moment privilégié pour les horowitz.

@HELENA HOROWITZ & DIMITRI.

Tout le monde savait depuis maintenant plusieurs années combien Dimitri aimait son boulot, mais il mentirait s'il prétendait que ça ne lui arrivait pas d'espérer dégager plus de temps pour d'autres choses, qu'il s'agisse de passions mises entre parenthèses, d'aspirations étouffées depuis qu'il avait repris l'affaire de son père, ou plus encore de sa fille qui aujourd'hui faisait partie intégrante de sa vie. Et après une semaine souvent bien chargée, le vendredi soir était ce moment charnière où la vie au sein du parc redoublait d'intensité et annonçait un week-end des plus denses. L'hiver avait beau s’amorcer à Brisbane, il ne décourageait pas les moins frileux de venir passer leurs soirées entre les stands de confiseries et les attractions, et Dimitri n'allait pas s'en plaindre, c'était bon pour les affaires. Simplement, voir des familles arpenter les allées de DreamWorld soirée après soirée, ça lui renvoyait à la figure que sa fille et lui avaient manqué de beaucoup de moments comme ceux-là pour apprendre à se connaître et s'apprivoiser. Il savait que ces occasions-là, ils apprendraient à les créer et que ce serait plus simple maintenant que Tamsin voulait qu'il fasse partie de la vie de leur fille, mais il ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver cette frustration de savoir tout ce qu'il aurait pu faire différemment si seulement il l'avait su plus tôt. Des choses dont il avait pris l'habitude de discuter avec Billy, son fidèle assistant, qui bien que n'ayant pas droit à autant de confidences que ses sœurs était quand même devenu avec le temps l'une des rares personnes en qui il ait toute confiance. C'était curieux, comme il lui rappelait parfois celui qu'il était quelques années plus tôt, quand il observait son père gérer son stand et enchaînait les conneries avec sa bande de l'époque. Ses parents en avaient vu de toutes les couleurs avec lui, et c'était pas très étonnant que Noa et quelques autres peinent à reconnaître le type plus posé qu'il était devenu. Quelques fois, ça irait presque lui manquer, de n'en faire qu'à sa tête et d'attendre le moment où ça finirait par lui retomber dessus. Quelques fois, il aimerait juste redevenir inconséquent.

D'abord affairé à checker que tout se passait bien au niveau de la piste, il avait laissé Billy à la caisse s'occuper d'accueillir les prochains clients et s'était faufilé à l'arrière du manège pour faire quelques vérifications sur des voitures soumises à réparation. Ils avaient toujours fonctionné à tour de rôle, parce qu'il avait tout de suite décelé chez son assistant l'envie de réellement apprendre comment ça se passait une fois aux commandes d'un stand de cette ampleur. Concentré, il ne vit pas la silhouette qui glissa derrière son dos et se laissa surprendre lorsqu'elle posa ses deux mains sur ses yeux. Cette voix, il la reconnaître entre mille, et comme chaque fois la seule perspective de passer quelques instants avec sa sœur lui tira un large sourire. « Pas Billy, ou alors je m'étais jamais rendu compte que t'avais la voix aussi aiguë. » Il glissa, amusé, au moment où elle retira ses mains et se retrouva face à lui pour l'embrasser. Ça lui faisait toujours un bien fou de la voir, et pas seulement parce qu'Helena semblait transporter avec elle une joie de vivre contagieuse, qui bien souvent suffisait à alléger les épaules d'un Dimitri en proie à toutes sortes de soucis. Il lui lança un petit regard interrogatif. « La dernière fois que je me suis amusé ? Si j'en ai aucune idée c'est sûrement pas bon signe. » Oh, il pourrait lui citer les quelques fois où il était sorti boire un verre avec un pote ou avait rencontré des femmes dans un bar, mais ils savaient tous les deux que ces occasions-là étaient encore trop rares et que la plupart de ses soirées, c'est au parc d'attractions qu'il les passait. « Attends, attends, j'ai... je peux pas tout laisser en plan pour partir m'amuser avec ma sœur. Tu sais que y'a rien qui me ferait plus plaisir, mais c'est une de nos plus grosses soirées au parc, et... » Et il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase qu'Helena, avec son enthousiasme habituel, lui ôta ses scrupules en précisant que son assistant avait été mis au parfum et que donc, il n'avait plus vraiment d'excuses pour hésiter à accepter sa proposition. « Oh, je vois. Vous avez tout manigancé. » L'idée aurait pu le faire un peu rouspéter dans d'autres circonstances, parce qu'il n'avait jamais tellement apprécié l'idée que ses proches complotent dans son dos, mais venant d'Helena il ne pouvait pas y voir autre chose que l'envie de lui changer les idées et de lui faire du bien. C'était tout elle, et c'était aussi pour ça qu'il l'aimait autant. « Bon, j'imagine que j'aurais tort d'opposer de la résistance dans ces conditions... » Ses lèvres retrouvèrent un léger sourire, tandis qu'il haussa les épaules comme pour capituler. Elle avait réussi son coup, Helena, à présent il ne se sentait plus indispensable au stand et ne voyait pas de raisons de refuser de passer une soirée agréable en sa compagnie, alors qu'il ne voyait pas si souvent à cause de son boulot. Et voilà que maintenant, sa sœur dégainait une bouteille de vodka comme pour asseoir de le convaincre. « Helena Horowitz, c'est maintenant sûr, j'ai eu une effroyable influence sur toi. » Il éclata de rire en approuvant l'initiative, le pouce levé. Il ne fallait pas oublier qu'ils avaient du sang ukrainien et que leurs ancêtres avaient grandi non loin de la frontière russe, rien d'étonnant à ce que la vodka ait toujours fait partie de ses péchés mignons. Ils s'éloignèrent du stand, et Dimitri passa un bras autour des épaules de sa sœur. « Mais avant qu'on aille plus loin, dis-moi une chose. » Il prit avec elle son petit air d’aîné qui annonçait toujours la suite. « Tu lui as promis quoi, à Billy, pour qu'il accepte de s'occuper du stand un vendredi ? Je demande ça parce que je l'ai toujours soupçonné d'avoir un faible pour toi. » Ce qui n'avait rien d'étonnant sachant que son assistant était connu pour avoir un cœur d’artichaut. La moindre jolie fille était susceptible de lui faire tourner la tête et là où ça ne lui poserait aucun problème avec une autre, il préférerait qu'il aille battre des cils le plus loin possible de sa sœur.

 

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Helena avait toujours le don de le surprendre, peu importe comment elle s'y prenait ou quelle énergie elle était capable de déployer pour lui sortir la tête du boulot. Et c'est une chose que Dimitri avait toujours aimé chez sa sœur : si elle n'était pas là, à lui faire profiter de sa joie de vivre et de sa positivité, il y a bien des moments où il aurait eu envie de baisser les bras. « J'aurais perdu foi en l'Humanité depuis longtemps, ça c'est sûr. » Il se fendit d'un sourire taquin, à peu près sûr qu'elle avait au moins contribué à le rassurer sur le bon fond d'une partie de l'espèce humaine, et ce alors qu'elle était paradoxalement toujours attirée par des types qu'il qualifierait d'infréquentables – dans le meilleur des cas. C'était précisément sa bonté naturelle qui voulait ça, il le savait, et Helena savait de son coté qu'il avait toujours eu le plus grand mal à lui refuser quoi que ce soit. Alors quand elle débarquait avec les meilleures intentions du monde, ça n'était déjà même plus la peine de lutter. Elle gagnait toujours, à ce petit jeu-là, et Dimitri ne restait jamais intraitable longtemps quand il était question de sa sœur. « Je dois reconnaître que tu t'es surpassée. Habituellement t'aurais attendu que je rentre chez moi pour me coincer devant ma porte d'entrée, mais plus ça va plus tu peaufines ton approche. » Et ça l'amusait, bien sûr, même si ça devrait peut être l'inquiéter qu'elle ait jugé que l'opération ne pouvait pas attendre qu'il ait terminé sa soirée. Au fond, ce qui comptait ici c'était qu'ils puissent passer du temps ensemble sans que lui se sente obligé de partager le sien entre ses deux boulots, sa fille, et ses sœurs. Helena avait visiblement compris qu'il en était arrivé à un point où il ne fallait plus lui laisser le choix et faire en sorte qu'il se change les idées, et Dimitri n'avait pas le cœur à aller contre son initiative. Encore moins maintenant qu'une bouteille de vodka entrait dans l'équation : elle connaissait bien ses failles, c'est certain, et il n'en était pas étonné. Il lui donna alors un petit coup d'épaule, faussement piqué. « Comme les parents, qui diraient que j'ai jamais fait un très bon modèle pour mes sœurs. » Il était à moitié sérieux, parce que ça n'était pas d'hier qu'il avait fait pas mal de conneries étant jeune et ne vivait pas vraiment la vie que leurs parents auraient voulu pour lui, en tant qu’aîné et seul garçon de leur fratrie. Pas marié, père célibataire, avec des aspirations incompatibles avec son boulot au parc. « Santé. » Il se saisit de la bouteille et but à son tour, couvant ensuite sa sœur d'un regard plus doux. Il ne fallait pas croire qu'il n'était pas le premier à regretter de manquer de temps pour tout, y compris pour s'amuser. Simplement, sa vie était un beau bazar depuis quelques mois et lui accaparé par un millier de choses. « Du coup c'est quoi la prochaine étape ? Tu me présentes une de tes amies célibataires ? » Ses lèvres étirèrent un sourire rieur. Pas la peine de lui donner des idées qu'elle n'avait pas déjà, dans le genre entremetteurs du dimanche il n'était déjà pas mal, dans son genre.

Ils firent quelques pas à travers les allées du parc, particulièrement animé à cette heure, et Dimitri laissa parler sa curiosité au moment de poser la question qui pourrait valoir à Billy de se retrouver cloué dans une chaise roulante. Ou du moins, de s'attirer le courroux d'un Dimitri toujours plus méfiant quant il était question de sa sœur et des conquêtes de son assistant. Il prenait sur lui pour ne pas trop le montrer, mais ses instincts protecteurs n'étaient jamais loin et ça Helena était bien placée pour le savoir. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'elle ne perde pas une seconde pour s'engouffrer dans la brèche. Elle le taquinait, il pouvait le voir dans son regard et ça parce qu'il la connaissait par cœur, mais ça n'en avait pas moins répandu un frisson le long de son échine. « Hilarant. » Il pesta en levant les yeux au ciel, toujours un peu trop bon public pour ce genre de choses, et bien qu'un léger rire finisse par lui échapper. Il pouffa pour de bon lorsqu'elle reprit la parole, parce que ce genre de choses, ça ressemblerait déjà plus à Helena. « Vraiment, et de combien ? » Il vrilla son regard au sien, un sourire menaçant de fendre le coin de ses lèvres car pressentant que là encore, elle se moquait peut être bien de lui. « Que je sache si je dois juste retenir ça du prix de ton prochain cadeau d'anniversaire ou aussi de tous ceux que t'aurais du avoir à Noël. » Ça, c'était un coup bas et il en avait conscience, heureusement qu'il ne croyait pas vraiment qu'elle ait pu faire ce genre de promesse à Billy – si quelqu'un savait qu'il se donnait du mal pour mettre de l'argent de coté, c'était bien Helena. Il finit par déposer un baiser sur sa joue, manière de clore la plaisanterie tandis qu'ils s'approchèrent d'une de leurs attractions fétiches. L'une des plus sensationnelles du parc, le genre qui vous secouait et pour laquelle il valait mieux avoir le cœur bien accroché. Rien de moins que ce qu'il aimait, pour le coté imprévisible de la chose, ça n'était pas pour rien s'il venait souvent ici avec sa bande de potes quand il était au lycée. « On y va ? Il paraît que je suis censé m'amuser. » Il désigna le Grand Huit avant de reposer son regard sur Helena et de glisser « Et comme c'est pas demain la veille que je pourrai emmener Ava faire un tour de montagnes russes... » de son air le plus complice. Sa tante allait devoir se dévouer, en attendant, et même si pour elle ça n'aurait sûrement rien d'un supplice. Ils se ressemblaient pour ce genre de choses, elle aussi il en fallait beaucoup pour l'impressionner.

 

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A présent qu'il savait que Billy était dans la confidence et avait accepté de s'occuper du stand pour toute la soirée, Dimitri abordait l’initiative de sa sœur de l'éloigner pour quelques heures de son boulot avec un peu plus de décontraction. Après tout, il lui arrivait si peu souvent de s'octroyer ce genre de moments dans les allées du parc qu'il pouvait bien en profiter et remettre à demain ses préoccupations habituelles. Avec Helena, ça n'était jamais bien compliqué de se changer les idées et il fallait reconnaître qu'elle avait de la suite dans les idées lorsqu'elle voulait quelque chose. « Où est donc passé ton optimisme ? D'habitude c'est toi qui m'empêche de voir tout en noir. Cela dit rassure-toi, j'ai pas l'intention de quitter ce monde avant de te savoir casée avec un type bien, et vu le genre d'hommes en qui t'as tendance à placer ta confiance... je crois que t'es partie pour me supporter encore un long moment. » Il ponctua sa remarque d'un sourire taquin, du genre de ceux auxquels elle était habituée avec lui, qui ne disait jamais ce genre de choses que parce qu'ils préféraient au fond tous les deux en rire, depuis longtemps. Helena et les hommes, c'avait souvent été un sujet compliqué, et une source d'inquiétude pour un Dimitri toujours très protecteur avec elle. « Trêve de plaisanterie, je bosse peut être beaucoup mais j'ai une bonne hygiène de vie pour compenser. Si on met de coté une virée au bar de temps à autres... » Mais il n'y pouvait pas grand chose s'il avait hérité du penchant de leur père pour les bonnes choses, et à coté de ça il faisait suffisamment de sport pour tenir le rythme qu'imposaient des journées comme les siennes. C'était déjà une sacrée organisation en soi, de dégager un peu de temps pour aller courir, boxer ou s’entraîner à la salle. Mais il avait l'habitude, c'était plus souvent pour le reste qu'il se retrouvait à courir après le temps. La façon dont Helena reprit bientôt la parole, elle, le désarma au point qu'il eut un pincement au cœur, de la sentir en proie à cette culpabilité qu'elle n'avait aucune raison d'éprouver, surtout pas vis à vis de lui et alors qu'en tant que frère aîné il n'y avait rien qu'il ne ferait pas pour elle – y compris étrangler le premier type qui oserait lui faire du mal. « Eh, bien sûr que je le sais. Et ne t'excuse plus jamais pour ça, ok ? » Il souffla, déposant son regard doux dans le sien. « C'est mon rôle de veiller sur toi et je cesserai jamais de le faire, tu pourras toujours compter sur ton grand frère quoi qu'il se passe. J'espère que toi aussi, tu le sais. » Il passa un bras autour de ses épaules pour qu'elle sente là aussi que si c'était à refaire, il déploierait la même énergie à veiller sur elle. Il lui parut alors bon de détendre l'atmosphère en se fendant d'une remarque qui à coup sûr ferait aussitôt réagir sa sœur, elle qui plus d'une fois avait déjà évoqué l'idée de lui présenter une fille – et même déjà tenté, avec la complicité inattendue de leur sœur Irina, de lui faire rencontrer quelqu'un. « Qui qu'elle soit, si c'est vrai, elle mérite sûrement mieux qu'un type qui a pas tellement la tête à ça en ce moment. » C'était sa manière de lui dire que si elle avait une amie en tête, cette dernière aurait peut être plus de chance avec un type qui n'avait pas le sentiment d'être maudit dans ses histoires sentimentales. Après Tamsin, après Justine, après la façon dont tout avait toujours tendance à se corser ou à tourner court. Les femmes et lui, c'était une histoire compliquée.

La conversation resta légère lorsqu'Helena plaisanta sur l'idée d'avoir promis à Billy une augmentation que Dimitri n'était pas forcément en mesure de lui garantir, en tout cas pour le moment. Il ne pensait pas sa sœur capable de faire ce genre de promesses à son assistant, cela dit c'était moins dérangeant que l'idée qu'elle avait effleuré juste avant. « Ça peut se négocier, si t'es prête à allonger la liste de tes bonnes actions en consentant à jouer les nounous pour ta nièce de temps à autres. » Il glissa dans un petit sourire amusé, juste parce que c'était de toute façon déjà acté, qu'Helena passerait du temps avec Ava, peu importe que dans cette histoire tout le monde avance encore à tâtons pour trouver un terrain d'entente et veiller au bien-être de la petite. Arrivant face au Grand Huit, Dimitri laissa sa sœur prendre place la première à l'intérieur de l'attraction. Pas de doute, c'était bien la Helena qu'il connaissait. Enthousiaste et pas impressionnable pour un sou. « Pour qui tu me prends ? » Il s'amusa au moment de la rejoindre, prenant son air le plus énigmatique lorsqu'il se rapprocha un peu plus pour lui souffler une confession à l'oreille. « Je serais inquiet si Joe savait que je suis sorti avec sa fille au lycée, mais il en a jamais rien su alors on risque rien. » Et difficile comme souvent de savoir s'il était sérieux ou si c'était juste le genre de choses qu'il se plaisait à laisser entendre auprès de sa sœur pour semer un petit doute dans son esprit – Joe était le patron du manège et un type un peu rustre mais sympathique qu'ils connaissaient depuis de nombreuses années, comme s'il faisait partie de la famille. Ils n'eurent de toute façon pas le temps de s'étendre sur la question lorsque le manège se mit en route et les entraîna dans une série de montées et de descentes qui leur valurent d'avoir les idées légèrement secouées. Dimitri n'avait plus rien ressenti de pareil depuis un bout de temps, et c'était profondément jouissif de s'abandonner à ces sensations qui lui retournaient le ventre. Leurs cris résonnèrent quelques instants dans les airs avant qu'ils ne retrouvent la terre ferme et s'éloignent une fois remis de leurs émotions. « Ok, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Plutôt salé, sucré ? Choisis ce que tu veux, c'est moi qui invite. » Et elle savait que Dimitri n'était pas du genre à céder sur ce genre de dépenses, ça lui faisait trop plaisir de pouvoir lui offrir quelque chose pour compenser ce qu'elle faisait pour lui ce soir. Helena évoqua à nouveau Ava et les traits de son visage s'adoucirent aussitôt. C'était déjà un sujet qu'il abordait avec une tendresse particulière d'habitude, mais avec elle plus encore. « Elle va bien. Tamsin fait vraiment du super boulot avec elle. On discute beaucoup de ce qui serait le mieux pour Ava, et on commence à pouvoir s'organiser des sorties rien que tous les deux. J'aurais pas osé l'espérer y'a encore quelques mois, et ça me fait un bien fou. » Elle pourrait lire dans son regard tout ce que ça représentait pour lui, de gagner peu à peu une vraie place dans la vie de sa fille, en passant de plus en plus de temps avec elle. « Ce serait bien qu'on s'organise quelque chose tous les trois, avec Ava. Je lui parle beaucoup de toi, et je suis pas le seul à avoir du temps à rattraper avec elle. » Ses lèvres se fendirent d'un sourire, moins triste qu'il ne l'aurait été quelques mois en arrière parce qu'il voulait aujourd'hui se concentrer sur le positif et le temps qui s'offrait à eux pour rattraper ces années perdues. Alors ce projet de sortie avec sa sœur et sa fille, il espérait sincèrement pouvoir le concrétiser un jour. « Et puis ça te servira d’entraînement pour quand ce sera à ton tour. Les parents comptent sur toi pour leur offrir d'autres petits-enfants... » Le tout ponctué d'un petit regard en coin, typique du frère taquin qu'il était.

 

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Dimitri s'était souvent vu reprocher sa patience et sa dévotion à l'égard d'Helena, notamment par leur sœur qui n'avait jamais vu d'un très bon œil qu'il se rende toujours disponible pour la protéger ou la sortir d'un mauvais pétrin. Il n'avait jamais trop su si Irina avait toujours eu à cœur de responsabiliser leur petite sœur ou si c'était sa manière d'envier la relation fusionnelle que Dimitri avait toujours partagé avec Helena, mais en tant qu'ainé et seul garçon de leur fratrie il les avait toujours fait passer avant tout le reste – la seule différence, c'est qu'Irina avait toujours clamé qu'elle n'avait besoin de personne pour s'en sortir. Pour Helena, c'était différent et c'est aussi parce que Dimitri connaissait sa tendance à prendre des décisions qui ne servaient pas toujours ses intérêts qu'il se montrait aussi protecteur avec elle depuis toutes ces années. Il l'avait vu souffrir pour des garçons, l'avait ramassé à la petite cuillère après des histoires douloureuses, mais jamais il n'avait regretté le temps et l'attention qu'il lui avait consacré. La sienne, de vie sentimentale, n'était sûrement pas beaucoup plus heureuse mais Dimitri était aussi assez lucide pour reconnaître qu'il ne faisait pas non plus beaucoup d'efforts pour que ça change. « Et moi je commence à me dire que pour le bien de ta copine, je ferais sûrement mieux de m'inscrire sur un de ces sites de rencontres où j'ai toujours pensé qu'il était impossible de rencontrer quelqu'un de sérieux. » Il déclama pensivement, un sourire un brin amusé au coin des lèvres. Ce genre de sites, ça ne l'avait jamais attiré outre mesure, mais ce serait mentir que de dire qu'il ne lui arrivait pas d'y penser. « C'est pas une invitation à me créer un profil dans mon dos, hein. » Il se fendit d'un rire complice, croyant suffisamment connaître sa sœur pour savoir qu'elle n'irait pas jusque là quand bien même toute initiative pouvant amener un peu de renouveau dans sa vie amoureuse était toujours accueillie avec enthousiasme. Ils montèrent à bord du grand huit qui les accueillait déjà quand ils étaient plus jeunes, moment où Dimitri crut bon de glisser à sa sœur que le gérant aurait une bonne raison de ne pas vouloir qu'il ressorte de là indemne. « Dans le pire des cas y'a prescription aujourd'hui, non ? » Il s'amusa, sous le regard interloqué d'une Helena sûrement pressée d'en avoir fini avec ce manège maintenant qu'elle avait connaissance de cette information. Le tour se passa sans encombre, mais Dimitri la sentit plus tendue qu'à son habitude, ce qui l'incita à serrer sa main dans la sienne avant qu'ils ne quittent enfin l'attraction. Et quoi de mieux pour se remettre de leurs émotions qu'un en-cas digne de ce qui se faisait de mieux ici ? « Toi, tu sais me prendre par les sentiments. » Il commenta dans un petit sourire, songeant qu'il lui devait bien ça, après sa frayeur d'il y a quelques minutes. Et si quelques mois plus tôt il aurait encore eu du mal à évoquer Ava et sa nouvelle paternité sans éprouver un pincement au cœur à l'idée d'avoir été privé de sa fille pendant plus de trois ans, aujourd'hui c'est le regard pétillant de fierté qu'il faisait des projets. Parce que rien n'importait plus que de profiter d'elle, et si possible en présence de sa tante. « T'oserais pas faire ça ! A cause de moi on aura déjà de la chance si elle demande pas à se faire tatouer à l'adolescence, niveau tempérament je crois qu'il vaut mieux qu'elle tienne de Tamsin pour ce genre de choses. » Il rit, songeant que si ces marques indélébiles sur son corps avaient pu plaire à Tamsin à une époque, la jeune femme risquait de moins apprécier que leur fille puisse potentiellement vouloir emboîter le pas à son père en grandissant.

« Je te suis. » Il souffla doucement à sa sœur, lorsque celle-ci proposa d'aller s'isoler dans un endroit qu'ils connaissaient bien et qui les avait souvent abrités lorsqu'ils venaient au parc étant plus jeunes. Cette cachette, c'était surtout celle d'Helena qui avait toujours paru tellement fascinée par la vue imprenable qu'elle offrait sur d’innombrables peluches, mais Dimitri s'était plus d'une fois laissé convaincre de l'y accompagner. Parce qu'il avait toujours aimé ces moments-là, rien qu'avec elle, à refaire le monde et tenir des discussions ô combien philosophiques à l'abri des regards. Ils avaient toujours pu tout se dire, tous les deux, mais cet endroit leur offrait cet écrin de tranquillité qu'ils arrivaient encore à chérir, aujourd'hui, malgré le fait qu'ils aient grandi. Dimitri rejoignit sa sœur et s'installa à ses cotés, goûtant à son repas tandis que la conversation se prêta à quelques taquineries qui en réalité n'en étaient pas vraiment. Parce qu'il était certain que leurs parents attendaient le jour où Helena leur offrirait d'autres petits-enfants, que là où sa sœur n'avait pas perdu de temps pour fonder sa propre famille et son frère pas vraiment fait les choses dans l'ordre, elle était un peu celle sur qui ils comptaient pour grossir les rangs de cette famille parfois bancale mais ô combien aimante qu'ils formaient. Son regard croisa le sien et Dimitri secoua doucement la tête, les traits empreints de douceur. « Rien ne cloche chez toi, Lena, je t'interdis de penser le contraire. » Son ton se voulut doux mais ferme, parce qu'il était incapable de la laisser penser de la sorte. « T'as tout le temps de rencontrer quelqu'un avec qui t'engager et faire des projets. Personne n'a jamais dit qu'il fallait que ce soit avant tes trente ans, aujourd'hui ça a rien d'étrange ou d'anormal de pas avoir rencontré la bonne personne à ton âge. Sinon qu'est-ce que moi je devrais dire ? » Il ne fallait pas qu'elle écoute ce que pouvaient dire leurs parents, à leur époque c'était normal de faire sa vie avec quelqu'un qu'on rencontrait à vingt ans, mais aujourd'hui les choses se passaient souvent autrement et du point de vue de Dimitri, ce n'était pas forcément un mal. « Irina a épousé son premier petit-ami et s'est empressée d'avoir des enfants. T'as l'impression qu'elle est heureuse, toi, dans sa petite vie parfaitement rangée ? » Cette pensée lui tira un soupire, parce qu'il aimait profondément ses deux sœurs mais qu'avec Irina le dialogue était plus compliqué depuis pas mal d'années. Elle lui rappelait souvent qu'il avait laissé filer beaucoup d'occasions de faire sa vie avec une femme qui aurait pu lui donner la famille qu'il voulait, mais la vérité c'est qu'il voyait qu'elle s'efforçait souvent de donner le change. Le court silence qui se réinstalla autour d'eux fut subitement troublé par la confession d'Helena, qui valut à Dimitri de poser sur elle un regard interdit. « Merde. Je sens que je vais pas aimer ce qui va suivre. » Auden, un nom qui par le passé avait été bien trop souvent synonyme de souffrance pour Helena. Un nom qu'il n'entendait jamais sans éprouver l'irrépressible envie de laisser éclater la fureur qu'il contenait depuis que ce type était sorti de la vie de sa sœur par la petite porte, sans une explication. Peut être était-il encore moins capable d'objectivité depuis ce qu'il avait vécu après le départ de Tamsin, mais Dimitri ne prenait rien plus à cœur que de protéger ses sœurs. La suite lui valut de contracter la mâchoire une seconde. Auden, marié. « C'est injuste... » Fut la première chose, sans doute un peu idiote, qui filtra entre ses lèvres. Parce qu'il n'était pas comme ça, habituellement. Dimitri était le genre de type à penser que tout le monde méritait de trouver le bonheur, même un type comme Auden. Mais c'était plus fort que lui, l'idée que l'homme qui avait brisée sa sœur puisse s'épanouir au bras d'une autre lui était difficile à accepter. « Après le mal qu'il t'a fait, ça me tue de l'imaginer nager dans le bonheur. Alors oui, c'est injuste. » Dimitri prit sur lui, conscient qu'en dépit de tout Helena n'aimerait pas l'entendre parler de cette façon. « Comment tu t'es sentie, quand tu l'as revu ? Quand tu as su pour... son mariage ? » Son cœur se serra à la seule idée que c'ait pu raviver la peine qu'il avait désespérément tenté d'apaiser, lorsque sa sœur était ressortie anéantie de cette histoire avec Auden. Il savait bien ce qui avait du se passer au creux de son cœur quand ils s'étaient revus, ainsi il passa instinctivement un bras autour des épaules de sa sœur pour la rapprocher de lui. «  Je... j'ai peur que tu le laisses te blesser une nouvelle fois. Peur qu'il ait encore la capacité de te détruire, parce que je supporterais pas de te voir à nouveau souffrir de cette façon. » Helena ne méritait rien de tout ça, et Dimitri n'était pas décidé à laisser les choses recommencer sans rien faire. Mais pour commencer, il se saisit doucement de la vodka qu'elle tenait entre ses doigts, préférant qu'elle puisse se reposer sur lui plutôt que sur cette bouteille.

 

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@HELENA HOROWITZ & DIMITRI.

Il n'en savait rien, au fond, de si cette histoire de site de rencontre serait une bonne idée ou non. Il n'avait à vrai dire jamais envisagé de s'inscrire sur ce genre de plate-formes parce que cette manière de provoquer le destin l'avait toujours un peu rebutée. Mais il lui arrivait d'y penser, certains soirs, quand il se languissait d'une présence à ses cotés et songeait au plaisir qu'il aurait de refaire sa vie, maintenant qu'elle était en partie comblée par la présence d'Ava. Mais en partie seulement. Et Dimitri connaissait sa sœur, il savait qu'il avait tout intérêt à la dissuader de prendre les devants s'il lui prenait l'envie de prendre cette information un peu trop au pied de la lettre. Sa façon de répliquer lui valut d'étirer un sourire intrigué, pas certain de comprendre si sa sœur faisait simplement allusion à sa fille, ou à son ex, ou à la perspective de former une vraie famille avec elles deux. Dans le doute, il secoua la tête. « C'est vrai que je passe déjà le plus clair de mon temps à draguer, c'est pas sérieux, ma sœur a de quoi se sentir délaissée. » Il ironisa alors simplement, de cet air amusé qui en disait plus long que le reste. Helena savait que ça n'était pas le cas et qu'il se laissait en vérité à peine le temps de sortir boire un verre depuis quelques mois, que c'était précisément cette situation et la frustration qu'elle commençait à engendrer qui intensifiaient depuis quelques temps la solitude qu'il pouvait éprouver. « Plus sérieusement, c'est qu'une idée comme ça, rien de plus. Je me dis juste que j'ai sûrement laissé passer pas mal d'occasions de revivre quelque chose de chouette ces cinq dernières années. Je peux pas me protéger indéfiniment. » Il n'en avait pas envie, parce qu'au fond de lui il était sans doute prêt à refaire une place dans sa vie à une femme depuis un petit moment. Peu importe le moyen, il se contentait de caresser cette idée tout en songeant qu'il avait toujours eu beaucoup d'amour, de tendresse et de patience à offrir. Sa vie sentimentale n'avait jamais été un long fleuve tranquille, mais une partie de lui restait convaincue que Tamsin et lui auraient pu être heureux un peu plus longtemps si elle n'avait pas décidé de partir. « Promis, t'auras un droit de regard sur tout. Et si une fille est assez dingue pour mordre à l'hameçon, t'auras évidemment droit à tous les détails. » Est-ce qu'il la charriait comme il en avait pris l'habitude ? Évidemment, et son petit regard en coin ne tromperait pas une Helena habituée à ce que son frère se montre taquin. Loin de lui l'envie de faire des plans sur la commette, de toute façon, et il ne doutait pas une seconde que sa sœur serait là en renfort s'il se lançait un jour dans cette entreprise aussi folle que périlleuse. Tous les deux, ils avaient comme qui dirait l'habitude de se protéger l'un-l'autre, quand bien même Helena irait sûrement prétendre qu'il était celui qui avait toujours à cœur de faire en sorte qu'il ne lui arrive rien. C'était vrai, mais sa sœur savait aussi veiller sur lui mieux que n'importe qui d'autre, et bien des épreuves auraient été plus difficiles à surmonter ces dernières années s'il ne l'avait pas eu à ses cotés. Des souvenirs qu'il ressassait tandis que sa sœur et lui se rendaient dans leur petit coin habituel, celui qui depuis toujours leur donnait l'impression de les protéger du reste du monde. C'était calme, ici, alors que le reste du parc était aussi bruyant et animé qu'à son habitude. C'était comme un endroit à part, loin de tout, et surtout de leurs soucis.

Car Dimitri n'était pas dupe, il brillait dans le regard de sa sœur cette lueur triste qu'il y avait souvent surprise, et qui chaque fois serrait son cœur au fond de sa poitrine. Il n'aimait pas la voir comme ça, pas plus qu'il n'aimait l'entendre tenir ces propos et songer à la seule idée que quelque chose puisse clocher chez elle. Comment pourrait-ce être le cas ? Elle qui était si douce, si dévouée, si généreuse. Elle qui donnait tant d'elle-même à tous ceux qui croisaient sa route, se moquant bien qu'ils le lui rendent ou non. Elle dont il avait toujours admiré l'altruisme, l'intégrité et la bonté d'âme, dans un monde où la plupart des gens fonctionnaient au chacun pour soi. Comment pouvait-elle seulement imaginer que quelque chose chez elle puisse rebuter les hommes qui croisaient sa route ? Helena avait l'âme la plus pure qu'il connaisse. Quiconque se privait de tout ça passait forcément à coté de quelque chose d'unique. « Je sais que tu es prête, et crois-moi l'homme qui un jour partagera ta vie aura une chance incroyable. Le fait que tu ne l'aies pas encore rencontré ne veut pas dire qu'il n'existe pas, simplement que ça n'était peut être pas encore le moment pour toi de faire cette rencontre. Mais tu n'es pas moins destinée qu'une autre à rencontrer la personne faite pour toi, je peux te l'assurer. » Peu importe qu'il parle avant tout comme un frère aimant, et la dernière personne au monde capable de la laisser penser que l'amour, le vrai, puisse simplement ne pas être fait pour elle. Il le pensait, d'abord parce qu'il avait toujours en lui cette lueur d'optimisme qui ressortait parfois plus qu'il n'en avait conscience, et ensuite parce qu'il n'avait pas envie de penser que de mauvaises expériences ne puissent pas un jour mener à des chemins beaucoup plus verts et accueillants. « Et alors ? L'important c'est pas le temps que tu auras mis à rencontrer un homme avec qui tu pourras bâtir quelque chose, c'est toutes les années qui suivront et que vous partagerez. Moi, je t'ai trop vu souffrir pour souhaiter te voir faire ta vie avec quelqu'un qui ne te méritera pas. » Et ils en avaient tous les deux conscience, Helena avait parfois pu accorder sa confiance à des hommes qui pour certains lui avaient fait du mal, se jetant parfois à corps perdu dans des histoires douloureuses et encaissant des ruptures toutes aussi brutales. Dimitri l'avoir souvent vu souffrir en amour, aujourd'hui il donnerait n'importe quoi pour que sa sœur trouve le bonheur auprès de quelqu'un qui saurait apprécier tout ce qu'elle était. Alors bien sûr, l'évocation d'Auden fit remonter un certain nombre de souvenirs peu agréables, cette histoire ayant beaucoup compté pour la jeune femme mais aussi été synonyme de beaucoup de souffrance. Le seul fait d'imaginer Auden au bras d'une autre était déjà relativement difficile, mais apprendre qu'il s'était marié laissa à Dimitri un goût plus amer qu'il ne l'aurait cru. Parce qu'il imaginait sans mal l'état par lequel sa sœur avait du passer lorsqu'elle avait appris la nouvelle, et que ça lui était difficile de l'imaginer souffrir à nouveau pour ce type. Un bras autour de ses épaules, il la laissa se blottir contre lui et réprima un soupire à l'idée que même une fois cette histoire terminée, tout ça parvienne encore à atteindre Helena. Auden était comme ce grand chagrin d'amour qui laissait cette plaie indélébile au creux de son cœur. Nous en avions tous un, n'est-ce pas ? « Helena, ce qu'il vit avec cette femme, ça n'a rien à voir avec vous deux. Qu'Auden n'ait pas été prêt à s'engager lorsque vous vous êtes connus, ça ne veut pas dire que le problème venait de toi. » Il lui assura doucement, maniant le sujet avec une infinie délicatesse pour ne pas causer plus de peine à sa sœur que celle qu'il voyait déjà briller au fond de ses yeux. « Tu sembles te voir comme celle que les hommes laissent derrière eux, mais moi je te vois comme cette fille prête à t'engager et à prendre chacune de ses histoires au sérieux. Tes attentes n'étaient pas en accord avec celles d'Auden à l'époque, mais tu sais quoi ? Cette soif de l'engagement, elle séduira quelqu'un un jour et alors tout le reste n'aura plus d'importance. » Dimitri le savait, Helena n'était pas encore complètement prête à faire le deuil de son histoire avec Auden et c'était bien ce qui l'inquiétait le plus. De l'entendre parler comme si leur histoire s'était finie hier, et comme si elle n'avait pas déjà assez souffert comme ça en près de quatre ans. Ainsi il secoua doucement la tête, la gorge nouée. « Tu sais, je crois que cette nouvelle t'a beaucoup chamboulée et c'est normal. Je sais que ça réveille des choses et que ce que tu ressens te semble insurmontable pour le moment. Mais, écoute-moi... » Sa main glissa sous le menton humide de sa sœur, l'incitant à relever la tête et déposant son regard dans le sien. « On va sortir de là, traîner dans le parc aussi longtemps que t'en auras envie et faire en sorte d'adoucir cette journée. » En somme, ce qu'elle était prête à faire pour lui quelques minutes plus tôt pour lui sortir la tête du travail. A présent, c'était Dimitri qui se faisait un devoir de changer les idées de sa sœur et d'apaiser sa peine. « T'inquiète pas pour mon boulot, Billy comprendra. » Et à cet instant, rien n'importait plus que de la bercer de tout le réconfort dont il était capable.