Ma main me brûle encore de la dernière altercation que j’ai eu, une bagarre au détour d’une exposition alors que je ne me souviens même pas des raisons exactes qui m’ont conduit là. Je n’aimais pas sa tête et sûrement que lui non plus et si le début de l’histoire est flou, le résultat final reste que je me suis encore une nouvelle fois retrouvé à l’hôpital à devoir me faire suturer la peau. Si les visites ont désormais tendance à s’espacer avec le temps, elles n’en restent pas moins nombreuses et, surtout, bien plus nombreuses que de raison. J’en viens à en connaître le nom de tous les infirmiers de l’hôpital quand bien même je n’ai jamais fait aucun effort pour les retenir. Je les soupçonne de m’utiliser comme crash test sur les nouveaux en formation, d’ailleurs, mais je ne dis rien à ce sujet et me contente de grogner toujours un peu plus fort alors qu’ils s’y reprennent par deux fois pour chaque point et que ça finit par inévitablement faire un mal de chien.

En plus de connaître le nom du personnel et du chien de chacun, j’ai aussi appris à reconnaître les allées qui se ressemblent pourtant toutes, entre un vert écaillé et un bleu plêtri, encore une odeur de mort et une autre d’antiseptique. Autant dire que je passe tout sauf les meilleurs instant de ma vie à l’hôpital et que j’aimerais plutôt avoir les mains libres pour peintre, ce qui n’est clairement pas possible quand un boutonneux bigleux est trop occupé à enfoncer une aiguille dans ma chaire. Et là encore, je préfère largement lorsqu’il s’agit d’un tatouage. Le fait est que je ne connais pas si bien les lieux que je l’aurais cru puisqu’entre un regard noir et un autre, un mauvais bouton d’appuyé sur l’ascenseur puis avoir tourné à droite au lieu d’à gauche je me retrouve dans un endroit qui sent tout sauf la mort. Ca piaille de tous les côtés, ça oui, mais ça sent bon. Ca sent bon et l'atmosphère est tout à fait différente ici ; j’aurais presque envie d’y rester.

Des dessins (moches) sont accrochés sur les murs, des petits mots y sont ajoutés lesquels je devine appartenir à des mains d’enfants patauds. Mes doigts glissent par dessus sans que je ne déchire rien, sans que je n’abîme rien non plus. Le bout de mon index devient tantôt bleu tantôt rouge selon les dessins de pastel desquels il s’imprègne. “Y’en a un à vous ?” C’est con parce que ma voix est douce là, juste là, quand je suis arrêté devant la vitre des nourrissons depuis plusieurs secondes déjà et que je ne suis pas en train de prévoir aucune connerie. Mes doigts sont sage, mon cerveau n’est pas en train de penser à aucun plan foireux et je suis même certain que le rythme de mon coeur s’est apaisé lui aussi à la simple vu des gamins emmitouflés dans leur cocon. Je souris, aussi, faiblement mais franchement, mes souvenirs perdus au moment où j’ai vu Cosimo pour la première fois.

@jordan fisher

Tu sais très bien que cette infirmière t’as gardé plus longtemps parce qu’elle a cherché un moment comment te demander ton numéro ou ton instagram ou quelque chose. Elle ne l’a pas fait au final mais t’as entendu sa collègue qui n’a pas été discrète du tout quand t’es passé devant l’accueil pour aller aux toilettes. C’était grave drôle en vrai. Ca t’a fait du bien alors que cette journée n’a pas été des meilleures. Y’a un gars qui cherchait la merde à un autre gars dans la rue et tu t’es retrouvé au milieu. Ils t’ont eu au visage, c’est plus impressionnant que ça ne l’est. Tu n’as pas senti pas grand chose non plus sur le moment. L’adrénaline. Le kiffe de se défouler sur un être humain qui avait l’air de le mériter. Parfait pour ta conscience. Tu sais pas si tu cherches une excuses ou quoi, mais le gars qui était en train de se faire emmerder tu le connais vite fait. C’est pour ça que tu t’es senti « obligé » de te mêler au milieu mais la vérité c’est surtout que t’avais envie de te frapper. T’as pas mal de colère que tu continues de canaliser en toi et des fois ça pète. Surtout quand ça va pas des masses dans ta tête. Y’a eu une ouverture, t’as sauté dessus. He deserved it.

“Y’en a un à vous ?” Ca faisait longtemps que t’avais pas mis les pieds dans cet hôpital. Tu le connais beaucoup beaucoup beaucoup trop bien. C’était ta résidence secondaire pendant 8 ans limite. Tu te souviens que la nurserie était un coin apaisant. Tu passais toujours ici avant de partir et apparemment tu continues de faire de même. Tes pieds qui t’y ont conduit automatiquement. T’avais même pas remarqué le gars à côté, il était déjà là ? Il est arrivé après ? Tu tournes la tête il aura le loisir de voir ta lèvres enflé, même si ça saigne plus. T’as eu deux points à l’arcade aussi. No big deal.

« Nope… None. It’s just peaceful here. » Tu hausses une épaule. Tu précises parce que tu veux pas qu’il te prenne pour un pédo. Tu le regardes juste maintenant et t’as bien l’impression qu’il est un patient plutôt qu’un parent lui aussi. « I guess none are yours either, right? » Et tes yeux qui se détourne de nouveau vers les gosses. T’es en train de leur donner des noms à tous dans ta tête. Celui que tu trouves le plus beau tu l’as nommé Romeo direct. T’aimerais bien pouvoir avoir leurs vrais noms mais tu sais aussi que c’est pas des infos que tu pourras avoir. Alors tu restes dans ta tête avec tes histoires.

On est des genre de Frankenstein modernes, finalement, c’est tout. Il a le visage suturé alors que moi ce sont mes poings qui continuent de tout accumuler pour le reste de mon corps. Je me débrouille toujours pour ne pas me prendre de coups trop violents autre part, par le plus grand des hasards et des coups de chance, mais je ne sais toujours pas doser la force de mes poings qui finissent par s’abattre soit sur la mâchoire de tout un tas d’inconnus, soit des murs ou autres surfaces en tout genre. Je cherche à faire mal autant qu’à avoir mal, généralement, et mes mains ne me servent pas qu’à créer mais aussi à détruire. Un jour ça me perdra je le sais et je ne pourrai pas dire que je n’avais pas été prévenu.

« Nope… None. It’s just peaceful here. » J’en viens à froncer les sourcils, interloqué qu’il dise rechercher du calme alors qu’il semble tout droit sortir d’une bagarre. Il n’a pas la tête de celui qui sert de souffre douleur au reste du monde et je pourrais mettre ma main au feu que s’il s’est battu c’est qu’il l’a décidé de lui même. S’il se bat c’est qu’il a le sang chaud et généralement les gens de notre espèce ne trouvent pas leur bonheur dans les endroits calmes. Si le contexte avait été différent, si un jour je n’étais pas prédestiné à me tenir ici en tant que père alors j’aurais tôt fait de bâiller et de faire machine arrière. Pourtant, tout est différent et lui ne répond aucunement à ma question ; et pour une fois cela ne m’énerve même pas. « I guess none are yours either, right? » Je suis déçu qu’il l’ait deviné si rapidement parce que je m’imaginais déjà choisir un enfant au hasard et faire comme s’il était mien, seulement parce que ce genre de chose aurait été drôle avec un parfait inconnu - tant qu’il n’était pas le père du gamin en question, on s’entend.

N’en reste pas moins que je rage intérieurement qu’il ait étouffé mon jeu dans l’oeuf avant même qu’on ait pu le débuter. J’aurais enfin pu appeler mon enfant Auden Junior, chose que Ginny persiste à me refuser et ce peu importe les arguments que j’arrive à avancer. “Comment t’en es arrivé à cette conclusion là ?” Je passe au tutoiement, distance que je décide déjà d’annihiler entre nous, les convenances restant encore et toujours sombres dans mon esprit. Il garde ses yeux posés sur les nourrissons alors que je le regarde et m’étonne de voir des bribes de tatouages transparaître au delà de ses habits. Il avait une tête de premier de la classe, je ne l’aurais pas cru tatoué. “Ma femme est enceinte.” Je n’aurais jamais réellement cru un jour associer Ginny à ‘ma femme’, encore moins faire précéder le terme de ‘enceinte’ et que le tout se rapporte à moi. On a fait beaucoup de chemin depuis quinze ans et aujourd’hui ça me mène à être apaisé à la simple vue de nourrissons. C’est stupide, certes, mais je ne bouge pas pour autant, encore moins maintenant que j’ai donné une excuse pour ma présence ici - comme si j’avais réellement jamais eu besoin d’excuse dans toute mon existence. “Perdu ou gagné ?” Back to basics, je pointe du bout de l’index ma propre lèvre pour lui montrer que je parle de sa bagarre. Peu importe l’excuse préconçue qu’il avait en tête, s’il compte me dire qu’il est tombé je lui dirai qu’il me prend pour un con et que ce n’est pas une idée lumineuse.

“Comment t’en es arrivé à cette conclusion là ?” C’est ce moment là que Romeo se met à pleurer et tu fronces un peu le nez. Il s’est passé quoi pour que le gosse pleure d’un coup ? Il a faim ? Il a besoin de chaleur humaine ? Il est mal installé ? Quoi qu’il en soit le gars à côté de toi n’auras eu droit qu’à un haussement d’épaule de ta part pour toute réponse. “Ma femme est enceinte.” Ouf. En soit, ça change absolument rien à ta vie, mais tu t’es imaginé dire ces mots là un jour. Si tu devais les dire. Si t’étais dans cette situation. Bien évidemment ça ne sera pas avec Rosa puisqu’elle est morte, mais y’a qu’avec elle que tu n’aurais pas eu de soucis dire ces mots là. C’est elle ta femme et personne d’autre. Tu es en train de te demander si ce gars est aussi fou amoureux de sa femme que tu l’étais de la tienne.

« Congratulations. » Parce que c’est ce que les normes de la société te dictent. Des réponses toutes faites à des situations. La vérité c’est que tu ne te vois pas du tout avoir un gosse toi là maintenant dans ta vie actuelle. Ce serait plus un calvaire qu’autre chose et ça te saoulerait qu’on te félicite de manière automatique. “Perdu ou gagné ?” Tu le vois qui pointe sa lèvre.

« It feels like a win. » T’as pu te défouler, c’était le but de la manœuvre. Il a été atteint. Et puis y’a un autre bébé qui se met à pleurer encore plus fort que Romeo. Tu sais pas pourquoi ça te fait sourire alors qu’il doit vraisemblablement être dans une souffrance pour être en larmes. « Sandro seems mad at Romeo. » Il a l’air latino de là le gosse. They’ve got some serious voice they will wake them all up soon. T’es déjà en train de les imaginer finir chanteur d’opéra avec un organe pareil à cet âge là. One day old. Ca te fait tellement délirer de te créer des histoires dans ta tête, t’as pas pu t’empêcher de partager, tu t’en es même pas rendu compte en vérité. It’s all Romeo’s fault. C’est lui qui s’est mis à pleurer en premier.

« Is it your first? » Tes yeux qui retourne vers le gars. Pour qu’il vienne squatter ici le gars, ça doit être proche, que ça doit être nouveau. En tout cas, il cogite. « Are you freaking out already? » Tu demandes le plus sérieusement du monde. Il n’y a rien de plus normal que de flipper sa mère pour ce genre d’évènement.

Je fronce les sourcils lorsqu’il me sort des félicitations toutes faites lesquelles je n’ai jamais trouvé aucun intérêt. Il ne connaît rien de moi et encore moins de Ginny et je pourrais très bien avoir inventé cette histoire simplement pour être quelqu’un à ses yeux. Cela ne rime à rien qu’il me félicite mais cette fois ci je le préserve du grand discours de merde que je sors à chaque fois. Un gamin pleure déjà, je ne veux pas envenimer la situation. Il pensait bien faire je le crois et je fais de ce fait lui accorder le bénéfice du doute. Congrats, ouais.

« It feels like a win. » Je souris davantage maintenant, comme s’il était une sorte de poulain dont je devrais être fier alors que je ne le connais finalement ni d’Eve ni d’Adam. J’ai envie d’être tatillon et de dire que soit il a gagné, soit il a perdu, mais soit. On s’en tient sur quelque chose qui semble être une victoire, cela me paraît être un bon début. Je donnerais cher pour voir le visage de l’autre, si le gagnant a la lèvre tuméfiée et l’arcade en vrac alors je ne donne pas cher de la peau de l’autre. Je me suis toujours dit qu’un jour je réaliserai une série de portraits.

« Sandro seems mad at Romeo. » “C’est parce qu’Anaëlle est allée au bal avec Romeo alors qu’elle avait promis d’y aller avec lui.” J’entre dans son jeu, ouais, okay, ça va, personne ne le saura de toute façon il n’y a que nous deux ici. Personne ne fera aucune remarque et j’oublierai bien vite l’avoir un jour rencontré puisque c’est ce qui finit inévitablement par arriver.

Ensuite viennent les questions plus épineuses parce qu’à un moment ou à un autre, ça finit toujours par arriver. J’aurais dû le sentir venir mais la vérité c’est que jamais je ne pourrai être totalement blindé contre ce genre de choses, pas alors que cela touche à la chair de ma chair. « Is it your first? » Je déglutis doucement, mes yeux vissés entre deux nourrissons, son regard sur moi que je sens désormais brûlant et alerte au moindre signe de faiblesse - signe que je ne montrerai aucunement. “Oui.” Il est le seul enfant que je regarderai grandir dans le ventre de sa mère, il est le seul enfant que je verrai naître et à qui j’apprendrai tant à marcher qu’à parler qu’à insulter le voisin d’en face en italien. Il est le seul à qui je donner tout, absolument tout, dès le premier instant jusqu’au dernier et pour toutes ces raisons il sera mon premier. Avec Cosimo c’est différent, on répare seulement ce qui peut l’être, on apprend à se connaître en contre coup. Avec Cosimo tout fait mal mais je ne l’abandonne pas pour autant. C’est seulement différent. « Are you freaking out already? » Ouais. Non. Y’a des limites à tout. “C’est quoi le tatouage dans ton cou ?” On ne peut en voir que les extrémités mais il n’est pas difficile de deviner son existence et sa taille sûrement imposante. Je n’ai pas pu m’empêcher de le noter et maintenant je suis curieux de savoir ce dont il s’agit, toujours présent pour parler art ; même en face de Romeo qui pleure et Sandro qui commence à s’y mettre aussi.

“C’est parce qu’Anaëlle est allée au bal avec Romeo alors qu’elle avait promis d’y aller avec lui.” Tu ris en l’entendant. Tu kiffes qu’il ait continué sur ta lancée. T’en as plein d’autres d’hypothèse dans ta tête sur toute cette fanfare qui se joue en face de vous. Les possibilités de ton imaginations sont sans fin.

« Damn you Anaëlle ! » Already a bad bitch so young. Tu dis pas ça à voix haute parce tu le connais pas le mec, tu sais pas quel niveau d’humour il peut encaissé et c’est pas très gentil aussi cette phrase. Tu tentes pas le diable, t’as plus envie de frapper dans qui que ce soit aujourd’hui. T’es ok maintenant. “Oui.” Et lui il va être père de son premier gosse. Good luck man. Et il esquive ta question. He is freaking out. Et il veut pas en parler. Tu comprends. Tu insistes pas, tu regrettes même d’avoir posé la question. “C’est quoi le tatouage dans ton cou ?” Mais ça va, il est cool, il enchaîne. Avec une question assez perso mais tu l’as cherché. Tu tires un peu sur ton col pour qu’il puisse lire la phrase ‘What hurts you changes you’. Y’a également pas du tout de doute sur le fait que le reste de ton torse et ton dos sont complètement tatoué également vu l’aperçu que tu lui donnes. Tu comptes pas lui donner plus d’information sur le tatouage. De toute façon ça s’explique tout seul car c’est une phrase. Ca t'arranges bien qu'il demande à propos de celui là. Y'a quand même une explication sous jacente que tu ne donneras pas. C'est perso.

« You don’t really care tho. You only asked to bother me like I bothered you with my questions. » C’est le feeling que t’as. Tes interrogations indiscrètes alors que tu le connais pas du tout le gars et qu’il a clairement pas envie de parler de ça. « I’m sorry, I didn’t mean to invade. » T’es tellement en mode chill, t’as pas envie de te prendre la tête pour quoi que ce soit. Si faut t’as faux sur toute la ligne mais t’avais quand même envie de t’excuser. Si le gars il freak out il a certainement pas envie de se l’entendre dire par le premier inconnu qu’il croise pour l’accabler encore plus.

Je ne souris pas trop parce qu’il reste un total inconnu et que c’est con que de sourire à des inconnus mais oui, okay, d’accord. J’ai un sourire en coin. Fin. Très fin, mais au moins a-t-il le mérite d’exister. J’associe souvent ça à une preuve de faiblesse dès lors qu’il ne s’agit pas d’un sourire narquois mais pour le moment encore le contexte est différent et il m’autorise à faire ce dont j’ai envie sans n’avoir à craindre le jugement de qui que ce soit, pas même lui dont je ne connais pas le nom. Appelons le Romeo.

« Damn you Anaëlle ! » Et je me dis qu’Anaëlle serait un joli nom pour notre enfant, si elle était une fille.

Mon cou en vient à s’étendre pour, ironiquement, en observer le sien. Mes yeux se posent d’abord partout ailleurs sur l’encre plus ou moins colorée provenant de ses omoplates, je devine qu’il en a sur le torse aussi. J’observe tous les à côté avant d’en voir le sujet principal, regard observateur qui ne se contente jamais de la chose la plus évidente laquelle est pourtant sous mes yeux. Une phrase. Je m’attendais aux griffes de Wolverine et il me sort une phrase. ‘What hurts you changes you’ Je souris de nouveau dans son dos, sans doute un peu de moquerie cette fois-ci alors que mon souffle trop curieux se perd derrière lui. Je préfère ce que Ginny a dans la nuque mais je le garde pour moi, cette phrase devant - je l’espère - avoir une signification particulière pour lui. Si j’avais réellement envie d’entendre ses explications ou d’endurer son regard noir je lui aurais posé la question mais finalement je me lasse déjà de la réponse sans rien n’avoir encore entamé.

Il m’étonne pourtant à chaque seconde qui passe et se prouve être de moins en moins ennuyant - les être humains restant par défaut niveau ennui 100% dans mon esprit, et c’est ensuite à eux de me prouver que j’ai tort. Il remonte à 80%, je crois. C’est déjà bien comme chiffre, ça prouve qu’il y a eu une évolution. « You don’t really care tho. You only asked to bother me like I bothered you with my questions. » Il ne se laisse pas faire en plus de ça et bien loin de m’offenser cela me fait surtout rire. Je ne m’offusque pas non plus du fait qu’il ait momentanément su lire en moins comme dans un livre ouvert, comme si j’avais réellement cherché à cacher à un moment ou à un autre pour quelles questions je ne comptais pas répondre. Je peux porter un masque dès que cela me chante mais parfois je préfère simplement ne pas m’en traîner un s’il ne me sert finalement à rien. Certaines de ses questions étaient chiantes, pas d’autres. Lui n’ont plus n’a pas répondu à toutes les miennes et bien loin de là. Un point partout, balle au centre.

“Perdu. Ça m’intéresse réellement. Un point pour Auden.
Et si on passe le match en accéléré, je gagne la manche et toutes celles qui s’ensuivent pour ensuite gagner la partie. Presque désolé du spoiler.
“Je tatoue sur mon temps libre.” Ça sonne artiste et ça sonne mystérieux alors qu’en réalité je n’ai tatoué que mon frère et ma femme et même si pour cette dernière les traces d’encre sur son épiderme commencent à être nombreuses, j’ai bien conscience que cela ne fait pas de moi un professionnel pour autant. J’excellerai toujours bien mieux en peinture. Et en dessin. Et en photographie. Et au piano, même si ça m’emmerde.

« I’m sorry, I didn’t mean to invade. » C’est bien dommage pourtant puisque moi je ne serai jamais désolé de m’aventurer là où je ne devrais pas. Je n’ai jamais appris à lire les panneaux australiens, faut croire, et ceux italiens non plus maintenant que j’y pense. Tant pis, c’est bien dommage, on garde ça pour une prochaine vie. “C’est la même personne qui t’a tout tatoué ?” Je ne sais pas exactement jusqu’où le tout s’étend mais ai le pressentiment qu’il ne m’a laissé entrevoir que la partie immergée de l’iceberg. “Combien d’heures ? Tout a une signification, pour toi ?” Il a éveillé l’artiste en moi et je pourrais être désolé de ne désormais plus faire attention ni à Sanders ni à Romeo (mais quand même un peu Anaëlle, okay, oui) sauf que cela serait mentir. “Pourquoi rien ne dépasse de tes habits ?” Pourquoi est ce qu’il se cache sans réellement se cacher ? Les tatouages sont faits pour être exhibés, admirés, vantés.

"Perdu. Ça m’intéresse réellement. » Bullshit.
“Je tatoue sur mon temps libre.” Oh well maybe then. Tu te sens con du coup, effectivement, ça change ce que tu imaginais à son propos. Tu te demandes où sont ses tatouages à lui parce que tu n’en vois pas d’apparents mais t’es sûr qu’il doit en avoir pas mal pour en arriver à ce passe temps. Tu le regardes du coin de l’oeil, hochant la tête avant de retourner regarder Romeo & Sandro qui sérénade leurs pleurs aux autres bébés.

“C’est la même personne qui t’a tout tatoué ?” Cette question te surprend mais tu réalises que le gars a aucune idée de tout ce que t’as sur le corps. Aucune idée toutes les histoires qui se trouvent derrière les tatouages que ce soit dans leur symboliques pour toi ou juste des moments de ta vie que tu te souviens plus ou moins bien selon les pièces sur ta peau.

« Nope. »
“Combien d’heures ? Tout a une signification, pour toi ?” Ok le gars il est passé en mode interrogatoire. Il est en train de jouer au Quickfire? Tu t’y attendais pas et surtout, ses questions sont tellement étranges pour toi. Comment il peut penser que tu puisses quantifier tout ça ? He did not see them. Vrai. Il a vraiment l’air intéressé cette fois mais le gars doit pas avoir tant de tattoo que ça pour qu’il pose toutes ces questions. “Pourquoi rien ne dépasse de tes habits ?” Il s’arrête pas et ses questions te surprennent de plus en plus. Tu tournes la tête de nouveau vers lui, assez puzzled par cette dernière.

« Man, your questions are so weird. » Tu hausses une épaule. « Nothing is showing because I need all these layers on me. » Il fait pas chaud et t’es confortable avec ton hoodie sur le dos et ton jeans. « Started getting tattooed at 15, definitely can’t count how many hours I’ve been under the needle. » Encore plus que certaines fois t’étais pas très conscient. Tu t’es déjà réveillé avec des nouveaux tatouages en ayant aucun souvenir de les avoir fait. « Why are your tattoos not showing? » Parce qu’il est complètement impensable qu’il en ait zéro s’il tattoo lui même.

« Man, your questions are so weird. » Oui, certes, peut être, mais cela ne répond absolument pas auxdites question. S’il veut se débarrasser de moi plus rapidement, il n’a qu’à répondre et ainsi donc, bien loin d’abandonner, je passerai à la suite de mes questions sans avoir à répéter trois fois la même chose. Cette fois-ci peut être j’ai espoir qu’il réponde à toutes mes interrogations sans au passage malencontreusement oublier la moitié d’entre elles, aussi. « Nothing is showing because I need all these layers on me. » Ce qui n’explique pas pourquoi les marques ne dépassent pas sur son cou, ni sur ses poignets, ni même sur ses chevilles. Tout s’arrête parfaitement là où la peau est à nue. Qu’il ne me dise pas que ce n’est que du pur hasard parce que je ne le croirai pas et le sourcil que je hausse parle à ma place. Conneries, ouais. « Started getting tattooed at 15, definitely can’t count how many hours I’ve been under the needle. » J’ai commencé à m’intéresser à l’art du tatouage à peu près au même âge, la précision qu’il apporte me fait donc sourire intérieurement - extérieurement, rien ne transparaît, comme à mon habitude. J’apprécie bien moins qu’il ne puisse pas dénombrer le nombre d’heures passées à se faire transpercer la peau, mon âme précise et organisée au possible aurait voulu pouvoir se donner un ordre d’idée. Non pas que j’envisage de faire la même chose, non, certainement pas ; seulement pour ma conscience personnelle.

« Why are your tattoos not showing? » J’étouffe un rire faux tout en étant, paradoxalement, réellement amusé par sa question. Cela ne m’empêche pas de le juger, par contre. Je suis un gros con observateur, lui est un gentil aveugle. Cela ne doit pas être franchement drôle ni même divertissant que d’être dans sa peau, aussi recouverte de tatouages soit-elle. “C’est toi qui ne les vois pas. Je ne lui indique ni celui dans le cou ni celui sur ma cheville, à lui de trouver tout seul si cela l’intéresse tant. Je cherche à obtenir des réponses à son sujet par simple curiosité, pourtant donner de ma personne n’était pas réellement prévu au programme. “Ton premier tatouage, c’était quoi ?” Ok. On fait plus simple maintenant. Une question chacun ; impossible de se défouler et de faire comme si de rien n’était (normalement). Je veux connaître le cheminement de ses pensées, envies et idées de ses quinze ans jusqu’à maintenant. Cela me semble être devenu la nouvelle priorité de ma vie, là, juste là.

“C’est toi qui ne les vois pas. » Tu lèves un sourcil et tu te décides à l’observer véritablement du coup. Sans bouger pour autant mais tes yeux vont sur les parties exposées de sa peau. Tu regards tellement pas les gens c’est fou Jordan. Ca t’intéresse pas. Chacun est comme il le souhaite et tu fais jamais de commentaire sur les apparences. Sauf quand c’est des compliments pour tes amis. Eux tu remarques les changements, le reste de la terre, tous les inconnus, t’en as rien à foutre. Ce type tu le verras certainement plus après ces quelques minutes que vous passez ensemble. Tu le vois toujours pas son tatouage après l’avoir regardé de plus près. La vérité c’est que t’es pas du bon côté pour le voir son petit truc tatoué.

“Ton premier tatouage, c’était quoi ?” Il n’a pas fini avec ses questions. Il est vraiment intéressé le gars. Tu pensais pas. Ca te dérange pas de répondre à ses questions, mais jusqu'à un certain degré.

« A coffin on my ribs. » Dire sur les côtes ça fait moins sentimental que « sur le coeur ». Parce que c’est bel et bien sur le coeur que tu as voulu le faire. Tu t’étends pas sur le tatouage en lui même qui est plus qu’un simple cercueil, mais le gars va pas le voir de toute façon et tu t’imagines pas lui décrire tous les détails non plus. Au moins il a l’idée générale. Et puis tu le vois, son tatouage dans son cou. Tu hoches la tête, le lui indiquant du menton.

« Spotted. » Mais tu fais aucun commentaire à ce propos parce que tu n’en as rien à dire. « How many hours for yours? » Là t’es un peu une pute parce que t’es quand même en train de sous entendre combien d’heure pour celui qu’il a dans le cou qui devrait en soit prendre une demi heure au max par quelqu’un qui a de l’expérience dans le métier. Mais non, il en a sûrement d’autres et sa réponse va t’éclairer à ce propos.

« A coffin on my ribs. » Je lève un sourcil interrogateur, absolument pas dérangé d’afficher si facilement mon jugement. Ce sont ses choix et je ne dois pas être le premier à le trouver curieux, ne me prenez pas pour le grand méchant loup de l’histoire. Qui a juste choisi de se faire tatouer un cercueil sur les côtes ? Mise à part quelqu’un sous l'emprise de l’alcool, j’entends. L’alcool, ou d’autres trucs, cela ne m’étonnerait absolument pas. “Pourquoi un cercueil ?” J’aurais dû hocher de la tête, rester silencieux et accepter de passer à autre chose. J’aurais dû, oui, je le sais bien ; mais ça aurait aussi et surtout été bien trop simple. J’ai une question je la pose. C’est comme ça qu’on apprend, qu’on grandit, qu’on évolue … même si oui, okay, cela ne m’en apprendra finalement que sur sa vie personnelle et rien de plus. Au moins, c’est déjà ça.

Heureux qui comme Ulysse : « Spotted. » Je reste impassible, n’ayant jamais cherché à cacher ce tatouage ci ni même l’autre. Il aura eu besoin d’indices et de temps mais au moins me prouve-t-il qu’il n’est pas aveugle et son cerveau pas seulement activé pour donner des noms au hasard aux bébés d’inconnus - ce qui ça assez creep, dit comme ça. « How many hours for yours? » C’est pas drôle s’il retourne les questions, c’est trop facile. Je hausse les épaules, ayant perdu de l’attrait pour la discussion qui sert tout autant d’interrogatoire. “On a pas chronométré.” Le tatoueur donne une fourchette, il y a le moment où vous rentrez et celui où vous sortez, il est toujours possible de se donner un ordre d’idée. Ginny ne m’a pas donné de fourchette et personne n’est entré ou sorti de l’appartement berlinois. Elle l’a juste tatoué, voilà tout. “C’est ma femme qui l’a fait.” Il s’en moque certainement mais pas moi qui l’annonce avec toute la fierté du monde dissimulée sous mon visage impassible. C’est là aussi, où, s’il me répond d’un ‘ça se voit’, c’est le sang de son arcade déjà ouverte qui va se voir sur le mur face à lui la seconde qui suit. “Le prochain de prévu ?” S’il me dit qu’il ne compte pas en faire plus, je crierai au mensonge et à l’anti-jeu. Je l’aime bien, pourtant, ce jeu. Ce n’est ni l’endroit ni le moment mais ça me fait penser à autre chose et ça me force à garder les pieds sur Terre un temps encore.

“Pourquoi un cercueil ?” Tes yeux sur les gosses qui l’ont remis en veilleuse étonnamment. Il a vraiment cru que t’allais répondre ? Un sourire en coin se forme sur tes lèvres. You won’t get this one. Tu balances pas ce genre de truc au premier venu. Tu le balances même très rarement. Ou alors faut que tu sois bourré ou high. “On a pas chronométré.”  Ca te fait rire parce qu’effectivement il a pris ça comme si tu parlais de celui dans son cou. Maybe it’s the only one. Nan tu veux pas croire. “C’est ma femme qui l’a fait.” Tu te figes en l’entendant. Holy shit. Ton esprit qui part loin avec cette info. “Le prochain de prévu ?” Si loin que tu l’as pas entendu poser cette question.

« I wish my wife tattooed me. » Putain qu’est ce que t’es jaloux de ce gars là. T’es sûr que Rosa aurait été opé même si le tatouage aurait été pourri. Vous vous serriez marré et t’aurais eu un souvenir d’elle sur ta peau constamment. T’as mille tatouages qui sont liés à elle, mais si l’encre avait été posé de sa main, ça aurait été un autre level. Fucking hell. T’es tellement jaloux là. Peut importe tout ce que t’as sur la peau, lui il en a un de sa femme. Tu donnerais beaucoup pour ça.

«  My next one you said ? At this point I’m trying to stop myself from getting Halsey’s face somewhere. But yeah I will definitely do something related to her last album soon enough. I’m obsessed. » Doux jésus ce que tu parles quand t’es passionné. D’un coup tes phrases comportent beaucoup plus de mots. Avec sa question il vient de te hyped pour faire ce fameux tattoo en plus. Tu savais même pas qu’il était dans ta tête avant qu’il en parle, mais c’était sûr. C’est tellement facile pour toi de trouver une excuse pour faire un nouveau tatouage. S’il te redemande ce soir, t’auras une autre réponse.

« Do you know who Halsey is? »

Oh t’es une pute Jordan. It’s just a question. Bien sûr.

Il est du genre sacrément chiant à ne répondre qu’une question sur dix. Normalement je suis le seul à jouer à ce jeu là et à en profiter pleinement mais pour une fois que je m’intéresse à quelque chose chez quelqu'un, voilà qu’on me fait comprendre de la manière la plus subtile qui soit (non) que je dois rester à ma place. Ah, ah, comme si une telle chose était réellement envisageable. Il ne sait pas qu’en faisant ça il vient surtout d’attirer encore un peu plus mon attention et avec elle toute ma capacité à être le gars le plus lourd de l’univers. « I wish my wife tattooed me. » Je me fige un instant en attendant la suite de ses paroles, parce que s’il compte se lancer dans un discours énamouré à propos de sa femme et bla bla bla alors ce ne sera très certainement pas pour moi. Je ne pensais pas me marier un jour dans ma vie et m’occuper d’une seule et unique femme occupe tout mon temps et toute mon énergie. Autant dire qu’il ne reste rien de disponible pour les autres, encore ceux qui ne daignent pas répondre à mes questions. Je le vois qui rage entre ses dents, pourtant, et ça suffit à me faire sourire à mon tour.

Enfin le voilà qui répond alors que je n’y croyais plus, silencieux pendant un temps maintenant que mon attention était revenue vers les nourrissons pour savoir lequel était le meilleur et par conséquent lequel allait s’appeler Auden Junior. Alors quand il prononce beaucoup de mots je n’en écoute plus que la moitié, gamin dont la patience n’existe en réalité absolument pas. Il faut me répondre de suite ou j’en viens à oublier ma question, voilà la seule vérité. « Do you know who Halsey is? » Je hausse les épaules, me culture musicale étant à sec et ma passion pour ce monde là au minimum syndical. Bailey aurait pu répondre mais autant dire qu’il est loin d’être mon modèle dans ce monde. “Une chanteuse, du coup, je parie.” Mon attention est au plus bas, je hausse les épaules. La dernière Halsey que j’ai rencontré était une prostituée qui m’a fait perdre une course contre Ginny, mais je doute qu’il n’y ait aucun lien à établir entre les deux.

Je me dis qu’en voulant se tatouer la tête de quelqu’un il a 95% de chances pour que ça foire, et l’idée me fait plutôt rire. “Tu la veux où, ta Halsey ?” S’il en parle alors c’est qu’il y a déjà pensé et si l’idée a commencé à faire son chemin dans son cerveau, je sais qu’elle ne s’en délogera plus jamais. J’ai cette année enfin tenu des promesses faites il y a plus de dix ans lesquels n’étaient jamais sorties de ma tête. Je sais ce que c’est. “Aksin’ for a friend.” Comme si j’avais sérieusement des amis.

“Une chanteuse, du coup, je parie.” T’es pas surpris qu’il ne sache pas et qu’il fasse le blasé. Il a l’air de se prendre pour beaucoup plus important que ce genre de savoir là. Bizarrement t’es pas surpris, c’est ce qu’il dégage le gars. Quand bien même, il t’a répondu. Tu l’aurais bien vu esquiver cette question là parmi toutes les autres sur lesquelles il a fait l’impasse. “Tu la veux où, ta Halsey ?” Bonne question. T’as pas réfléchit à ça. “Aksin’ for a friend.”

« I don’t know. I didn’t think it through. » Parce que tu viens littéralement de sortir ça de nul part. C’est pas comme si t’allais te faire tatouer dans la journée. T’as le temps de voir ça venir et bosser l’éventuel design. Or quote. Or design inspired by a quote. Tu vas certainement pas faire son visage, c’était une boutade pour montrer ton niveau d’obsession avec la chanteuse.

« I’ll check with my tattoo guy. » T’as un tas d’amis qui tatouent, ou plutôt des tattoo artists qui sont devenus tes amis au fil des ans. Certains de tes favoris qui ont déménagé à Melbourne mais c’est pas rare que tu ailles par là bas. Alors tu prends quasi toujours l’opportunité de te rendre à leur shop pour te faire un souvenir de plus. Un que tu as vraiment pensé plus ou moins longtemps. C’est juste la différence avec les nombreux qui sont juste apparu sur ta peau quand tu t’es réveillé. « Are you feeling inspired? »  Parce que t’es pas complètement con non plus. Son ‘Askin’ for a friend’ qui est assez clair à ton sens. Le gars il a aucune idée de la tête de la personne, il sait rien mais il est déjà en train de visu des trucs. Ca t’intrigue, tu te demandes ce qu’il a en tête. Probably not hers. Nope.

Il n’avait que des bribes d’idées et je suis en train de le mener vers une pente glissante sans que cela ne me dérange le moins du monde. « I don’t know. I didn’t think it through. » Il a laissé apparaître des tatouages dans son dos et j’ose imaginer qu’il ne s’est pas contenté que de cette partie de son corps. S’il n’a pas réfléchi où mettre Halsey alors je suis totalement en train de le faire à sa place en ce moment même. Le haut du corps est une no go zone, ne me reste donc que ses jambes. Est ce que j’ai dit ‘me’ ? Certains certains découragés d’avoir si peu d’informations alors qu’au contraire je me sens bien plus libre ainsi. Halsey que je ne connais pas cela signifie un visage que je ne peux pas rendre ; passons donc à l’idée suivante et informons le de ce changement de dernière minute … À la dernière minute. L’expression n’aura sûrement jamais aussi bien porté son nom.

« I’ll check with my tattoo guy. » Je fais mine de m’y intéresser, moue du visage qui prouve très bien que je ne m’y intéresse absolument pas le moins du monde. Il peut check avec qui il veut que ça ne changera rien à la chose. Il a une idée en tête et il ne s’en défera pas, ça se voit dans ses yeux. Je le sais ; lui semble encore l’ignorer et la chose est plutôt amusante à vrai dire. Il croit encore pouvoir échapper à tout le processus alors que toute une part de lui, si ce n’est lui tout entier, n’attend finalement que ça.

« Are you feeling inspired? » Mon sourire s’étend, fier. Ginny en aurait peur, elle saurait qu’il cache quelque chose, elle saurait que ce sourire là n’a absolument rien qui vaille pour qui que ce soit si ce n’est mon âme d’enfant. “Toujours.” Ca sonne poétique alors que ce n’est que la réalité. Le jour où je perds mon inspiration je perds toute un pan de ma vie en même temps. Et par ‘tout un pan de ma vie’, je veux dire toute ma vie. L’inspiation coule dans mes gênes, surtout quand il s’agit de me donner carte blanche - ce qu’il n’a pas encore fait, ce que je me suis octroyé moi même mais oh well. “Tu n’avais de toute façon rien de mieux de prévu pour aujourd’hui j’imagine.” Je m’en fous de ses tattoo guys, qu’on s’entende. Il est le seul à décider. "Je tatoue chez moi." Le chez moi qui n'est pas chez moi mais passons. Il n'a pas besoin de connaître tous les détails, seulement de savoir que j'attends un signe de sa part et que la prochaine chose que je ferai sera de tatouer un parfait inconnu à la suite d'une conversation.