Je viens d’apprendre tout un tas de choses sur ma vie, et sur ma famille. Ma famille adoptive, et ma famille biologique. C’est difficile à traverser, j’ai l’impression que mon coeur est toujours plus brisé. Mais j’essaie de ramasser les morceaux, j’essaie de me calmer, de respirer même quand les crises d’angoisse prennent possession de mon corps. C’est étrange cette sensation, j’ai l’impression que j’ai vécu la vie d’une autre personne. Ou que je ne suis plus la même. Alors que je n’ai pas changé, du moins j’essaie de ne pas être trop triste ou trop déprimée. Mais c’est difficile. Si je le pouvais, je passerais mes journées sous une couette à manger du chocolat en attendant que tout passe. Mais ça ne passe pas, alors autant essayer de m’occuper l’esprit en allant travailler, et en gardant quelques activités.
Aujourd’hui je vais voir Matthias, on avait promis de se voir souvent, et au final, j’ai été très occupée. Donc on a parlé par téléphone, on s’est envoyé des textos mais on a pas vraiment eu le temps de se voir. Alors je marche dans les rues de Brisbane, ça me fait du bien de marcher, de prendre l’air. Il m’arrive aussi de sortir pour faire un jogging de temps à autre. Mais là j’ai acheté à boire et quelques trucs à manger, je me dirige vers l’appartement de Matthias. J’espère qu’il va bien, et surtout, qu’il n’est pas occupé. Je prends des risques mais j’ai besoin de discuter avec lui de tout ce qui se passe dans ma vie en ce moment. Alors je toque à la porte en attendant qu’il donne un signe de vie. Peut-être qu’il n’est même pas dans son appartement, j’aurais pu penser à ça il y a quelques minutes déjà. Et la porte s’ouvre. “Coucou ! J’ai apporté à boire et à manger.”
Cela fait quelques semaines que je n’ai pas revu Molly. Si, lors de notre dernier pic nic sur la plage, nous nous sommes promis de nous voir plus souvent, cela n’est pas facile avec nos emplois du temps respectifs. Nous nous appelons souvent, et nous nous envoyons pas mal de message mais cela a été un peu plus compliqué de trouver une soirée ou nous étions libres tous les deux. Alors qu’elle est prise pas son boulot et ses activités de bénévoles, je suis moi-même beaucoup pris par mes activités bénévoles, mais surtout pas ma cousine qui ne va pas vraiment bien ces derniers temps et également à gérer tout ce que mes actions ont apporter dans ma vie. Cela fait maintenant quelques semaines que j’ai emmené Elora rencontrer son père, que j’ai péter un câble et que j’ai frapper son père. Les actions que Mr. Grimes et ses mots ont beaucoup secoué Elora qui part doucement à la dérive. Quand à moi, mes actions violente envers l’homme ont fini sur internet et me pose problème au niveau de ma carrière. C’est pour cela que j’essaye de rester assez discret.
Aujourd’hui, Molly et moi avons donc prévu de nous voir et c’est pour cela que je tente de faire un plat, sauf que la cuisine n’a jamais vraiment été mon fort. A part des plats basiques comme une quiche ou un plat de pâtes, je ne suis pas doué derrière les fourneaux, j’ai tendance à faire des tonnes de choses en même temps et donc de finir par laisser cramer. C’est d’ailleurs ce qui se passe avec le plat de lasagnes végétarienne que je tente de réaliser pour l’arrivée de le brunette. « Coucou ! J’ai apporté à boire et à manger. » je ris et la serre dans mes bras avant de la laissé entrer. « Eh ben tu as bien fait parce que ma tentative culinaire c’est encore révéler être un véritable désastre. » Je me passe une main dans la nuque. « Surprenant n’est ce pas ? » J’ajoute ironiquement. Je saisis alors ce que Molly tient dans les mains pour la débarrasser. Elle a l’air un peu fatiguée, mais il y a aussi quelque chose d’autre qui a l’air de la tracasser, quelque chose que je n’arrive pas à deviner et saisir. « Ca va toi ? » je lui demande en sortant deux verres.
Je suis contente d’enfin retrouver Matthias. On devait se voir plus souvent, mais on a pas réussi. Mais on a quand même réussi à se trouver une soirée. Je ne devais pas ramener à manger normalement, mais Matthias n’a jamais eu de grands talents de cuisinier. Alors je suis passée acheter quelques plats dans un restaurant qu’on aime bien tous les deux. Et j’arrive devant sa porte, un grand sourire aux lèvres, et le sachet que je monte à la hauteur de mon visage. Et en quelques secondes il me laisse entrer et je pose les affaires sur la table. Nanka court entre mes jambes et je lui fais des tonnes de câlins. Ca m’aide les animaux, ils m’aident tous à retrouver le sourire quand je le perds une peu trop longtemps.
“Je m’en doutais.” Et je pose un baiser sur sa joue après avoir laissé le chien tranquille. “T’as essayé de faire quoi cette fois ?” Je ne suis pas meilleure cuisinière que lui alors je souris en tentant de le rassurer. Ca me change les idées de parler de nourriture, et, même si je suis là pour lui parler de tout ce qui m’est arrivé, on peut toujours repousser un tout petit peu ce moment non ? Je passe dans sa cuisine pour admirer le désastre et je me tourne vers lui pour récupérer les sachets de nourriture. “J’ai acheté tout ce que t’aimes ne t’inquiètes pas !” Et je hoche vivement la tête en sortant tout ce qu’il faut. Et ça doit se voir que je ne dors pas bien, que j’ai pas mal pleuré ces derniers jours puisqu’il me pose la question. Il me demande si ça va. Et je suis incapable de répondre à cette question sans perdre le sourire que j’essayais de garder sur mon visage. “Je…” Je secoue la tête en allant vers le canapé. “Disons que je dois te parler de beaucoup de choses.” Et autant être assis pour tout ce qui suit. “Tu vas bien toi ?”
« Je m’en doutais. » Bien sûr qu’elle s’en doutait. Molly me connaît assez pour savoir qu’à chaque fois, ou presque, que je tente d’améliorer mes compétences culinaires cela se transforme en catastrophe. L’avantage, c’est que j’ai les moyens de m’acheter à manger et de commander assez souvent ce qui fait que lorsque je n’ai pas envie de désastre ou de manger mes plats habituels, je peux sans aucun souci commander quelque chose et me le faire livrer. Il faut aussi dire que ma mère ne m’a jamais appris à cuisiner, et n’était pas une bonne cuisinière non plus et ma grand-mère était décédé avant de pouvoir m’apprendre. Alors, comme pour beaucoup de choses, j’ai dû apprendre par moi-même. « Tu sais que tu pourrais au moins faire semblant de faire la surprise. » Je lève les yeux au ciel avant de rire un peu. « T’as essayé de faire quoi cette fois ? » Je fais une petite moue. « Des lasagnes végétariennes. En vrai ; je pense que les légumes sont mangeables, mais y a un problème avec les pâtes. » Ne me demandais pas quoi, je n’en sais rien.
Je saisis alors tout ce que Molly me tend. Cela a l’air définitivement bien plus mangeable et gouteux que ce que j’ai tenté de faire. « J’ai acheté tout ce que t’aimes ne t’inquiètes pas ! » Je souris. « En même temps, je crois que ca devient compliqué de faire pire que moi tu sais. » Je mets le plat sur l’ilot de la cuisine et laisse Molly faire sa vie. Elle est ici un peu comme chez elle et elle connait parfaitement ou sont les choses. Pendant ce temps, je l’observe. J’ai bien senti dans les messages et les appels que nous avons eu ces derniers jours que quelque chose n’allait pas. J’ai senti qu’il s’est passé quelque chose et c’est aussi pour cela que j’ai tout fait pour que l’on puisse se voir. Mais maintenant que je l’ai face à moi, je vois bien qu’il y a vraiment quelque chose. Elle a l’air fatigué, et lorsque je lui demande comment elle va, elle perd doucement son sourire. « Je… » Qu’elle commence et cela a le don de m’inquiéter encore plus. Je la suis vers le canapé et viens m’installer à côté d’elle. « Disons que je dois te parler de beaucoup de choses. » Okay, je crois qu’il était vraiment temps que l’on se voie. « Tu vas bien toi ? » « Moi ca va, mais c’est pas important pour le moment. » Je viens doucement pendre sa main. « J’avais bien senti qu’il y a avait quelque chose. Et je suis là pour ca tu sais. Si tu veux en parler, ou pas. J’ai un sac de boxe dans mon basement si tu as besoin de te défouler. »
Je pouffe de rire en voyant l’état de la cuisine et je me dis que j’ai vraiment bien fait de ramener tout ça à manger. Il y avait 90% de chances que sa tentative culinaire soit un fiasco. Je le connais bien Matthias maintenant. “Je le ferai la prochaine fois, je pourrai même revenir sans nourriture comme ça on sera obligé de commander.” Je hoche la tête en prenant tout ça à la rigolade. Au moins il a essayé. Et je ne pense pas que j’aurais fait mieux, je ne suis pas vraiment douée en cuisine. “Tu veux qu’on tente de manger les légumes ? Peut-être que c’est super bon.” Je souris en attendant son avis, je suis ouverte à toute proposition. Et puis, si il pense que c’est pas mal, c’est que ça doit l’être. Je ne suis pas compliquée.
“Je suis sûre que je pourrais faire pire que toi.” C’est tout juste si je sais faire cuire du riz sans qu’il ne devienne tout pâteux. J’ai tellement l’habitude de faire pleins de choses en même temps qu’il m’arrive très souvent d’oublier la moitié de ce qui traîne sur le feu ou dans un four. Je suis une catastrophe ambulante. C’est bien pour ça que je n’ai pas proposé mon aide pour préparer le repas et que j’ai préféré prévoir tout ça. Il pose tout ce que j’ai acheté sur l’ilôt de la cuisine et ça me met déjà l’eau à la bouche même si j’ai l’estomac noué depuis quelques temps à cause de tout ce qui se passe dans ma vie. Il ne sait pas encore tout, mais je ne compte pas lui cacher quoi que ce soit. On part s’asseoir sur le canapé et je respire calmement. Je sais qu’il va me demander ce qui ne va pas parce qu’il a vu. Il sait que je ne suis pas au top de ma forme, comme tous les gens qui vivent autour de moi. Et comme à mon habitude je veux m’assurer que lui aussi va bien. “J’ai jamais fait de boxe.” Mais pourquoi pas, si ça peut m’aider je ne suis pas contre. “C’est compliqué, j’ai appris par Allie que…” C’est toujours aussi compliqué d’en parler à voix haute, ça me brise le coeur à chaque fois. “J’ai été adopté.”
Elle pouffe de rire, se moquent surement de ma performance culinaire, mais pas pour autant surprise. Molly me connait, elle sait que je suis un piètre cuisinier et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle a quasiment toujours quelque chose avec elle lorsqu’elle vient chez moi. « Je le ferai la prochaine fois, je pourrai même revenir sans nourriture comme ça on sera obligé de commander. » Je ris un peu. « Moi ca me va. Tu sais bien que tant que ca vient pas de moi je ne suis pas compliqué. » Il est vrai que, bien que je cuisine comme un pieds, je ne suis pas difficile. Je mange absolument de tout et je suis également un grand gourmand. « Tu veux qu’on tente de manger les légumes ? Peut-être que c’est super bon. » Je secoue la tête. « Non non, je veux pas devoir t’emmener à l’hôpital parce que je t’ai empoisonner. Je t’aime bien entière et en bonne santé. » Je lui répond avant d’embrasser sa tempe. « Je suis sûre que je pourrais faire pire que toi. » « Ca j’en suis pas sur, mais je crois qu’on devrait pas faire de compétition la dessus. » Une compétition pour savoir qui est le pire cuisinier, remarque… C’est original.
Le ton de conversation change alors un peu lorsque Molly dit devoir m’annoncer quelque chose. Je vois bien à son visage que c’est quelque chose de dur, quelque chose qui l’a retourné et cela m’inquiète. Je fronce les sourcils et prend place à côté d’elle sur le canapé. « J’ai jamais fait de boxe. » « Je t’apprendrais un jour, ca aide à se défouler. » Je pratique pas mal de boxe, surtout depuis quelques années. Cela m’aide souvent à garder ma colère sous contrôle. « C’est compliqué, j’ai appris par Allie que… J’ai été adopté. » Sa voix se brise et son visage qui semble si triste me fait mal au cœur. Sans un mot, je viens doucement la prendre dans mes bras. « Je suis désolée Molly… » Désolé qu’elle ne l’ai jamais su avant, que personne ne lui ai jamais dit parce que je me doute à quel point cela doit bouleversé sa vie à présent. Je me recule un peu et prend doucement sa main. « Tu en a parlé à tes parents ? Depuis que tu le sais ? » Je lui adresse un léger sourire. « Tu sais que je suis là pour toi hein ? Quoi que tu ai besoin. » Je n’imagine pas le choc que cela doit être pour elle d’apprendre cela.
Il m’amuse vraiment. Et rien que d’être rentrée dans son appartement depuis quelques minutes me change les idées. Je ris en voyant l’état de la cuisine. Je le rassure en lui disant que j’ai prévu de quoi manger parce que je m’attendais à ce genre de carnage culinaire. Mon sourire reste ancré sur mon visage tant qu’on parle de nourriture, il sait à quel point j’aime manger, alors j’ai tout prévu avant même d’entrer chez lui. Je me souviens de ses plats préférés et je les combine avec les miens, il y en a pour tout le monde. “Je suis sûre que tu es bien trop dur avec toi même.” Mais je ne gouterai pas s’il ne veut pas. Autant ne pas prendre de risque, on ne sait jamais au fond.”Ca pourrait être marrant, mais je suis pas sûre qu’on trouve un jury pour goûter les repas des pires cuisiniers de tous les temps.” Bon, peut-être pas les pires, mais on est vraiment pas les plus doué non plus.
On s’assoit sur le canapé, il veut savoir ce qui m’emmène chez lui et je ne peux que le comprendre. Mais je suis encore mal à l’aise avec tout ça, même alors que les mots j’ai été adopté ont déjà traversé plusieurs fois la barrière de mes lèvres. Je le dis une nouvelle fois, et je garde mes larmes pour moi, j’ai bien assez pleuré des derniers temps. Il me prend dans ses bras et je me perds un peu dans cette étreinte rassurante. “C’est Allie qui me l’a dit. Et oui après j’ai parlé avec mes parents au téléphone, avec les parents de ma mère biologique aussi. Je dois la rencontrer, elle a des renseignements sur mon père biologique aussi.” J’ai peur, tellement. Je n’ose même pas taper le numéro sur mon téléphone. Toute ma vie change, et je ne sais pas si j’aime ce changement. Au moins, Matthias, il reste là lui, et je sais que je peux compter sur lui quoi qu’il arrive. “Merci... tellement.”
« Je suis sûre que tu es bien trop dur avec toi même. » J’hausse les épaules, même si elle doit sûrement avoir bien raison. On est souvent le juge le plus dur avec nous-mêmes, et moi le premier. J’ai toujours eu cette manie de me mettre la pression, d’être dur avec moi-même et de toujours me pousser à donner le meilleur de moi-même et cela, Molly le sait bien. Je lui adresse cependant un sourire, ne comptant pas l’intoxiquer avec ma nourriture et préférant donc manger ce qu’elle a ramené. « Ca pourrait être marrant, mais je suis pas sûre qu’on trouve un jury pour goûter les repas des pires cuisiniers de tous les temps. » Je ris un peu. « Oui, c’est pas faux. Dommage. »
Molly me parle alors de sa famille, et du fait qu’elle a appris à être adopté. Je ne peux même pas imaginer à quel point cela doit être difficile pour elle à avaler mais surtout de l’accepter. Elle a passé vingt-huit ans à croire que les gens qui l’ont éduqué sont ses parents et cela doit presque être comme si tout son monde s’effondre d’un coup. Je la prends alors doucement dans mes bras, caressant son dos. Je ne vais pas l’abandonner, jamais. Même si nous ne partageons pas le même sang, cela fait des années que Molly est comme ma famille. « C’est Allie qui me l’a dit. Et oui après j’ai parlé avec mes parents au téléphone, avec les parents de ma mère biologique aussi. Je dois la rencontrer, elle a des renseignements sur mon père biologique aussi. » Je me recule doucement et prends sa main dans la mienne. « Ils t’ont dit quoi, tes parents ? » Pourquoi ne lui ont-ils jamais rien dit avant ? Avaient-ils l’intention de lui annoncer un jour ou comptaient-ils lui cacher la vérité toute sa vie ? « Merci... tellement. » Je secoue la tête. « Eh, tu n’as pas à remercier, jamais. Je suis là pour toi, quoi qu’il arrive et je ne te laisserais pas tomber. » Je viens embrasser doucement son front. « Et si jamais tu ne veux pas être toute seule pour rencontrer qui que ce soit de ta famille biologique, je peux venir avec toi d’accord ? Tu me passes un coup de fil et je débarque. » Je sais ce que c’est de se demander d’où l’on vient, après tout je n’ai jamais connu mon père et même si j’ai fini par tirer un trait dessus, je sais que ce n’est pas la même histoire pour tout le monde.
Je relativise, le repas que Matthias a essayé de faire est un échec mais ce n’est pas pour ça qu’on ne va pas se régaler ce soir. On recherche même de nouveaux concepts d’émissions, des émissions où on pourrait être les stars. Je pouffe de rire, les gens n’aiment pas manger de mauvaises choses. Et je suis incapable de cuisiner correctement. Même Léo doit savoir maintenant que je n’ai aucun talent de cuisinière.
Les plaisanteries sont terminées, parce qu’il le voit que je ne vais pas bien Matthias. Il le sent. J’essaie de lui dire que tout va bien, de sourire mais c’est encore difficile. Il me prend dans ses bras et je lui rends son étreinte après avoir dit quelques mots. “Je pense pas qu’ils avaient prévu que je sois au courant un jour.” Et ça me brise le coeur qu’ils aient voulu me cacher mon histoire pendant tant d’années. Si Allie n’avait pas été là, je ne l’aurais sûrement jamais su. “Ils m’ont tout confirmé, et raconté tout ce qu’ils avaient voulu cacher.” Je ne sais pas quoi dire de plus à part que toutes ces nouvelles sont encore bien trop fraîches pour que je réalise tout. Je le remercie d’être là avec moi, de prendre du temps pour m’écouter même si tout ça me blesse encore bien plus que de raison. Il embrasse mon front et mes yeux se ferment quelques secondes. “Je sais pas si je veux les rencontrer… Je ne sais même pas s’ils savent que j’existe.” J’ai pas vraiment réfléchi à tout ça encore. J’ai le numéro de ma mère biologique, mais je n’ai pas encore eu la force de l’utiliser. Et si elle disait non ? Et si elle n’allait pas bien ou si elle ne voulait pas de moi dans sa vie ? Je ne sais plus rien, c’est comme si ce n’était pas vraiment ma vie. “J’ai encore du mal à réaliser.”
Après un début de conversation léger, à se moquer ouvertement de mes talents de cuisinier, Molly m’annonce qu’elle a été adoptée. Je n’imagine pas à quel point la nouvelle doit être difficile à avaler pour elle et cela a dû être un véritable choc. Je comprends donc pourquoi elle a l’air ailleurs, un peu perdue dans ses pensées depuis qu’elle est arrivée chez moi. Cela doit être un véritable choc de croire quelque chose pendant des années et soudain d’apprendre que les gens que l’on pense être nos parents, ne le sont en fait pas vraiment. Ce n’est pas non plus évident pour moi de trouver les bons mots. Bien sûr, je suis là pour elle, je lui fais comprendre et puis elle le sait, mais je ne veux pas être maladroit alors que la situation ne doit pas être facile pour la brune. « Je pense pas qu’ils avaient prévu que je sois au courant un jour. Ils m’ont tout confirmé, et raconté tout ce qu’ils avaient voulu cacher. » Je hoche la tête, laissant la brune lâcher ce qu’elle a sur le cœur sans l’interrompre. « Je sais pas si je veux les rencontrer… Je ne sais même pas s’ils savent que j’existe. J’ai encore du mal à réaliser. » Je serre doucement sa main dans la mienne. « Ouais je comprends… C’est délicat. » Je lui adresse un petit sourire. « Mais tu sais, tu as le temps d’y réfléchir. Et puis je suis là pour toi, quoi que tu aies besoin d’accord ? Que ce soit pour parler avec tes parents de ton adoption ou bien rencontrer tes parents biologiques. » Je n’ai jamais vraiment rencontré les parents de Molly, juste une fois, de vue, mais je serais là si elle besoin de leur poser des questions et qu’elle ne veut pas être seul face à eux.
Je vois bien pourtant que Molly aimerait aussi penser à autre chose, qu’elle aimerait se changer les idées et je suis plutôt doué pour cela en général. « Tu sais quoi ? Et si on oubliai tout ce soir ? » Si on oubliai tout et que l’on s’enfermai dans notre monde tous les deux, que l’on se perdai dans notre petite famille. « Je te propose qu’on aille faire un dans la piscine, qu’on se prélasse le temps que le soleil ce couche et après on se fait soirée film, ou jeux de société, ou vidéos. En fait, on fait tout ce que tu veux d’accord ? C’est toi qui décides, moi je te suis. » Je lui adresse un sourire tendre et viens déposer un baiser sur sa joue. Si elle a besoin de m’en parler, je sais qu’elle le fera, mais je sais aussi que des fois elle a juste besoin d’oublier, de penser à autre chose. Et je suis là, quoi qu’elle ai besoin de faire.
Après quelques plaisanteries faites sur sa cuisine et son plat qu’il a apparemment raté. On finit tous les deux assis sur son canapé à discuter de ce qu’il a bien pu se passer dans ma vie ces derniers temps. C’est en partie pour ça que je suis là, je déteste cacher des choses à Matthias alors ça me semble normal de le mettre au courant. Il se propose d’être la pour tout et je souris pour le remercier même s’il sait que je ne voudrais pas le gêner. “J’espère que j’arriverai à prendre une décision un jour.” Qu’à un moment, tout ira mieux pour moi et pour tout ce qui m’entoure. Pour le moment, tout est bien trop flou, et je sais que je ne réalise pas encore correctement tout ce qu’il se passe. Je vais devoir apprendre à vivre avec ça, et peut-être même apprendre à gérer deux familles distinctes dans les mois à venir si jamais je décide de retrouver mes parents biologiques.
Il propose de tout oublier ce soir et c’est tout ce que je demande, tout ce que je veux. Alors je hoche la tête en me détachant un peu de lui. Attendant de savoir ce qu’il peut bien proposer quand moi je ne sais absolument pas ce qu’on peut faire. Je souris. “On peut tout faire, je dors mal en ce moment donc ça pourrait nous occuper pour un long moment tous tes plans.” Je ris un peu. “Mais je veux aller dans la piscine.” J’avais prévu le coup et pris mon maillot. Alors je secoue un peu la tête pour faire partir toutes ces pensées noires et enfin faire autre chose que me poser mille questions. “On va s’éclater ce soir et ça nous fera du bien à tous les deux.” Et peut-être même qu’un jour je finirai par le rejoindre pendant un de ses cours de boxe pour me défouler un peu plus.