"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Victoire, vêtue d’un jean et d’un hoodie noirs, n’était qu’une silhouette informe adossée au mur devant le bar. Pour parfaire sa tenue de cambrioleuse : un bonnet rouge bordeaux vissé sur le crâne. Elle ne venait pas braquer le bar, enfin pas sans payer en tous cas… C’était simplement sa tenue habituelle pour aller boire un ou dix verres quand elle se retrouvait à court de carburant à domicile. Aller au bar, ce n’était pas une partie de plaisir, c’était en réalité son dernier recours quand son corps et esprit réclamaient l’ivresse et que ses stocks maison étaient épuisés. Cette semaine, il y avait eu beaucoup de « jours sans » et elle avait descendu les trois bouteilles de Whisky qu’elle avait en réserve. Elle aurait pu passer au bottle shop mais elle s’était retenue en se disant qu’elle ne boirait pas ce week-end. Il ne fallait pas qu’elle boive ce week-end. Il fallait qu’elle fasse preuve de volonté ou bientôt elle se retrouverait saoule et défoncée 24h/24. *Ah ben, t’as bien fait de parier sur ta volonté, meuf… Maintenant tu vas devoir te taper un bain de foule, ta passion, pour aller payer une blinde des shots de mauvais whisky*
Victoire aspira la dernière taffe du joint qu’elle avait roulé dans sa voiture, la laissa tapisser ses poumons longuement jusqu’à ce que le manque d’oxygène lui donne un léger vertige. Elle recracha la fumée et écrasa son mégot par terre avant de se diriger vers l’entrée en évitant soigneusement de croiser le regard des autres fumeurs. Sa tenue lui offrait un rempart relatif contre les dragueurs qui n’auraient pas manqué de l’assaillir si elle était sortie avec une robe et les cheveux lâchés. Le videur la scruta quelques secondes et la laissa entrer sans difficulté. Vicky se retrouva dans le Canvas, ce bar à cocktails branché était grand et bondé. Les clients dansaient, buvaient, faisaient un billard ou discutaient entre amis. Elle avait choisi cette institution de Brisbane alors qu’elle aurait pu se rendre dans un petit bar miteux peu fréquenté, on se dissimule toujours mieux dans une foule que dans une pièce quasi-vide. L’anxiété sociale de Victoire était légèrement endormie par le cannabis mais elle était toujours là. La soif était plus forte cependant, elle fonça vers le comptoir du bar et réussit à trouver une ouverture pour attirer l’attention d’un des barmans :
« Bonsoir. Une bouteille de whisky et un grand shooter, s’il vous plait. » Le barman la regarda d’un air surpris et demanda : « Un seul shooter, vous avez dit ? ». Victoire se renfrogna et répéta sa commande avec agacement. *Oui c’est bon, va me chercher ma bouteille et tais-toi. J’ai pas commandé ton regard de jugement en plus. J’imagine qu’il est offert par la maison…* Scrutant la salle pour trouver une table isolée, Victoire sortit deux billets de son porte-monnaie rangé dans la poche ventrale de son hoodie. Elle paya non sans lancer un regard noir au serveur, récupéra sa bouteille et son shooter et s’éloigna avec empressement. Elle avait repéré une petite table de deux places, vide, dans un coin plongé dans la pénombre. *Parfait ! Laissez moi me saouler en paix. Ce soir, je veux oublier qui je suis* Elle se laissa tomber lourdement sur la chaise, ouvrit la bouteille et remplit le shooter pour le vider instantanément dans son gosier. Elle reproduisit ces gestes cinq fois avant que la chaleur de l’alcool commence à l’apaiser un peu. Elle se resservit un autre shooter et le garda en main tout en scrutant la salle et les gens qui s’amusaient, insouciants.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Une soirée comme les autres en apparence. Assise au bar, mon doigt glisse sur les parois de mon verre sans réel but. Mon regard ce perd sur sa contenance qui est encore à moitié. J'ai pas trop la motivation ce soir. Mes acolytes ne sont pas disponibles. Je me sent terriblement seule. L'établissement est pourtant bien rempli. Mais personne en apparence qui attire mon intention. Y a beaucoup couple à première vue. Je me vois mal tenir la chandelle. Ou des groupes d'amis déjà bien ancrés dans leur bulle. "Hey salut moi c'est Sanders" Nan j'ai pas vraiment envie de faire la potiche non plus. Un soupire s'échappe d'entre mes lèvres. Ce qui ne manque pas de faire voler ma mèche rebelle. Je m'amuse avec ma paille avant de poser ma bouche dessus. Ce soir c'est un Mojito qui a eu raison de moi. Je me rassure en me disant que c'est vert et que ça ressemble à une salade avec un peu d'eau. Il n'en est rien. Je devrais même pas boire en vrai. Mais je m'en fiche. Si je commence à me dire fait pas si fait pas ça je n'ai pas fini. Autant que je me tirer une balle en pleine tête c'est plus simple.
Alors que je balaye la salle du regard, mes yeux ce figent sur une silhouette qui se détache du lot. Je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive pas à détacher mes pupilles de cette femme. Je la regarde s'approcher jusqu'au bar. Elle n'est même pas à un mètre de moi. Elle semble autant blazé que moi d'être là. L'empoté de barman n'arrange pas la situation. Y a pas de mal à vouloir se taper une bouteille de whisky toute seule. Quoi que ... Pour le coup je l'aiderai bien à la boire sa bouteille. J'ai grand besoin de me vider la tête là. Y a des jours comme ça où vous vous demandez pourquoi vous n'êtes pas resté au lit. La mystérieuse inconnue s'en va s'installer à une table toute seule. Elle enchaine aussitôt les shoots à une vitesse vertigineuse. Elle me fait presque de la peine...
Ce besoin de toujours faire le bon samaritain. C'est plus fort que moi. Sans parler de ma curiosité débordante. Cette femme m'attire j'arrive pas à expliquer le pourquoi du comment. Au pire elle va m'envoyer bouler. Ce n'est pas comme si j'avais pas l'habitude. Depuis que suis gosse on me considère comme un microbe donc bon... Je quémande un shooter au barman avant de me diriger vers la charmante rousse. Ma main vient tirer la chaise disponible que je retourne pour m'asseoir à califourchon dessus. Bras croisé sur le dossier je l'a fixe en abordant un léger sourire aux coins de mes lèvres. < Ce whisky est imbuvable. Je veux bien te rendre service à vider cette immonde bouteille pour ensuite t'en faire découvrir un bien meilleur. > Je lui fais un petit clin d’œil amical avant d'agiter le shooter du bout de mes doigts. Elle va me prendre pour une opportuniste. J'ai rien à perdre, même pas ma vie qui est plus que bancale. Qui ne tente rien n'a rien. J'ai envie d'y croire. Au pire des cas je vais prendre un vent monumentale ...
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Victoire, perdue dans sa contemplation de la salle, ne vit pas tout de suite la jeune femme qui s’approchait de sa table. Elle était en train de s’enivrer, de s’anesthésier pour ne plus penser… Mais cela faisait à peine cinq minutes qu’elle était assise à cette table, elle descendait les shooters bien plus vite que l’alcool ne faisait effet. Elle était donc loin d’être saoule pour l’instant, cependant l’engourdissement du cannabis était bien présent. Son regard blasé pivota sur la femme qui venait de saisir la deuxième chaise disponible à sa table. *Sérieusement ? J’ai même pas eu le temps de réchauffer mon siège qu’on vient déjà m’emmerder ?* Au moins, ça n’était pas un mec au regard libidineux qui venait la draguer lourdement. Envahie dans son espace vital, Victoire recula instinctivement contre le dossier de sa chaise en croisant les bras sur sa poitrine. *Mais pour qui elle se prend celle-la ? Elle en a du cran de venir quémander du whisky à une totale inconnue* Victoire se mit à la toiser en silence pendant bien vingt secondes qui durent paraître une éternité à la jeune femme face à elle. Blonde aux cheveux longs, mince peut-être même un peu maigre, un petit sourire accroché aux lèvres et une position incongrue à califourchon sur la chaise. A priori, contrairement à Victoire, elle n’en avait rien à foutre de se faire remarquer et l’ancienne mannequin ressentit une pointe de jalousie. Ça avait l’air bien de vivre sa vie sans se prendre la tête…
Après ces longues secondes de réflexion, elle saisit la bouteille tout en ne quittant pas la blonde de son regard neutre mais intense, puis elle la lui tendit : « Bon ou mauvais whisky, ça fait le taff… ». Elle enfila son sixième shooter tout en attendant que la bouteille revienne vers elle, puis elle ajouta : « Elle a un nom la squatteuse de picole ? »
Vic avait pensé l’envoyer bouler mais, en même temps, elle la trouvait un peu amusante. Et puis, il fallait lui reconnaître qu’elle avait une sacrée paire d’ovaires pour venir l’aborder comme ça, la française n’avait pour sa part jamais été très douée pour les interactions sociales spontanées. En plus, il y avait un avantage non négligeable à sa présence à sa table : ça découragerait une bonne partie des dragueurs du samedi soir de venir l’emmerder. Les mecs se prenaient souvent pour un chevalier servant venant sauver la princesse de sa solitude. Un groupe de filles dans un bar paraissait toujours moins facilement approchable qu’une fille esseulée. Et Victoire ne se voyait plus sous le prisme d’une princesse de contes de fée depuis bien longtemps, et elle n’avait certainement pas l’intention d’embrasser tous les crapauds du royaume pour espérer que l’un d’eux se transforme en prince charmant.
C’était décidé, elle allait donner sa chance à cette rencontre, après tout elle ne s’était fait quasiment aucune amie depuis son emménagement à Brisbane deux ans plus tôt… Peut-être que cette pétulante inconnue pouvait rendre sa vie moins morne ? Elle se resservit un shooter et le leva mollement à l’attention de Crystal : « Moi, c’est Vicky ! Tu paieras la bouteille suivante, ok ? » Puis elle le descendit cul sec, *7ème shooter* nota-t-elle mentalement.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Mon regard se fond dans le sien. J'essaye de lire à travers elle mais cette fille est bien mystérieuse. Elle ne laisse rien paraître si ce n'est sa beauté camoufler sous cet accoutrement. Elle voulait surement éviter de se faire accoster par de gros lourds. J'ai parfois se soucis aussi. Mais mon franc-parlé m'évite bien des déboires. Quoi qu'il en soit je ne la lâche pas. Je suis tenace. Même si elle a un léger recule avec sa chaise. Plus on me fuit plus je rapplique. C'est instinctif chez moi. Elle vient de me donner une raison de plus de m'intéresser à elle. J'ai plus rien à perdre. Maintenant je suis là. J'ai mis les deux pieds dans le plat tête la première. Alors autant assumer mes actes. La voilà qui me tend la bouteille après m'avoir cerner de longues secondes. Mon shooter rejoint la table Je me saisis de sa bouteille en effleurant ses doigts sans le vouloir. Premier contact électrisant. « Bon ou mauvais whisky, ça fait le taff… ». Sans perdre de temps, je viens remplir mon verre puis je tends mon shoot vers elle comme pour trinquer en son honneur < C'est tout ce qu'on lui demande ! > Je lui adresse un petit sourire malicieux puis je le bois cul sec histoire de suivre le rythme. "Putain il est vraiment dégueulasse." Je grimace quelque peu. Pas que je n'ai pas l'habitude de boire mais plutôt pour sa saveur infâme.
Ma voisine de table récupère sa bouteille pour s'octroyer un unième shooter. Je peux pas le nier, elle a une bonne descente. Je me demande bien ce qui l'a met dans un état pareil. Pour boire autant elle a vraiment besoin d'oublier quelque chose ou quelqu'un. « Elle a un nom la squatteuse de picole ? » Je roule des yeux tout en caressant les rebords de mon verre avec mon index. < Humm... appelle moi Crystal ça m'ira très bien > C'est toujours mieux que squatteuse même si il collerait parfaitement à ma situation. J'ai la mauvaise manie de squatter chez les gens. A la recherche perpétuelle d'un peu de compagnie. Je ne supporte pas de me retrouver seule. D'ailleurs ce soir j'étais désespérément seule jusqu’à ce que je croise sa route. J'ai bien envie de faire un petit bout de chemin en sa compagnie. Même si au premier abords ce n'est pas forcément un contact des plus chaleureux. Je ne désespéré pas d'adoucir un peu la demoiselle.
La soirée bat son plein. Peut-être un poil trop bruyante pour ne pas que j'élève un peu la voix. Je ne connais pas encore son identité mais il me tarde de mettre un nom sur cette jolie frimousse. Je m'autorise un nouveau shoot en venant lui emprunter la bouteille. Pas question de l'a laisser ce l'enfiler toute seule. Elle a déjà une bonne longueur d'avance sur moi. Cette fois elle me tend son verre. Je trinque avec elle tout en lui adressant un sourire franc. « Moi, c’est Vicky ! Tu paieras la bouteille suivante, ok ? » Non seulement je vais lui payer la prochaine bouteille, et ça ne sera pas n'importe laquelle ! < Tu t'en rappelleras Vicky ! C'est un délice comparé à cette piquette > Jolie prénom, j'aime bien. Mon regard vient balayer la salle. Mais il revient inlassablement sur Vicky. Il ne me semble pas l'avoir déjà vu ici. Pourtant c'est un endroit que je fréquente assez souvent ces derniers temps. < Qu'est ce qui t'amène ici ? Tu es originaire de Brisbane ? >. J'avais envie d'en savoir plus sur mon interlocutrice. La question que me taraude le plus c'est de savoir la raison de son désespoir. Je n'ai pas envie de l'a brusquer trop vite. Je dessine des sillons imaginaires sur la table tout en l'a fixant.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Victoire trinqua avec celle qui voulait qu’on l’appelle Crystal. Est-ce que ça voulait dire que c’était un surnom ? *Bwarf, de toutes façons qu’est-ce que j’en ai à faire ? C’est la première et dernière soirée que je passerai avec elle. Tu crois quoi ? Qu’elle va devenir ta meilleure amie ?* L’ancienne mannequin n’avait pas d’illusions sur ce type de rencontres dans un bar : meilleurs amis le temps d’une biture, inconnus dès le lendemain, elle en avait eu des centaines à New York. Des mannequins, comme elle, qui ne lui adressaient la parole que si une bouteille d’alcool et un sachet de coke se trouvaient entre elles, des gens qui grattaient l’amitié d’un soir pour profiter de la compagnie de top models et de leurs réserves de drogue ou encore des playboys qui faisaient pleuvoir du champagne pour espérer passer la nuit avec l’une d’entre elles. A l’époque, Vic (ou plutôt Juliette) se laissait mollement draguer comme si cela faisait partie d’un inconvénient inévitable à sa beauté, cette beauté qui était sensée lui apporter une belle vie. *Quelle connerie…* pensa-t-elle en ingurgitant sa septième dose de whisky.
Crystal lui demandait ce qu’elle faisait là et d’où elle venait. Ca devait s’entendre à son accent qu’elle n’était pas originaire de Brisbane, mais il était difficile de définir d’où elle débarquait. Très léger accent français appliqué à son anglais new yorkais, ça avait de quoi dérouter. *Ce qui m’amène ici c’est le manque, ma cocotte. T’es bien naïve si t’as pas remarqué que j’ai un problème avec l’alcool, ou peut-être que t’es juste polie* Elle n’avait bien sur pas l’intention de lui sortir un exposé autobiographique, d’autant qu’elle était venue à Brisbane pour essayer d’être quelqu’un d’autre. *T’as beau avoir changé de nom et de couleur de cheveux, t’es toujours la même, une victime traumatisée qui n’arrive pas à avancer dans la vie*. Ces pensées assombrirent le visage de Vic qui répondit :
« Ben, je suis venue boire un coup comme tu vois. Et non, je suis arrivée ici y a deux ans, je viens de France. »
Victoire perçut, plus qu’elle ne le vit, un mouvement sur sa droite. Proche sur sa droite. Sur la défensive, elle se tourna un peu trop brusquement pour que ça paraisse naturel. Un homme qui devait avoir dans les 25 ans s’était approché d’elle, il la regardait avec convoitise et lui fit un sourire avant d’ouvrir la bouche pour parler. Victoire, plus rapide que l’éclair, ne lui laissa même pas le temps de dire quoique ce soit et lui intima avec virulence :
« Dégage ! Tu vois pas qu’on est occupées ? »
Puis, elle se retourna vers Crystal ignorant totalement la mine dépitée et vexée du jeune homme. Celui-ci s’éloigna en marmonnant une insulte que Victoire n’arriva pas à discerner dans le brouhaha ambiant. Probablement un « pétasse », « salope » ou encore le fameux « t’es moche de toutes façons » du mâle touché dans son orgueil. Ca restait sa meilleure technique : le rejet instantané et violent. Ca évitait de laisser le temps au prétendant de la mettre mal à l’aise ou pire, de la toucher et de provoquer ainsi une réaction agressive de sa part. Elle remplit les deux shooters de whisky, la bouteille commençait à se vider et la chaleur de l’alcool se répandait peu à peu dans tout son corps. *Allez, il faut que t’aies l’alcool joyeux ce soir, profite de cette rencontre forcée, amuse-toi. C’est dans tes bonnes résolutions depuis le 1er janvier, il serait temps de t’y mettre* Elle avala le whisky d’une traite, fit signe à sa partenaire de boisson de descendre le sien et remplit immédiatement les shooters. Sans transition, elle demande à son interlocutrice :
« Tu fais quoi pour t’amuser, toi ? J’aurai bien besoin de lâcher la pression… » Elle n’en dirait probablement pas beaucoup plus que ça sur son état d’esprit, mais elle venait d’entrouvrir la porte à Crystal. « C’est ton idée du fun de traîner seule dans ce bar ? » ne put-elle s’empêcher d’ironiser. *Vas-y championne, continue d’être aussi agréable et tu vas te retrouver seule à la merci de tous les morts-de-faim du bar*
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
L'ambiance est joyeuse dans le bar. Mais entre nous je sent que c'est assez palpable. Vicky semble vouloir rester en retrait. Elle se montre méfiante envers moi. Je ne suis pourtant pas bien effrayante avec mes cinquante kilos tout mouillé. Je dois avouer que je me suis pas mal imposé à sa table. Je suis comme ça. J'ai pas froid aux yeux. D'habitude je suis toujours accompagné. Mais ce soir personne n'était dispo pour passer la soirée avec moi. Rencontrer de nouvelles têtes me plaisais. J'avais surement choisi la fille la moins réceptive de l'établissement, m'enfin... J'aime bien les âmes égarée. Et une chose est sûr, la rousse n'est pas originaire de Brisbane. Son accent lui fait défaut. Je lui demande donc tout naturellement d'où elle vient et la raison de sa présence ici. « Ben, je suis venue boire un coup comme tu vois. Et non, je suis arrivée ici y a deux ans, je viens de France. » J'avais bien remarqué qu'elle buvait un coup. D'ailleurs elle buvait beaucoup trop et beaucoup trop vite. A ce rythme là, la bouteille de whisky ne fera pas la soirée. Et elle non plus d'ailleurs ...< Et tu cherches à noyer quoi comme ça ? > Perso quand je bois de cette manière c'est pour oublier une sale journée. Ou simplement lâcher prise. Elle me trouvera surement indiscrète mais encore une fois rien ne m’effraie. J'ai rien a perdre. Cette fille je ne l'a connais pas. Elle ignore également tout de moi et c'est tant mieux. Je n'ai pas envie qu'elle me juge vis à vis de ma santé. Je ne lui demande pas non plus de me déballer sa biographie. J'aime juste savoir à qui je parle et avoir un semblant de conversation. < Ha Paris ! La ville des amoureux > Je lève les yeux au ciel en souriant ironiquement. Je n'y suis jamais aller mais c'est ce que tout le monde en dit. < Apparemment le moulin rouge est un endroit incontournable avec la tour eiffel > J'aurai peut-être la chance de visiter tous ses endroits un jours. Mais je n'y crois pas trop. Et puis je me plais bien sur mon île de koalas.
Alors qu'on était en pleine conversation. Un mec se ramène. Le genre de gros lourdaud qu'on se passerait bien. Il commence a draguer mon interlocutrice. Par chance je passe incognito. Pourtant elle n'est pas très extravagante avec son sweat. A croire que ce mec a le pouvoir de voir à travers ses vêtements. Il lui parle, l'a drague d'une façon pathétique. Mais Vicky lui montre les dents et réplique aussitôt en ne lui laissant aucune chance. « Dégage ! Tu vois pas qu’on est occupées ? » Je regarde le mec avec dédain en le balayant avec ma main < Ouais s'est ça ! Dégage. Y a bien longtemps qu'on a tirer un trait sur des mecs comme toi. On est bien mieux entre nanas > Je regarde la rousse et je lui fais un petit clin d’œil complice. Je ne connais pas ses orientations sexuelles mais là n'est pas la question. Le but c'était juste de faire fuir l'intrus. D'ailleurs ça fonctionne plutôt bien. Il ne se prive pas pour nous insulter mais franchement j'en ai un peu rien à foutre. Si je devais me vexer à chaque mots de travers venant des hommes ou... des femmes; je passerais mon temps à me morfondre et à manger des pots de glace Ben&Jerry.
Nous voilà enfin seules. Le message était passé. Notre petite altercation n'était pas passé inaperçue. Au moins pour ce soir on sera tranquille. A moins de tomber sur un pervers qui veut se taper deux lesbiennes. Car c'est que j'avais prétendu pour qu'il nous laisse tranquille. Or c'est complètement faux. Juste une entourloupe bien placée. Je n'ai pas la prétention de vouloir draguer qui que ce soit. De plus, je n'ai eu que des flirts avec la gente féminine, ça n'a jamais était plus loin qu'une embrassade. Je ne suis pas fermée à se sujet. Plus le temps passe et plus je me dis que les hommes sont des crétins...Ce n'est pas ce mec qui me fera changer d'avis. « Tu fais quoi pour t’amuser, toi ? J’aurai bien besoin de lâcher la pression… » Vicky semble plus détendue et ouverte a partager quelque chose avec moi. Il y a tout un tas de chose a faire pour s'amuser. < Je fume un gros joint, je bois, je danse ...> Je me remémore les folles soirées avec Grace. Y a un truc qu'on adorait faire c'est se donner en spectacle et aguicher les mecs pour leur mettre la rage. Coughlin n'a d'yeux que pour les femmes. C'était purement une mascarade. < Le plus important s'est de ne pas se prendre au sérieux et lâcher prise > Ouais parce que là elle me semble encore trop tendu malgré tout ce qu'elle a ingurgitée. Je sors de ma poche un sachet avec deux petites pilules colorées.< Si tu as envie de planer .... même Bambi deviendra ton meilleur pote > Je glousse. La dernière fois que j'ai pris ces pilules c'était avec Grace et franchement...C'était devenu n'importe quoi. Elle voulait s'amuser ! Bah c'était l'occasion pour elle de véritablement se lâcher. Plutôt que de boire sa piquette bon marché. Elle me sert encore un shoot et me fait signe de l'a suivre en le buvant cul sec. Chose que je fais sans rechigner. Elle avait trouver la bonne personne pour se mettre une murge. « C’est ton idée du fun de traîner seule dans ce bar ? » Je me passe une main dans les cheveux tout en m'affalant sur ma chaise. Elle avait de l'humour. Noir..mais de l'humour quand même. J'aime ça ! < Ouais, j'ai pas d'amis enfaite. Et toi t'as rien trouver de mieux que de te taper une bouteille de whisky toute seule comme une ivrogne ? Et c'est quoi cet accoutrement ? Tu veux braquer une banque après ? On peut ce l'a faire à la casa de papel si tu veux. Tokio enchantée > Je l'a regarde tout sourire et je lui tend une pilule dans le creux de ma main. < Alors ? Prête à plonger ? > Joueuse ? Pas joueuse ? Je ne la connais pas encore assez pour l'a juger. Libre à elle d'accepter ou non ma proposition.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
C’était décidément une sacrée curieuse cette Crystal. Elle lui demandait ce qu’elle venait noyer dans l’alcool. *Faut pas t’étonner ma vieille, tu descends les shooters plus vite que tu respires, appelez-moi la Lucky Luke de la beuverie* N’empêche, même si Victoire était consciente qu’elle avait un problème, elle n’allait pas pour autant se confier à la première venue qui venait gratter l’amitié. Pourtant, elle aurait bien besoin d’une amie… Mais Crystal n’en deviendrait une que si elle arrivait à percer l’armure de Victoire et ça, ça n’était pas gagné. < Et tu cherches à noyer quoi comme ça ? >*Ta mère* faillit-elle répondre par réflexe, mais elle se ravisa et préféra opter pour une réponse moins agressive mais tout autant à côté de la plaque : « Ma sobriété. »
Puis sa compagne de boisson d’un soir se mit à blablater sur la France, enfin plutôt sur Paris et la tour Eiffel et le Moulin Rouge. Ah tellement de clichés, mais elle était habituée, bientôt elle allait lui sortir les trois phrases qu’elle connaissait en français probablement : « Bonjour », « Voulez-vous coucher avec moi ? » et « J’aime le fromage ». Vic se contenta de lui répondre : Tu sais qu’il n’y a pas que Paris en France comme ville ? Et la Tour Eiffel c’est rien qu’un tas de ferraille… »
Puis, après que Victoire ait envoyé bouler le dragueur présumé sans même avoir entendu le son de sa voix. Crystal en rajouta une couche ce qui arracha un rire franc à Victoire qui en fut elle-même surprise. *Ah ben l’alcool commence enfin à faire effet et à te rendre à peu près agréable. T’arrête pas sur ta lancée* Alors que la bouteille de whisky continuait de se vider, Crystal lui avoua qu’elle fumait également des joints. *Hum… Finalement, on va peut-être s’entendre. Bon par contre pour que j’en vienne à danser, va falloir que je sois sérieusement déchirée* :
« Le lâcher prise c’est pas ma spécialité » confessa-t-elle. Puis Crystal sortit un sachet de pilules, Vic examina la pilule puis scruta le visage de cette inconnue. Elle se crispa légèrement *T’es qui Crystal ? Une dealeuse qui a repéré l’alcoolique esseulée et vient la rendre accro ? * Se renfrognant, elle lui demanda de manière déguisée ce qu’elle pouvait bien foutre ici, seule. La méfiance de Victoire était comme une vague qui la submergeait par intermittence. Elle n’acceptait pas de la drogue de la part de la première venue. Il fallait de la confiance pour ce genre de choses. La réponse de Crystal, bien que présentée avec humour, visa juste et Victoire la prit un peu comme une gifle. Une gifle car elle la traitait d’ivrogne et Vic’ avait beau se traiter intérieurement d’alcoolo, ce n’était pas la même chose de recevoir cette remarque de la part d'une personne qu’elle venait de rencontrer. Une gifle aussi car elle lui rappela qu’elle avait pris des résolutions pour cette nouvelle année : s’amuser, se faire des amis, profiter de la vie, être heureuse. Alors, Victoire décida d'ignorer la pique et se concentra sur la proposition de drogue.
En prenant ces bonnes résolutions, elle avait autre chose en tête qu’avaler une pilule et danser dans un bar… Mais après tout c’était peut-être un début. Si ce cachet lui permettait d’atteindre le fameux « lâcher prise », ça promettait d’être une bonne soirée et elle en avait besoin. C’est vrai qu’en les examinant attentivement, les cachets ressemblaient plutôt à de l’ecstasy qu’à du LSD. Vic avait testé les deux à New York pendant sa carrière dans le mannequinat. Elle ne voulait plus jamais prendre de LSD, les hallucinations c’était la dernière chose dont une traumatisée paranoïaque voulait. Par contre, l’ecstasy, même si elle le regretterait assurément dans quelques jours, elle savait que ça la mettrait bien, là, maintenant. Et après tout c’était pour se mettre bien qu’elle était venue ici non ?
Elle attrapa le sachet des mains de Crystal tout en restant discrète et confirma à voix haute après inspection de la drogue : « C’est de l’ecsta… Ok, allez… » et elle goba un cachet avant de tendre le sachet à Crystal pour qu’elle fasse de même. La drogue ne ferait pas effet avant une heure, Victoire vida donc les dernières gouttes de whisky dans les deux shooters et plongea sa main dans la poche ventrale de son hoddie pour en ressortir un joint déjà roulé et un briquet. Elle fit un signe en direction de la sortie du bar et proposa :
« En attendant que l’ecsta fasse effet, on s’en fume un sur le parking ? A moins que tu préfères braquer la caisse du bar, Tokyo ? » et elle mima un pistolet avec sa main et tira des coups imaginaires en l’air « Bang bang ! ».
Elle sortirent donc et se firent tourner le joint en discutant. La demi-bouteille de whisky et le cannabis faisaient clairement effet maintenant. Victoire était légèrement plus détendue, elle raconta même qu’elle était pâtissière-chocolatière et dissémina quelques conseils techniques de pâtisserie comme si Crystal allait s’en souvenir le lendemain. Puis, peu de temps avant de retourner dans le bar, elle sentait la pilule qui commençait à faire effet et elle devint très intense d’un coup, prit Crystal par les deux bras pour la placer bien en face d’elle et fixant son regard dans le sien, elle lui dit : « Par contre, meuf, il faut que tu me surveilles là-dedans… Laisse pas un mec s’approcher ou me toucher, je sais pas comment je vais danser, ça fait longtemps que j’ai pas pris d’ecsta. Je pourrai péter un câble et casser des dents, j’te jure… »
Puis, elle la relâcha et se détendit. Voilà, maintenant elle pouvait essayer le lâcher prise, laisser cette sensation de bien-être, de bonheur et d’amour l’envahir. Elle se mit à glousser comme une adolescente et tout en riant précisa : « Je suis sérieuse, hein. J’suis une bombe à retardement, ahahah ! ». Et elle se dirigea vers l’entrée du bar, toute sautillante.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Une chose est sûr. C'est que Vicky a du répondant.Ce n'est pas le genre à tourner autour du peau cent sept ans pour dire les choses. « Ma sobriété. » Qu'elle me répond. Oui bon, vu comme ça. Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque. C'était une adepte pour s'enfiler autant d'alcool sans flancher. Il lui fallait un truc plus costaud que cette piquette bon marché. Ses origines sont françaises apparemment. Je ne peux m'empêcher de lui parler de la tour Eiffel. C'est cliché j'avoue. En même temps je ne connais pas grand chose de là bas si ce n'est que les français sont cons ... Mais je me voyais mal lui donner cette information. < Tu sais qu’il n’y a pas que Paris en France comme ville ? Et la Tour Eiffel c’est rien qu’un tas de ferraille… » Je hausse les épaules. < Ouais je me doute bien. C'est comme Brisbane et les Koalas pour l'Australie ^^ C'est le premier truc bateau qui met venu en tête. > Enfaite j'avais envie de faire la conversation ... Mais ce n'est pas un sujet passionnant. On s'en bat les couille du fromage et des croissants.
Et puis y a ce boulet qui a trop cru qu'il pouvait espérer quelque chose avec mon interlocutrice. Sauf que je ne suis pas trop de cet avis là. Pas question qu'il me vole ma seule distraction. Je n'ai pas envie de l'a laisser filer. Pas tout suite. Alors je l'envoie cordialement ce faire foutre en prétextant que nous sommes ensemble. Si Vic n'avait pas été si "sauvage" j'aurai même mimer un quelconque rapprochement. Mais je tiens à ma vie ... Alors j'en ferais rien. De toute façon il s'en va. "Ouais c'est ça casse toi connard" Les mecs me dégoutent de plus en plus. Surtout quand ils nous traitent comme leurs choses ...
Lâcher prise. C'est la maitre mot de cette soirée. Vic est tendue comme un string. Il faut qu'elle ce détende. Rien de bien qu'un peu d’ecstasy. J'ai toujours une ou deux pilules qui trainent pour les moments les plus compliqué de ma vie. Et la sienne semble plus difficile à gérer pour elle ce soir. Si je peux aider hein... La rousse hésite. En même temps je me met à sa place. Pas sûr que j’accepte non plus la blague. « C’est de l’ecsta… Ok, allez… » J'en conclue qu'elle est joueuse. Un sourire se dessine sur mes lèvres. La soirée allé enfin être intéressante ! Je l'a laisse avaler sa douceur avant de prendre la mienne à mon tour. Mon dernier shooter m'aidera à avaler celle-ci. L'alcool et la drogue. Quel joyeux cocktail ! Je l'a vois glisser sa main dans son hoddie pour en ressortir un joint déjà roulé. Sérieux ? Elle est parfaite j'adore ! « En attendant que l’ecsta fasse effet, on s’en fume un sur le parking ? A moins que tu préfères braquer la caisse du bar, Tokyo ? » Je l'a regarde grand sourire en venant me mordiller l'index. Cette fille à le don me surprendre. < Je te suis Nairobi ! J'irai braqué une bouteille digne de ce nom à notre retour > Chose promise, chose dû. Vic vient imiter un flingue et deux coups de feu. Je l'a suis dans son délire en venant plaquer mon dos contre le siens et imiter ses gestes avec ma main droite. < Bang BANNNg BannnggGG > Une vrai fusillade imaginaire. Je fais genre de tirer entre les deux yeux de l'autre gros con puis mon pistolet ce transforme en joli doigt d'honneur rien pour ses beaux yeux.
On se retrouvent dehors. Il fait un peu friquet. Je me frictionne les bras pour me réchauffer un peu. Mon taux d’alcoolémie se chargera bien de faire le reste. Notre conversation passe du coq à l'âne. ça n'a ni queue ni tête. J'écoute Vicky me parler de gâteau et ça me fait tellement marrer quand elle me parle de casser deux œufs que je manque de me pisser dessus. En soit ce n'est pas drôle mais je suis trop déchirée pour le comprendre. Je rigole à ne plus pouvoir m'arrêter. Vic m'attrape les deux bras j'en ai le souffle coupé. Son regard vient ce plonger dans le miens. C'est un peu perturbant.. "Qu'est -ce que j'ai fais ?" < Késako ? > Que j'articule d'un air pétrifié. J'ai l'impression qu'elle va m'en coller une. « Par contre, meuf, il faut que tu me surveilles là-dedans… Laisse pas un mec s’approcher ou me toucher, je sais pas comment je vais danser, ça fait longtemps que j’ai pas pris d’ecsta. Je pourrai péter un câble et casser des dents, j’te jure… » Aie. La soirée promet d'être joyeuse. Je glousse tout en restant sous son emprise.< T'inquiète je vais pas te lâcher. Le premier qui touche j'le défonceee > Avec mes cinquante kilos tout mouillé je pouvais me montrer très agressive moi aussi. Personne posera ses sales pattes sur ma rousse.
Je n'ai pas le dire ouf que Bambi va ce perdre la prairie. « Je suis sérieuse, hein. J’suis une bombe à retardement, ahahah ! ». Oula vite faut pas que je lâche des yeux. Je trottine jusqu'à elle pour venir glisser ma main dans la sienne. < Viens par ici p'tite folle >. On s'avance toutes les deux vers la piste en riant. Y a une musique qui passe tout le temps en ce moment à la radio. Un peu latino. J'aime bien ce son. Mes hanches ce mettent tout suite à ce balancer au rythme de la musique. Les yeux mi-clos, je me laisser bercer par la mélodie. Vicky suit le rythme mais y a toujours un connard ou deux qui rôdent autour comme des vautours. C'est dingue !! Faut dire que son déhanchement ... même moi ça me donne chaud. Je me rapproche pour faire fondre tout espoirs auprès des pseudos prétendants. Une main sur sa hanche je suis ses mouvements en riant. < Putain t'as appris où à danser comme ça ? > Je rêve. On est littéralement entrain d'enflammer la piste. Un cercle ce forme autour de nous. Les gens frappent dans leur mains. Sa siffle, sa hurle. Si bien que ça nous encourage à approfondir notre danse endiablé. On s'amuse à plié nos genoux pour descendre de plus en plus bas. Pour ensuite remonter en ayant des mouvements sensuels. Je me met dos à elle et on recommence de plus belle. Mes fesses viennent en contacte de son fessier pour ne plus ce quitter. Ma tête bascule en arrière pour venir en contacte de la sienne. Je souris pleine bouche. C'est extra ! Je m'amuse comme une folle. Je me retourne et je viens lui attraper la main pour la faire tournoyer comme une toupie. Ces gestes sont approximatifs mais Vicky n'en reste pas moins gracieuse et élégante. L'ecsta semble l'a rendre moins farouche. S'en est que plus plaisant.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Une complicité était née en une heure de discussions sans queue ni tête autour d’un joint sur le parking du bar. Crystal riait tellement que Victoire s’était laissée contaminer par cette hilarité. Ca lui faisait tellement du bien de relâcher la pression, de se laisser aller et de rire sans retenue. Elle en avait mal aux zygomatiques, et voilà qu’il était l’heure de retourner dans la fosse aux lions, mais sous ecsta, mesdames et messieurs !
Crystal saisit sa main et elles entrèrent telles deux gamines sautillantes dans le bar. Victoire avait un peu la tête qui lui tournait à cause du whisky mais ça la faisait rire, ses pupilles dilatées par l’ecstasy et son cerveau déconnecté par la marijuana, c’était le combo explosif qui avait réussi à la décoincer. Victoire se sentait entourée d’une bulle d’amour et étrangement en sécurité sous la surveillance de cette inconnue maigrichonne. Elle lâcha la main de Crystal pour se ruer sur la piste de danse, cela faisait une éternité qu’elle n’avait pas dansé en public, elle ferma les yeux et se laissa porter par les sonorités latinos. Les basses résonnaient dans sa cage thoracique, elle ne dansait pas sur la musique, elle devenait la musique, la ressentant jusque dans ses os. Les ondulations de la mélodie se répercutaient sur son corps, sa queue de cheval rousse fendait l’air et fouettait sa nuque, son visage, sa poitrine.
Elle rouvrit les yeux quand elle sentit la main de sa compagne de soirée sur sa hanche et lui sourit. Leurs mouvements se synchronisèrent : < Putain t'as appris où à danser comme ça ? >. Sans réfléchir, elle répondit : « A New York ! ». Les tops models avec qui elle sortait à l’époque étaient loin d’être toutes des reines du dancefloor, mais il y avait Maria, d’origine vénézuélienne, qui enflammait toujours la piste. Celle-ci avait appris à Victoire comment se déhancher du temps où elle s’appelait encore Juliette. Sans même réaliser qu’elle venait de donner une information sur son passé, Victoire s’écria en regardant Crystal : « Tu te défends pas mal, crevette ! ». Puis elle se mit à rire toute seule du surnom qu’elle venait de lui trouver, c’est vrai que ça lui allait bien : petite, frêle et rose. C’est en examinant les joues roses de Crystal que Victoire réalisa qu’elle mourrait de chaud dans son hoodie. Elle n’hésita même pas une seconde à l’enlever, elle ne pensa même pas à tous ceux qui les regardaient. Le monde autour d’elle n’était que bienveillance et tendresse, d’ailleurs elle ne s’était même pas rendue compte qu’elles se donnaient en spectacle.
Maintenant en débardeur noir moulant, le corps de Victoire était exposé aux yeux de tous. Elle ne portait jamais quelque chose d’aussi proche du corps à l’extérieur, uniquement chez elle à l’abri des regards. Il fallait dire qu’elle n’avait pas du tout envisagé la suite de sa soirée comme ça, comment aurait-elle pu prévoir qu’elle allait perdre le contrôle et dévoiler son décolleté au milieu d’un bar sous l’influence de l’ecstasy ? Ces considérations, Victoire ne les aurait que plusieurs heures plus tard. Pour l’instant, elle se sentait juste beaucoup plus à l’aise libérée de cet accoutrement, elle redoubla d’ardeur à la danse. La foule qui les entourait aurait dû l’oppresser avec leurs cris et sifflements, mais au lieu de ça elle était hilare. Chimiquement heureuse. Face à face, puis dos à dos, les deux ecstasiées continuaient de danser en descendant progressivement vers le sol, genoux pliés, dos droits, bras ondulants dans l’air.
Un autre air latino emplit l’atmosphère et Victoire s’écria : « J’adore cette chanson !! » Elle s’éloigna de Crystal pour s’adonner à un pas de danse étrangement hypnotisant, genoux fléchis le bas de son corps suivait le mouvement circulaire de son bassin tandis qu’une vague submergeait le haut de son corps ondulant de son épaule droite à la gauche. Elle avait le sourire aux lèvres et les yeux clos, le monde tournait autour d’elle ou est-ce que c’était elle qui tournait ? Elle fut prise d’un vertige et rouvrit les yeux juste à temps pour se voir tomber sur un badaud qui observait les deux jeunes femmes. Elle tomba directement dans ses bras et elle resta en équilibre suspendue à son cou pendant quelques secondes, il lui fit un sourire charmeur et elle lui rit au nez : « Ahah ! Même pas dans tes rêves ! ». Elle se dégagea de son étreinte et l'ignora totalement pour se ruer sur Crystal avec l’air fier d’un enfant qui ramène un collier de pâtes pour la fête des mères : « T’as vu, t’as vu ? Je lui ai même pas cassé dents !! »
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Le show, c'est le show ce soir ! Et c'est nous qui menons la danse. Terriblement bien d'ailleurs. Vicky a enfin lâcher prise. Elle se laisse aller. Elle est terriblement plus agréable dans cet état. On danse sur cette piste comme si nous étions seule au monde. Juste nous. Ma main se pose sur sa hanche pour mieux accompagner ses mouvements. Je me déhanche en essayant de suivre le rythme de ma partenaire. Vic danse magnifiquement bien. J'adore ! Je lui demande où elle a apprit à danser aussi bien. « A New York ! ». Qu'elle me répond. J'approuve sans trop me poser de question. "Elle m'avait pas parler de la France tout à l'heure ? " Elle fait bien ce qu'elle veut après tout. Je ne suis pas là pour faire une enquête sur sa vie. On s'amuse et c'est tout ce qui compte à cet instant T. « Tu te défends pas mal, crevette ! ». Je souris à son compliment tout en me déhanchant sous les yeux de la rousse. Mais je perds à un peu pied quand je l'a vois se dessaper sous mes yeux. Je découvre enfin sa jolie silhouette et je n'en suis pas insensible. Je me mordille l'a lèvre tout en admirant ses courbes. < Haaan... beyh ... je ne savais pas que j'avais à faire à une sirène moi ce soir > Je lui fais un petit clin d’œil avant de reprendre ma danse endiablé.
On entame une danse à deux. Je m'autorise à poser mes mains sur ses hanches. Nos cuisses s'entrechoquent. Notre danse se veux sensuelle, sexy. Le public semble apprécier. On nous siffle pour nous inciter a toujours aller plus loin. Alors on descend toujours plus bas en venant fléchir nos genoux. Puis en remonte en rythme. Nos bassins viennent ce frotter l'un contre l'autre. Les mecs deviennent hystérique. Je lève la main en l'air pour leur dire de crier plus fort mais indirectement d'aller ce faire foutre cordialement. Je n'avais d'yeux que pour elle ce soir. On ce met dos à dos pour venir frotter nos fesses. L'une contre l'autre, je me met à rire, à sourire. Je m'amuse tellement. ça me fait tellement de bien !
La musique vient à changer. « J’adore cette chanson !! » Je me tourne vers elle en souriant. < Montre moi ce que tu sais faire ! >. Vicky s’exécute sans que je n'ai le temps dire "OUF". Je l'a regarde bouche bée. Elle me rend dingue. Je suis sous son charme. En même temps c'est dur de fermer les yeux sur autant de beauté. Sourire en coin je l'admire en veillant que rien ne lui arrive. Son équilibre est un peu douteux. "Oula" Je panique un peu en l'a voyant s'agripper au cou d'un mec. "Merde manquait plus que ça " « Ahah ! Même pas dans tes rêves ! ».. Elle se dégage de son étreinte pour se ruer vers moi pour mon plus grand soulagement. « T’as vu, t’as vu ? Je lui ai même pas cassé dents !! » Je glisse ma main dans la sienne pour ne pas la voir s'éloigner de nouveau. < Bien ! Y a du progrès. tu vois que tu veux. Allez viens. On va se rafraîchir un peu > Je lui ai promis que je lui payerai une bonne bouteille. Je viens m'affaler sur le comptoir pour attirer l'attention du barman. < Donne moi une bouteille de Nikka s'toplait > Un mec et entrain de baver sur Vic juste sous mes yeux. Je lui attrape le visage avec ma main en le regardant droit dans les yeux. < Pas les pattes connard > J'agrippe la bouteille de bourbon et j'entraîne mon acolyte jusqu’à une table disponible avec une banquette. Les shoot ont laissé place à deux verres. Je lui verse un fond pour qu'elle goûte. < C'est un whisky japonais. Tu as une couche de vanille crémeuse avec des notes florales fruitées. Tu m'en dira des nouvelles. > Je m'en sers un verre pour enfin savourer ce délicieux nectar. Les yeux clos, je l'avale en me laisser bercer par ses effluves. La bouteille coûte la coquette somme de deux cent soixante dollars. J'ose espérer que Vicky ne l'avale pas comme sa piquette de tout à l'heure. Mon menton vient ce poser dans le creux de ma main. Je l'a regarde en penchant la tête. < T'es un sacré spécimen toi > Je ne sais pas si c'est l'alcool ou la drogue qui a raison de moi mais je me sent toute chose. Je lui souris tout en la fixant.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Après avoir frôlé le drame sur la piste de danse, Crystal décida qu’il était peut-être plus sûr de retourner boire. En temps normal, jamais Victoire ne se serait retrouvée en décolleté à danser de manière aussi sexy et ostentatoire. Et surtout, elle n’aurait pas réagi aussi calmement en se retrouvant dans les bras d’un inconnu. Il y avait du progrès comme disait Crystal, dommage que ce ne soit qu’un effet temporaire de la drogue… Il semblerait que l’ecstasy avait ce bienfait de mettre en veilleuse son traumatisme et de la rendre à peu près sociable. Une véritable bouffée d’air frais dans son quotidien d’angoissée. Vic’ suivit Crystal jusqu’au bar et tandis que celle-ci commandait à boire, plusieurs regards se tournèrent vers la belle rousse pour la scruter. Mais sa chevalière servante était là pour garder les prédateurs à distance, elle attrapa même le visage de celui qui était le plus près pour lui ordonner de garder ses mains pour lui. Victoire éclata de rire et tout en s’éloignant vers une table, répéta à l’attention du garçon : « Bas les pattes, elle a dit la dame ! »
L’attitude de Victoire était désormais tellement aux antipodes de son caractère habituel que l’on aurait dit une enfant ou plutôt une adolescente impertinente. La jeune femme qui n’avait jamais eu l’occasion de faire sa crise d’adolescence, ou même plus simplement d’avoir la vie d’une adolescente, rattrapait son retard grâce à l’inhibition provoquée par la drogue. Elle avait envie de faire tout ce qu’elle n’avait pas fait étant plus jeune. Passant mentalement en revue toutes les idioties que font les adolescents, Victoire vit Crystal lui servir un verre de whisky japonais et lui fournir quelques explication sur sa saveur. Et telle une adolescente un peu bête, elle singea Crystal en attrapant son verre, petit doigt levé et en utilisant un accent aristocratique exagéré : « Des notes florales fruitées, une saveur de crème de vanille agrémentée d’une once de poivre de Sichuan… »
Puis, elle s’esclaffa et porta le verre à ses lèvres. Par reflexe, elle allait le descendre d’une traite mais elle huma les effluves de la boisson et ne put s’empêcher de marquer une pause. Elle sentit à nouveau, mais avec application cette fois, le contenu de son verre et poussa un soupir de satisfaction. Puis, elle trempa ses lèvres et laissa le liquide tapisser sa bouche. En tant que bonne française, Victoire savait déguster un bon vin et cela ne devait pas être bien différent de la dégustation de whisky. Elle fit tourner le breuvage dans sa bouche, aspira de l’air pour l’oxygéner et finit par l’avaler. La sensation était proche d’un orgasme pour Victoire dont les sens étaient décuplés sous ecstasy. Son visage s’illumina et elle attrapa la bouteille pour l’examiner en s’exclamant : « Waow c’est un délice ton truc ! ». Soudain, Vic’ se rendit compte du regard que posait Crystal sur elle, mi admiratif, mi séducteur : < T'es un sacré spécimen toi >. *Est-ce qu’elle me drague ? Ca ressemble au regard d’un gars sous le charme… Mais les filles ont-elles le même regard ?*
Victoire avait été amoureuse trois fois d’une femme. La première c’était sa copine du collège et elle n’avait jamais osé lui en parler. La deuxième, c’était cette barmaid qui lui avait sauvé la vie et dont elle avait perdu l’amitié après avoir tenté de l’embrasser. Puis maintenant, il y avait cette cliente de la pâtisserie, mystérieuse et intimidante, qu’elle espionnait depuis la cuisine de la pâtisserie et dont elle ne connaissait même pas le nom. Toute sa vie elle avait voulu avoir une petite amie, se blottir contre sa peau douce et embrasser ses lèvres sucrées. Mais ça n’était jamais arrivé et elle avait fini par considérer ça un peu comme un fantasme qui ne se réaliserait jamais. Elle avait bien trop peur de se faire rejeter à nouveau pour tenter quoique ce soit. Mais ce soir, elle était pleine à ras bord de substances plus ou moins licites et elle sentit quelque chose dans le regard de Crystal. Comme un signal. Alors, inhibée, Victoire se pencha et tout se passa très vite. Elle embrassa Crystal, un baiser chaste d’adolescentes. Ses lèvres rencontrèrent les siennes, chaudes et douces, et elle resta là, les yeux fermés à humer le parfum de celle qui était une inconnue quelques heures plus tôt.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Je ne veux pas tenter le diable à la laisser danser comme ça. Elle est beaucoup trop ... sexy... Oula qu'est ce qui me prend. Je me surprend a avoir une attirance pour ma partenaire de danse. C'est encore un peu floue pour moi dans ma tête. Je sais qu'au fond de moi je suis autant attiré par les femmes que par les hommes. Même si je n'ai jamais eu de relation concrète avec une fille. Juste des flirts. Mais je ne sais même pas si c'est le cas pour Vicky. Et surtout je suis défoncé. Autant que la demoiselle qui sautille partout comme une enfant. Elle semble si innocente comparer à tout à l'heure. D'ailleurs je veille au grain. « Bas les pattes, elle a dit la dame ! » Je monte les crocs. Ma main vient empoigner le visage de cet homme un peu trop curieux à mon goût. D'un geste pas très amical je le repousse en arrière. J'ai tendance à oublier que je suis un poids plume ... "Il va t'arriver des bricoles Sanders "
J'embarque Vicky avec moi. On est tranquille là, autour de cette table un peu isolée. Je me glisse sur la banquette aux côtés de la rousse. Je vais lui faire goûter un vrai whisky ! Le Nikaa est à des années lumières de la bouteille qu'elle a acheté tout à l'heure. J'articule ma science sur ce nectar. Ce n'est pas simple de garder son sérieux. Surtout quand elle se fout ouvertement de ma gueule. Je grimace puis je lui tire la langue comme une gamine en riant de bon cœur. « Des notes florales fruitées, une saveur de crème de vanille agrémentée d’une once de poivre de Sichuan… » Je l'a regarde, sourire aux coins de mes lèvres. Mes fesses viennent glisser un peu plus près d'elle. Si bien que nos épaules sont à touche touche. Là au moins je peux capter son regard. Et cette proximité ne me déplais pas. < Tu oublis les poires pochées de jasmin très chère. C'est une vrai corbeille de fruit ce bourbon > Je me met à glousser tout en la fixant. Mes yeux sont pétillants autant que les siens.
L'ambiance est tout autre. Une bulle se forme autour de nous. J'ai bien du mal à détacher mes yeux de ceux ma voisine de table. Je me sens comme happer par son pouvoir de séduction. Je n'ose pas faire le premier pas. J'ai peur que ce soit mal interprété par Vic. Peut-être que je me fais des films. J'en sais rien. C'est bizarre comme sensation. Je ne suis pas encore à l'aise avec les femmes. Mais je n'ai pas le temps dire ouf que je sens les lèvres de Vicky se poser sur les miennes. C'est rapide. Mais juste assez pour me dire que c'est agréable et que j'en veux plus. Instinctivement je pose ma main sur son visage et je me penche sur elle pour venir capturer ses lèvres à nouveau. Le baiser est bien différent. Plus long, plus doux. Ma langue vient caresser la sienne tendrement. Mes paupières sont closes tandis que mon pouce caresse délicatement sa joue. J'aurai pu l'embrasser des heures durant. Notre proximité n'a jamais était aussi faible. Il y a encore quelques heures c'est à peine si je pouvais venir m'asseoir à sa table. C'est fou ce qu'un peu d'alcool et de drogue enlève les barrières qu'on s'était fixé. Je me détache doucement non sans garder ma main sur sa joue. Mon regard vient se plonger dans le siens. Est-ce que c'était qu'un coup de folie ou est-ce qu'il avait réellement quelque chose qui était entrain de se tisser entre nous. C'était encore trop tôt pour le dire. Et surtout nous ne sommes pas dans notre état normal ... Je viens me mordiller la lèvre nerveusement. Je retire ma main de son visage pour lui servir un deuxième verre.< Un deuxième ? ça ne se refuse pas ! > J'étais sur mon petit nuage. Avec le temps j'ai appris à profiter l'instant présent. Si fallait passer toute la nuit avec Vicky pour ça, j'étais partante ! Je n'avais pas de barrière, pas de limite. Encore moins avec tout cet alcool ingurgité et cette drogue qui prend contrôle de mon corps et de mes pulsions. J'amène mon verre à mes lèvres. Je le repose ensuite sur la table en souriant à Vicky. Je n'ai même pas remarqué que j'avais posé ma main sur la sienne. Du bouts de mes doigts je viens l'a lui caresser d'un geste délicat. J'ai toujours eu se besoin d'être tactile et câline. Je prend le risque de me faire tacler tant pis. J'apprécie tellement le geste que je ne me résonne pas à arrêter.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Crystal lui rendit son baiser et le cœur de Victoire faillit exploser dans sa poitrine. Elle avait trente et un ans et elle était en train de vivre son premier vrai baiser consenti avec une femme. Enfin, « consenti »… S’il l’on peut parler de consentement quand autant de d’alcool et de drogues circulent dans le sang des deux jeunes femmes. En tous cas, Crystal ne l’avait pas repoussée, elle lui rendait même la pareille avec un enthousiasme évident. Leurs langues et leurs haleines alcoolisées s’entrelacèrent, il y avait beaucoup de douceur dans ce baiser et Victoire se demande si elle s’y prend bien. Mais ses angoisses sont mises en veilleuse par les substances consommées et elle profite de l’instant présent, tout simplement, enfin !
La main fraiche et douce de Crystal vint se poser sur sa joue, comme cela faisait du bien d’être touchée aussi tendrement. Victoire avait envie de se blottir contre Crystal et de ne plus quitter ses bras. Mais Crystal rompit le contact de leurs lèvres qui se séparèrent. Victoire rouvrit les yeux, l’air hébété et scruta l’expression de Crystal : regrettait-elle ce qui venait de se passer ? Est-ce que le passé allait se répéter devant ses yeux ? Mais sa main était tendrement posée sur sa joue et le regard intense de Crystal racontait une toute autre histoire. Puis sa main se détacha pour attraper la bouteille de whisky et la jeune femme lui proposa un deuxième verre. Victoire soudain intimidée, cerveau embrumé et cœur battant la chamade, acquiesça : « Oui, je veux bien. »
Le whisky est servi, la main de Crystal se pose sur la sienne et Victoire fixe leurs doigts qui s’entrelacent. Attrapant son verre de sa main libre, Victoire se demande ce qu’il va se passer ensuite. Elle boit une gorgée. L’instant magique du baiser est passé et la vraie nature de la française commence à refaire peu à peu surface. Qu’allait-il se passer ensuite ? Elles étaient adultes, pas adolescentes. Il y avait peu de chances qu’elles se quittent avec un smack et prévoient une sortie cinéma pour la semaine suivant afin de s’embrasser à nouveau dans une salle obscure. Victoire aurait voulu passer le reste de la nuit blottie chastement dans les bras de Crystal, des bisous et une étreinte rassurante pour soigner son âme meurtrie. Mais ça ne se passerait pas comme ça, on n’était pas dans un teen movie Disney…
Elle n’avait jamais couché avec une femme et elle n’en avait pas plus envie que de coucher avec un homme. Le sexe ça ne l’intéressait pas. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? A flirter avec une inconnue, à danser de manière suggestive, c’était sûr que Crystal se faisait des idées sur la façon dont la soirée allait se terminer. Sans s’en rendre compte, Victoire venait d’engloutir goulument son deuxième verre de whisky sans même le déguster. *Alors tu fais quoi ma vieille maintenant ? Tu lui annonces comme un cheveu sur la soupe que tu ne veux pas coucher avec elle, au risque de passer pour une parfaite idiote ?*
Non, bien sûr que non. Victoire se leva et saisit son hoodie qui contenait son porte monnaie, ses clefs de voiture et toutes les affaires qu’elle avait apportées ce soir. Puis elle s’excusa en évitant au maximum le regard de Crystal : « Excuse-moi, je dois aller aux toilettes, je reviens. » Sans attendre la réponse de Crys’, elle s’élança vers le fond du bar là où se trouvaient les toilettes. Elle avait honte car elle savait qu’elle ne reviendrait pas et qu’elle s’apprêtait à planter cette fille hyper sympa et charmante avec une bouteille de whisky hors de prix à peine entamée. La fuite, un grand classique de la collection « Victoire Laclos ». Les toilettes n’étaient pas loin de la porte de sortie, Vic’ ne savait pas si Crystal la verrait partir depuis la table où elle était assise mais elle ne voulait pas prendre le risque qu’elle la rattrape. Ce serait vraiment trop la honte. Alors elle sortit à l’extérieur et pressa le pas vers le parking tout en enfilant son hoodie. Elle replaça son bonnet sur sa tête et s’assit au volant de sa voiture qu’elle démarra aussitôt.
Ce n’était pas la première fois qu’elle prenait le volant ivre, mais ce soir elle s’était surpassée avec le combo de drogues. Elle se concentra sur la route, elle n’avait pas une grande distance à parcourir mais ça l’arrangeait de reporter toute son attention sur la conduite, ça lui permit d’éviter de penser à quel point elle venait d’agir comme une connasse.
"L'alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche !” "
Ce baiser est divin. J'aimerai qu'il dure des heures. Ma langue caresse la sienne tendrement tandis que main lui caresse le visage d'un geste délicat. Je prolonge ce moment délicieux encore un peu avant d'y mettre fin à contre cœur. Mes yeux sont plongé dans les siens. J'essaye de savoir si ... si Vicky a apprécier cet étreinte autant que moi. Mais elle ne laisse rien paraître. Je doute ... Je doute de moi même. Je doute de mes capacités a ressentir quelque chose pour une personne du même sexe. Je doute que Vic apprécie ce baiser. J'essaye de noyer mes doutes avec ce deuxième verre de Nikka. Vic en prend un verre aussi. Mais ce verre est moins délicieux que le premier ... Il n'a pas la même saveur. Je l'a sent plus distante. « Excuse-moi, je dois aller aux toilettes, je reviens. » Elle récupére ses affaires avant de s'éloigner vers les wc. J'ai un mauvais pressentiment. Je la regarde s'éloigner puis disparaître dans la foule. Mon cœur se serre. Et plus temps passe plus je me sent terriblement mal.
Elle ne reviendra pas ... j'en suis presque certaine. Mon visage vient s'enfouir dans mes bras croisés sur la table. J'ai envie de disparaître. Vicky vient encore une fois de me démontrer que je n'étais pas apte a être aimé. Ni d'aimer en retour. Je sais que la chute est difficile avec cette drogue mais là je viens carrément de m'écraser au sol comme une merde. Les larmes coulent le long de mes joues. C'est ridicule. Je ne connais même pas le nom de cette fille. Mais c'est plus fort que moi. Le plus difficile dans cette histoire c'est d'être abandonnée de la sorte. Pourquoi elle ne c'est pas contenter de m'avouer les choses plutôt que d'agir de la sorte ? Après dix minutes inconsolable. Je me lève enfin de cette banquette avec ma bouteille de bourbon sous le bras. J'évite soigneusement le regard des gens et je me dirige droit vers la sortie. Si Elias me voyait dans cet état, c'est certain qu'il me gueulerait dessus. Je juge donc bon d'aller rejoindre la banquette de ma voiture et d'y passer le reste de la nuit le temps que je sois apte à reprendre le volant et rentrer. J'ai froid, je suis mal installé et cette bouteille me fait irrémédiablement pensé à Vicky. Je lui tourne le dos et je me fous en boule contre le cuir froid de mes sièges. Mais quand je ferme les yeux je nous revoit danser ensemble. Les échos de nos rires raisonnent dans ma tête. Je me crispe et tente de penser à autre chose mais là c'est ce baiser qui refait surface. Des larmes viennent perler à nouveau sur mes joues ... La nuit sera longue, inconfortable et surtout douloureuse pour mon petit cœur d’artichaut ...
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