(streets beach) Il faut que quelqu'un le dise enfin : la plage, c'est vraiment à chier. Il y fait trop chaud, on est tous serrés les uns contre les autres, les gamins crient, le sable se fraye un chemin de partout entre les affaires et la nourriture. Sérieux, vous aimez vraiment les sandwichs au sable, vous ? Il y en a toujours au moins un pour ne pas respecter la sécurité et il y en a toujours au moins deux pour venir vendre des glaces - ce qui se rapporte à l’enfer sur Terre si jamais il y a un McGrath perpétuellement affamé à côté de vous. En clair, si jamais vous en doutiez encore, je ne comprends vraiment pas l'intérêt de la plage. Pour parfaitement représenter le genre de gamin, d'adolescent, et d'adulte que je suis et qui a grandi dans les terres de son pays natal, je ne comprends pas non plus l'intérêt d'aller au soleil deux minutes pour finir par ressembler à une écrevisse. Personne ne trouve ça beau, sérieusement, et en plus le seul résultat final reste la douleur. Ne me demandez donc pas pourquoi ma maison de prédilection a toujours été à Bayside, il n'y a aucune corrélation à mettre en place entre les deux. Vous pourrez vous contenter de dire que le hasard a tranché pour moi ; ça fera très bien l’affaire et vous gardera loin de ma vie privée qui le restera aussi longtemps que je l’aurai décidé.

Finalement, je dis tout ça puisque c’est le plus logiquement du monde que je me suis retrouvé sur la plage, celle qui est à quelques dizaines de mètres de madite villa. Au moins je ne peux pas me plaindre de la chaleur étouffante maintenant nous avons enfin quitté l'été pour arriver dans ce qu'ils appellent l'hiver, mais qui à mes yeux est tout sauf un hiver. En soi, ce n'est même pas le problème du jour, ça ne sera pas celui de demain non : je ne suis pas miss météo. Le fond vert me va mal au teint.

Aujourd’hui j’ai seulement trouvé une activité bien plus fascinante que de promener Pizza le long de la plage - ce qui n’est pas fascinant non plus mais Ginny avait décrétée qu’elle voulait absolument le sortir aujourd’hui et par simple esprit de contradiction c’est donc pour une fois moi qui m’en charge. Le chien m’écoute à peu près une fois sur dix, si bien que j’ai totalement renoncé à lui donner le moindre ordre. Tant qu’il reste accroché au bout de la laisse et que je n’ai pas à expliquer à mes parents que le chiot qu’ils m’ont laissé ramener en Australie est présentement sous les roues d’une voiture ou dans la gueule d’un requin, tout ira bien. Je ne suis pas tant en colère que ça de toute façon et trouve même le temps de venir caresser l’animal dès lors qu’il cesse de faire la chasse aux papillons imaginaires. Nous finissons même par quitter le littoral herbeux pour réellement s’aventurer sur la côte alors qu’il chouine déjà pour que je le lâche et qu’il puisse se jeter dans l’eau. Soit.

Tout en gardant un oeil sur lui j’en profite pour en observer davantage le curieux groupe d’inconnus un peu plus loin, ceux là même qui ressembleraient presque à des agents de Men In Black : sans le costume, sans les lunettes, sans toute la classe et seulement les aliens difformes et associés aux couleurs chatoyantes (non) de sacs poubelle. Oui, voilà, ils ne ressemblent donc à rien. Cela me fait d’autant plus sourire que je crois reconnaître l’un  d’eux, lequel (masculin, pour ‘sac poubelle’, suivez un peu) je n’aurais jamais cru revoir de ma vie un jour et encore moins dans ces conditions. Je siffle Pizza pour le ramener à moi, lui qui a tôt fait de se planter devant l’inconnue-pas-si-inconnue pour venir flairer les déchets qu’elle touche à peine du bout de sa main gantée. Je comprends, je ne m’en serais pas approché moi même et ce même si j’étais payée pour le faire. “La société a fait faillite après les mariages ratés ? J’ai créé des vocations et ils ont tous fait défection ? Ah pardon, y’a encore le secret ultra secret hyper secret de l’émission à garder ?” Je parle trop, je parle beaucoup trop mais j’ai aussi beaucoup trop envie de rendre à May la monnaie de sa pièce maintenant que je ne cherche plus à entrer dans son émission, laquelle sera enfin diffusée dans le courant du mois. “Oui enfin, je me moque de la réponse à la dernière question.” A toutes celles d’avant aussi, cela va de soi, mais au moins je ferai un minimum semblant. “N’oublie pas la canette derrière ton pied.” Mes yeux remontent vers elle alors que mon sourire s’étend. Si elle pensait passer une mauvaise journée, ce n’était pourtant que le début des problèmes.

C’est équipée de son gant et de son sac poubelle que May Glitters arpente la plage accompagné de quelques autres personnes. Elle ne leur avait pas adressé un mot depuis qu’ils étaient là et n’avait envie de parler avec aucun d’entre eux. Si bien que ceux qui s’y étaient essayés s’étaient retrouvés face à un mur. Lorsqu’elle souleva son sac pour estimer la quantité d’ordure qu’elle avait ramassé ,cela pouvait sans doute se compter sur les doigt d’une main, quelques mégot, et une canette en aluminium. May n’était pas là par gaité de cœur, mais elle avait conclu un marché : si May participait à cette journée pour la planète, elle était dispensée de la journée solidarité de Endemol Australia. Car même si May était indépendante, elle avait beaucoup de contrat avec cette société de production et elle était lié à eux dans un sens. Alors, à choisir entre ramasser des mégots de clopes sur une plage ou aller rendre visite à des vieux flétris dans une maison de retraite pour aller faire le clown devant eux en improvisant une pièce de théâtre. De un, May n’était pas bonne actrice et de deux, elle a jamais supporté l’odeur des vieux. Sa grand-mère lui avait toujours donné des hauts le cœur et elle était persuadé qu’ils avaient tous le même parfum horrible sur eux. C’était physique.
« La société a fait faillite après les mariages ratés ? J’ai créé des vocations et ils ont tous fait défection ? Ah pardon, y’a encore le secret ultra secret hyper secret de l’émission à garder ? » Elle lève la tête alors qu’il a pas fini sa première phrase. Qu’est ce qu’il fou là le fouille merde ? « T’as pas idée de combien ca peut rapporter le green washing » et se demanda à l’instant pourquoi elle s’était efforcé de se taire face à des personnes qu’elle n’aimait pas mais ne détestait pas pour autant, alors que dès que l’emmerdeur de première se pointe, elle lui réserver ses premiers mots de la journée ? « Oui enfin, je me moque de la réponse à la dernière question. N’oublie pas la canette derrière ton pied. » Même pas un regard à l’arrière de ses pompes. May Glitter fit un pas en avant et poursuivi son chemin, sachant bien que quelqu’un d’autre passerait par là pour s’occuper du sort de cette canette. « Comment va ton éborgnée ? » fallait bien être aveuglée par une force divine pour pouvoir supporter un mec comme Auden. « J’entends pas là, ta promise, Ginny si mes souvenirs sont bons. Marié ou pas encore ? » Puisqu'il avait presque été question de se marier devant le maire lors du tournage de l'émission. Maire qui s'était rapidement senti dépassé par les événements et qui avait fini par envoyer tout le monde vers la sortie. Heureusement qu'il s'agissait du dernier mariage car il aurait sans doute fallu négocier fort pour qu'il accepte d'aller jusqu'au bout du contrat.

Certaines personnes rencontrées sur votre chemin vous donnent envie de refaire le monde et de changer votre vie ; d’autres vous font regretter amèrement cette stupide règle interdisant les meurtres. Je vous laisse donc deviner à quelle catégorie appartient May Glitters alors que je lui tends mon plus beau et, bien évidemment, mon plus faux sourire pour faire semblant d’en avoir quelque chose à faire de sa réponse. « T’as pas idée de combien ça peut rapporter le green washing. » Green washing, bla bla bla ce n’est qu’un problème du petit peuple auquel je ne risque certainement pas de m’abaisser dans cette vie ou dans une autre. Fin du monde ou pas, c’est loin d’être mon problème. La réalisatrice semble aussi peu concernée par le sujet que moi même, si j’en juge son manque total de compassion à l’égard de la pauvre petite canette échouée dans le sable blanc des côtes Australiennes. « Comment va ton éborgnée ? » Mes sourcils se froncent face à l’humour de ce continent que je n’arrive toujours pas à comprendre - cela a sans doute quelque chose à voir avec le fait qu’il n’a d’humour que le nom, quand aucun de leur mot ne pourrait finalement faire rire qui que ce soit. Elle essaye, au moins. J’imagine que le dicton ‘l’important c’est de participer’ lui a été répété à de bien trop nombreuses reprises durant son enfance.

Quand elle précise sa question, je ne peux m’empêcher d’étouffer un rire amer. « J’entends par là, ta promise, Ginny si mes souvenirs sont bons. Marié ou pas encore ? » Le fait qu’elle prononce son prénom hérisse chaque poil de mon corps mais à ça je ne dis rien, ne sachant que trop bien que si je lui fais part de mes sentiments à ce propos elle se contentera de faire au mieux pour me rendre fou. En guise de première réponse, c’est mon majeur gauche que je le lui tends, accompagné de mon plus beau sourire. L’alliance luit sur le doigt qui ne devrait pas être sienne, doigt qui pourtant me correspond bien mieux que n’importe quel autre. On a jamais su faire comme tout le monde et May le sait déjà très bien. “Tu te souviens bien trop des choses pour celle qui fait semblant de se moquer de tout.” Jamais elle n’aurait retenu le prénom de ma femme si elle n’en avait pas quelque chose à faire, au fond, tout au fond. Je ne dis pas qu’elle pourrait se confondre avec Mère Teresa, loin de là, mais finalement au milieu de ce coeur de pierre subsiste peut être quelque chose qui peut encore être sauvé - par quelqu’un d’autre, bien sûr, puisque je n’en ai rien à faire de son sort. “Comment vont tes audiences ? J’imagine que c’est la seule chose qui t’intéresse.” Ils ont dû tease la cacophonie du mariage numéro trois un bon millier de fois sur les chaînes nationales en utilisant les centaines d’extraits de la débâcle du jour du mariage. Robin-Hope m’en veut, son mari-pas-mari doit encore être bloqué avec sa tête d’enterrement et je pense que le maire a désormais une poupée vaudou à mon effigie. Mise à part ça, je garde un plutôt bon souvenir de ce jour là, a contrario de chaque membre de la production. “Si la société n’a pas fait faillite c’est que tu as été virée, alors. J’imagine mal le maire vanter tes louanges maintenant, en tout cas. J’en suis presque désolé.” Par ‘presque désolé’ j’entends que je ne le suis pas du tout et elle le sait pertinemment.

C’était sûre qu’il répondrait d’un majeur bien tendu vers la blonde. May était pas surprise, il était aussi prévisible que pitoyable le Williams. Y devait y avoir une profonde souffrance en lui pour être à ce point condescendant et faire comme s’il se foutait d’absolument tout. May pourrait le parier, parce que sa propre attitude résultait de quelques années à se sentir terriblement seule et ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Ne pas comprendre pourquoi sa fille lui tournait le dos, pourquoi Norman semblait lui mettre toute la misère du monde sur ses épaules. Elle ne comprenait pas qu’on ne lui souhaite pas de mener la vie qu’elle avait toujours voulu mener, qu’on lui mette à ce point des battons dans les roues. Et forcément, quand elle comprend pas, May, elle s’en fou, elle se détache de tout. Parce que c’est toujours plus simple d’être distante et de regarder les choses de l’extérieur plutôt que de se donner au mieux pour que ça puisse changer. Elle était pas prête à faire ces efforts là, pas encore. Et pourtant, dix ans de solitude, ca commençait à peser. Elle comptait pas Jeff, c’était finalement qu’un caillou dans sa chaussure, le truc qui fait mal, qu’on supporte un temps, jusqu’à ce qu’on fasse une pause pour le virer et essayer de reprendre sa route normalement. Mais, sa route elle était pas normal.
« Tu te souviens bien trop des choses pour celle qui fait semblant de se moquer de tout. » elle se souvient surtout du sacré bordel qu’ils avaient fait tous les deux. Elle se souvient n’avoir rien pu contrôler ce jour là à la mairie, elle se souvient qu’elle aurait pu foutre en l’air toute une émission si le mariage avait eu lieu en premier. C’était moins une. « C’était suffisamment l’bordel pour que j’en perde pas une miette. » parce qu’elle avait rien pu faire d’autre que de rester spectatrice et de laisser Auden s’enfoncer aussi à la vue de toutes les caméras. Elle savait pas comment allait être montée l’émission, mais elle priait pour qu’Auden soit vraiment le connard de cette histoire et qu’on l’fasse pas passer pour le mec romantique qui finalement, décide de se tourner vers la femme de sa vie réellement présente. Fallait juste y penser avant de s’inscrire dans cette émission, qui devinez quel était le concept… surprenant ?
« Comment vont tes audiences ? J’imagine que c’est la seule chose qui t’intéresse. » a quoi pouvait-elle bien s’intéresser d’autre Glitters ? « Les audiences, si ca marche, ca veut dire que j’ai bien fait mon taf, forcément, ca m’intéresse. » qu’est ce qui l’interessait lui, Auden ? A part son nombril ? « Ca marche bien, mais j’ai cru comprendre qu’on avait moins d’audience dès que tu passais à l’écran. » aucun moyen ne permettait d’avoir une telle précision sur les audiences, mais c’était satisfaisant pour elle de répondre ainsi. « Si la société n’a pas fait faillite c’est que tu as été virée, alors. J’imagine mal le maire vanter tes louanges maintenant, en tout cas. J’en suis presque désolé » pourquoi faudrait-il qu’elle se soit fait virer ? « Le drama, les plot twist, les retournements de situations, tout c’que tu veux… c’est l’essence même des télé réalité, et que ça te plaise ou non, t’as pas participer à un documentaire scientifique qui a mal tourné… » juste une émission qui a donné finalement un peu plus de spéctacle que prévu. « Mais c’est du pain béni. » limite, elle pourrait le remercier. « Mais, j’aurai pu m’faire virer si tu passais premier devant l’maire. Ma veine c’est d’avoir pu faire 4 autres mariages normaux avant toi. »

Ça va être long, cette sortie à la plage. Ils sont tous en train de ramasser les déchets, j’ai envie de leur dire qu’ils en ont oublié un plutôt gros, là, juste en face de moi. Autant dire que je ne parle pas de Pizza. « Les audiences, si ça marche, ça veut dire que j’ai bien fait mon taf, forcément, ça m’intéresse. » Si les audiences marchent c’est aussi et surtout parce que j’ai fait de la bonne télé. Ça la tuerait de l’avouer alors elle ne dira rien, mais avouez que sans moi tout aurait été fait de paillettes et de licornes et yuk quel ennui. Tout ce à quoi elle a été bonne, c’est me juger inapte à entrer dans l’émission à l’issue de l’interview. Je ne comprends pas pourquoi, d’ailleurs, parce que j’ai presque été le candidat modèle et poli et bref - j’ai entendu dire que Matt avait ramené une putain de glace au bacon. Quelle horreur (la glace, pas Matt, pour une fois). « Ça marche bien, mais j’ai cru comprendre qu’on avait moins d’audience dès que tu passais à l’écran. » Et moi j’ai cru comprendre que les audiences ne sont calculées que de manière approximative et que si les gens changeaient de chaine, c’est parce qu’eux aussi ils avaient capté que Robin-Hope a un sourcil qui remonte plus haut que l’autre. Ma gueule, au contraire, ne pourrait que leur faire gagner un peu plus d’audience encore. J’ai un rire faux et un sourire qui l’est tout autant mais la scène n’a tellement rien de nouveau que même Pizza s’en moque éperdument. Parfois j’aimerais être un chien pour avoir le droit de ne rien en avoir à faire, moi aussi. "T'as dû comprendre à l'envers." Ce n'est pas sa faute, qu'on dira.

Ce qu’il a d’amusant avec Paillettes c’est qu’il suffit de la titiller un minimum et après la machine est lancée et il devient difficile de l’arrêter. J’imagine que je pourrais la comparer à Ginny, dans un sens. Ce sera sans aucun doute là leur seule ressemblance, les deux femmes étant les opposées l’une de l’autre alors cela explique tout autant pourquoi je ne cesse d’en marier une et vouloir la mort de la seconde. « Le drama, les plot twist, les retournements de situations, tout c’que tu veux … c’est l’essence même des télé réalité, et que ça te plaise ou non, t’as pas participer à un documentaire scientifique qui a mal tourné… » Merci captain obvious. Je pensais avoir signé pour visiter la Chocolaterie de Willy Wonka mais apparemment ce n’était pas ça, en effet. Les tickets d’or, ce n’est plus ce que c’était. Ma mère aurait été horrifiée d’apprendre que son fils n’a pas suivi les traces de l’aîné et s’est marié à la va vite à la télévision australienne. Heureusement qu’elle ne comprend pas grand chose à leur accent. « Mais c’est du pain béni. » Elle parle pour elle, là, parce qu’elle n’a pas eu à mettre des chaussures cirées à la con qui faisaient d’horribles ampoules. C’était long et ennuyant, en plus, de rester sans bouger et aussi droit devant le maire et toute l’assemblée que je ne connais que trop bien. Normal, ils n’ont rien trouvé de mieux que de me matcher avec une ex. « Mais, j’aurai pu m’faire virer si tu passais premier devant l’maire. Ma veine c’est d’avoir pu faire 4 autres mariages normaux avant toi. » “Tu t’es fait chier en les entendant se dire “i do”, mens pas Glitters.” Elle pense la même chose que moi, c’est pour ça qu’on a autant envie de se tuer l’un l’autre. On est pareil, aussi difficile que ce soit à concéder.

"Tu travailles sur quelle émission maintenant ? Quatre mariages et un enterrement ? Ça se tire à la courte paille ?" Non pas que je m'intéresse réellement à sa vie mais si je peux trouver en ses mots un rien qui pourrait m'amuser, alors pourquoi pas. J'ai appris à me tenir aussi éloigné que possible des stupides émissions de télé-réalité, maintenant. La sienne n'a fait que précipiter mes retrouvailles avec Ginny mais j'aurais très bien pu me débrouiller sans. On n'a jamais eu besoin d'elle. On n'aura jamais besoin d'elle non plus ni de ses stupides caméras ni de ses foutus cadreurs. "Si tu manques d'idées de torture, tu sais à qui demander." Ne me dites pas qu'elle dirigeait Mariés au Premier Regard dans le but de former des couples pour la vie et blablabla, quelle connerie. Elle voulait qu'ils volent en éclat, tôt ou tard. C'est prévisible.

"T'as dû comprendre à l'envers." On peut rien lui dire à Auden, toujours le mot pour répondre, toujours l’esprit de contradiction, mais c’est drôle, parce que May aura toujours un mot à lui répondre, toujours l’esprit de contradiction aussi. Finalement, on pouvait se demander si elle se retrouvait pas en lui parfois et si ce qui l’agaçait chez Williams, c’était pas ce qu’elle pouvait renvoyer elle-même aux autres. « tu peux retourner les chiffres dans tous les sens, c’est mauvais, c’est mauvais. » elle hausse les épaules, elle lui enverrai presque un bisous pour le consoler.
Elle raconte sa vie Glitters, faut croire qu’elle en a plus à raconter à Auden qu’elle ne l’pense, faut croire qu’il fait sa distraction pendant qu’elle en a rien à foutre de ramasser des papiers sur la plage. Faut croire qu’elle est plus ravie que c’qu’elle pense de l’croiser ici. Et si même il pouvait prendre dans sa main ce sac poubelle et enfiler les gants, elle se sentirait encore mieux. “Tu t’es fait chier en les entendant se dire “i do”, mens pas Glitters.” Elle s’était pas fait chier, même si elle devait avouer que tout était un peu trop lisse. Elle avait quand même apprécié ces mariages et de les voir tous évoluer et se rencontrer, capter que les choix avaient bien matché, ça avait un peu adoucie son cœur de pierre. Elle était contente pour Matt et Lily, elle était ravie pour Heiana et Elwyn, son sauveur, elle avait été émue pour Léo et Molly et elle avait fantasmé de voir Clara et Joey ensemble. Pour Auden et Robin, c’était différent, elle avait jubilé de voir ce mariage, elle avait aussi détesté le Williams de s’être donné en tel spectacle. Mais les images à la télé parleront d’elles. "Tu travailles sur quelle émission maintenant ? Quatre mariages et un enterrement ? Ça se tire à la courte paille ?" il arrive à lui arracher un sourire, même un rire qui s’échappe plus vite qu’elle n’aurait eu envie. « En parlant d’ça, t’es convoqué pour la suite, mais comme tu te doutes, le tirage au sort sera pas en ta faveur. » et comme il avait déjà eu sa chance concernant le mariage… "Si tu manques d'idées de torture, tu sais à qui demander." « si t’es prêt à être cobaye, je prends tout, j’imagine que t’as des idées surprenantes. » Le groupe avec qui elle faisait le ramassage lui fit signe d’avancer et s’ils avaient pu lui dire de se mettre au travail, ils l’auraient surement fait aussi, mais un simple regard de Glitters suffisait à ne pas leur donner envie de dire quoi que ce soit. Cependant, elle fit deux pas en arrière, pour leur montrer sa bonne foi et indiqua d’un signe de la tête à Williams de la suivre. « Mais, tu seras surpris. » concernant ses projets. « J’arrête les casting. J’ai une place au chaud pour réserver une émission à la rentrée. » pas pour participer, pas pour se donner en spectacle et donner de quoi se foutre d’elle. « J’vais présenter un jeu. » il en saura pas plus, maintenant, place à la surprise.

« En parlant d’ça, t’es convoqué pour la suite, mais comme tu te doutes, le tirage au sort sera pas en ta faveur. » J’arque un sourcil à l’écoute de cette phrase, ni franchement étonné ni même réellement ravi - voire pas du tout. En réalité j’essaye déjà de penser à comment mettre à mal toutes ses petites idées bienfaisantes et tout le bordel mais rien ne me vient pour le moment, ce qui m’énerve bien plus qu’autre chose. Je suis déjà marié maintenant, de toute façon, je ne vois donc pas en quoi je serais utile dans cette émission d’autant plus que ma femme n’y a pas participé. “Pour quoi faire ? C’est pas Robin que j’ai marié, tu vas nous foutre sur un canapé pour qu’on parle du mariage raté ?” Ca serait drôle mais je ne pense pas qu’ils veulent des milliers d’heures de rush de moi me plaignant du monde entier. Ce n’est sans doute pas à quoi le public s’attend dans ce genre d’émissions.

Nos deux regards dérivent vers les merdeux d’écolo qui nous coupent dans notre conversation et, sans trop me plaindre, j’en viens à suivre May dans son aventure totalement ennuyante. « Mais, tu seras surpris. » Elle pique mon intérêt à l’instant même et j’esquisse un fin sourire. Je la déteste sûrement autant que je la trouve intriguante ce qui, de ma bouche, correspond à un des meilleurs compliments qui soit. « J’arrête les casting. J’ai une place au chaud pour réserver une émission à la rentrée. » Mon regard se pose désormais sur son visage alors que je n’essaye même pas de faire semblant de ramasser les déchets à mon tour. Trop peu pour moi. Il existe des sujets bien plus intéressants dont je n’aurais jamais cru parler avec qui que ce soit. « J’vais présenter un jeu. » Bien que je trouve le monde dans lequel elle évolue bien moins passionnant que le mien, je dois avouer qu’elle ne manque pas d’imagination et c’est aussi quelque chose que je sais apprécier chez les gens. Après tout, si moi aussi je n’étais doté d’aucun talent en particulier, j’aurais voulu m’amuser avec la vie des gens à la télévision. Ca a vraiment quelque chose de gratifiant, au final. “Tu en dis à la fois trop et pas assez, là, Glitters.” Je m’intéresse bien plus à la chose pour savoir quels moyens de torture je pourrais ajouter via mes idées plutôt que parce que je souhaite retourner devant les caméras. C’était amusant une fois mais je ne me vois pas réitérer l’expérience beaucoup d’autres encore. “Cette question vaut aussi pour la suite de Mariés au Premier Regard.” Qui est, d’ailleurs, un nom de merde. Maintenant qu’on en parle, quelqu’un se devait de le dire.

“Pour quoi faire ? C’est pas Robin que j’ai marié, tu vas nous foutre sur un canapé pour qu’on parle du mariage raté ?” « exactement. Relis ton contrat, c’est l’deal. » si bien qu’il l’avait lu au moins une fois, c’était pas sûre. « T’as l’droit de venir avec l’autre. Celle qui flinguée ton audition avec le môme, qui a aussi flingué l’mariage d’ailleurs. Comment elle s’appelle déjà ? » elle avait oublié, c’était pas important pour elle de toutes façons. « dis rien, tu la présenteras pour l’émission. J’vois déjà l’truc. » le présentateur qui fait son speech, qui insiste bien sur le fait qu’ils s’étaient pas dit oui. « On la fera venir aussi. » si ca s’trouve elle aussi elle avait pris la fuite depuis. Jamais May se doutait qu’Auden était réellement marié à l’heure qu’il était.
En réalité, Marié au premier regard était bien derrière elle maintenant, et si elle allait quand même suivre la prochaine émission qui sera tournée pour revenir sur toute cette aventure, elle avait surtout d’autres projets bien ficelés en tête. Race Of Australia, son entrée officielle à ABC en tant que présentatrice. Elle faisait partie du gratin maintenant, même si elle était encore dans l’ombre puisque le tournage n’avait pas commencé, elle savait que son heure de gloire n’était plus très loin. May Glitters, les paillettes, les vraies, c’était pour bientôt. “Tu en dis à la fois trop et pas assez, là, Glitters.” Elle pouvait rien dire, elle pouvait surtout pas faire confiance à l’italien, il serait le premier à cracher une information contre un peu de tune auprès de journalistes. « Même pas en rêve. T’es la dernière personne à qui j’confierai n’importe quel projet. T’as trop tendance à faire s’effondrer tout ce à quoi tu touches Williams.» et elle laisserai clairement personne se mettre en travers de son chemin pour cette fois. “Cette question vaut aussi pour la suite de Mariés au Premier Regard.” Ah là, elle pouvait toujours donner quelques détails. « C’est juste prévu que la production vous recontacte pour une dernière émission. L’idée c’est de faire le point sur les mariages, même ceux ratés. Quoi de mieux que de te revoir sur un canapé, comme tu dis, avec Robin a tes côtés et de voir le seum sur vos visages ? Tout le monde aime ce genre d’émission. Tous les spectateurs qui ont suivi ne demandent que ça. »

Je savais que j’aurais dû le lire, ce putain de contrat. Ça m’aurait évité ce genre de surprise qui n’en a finalement que le nom. J’aurais dû me douter qu’ils avaient anticipé des cas comme le mien et pris le temps de demander de notre personne sur la durée. C’est stupide, quand on y pense. On était supposés se marier et trouver l’amour et bla, bla, bla, que des conneries. Il n’avait jamais été question de chaînes et encore moins d’un personnage digne d’une marâtre d’un Disney pour diriger le tout. « T’as l’droit de venir avec l’autre. Celle qui flinguée ton audition avec le môme, qui a aussi flingué l’mariage d’ailleurs. Comment elle s’appelle déjà ? » Le l’autre m’enrage bien assez pour qu’elle soit fière de son petit spectacle. Je suis certain qu’elle a retenu son prénom et toute sa biographie puisqu’après tout, son boulot consiste en ça. Elle chasse, elle repère et elle ne lâche plus jamais ses proies. Ginny est sûrement devenue l’une d’elles au moment où elle a passé sa tête devant la caméra une première fois puis une seconde. “Robert ?” Je ne rentrerai pas dans son stupide jeu. “Archibald ?” Son vraiment, vraiment, stupide jeu. “Geronimo ?” Ma voix faussement étonnée à chaque seconde de plus lui propose des prénoms sortis de nulle part, comme si aucun d’entre eux pouvait réellement être associé à ma femme.

Son nouveau projet est rapidement abordé et de loin on pourrait réellement ressembler à deux amis qui rattrapent le temps perdu. Quelle ironie, quand on sait qu’on a simplement joué à catch me if you can pendant les heures de tournage et même ensuite. Comparez nous à Tom et Jerry, ça serait plus proche de la réalité des faits. Et moi je suis la souris, peu importe son nom, pas le stupide chat. Histoire qu’on soit clairs, une bonne fois pour toutes. « Même pas en rêve. T’es la dernière personne à qui j’confierai n’importe quel projet. T’as trop tendance à faire s’effondrer tout ce à quoi tu touches Williams.» “C’est que tu me vexerais presque, là, Glitters.” J’ajoute à mon tour dans un haussement d’épaule, habitué à ce genre de discours peu importe le contexte et le ton adopté par la personne en face. Aujourd’hui cela me laisse simplement rieur alors que jamais de la vie je ne me vois réellement diriger une émission de télévision - diriger des humains simplement pour être au contact avec plus d’humains encore, ça ne peut porter que le nom d’Enfer sur Terre.

Alors à défaut de réellement m’intéresser à ce qu’elle peut bien faire de ses journées d’aujourd’hui ou de demain, je l’interroge plutôt de ce qu’elle compte faire des miennes. Si j’ai la bonne habitude de ne jamais écouter ce qu’on m’ordonne, je n’ai pas foncièrement envie de me retrouver en prison pour ne pas avoir suivi un stupide contrat. Je ferai sa stupide émission devant ses stupides caméras et cette fois-ci elle ne pourra pas me dire qu’elle ne savait pas que j’allais tout foutre en l’air. Elle l’a dit elle même après tout : je fais s’effondrer tout ce à quoi je touche. Je me retiens simplement d’ajouter que si elle me souhaite tant dans l’émission, c’est que ma première participation n’a pas du être si catastrophique qu’elle le laisse penser à qui veut bien le croire. « L’idée c’est de faire le point sur les mariages, même ceux ratés. Quoi de mieux que de te revoir sur un canapé, comme tu dis, avec Robin a tes côtés et de voir le seum sur vos visages ? Tout le monde aime ce genre d’émission. Tous les spectateurs qui ont suivi ne demandent que ça. » Pour voir du dégoût sur nos visages, ça, ils seront servis. Surtout s’ils me mettent réellement sur un canapé avec Robin, je prédis une dose incroyable d’un méli mélo gênant d’émotions en tout genre. Elle est nulle de toute façon, elle a toujours pas épousé son rat de bibliothèque. J’aurais carrément du leur passer la bague au doigt et dire leurs voeux à leur place, faut croire. “Ca sonne ennuyant. Heureusement que je serai là pour dynamiser ton émission, hein.” Qui voudrait entendre des gens debriefer pendant des heures sur des canapés tout en revoyant des images qu’ils ont déjà vues ? C’est stupide, comme concept, et c’est encore plus stupide de réellement compter sur moi. “J’espère que c’est toi qui m’appelera, je pourrais reconnaître ta voix entre mille, surtout quand c’est pour m’insulter. T’as mon numéro de toute façon, hein, glisse y les secrets des autres candidats quand tu veux.” Surtout Matt et sa religieuse, ce sont eux qui m’intéressent bien plus que quiconque. Ce serait amusant de pouvoir faire pression et c’est finalement sur ces mots que je décide de laisser vivre May au milieu de ses déchets à ramasser, m’éloignant d’elle en lui laissant un clin d’oeil. Qu’elle fasse ce qu’elle veut, après tout, je trouverai toujours le moyen de m’amuser.