| | | (#)Jeu 7 Mai 2020 - 3:06 | |
| Il s’est passé des tonnes de choses. J’ai l’impression que tout est irréel, que ce n’est qu’un rêve ou un cauchemar et que je vais finir par me réveiller en reprenant le cours de ma vie. Mais non, ça ne fonctionne pas comme ça. Et je me fais petit à petit à l’idée que j’ai été adopté. Et les appels et les rencontres m’aident à me rendre compte de tout ça. J’ai appelé mes parents d’abord, et ils ont eu du mal, mais ils m’ont raconté une grande partie de mon histoire après que Allie ait été la première à m’en parler. Puis j’ai appelé les parents de ma mère biologique, et je ne suis pas sûre qu’ils veulent de moi dans leur vie. Alors j’encaisse le coup, et j’ai cherché à trouver les informations ailleurs. J’ai eu le numéro de ma mère biologique. Et je l’ai beaucoup regardé, j’ai beaucoup hésité, c’est une grande étape. Et je sais que tous les enfants comme moi n’ont pas la même chance, la chance de pouvoir reconstruire le puzzle aussi vite.
J’ai rencontré ma mère, avec Léo. Et ce n’est pas vraiment la mère parfaite que j’aurais voulu rencontrer. Elle est seule, et toxicomane encore aujourd’hui. Et j’ai eu le coeur brisé. Elle était contente de me revoir, mais je ne connais rien de cette femme, rien du tout. Elle est si jeune, et elle n’a presque plus aucun lien avec le reste de la famille. Mais elle a voulu discuter, et moi aussi je le voulais. Et Léo était là, tout le long. Et je ne le remercierai jamais assez. Elle m’a dit que mon père était à Brisbane, et là, mon souffle s’est arrêté. Il est canadien, et maintenant, c’est un producteur de musique connu dans la ville. Mon père vit dans la même ville que moi, est ce que c’est vraiment possible ? Mais elle n’a pas trop voulu en parler Ava, toute cette histoire lui fait bien trop mal encore après toutes ces années.
Jack Epstein. Je répète ce nom dans ma tête depuis des jours, je passe mes nuits à faire des recherches et à regarder des photos. Je sais que je ne peux pas tenir comme ça trop longtemps. Et je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais je me retrouve devant l’endroit où il travaille. Est ce que je dois monter ? Je peux juste demander si il est là ? Juste le voir en vrai avant de m’enfuir vite et loin. “Bonjour, je m’appelle Molly Ivywreath, est ce que Jack Epstein est là ?” ça me fait tout drôle de prononcer son nom à voix haute. “Vous avez rendez-vous ?” Et je fais non de la tête alors que je le vois sortir de son bureau. Il est là, il existe vraiment.
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| | | | (#)Dim 10 Mai 2020 - 13:27 | |
| “Bonjour, je m’appelle Molly Ivywreath, est ce que Jack Epstein est là ?” “Vous avez rendez-vous ?” « Qui prend rendez-vous de nos jours de toute façon? »
Il se moque Epstein, le sourire espiègle au coin des lèvres, alors qu'il sort de salle d'enregistrement. Il a encore les idées qui tournent d'un sens comme de l'autre et il est épuisé ou du moins il devrait l'être assurément. À la place, il se sent revigoré, bien plus qu'il ne l'a été depuis de longs mois déjà. Faire face à un blocage de quelques jours était commun, tellement, quand on passait ses semaines à créer. Faire face à des mois de syndrome de la page blanche était aussi chaotique que crève-coeur, désespérant au point où il s'était retrouvé à rager contre ses instruments et contre ses paroles des heures durant. Il n'était jamais en colère Jack, il était toujours posé, calme, doux, toujours sauf pour ça. Jamais il n'aurait toléré laisser la situation s'envenimer, le voilà qui avait fait bouger les choses, un piano, une guitare à la fois.
Et enfin contre toute attente et à sa plus grande surprise, il avait réussi à sortir quelque chose de bon, de bien Jack. Il avait creusé dans ses anciens amours, était allé gratter des paroles et des mélodies qu'il n'avait pas touchées depuis des années, de souvenirs de roadtrip sur la côte ouest canadienne et autres voyages avec son band d'avant, qui aujourd'hui était dispersé à travers le globe. Un aller simple en ses souvenirs qui aurait bien pu le briser, et qui pourtant l'a définitivement inspiré.
Ses cheveux sont en bataille, son souffle est court, il a l'oeil qui brille et le sourire avec Jack. Quand il dégaine une clope de son éternelle paquet logé dans la poche arrière de son jeans, qu'il fait signe du menton à la brunette qui apparemment voulait le voir mais n'avait pas de rendez-vous. « J'allais sortir marcher - fumer - vous venez? » la cigarette se glisse entre ses lèvres, il joue nerveusement de son briquet datant de 20 ans au moins du bout des doigts dans l'attente de sa réponse. |
| | | | (#)Lun 11 Mai 2020 - 9:36 | |
| Je suis là, je suis vraiment dans le label de jack Epstein. Pourquoi je suis entrée ? Je ne sais pas vraiment, et pourtant, je continue d’avancer. Je ne sais même pas si je respire ou non, si mes pensées sont cohérentes ou non. Je secoue la tête, et prends mon courage à deux mains alors que je suis devant sa secrétaire ? Assistante ? Je ne sais pas du tout, encore une chose que j’ignore. Je demande si il est là, et on me demande de prendre rendez-vous. Je soupire, un peu déçue, jusqu’à ce que je le vois ouvrir la porte de son bureau pour venir vers nous. “Non mais je pourrai prendre rendez-vous et revenir plus tard.” Ou jamais. Je ne veux pas gêner, surtout pas. Alors je joue avec mes mains en baissant la tête comme une enfant de 10 ans certainement. Je ne sais pas comment me tenir devant lui. Est ce que j’ai le droit de débarquer à son boulot pour chambouler toute sa vie ? Même si la mienne a été chamboulé, je n’ai pas le droit de détruire sa vie. Il a peut-être une nouvelle vie, peut-être qu’il ne se souvient même pas de moi.
Il a l’air serein, il ne se doute de rien, et je me sens coupable de vouloir lui parler de tout ça. Je m’apprête à partir quand il s’éloigne, mais il me demande de sortir. Alors je hoche la tête et je le suis. Je crois que je n’ai jamais été aussi stressée de toute ma vie. Je souffle calmement en descendant avec lui. Qu’est ce que je dois faire ? Salut, je m’appelle Molly, je suis votre fille. Non, certainement pas. Je peux toujours faire la discussion pendant de très longues minutes avant de m’enfuir en courant pour qu’il ne puisse jamais me retrouver. Je l’ai vu non ? Je voulais juste le voir en vrai. Et il est bien plus impressionnant que ce que j’aurais pu imaginer. “Vous êtes sûr que je vous gêne pas ?” Je n’ai pas encore croisé son regard, je n’ose pas, je n’ose rien faire d’autre que marcher et aligner quelques mots de temps à autre. “Vous dirigez tout ça alors ?” Très intéressant Molly, continues de tourner autour du pot. Je pourrais presque me mettre à fumer à cet instant si ça pouvait calmer cette boule qui se forme au creu de mon ventre. Cette peur incontrôlable qu’il ne veuille jamais de moi, qu’il ne se souvienne même pas que j’existe.
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| | | | (#)Ven 15 Mai 2020 - 12:37 | |
| Elle le suit, il porte attention aux pas pressés qu'elle effectue la gamine. Si elle hésite au départ, la suite n'en est rien quand il sent sa silhouette désormais définitivement dans son sillage. Ça l'intrigue Jack, quand les gens sont stressés en sa présence. Le long fleuve tranquille qu'il est qui arrive pas à mettre le doigt sur le pourquoi - s'il y a bien une chose qu'il n'impose pas, c'est le potentiel d'être terrorisé. “Vous êtes sûr que je vous gêne pas ?”
Un sourire qui se dessine derrière la clope qu'il allume presque bien plus instinctivement qu'il respire. L'ironie est piquante. « Je t'aurais pas invitée à suivre si tu gênais. » il se veut rassurant Jack, il sent qu'elle en a besoin. S'il s'arrêtait deux secondes pour détailler ses traits il reconnaîtrait probablement bien plus que de grands yeux apeurés et un sourire gêné, mais il a abandonné le combat y'a tellement longtemps Epstein, qu'il n'ose même pas. Pourtant, elle est une copie conforme d'Ava.
“Vous dirigez tout ça alors ?” d'un main, il joue avec son paquet de clopes, le tourne au creux de sa paume de gestes lents, à peine précis, bien plus dissipés. « Parfois. » il rigole l'éternel rêveur à qui on a donné les clés d'un label, à qui on fait confiance pour diriger des artistes et leur donner l'assurance d'en grandir. « J'ai beaucoup d'aide - je fais pas ça tout seul. » mais il est trop modeste pour se donner tous les rôles et tous les crédits, quand bien même le studio n'était rien quand il l'a parti. Et aujourd'hui, se tient derrière lui tout en haut de l'immeuble sur lequel il s'appuie l'une des plus grandes fiertés de sa vie. « Tu chantes, ou tu composes? Tu produis? » qu'il tente, cherchant une raison à sa présence. Raison qu'il additionne des cigarettes qu'il lui tend, vivement impoli, la première bouffée prise depuis longtemps déjà. Il force pas. |
| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 8:14 | |
| Je respire, et je le suis. On descend, on va être que tout les deux. Je ne sais pas si ça me rassure ou si ça me terrifie. Il ne voit pas du tout qui je pourrais être, ça veut dire que je vais devoir parler. Je suis pas prête, pas quand je le regarde allumer sa cigarette alors qu’on se retrouve dehors. Je souris légèrement, apparemment je ne le gêne pas. Il a l’air gentil, je devrais me sentir plus à l’aise mais il y a toujours cette boule qui grandit dans mon ventre.
Je pose une question, j’essaie de faire la conversation alors que ma voix doit se casser tellement je suis stressée. Je fronce les sourcils en essayant de comprendre le parfois. “Parfois ?” Il n’est pas le directeur ? C’est pourtant ce qui était noté sur internet. “Oh oui d’accord.” Des gens qui travaillent pour lui, j’aurais dû y penser. Je passe d’un pied à l’autre, comme une enfant qui aurait quelque chose à se reprocher. Ce n’est pas compliqué pourtant. C’est juste une phrase, je suis la fille d’Ava. Il connait mon existence, elle me l’a dit. Elle m’a dit qu’elle lui a donné des nouvelles jusqu’à mes 4 ans. Mais c’était il y a plus de 20 ans déjà. Il me tend une cigarette que je refuse d’un signe de la main. Et la voilà la question qui me fait paniquer un peu plus. Qu’est ce que je fais là ? Pourquoi je voulais le voir dans son bureau ? C’est normal qu’il se pose la question, et j’aurais dû y penser avant. “Non aucun des trois.” Je baisse les yeux sur mes chaussures “Je…” Oui là c’est le moment non ? Je peux pas lui faire perdre son temps pour rien, c’est un homme occupé. Je ne relève pas les yeux, je cherche comment je dois formuler une phrase pareille. “Je connais Ava.” Et c’est là que je capte son regard. Est ce qu’il se souvient seulement de la jeune femme ? De son aventure de jeunesse ? Je n’en sais rien, et ce n’est pas comme ça que je voulais le formuler même si déjà je ne respire plus correctement.
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| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 9:24 | |
| “Non aucun des trois.” il devrait s'en étonner Jack. Il aurait toutes les cartes pour s'ill y accordait la moindre importance, à la méfiance qui jamais ne naît naturellement en lui. Il devrait hausser le sourcil, devrait peut-être même paniquer un peu. Il devrait questionner très certainement, il devrait arrêter de faire confiance à tout le monde, tout le temps. Il ne voit que les bons fonds, il les multiplie les secondes chances, il les imaginer rois du monde aux meilleures intentions. Il s'est fait avoir tant de fois déjà, et ça sera encore tant de fois le cas. Il apprend pas.
Pourtant il ne dit rien Epstein, toise à peine. La clope qu'elle refuse et le paquet retourne sagement dans la poche de sa veste de jeans. Le gars, il forcera pas, jamais, surtout alors qu'elle semble si mal à l'aise, si stressée. Si elle n'écrit pas, si elle ne chante pas, si elle ne produit pas, elle ne devrait pas paniquer à ce point-là. Si elle n'a rien à lui faire entendre, aucun démo à lui passer dans l'attente de ses commentaires, d'une potentielle signature, pourquoi est-ce qu'elle est triste à ce point? Dissipée? Il s'inquiète pour son moral à elle plutôt que de se demander ce qu'il en retournera de son moral à lui, ensuite - il évite, il sait sûrement un peu, au fond. Lâche qui attend, patient. “Je…” tu quoi? Il n'osera jamais demander, il ne veut pas la brusquer, la presser. “Je connais Ava.”
La cendre tombe, dramatique, de ses lèvres au bitume à ses pieds. Ses yeux à Jack, ils tombent de ses mèches brunes à ses yeux, son nez, ses lèvres, son sourire, même masqué par la peur. Évidemment qu'elle connaît Ava. D'où, il le sait, il le sait pertinemment. Mais il a arrêté de réfléchir Jack, de respirer avec.
« Comment elle va? » et comment tu vas, toi - depuis les 24 dernières années? |
| | | | (#)Sam 16 Mai 2020 - 9:42 | |
| Je parle pas beaucoup en général. Je préfère rester dans mon coin, ne déranger personne et faire ma vie. C’est peut-être pour ça que j’arrive même pas à formuler une seule petite phrase. Une phrase qui n’est pas longue, que j’ai répété des tas de fois quand j’ai marché jusqu’ici. Et j’ai réussi pleins de fois. Mais quand je me retrouve juste devant lui, je perds mes moyens. Je ne sais pas quoi faire, j’essaie de continuer à respirer normalement, mais il doit le voir que je suis stressée. Le monde entier doit voir à quel point je suis en train de paniquer. La clope qu’il allume me laisse quelques secondes de répit avant de devoir dire quoi que ce soit de plus. J’aurais pu fuir mais je ne le fais pas, je peux pas partir après tout ce que j’ai fait, après tous ces appels, ces trajets, j’ai pas le droit de renoncer si près du but. Et, si il ne veut pas de moi, je partirai, sans plus jamais le déranger. J’avais juste besoin de le voir, besoin de savoir.
Je connais Ava, ce n’est pas la phrase que j’avais tant préparé mais il peut comprendre, j’espère qu’il va comprendre. Je ne peux plus lâcher ses yeux, je suis terrifiée. Peut-être qu’il partira sans rien dire, peut-être qu’il va me hurler dessus. Les secondes sont beaucoup trop longue, mes mains sont moites quand je continue de jouer avec doigts. Sa question me perturbe quelques secondes, ça fait certainement 20 ans qu’Ava va mal. Est ce qu’il sait toute cette partie de l’histoire ? “Je pense qu’elle ne va pas vraiment bien.” Ma voix est presque un souffle tant ça me brise le coeur d’avoir vu ça. “Je l’ai rencontré il y a quelques jours… J’ai tout appris il y a 1 mois et…” Et quoi Molly ? “Elle m’a donné votre nom, je suis désolée de vous avoir déranger ici…” Je n’arrête pas de m’excuser, et je serai prête à partir d’ici dans la seconde si c’est ce qu’il veut.
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| | | | (#)Lun 18 Mai 2020 - 23:30 | |
| “Je pense qu’elle ne va pas vraiment bien.” Ava n'a jamais bien été. Ava était brisée, Ave avait une vie compliquée. Pendant longtemps il avait cru pouvoir la sauver, stupide et naïf Jack, éternel optimiste. Il avait voulu être là pour elle malgré les cris et les crises, il avait vraiment tenté et bien avant et au-delà de l'enfant qu'ils avaient mis au monde ensemble.
“Je l’ai rencontré il y a quelques jours… J’ai tout appris il y a 1 mois et…” enfant qui se tient le plus illogiquement du monde devant lui, maintenant. Il pourrait questionner Jack, il pourrait remettre sa parole en question ; il devrait sûrement. Certains lui diraient qu'elle est là pour l'argent, et la pauvre en finirait déçue. Certains diraient de ne pas faire confiance à ses grands yeux humides, à son air inquiet, à ses mots qu'elle cherchent - qu'elle ment sûrement, que le monde entier ment et que c'est spécifiquement ce qui l'a séparé d'elle pendant des années. On lui a menti en lui disant que tout irait mieux s'il sortait de sa vie, et pourtant, si elle est devant lui aujourd'hui, c'est que plus rien ne va. Je pense qu’elle ne va pas vraiment bien.
“Elle m’a donné votre nom, je suis désolée de vous avoir déranger ici…” mais il fait confiance Epstein, il fait tellement confiance qu'il laisse tomber sa clope, qu'il en oublie tout le reste, quand son bras passe le plus instinctivement du monde autour des épaules de la gamine qu'il a attendue toute une vie sans même l'assumer. Il soupire, contre ses cheveux à elle, ses mèches pueront la nicotine et il s'en voudrait presque, le père qui ne l'a jamais vraiment été. « Tu me déranges pas, Molly. »
Et au-delà de ne pas le déranger, c'est surtout la suite qu'il tente d'affirmer, l'une de ses mains se lovant contre le crâne de la brune, intrusive, intrusif. « J'ai attendu ça pendant très longtemps. » il a attendu, c'est ça qu'il a fait. Attendre et espérer ; quel lâche, quel raté. « J'aurais aimé que tu l'apprennes autrement. » il aurait aimé être là depuis le début, il aurait aimé qu'elle sache tout court et lui avec, si on lui demande. |
| | | | (#)Mer 20 Mai 2020 - 5:39 | |
| Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas comment me comporter ni comment il va prendre tout ça. Je débarque dans sa vie au bout de 28 ans d'existence. Il a peut-être autant peur que moi, je ne sais même pas si notre relation a un avenir ou si on va seulement se voir une fois avant de nous ignorer pendant encore 30 ans. Je m'inquiète et je ne le regarde pas, je n'arrive pas à relever mes yeux vers lui avant de lui expliquer ce que je fais vraiment là. Il peut lire des tas de choses dans mes yeux et je n'arrive plus à regarder ailleurs maintenant. Je ne respire plus, jusqu'à ce qu'il me prenne dans les bras. Je ne comprends pas bien ce qui se passe et je dois mettre de longues secondes avant de passer moi aussi mes bras autour de lui. Il ne me rejette pas et je ne pouvais pas être plus soulagée.
Je ne le dérange pas et je ne peux retenir un soupir de soulagement, il aurait pu hurler, il aurait pu vouloir partir en courant et oublier ce jour pour revenir à sa vie normale. Mais je suis dans ses bras et il n'a pas bougé. Je pose mon front contre le torse de mon père, c'est si difficile à imaginer encore. "Tu… tu savais vraiment que j'existais ?" et il y a des tas de pourquoi qui existent derrière cette question. Pourquoi on ne s'est pas croisé plus tôt alors qu'on vit dans la même ville, pourquoi il n'a pas réussi à me retrouver plus tôt, mais des pourquoi que je garde pour moi quand je profite encore de cette étreinte. "J'aurais aimé l'apprendre avant." parce qu'elle est là la fatalité, parce que j'aurais pu les connaître lui et Ava bien plus tôt. Je n'aurais pas rencontré mon père biologique à 28 ans, il n'aurait pas été un simple inconnu.
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| | | | (#)Mer 20 Mai 2020 - 12:25 | |
| Elle vient la question qu'il redoute depuis une vie, qu'il déteste déjà, qui rend sa langue pâteuse et sa salive amère. "Tu… tu savais vraiment que j'existais ?" « Depuis le début. » il peut pas lui mentir à Molly, et au-delà de ça, il ne veut pas lui mentir non plus. Elle mérite de tout savoir, elle mérite pas qu'il lui cache le moindre détail ni maintenant ni jamais. Son front à elle se pose sur son torse à lui, il devrait y aller en douceur Epstein, mais il a attendu tant d'années pour que sa main se loge contre la nuque de la gamine qu'il le fait de la plus rassurante des façons. Gamine qu'il ne croyait jamais pouvoir tenir contre lui - mériter connaître non plus.
Les et si pleuvent. S'il s'en veut pour tous les maux du monde Jack, il s'en veut encore plus pour tous les maux de Molly. "J'aurais aimé l'apprendre avant." il inspire. Elle sent la cannelle et les fleurs, elle sent bon quand lui pue la clope et l'encre des partitions nichée sous ses ongles. « Ava voulait pas mal faire. » c'est ce qu'il s'est répété pendant des années, au point où il le croyait presque ; aurait voulu le croire du moins.
« Elle est partie, t'avais 4 ans et - » il tente, il se perd dans ses mots, rage de le faire. Tout ce qu'il voudrait, ce serait de remonter dans le temps, de poser les bonnes questions au bon moment. De se battre plus fort encore, même s'il a l'impression d'avoir tout donné au point où aujourd'hui encore il en est épuisé. « - et tout le monde m'a dit que c'était pour le mieux. » pour toi. Tout le monde lui a dit que c'était le mieux pour Molly. Qui voudrait d'un père musicien, d'un père toujours en tournée, d'un père coké? |
| | | | (#)Mer 20 Mai 2020 - 23:00 | |
| J’ai l’impression d’avoir attendu ce moment toute ma vie. Alors que je ne connais l’existence de ce père que depuis quelques semaines. Mon front est posé sur son torse et je n’ai pas envie de me dégager pour le moment. J’ai l’impression que je pourrais m’écrouler si il me lâche. C’est lui, c’est vraiment lui. Il savait que j’existais, et il ne me rejette pas. Mais je continue de me demander pourquoi on ne s’est pas retrouvé avant. Je n’étais pas au courant mais lui il savait, est ce qu’il a essayé de me retrouver ? J’ai peur de cette question parce que je ne connais pas la réponse. Je soupire contre lui. “Tu voulais de moi ?” Pourquoi ils les ont séparé ? Est ce que lui s’est éloigné parce qu’il ne voulait pas de tout ça. Il était jeune après tout, ils avaient tous les deux 16 ans.
Il aurait aimé que ça se passe autrement, j’aurais aimé que ça arrive avant et mon coeur se brise encore un peu quand je sens dans sa voix qu’il s’en veut pour tout. Quand il n’y a pas une once d’énervement ou de jugement, quand à cet instant je sais qu’il aurait été parfait même si je le connais depuis seulement quelques minutes. “Elle était jeune, elle était perdue aussi, je lui en veux pas.” Mais je sais pas si on parle de la même chose. Je ne sais même pas si il est au courant de pourquoi il n’a plus eu de mes nouvelles après mes 4 ans. Est ce qu’il sait tout ce que j’ai traversé ou est ce que ça aussi on lui a caché ? Il cherche ses mots et je le laisse faire en fermant un peu les yeux. “Je suis désolée.” Je ne sais même pas pourquoi, je ne pouvais rien faire. Et pourtant j’ai envie de m’excuser pour tout ce qu’ils ont dû vivre à cause de moi et de mon existence. J’ai brisé la vie d’Ava, et peut-être aussi un peu celle de Jack. “Je voulais pas te déranger au travail j’avais… juste besoin de savoir si t’existais vraiment.” Et maintenant j’en ai le coeur net, j’ai un père biologique qui vit à Brisbane, un père que j’ai envie de connaître et que j’ai envie de laisser entrer dans ma vie même si on a 28 ans de retard.
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| | | | (#)Dim 24 Mai 2020 - 9:03 | |
| “Tu voulais de moi ?” « Oui. N'en doute jamais. » oh qu'il est présomptueux, à lui donner des ordres, lui qui n'a aucun droit de paternité sur elle, lui qui n'a aucune autorité non plus. Pourtant il supplie Jack, il espère surtout. Il en crèverait de la voir douter qu'il ne l'ait pas voulue, qu'il ait demandé à Ava de reconsidérer sa grossesse. Il n'a pas été parfait et il ne le sera probablement jamais, pourtant les 4 uniques années où on l'a autorisé à être présent pour Ava et Molly, il avait fait tout en son pouvoir pour être utile, pour être le meilleur de lui-même. Ça n'avait pourtant pas été suffisant.
Ils sont deux, à chercher le bon derrière tout ça, à tenter de voir où la morale de l'histoire ne blesse personne, où elle peut être adoucie quand rien de tout ceci n'a le pouvoir d'être autre chose qu'aussi tranchant qu'une lame de rasoir. Lame que Jack aurait dû dégainer qu'il pense, le con, réalisant à quel point ses joues doivent piquer d'une barbe désabusée de plusieurs jours dûe au fait qu'il ne quitte plus trop le studio depuis un long moment. Si les pannes d'inspiration le rongent, sa culpabilité de ne pas avoir été là plus tôt pour Molly l'achève. “Elle était jeune, elle était perdue aussi, je lui en veux pas.” ils auraient dû lui en vouloir, il lui en voudra peut-être lorsqu'il saura vraiment ce qui s'est passé, y'a 24 ans. Le kidnapping et l'isolement, tout ça il l'ignore Epstein, vaut mieux pour le moment. « Elle t'a toujours aimée mieux que je l'aurais fait. » et ça, il se l'est répété si souvent et de si nombreuses fois qu'il y croira peut-être, un jour.
La voix de Molly se brise et son coeur à Jack, il fait pareil. “Je suis désolée. Je voulais pas te déranger au travail j’avais… juste besoin de savoir si t’existais vraiment.” il a peur, il prend peur l'idiot, l'égoïste. Quand il resserre avec une douceur infinie ses bras autour d'elle, qu'il souffle à son oreille. « Pars pas. » il ne sait pas ce qu'il peut lui offrir de plus aujourd'hui qu'il n'a pas pu les années auparavant, il ne sait même pas s'il mérite qu'elle reste. Pourtant il ose, l'audace. Il n'a que ça. |
| | | | (#)Lun 25 Mai 2020 - 9:50 | |
| Il voulait de moi. Mon coeur se serre alors que je n’ai pas bougé, j’ai juste envie de relever mes yeux vers lui mais j’ai peur de craquer si je le fais. Je ne veux pas pleurer, je l’ai trop fait ces dernières semaines. Mais il voulait de moi, vraiment. J’aurais pu grandir avec mon père et on me l’a enlevé. Il aurait pu me voir grandir lui aussi mais on ne l’a pas autorisé, on devrait en vouloir au monde entier pour ça. Mais ce n’est pas mon genre d’être rancunière. Mais j’aurais aimé avoir le droit à ce moment là bien des années en arrière. On a loupé 28 ans, 28 ans qu’on ne pourra jamais rattraper. Mais on en a encore beaucoup devant nous des années à vivre ensemble. J’ai pas envie de le lâcher, il ne me lâche pas non plus et ça me rassure. Tout me rassure chez lui, tout me donne envie de lui faire confiance depuis la seconde où j’ai aperçus son visage. “Merci.” De ne pas me rejeter, de ne pas dire que j’étais une erreur.
J’aurais voulu que tout soit différent mais je ne peux pas me permettre de penser au passé. Alors j’essaie de sourire et de penser au moment qu’on est en train de vivre. Je l’ai retrouvé, et c’est ça qui est important. “Je pense pas.” Il aurait été parfait, je le sens, je l’ai vu dans ses yeux quand il a reconnu mon visage. “Je suis contente d’être là.” Je ne pense pas qu’il en doute, mais j’ai besoin de le dire. Il a l’air aussi perdu que moi et je le rassure à mon tour.
Je ne veux pas le gêner, l’empêcher de travailler, on est au beau milieu de la journée et j’ai déboulé sans même réfléchir. Je m’écarte de seulement quelques centimètres pour le regarder dans les yeux. Il me demande de ne pas partir, et je souris en posant de nouveau ma tête à l’endroit où elle était quelques minutes auparavant. “J’ai pas envie de partir.” Jamais, on ne se perdra plus jamais de vue. Mais j’avais promis de passer au refuge cette après-midi avant de retourner chez Léo. Est ce que je peux lui proposer de me suivre ? Est ce qu’il pourrait tout laisser ici pour pas qu’on ne puisse se quitter de l’après-midi ou de la nuit ? “Je dois passer à mon travail mais on peut passer toute l’après-midi et la soirée ensemble.” Je hoche la tête en levant de nouveau ma tête. “Mais t’as certainement du travail.” Et je ne veux pas qu’il laisse tout en plan pour moi même si je n’ai pas envie qu’on se sépare déjà.
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| | | | (#)Lun 1 Juin 2020 - 9:53 | |
| La scène aurait tout de tragique, s'il se raccrochait aux souvenirs qu'il n'a jamais vraiment pu accepter Jack, jamais vraiment pu assumer. Il tremblerait, il sentirait son coeur se serrer, il serait à même d'en avoir le souffle brisé s'il se laissait aller à toute la culpabilité qui a point dans son esprit au fil des années sans avoir la moindre nouvelle, sans ne pouvoir rien faire.
“Je suis contente d’être là.” mais elle adoucit tout Molly, elle adoucit tout et elle sent les épices, les jardins sauvages. Il s'est toujours dit qu'elle arborerait ces parfums-là en plus, il se l'était soufflé à l'oreille entre une nuit et une autre à se demander si elle allait bien, si elle était heureuse au moins. “J’ai pas envie de partir.” « On part pas, alors. » il insiste, il reprend ses mots à lui et désormais ses mots à elle. Plus personne ne part.
“Je dois passer à mon travail mais on peut passer toute l’après-midi et la soirée ensemble.” et pourtant, la voilà qui se dégage d'une poignée de centimètres à peine, la promesse déjà cassée. “Mais t’as certainement du travail.” il sourit pourtant Jack, laisse échapper un rire, un brin nerveux, surtout soulagé. Le timing est merdique et ils viennent d'être dramatiques à deux, à se promettre de rester, quand déjà ils s'envolent. Mais elle veut qu'il suive ; il n'aurait jamais pensé pouvoir faire autrement. Son bras se resserre un peu plus autour d'elle, il lui ébourifferait les cheveux s'ils avaient plusieurs autres années au compteur et qu'il n'avait pas l'impression d'avoir manqué une vie à ses côtés pour assumer le faire.
Pour l'heure, Jack ne se contente que de sourire. C'est doux, ça l'est vraiment. « Rien que je peux pas traîner avec moi. » ses partitions suivront, son carnet de notes aussi. Il ne les dégainera probablement pas, mais il les amènera au cas où. Il la suivra partout. |
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