(bayside > Lone Pine Sanctuary) “Ginny, arrête de ronger le bandeau, t’auras à manger là bas c’est promis.” Je râle déjà à peine montés dans la voiture, l’idée de lui faire une surprise qui a déjà été rangée dans la partie ‘mauvaises idées’ de mon cerveau. L’intention est bonne, j’en suis persuadé, mais j’ai encore à m’améliorer pour trouver des manières de la calmer alors qu’il n’y a que cinq minutes de trajet à peine, pourtant. Sans doute que lui demander de se taire et d’ajouter à tout cela un bandeau sur les yeux n’arrange rien, j’en conçois. Pour peu on risque de la prendre pour la victime d’un kidnapping et je ne ferai rien pour le nier tellement l’idée m’amuse déjà.

En parallèle pourtant la journée est déjà prévue pour être aussi parfaite que merveilleuse. On aurait dû vivre ce moment il y a longtemps déjà mais nos emplois du temps sont bien trop remplis, bien trop éclatés entre diverses partie du monde aussi. On s’est déconstruits et réparés depuis mars sans jamais trouver le temps de réellement se poser et de simplement profiter de l’instant présent. Aujourd’hui c’est le cas, aujourd’hui c’est enfin le cas. Il n’y a pas à s’occuper de la galerie, il n’y a pas à s’occuper d’aucun cours, Noah est à l’école et Pizza doit être en train de se dorer la pilule au soleil. On échappe un temps à le vie d’adulte pour profiter de celle de gamins qu’on a cessé de fuir à chaque jour qui passait. Une journée et une seule, c’est finalement tout ce qu’on demande et c’est aussi ce que je lui offre, nos téléphones rangés dans la boîte à gants de la voiture et bien loin d’être prêts à en ressortir. “C’est pas un mauvais plan cette fois-ci.” Je lui ait fait miroiter l’idée pendant tout le trajet, répondant à son millier de questions par quelques mots à peine, toujours plus louches les uns que les autres. Mais aujourd’hui il n’y a rien de mauvais, il n’y a rien de tordu, il n’y a pas même aucune mauvaise blague. “Okay en vrai je fais juste des tests pour savoir combien d’heures par jour je peux te bâillonner.” Incapable de m’arrêter, je rajoute une dernière blague, fier comme un paon alors que je gare enfin la voiture et coupe le moteur. La brune ne voit, normalement, toujours rien et j’ose espérer qu’elle ne se fiera ni à son odorat ni même à son ouïe puisque je risque d’être bien vite démasqué.

Ouvrant la portière de sa porte, je me rends compte qu’une Ginny les yeux bandée est toute aussi gauche qu’une Ginny normale et que par conséquent, je sais totalement quels obstacles éviter et quels tracas du quotidien vont devenir montagnes à ses yeux. Je fais passer ses mains autour de mon bras et deviens son guide dans ce monde qui n’a rien d’inconnu ni même d’hostile. “McGrath-Williams.” Je nous annonce ensemble, grogne au moment de prononcer le nom de famille qui est le sien, rage encore plus sûrement au moment de prononcer le mien. “T’as le droit d’enlever le bandeau seulement si tu arrives à compter à rebours à partir de cinq. En italien.” Une barrière devant elle l’empêche d’avancer davantage, mes lèvres portées à son oreille résonnent de moquerie. “L’Espagne ne fait toujours pas partie de l’Italie, par ailleurs.” Mon sourire s’élargit et mes yeux brillent pour mille et une raisons.

“Ginny, arrête de ronger le bandeau, t’auras à manger là bas c’est promis.”
« Ça goûte un peu tes céréales et c'est le seul truc indirectement sucré auquel j'ai le droit regarde-moi bien ronger le tissu pendant toute une vie maintenant. »

Il a au moins eu la décence d'ouvrir les fenêtres de sa voiture Auden. Mes pieds nus appuyés sur le rebord le font sûrement paniquer, lui qui craint qu'un s'arrache sur le chemin. Pas parce qu'il a peur que j'ai mal mais bien sûr qu'il est terrorisé que je le lui fasse savoir pendant mille ans, autant en criant d'horreur qu'en tachant tout ce à quoi il tient de litres de sang. Nos mardis après-midis sont bien meilleurs que les vôtres, essayez même pas de comparer.

“C’est pas un mauvais plan cette fois-ci.”
« Cette fois-ci. »

J'insiste, j'inspire, immense sourire sur les lèvres, lèvres gercées maintenant d'avoir trop posé de questions. Il a dit que je devais me taire et comme il me connaît par coeur mieux que quiconque et mieux que moi-même, il savait aussi que c'était là le meilleur moyen pour que je me transforme en insatiable moulin à paroles. Et dire qu'il m'a épousée deux fois, le gars. C'est pas avec moi qu'il est tortionnaire, mais bien avec lui-même.

Le moteur ralenti, la voiture finit par s'immobiliser. Je soupçonne qu'il a accéléré sur la fin parce que j'en étais à organiser avec moi-même une séance de karaoke sur les plus grands classiques de Disney, et qu'il y aurait légitimement jamais survécu. J'ai aucune, mais absolument aucune idée d'où nous sommes, d'où il m'a emmenée, et de ce qu'il veut garder secret quand ça bien longtemps qu'on en a plus entre nous, des secrets. “Okay en vrai je fais juste des tests pour savoir combien d’heures par jour je peux te bâillonner.” « Pas voir ça me dérange pas du tout parce que j'ai décidé que maintenant t'étais mes yeux. Embracing the kidnapping. » je raille, hilare, en totale confiance, ma silhouette qui s'accroche à la sienne quand je gambade sur la terre et qu'il doit lui-même re-lasser les lacets de mes Converse parce que je vois pas je pourrai pas le faire oh trop désolée Auden, vraiment. « Dis-moi tout ce que tu vois sinon je crie. » le parallèle est fun, quand je lui chuchote à l'oreille de la plus douce des façons, la menace de crier qui n'est pas du tout à prendre au sérieux tellement j'y ajoute quelques baisers envolés contre sa nuque. Il est l'enfer et il m'a montré comment l'être moi aussi.

“McGrath-Williams.” de ses bras, mes mains ont fini par dériver à l'une des siennes, l'encerclant le temps de jouer avec ses alliances, d'y faire tinter les miennes. « Tu vois quoi tu vois quoi tu vois quiiiii? » “T’as le droit d’enlever le bandeau seulement si tu arrives à compter à rebours à partir de cinq. En italien.” au creux de son épaule je pouffe de rire de nouveau. Autour de nous, ça s'active, j'aurais entendu et j'aurais su où on était, si je m'étais appliquée. Faut croire qu'à la seconde où Auden est dans le coin mon attention entière et complète est toujours rivée sur lui. Les habitudes restent. « Ah bah voilà, maintenant que je veux garder le bandeau toi tu veux me l'enlever - tu fais moins le malin, McGrath-Williams. » il fait moins le malin mais il se détache aussi, et je passe très proche de tituber et tomber, me rattrapant à un panneau miraculeusement posé devant nous. Ou est-ce que c'est une clôture?

“L’Espagne ne fait toujours pas partie de l’Italie, par ailleurs.”
« Uno - ça c'est pareil. » je commence, bonne élève, le frisson de son murmure qui taquine mon échine.
« Dueeee. » je revois ses notes de cours, le même exercice qu'il fait passer à ses petits loups en début de cursus quand après quinze ans j'ai encore du mal.
« Tre -sssss. » l'espagnol ressort, pardon, donde esta mes excuses.
« Quatttttrrrro. » j'insiste sur le r, redresse le menton, bourrée d'assurance avant la chute.
« Cinque - lui il est difficile. » mais pourtant, j'y arrive, je m'y applique, une longue seconde plus tard.

Une longue seconde qui me donne le temps de revoir mes priorités. « T'avais dit qu'il y aurait à manger ici ou j'ai halluciné? » je suis même certaine qu'à travers du bandeau il arrive à voir mon regard briller. D'ailleurs. « Tu vois quoi, à manger? »

Ne répondre à aucune de ses mille interrogations est sans doute l’un de mes jeux préféré sur Terre, encore plus maintenant alors que je vois ses lèvre se retrousser peu à peu, signe ultime qu’elle commence à bouder. Cela ne dure jamais bien longtemps, pourtant, alors qu’un peu de curiosité finit toujours par la piquer au vif et que tout est remis à zéro la seconde qui suit. Son italien est plus que bancale pour une personne qui a passé presque quinze années collé à un natif, je pense finalement qu’elle n’a retenu que les mots clés c’est à tire tiramisu et panacotta. Avec ça, elle peut sans aucun mal faire un road trip dans mon pays natal, à n’en pas douter. « T'avais dit qu'il y aurait à manger ici ou j'ai halluciné? » Je rigole un instant et la pousse du bout des doigts avant de me rappeler de la précarité totale de son équilibre maintenant qu’elle a les yeux bandés et de la rattraper in extremis. “Hein ? Quoi ?” Je feins celui qui n’a pas entendu, mon sourire toujours bien plus grand que le sien - je le sais parce qu’il est visible, je le sais aussi parce qu’elle n’aura jamais aucune preuve du contraire. « Tu vois quoi, à manger? » Mes yeux la quittent pour de nouveau surplomber la barrière, le jeu qui m’amuse déjà parce que je sais que jamais elle ne sera capable de deviner ce que je vois.

“Je voiiis. Des griffes acérées comme des harpies - comme Jillian, genre.”
“Un nez aussi long que Bailey pour se mêler de ce qui ne le regarde pas.”
“L’odeur de Matt, sûrement. Ou de Ezra. J’arrive jamais à différencier les deux ; mais ça pue.”
“Beaucoup de poils, genre comme le balais que Noah n’utilise absolument jamais dans sa chambre.”
“L’oeil aussi vif qu’Allan, c’est à dire pas du tout.”
“Aussi long que le mari de Bella est grand, tu vois genre le gars qui a crack tous les codes de triche de la planète.”
“Je peux pas te dire sa couleur, là je vais passer pour un raciste et ça en plus de tout le reste ça commence à faire vraiment beaucoup.”
“Les marques d’une épaule à l’autre font penser à un bavoir, le même qu’aura Auden Junior.”
“Tu parlais de nourriture mais je suis certain que, bien grillé, ça pourrait avoir un goût de poulet.”

Les indices accompagnés de réponses plus ou moins douteuses n’en finissent pas et pourtant à aucun instant elle ne récolte la bonne réponse. Ce que je récolte en parallèle sont pour ma part les regards les plus noirs possibles de la part des soigneurs en tout genre. Allez savoir s’ils ragent pour l’odeur, pour l’oeil tout sauf vif, pour la queue et ses poils de balais ou pour le fait que ça ait un goût de poulet - est ce qu’ils ont déjà essayé, eux, au moins ? “Bon t’as perdu ça fait un point pour moi. C’était un tamanoir, c’est super facile t’es vraiment nulle à ce jeu, normal que je gagne tout le temps.” Les mots s’enchaînent en quatrième vitesse alors que je lui défais enfin son bandeau, le noeud à l’arrière de ses cheveux s’étant mêlé à ses derniers pour former un tout indigeste et surtout indémêlable. Je me contente finalement de le lui relever sur le front, ce qui m’offre toujours l’opportunité de lui reposer sur les yeux lorsqu’on approchera des stands de bonbon. “C’est derrière toi, la vraie surprise, au fait.” J’annonce enfin, sûr de moi, doux sourire sur les lèvres.

“Je voiiis. Des griffes acérées comme des harpies - comme Jillian, genre.”
« Quand elle met son vernis à ongles bizarre qui pique? »
“Un nez aussi long que Bailey pour se mêler de ce qui ne le regarde pas.”
« Il est pas si pire ces temps-ci. »
“L’odeur de Matt, sûrement. Ou de Ezra. J’arrive jamais à différencier les deux ; mais ça pue.”
« T'es l'enfer, et je t'aime. »
“Beaucoup de poils, genre comme le balais que Noah n’utilise absolument jamais dans sa chambre.”
« Ça ira pas en s'améliorant ça. »
“L’oeil aussi vif qu’Allan, c’est à dire pas du tout.”
« J'ai envie de brownies maintenant. »
“Aussi long que le mari de Bella est grand, tu vois genre le gars qui a crack tous les codes de triche de la planète.”
« Il me fait peur, t'as vu l'autre jour on voyait sa tête dépasser de derrière la haie - sa tête, au com-plet! »
“Je peux pas te dire sa couleur, là je vais passer pour un raciste et ça en plus de tout le reste ça commence à faire vraiment beaucoup.”
« Je t'ai dit que je t'aimais? »
“Les marques d’une épaule à l’autre font penser à un bavoir, le même qu’aura Auden Junior.”
« Ah non là je ne t'aime plus. »
“Tu parlais de nourriture mais je suis certain que, bien grillé, ça pourrait avoir un goût de poulet.”
« Oublie les brownies, je veux des frites. »

“Bon t’as perdu ça fait un point pour moi. C’était un tamanoir, c’est super facile t’es vraiment nulle à ce jeu, normal que je gagne tout le temps.” je souffle, soupire, et souffle encore pendant qu'il tente de défaire le bandeau et/ou de m'arracher tous les cheveux de sur la tête c'est selon. Ma silhouette faisant un tour et une autre sur elle-même, c'est presque étourdie que je me raccroche autant à lui qu'à un panneau à côté, complètement hilare de la scène que je n'ai même pas pu voir encore. “C’est derrière toi, la vraie surprise, au fait.” le soleil me brûle les rétines et j'ai besoin par plusieurs fois de battre des paupières pour me réhabituer à la lumière. « Si c'est encore une pile d'ordures sur laquelle tu vas menacer de me pousser je - » le temps de bailler, le temps de l'embrasser, le temps de le menacer aussi, avant de suivre le plan et de m'assurer de regarder dans le bon sens, celui où je sais déjà à 99,9% que je risque de retomber sur une autre de ses énièmes mauvaises blagues, celles qui me font grogner une seconde et rigoler quinze autres.

Jusqu'à ce que mes yeux tombent sur la plus mignonne créature de l'histoire de l'humanité après Noah bébé quand il se réveillait avec les yeux collés. « Oh, oh, oh, oh, ohhhhhh c'est lui?! » lui, comme Pinky, lui comme notre filleul koala, lui comme la pauvre bête qui devra faire face à mes décibels bien trop hauts bien trop agressants pour le reste de sa vie.

Les soigneurs qui nous suivent en ont déjà marre de mes blagues et de mes remarques, je les vois lever les yeux au ciel à la moindre remarque enfantine de Ginny. Ils nous détestent et ce n’est que le début, ils ne savent pas encore que pour le moment on est quand même super sages et super disciplinés et surtout qu’il n’y a aucun Noah dans nos pattes hurlant pour voir chacun des animaux présents - parce qu’ils voudra tous les voir, c’est certain. « Si c'est encore une pile d'ordures sur laquelle tu vas menacer de me pousser je - » elle bla bla bla parce qu’elle me connait trop bien et qu’elle sait toutes les mauvaises blagues du monde dont je suis capable mais elle regrettera bien vite le moindre de ses reproches lorsqu’elle aura posé les yeux au bon endroit.

Ses yeux, d’ailleurs. Ils brillent et ils ne savent plus où se poser, ils oscillent entre le koala et moi et vont de pair avec sa bouche grande ouverte que je lui referme en passant mon index sur son menton. Ses dents claquent doucement, mon sourire s’agrandit. « Oh, oh, oh, oh, ohhhhhh c'est lui?! » J’hoche la tête de la positive avant de lui montrer la marche à suivre, mes mains fièrement rangées dans mes poches alors qu’elle se la joue déjà pile électrique dans mon dos et partout à côté de moi. Je ne sais pas pourquoi je parlais de Noah alors que c’est évident qu’elle est tout aussi débordante d’énergie que lui si ce n’est même pire.

On passe de la rambarde d’un enclos à un autre, avançant pas à pas pour ne pas qu’elle me fasse une crise cardiaque un peu trop vite. Il a un immense enclos rien que pour lui, le petit gars, avec des plantes qui donneraient presque envie d’être un koala tellement elles ont l’air incroyablement géniales. “Je te présente Pinky Williams.” J’improvise un sourire de merde et me ravise que son second prénom est ‘Auden’, venant placer un bras autour de ses épaules tant pour la ramener contre moi que pour l’étouffer - il y a une version officielle et officieuse, à vous de choisir laquelle est laquelle. “Noah pourra venir lui aussi mais je voulais qu’on soit seuls pour la première fois.” Il y a deux mois déjà qu’elle sait qu’elle parraine un petit animal mais jusque là elle ne l’avait vu que sur un papier de merde, il était grand temps qu’elle se rende compte qu’il existe réellement et pas seulement pour me faire gagner le concours du meilleur cadeau.

Mes lèvres glissent à son oreille, secret qui n’appartient qu’à nous. “On pourra lui donner les prénoms qui ne rentreront plus sur l’acte de naissance du bébé.” Les listes de prénoms sont à dénombrer au pluriel et tant pour une fille que pour un garçon il y en a bien trop à dénombrer. Je ne fais qu’offrir des solutions, après tout.

L'univers était cool, en vrai, avant. J'avais un fils enfin en santé, un bébé on the way, j'avais dit oui deux fois à l'homme de ma vie et je le lui aurais dit une infinité d'autres aussi. La vie était vraiment cool, je jure.

“Je te présente Pinky Williams.” mais là, elle devient tellement hyper méga géniale exposant un milliard que j'arrive même pas à me contenir. J'ai envie de sauter et de sourire et de rire et de crier et de répéter le tout dans tous les ordres et de toutes les façons possibles - mais il reste un tout petit, micro, minuscule point à régler avant de passer à la danse improvisée. « McGrath-Williams. » l'annulaire serti que j'agite sous son nez, j'exagère parce que j'en ai rien à faire de mon nom de famille et lui probablement pareil avec le sien, n'en reste que pour l'embêter chaque jour au mieux je dois varier les techniques et les idioties. Pour aujourd'hui c'est ça, pour demain j'ai pas encore décidé.

Je suis d'une attention impeccable quand je mime à la lettre toutes les procédures, mes pas suivant l'ombre d'un Auden presque sérieux à qui je vole presque aucun baiser heureux. “Noah pourra venir lui aussi mais je voulais qu’on soit seuls pour la première fois.” « Il va rager s'il sait. J'ai déjà hâte de lui dire. » je ricane, contre les lèvres de celui qui détient le record des meilleurs cadeaux d'anniversaire depuis presque 15 ans déjà, et qui le sait beaucoup trop pour ne pas s'en vanter à tout bout de champ.

Lui, il dérive maintenant, quand mes yeux restent vrillés sur la boule de poils que je paierais cher pour kidnapper et ramener vivre à la maison dès que qui que ce soit regarde ailleurs. J'en parlerai à Auden, qu'il distrait les foules, si j'arrive pas à me raisonner au sens où vouloir kidnapper un koala rescapé est probablement un crime passible d'aller directement en enfer ou de ne jamais avoir droit à la dernière frite du lot. L'horreur. “On pourra lui donner les prénoms qui ne rentreront plus sur l’acte de naissance du bébé.” je pouffe de rire, un peu parce que son souffle sur ma peau me chatouille encore même si j'ai toute l'expérience du monde pour m'y habituer, surtout parce que « On va tout le temps mélanger l'ordre quand on va l'appeler, ça va nous prendre mille ans pour qu'il vienne. » c'est l'enfer choisir un seul nom.

« Comment est-ce qu'on peut faire, pour lui dire qu'on l'aime? » mes doigts se sont enserrés entre ceux d'Auden quand je le force à rester une seconde une seule de plus contre mon dos. Ses bras se lovent contre ma taille, son menton martyrise ma nuque, il doit détester autant qu'adorer, il doit rager, il doit vouloir aller vaquer à mille autres occupations et il pourra, d'ici une question ou mille. « Est-ce qu'il va se rappeler de nous la prochaine fois? » la guide hoche de la tête de la positive, je ne suis pas confiante au point de vouloir passer ma vie ici à partir de maintenant juste pour être sûre. « Il baille autant que toi. » Pinky et sa mâchoire qu'il disloquerait presque, avant de mâchouiller l'air, endormi. Mon coeur fond. « Et il mange aussi mal que moi. » les pauvres feuilles qu'il gobe goulument, ça, c'est clairement un trait que je lui aurais passé s'il était notre gamin. D'ailleurs. « Tu penses qu'il va bien s'entendre avec le bébé aussi? »

On est horribles à rester figés devant son enclos et le regarder comme s’il était venu d’une autre planète alors qu’il est finalement loin d’être le premier koala qu’on rencontre. Il est cependant le premier qu’on parraine et je vous assure que ce simple détail remet tout en cause dès lors qu’il existe. Elle est au courant de la chose autant que moi et nous n’avons plus besoin de le préciser désormais. Il fait partie de la famille à sa manière, maintenant. Il a un prénom tout aussi douteux que Pizza le chien alors j’imagine qu’il match d’autant plus pour les futurs portraits de famille.

« Comment est-ce qu'on peut faire, pour lui dire qu'on l'aime? » “On l’aime ? Nan, moi je l’aime pas. C’est plus à la mode ce genre de trucs, de toute façon.” Mais la seconde d’après, la donne chance et j’arrête de faire des bruits de bouche à son oreille et d’appuyer de mon menton contre son épaule simplement dans l’espoir de lui coincer un nerf. « Tu penses qu'il va bien s'entendre avec le bébé aussi? » Cette fois ci j’arrête de la considérer comme une poupée de forme humanoïde dont le seul but serait de la martyriser de tous les moyens possibles et j’affiche le plus grand et le plus heureux sourire qui soit. Elle ne verra peut être pas celui là mais elle a vu des milliers avant, elle en verra encore bien d’autres après. “Tu veux qu’on lui présente ? Ils pourraient déjà commencer à devenir amis.” Mes mains viennent arranger ses cheveux et lui dégager le visage avant que mes lèvres ne viennent se poser à l’arrière de son crâne - et que je comprenne encore une fois pourquoi mes shampooings se vident deux fois plus vite que les siens.

Mon regard finit par dériver vers les soigneurs, lesquels nous font signe d’avancer. Mes doigts viennent chercher ceux de Ginny seulement pour m’assurer qu’elle ne commence pas à courir dans tous les sens. Je ne sais pas qui du koala ou d’elle sera le plus fasciné de rencontrer une autre espèce, vraiment. “Pense à fermer la bouche.” Le gently reminder que je glisse à son oreille en souriant alors qu’on se dirige vers l’entrée de l’enclos. C’est apparemment le genre de chose qu’on peut faire en étant des parrains et rien que pour ça, j’ai envie de faire la même chose avec tous les animaux du zoo - même le tamanoir qui ressemble à tous mes ennemis. “Ils amènent sa nourriture dans cinq minutes, d’ailleurs.” Parce qu’on peut aussi lui donner de la nourriture et que mon sourire ne fait que s’agrandir.

“Tu veux qu’on lui présente ? Ils pourraient déjà commencer à devenir amis.” on est idiots, on est ridicules, on est heureux aussi, en même temps et pour la même chose ; et ce serait probablement risqué de m'en réjouir. De peur qu'on me l'enlève ce moment-là. Qu'on m'enlève tout ça. Et pourtant y'a rien qui m'effraie, quand mes doigts s'enserrent aux siens une seconde, les pincent la suivante. La vie peut être simple parfois, elle peut être facile aussi. On se le prouve un peu plus chaque jour maintenant. « Va falloir lui apprendre des mots en italien à lui aussi. » j'en profiterai pour revoir mes bases même si entre vous et moi mon espagnmon italien est parfaitement correct. Aheum.

C'est le moment qu'on attendait impatiemment au point de parler plus vite qu'on respire ; mes pas suivent sagement ceux de la guide qui nous amène dans l'enclos, les hautes herbes me chatouillent la peau et les expirations bourrées de sourires niais d'Auden n'ont meilleur d'écho que les miennes. “Pense à fermer la bouche.” « Oui, oui, je ferme la bouche promis, je - » la promesse s'envole quand Pinky se promène d'un arbre à l'autre, quand il s'y accroche et que je suis à court de awwwww et de onnnnhhh. À un moment même, je tente de retenir les sons, en viens à sentir mes joues rougir sous l'effort, un rire qui sort avant que je ne m'y remette. Ça devrait pas être autorisé d'être aussi adorable.

Auden explique et il m'enrage pendant une maigre seconde, de voir à quel point il est relax quand je fais tout pour ne pas hyperventiler. Je le déteste, l'homme de ma vie. “Ils amènent sa nourriture dans cinq minute, d’ailleurs.” « C'est quoi son truc préféré? » ma tête se détourne vers la guide, m'assurant qu'elle me partage tous ses trucs pour être certaine que Pinky me préfère à lui, me préfère à l'univers en entier s'il le faut. L'inverse est toute aussi vraie. « Je porte son nouveau meilleur ami c'est moi qui le lui donne. » que je nargue, immense sourire aux lèvres, une immense branche d'eucalyptus entre les mains quand j'approche en douceur du koala le plus cool de la planète, mon offrande tendue sous ses yeux. Bien vite ma silhouette se détourne par contre, le volteface vers Auden que j'effectue en vitesse, surprise de mes propres mots. « J'ai dit "son". » est-ce que ça veut dire qu'on va avoir un garçon? Est-ce que je suis devenue devin, à force d'y croire à chaque fois où je lui invente son horoscope du jour tous les matins?

Elle a promis de fermer la bouche et la seule chose qu’elle a fait, c’est de la garder ouverte tout le long de notre avancée dans la jungle amazo-tropico-pleines-de-bestioles-j’en-suis-certain. Pinky est mignon, Pinky est cool parce qu’on est ses parrains mais par contre Pinky devrait vraiment revoir son lieu d’habitation à la hausse parce qu’ici cela ne ressemble en rien à quelque chose que j’aime. Ginny repasse la liste des voyelles dans l’ordre alphabétique et recommence dès lors qu’elle en a fait le tour, martyrisant mes doigts au passage alors que je suis bien trop occupé à vérifier qu’il n’y ait pas d’araignées pour en avoir quoi que ce soit à faire.

« C'est quoi son truc préféré? » “La chair du corps de mes victimes. Quand le congélateur de la cave est plein. Et celui de la cuisine aussi.” Quoi, comment ça les koalas ne mangent que des eucalyptus et des trucs à base de feuilles et seulement de feuilles ? N’empêche que je trouve que cela aurait été pratique s’il pouvait en effet cacher les preuves de mes crimes de ci de là. Je pourrais par exemple lui donner en pâture la soigneuse qui me prend pour la réincarnation d’Hannibal Lecter, celui là même qui lui coupe la parole alors que la question lui était adressée. « Je porte son nouveau meilleur ami c'est moi qui le lui donne. » L’argument est imparable et c’est injuste, c’est complètement de la triche parce que s’il s’agissait de simplement porter un enfant pendant neuf mois avec tout ce que cela signifie aussi alors ouais, bien sûr que je l’aurais fait pour donner à manger à mon koala et … ouais, non, ok, ça va, donne le lui ta feuille. « J'ai dit "son". » Je souris un peu plus encore et de nouveau gomme la distance entre nous, viens passer une main dans son dos alors que de la seconde je relève un peu plus la feuille pour Pinky. Lui qui tente en vain de l’attraper dans le vide de ses petites pattes, le pauvre, il passe toujours second dans l’ordre des priorités (et entendons nous bien que il est premier et que je finis bon dernier du podium). “Si t’avais parlé d’enfant licorne je me serais inquiété.” Mes lèvres viennent se poser sur sa tempe alors que je la serre un peu plus contre moi, heureux qu’elle se projette autant avec notre enfant. Pour autant je ne veux pas qu’elle se sente mal de quoi que ce soit, le premier trimestre étant encore loin devant nous et décembre ressemblant à quelque chose comme une éternité. “Mais si c’est vraiment un il, tous tes arguments tombent à l’eau contre ‘Auden Junior’.” J’échange un rire étouffé pour un second, Pinky vivant sa meilleure vie de koala bien dodu vivant dans ce qui semble être son paradis et mon enfer. “T’avais le même ressenti pour Noah ?” J’étais pas à ses côtés au bon moment pour lui poser la question, à l’époque. Le seul animal qu’on aurait pu parrainer était la souris du cours de biologie. Avant qu’ils ne le dissèquent, j’entends.

Il a rien dit sur le congélateur dans ma maison à moi et tout à coup c'est comme si je réalisais qu'il enterre probablement les os de ses victimes dans mon jardin, et probablement même tout autour de la piscine. C'est donc pour ça que Pizza vient toujours de mon côté de la cour extérieure, et pas parce qu'il me préfère. Et le drame de ma vie est là bien fort et bien tangible. Alors je distrais Auden de la branche d'eucalyptus qui lui chatouille le nez, lui provoque probablement déjà mille allergies et toutes autant de chances de lui crever dramatiquement un oeil. Ses remontrances sont étouffées d'un baiser et de plusieurs autres, maintenant que Pinky nous fait une petite place dans son salon naturel à base d'arbres gigantesques et de feuilles auxquelles il s'agrippe comme un champion. On parraine vraiment le meilleur koala d'entre tous, c'est dit.
 
“Si t’avais parlé d’enfant licorne je me serais inquiété.” non, ça c'est ce dont on parlerait avec Lily. On aurait même poussé le pari plus loin en me gavant de fairy bread pendant toute la grossesse si elle savait et si j'avais pu, en espérant qu'il naisse avec de la peau à paillettes comme ont les vampires dans les films des milléniaux. J'ai encore dit il. “Mais si c’est vraiment un il, tous tes arguments tombent à l’eau contre ‘Auden Junior’.” « C'est dommage parce que je voulais vraiment entendre ta nouvelle vague d'arguments pour Audenne la fille. » ses bras se sont depuis longtemps lovés autour de ma taille quand ma joue s'appuie sur la sienne un temps. Je fronce du nez, autant pour les tentatives nombreuses et variées qu'il mettra en place pour subtiliser le certificat de naissance et le falsifier au nom de son choix que pour la question qui suit. “T’avais le même ressenti pour Noah ?”

J'inspire, laisse mes iris suivre le profil ravi de Pinky, ses yeux globuleux qui auraient tout pour terroriser qui que ce soit la nuit mais que j'admire comme s'il s'agissait d'une des merveilles du monde. « C'était pas pareil pour Noah. » que je tente, doucement, choisissant mes mots pour une époque si chaotique que j'en parle volontairement le moins possible. « J'ai plutôt ressenti des nausées pendant presque toute la grossesse, je pouvais pas ressentir rien d'autre. » ça, et l'impression d'avoir été arrachée à un univers en entier. C'était pas le meilleur ressenti possible, si vous en doutez.

Je savais la question difficile pour autant elle n’est pas une enfant à protéger et j’ai aussi besoin de savoir ce qu’il s’est passé dans sa vie avant pour mieux savoir comment gérer le présent. Je ne sais pas ce que ça fait que de porter la vie et ce n’est pas quelque chose que je pourrai comprendre. Ce que je peux, par contre, c’est être là pour elle autant que possible et surtout faire de mon mieux pour ne pas que le passé se répète. « C'était pas pareil pour Noah. » Mes yeux restent portés sur elle alors que les siens admirent le koala comme la Millième Merveille du monde (mille parce qu’elle trouve une Merveille à chaque coin du rue, la gamine) et qu’elle sourit, déjà attendrie. Mes doigts caressent doucement son dos et la rassurent dans les explications qu’elle s’apprête à me donner, bon gré mal gré. Je sais que c’était pas pareil et je ferai tout, absolument tout pour que jamais cette nouvelle grossesse ne puisse être comparée en quoi que ce soit avec celle de Noah. Le gamin est incroyable et il est parfait, elle sait tout le bien que je pense de lui et à quel point jamais je ne pourrai en vouloir à ce petit être ni même le soupçonner d’avoir causé tant de problèmes alors qu’il n’était même pas né. Ce n’était pas de sa faute, ni celle de Ginny. Maintenant je le sais et un jour je l’accepterai pleinement. « J'ai plutôt ressenti des nausées pendant presque toute la grossesse, je pouvais pas ressentir rien d'autre. » J’inspire aussi fort qu’elle le fait alors que ce n’est pas mon histoire et que lorsqu’elle a vécu tout ça j’ai tout fait pour être le plus loin possible d’elle, là où je n’ai surtout jamais pu être mis au courant de ce genre de détails qui rythmaient pourtant sa vie. “Et là c’est okay ?” Elle n’en a jamais fait mention mais je sais aussi qu’elle chercherait avant tout à minimiser ses peines et ses douleurs et tout le reste simplement si elle pensait me préserver moi ou s’éviter une inquiétude inutile. Elle se pense fort et elle l’est assurément, pourtant j’ai aussi besoin de savoir quand elle ne va pas au bon moment plutôt que bien plus tard, quand le problème se sera tantôt réglé tantôt empiré. Mon front posé sur le sien, j’en oublie Pinky et j’en oublie les soigneurs et tout le reste avec et même si notre temps dans l’enclos est chronométré, je n’en ai absolument rien à faire. Il était la priorité et il la sera peut être d’ici quelques minutes mais pour le moment lui mange sa feuille d’eucalyptus et moi je m’assure que tout aille bien avec ma femme. “C’est une question à répétition infinie, du coup si un jour la réponse devient ‘non’ je veux que tu me le dises.” Mon avis sur la question est arrêté, mes paroles sont douces. “Tu pourras faire la cuisine ce jour là, tu vois, je comprendrai que quelque chose cloche du coup.” J’ironise, le bruit du baiser sur son front se perdant au milieu de tous ceux liés à la jungle artificielle.

“Et là c’est okay ?”

J'aurais égoïstement aimé qu'il soit là, toujours, à Londres. J'aurais tout donné pour m'affirmer faible au moins une fois une seule, et lui laisser les rennes. Je m'en serais voulu pendant une vie de l'avoir forcé à être à mes côtés au pire moment possible, je m'en serais rongé les sangs à en finir noyée de remords et de regrets, mais je sais que si je l'avais suivi, ou que si je lui avais demandé de rester, tout aurait été okay. C'est limpide maintenant, c'est limpide même si c'est fatalement trop tard, aussi.

“C’est une question à répétition infinie, du coup si un jour la réponse devient ‘non’ je veux que tu me le dises.” mes bras ont tôt fait de se lier autour de sa nuque quand l'impulsion est devenue autant naturelle que d'inspirer. Je me hisse sur la pointe des pieds pour laisser mon front prendre autant appui sur le sien que l'inverse semble toujours aussi vraie. “Tu pourras faire la cuisine ce jour là, tu vois, je comprendrai que quelque chose cloche du coup.” mon rire est doux, presque autant que ses paroles qui dédramatisent exprès. Il laisse ses lèvres dériver sur ma peau et mes paupières se ferment d'instinct, en confiance absolue entre ses bras. « Là, c'est okay. » mes doigts jouent sur la peau de sa nuque, délient des noeuds une seconde pour en causer d'autres la suivante. « On a dit qu'on le faisait ensemble. Si c'est pas okay un jour, tu vas savoir. C'est une promesse. » c'est une promesse que je scelle d'un baiser de plus, mes lèvres trouvant les siennes, ma respiration qui s'accorde à celle qu'il laisse se casser sur les quelques parcelles de peau étrangement encore glacées même s'il est à proximité. Je ne veux plus jamais porter de masque, je ne veux plus jamais lui cacher quoi que ce soit, je ne veux pas lui mentir à lui, je n'ai jamais voulu ça et au-delà, je n'ai jamais pu. Aujourd'hui, ça va. Aujourd'hui, tout est okay. Ça n'enlève pas la possibilité que demain sera peut-être différent et difficile - pourtant, je sais qu'à nous deux, tout finit toujours par aller mieux.

« Et de toute façon tu triches, tu dis que quelque chose cloche chaque fois que je fais à manger c'est pas cool. » je pouffe contre ses lèvres, y dérobent les miennes l'instant d'après quand mes doigts s'enlacent aux siens le temps de resserrer son étreinte autour de ma taille, de reporter mon regard et accessoirement le sien sur Pinky qui redevient notre centre d'attention principal. On l'a ignoré pendant deux minutes à peine et il commence à s'endormir le goujat, quel ingrat. « Tu penses que c'est quoi, la meilleure manière pour le kidnapper sans que personne ici ne s'en rende compte? » ma tête se dégage pour venir murmurer à son oreille, son menton s'est logé au creux de ma clavicule, mon index et mon pouce passent sur chacune de ses phalanges pour les compter, les recompter à nouveau.

Aujourd'hui, ça va. Aujourd'hui, tout est okay.

Là c’est okay. Ça me suffit amplement puisque je la crois et que je n’ai plus besoin qu’elle y ajoute ses promesses. Elles n’étaient qu’un moyen de plus pour se rassurer alors qu’à l’époque absolument tout était incertain mais aujourd’hui tout a changé, aujourd’hui tout est okay. Mes paupières se ferment naturellement alors qu’elle me noie sous ses baisers à son tour et je l’écoute sans n’y ajouter aucun commentaire, simplement et étrangement heureux d’être arrivé là où nous en sommes aujourd’hui. « Et de toute façon tu triches, tu dis que quelque chose cloche chaque fois que je fais à manger c'est pas cool. » Je souffle et rigole plus fort qu’elle, là, c’est certain. Non pas que ce soit un concours mais un peu quand même, parce que même mon sourire est plus grand que le sien et de toute façon elle ne pourra jamais le nier parce que la seconde suivante ses yeux dérivent vers le koala et les miens avec.

Il a la même tête que Noah qui vient de finir son troisième pot de glace et qui supplie pour un autre de plus, quand bien même il sait pertinemment que cela le rendra malade et qu’il regrettera tout dans quelques heures. Lui c’est un peu pareil, sauf qu’il est bien plus mignon accroché ainsi à son arbre - là où Noah se serait rentré des centaines d’échardes dans ses mains et où son corps tout entier se serait vu attaqué de bleus en tout genre. « Tu penses que c'est quoi, la meilleure manière pour le kidnapper sans que personne ici ne s'en rende compte? » Mon sourire grandit contre son cou, mes yeux dérivent vers les soigneurs qui ont totalement abandonné l’idée de nous prendre pour des personnes normales ou même fréquentables. “Ne pas dévoiler nos plans face à l’ennemi, déjà, j’imagine.” J’ironise de nouveau, arrive à déloger une main des siennes simplement pour venir la perdre dans ses cheveux et les emmêler. Mes dents viennent s’attaquer à sa clavicule et c’est son rire mêlé au mien que je récolte la seconde suivante alors que je défais mon emprise pour observer l’animal d’un peu plus loin. Il est d’un calme à toute épreuve et il est cool, Pinky. Bien plus cool que Ginny, c’est sûr, mais il n’y a qu’avec elle que je peux continuer à garder mon bras tendu pour aggraver le cas de ses cheveux emmêlés. “On peut voler les réserves de feuille d’eucalyptus et venir le voir quand on veut. Les soigneurs ont pas dit ça comme ça, mais c’est la traduction cool.” Mon sourire dérive vers elle, ma main cesse de l’embêter et vient au contraire la rapprocher de moi une dernière fois alors qu’on a l’air sacrément débiles à sourire sans but aucun.