Ok, c’est pas comme si ça faisait trois semaines que je voyais des bandes annonces pour Mariés au premier regard toutes les cinq minutes à la télé ( pas toutes les cinq minutes, mais c’était l’impression que j’avais, puisque mon oreille y était particulièrement attentive à chaque fois que la télévision était allumée dans l’appartement.) Trois semaines que chaque jour j’envoyais le décompte à Matt et que j’avais tout prévu. Je l’avais prévenu, tous les lundis soirs jusqu’à la fin de la diffusion allaient m’être totalement consacré. Pas à Lily, pas avec Lily, pas garde alternée avec Lily, juste moi et rien d’autre ! Parce que s’il était aujourd’hui à la télévision, c’est bien grâce à moi et si aujourd’hui il vivait son histoire idyllique-moncul- c’était bien grâce à moi ! Et si ces derniers temps monsieur jouait au canard à rester coller avec sa brune, c’était aussi grâce à moi ! Qu’il me dise pas le contraire, il avait bien moins de temps à m’accorder et sincèrement, passer au DBD et la voir accolée au comptoir à le regarder avec son air niais… nope. T’es où Matt le voleur de drapeau pirate ?
Chez moi, pas chez Matt. Pas chez Matt et Lily. Pas avec des photos d’elle posé sur chaque étagère dans chaque pièce. Mon dieu que cette photo d’eux en lune de miel est horrible. On voit tellement qu’ils se connaissent pas, c’est tellement surjoué et fake. Est-ce qu’il serait possible qu’en réalité j’les trouve si bien assortie que ça puisse en devenir agaçant comme ça ? Purée, ca s’pourrait bien. Et j’vais mater cette émission en priant jusqu’à la fin que Lily ou Matt dise non devant le maire alors que j’sais parfaitement quelle sera l’issue.
21h, c’est l’heure où ça commence et si Matt est pas là avant, ca va pas l’faire pour lui, 21h c’est pas 21h01 et il sait que j’risque de mal le prendre si pour notre premier rendez-vous depuis des semaines, il est pas là, son cul sur mon canapé quand ça commence et il a surtout interêt à arriver parce qu’à la fin de cette pub, c’est le générique qui s’emballera.

« Nooooooooooo... » je sais pas ce qui fait le plus de bruit entre mes coups de poing sur la porte de chez elle ou ma voix de merde, celle que j'arrive étonnamment bien à tenir, celle qui porte par-delà le bois vernis c'est sûr. « ... oooooooo... » les coups continuent, c'est relax en vrai, j'ai déjà fait bien pire. À lui lancer des roches à sa fenêtre en pleine nuit ou à klaxonner comme un con pendant mille ans quand elle me faisait attendre une seconde et une seule alors que je passais la prendre pour un truc lambda. « ... ooooo (...) oooo... » là par contre, y'a fallu que je reprenne mon souffle, et c'est gênant, les voisins commençaient à regarder en plus, les gens ont vu mon fail, j'enrage. « ... oaaaaaaa. » c'est que sur la finale que je me décale de sa porte pour attraper le double de clé sous le paillasson. J'ai toujours su qu'il était là. J'aurais pu le prendre alors qu'elle ouvrait pas, elle m'en tiendra pas rigueur je crois.

Et j'entre comme un idiot, comme un conquérant, comme un meilleur ami qui s'est ennuyé d'elle à un niveau auquel j'aurais même pas pu pouvoir me rendre. « C'est moi, j'suis là. » comme si elle se doutait pas que l'autre raté qui gueulait son nom dans l'allée c'était moi, t'sais. Voilà. « Et t'as vu comme j'suis poli aussi, j'ai attendu 21h tapantes pour arriver, au cas où t'avais quelqu'un d'autre ici avant moi. » je montre fièrement mon portable, le dégainant pour le filer sous ses yeux le cadran qui confirme mes dires. Elle verra que j'ai aussi désactivé toutes notifications, le mode avion est de rigueur avec elle ce soir je le sens. « Tu choppes qui là? Tu choppes tout court? » la question vient naturellement, quand l'autre truc naturel, c'est de m'élancer pour l'attraper, le sac à patates un brin moins malléable qu'elle fait. Elle va mordre et elle va râler et elle va rager, mais on est pas doués dans les démonstrations d'affection du coup faut faire avec ce qu'on a.

J'ai pas compté les minutes que ça nous a pris avant d'être affalés sur son canapé, la télé allumée, les premières notes du générique qui se lancent et mon air de merdeux qui est en gros plan. « Oh boy. Pourquoi tu m'as pas dit que j'avais besoin d'une coupe de cheveux? » comme si c'était sa faute, comme si tout était ça faute. Ouais, en un sens ça l'est, et je serais pas le gars le plus heureux de voir l'alliance à mon doigt si justement, ça avait pas été sa faute à Noa. « Tu m'as manqué. » ma tête avec des cheveux bien mieux taillés là, elle se pose sur son épaule. Et tant pis si mes mèches la chatouillent, mes tendances de petit frère abusivement chiant remontent instinctivement.

Je crois que ça y est, Matt a battu le record de la prononciation la plus longue de mon prénom. Je crois qu’il a aussi battu le regard de la chose la plus insupportable qu’il a pu faire jusqu’à présent. Car non seulement, je l’attendais de pied ferme, et en plus de ça, faut qu’il se fasse remarquer comme jamais. Je me serai bien étonné du contraire. Entre mon prénom à travers la porte, alors qu’il est encore dehors et que je suis à l’autre bout de la pièce, j’espère que les voisins ne m’en voudront pas trop. J’suis presque arrivée que la porte s’ouvre. Je savais pas qu’il savait où était notre cachette mais en même temps, est ce que mettre une clé sous un paillasson était une vrai cachette ? Bon, en vrai, on le faisait que quand l’une ou l’autre était dans l’appartement, c’est au cas où on oublie nos clés et comme on ferme toujours la porte histoire de pas avoir de surprise au beau milieu du salon comme ça a pu déjà être le cas quand Jane venait tout juste de s’installer chez nous. Bref. Oui, on a une clé sous le paillasson. « C'est moi, j'suis là. » je penche la tête, sourire con sur mon visage. « Sans blague ? » le secoue ma face béa et m’approche de lui quand même pour l’enlacer. « Et t'as vu comme j'suis poli aussi, j'ai attendu 21h tapantes pour arriver, au cas où t'avais quelqu'un d'autre ici avant moi. » « A quelques secondes près, j’t’ouvrai plus. » même si techniquement, il s’est lui-même ouvert la porte. « Tu choppes qui là? Tu choppes tout court? »la question qui sort de nulle part comme ça. « Canapé ! » parce que le générique allait pas tarder, j’ai le flaire. A moins que ce soit encore une autre pub… « Tu t’souviens le speed dating ? » ouais, me semble bien lui en avoir touché un mot déjà. Mais ca y est, ca s’lance enfin. Et moi voilà toute excitée de voir la face de Matt sur l’écran devant nous. « Oh boy. Pourquoi tu m'as pas dit que j'avais besoin d'une coupe de cheveux? » ca aurait été moins marrant de le prévenir avant. « Parce que j’étais persuadée qu’ils essaieraient de t’arranger quand même… » que je lance en plaisantant. « Tu m'as manqué. » pff qu’est ce qu’il m’enerve, il m’enerve parce qu’en posant sa tête sur mon épaule et avec son air de gamin en manque d’amour, il arrive juste à m’faire oublier qu’il s’est marié et qu’il me calcule plus trop ces derniers temps. « J’crois que c’que j’vois. » que j’peux pas m’empêcher de sortir, sur un ton un peu vilain, mais en vrai, je sais bien que j’lui ai manqué et lui aussi, mais ça j’le dirait pas, c’est pas mérité ! « T’es pas censé gardé l’secret du mariage jusqu’à la diffusion ? Parce que si les gens te reconnaissent dans la rue avec ton alliance… y a plus de suspens. » et puis, j’avais envie d’avoir ce faux suspens moi aussi, jusqu’au bout. « retire là. » et je lève ma main, tend ma paume vers le haut pour qu’il vienne l’y déposer. Advienne que pourra, qui sait s’il la retrouvera.

« A quelques secondes près, j’t’ouvrai plus. »
« Je serais passé par la fenêtre. »

Mes lèvres que je plaque bruyamment sur son crâne d'oeuf, celui-là même sur lequel je m'applique à ébouriffer ses mèches brunes dans tous les sens au point où elle s'en sortira juste si elle dégaine son peigne. Et si elle sort son peigne je lui propose (l'oblige à) de lui faire des tresses - évidemment. « Canapé ! » je me souvenais pas qu'elle était si directive, va falloir que je lui demande si son silence à ma question sur le chopping du moment + ce genre de commentaires ne sont pas simplement dûs au fait qu'elle a saigné la trilogie des Fifty Shades récemment. Douteux. « Tu t’souviens le speed dating ? » « QUI T'AS CHOPPÉ AU SPEED DATING? »  elle est aiguë ma voix, elle est agressante et elle est pas prête de baisser de volume ni de lâcher les trémolos tant qu'elle se confiera pas.

Mes cheveux de merde et mon sourire de merde se font compétition à la télé. « Parce que j’étais persuadée qu’ils essaieraient de t’arranger quand même… » et elle se moque Jacobs, pendant que je reste hilare à lui pincer la peau des mains et à lui chuchoter à l'oreille qu'elle m'a manquée. « J’crois que c’que j’vois. » « Moi pareil, et là je vois un sourire, je vois que tu souris Noa, tu souriiiiiiiis! » oh qu'il est lourd Matt à lui chatouiller les côtes, à pas arrêter jamais de la vie, tant qu'elle aura pas ajouté un éclat de rire - et sûrement un coup de coude ou deux - à la scène. Elle sait, qu'elle m'a manqué. Maintenant faut juste que je m'assure de véritablement le lui prouver.

« T’es pas censé gardé l’secret du mariage jusqu’à la diffusion ? Parce que si les gens te reconnaissent dans la rue avec ton alliance… y a plus de suspens. » oh, oh, oh, ohohoh. « retire là. » sa paume, son regard, mon alliance, le tableau de la rage d'un côté et de l'autre. Évidemment que je retire l'alliance parce que ça change absolument pas mes sentiments envers Lily que je porte une bague ou pas à l'annulaire. Ils sont encore là, aussi forts et aussi beaux. Mais : « Va falloir que tu m'aides à travailler le pitch de justification. » pitch pour lequel je dirai la vérité à Keegan devenue McGrath, mais pour lequel va vraiment falloir que je fasse pas le con pour pas utiliser des mots qui pourraient lui faire de la peine quand y'en a pas, de peine à avoir. Parce que ouais, je flippe déjà. C'est pas facile de vivre avec des séquelles de relations passées où tout partait en vrille et en fumée en un claquement de doigt.

« Pourquoi tu t'es pas inscrite? » on passe de mon couple victorieux et en coulisses pré-mariage à une publicité, ma tête se tourne vers Noa la question à la clé. « On aurait pu faire des double dates de couples mariés t'as vu comment on aurait été cool et en vogue. »

« QUI T'AS CHOPPÉ AU SPEED DATING? » direct. « Personne. » puisque j’étais repartie solo et bredouille et un point frustrée quand même, une pointe de jalousie en plus de ça. « Attends ! » Plus tard les explications, on aurait tout l’temps ensuite ou entre deux pubs pour que je prenne le temps de raconter ma vie. La franchement, j’voulais pas louper une miette de l’émission et faire absolument tous les commentaires que j’voulais à propos de Matt et sa sale tête.
Il est indiscipliné, j’lui ai manqué et il a pas su s’empêcher de me le dire alors que j’viens de confirmer que sa coupe était pas terrible. « Moi pareil, et là je vois un sourire, je vois que tu souris Noa, tu souriiiiiiiis! » oui je souris, et je secoue la tête mais j’ai surtout envie de l’éclater quand il se met à me chatouiller, parce que je trouve ça insupportable et en même temps je deviens tellement invulnérable quand on m’attaque avec des chatouilles. « ArrêEEEeEEEeeeete çaaaAAAaaa. » et en même temps ça m’fait rire, et je gigotte dans tous les sens avant de réussir à m’extirper de la. « A quel moment c’est encore acceptable de faire ça ? »
Et comme fallait pas m’chercher, j’sais comment faire pour toucher là où ca fait mal, tout en y prenant quand même un bon plaisir. Aller Matt, faut garder l’secret jusqu’à la fin de l’émission. Donne moi ta bague. Le pire, c’est que moi, j’plaisante, mais lui, j’vois bien qu’il a pas trop envie de me la donner, j’vois bien qu’il hésite… « franchement ? » il a peur de quoi ? C’est si sérieux avec Lily ? Comme ça, aussi vite ? « Va falloir que tu m'aides à travailler le pitch de justification. » « Pitch de ? » qu’il lui sorte le coup du contrat, qu’il lui sorte qu’il veut pas aller devant la justice ou pire, qu’il lui sorte juste que j’ai pris la bague. « Tu fais flipper Matt. Tu peux pas faire une vanne ? Elle te tien déjà tant que t’as peur de rentrer sans ta bague ? » j’inspire, dubitative et hausse les épaules. « Garde là. » et je me replonge vers l’écran mais c’est moins intéressant parce que c’est pas lui qu’on voit là.
« Pourquoi tu t'es pas inscrite? » je souris en choppant les pop corns qui trainent sur la table depuis tout ce temps. « Parce que c’est bien plus drôle de t’y voir. » « On aurait pu faire des double dates de couples mariés t'as vu comment on aurait été cool et en vogue. » ah bah voilà, si maintenant j’me souviens lui avoir parlé du Speed dating, parce que c’est exactement ce qu’il m’avait sortie : : Vas y Noa, comme ça tu te marie aussi et on s’fait des weekend à 4. Mon dieu, les fameuses sorties à 4, en plus avec Lily… Désolée, je crois que c’était pas l’argument qui m’avait plus motivée à m’y déplacer. Nicolas avait eu des mots plus justes et avait su me faire comprendre que de toutes façons, ça n’engageait à rien et que c’était quand même une expérience assez plaisante. C’était peut-être étrange, mais pas déplaisant. En y reparlant, du coup… « En reparlant du Speed Dating. Y a bien un mec qui m’a plu. Mais j’ai été bête… j’me suis braquée dès que j’ai su qu’il était flic. » pas besoin de m’étaler, j’étais suffisamment honteuse de ça et Matt connaissait mon passif, il ferait le lien rapidement. « Mais bon, j’suis allée le revoir en sortant, sauf qu’il avait prévu d’aller boire un verre avec un autre gars. » j’le vois venir à faire des raccourcis. « Il est pas gay, il a juste cru que c’était mort avec moi et comme il a bien accroché avec Elias – l’autre mec – ils sont allé débriefer autour d’une bière… mais j’ai eu le temps de lui laisser mon téléphone. Et...» et Matt apparait de nouveau à l'écran ! "C'que tu passes bien quand même!"

Elle a choppé personne blablabla c'est pas possible qu'elle ait choppé personne ce sont des mensonges ça et depuis quand elle me ment Noa sérieux c'est pas cool moi je lui mens jamais et ohhhhh le générique de MPR est lancé.

« ArrêEEEeEEEeeeete çaaaAAAaaa. » si seulement elle avait autant d'autorité que j'ai d'immaturité, on en serait pas là. « A quel moment c’est encore acceptable de faire ça ? » là, ce qui veut dire mes doigts dans ses côtes, les siens dans les miennes, ses cheveux entre mes dents que je mords pendant qu'elle se venge comme la gamine de cinq ans qu'elle est autant que je le suis quand on traîne ensemble. « À partir du moment où tu réagis comme ça - t'es trop adorable eeeeet JPEUX PAS M'ARRÊTER! » j'y peux rien si ses fossettes sont la meilleure motivation du monde pour la faire pleurer de rire encore et encore.

L'ambiance bon enfant ne l'est plus tant quand c'est la bague qui passe au premier plan. « franchement ? » je tente de faire ça smooth, Noa me brûle à la bribe de trace de même pas première tentative. « Pitch de ? » pitch de j'veux pas faire de peine à personne mais voilà ma bague et la pub à la télé est fun y'a des chiots t'as vu? « Tu fais flipper Matt. Tu peux pas faire une vanne ? Elle te tien déjà tant que t’as peur de rentrer sans ta bague ? » c'est pas ça mais c'est un peu ça et je sais honnêtement pas quoi répondre ici pour pas me mettre forever les pieds dans les plats. « Garde là. » « Tu souris plus du tout et ta voix est grave tu me fais peur. » et l'alliance elle, trouve doucement sa place sur la table basse du salon à nous narguer pour de bon.

Pourquoi elle l'a pas fait, donc, de se marier à la télé? « Parce que c’est bien plus drôle de t’y voir. » bon point, j'aurais dit la même si les rôles s'étaient inversés. « En reparlant du Speed Dating. Y a bien un mec qui m’a plu. Mais j’ai été bête… j’me suis braquée dès que j’ai su qu’il était flic. » et là de suite, je pense à rien, absolument à rien et certainement pas à mes cheveux qui sont chiants en gros plan, ni à son pseudo-aveu qu'elle a bel et bien presque choppé. Je pense juste à mon bras qui se resserre autour de ses épaules et à sa silhouette que je rapproche de la mienne sans même hésiter deux secondes. Y'a un baiser qui se noie dans ses mèches et le réconfort m'apparaît si inutile face à tout ce qu'elle a injustement vécu, mais c'est tout ce que je peux lui donner, là. Ça, et un peu de merde chuchotée à l'oreille. « De toute façon c'est connu que les flics ont pas des culs phénoménaux. » elle rigolerait presque, enchaîne avec. « Mais bon, j’suis allée le revoir en sortant, sauf qu’il avait prévu d’aller boire un verre avec un autre gars. » mon sourcil se hausse, son ton aussi. « Il est pas gay, il a juste cru que c’était mort avec moi et comme il a bien accroché avec Elias – l’autre mec – ils sont allé débriefer autour d’une bière… mais j’ai eu le temps de lui laisser mon téléphone. Et...» et quoi quoi quoi quoiii? "C'que tu passes bien quand même!"

« Et quoi? » bon, voilà. « Noa tu me trouves laid de toute façon tu l'as d'jà dit. » ma paume libre se plaque sur ses yeux, lui masque la vue de mon air de jeune premier au sourire - chiant - ravageur - lourd à fond. « Eeeeet quoi? » si elle pense s'en sortir aussi facilement, elle me connait pas autant par coeur qu'elle se targue la brunette.

« À partir du moment où tu réagis comme ça - t'es trop adorable eeeeet JPEUX PAS M'ARRÊTER! » Donc, Matt c’est l’genre à faire croire que la victime est coupable d’être une victime, le vilain. C’est lui qui m’attaque, c’est lui qui peut pas s’arrêter mais c’est à cause de moi, j’l’aurai bien chercher celle là. Ok, Noa, souffle, arrête de te tordre sous ses doigts, arrête de rire parce qu’il te chatouille, t’es bête ou quoi ? mais ouais, moi non plus, j’peux pas m’arrêter, je souffle, c’est aussi insupportable que c’est presque agréable. « Est-ce qu’on peut s’concentrer là ? » y a l’émission quand même, c’est important, j’veux rien louper. J’arrive à m’extirper d’entre ses mains, de ses doigts qui m’agrippent encore et me voilà enfin en sécurité, loin de mon tortionnaire. « J’hésiterai pas à user d’la force, la prochaine fois. Un coup de pied ça part vite dans ces circonstances. » et mal placé en plus, ca peut faire mal, hein, hein.
Plus sérieusement, j’veux pas faire la relou, j’veux pas paraitre pour une nana qui s’rait jalouse que son pote passe trop de temps avec sa nana, jalouse tout court. C’pas l’cas, mais j’voulais juste le vanner, sur le secret de l’issue de l’émission, sur cette bague qu’il porte et que si ca s’trouve, il arrivera plus à remettre parce que ses doigts auront trop gonflés à force de roucouler à rien faire avec sa femme. J’le vois trop, accroché à elle H24, à faire des trucs chiants à souhait. Qui veut d’cette vie ? Lui ? Elle ? Puisqu’il a l’air de prendre ça bien trop au sérieux, puisqu’il est si accroché à elle, sa bague, j’la veux même pas 2 secondes entre mes mains. « Tu souris plus du tout et ta voix est grave tu me fais peur. » j’suis terrifiante quand j’suis vexée, il a pas l’habitude en plus, j’suis pas du genre à être trop susceptible, mais des fois, ça arrive. Et qu’il repose la bague devant moi, sur la table, qu’il ose même plus la remettre, qu’est ce que ça peut être agaçant. J’me penche, la prend entre mes doigts, prend la main de Matt et de force –il se laisse faire quand même – j’lui remet sa bague à son doigt. « arrête de vouloir vexer personne. J’suis pas vexer. » à peine Noa. Et comme j’avais absolument conscience de ma réaction totalement abusive, j’allais prendre sur moi. Et c’était l’bon moment pour changer d’sujet. Parler d’moi, de moi et Greg. « De toute façon c'est connu que les flics ont pas des culs phénoménaux. » hm. Il connait pas Greg. Il a pas vu son cul ! moi, j’le visualise encore très très bien pour savoir que si, le sien est phénoménal. Mon sourire suffit à lui répondre qu’il est à côté d’la plaque.
« Et quoi? » je lève mon doigt, deux secondes, y a Matt qui passe à la télé. « Mon pote, là. » que j’lui dis, au cas où il aurait oublié le pourquoi de notre rendez-vous ce soir. « Noa tu me trouves laid de toute façon tu l'as d'jà dit. » ca m’fait sourire, et j’le regarde, pour comparer entre l’image à l’écran et la réalité. « T’es rancunier… » j’hausse les épaules. « J’dis juste que tu passes bien à la télé. » ca m’fait rire. « Y a peut être tromperie sur la marchandise… t’es photogénique quoi. » le pire compliment qu’on puisse me faire personnellement, j’me demandais toujours ce que ça voulait dire. Est-ce que j’suis moche en vrai mais ça passe bien sur une photo ? « On t’a jamais dis qu’avec le temps, on pouvait apprendre à apprécier le charme des uns et des autres. Ton charme me percute de jour en jour Matt. » que j’dis, en riant, et en même temps, c’était vrai, j’lui trouvais des petits airs qui m’plaisait bien. Et maintenant qu’il était disparu de la télévision, je pouvais reprendre mon récit. « Et du coup, on s’est revu. Et j’te jure Matt, son cul… » j’en tomberai encore. « Sauf que, il m’a plus donné d’nouvelles après ça… » Ô déception… « MAIS ! » je sors mon téléphone et lui montre le sms que j’avais reçu la veille pour me demander de me revoir. « j’fais quoi ? »

« arrête de vouloir vexer personne. J’suis pas vexer. »
« À peine, Noa. »

Je vais pas faire d'esclandre, je vais même pas en rajouter une miette. C'est pas parce que le sujet m'importe pas, bien au contraire, mais c'est parce que j'aime pas la voir comme ça. Je le sais, que j'ai été un pote en carton ces dernières semaines et je sais aussi qu'elle ne le dira pas officiellement ou du moins, qu'elle fera pas exprès de montrer que ça l'a blessée alors que c'était tout sauf mon intention. Alors on en parle plus du mariage, on parle de rien d'autre que de ce qu'elle veut. « Mon pote, là. » et l'ironie veut que c'est à ce moment-là qu'elle me pointe la télé, ma tête à l'écran. « T’es rancunier… » j'ai une bonne mémoire, nuance. « J’dis juste que tu passes bien à la télé. » ouais, ouais, rame Jacobs, vas-y donne tout ce que tas. « Y a peut être tromperie sur la marchandise… t’es photogénique quoi. » mon sourire grandit et mon regard se veut aussi faux que charmeur, elle est clichée ma gueule à l'instant et elle est là pour la faire rire apparemment. « On t’a jamais dis qu’avec le temps, on pouvait apprendre à apprécier le charme des uns et des autres. Ton charme me percute de jour en jour Matt. » « Blablabla change pas de sujet : le flic. » la seconde d'après mes doigts pincent son nez le plus doucement que je peux, avant de se perdre dans ses mèches pour les lui ébouriffer bien comme il faut.

« Et du coup, on s’est revu. Et j’te jure Matt, son cul… » elle a les priorités à la bonne place et je pourrais pas être plus fier d'elle en l'instant. « Sauf que, il m’a plus donné d’nouvelles après ça… » « Goujat. » même si ma voix prend dans les aigus et que je personnifie pendant une parfaite seconde la bonne copine bien outrée, je peux jurer que si ça l'a froissé un minimum dès que je le vois le gars je me charge de le lui faire savoir. Question de principes. « MAIS ! » mais quoi?! « j’fais quoi ? »

Ouh, ouh, ouh - « Ouhhhhh. » mon intérêt quitte la télé et l'autre couple que j'aurais sans doute reconnu si j'avais tenu l'émission en cible bien comme il fallait au lieu de laisser mes prunelles scruter les quelques lettres formant clairement le message à décrypter en l'instant. J'analyse l'heure et la journée, je fais des tas de calculs scientifiques dans ma tête qui mènent à rien qui ça étonne, et je finis par redresser le menton vers Noa pour déclarer, confiant : « Attends là, faut la jouer stratégique. »

Stratégique, ah ouais, rien que ça. « Tu veux plus ou tu veux juste... » et sur le deuxième choix, y'a mes sourcils qui jouent et qui dansent, qui sous-entendent. Finalement, c'est pas si compliqué. On y va all in ou on se garde un marge de manoeuvre à développer.

 J’ai un peu de mal à capter ma réaction en vrai, et j’crois que Matt à l’air aussi paumé que moi et le mieux c’est de rester sur ça. Il dit rien de plus et on enchaine, après tout, y a pas mort d’homme, y a pas besoin de plomber l’ambiance alors que j’suis juste trop contente de le revoir et qu’il m’avait réellement manqué. On est là pour passer une bonne soirée et pas pour que j’fasse une fake crise de jalousie qui a pas lieu d’être.
Et j’pars sur une dissertation de sa tête qui passe bien à l’écran, de me défendre d’avoir dit un jour qu’il était pas si beau Matt. J’sais pas pourquoi j’ai dis ça, parce que le mec en face de moi, il est plutôt pas mal ! « Blablabla change pas de sujet : le flic. » je souris. Je ricane, ok, le flic, ok Greg, j’ai pas d’soucis pour parler d’lui, j’ai pas d’soucis pour parler d’un mec qui m’a pas donné de nouvelles pendant des semaines et qui revient comme une fleur en me faisant presque crier en voyant son prénom qui s’affiche sur le smartphone.  J’lui montre le message en question. C’est simple, c’est du Greg. Est-ce que j’suis dispo, est-ce qu’on peut se revoir ? Comme ça, sans excuse à priori, sans avoir l’impression d’avoir fait un truc de mal, mais ca m’étonne même pas. « Ouhhhhh. » Ca mérite pas un Ouhhh comme il vient d’en faire mais c’est Matt, c’est toujours overreact avec Matt. Je souris davantage. J’attends son plan. « Attends là, faut la jouer stratégique. » « Stratégique de quoi ? » je reprends le téléphone et secoue la tête, le voyant déjà monter une nouvelle recette à base de fromage et de bacon. « Tu veux plus ou tu veux juste... » donc le plan qu’il est entrain de monter sera conditionné à ma réponse. J’veux pas juste… et j’sais pas si j’veux plus. « J’veux l’voir. » c’est simple comme réponse et en même temps ca m’plait pas d’être aussi tranchée alors qu’il m’a bien fait galéré. « Il m’a quand même plus répondu du jour au lendemain, et accessoirement après qu’on ai passé une nuit d’enfer ! » et le pire c’est que j’me vois encore le chevaucher et que merde ca m’fait encore frissonner ! «  J’aime bien qu’il soit plus vieux. C’est pas pour autant qu’il est moins con qu’un jeune… Y a pas d’âge pour être con j’ai bien l’impression. » je regarde son sms sous mes yeux. « Bon, je réponds, j’dis ok. J’dis oui et après on voit c’qu’il se passe. Mais j’l’aime bien. » j’en avais presque oublié l’écran devant nous mais presque ! j’relevais les yeux de temps en temps pour voir si Matt apparaissait pas pour marquer des pauses. « Donc, maintenant, le plan c’est quoi ? A ma place, tu fais quoi ? A sa place, tu fais quoi ? Pourquoi tu donnerais plus de nouvelles à une nana et pourquoi tu te décides à lui réécrire comme ça ? »

C'est la mission dont elle m'investit ce soir et c'est la mission qui semble avoir été moulée pour mes bons soins. « J’veux l’voir. » « Okay on va s'arranger pour que tu le vois alors. » aussi simple que ça. Si elle en parle c'est que c'est ce qu'elle veut, et ça me suffit amplement comme argument pour me craquer les doigts, m'étirer la nuque et les poignets et me replacer dans le canapé pour lancer les hostilités.

« Il m’a quand même plus répondu du jour au lendemain, et accessoirement après qu’on ai passé une nuit d’enfer ! » « C'est quoi la dernière dernière chose que tu lui as écrit? » mes mots volent vers elle quand je fouille comme un con dans ses messages yeux rivés sur l'écran, remontant la conversation au fur et à mesure que je constante l'étendue du truc. Le scénario est simple et classique, y'a rien qui sort de l'ordinaire. Les échanges me font juste royalement chier quand je capte le moment précis où le gars a juste tout bonnement arrêter de lui parler. «  J’aime bien qu’il soit plus vieux. C’est pas pour autant qu’il est moins con qu’un jeune… Y a pas d’âge pour être con j’ai bien l’impression. » mon rire noie le sien, au moins elle s'en moque et c'est déjà ça. La dernière chose que je veux c'est de tourner la tête et de la voir blessée, peinée, déçue. Elle pique et elle vanne, et c'est elle ça, elle se laisse pas abattre par un bâtard qui voit pas à quel point il la mérite pas même si c'est juste pour une nuit de plus. « Tu viens de tuer mes espoirs d'être mieux avec l'âge Noa, c'est vraiment pas cool. » autant me moquer aussi alors, ça aidera à faire passer la pilule

« Bon, je réponds, j’dis ok. J’dis oui et après on voit c’qu’il se passe. Mais j’l’aime bien. »
« Tu l'aimes biiiiiien... »
« Donc, maintenant, le plan c’est quoi ? A ma place, tu fais quoi ? A sa place, tu fais quoi ? Pourquoi tu donnerais plus de nouvelles à une nana et pourquoi tu te décides à lui réécrire comme ça ? »
« ... tuuuuuuu l'aimes biennnnn.... »

Ouais mais Matt, t'aides pas là. « Maintenant on a plusieurs choix. » un bras passe autour de ses épaules pour la forcer à se rapprocher, je lui arrache sûrement une mèche de cheveux de plus mais comme ça j'ai l'impression qu'on joue à Carmen Sandiego en complotant et en chuchotant sur le cas de son autre con qui répond pas. « Soit on essaie de le traquer, on trouve tous les endroits où il passe dans une journée et on te fait apparaître comme par magie au hasard devant lui. » je brainstorme à voix haute, lui donne le plateau et le buffet au complet, elle aura qu'à choisir ce qui lui plaît. « Soit on en fait une poupée Voodoo, on le torture à distance, on lui envoie des photos et des vidéos de ce qu'on fait à la poupée, on lui demande une rançon et c'est toi qui va la chercher en précisant qu'il doit venir livrer en string pour qu'au moins tu puisses le mater. » autant miser sur ce qu'elle aime bien de lui pour se gâter un peu dans le processus. « Ou alors on est patients, on lui dit ce que tu veux et on lâche prise en attendant sa réponse. » le plan final est nul, mais c'est celui qui fait le plus de sens.

« C'est toi Noa, c'est pas n'importe qui. » que je lui rappelle, mauvais discours d'entraîneur dans les vestiaires avant que l'équipe retourne sur le terrain pour marquer en bonne et dûe forme. « Tu dis les choses comme elles sont et tu supplies pas. Soit il te prend comme t'es, soit il te mérite pas. » il le mérite pas d'un sens comme de l'autre à mes yeux, mais ça, l'égo de Jacobs est pas obligé de le savoir. « Je sonne vraiment comme ça quand je parle?! » et l'instant émotion, il se termine raide et net quand je m'entends déblatérer je sais plus trop quelle merde à la télé. La pauvre, elle mériterait un award rien que de m'entendre jacasser depuis aussi longtemps si je sonne vraiment comme ça.

« C'est quoi la dernière dernière chose que tu lui as écrit? » j’sais pas trop si il parle de la dernière chose avant qu’il me donne plus de nouvelle ou la dernière chose, là. J’lui laisse le téléphone entre les doigts, prenant le temps de lire ce qu’on se dit, conversation basique. « Si tu te demande ce que j’aurai pu dire pour lui faire peur… » j’hausse les épaules. « J’suis pas du genre à vouloir me marier et avoir quatre gosses après avoir passé une nuit au plumard. » pas de crainte, je n’avais fait aucune avance engageante à Greg, du moins, je pense pas. « Je ne lui ai pas parlé de ma collection de Barbie soigneusement cachée sous mon lit, ni de ma manie de vouloir arracher le moindre poil qui ne semble pas être à sa place. » ca m’fait rire, je crois pas que Matt soit au courant pour cette collection de Barbie, ni même pour mon côté maniaque du poil. « La, j’aurai bien envie de prendre ma pince à épiler et virer celui là, juste là ! » que je dis en pointant du doigt son espèce de monosourcil qu’il avait pas dompté depuis un moment ! J’le taquine, ca m’fait rire de voir sa tête loucher en suivant mon doigt de si près.
« Tu viens de tuer mes espoirs d'être mieux avec l'âge Noa, c'est vraiment pas cool. » mais de quels espoirs il parlait, franchement ? « Tu t’mens à toi-même jusque-là, j’vais t’éviter de fausses illusions. » et en même temps, Matt, reste comme t’es, toujours, tout l’temps ! « Tu l'aimes biiiiiien... » je hoche la tête, oui, c’est ce que j’ai dis. « ... tuuuuuuu l'aimes biennnnn.... » il m’éneeeeerve Matt là à pas savoir être serieux. J’me regarde, sans rien dire, juste en attendant qu’il se décide à m’aider pour de vrai. « Maintenant on a plusieurs choix. » ah. Quoi ? dis moi ! « Soit on essaie de le traquer, on trouve tous les endroits où il passe dans une journée et on te fait apparaître comme par magie au hasard devant lui. » et merci Noa la psychopathe. Autre chose ? « Soit on en fait une poupée Voodoo, on le torture à distance, on lui envoie des photos et des vidéos de ce qu'on fait à la poupée, on lui demande une rançon et c'est toi qui va la chercher en précisant qu'il doit venir livrer en string pour qu'au moins tu puisses le mater. » Ok, la poupée voodoo me fait rire, mais c’est pas possible. « comment j’ai pu penser que tes propositions allaient être sérieuse ? » je secoue la tête, jetant quelques coups d’œil à l’écran, on voit personne, c’est la publicité, tant mieux. « Ou alors on est patients, on lui dit ce que tu veux et on lâche prise en attendant sa réponse. » meilleure proposition qu’il ai pu faire tien, mais en soit, on avance pas. « J’comprends mieux pourquoi t’as eu besoin d’une émission pour te marier toi. » je titille, je pique ,c’est gentil. « C'est toi Noa, c'est pas n'importe qui. » j’ai droit à un traitement de faveur donc ? Intéressant. « Tu dis les choses comme elles sont et tu supplies pas. Soit il te prend comme t'es, soit il te mérite pas. » Amen. « Je sonne vraiment comme ça quand je parle?! » je tends l’oreille vers l’émission qui a repris et l’entends parler. « Exactement. La même voix insupportable que j’supporte à chaque fois, mais on s’y fait, tu verras d’ici deux ou trois émissions… » je choppe les chips sur la table, frôlant de peu la bague qu’il a posé tout à l’heure, j’la récupère et lui tend délicatement, redonnant son du à son propriétaire. « Remet ça, avant qu’elle se perde pour de bon. » promis, si elle se perd, ce ne sera pas intentionnel. « Du coup, j’dis que c’est ok. » j’réponds à Greg, le message est parti, j’suis prête pour le revoir. « Comment ca s’est passé la lune de miel avec les caméras ? » que j’me questionne, la vraie question c’est , est ce que vous avez vraiment pécho devant les caméras ? Mais j’en suis pas là. Il est pas prêt.

« comment j’ai pu penser que tes propositions allaient être sérieuse ? »
« Erreur de débutante. »

Mon erreur de débutant à moi, c'était de penser que je serais pas obsédé par ma pilosité d'adolescent en pleine puberté quand maintenant la seule et unique chose que je fais c'est de me fixer moi en version télévisée pour voir de où j'ai pu laisser un presque mono-sourcil apparaître entre les tournages et maintenant. « J’comprends mieux pourquoi t’as eu besoin d’une émission pour te marier toi. » « Ça c'est juste méchant. » ma voix monte dans les aigus, la moue que j'y additionne est totalement ridicule et probablement qu'elle va juste m'éclater de rire au visage que ce sera mérité. Les piques sont douces quand elles viennent de chacun de nos côtés, ce n'est pas pour rien qu'elle m'endure aussi bien et que l'inverse est toute aussi vrai depuis un bon moment déjà.

Et apparemment, elle m'endure pas juste moi, ma voix avec. « Exactement. La même voix insupportable que j’supporte à chaque fois, mais on s’y fait, tu verras d’ici deux ou trois émissions… » « Un carnage. » je pouffe de rire, piquant la chip sur laquelle son attention avait l'air de dériver. J'ai même pas faim mais que l'embêter m'apparaît être une raison suffisante pour devenir affamé. « Remet ça, avant qu’elle se perde pour de bon. » elle, elle a autre chose en tête, et cette autre chose-là retrouve doucement sa place là où elle a laissé une marque de bronzage bien trop blanche pour que je nie quoi que ce soit quand l'alliance n'y est pas. J'ai pas envie de nier rien, c'est ça le truc. « Je l'aime vraiment Noa. » qu'elle lâche, ma voix nasillarde, un peu de nulle part pour elle mais tout sauf de nulle part pour moi. « Je sais que c'est allé vite avec le mariage et l'émission, mais je l'aime pour de vrai. C'est pas des conneries. » elle l'a jamais dit ainsi, le pense probablement même pas de cette façon-là, mais à mes yeux, c'est important de le lui dire. Important de me l'entendre le dire aussi.

« Du coup, j’dis que c’est ok. » « Ok c'est bien. Ça t'engage à rien d'autre qu'à pouvoir le mater à nouveau, et ça c'est bien aussi. » d'avoir la bouche pleine n'est probablement pas la meilleure des idées pendant que je joue les philosophes, n'en reste que si ça lui donne un boost de confiance de plus, bah tant mieux. « Comment ca s’est passé la lune de miel avec les caméras ? » « Y'aura pas de scène sexy la semaine prochaine, t'en fais pas. » j'éclate de rire, les caméras qu'on avait justement tenté le plus possible de garder en tête pour se gratter des moments brefs mais éparpillés par ci par là à travers le voyage. « Par contre tu risques de nous voir nous embrasser langoureusement parce que la prod a dit qu'on était le couple chouchou du public T'ENTENDS ÇA NOA j'étais chouchouuuu. » pas du tout, pas le moindrement. J'aime juste inventer des rumeurs de plateau rien que pour me donner une raison de plus de gonfler le torse et d'avoir l'oeil d'un con bien brillant. Pourtant j'ai pas besoin de tant de raisons que ça finalement, d'être fier comme un paon. La seule raison dont j'ai besoin vient de me dire "I do" à l'écran.

« Ça c'est juste méchant. » Moh, il fait le faussement touché par mes vannes qui font que lui renvoyer la pareille de tout ce que j’me prends à chaque fois. Il est mignon et touchant tien avec sa petite moue sur le visage. Je l’imite à mon tour, forçant des excuses presque sincères tien. « Pardon, j’voulais pas te vexer. » et je m’autorise même un petit bisous tendre sur sa joue pour appuyer mes paroles. « On est quitte ? » je bas des cils et me redresse sur le canapé, toujours à jeter un coup d’œil à l’émission et au final, on aura juste rien suivi de tout ça. Mais bon, l’principale, c’est qu’on connaisse tous les deux la fin et en plus, les autres couples, on s’en fichait pas mal. C’était juste drôle d’avoir à se moquer de Matt dès qu’il passait avec ses cheveux en pagaille à l’écran.
« Je l'aime vraiment Noa. » wow. Ca, j’étais à mille années lumière de m’attendre à l’entendre dire une telle chose. Je le regarde, avec un petit beug dans la matrice. Genre aimer, genre pour de vrai ? Genre, ce mariage il est pas bidon ? Il a l’air sincère, ça en est flippant. J’sais pas pourquoi j’avais tendance à jamais trop accepter que mes amis tombent amoureux, pourquoi j’avais toujours du mal à croire en une histoire d’amour sincère et réelle et pourquoi à chaque fois, je flippais tellement que ça puisse changer quelques chose entre nous. Ca avait été le cas avec Isaac quand il est sortie avec Chloé, ca avait été le cas avec Josh quand il m’a appris qu’il aimait ma sœur, ça avait été le cas avec Nicolas et tout un tas de nana qu’il avait glissé dans son lit. C’est de nouveau le cas avec Matt. J’crois que l’problème il vient de moi et j’crois surtout que j’ai du mal à partager. Y a un truc qui cloche avec moi. « Je sais que c'est allé vite avec le mariage et l'émission, mais je l'aime pour de vrai. C'est pas des conneries. » je hoche la tête, ravale ma salive et me contente d’être juste contente pour lui. « J’te souhaite que ça marche alors. » et j’étais sincère en disant ça, mais j’pouvais que me méfier, par expérience.
Mon message envoyé à Greg, j’attendais avec impatience sa réponse, ca y est. J’étais comme une ado qui attendais des nouvelles de son crush.
« Y'aura pas de scène sexy la semaine prochaine, t'en fais pas. » j’suis déçue, limite. « J’aurai bien aimé voir ton ptit cul musclé à toi aussi. » que j’dis en plaisantant, j’suis sûre que si j’ai envie de voir le cul musclé de Matt, de toutes façons, j’ai qu’à demander. « Par contre tu risques de nous voir nous embrasser langoureusement parce que la prod a dit qu'on était le couple chouchou du public T'ENTENDS ÇA NOA j'étais chouchouuuu. » et comment ils peuvent savoir ça alors qu’on est au premier jour de diffusion ? « C’est truqué, c’est ça ? » c’est obligé que ce soit truqué de toutes façons. Je regarde l’écran, l’émission prend fin et ils présentent les candidats qu’on verra la semaine d’après. Et là, gros beug. « Oh putain. » Auden ! « Il s’appelle Auden ! » je tape sur l’épaule de Matt. « C’est qui ce mec ? » je sais qu’il le connait, j’le sais parce que j’me rappelle très bien d’la scène y a quelques mois. « J’ai failli m’le taper ! On était à deux doigts d’coucher ensemble ! » j’me met à crier dans l’appartement, tout près des oreilles de Matt ! « Tu l’connais ? Je sais que tu l’connais ! C’est quoi votre histoire ?!» ils sont sortis ensemble ? Ils ont couchés ensemble ? « tu lui as brisé l’cœur ? » un facette de Matt que je ne connaissais pas encore ?

Elles remontent les confessions, bien plus facilement qu'elle s'y attendait Noa à voir sa tête estomaquée. Après, c'est pas comme si ce genre de mots étaient souvent venus glisser contre mes lèvres. Elle sait bien que je suis pas du genre à les énoncer si forts si vrais. Faut croire qu'avec Lily c'est différent, depuis le début.

« J’te souhaite que ça marche alors. »
« J’aurai bien aimé voir ton ptit cul musclé à toi aussi. »

Deux salles deux ambiances, entre le sourire plein de gratitude que je lui donne, et le roulement d'yeux qu'elle récolte une seconde après. « Demande plus poliment. » ça m'étonne ça d'ailleurs, qu'elle l'ait jamais vu mon fessier. Je prends en maturité avec le temps, c'était pas le cas du temps de l'université où tout le monde avait bien pu l'admirer en soirée.

Et elle y croit pas, qu'on me colle l'étiquette de chouchou avant les diffusions. « C’est truqué, c’est ça ? » oh qu'il gonfle mon torse, oh qu'elles se redressent mes épaules. « Que veux-tu, ils ont l'oeil pour repérer une future étoile montante. » de la grosse merde ce que j'avance aussi fier qu'un paon. Mais en toute objectivitée (lol, ouais Matt, à d'autres) faut qu'elle avoue qu'autant Lily que moi, on est parfaitement adorables à l'écran.

« Oh putain. » ouais, je sais, c'est pas mon meilleur profil qu'ils ont mis à la fin de l'épisode mais j'suis sûr qu'ils vont rattraper le tir la semaine prochaine.
« Il s’appelle Auden ! » wait what?

Et c'est là qu'elle déboule, qu'elle hurle, qu'elle me perce les tympans et qu'elle en redemande.

« C’est qui ce mec ? »
« J’ai failli m’le taper ! On était à deux doigts d’coucher ensemble ! »
« Tu l’connais ? Je sais que tu l’connais ! C’est quoi votre histoire ?!»
« tu lui as brisé l’cœur ? »

Si j'avais arboré mon grand sourire de con pendant tout ce temps, là, il s'est envolé vite fait bien fait. « C'est un connard. Tiens-toi loin. Fin de la discussion. » et si ça sonne comme une conclusion, c'est que c'en est une. Au point où je ramasse la table basse du salon des bouteilles et restes de bouffe, que je file en cuisine faire la vaisselle. Elle aura rien de moi au sujet d'Auden. Rien de plus que ça.

C’est donc Auden qu’il s’appelle, ce mec qui m’a humilié publiquement – on était que deux mais c’était dehors et qui sait peut être qu’on était observé, j’en sais rien, je l’ai vraiment vécu comme une humiliation ce soir là -. C’est Auden juste sous mes yeux, à la télévision, dans la même émission que Matt. Je sais pas si ils se sont croisés sur le tournage, mais je sais très bien que c’est pile quand j’ai évoqué Matt qu’il a totalement changé d’attitude envers moi. Qu’il m’a considéré comme une moins que rien et qu’il s’est volatilisé sans plus me calculer, sans que je sache même comment il s’appelle. Auden donc. Je voulais que Matt m’explique, qu’il me dise qui il était, pourquoi il était capable de se comporter de la sorte. Mais rien. Je reconnu absolument pas Matt là. Il s’était fermé comme il ne l’avait jamais fait, son visage était strict, comme je ne l’avais jamais vu, son regard était voilé, plus une seule étincelles légendaire dans celui-ci. Wow. Ca calme de le voir comme ça en vrai, parce que c’est bien la première fois. Ca calme parce que même quand il est agacé, énervé ou même un peu triste parce que j’ai pas envie de gouter sa dernière invention culinaire, il est pas comme ça. « C'est un connard. Tiens-toi loin. Fin de la discussion. » point final on dirait bien, aucune poursuite de conversation possible. Je crois que c’est pas ce soir que j’arriverai à savoir quoi que ce soit. Il se lève, j’le suis du regard et qu’est ce que j’me sens con. Encore plus con que quand il m’a dit qu’il était vraiment fou de Lily. Il était vraiment entrain de faire la vaisselle comme s’il devait laver en urgence des verre au DBD parce qu’il y en avait plus un seul propre derrière le comptoir ? L’émission est même pas fini… quoi que le générique de fin tarderait pas à arriver vue l’heure. J’ai envie de m’excuser mais je sais même pas de quoi. Le malaise. J’peux même pas m’barrer parce qu’on est chez moi en fait et que j’ai pas non plus envie d’lui dire de se casser. Alors ma seule solution, c’est d’éteindre la télévision, le rejoindre et chopper un torchon pour essuyer la vaisselle. « Et que ça brille. » je lui met un petit coup d’épaule dans l’sien avant de venir embrasser sa joue. « T’étais l’plus beau ce soir, promis. » que je conclus avant de ranger la vaisselle et ne plus revenir sur le sujet Auden.