais même si la brune aurait pu y être sensible dans un autre contexte, ici, elle y demeurait imperméable. Il n’y avait rien, ou presque, qui puisse détourner Hannah de son sérieux lorsqu’elle évoluait dans son domaine de prédilection. Ceci dit, elle s’autorisa à sourire légèrement, s’abstenant cependant du moindre commentaire qui pourrait l’induire en erreur sur la possibilité qu’elle le déclare réellement apte à revenir sur le terrain, comme il le soulignait. Il y avait fort à parier que cette séance ne soit pas suffisante pour émettre une décision, surtout s’il s’amusait à éluder le principal. « Quant à la raison pour laquelle le dossier est arrivé chez vous, je présume que quand j’ai pris mon rendez-vous, la secrétaire de l’hôpital a dû s’imaginer que vous étiez ma psy attitrée parce que vous m’avez déjà rencontré. » Cela paraissait logique. Hannah n’avait plus pensé à cet épisode avant de recevoir ce rapport sur son bureau et de découvrir le rendez-vous dans son planning, mais il était évident qu’un flic blessé en intervention soit traité en priorité. A l’époque, elle n’avait pas vraiment tilté, mais maintenant que Nate était entré dans sa vie, la brunette prenait conscience de ce qu’il risquait, au travers du « cas » de Loris. A ce stade, elle devait simplement écarter les symptômes post-traumatiques afin d’être certaine qu’il ne risquait rien en se confrontant à une situation similaire à celle qui l’avait envoyé à l’hôpital neuf mois auparavant. « Ça tombe sous le sens. » Concéda-t-elle en s’asseyant à son tour, penchant légèrement la tête en observant le brun. « Mais c’est la procédure de passer par un entretien psy avant de revenir sur le terrain, qu’est-ce qui vous fait dire que vos collègues se méfieraient ? » Lui demanda-t-elle en se calant contre son fauteuil, tandis que lui laissait son regard se perdre sur la décoration sommaire des lieux. Il était flic, il analysait tout lui aussi. « Je ne sais pas. Ça apparaîtra au dossier ? » Lui demanda-t-il sur un ton amusé, arrachant un énième sourire à la brunette qui conserva sa réponse pour elle-même. « Parce que oui, pour ne rien vous cacher, j’allais bien et bien vous faire faux bond et je me suis lamentablement planté. » Au moins, il était honnête. « Mais, c’est parce que c’est inutile. Moi, ici, c’est pas nécessaire, même si c’est un vrai plaisir de vous revoir. » La brune haussa un sourcil, réalisant qu’il utilisait l’humour comme défense pour pallier à son malaise et à une situation à laquelle il ne voulait clairement pas s’exposer – comme l’indiquait sa petite tentative de fuite. Inutile. Le choix de qualificatif était intéressant. « Je vais bien. Je suis prêt à reprendre. Physiquement parlant, personne ne s’y oppose. » Physiquement, peut-être. « Je suis contente d’apprendre que vous vous êtes entièrement rétabli. Vous n’avez donc plus aucune douleur résiduelle, malgré le fait que vous ayez refusé l’intervention ? » Les médecins avaient indiqué dans leur rapport que sans cette opération, Loris risquait d’avoir beaucoup de mal à récupérer une mobilité globale, d’autant que le tissu nerveux avait été atteint. Ceci étant dit, la brune avait déjà vu beaucoup de patients défier les lois de la science, et elle n’était pas là pour faire un second diagnostic, pas sur son épaule en tout cas. « Je sais ce que vous vous dites… Que tout le monde vous dit ça, mais je vous assure que c’est vrai. Mon seul problème, c’est de ne pas pouvoir bosser justement. Ça fait trop longtemps. Je rouille. Et vous avez l’air d’avoir pris un peu de retard alors… je me suis dit que j’allais retenter ma chance avec le boss. Pour le convaincre que ce rendez-vous n'était pas nécessaire et laisser ma place à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui en a vraiment besoin. » La jeune femme plissa légèrement les lèvres en l’observant une nouvelle fois tenter de se dérober, prétendre qu’il n’avait pas besoin de tout ça. Sauf que c’était à elle d’en juger, malheureusement pour lui. « Je comprends que vous commenciez à tourner en rond, c’est long neuf mois. Qu’avez-vous fait pendant ce temps ? » Elle lui adressa un petit sourire, prête à passer aux hostilités. « Vous avez probablement dû rédiger un rapport vous aussi, sur ce qu’il s’est passé. Comment vous sentez-vous vis-à-vis de cette histoire, après neuf mois ? Vous y pensez encore ? » Il fallait qu’elle voie ses réactions lorsqu’il parlait de ce coup de feu, qu’elle sache s’il expérimentait des cauchemars ou encore des réactions dissociatives, tels que des flashbacks ou autre. La brunette espérait qu’il soit honnête avec elle, sans quoi ça serait loin d’être le dernier de leur entretien ensemble.  
   

   
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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyDim 24 Mai 2020 - 17:09

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EXORDIUM.

J’ai tenté d’obtenir mon papier sans que nous versions dans la longue et pénible conversation au cours de laquelle je suis supposé parler de mes états d’âme éventuels. Pour ce faire, je l’ai enveloppée de mon plus beau sourire, mais il n’a pas fait mouche. J’ai à peine écopé d’un hochement de tête, léger, qui n’avait rien d’un assentiment. Quelle déception ! J’en aurais bien soupiré si je n’avais craint d'être forcé de le remplacer par des mots.  C’est le truc des psys, ça. Vous clignez des yeux une fois de trop, à cause d’une poussière sur la cornée et ils cherchent, dans ce réflexe, une réponse scientifique. Pis encore, ils attendent que nous marchions dans les pas de leur raisonnement, mais seul, avec leur oreille pour trépied. Autant dire que je n’ai aucune intention de prendre le risque qu’elle m’analyse pour une grimace futile. En m’asseyant dans le fauteuil, j’ai préféré chercher du regard de quoi la deviner un peu. Elle m’intrigue, cette Hannah. Comment, une jeune femme avec un minois aussi innocent, a-t-elle bien pu se réveiller un matin avec la volonté d’embrasser une carrière telle que celle-ci ? Que lui est-il arrivé pour que les mécanismes émotionnels du cerveau humain la passionnent ? Est-ce par la faute d’un événement traumatisant ? D’une envie de mieux appréhender l’Homme dans sa globalité ? A-t-elle trouvé ce qu’elle cherchait en rencontrant, jour après jour, des âmes en peine ou des petits cons dans mon genre qui jure les grands dieux que sa place n’est pas en face d’elle ? S’épanouit-elle ou deviendra-t-elle vieille et aigrie avant l’heure, comme son confrère qui arpente les couloirs du commissariat en nous jetant des regards suspicieux, des regards qui déclarent : c’est toi le prochain ? Ce serait du gâchis. « Parce que les flics sont l’archétype même des machos de base qui se croient au-dessus de tout et de tout le monde. » J’étais, par certains aspects, semblables à mes collègues à une différence près : je ne juge que rarement. Je n’ai pas oublié, sous prétexte que je porte un badge et une arme, que je suis mortel et faillible. D’antan, peut-être l’ai-je négligé. Le sort s’est néanmoins chargé de me le rappeler. « S’ils savent qu’on m’a envoyé voir un psy, ils vont se dire que ça tourne plus bien rond là-dedans. » ai-je illustré en tournant mon index autour de ma tempe. « C’est pas la procédure standard. C’est la procédure quand ton chef est un emmerdeur fini. » ai-je rétorqué en roulant des yeux. Dans les faits, j’étais soumis par les services de police à un suivi médical pour la blessure tous les deux mois : je l’ai fait. Il n’avait jamais été question d’être chatouillé à propos de mon moral ou de mon humeur. « Et ça ne se justifie pas. Il est précautionneux parce qu’il s’en veut de la façon dont les choses se sont déroulées. Moi, je m’en fous, c’est les aléas du métier. C’est lui qui devrait consulter en fait… » ai-je conclu en grattant mon épaule sporadiquement douloureuse. Aujourd’hui, elle semblait en état de fonctionner. Bonne chose. « Euh… faut pas l’écrire, ça. Dans votre rapport… Je ne veux pas me mettre le chef à dos. » Tout comme je compte sur elle pour qu’elle ne narre pas ma vaine tentative de fuite. Elle aussi, elle fut inutile.

En soi, la rencontre se déroulait plutôt bien. Elle n’avait rien de désagréable jusqu’à ce que le médecin aborde la question non attendue des douleurs résiduelles. J’en ai, un paquet. Il est des jours où je ne suis pas fichu de dormir, de me lever et durant lesquels gémir comme un gosse m’apparaît comme l’ultime solution pour ne pas devenir complètement fou. « Ouais. Non. Aucune. » J’ai moins d’aplomb tout à coup. J’en délaisse de peur qu’un assentiment trop franc puisse sonner faux. J’ai déjà l’impression d’en faire et d’en dire trop. Ses lèvres, qui se serrent jusqu’à blanchir, elles ne me déclarent rien qui vaille et, machinalement, j’ai froncé les sourcils pour mieux l’observe, pour la détailler du regard. Je ne peux pas baisser les yeux. Au contraire, elle considérera que j’ai quelque chose à cacher, ce qui serait trop proche de la vérité. Aussi, n’ai-je pas cillé outre mesure. « Je suis sorti, beaucoup. J’ai passé du temps avec ma famille. » J’ai essayé de prendre soin de Leah, de loin, de crainte de l’oppresser. « J’envisage de déménager prochainement et j’ai découvert un petit restaurant super sympa sur fortitude. Ils servent des sushis, excellent. » J’ai marqué une pause et, cette fois, il m’a échappé ce soupir que j’ai réprimé plus tôt. Il a quitté la barrière de mes lèvres par la faute du dépit. « De temps en temps. » Tous les jours où j’aurais envie de m’arracher l’épaule à mains nues, épaule que je gratte à nouveau, d’ailleurs, au niveau du point d’impact, comme s’il me chatouillait. « Quand on me pose la question de ce que je fais dans la vie ou qu’on me demande comment je me suis blessé. C’est une histoire tellement bête, dans le fond. Je n’ai même pas eu le temps de voir venir le coup. » ai-je ponctué d’une grimace. « C’est désolant. J’aurais adoré être décoré en sauvant mon partenaire après m’être jeté devant la balle. La vérité, c’est que j’ai tourné la tête parce que le téléphone de ma collègue a sonné. C’est ridicule, en fait. » Ce n’est pas un mensonge. Je ne revis pas à travers des cauchemars ce moment où j’ai cru crever. Mon seul boniment réside sur les séquelles de mon épaule, mais ce n’est pas à elle de juger si, physiquement, je suis opérationnel ou non.


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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyJeu 28 Mai 2020 - 7:46


   
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Maintenant qu’ils étaient dans son bureau et qu’il n’y avait plus d’échappatoire possible pour lui – à moins qu’il ne décide de passer par la fenêtre, mais la brune espérait qu’il n’en arrive pas à des extrêmes pareils – elle lui demanda la raison de son refus de rencontrer le psychiatre qui s’occupait habituellement des dossiers de la police. Après tout, ce médecin était plus habitué à ce genre de procédure, alors qu’elle n’avait jamais été réellement réquisitionnée pour s’occuper de tel dossier. Rien de bien compliqué, cependant ; Loris Baumann avait été blessé au cours d’une fusillade, il y avait neuf mois de cela, et il fallait désormais écarter toute trace de traumatisme qui pourrait représenter un danger pour lui, et/ou son partenaire, une fois de retour sur le terrain. Il devait probablement être persuadé que tout allait bien, mais parfois il suffisait d’une situation pour déclencher ce qui appartenait jusque là à l’inconscient, chose qu’il fallait bien entendu éviter à tout prix. « Parce que les flics sont l’archétype même des machos de base qui se croient au-dessus de tout et de tout le monde. » Hannah ne put retenir son air surpris en l’entendant ainsi dépeindre ses collègues - et lui-même, par extension. « C’est plutôt négatif comme opinion. Vous vous considérez vous aussi comme tel ? » Elle haussa un sourcil dans sa direction. « S’ils savent qu’on m’a envoyé voir un psy, ils vont se dire que ça tourne plus bien rond là-dedans. » Elle pencha légèrement la tête sur le côté, voyant très bien où il voulait en venir. Il s’agissait là de la façon de penser de bien des gens, pas uniquement de ses collègues policiers, ce qui était bien dommage, dans la mesure où se comprendre soi-même était bénéfique à bien des égards pour aborder la vie de la meilleure façon possible. Elle-même était régulièrement suivie, comme tous les psys, et était donc parfaitement consciente de ce qu’elle devait améliorer pour être la meilleure version d’elle-même, ce qui était loin d’être facile à appliquer, même en étant professionnel. Surtout, en étant professionnel. « C’est pas la procédure standard. C’est la procédure quand ton chef est un emmerdeur fini. Et ça ne se justifie pas. Il est précautionneux parce qu’il s’en veut de la façon dont les choses se sont déroulées. Moi, je m’en fous, c’est les aléas du métier. C’est lui qui devrait consulter en fait… » La brune n’était pas forcément très au courant de la façon de procéder lors de ce genre de réhabilitation, et ce qui à son sens paraissait logique – repartir sur le terrain avec une arme à feu dans les mains sans avoir été déclaré apte à le faire d’un point de vue psychologique était aberrant pour la jeune femme – ne faisait apparemment pas partie des procédures standards de la police. Et c’était regrettable. A ses yeux, son chef avait eu raison de vouloir le soumettre à cet entretien, mais elle n’était pas celle qui donnait son avis, ici. « Et il a des raisons de s’en vouloir ? Selon vous ? » Que s’était-il passé ? Le regard avisé d’Hannah suivit le geste de Loris alors qu’il touchait son épaule lorsqu’il évoquait l’incident, et elle reporta son attention sur lui en plongeant ses yeux bleus dans les siens. Cette façon qu’il avait de poser sa main sur son ancienne blessure voulait forcément dire quelque chose, mais quoi ? L’inconscient parlait beaucoup, bien plus que ce que l’on voulait, parfois. « Euh… faut pas l’écrire, ça. Dans votre rapport… Je ne veux pas me mettre le chef à dos. » Elle esquissa un sourire, secouant la tête. « Ce n’est pas votre chef qui m’intéresse aujourd’hui, ne vous inquiétez pas. » C’était assez amusant cette façon qu’avaient tous les patients de s’inquiéter de ce qu’ils pouvaient dire, ou faire, craignant pour un diagnostic qui allait fatalement indiquer qu’ils avaient un grain quelque part, comme si le fait d’arriver chez un psy allait forcément conduire à cette fin inéluctable. Elle lui demanda ensuite s’il avait toujours mal et la réponse fut empreinte d’une hésitation qui l’intrigua quelque peu. « Ouais. Non. Aucune. » « Vous prenez encore quelque chose pour vous soigner, ou bien vous êtes complètement rétabli ? » Oui parce qu’il y avait une chose à ne pas oublier, c’était que la brune était avant tout médecin, même si son cursus se dirigeait désormais vers la science de l’esprit et non celle du corps, même si tout était lié à ses yeux. « Je suis sorti, beaucoup. J’ai passé du temps avec ma famille. J’envisage de déménager prochainement et j’ai découvert un petit restaurant super sympa sur fortitude. Ils servent des sushis, excellent. » Un petit soupir s’échappa de ses lèvres, signe évident que Loris était lui-même blasé par cette vie monotone qui était la sienne depuis quelques mois maintenant. Il avait hâte de reprendre du service, et elle le comprenait parfaitement. Il devait sans doute la voir comme un obstacle, même si tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il reprenne dans de bonnes conditions. « Tout ceci m’a l’air plutôt positif. » Il bougeait, voyait sa famille et avait même des projets ; pas de signe de dépression pour l’instant, ou alors il cachait vraiment bien son jeu. « Et votre sommeil, ça donne quoi ? Pas d’insomnie, ou de cauchemars qui viennent perturber vos nuits ? » Hannah jouait franc jeu et posait ses questions sans passer par quatre chemins, il s’agissait d’une évaluation plutôt routinière, elle n’était pas là pour lui faire cracher de vieux souvenirs d’enfance. « De temps en temps. » Répliqua-t-il lorsqu’elle lui demanda s’il pensait encore à l’accident, touchant une nouvelle fois son épaule sans même s’en rendre compte. La brune tiqua à nouveau, mais le laissa terminer sa phrase. « Quand on me pose la question de ce que je fais dans la vie ou qu’on me demande comment je me suis blessé. C’est une histoire tellement bête, dans le fond. Je n’ai même pas eu le temps de voir venir le coup. C’est désolant. J’aurais adoré être décoré en sauvant mon partenaire après m’être jeté devant la balle. La vérité, c’est que j’ai tourné la tête parce que le téléphone de ma collègue a sonné. C’est ridicule, en fait. » Loris ne cessait de minimiser ce qu’il s’était passé, et la jeune femme se demandait s’il s’agissait de modestie ou d’un réel détachement par rapport à cette histoire. « Se prendre une balle, ça n’a rien de ridicule. Vous auriez pu souffrir de blessures plus graves, ça vous a déjà traversé l’esprit ? » Elle plissa légèrement les lèvres, observant le brun avec attention. Réalisait-il la chance qu’il avait eue ? La gravité de la situation ? S’il était dans le déni, ça risquait de poser un problème pour la suite, il devait affronter la réalité. Sans quoi ses prochaines interventions seraient placées sous le signe de l’indifférence, ce qui n’était pas très sain quand on s’exposait au danger à chaque minute de sa journée.

   

   
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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyLun 15 Juin 2020 - 8:54

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Cette description de mes collègues est une généralité presque insultante que seul un flic peut s’autoriser. Qui mieux que l’un d’entre eux pour se permettre un tel jugement de valeur ? Qui mieux que moi puisque je les fréquente au quotidien et que je sais pertinemment que nous ne répondons pas tous aux stéréotypes de l’imaginaire collectif ? Certes, nous partageons tous ce sentiment d’invulnérabilité lorsque, sur le terrain, nous sommes armés jusqu’aux dents. Quant à notre ego, il se flatte d’être indispensable au bon fonctionnement de la société à la sécurité des citoyens de Brisbane. Du reste, seule une minorité appartient à la race des machos et des gros durs. Nous ne ressemblons pas tous à ces cow-boys du dimanche qui bombe le torse devant la veuve et l’orphelin sous prétexte d’avoir rempli la mission à la perfection. « Non, pas moi ou pas tout à fait. » Humainement parlant, je suis déformé par mon métier et mon histoire personnelle. Leah m’apprend au quotidien que mes pendants féminins sont moralement aussi forts que la gent du sexe opposé. Sauf que je n’ai rien oublié des sévices subis par la faute d’un salaud. Je n’oublierai sans doute jamais, si bien qu’au lieu d’aimer sincèrement les femmes, je veille à ne pas blesser les plus sensibles et à les protéger, au mieux, de leur faiblesse de cœur. Est-ce l’apanage du mâle alpha ? Peut-être. Je n’en sais rien et ça m’importe peu. Je ne m’inflige pas cette rencontre avec cette petite brune pour qu’elle me psychanalyse, mais dans le seul but qu’elle signe mon attestation de reprise. « Et, j’exagère. On n’est pas tous comme ça, mais la minorité existe et c’est celle qui ne doit pas douter de moi. » Celle qui bride ma part artistique d’ailleurs, celle qui ne peut découvrir que je suis capable de m’émouvoir devant une toile ou que j’aime les exprimer à l’aide de couleurs et de pinceaux. C’est celle qui me regarderait en croix si je m’étais enfermé dans le bureau du psy lié au commissariat. Bien entendu, je me doute que mes propres considérations pour la procédure biaisent mon ressenti. Je la trouve toujours aussi inutile malgré les sourires agréables d’Hannah qui, en outre, est fort séduisante. De mon point de vue, je suis victime de la culpabilité du boss et je l’exprime. « Pas vraiment. » ai-je avancé en haussant les épaules. « Disons qu’habituellement, avant de nous lancer dans l’arène, il nous rappelle de vérifier le matos et d’éteindre nos portables. Il ne l’a pas fait cette fois, mais ça relève du bon sens. Ma collègue aurait dû y penser seule.  On l’a tous fait, sauf elle. Elle aurait mérité un blâme, mais il ne lui a pas collé parce qu’il est de notoriété publique qu’il couche ensemble. Ça l’embête, vis-à-vis de moi, alors que je m’en fous. Je n’aimerais pas être à la place de Judith. Entre sa conscience et la mauvaise tête des collègues, elle doit vivre l’enfer au bureau. » ai-je conclu en grimaçant, preuve de mon empathie. Je n’en suis pas dénué, certainement grâce à mon éducation. Je réalise également que je parle trop, beaucoup trop pour mon bien. Alors, j’accueille sa tentative de me rassurer à la hauteur de l’effort, mon instinct me soufflant qu’elle est digne de confiance et prisonnières d’un serment, d’une règle appelée : le secret professionnel.

Est-ce une raison probante pour lui avouer que je n’en ai pas terminé avec les douleurs de mon épaule ? Non ! Évidemment ! Ce serait stupide de ma part. J’irais à l’encontre de mes objectifs et j’ai regretté mon moment d’hésitation. Elle l’a remarqué. Je le devine grâce à sa grimace et à cette question qui m’oblige à lui mentir. « Elle est un peu plus fragile. » Et, une fois encore, je gratte de mon index la cicatrice de l’impact protégée par mon vêtement. « Quand il fait plus froid ou que le temps est humide, mais je n’ai pas souvenir d’avoir pris un antidouleur depuis un moment.» ai-je déclaré avec aplomb. Elle ne me reprendra pas en flagrant délit d’incertitude, la petite maligne. Hors de question que mes secrets me privent de mon job, moteur de ma sérénité. Sortir, manger au restaurant, passer du temps avec mes proches, c’est indispensable à mon bien-être, mais ça ne suffit pas à remplir mes journées et quelle joie qu’elle puisse le comprendre, cette inconnue. Je renoue avec ce sourire qui s’étire, intègre et authentique, bien plus que certains de mes propos. « Positif oui. Ça l’est, au début en tout cas. On se dit qu’on va enfin pouvoir profiter des nôtres, mais… » C’est triste à penser, mais ça devient rapidement lassant. « Même si je suis pressé d’essayer ce restaurant, vous aimez ? Les sushis, je veux dire. Vous aimez ça ? » La question n’a qu’un seul dessein : la déstabiliser. Si elle s’imagine que je la drague – en toute honnêteté, l’idée m’a traversé l’esprit à maintes reprises – peut-être omettra-t-elle le sujet de mon sommeil. Je me répugne à l'envelopper de boniments. Mais, ai-je le choix dès lors qu’elle n’en démord pas ? « Je dors bien. Je n’aime pas ça, dormir, c’est une perte de temps, mais je ne fais pas d’insomnie à cause de l’accident. » Uniquement des suites des conséquences physiques, mais cette vérité appartient à l’ordre du secret, bien moins que mon approche par rapport au fait. « Ce n’est pas se prendre une balle qui est ridicule. » Que du contraire. J’étais conscient d’avoir failli d’y laisser ma peau ou ma carrière. « Même si l’épaule, ça n’a jamais tué personne, si ce n’est d’ennui. » J’ai roulé des yeux tant la frustration de mon inaction m’envahit et me pèse au jour le jour. « Ce qui l’est, ce sont les circonstances. Que son téléphone ait sonné, c’est une chose. Mais, je n’ai pas tourné la tête par hasard. J’allais la taquiner, comme si…. » J’ai réfléchi à la meilleure manière de présenter ma distraction pour le bien de mon honneur. « Comme si c’était le lieu et le moment de me foutre de sa gueule. En fait, j’ai été pris à mon propre jeu et je pense que ce n’est pas arrivé par hasard, que c’était une leçon et je l’ai bien apprise. » Je ne pourrais jurer que plus jamais je ne me moquerai gentiment de mon prochain, mais, en intervention, je me tiendrai à carreaux, c’est l’évidence. « Et, vous ne m’avez pas répondu : vous aimez les sushis»

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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyJeu 25 Juin 2020 - 7:37


           
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La façon qu’il avait de parlé de ses collègues avait étonné la brune, même s’il n’avait pas appuyé ces paroles d’une quelconque grimace désabusée, signe d’un dégoût évident pour ces personnes qui évoluaient pourtant dans sa sphère professionnelle. Non, il s’agissait plutôt d’un constat tranchant, d’une vision objective de la réalité qui était la sienne. Cette distance frôlait le respect, surtout s’il se considérait lui-même comme faisant partie de ce groupe de machos. « Non, pas moi ou pas tout à fait. » Pas tout à fait. Agissait-il parfois comme eux pour obtenir ce sentiment d’appartenance, même s’il jugeait au fond de lui que certains comportements étaient presque primitifs ? Hannah s’emportait intérieurement, comme souvent lorsque son esprit la poussait constamment à l’analyse, mais elle savait aussi qu’il n’était pas là pour ça. Il fallait juste qu’elle vérifie qu’il ne représente un danger pour personne, et qu’il soit suffisamment stable pour revenir sur le terrain en dépit du traumatisme occasionné par cette balle perdue qui l’avait obligé à se mettre en arrêt pour plusieurs mois. « Et, j’exagère. On n’est pas tous comme ça, mais la minorité existe et c’est celle qui ne doit pas douter de moi. » Bon, ça restait compréhensible. La brune avait eu l’opportunité d’évoluer dans le milieu lors d’un stage de plusieurs mois – pas à la même échelle, elle s’était retrouvée dans la section psychologique de la criminelle – et elle avait déjà pu apercevoir que ces hommes en uniforme n’étaient pas tendres entre eux. Comme si une espèce de compétition tacite prenait place entre eux sur tous les aspects de la profession, voire même de leur vie. En dehors, Nate était adorable, mais il était fort probable qu’il soit un brin différent une fois qu’il évoluait dans les locaux, et encore une fois, c’était compréhensible. « Merci pour cette explication, je comprends mieux le pourquoi de cette rencontre. » Et Dieu seul savait que des explications, Hannah en avait toujours besoin – c’était pratiquement vital. « Et si ça peut vous éviter d’être jugé par vos collègues, je suis ravie de pouvoir intervenir. » Elle trouvait ça profondément stupide de porter ainsi des jugements sur quelqu’un sous prétexte qu’il allait voir quelqu’un sous l’appellation de psychiatre. Mais la brune y était habituée. « Pas vraiment. Disons qu’habituellement, avant de nous lancer dans l’arène, il nous rappelle de vérifier le matos et d’éteindre nos portables. Il ne l’a pas fait cette fois, mais ça relève du bon sens. Ma collègue aurait dû y penser seule.  On l’a tous fait, sauf elle. Elle aurait mérité un blâme, mais il ne lui a pas collé parce qu’il est de notoriété publique qu’il couche ensemble. Ça l’embête, vis-à-vis de moi, alors que je m’en fous. Je n’aimerais pas être à la place de Judith. Entre sa conscience et la mauvaise tête des collègues, elle doit vivre l’enfer au bureau. » En effet, son supérieur avait des raisons de s’en vouloir, mais plutôt pour sa gestion des faits après que ceux-ci se soient déroulés. Encore un qui préférait arrondir les angles avec celle qui partageait son lit plutôt que d’assumer ce qu’il s’était réellement passé. « Probablement. » Elle était étonnée de constater qu’il ne semblait pas tenir rigueur à cette Judith, ni à son patron pour ce que ça valait, et elle trouvait ça plutôt étonnant compte tenu du fait qu’il était sur la touche à cause de leur manque de professionnalisme à tous les deux. « Vous n’avez aucun ressentiment à leur égard ? » Car cela aurait été justifié, après tout. Dans tous les cas, la question de son supérieur n’était pas sur la table, et rien de ce qu’il dirait ne ressortirait de ce bureau. Sauf ses conclusions à elle. Pour l’instant, il s’en sortait bien, si ce n’était pour ces gestes inconscients qu’il ne cessait d’avoir en direction de son épaule et qui faisaient tiquer la jeune femme, se demandant s’il était tout à fait honnête avec elle à ce sujet. Son dossier médical était clean, par conséquent elle n’avait même pas à aborder ce sujet dans les faits… Mais elle ne pouvait nier ce qu’elle voyait. « Elle est un peu plus fragile. Quand il fait plus froid ou que le temps est humide, mais je n’ai pas souvenir d’avoir pris un antidouleur depuis un moment.» Plus sûr de lui, il redressa la tête vers elle avec aplomb et elle se contenta de hocher la tête dans un petit sourire. Il ne s’était pas fait opéré et il était normal de conserver des douleurs résiduelles, ça ne faisait pas un an et comme il le disait, le climat influait parfois sur les sensations que l’on pouvait avoir. « Vous êtes toujours en rééducation ? Je suppose que vous en avez encore pour un moment. » Parce que bon, il s’était pris une balle tout de même. Le repos forcé ça ne convenait pas à tout le monde, même si ce qu’il faisait de tout son temps libre semblait plutôt sain à ses yeux ; voir sa famille, découvrir de nouveaux endroits, faire des projets… Tout ce qui l’éloignait de la dépression en somme, et c’était tant mieux. Il lui facilitait grandement la tâche. « Positif oui. Ça l’est, au début en tout cas. On se dit qu’on va enfin pouvoir profiter des nôtres, mais… » « Mais ? » Elle haussa un sourcil, désireuse qu’il aille jusqu’au bout du cheminement de ses pensées, c’était important. « Même si je suis pressé d’essayer ce restaurant, vous aimez ? Les sushis, je veux dire. Vous aimez ça ? » A quel moment cette discussion avait-elle pris une tournure axée sur elle ? C’était intelligent, il cherchait probablement à détourner une nouvelle fois l’attention de lui, sauf que malheureusement pour lui, là était tout l’intérêt de leur entretien. « Je ne pense pas que mes goûts en matière de nourriture fassent partie ce qui est à l’ordre du jour. » Lança-t-elle dans un petit sourire, désireuse qu’il lui réponde plutôt au sujet de son sommeil, car il s’agissait là d’un détail important à soulever. « Je dors bien. Je n’aime pas ça, dormir, c’est une perte de temps, mais je ne fais pas d’insomnie à cause de l’accident. » Bon, s’il disait vrai – et Hannah gardait toujours en tête la possibilité que ça ne soit pas le cas – alors il semblait plutôt en bon état pour reprendre. « D’accord. Si le contraire arrivait, n’hésitez pas à reprendre contact pour qu’on puisse y remédier. » Lança-t-elle, voyant déjà la fin de l’entretien se dessiner face à cet homme qui semblait surtout avoir hâte de reprendre du service. « Ce n’est pas se prendre une balle qui est ridicule. Même si l’épaule, ça n’a jamais tué personne, si ce n’est d’ennui. Ce qui l’est, ce sont les circonstances. Que son téléphone ait sonné, c’est une chose. Mais, je n’ai pas tourné la tête par hasard. J’allais la taquiner, comme si…. Comme si c’était le lieu et le moment de me foutre de sa gueule. En fait, j’ai été pris à mon propre jeu et je pense que ce n’est pas arrivé par hasard, que c’était une leçon et je l’ai bien apprise. » Hannah plissa les lèvres, étonnée qu’il parvienne même à retirer un enseignement de ce qui lui était arrivé. Dégager de la sagesse d’une situation aussi traumatisante, ça relevait pratiquement de l’exploit. La brunette commençait à se demander pourquoi son supérieur avait autant insisté pour qu’il subisse un tel entretien, et elle devinait que la culpabilité de son chef avait probablement été le moteur derrière cette inspection, plus qu’une réellement inquiétude à son sujet. « Ils pourront compter sur vous pour être celui qui donne la piqûre de rappel concernant les téléphones en intervention. » Est-ce que cela voulait dire qu’elle prenait doucement la direction d’une validation de ses compétences pour retourner sur le terrain ? Sans doute. Mais un sentiment la taraudait, et elle se promit de rajouter à ses conclusions qu’il devrait voir quelqu’un de manière ponctuelle, au moins pour vérifier que son retour sur le terrain ne déclencherait pas, justement, un traumatisme sous-jacent qu’il ne montrait pas actuellement. « Et, vous ne m’avez pas répondu : vous aimez les sushis ? » Elle ouvrit légèrement la bouche, désarçonnée par son insistance à savoir si elle aimait ou pas les sushis. La brunette hésita une seconde, puis décida qu’elle pouvait bien lui accorder cette réponse – cet entretien était terminé. « Oui, j’adore ça. » Confia-t-elle en souriant, amusée malgré elle par sa détermination. « Si votre restaurant s’avère être une adresse validée, je compte sur vous pour m’en faire part. » Ajouta-t-elle en se redressant quelque peu, penchant légèrement la tête sur le côté. « Pour ma part, je pense que j’en sais assez. » Lui lança-t-elle en reprenant un air un peu plus neutre, conservant cette attitude qui la caractérisait si bien lorsqu’elle évoluait dans ce bureau qui faisait office de cabinet.

           

           
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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyJeu 2 Juil 2020 - 18:39

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S’il est un remerciement à adresser aux séquelles physiques dont souffre mon épaule des suites de l’accident, c’est le détachement. Elle est la seule à m’inquiéter, alors, je relativise le reste. La peur, au moment des faits, de crever sous la douleur ? Balayée par celle de ne plus pouvoir m’adonner aux plaisirs des sports à risque ou des plus tranquilles comme le tennis. Je suis mort de trouille à l’idée de perdre en mobilité au point de plus pouvoir conduire. Ce serait synonyme d’enfermement, mas ça, je n’en pipe mot. Je me tais tant à cause du déni que parce que ça tacherait mon dossier de reprise. Je me tais également sous prétexte que je suis persuadé d’avoir trouvé le remède idéal à mon mal. Qu’est-ce qu’une prise légèrement excessive d’anti-douleur, d’une pilule magique à l’occasion ou d’un rail de coke quand c’est intenable ? J’ai appris les conséquences de ces actes dans ma formation. Je suis donc un homme averti. Est-ce que je n’en vaux pas deux désormais ? Pourquoi appréhenderais-je autrement qu’avec sérénité ces mauvaises manies puisque j’ai les armes pour me défendre ? Pour agir avant d’atteindre le point de non-retour ? Ce serait une perte de temps que d’angoisse, pour tous, pour elle, et y compris pour moi. Je suis fatigué de vivre au ralenti. J’aime mener ma vie avec la dextérité et la rapidité d’un DJ qui augmente les BPM. Ainsi, je chasse l’éventualité qu’il est déjà trop tard d’un revers invisible de la main et je souris. Je souris à l’espoir, à ma fierté de m’en sortir mieux que bien pendant cet entretien, et à cette jeune psychiatre au charme indéniable. Je lui souris pour l’endormir, comme je le fais pour moi ces matins difficiles où mes réveils sont difficiles, où le gouvernail de mon bateau est grippé. Ce n’est pas réellement une manigance pour la duper. Dans le fond, je crois que je n’ai pas conscience que je nous mens à tous les deux. Mes fadaises se noient au milieu de ma sincérité puisque mon absence de rancœur et ma clémence, elles, elles sont honnêtes. « Pourquoi faire ? Qu’est-ce que ça m’apporterait à part être malheureux ? Je suis en vie et le pire est derrière moi. » J’ai à nouveau haussé les épaules et j’ai remercie le Ciel qu’elle ne m’ait fait grimacer : j’ai déjà donné. « Vous savez, je parle de mes collègues et de mon boss comme ça, pas parce que je suis un ingrat, mais parce que nous sommes lucides sur ce que nous sommes et sur ce que nous faisons. Nous nous faisons confiance, un peu comme une famille. Vous avez une famille, Docteur ? » C’est la première fois, depuis l’amorce de rendez-vous, que je m’adresse à elle en utilisant son titre et, tandis que je me fais cette réflexion, je statue que la raison est simple : je ne m’adresse pas à la même jeune femme à laquelle j’ai demandé plus tôt si elle aimait les sushis. C’est au médecin que je m’adresse, celui qui tient mon avenir entre les mains. « Hé bien, c’est pareil. Si on ne pardonne pas sa famille, alors pour qui peut-on le faire ? Qui en vaut la peine ? » A qui l’accorderais-je, mon pardon ? A ma fratrie ? Ils n’ont jamais rien fait pour me nuire. A mes amis qui, pour certains, m’ont blessé, voire trahi ? La vie est trop courte pour se prendre la tête et peut-être suis-je trop bon ou trop con, mais ce n’est pas uniquement l’affaire de Dieu que d’être magnanime. D’autant que je suis seul responsable de ne pas être entièrement guéri. J’ai fait le choix de refuser l’opération tout seul, comme un grand, après avoir jaugé les différents paramètres. Mon patron et ma maîtresse ne m’ont pas glissé un couteau sous la gorge afin que je me contente de cette rééducation dont il est question. « Ouep, Ma Dame ! » ai-je insisté sur l’appellation vieillotte et saccadée. « Et, ça se passe plutôt bien. » Principalement grâce aux remontants dont je me gave salement trente à soixante minutes avant les séances chez le kiné. « D’après l’équipe, j’ai bien progressé, et bientôt, ce ne sera plus qu’une formalité. Mais, je suppose que c’est dans le dossier. » Celui qu’elle tient entre ses doigts et qu’elle feuillette de temps à autre. Ne suis-je donc plus que ça ? Des lettres assemblées en mots pour former des phrases dont je suis le héros ? Des phrases qui me décrivent en termes savants auxquels je ne comprendrais rien alors que je suis le premier concerné ? Ça me désole, mais je le cache derrière la lumière d’une éclatante grimace. Au moins, pour les miens, je représente plus qu’un numéro de dossier.

Je crois que, par besoin de reconnaissance, j’aurais aimé qu’elle abandonne le costume qui habille son rôle pur s’intéresser à moi en tant que personne et non en que patient. Or, bien que je ne m’explique pas cet étrange désir, je lui tends une perche pour lui sortir la tête du bain de gravité dans lequel elle trempe. Elle est si sérieuse, Hannah Whitemore. Lui arrive-t-il de rires aux éclats ou a-t-elle été abîmées par la vie ? Sans surprise, elle n’a pas saisi au bond ma tentative. Elle a préféré conservé le masque de la professionnelle et ce fut sûrement sa première erreur. Elle a piqué ma curiosité à vif. J’étais intrigué, je le suis plus encore et j’en déduis qu’on se moque bien de l’état de mon sommeil. J’y aurais trouvé du sens si je n’étais sorti du cadre de son [i]ordre du jour[i]. En réalité, je ne suis jamais entré dans le moule. Je ne suis pas chez le psy, moi, je discute, je fais connaissance à constater qu’elle en sait déjà plus que mes conquêtes éphémères. Alors, j’ai statué qu’à compter de cet instant, mes commentaires à propos de l’accident seront les derniers et ils l’ont été tandis que je pense : à moi – à nous – les sushis. « Moi aussi, j’adore ça. Et c’est pour ça que je ne refile pas mes bonnes adresses comme ça. Après, c’est bondé et je dois réserver. » Ce qui va à l’encontre de ma personnalité : je suis un homme d’impulsion. « Mais, je peux vous y emmener. On écrira un rapport sur leur qualité si ça peut vous motiver. » Son refus, je l’ai pressenti tel un oiseau quand s’apprête à tomber la pluie et je la devance. « Vous avez ce qu’il vous faut. Je n’ai pas entendu que vous vouliez me revoir. J’ai un truc à fêter et vous méritez des remerciements. Ça ne se refuse pas des remerciements. Donc, je passerai vous chercher quand vous aurez terminé et je vous dis donc à tout à l’heure. » J’étais à deux doigts de passer la porte lorsque j’ai réalisé que je n’avais aucune idée de l’heure à laquelle s’achèverait son service et de ce que ma compagnie pourrait la rebuter. Or, ce n’est pas exclus et je me suis corrigé. « Vous finissez quand ? Je ne vous ai pas demandé. » Les contingences liées à son job, je ne saurais les entendre. J’y suis déjà hermétique.



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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyVen 3 Juil 2020 - 18:45


           
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La brunette était interloquée ; il était rare qu’elle ait affaire à des patients aussi conscients d’eux-mêmes et de leur entourage, incisant la réalité sans mâcher ses mots et sans se camoufler derrière le paraître et l’image de perfection probablement attendue lorsque l’on intégrait les forces de l’ordre. On était loin du stéréotype de la flicaille obnubilée par la boîte de donuts matinale, mais Loris usait d’adjectifs sans se soucier de l’image que cela pouvait refléter – non pas qu’Hannah soit très étonnée de l’entendre parler ainsi de ses collègues. Liv évoluait elle aussi dans le milieu et il n’était pas rare qu’elle lui fasse état de certains services, un brin désabusée par le comportement de certains de ses pairs. Elle-même avait eu l’opportunité de côtoyer ce monde un peu à part lorsqu’elle avait effectué son stage aux côtés de Gregory Morton, et même si la vie l’avait amenée à suivre la route qu’elle s’était définie des années auparavant, la jeune femme devait bien avouer qu’elle avait apprécié chaque minute passée à plancher sur un dossier. Et puis elle avait rencontré Nate Barnes, la replongeant par hasard dans cette sphère professionnelle qu’elle ne cessait d’effleurer par de petites coïncidences qui ponctuaient son quotidien ; à croire que quelque chose l’attirait sans qu’elle ne puisse rien y faire. « Pourquoi faire ? Qu’est-ce que ça m’apporterait à part être malheureux ? Je suis en vie et le pire est derrière moi. » Une réponse teintée d’honnêteté qui confirma à Hannah qu’il n’en voulait pas à ses pairs pour cet accident et pour les conséquences qui en découlaient. Il n’était pas rare d’en vouloir au monde entier lorsque l’on subissait des évènements sur lesquels on n’avait aucune prise, mais une nouvelle fois, le brun semblait avoir pris la distance nécessaire pour ne pas tomber dans un schéma qui n’aurait effectivement apporté que du négatif à une existence déjà parsemée d’embûches en tout genre. « Vous savez, je parle de mes collègues et de mon boss comme ça, pas parce que je suis un ingrat, mais parce que nous sommes lucides sur ce que nous sommes et sur ce que nous faisons. Nous nous faisons confiance, un peu comme une famille. Vous avez une famille, Docteur ? » Elle leva les yeux vers lui, penchant légèrement la tête en signe d’assentiment ; pas besoin de se confondre en détails qui ne regardaient qu’elle. « Hé bien, c’est pareil. Si on ne pardonne pas sa famille, alors pour qui peut-on le faire ? Qui en vaut la peine ? » Ces paroles arrivèrent à son esprit comme un coup de fouet et la brune ne put retenir une légère moue, touchée malgré elle par des mots qui faisaient écho à une situation qui lui brisait le cœur depuis des mois. Ou des années peut-être ? Oui, des années à avoir du ressentiment envers celle qui avait toujours fait partie d’elle depuis sa naissance, celle sur qui elle avait toujours compté jusqu’à ce qu’elle lui tourne le dos pour d’obscures raisons qui lui échappaient encore tant la logique n’avait désormais plus sa place entre les deux sœurs. Il avait raison ; si elle n'était même pas capable d’accorder son pardon à Lucia, qu’elle considérait comme une des personnes les plus importantes de sa vie, alors qui d’autre serait à la hauteur ? Troublée, elle tenta de masquer son émotion en l’interrogeant sur sa rééducation, préférant se concentrer sur des faits le temps de pallier à l’égarement provoqué par les trop justes paroles de son patient. « Ouep, Ma Dame ! Et, ça se passe plutôt bien. » « Je suis contente de l’apprendre. » Elle laissa un sourire étirer ses lèvres ; il méritait de reprendre sa vie en main et de ne plus souffrir des conséquences liées à ce coup de feu, il avait vraiment l’air d’un type bien. « D’après l’équipe, j’ai bien progressé, et bientôt, ce ne sera plus qu’une formalité. Mais, je suppose que c’est dans le dossier. » Son regard se posa sur le dossier qu’elle gardait à proximité, même si elle n’y jetait un œil que de temps à autre. De manière générale, elle préférait s’abstenir de prendre la moindre note ou de tenir un dossier entre ses mains, de façon à ne pas créer de barrière ou de distance avec le patient, afin qu’il se sente plus à l’aise de discuter avec elle. Et si la brune n’avait effectivement pas pris de notes durant cette entrevue, elle n’avait pas pu se passer du dossier qui lui avait été remis dans un laps de temps bien trop court pour qu’elle puisse se préparer correctement à recevoir Loris. C’était typiquement le genre de chose qui la mettait hors d’elle – Hannah détestait ne pas être préparée et à son sens, il s’agissait d’un manque de professionnalisme qui ne correspondait en rien à sa manière de travailler – et si elle parvenait à faire fi de ce détail dérangeant devant lui, elle ne manquerait pas de faire savoir sa façon de penser à qui de droit. « En effet, ils disent ici que vous réagissez plutôt bien à la rééducation, même s’ils estiment qu’une opération aurait été la meilleure option pour vous. » Elle releva les yeux vers lui. « Vous refusez toujours de considérer cette alternative, hein ? » Il faisait ce qu’il voulait, il s’agissait de son corps, mais elle ne pouvait s’empêcher de le relancer sur ce sujet pour voir où il en était aujourd’hui par rapport à ça. L’entretien touchait à sa fin, et apriori un sixième sens avait poussé Loris à le comprendre puisqu’il décida de sortir de ligne conductrice de celui-ci en changeant brutalement de sujet, tentant de savoir si oui ou non elle aimait les sushis. Autant dire qu’une quelconque conversation axée sur le personnel n’était pas la bienvenue dans pareil contexte et la brune se contenta de lui répondre dans un bref sourire, lâchant un peu de lest puisque dans sa tête, elle en avait terminé avec lui. « Moi aussi, j’adore ça. Et c’est pour ça que je ne refile pas mes bonnes adresses comme ça. Après, c’est bondé et je dois réserver. » Mince alors. Une lueur amusée dansait dans ses yeux mais elle s’abstint de tout commentaire pour ne pas l’encourager à poursuivre sur cette pente. « Mais, je peux vous y emmener. On écrira un rapport sur leur qualité si ça peut vous motiver. » Apriori, il n’avait pas besoin de la moindre impulsion pour suivre cette voie, finalement, et elle ouvrit pour lui faire comprendre qu’elle ne pouvait accepter – pour tout un tas de raisons sur lesquelles elle ne comptait pas s’éterniser tant la principale était évidente – mais il la devança en se relevant du siège sur lequel il s’était assis. « Vous avez ce qu’il vous faut. Je n’ai pas entendu que vous vouliez me revoir. J’ai un truc à fêter et vous méritez des remerciements. Ça ne se refuse pas des remerciements. Donc, je passerai vous chercher quand vous aurez terminé et je vous dis donc à tout à l’heure. » Interdite, Hannah le regarda partir, se demandant s’il s’agissait là d’une plaisanterie ou si elle allait vraiment le retrouver à l’attendre après son service ? Mais d’ailleurs, il ignorait à quelle heure elle pouvait terminer – puisqu’elle-même n’en avait généralement pas la moindre idée – et elle se retrouva pour la première fois depuis bien longtemps à ne pas savoir quoi dire, alors qu’il disparaissait pratiquement de son champ de vision. Elle attrapa son dossier pour le remettre sur son bureau et là, il se retourna soudainement en lui lançant un « Vous finissez quand ? Je ne vous ai pas demandé. » qui la fit relever les yeux vers lui, se retenant une nouvelle fois de sourire tant tout ceci lui paraissait grotesque. Loris Baumann avait du cran, la brunette pouvait au moins le lui accorder. « Je vous remercie pour l’intérêt que vous me portez Monsieur Baumann, mais il me paraît clair que je ne peux pas accepter votre invitation. » Elle s’approcha légèrement de lui et s’autorisa tout de même à se détendre un rien, histoire que son ton et son air ne paraissent pas aussi froid que d’habitude. « Mais j’espère que vous apprécierez tout de même vos sushis et que vous trouverez quelqu’un avec qui fêter ça. » Même si elle ne le lui avait pas avoué clairement, elle autoriserait sa réhabilitation – à condition qu’il continue d’aller voir un thérapeute, et ça, ça risquait d’être un détail un brin dérangeant pour lui. « Bonne continuation. » Ajouta-t-elle dans un souci de conserver une bonne note pour terminer cet entretien, lui tendant la main en le fixant, sourire aux lèvres. Hannah n’était pas du genre à se laisser déstabiliser pour si peu, et ça aurait mentir que de dire que c’était la première fois qu’un de ses patients lui faisait du rentre-dedans. Cela étant dit, ce Loris Baumann avait eu beaucoup de cran, c’était un fait certain.

           

           
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Message(#)LONAH #1 ▬ THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU EmptyMer 8 Juil 2020 - 17:04

THE ONLY HOPE FOR ME IS YOU
EXORDIUM.

Je n’aurais su dire si c’est ma franchise ou mon rapport à la famille qui fit réagir la psychiatre, mais sa moue, remarquable, m’a interpellé. Que dit-elle exactement ? Que je suis trop bon pour être tout à fait honnête ? Sur ce point, elle ferait erreur. Je lui cache moins la vérité à propos de mon rapport au monde, à mes collègues ou à ma hiérarchie qu’au sujet de mon épaule. Si ma rééducation est un sujet, c’est qu’il m’arrive rarement de me pointer chez les kinés en étant sobre. La plupart du temps, je me gave de calmants qui défalquent mes maux de l’équation. Opérationnel, je me galvanise de mes progrès au point d’oublier que je triche, que je dupe et que j’en suis la première victime. Plus les soignants me comparent à un surhomme, à une espèce de miracle lié à ma volonté tant il est rare de s’en tirer aussi bien que moi sans une intervention chirurgicale, plus je réfute l’idée de m’allonger sur le billard et plus j’en suis flatté. C’est humain. D’aucuns à ma place ne rejetteraient le pis-aller qu’est la drogue dure ou douce tant leurs bienfaits sont éloquents. Je les juge à moindre risque, mais n’est-ce pas un nouveau mensonge ? Une méthode efficace pour éteindre mes angoisses ? Dans ce bureau, elles paraissent inexistantes. Sauf qu’elles m’empêchent parfois de vivre, de respirer, de m’endormir sereinement et de me reposer d’un sommeil sans rêves. Je ne me l’avoue pas toujours. Je suis le premier auquel je prétends que seule la douleur physique est un frein à ma quiétude. Autant dire que je gagne haut-là-main la course de l’hypocrisie et, non content de verser dans la duplicité, j’enfonce le clou en la rendant complice des supercheries destinées à bercer d’illusion ma conscience. « Je l’ai envisagé à un moment, mais si tout se passe bien, je suppose que c’est moins nécessaire ou que ça peut attendre encore. » Faux ! Je suis tétanisé quand j’imagine l’éventualité comme la dernière option viable. Cette peur panique des conséquences devient ainsi le moteur de ma lâcheté et c’est inavouable. Le monde n’aime pas les poltrons. Les femmes raillent les couards. La police rencarde les timorés. Jamais je ne me rassasierai de ce pain-là. Et, avant qu’elle ne poursuive, afin d’éviter qu’elle insiste, dans l’espoir de la détourner de ses desseins, je l’invite à mots couverts à partager une table dans un restaurant japonais réputé pour ses sushis.

Évidemment, la proposition est tombée à plat. Maligne, elle l’a savamment ignorée, mais j’ai la tête dure. Une pioche et la force d’un géant ne suffiraient pas à m’entrer dans le crâne que c’est inconvenant, déplacé et, somme toute, délicat pour son éthique. La notion de porte-à-faux est d’une abstraction rare à mes yeux et nier ma position de patient ne m’aide en rien. J’insiste donc et, tandis que je devine, à cause de son regard, qu’elle s’apprête à m’oppose un nom, je m’en défends en fauchant l’herbe sous son pied. J’invoque l’argument que je n’aurai plus à remettre les pieds dans son bureau en tant que malade et qu’elle mérite un merci avec, sur les lèvres, ce sourire espiègle de ceux qui ne doutent jamais. Je frôle l’insolence, mais je m’en fiche. Il y a quelque chose qui me plaît chez cette fille. Je détecte dans sa personnalité une timidité qu’elle combat pour nourrir son ambition ou une forme de discrétion qui la suppose douce, tendre et compatissante. Ça m’intrigue bien plus que son physique atypique qui frôle la perfection. Ses traits sont fins et harmonieux. Elle me rappelle les modèles peints par les artistes de la renaissance. Ils cultivaient le magnifique à l’époque et nul doute qu’aujourd’hui ou en ces temps révolus, elle aurait remporté tous les suffrages et je réalise que l’adjectif qui qualifierait au mieux son éclat serait « universelle. » Sa beauté est universelle. « Ce n’est pas de l’intérêt, c’est de la reconnaissance. Tout le monde aime la reconnaissance. » Alors que le premier peut être malsain. D’une certaine manière, mon quotidien l’est devenu par la force des choses, mais est-ce fou d’envisager de ce qu’il ne me représente pas puisque je ne suis pétri d’aucune intention mauvaise ? Ce qui me serait reprochable, c’est mon entêtement à ne pas assumer son “non“ et d’ajouter, presque fier de moi : « Je vous dis à tout à l’heure » avant de quitter son bureau, de refermer la porte derrière moi et de jeter un coup d’œil ma montre. 16 heures. En toute logique – si tant est qu’elle soit bonne – elle devrait avoir terminé son service d’ici les deux prochaines et n’ai-je pas annoncé tout de go que je patienterai là, dans la salle d’attente ? Dans mon esprit, l’information a résonné comme une promesse et quoique je me suis évité de mettre à mal ma fierté en usant du temps imparti pour lui acheter des fleurs – il est des cartes qu’il faut savoir conserver dans sa manche – j’ai profité du délai de latence pour rentrer chez moi, me changer et passer un coup de fil à Leah, soucieux de lui rendre compte de cet étrange rendez-vous. Comme elle n’a pas répondu, je me suis rabattu sur un message moins révélateur. Je me suis contenté de lui annoncer que je serais réhabilité, bientôt, et que je passerai la voir sous peu.

J’ai divisé le reste de ma journée en activités utiles telles que mes courses et une douche. Devrait-elle finalement ne plus m’éconduire, Hannah Whitemore, qu’il n’était pas question de l’emmener dans un restaurant, aussi tranquille soit-il, dans un T-shirt et des baskets. Bien entendu, mon audace s’arrête là où commence la bêtise. Je sais pertinemment qu’elle me déboutera dans mes pénates, mais j’argue également qu’elle s’amusera de ma frasque et qu’elle y repensera. Peut-être même qu’elle le racontera à l’une ou l’autre de ses copines. Certaines en deviendront hilares, d’autres me traiteront de fou, mais elle y songera en rehaussant ses lèvres d’un sourire égayé et c’est, d’après moi, un pas vers cet objectif mal défini. Je ne sais pas ce que j’attends alors que je pousse la porte de l’hôpital. J’ignore quelle mouche me pique lorsque je m’installe sur l’une des chaises de la salle d’attente. Ce que je sais, en revanche, c’est que j’ai ouvert grand les bras quand elle a raccompagné son dernier patient à sa porte et qu’elle m’a séduit de son rire. Je sais qu’en lui promettant que je reviendrai et que je ne laisserai pas tomber, une part d’elle à reconsidérer la question… d’où du moins, je l’espère.

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