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 amos + man on a mission

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Message(#)amos + man on a mission EmptySam 9 Mai - 16:57

Cette perruque pesait une tonne, se faisait-elle comme remarque à chaque fin de représentation. Lou n’était pas peu soulagée de la retirer de sa tête après les salutations au public. Elle détacha immédiatement ses véritables cheveux qui se déroulèrent hors de leur chignon pour cascader sur ses épaules sauvagement. Son costume en molleton doré lui faisait l’effet d’être en pleine cuisson à l’étouffée. Défaisant les straps sur les côtés un par un, puis après avoir débouclé la large ceinture, elle se glissa hors de cet accoutrement spatial qui remplaçait, à la fin du show, son iconique tenue de soubrette. Dessous, elle ne portait que des jarretelles. Ce fut pourtant dans cet accoutrement qu’elle répondit d’un “entrez” à la personne qui frappait à la porte de sa loge. Elle ne s’était jamais encombré d’une futilité comme la pudeur -comme le reste de la troupe.Sweetie, un certain Amos veut te voir, il dit que vous avez rendez-vous.” Bras croisés, elle soupira. Non, elle ne l’avait pas oublié. Sam du Joe’s Motel -où strictement personne ne s’appelait Joe par ailleurs- l’avait appelée l’avant-veille pour lui annoncer qu’un homme était à sa recherche. Moyennant un billet par semaine, le concierge de son ancienne planque la tenait au courant de la venue de toute personne qui la demandaient, flics comme gangsters. L’on était jamais trop prudent, surtout dans une position comme la sienne ; désormais, elle avait à la fois le Club et la police qui lui collaient aux baskets. Elle se devait de savoir si quelqu’un était sur sa trace. Cependant, jamais ne serait-elle douté qu’il s’agirait d’un ancien militaire de Kilcoy aux motivations obscures. Malgré la bonne foi affichée dans les quelques messages échangés par téléphone, Lou n’avait pas confiance en son futur interlocuteur, raison pour laquelle le rendez-vous se déroulait au théâtre. Il ne lui suffirait que d’un mot pour que toute la troupe, amis chers et clients de la première heure, ne rapplique à sa rescousse et renvoient sur le trottoir derrière le bâtiment la carcasse d’un Amos au faciès tuméfié. Nul part ailleurs ne pouvait-elle se sentir plus en sécurité. La jeune femme tendit le bras pour attraper son peignoir et s’en vêtit vaguement, le laissant baillant et à peine noué à sa taille, puis fit signe à l’autre comédien qu’elle était prête. “Fais-le entrer.”

La porte se ferma derrière Amos. “Faites pas gaffe au désordre.” la jeune femme lança d’entrée de jeu. Il fallait dire que la loge de Lou était joyeusement délabrée. Outre les tâches d’humidité sur les murs et le plafond, c’était surtout les vêtements et sous-vêtements jonchés sur le sol et le mobilier qui attiraient l’oeil. Des costumes, des tenues de jour qu’elle n’avait jamais rapatriées chez elle, du propre, du sale, du neuf et des guenilles. Elle, elle s’y retrouvait parfaitement et savait exactement où se trouvait quoi -et où mettre ses pieds pour circuler sans rien écraser. Aucun centimètre carré n’était réellement épargné par le désordre. Lou détailla Amos de haut en bas. Grand, de larges épaules, une épaisse barbe. Son regard bleu étrangement doux contrastait avec son allure hirsute. Mais plus important, il était évident pour la jeune femme que l’homme devant elle avait un bon fond -trop bon pour plonger sans nez dans la vendetta entre elle et Mitchell Strange. Un garçon de ferme. Elle le savait, elle avait fait ses devoirs. “Vos photos sur le net vous font pas justice.” dit-elle en se détournant finalement de son visiteur pour retourner face à sa coiffeuse ; son visage était encore couvert d’une épaisse couche de maquillage pâle, son regard noyé sous un fard charbonneux, et ses lèvres d’un rouge au débordement volontaire. Elle entreprit donc d’effacer tout ceci avec un coton imbibé. “A votre décharge, elle reprit, et à vous avoir sous les yeux, elles m’ont pas l’air toutes récentes et les hommes ont tendance à se bonifier avec l’âge. Enfin, certains.” D’autres perdaient leurs cheveux, mettaient vingt kilos et considéraient que chaque année passé la cinquantaine permettait un pas de plus vers le manque total de manières. Aux coups d’oeil qu’elle lui accordait à travers le miroir, le brun paraissait civilisé et décent.

L’australienne ne lui demanda pas s’il avait apprécié le spectacle ; elle doutait qu’il ait pris le temps d’assister à la représentation, il n’avait pas vraiment le profil type du spectateur que l’on pouvait trouver dans les rangs du Schonell Theatre -et sûrement pas de temps à perdre avec le ridicule burlesque de leur show. Non, il avait l’allure d’un homme en mission. Une fois démaquillée, Lou s’assit sur la chaise devant la coiffeuse, jambes croisées. Il s’agissait de l’unique assise de la petite pièce, que la jeune femme ne se voyait pas céder après deux heures de représentation, son visiteur se voyait donc forcé de demeurer debout. “Alors, Lance Corporal Amos Taylor de Kilcoy, 43 ans, vivant au 613 Maine Road…” Elle le toisa à nouveau, se remémorant ses messages. L’homme était supposé avoir une dent contre Mitchell, mais le mystère restait entier. “...Que puis-je donc bien faire pour vous ? Vous avez dix minutes je vous rappelle, ne les gaspillez pas.”
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Message(#)amos + man on a mission EmptyDim 10 Mai - 20:29




Man on a mission
Assis derrière le volant de ma voiture stationnée devant l’entrée des artistes du Schonell Theatre, je fume cigarettes sur cigarette en attendant 22 heures. Je ne suis pas nerveux, mais transi d’impatience. Lou est de celle dont on parle souvent au Club. Elle hante chaque recoin du repaire des frères Strange. Son spectre, menaçant, plane d’ailleurs sur tous les membres au point que chacun jette autour de lui des regards inquiets avant de l’évoquer, des regards aussi frénétiques que les miens sur le cadran de ma montre. J’ai hâte pour l’avoir longuement espérée, cette rencontre. Je suis pressé de mettre enfin un visage sur cette ombre qu’ils craignent tous et de trouver, finalement, des réponses à mes questions. Qui est-elle ? Que sait-elle ? Pourquoi est-il interdit ou risqué de prononcer son prénom ? La rumeur, supposément amplifiée par les bonimenteurs et qui lui prête une ineffable relation avec Mitchell, est-elle fondée sur des on-dit ou de probantes réalités ? Quels secrets détient-elle pour jouir d’un tel pouvoir sur la sérénité des sbires du boss, sur celle du patron lui-même ? Tout ce mystère, autour d’une simple femme, a titillé ma curiosité. Elle l’a éveillé jusqu’à ce que débusquer Lou Aberline de son terrier a viré à l’obsession. Bien sûr, ma récente discussion avec “le chef de rien“ l’a décuplée. Mais, de mon agacement pour son ingérence a filtré la certitude que l’actrice conserve jalousement des informations qui serviront mes intentions revanchardes et belliqueuses. Dois-je dès lors dénombrer les moyens détournés que j’ai déployés pour obtenir cette audience ? Olivia a rempli son rôle à la perfection. Sans son concours, pas d’adresse et, sans la bonne composition de ma future interlocutrice, je n’aurais pas eu le loisir de me pointer au lieu-dit du rendez-vous avec dix minutes d’avance. Dix minutes de trop par ailleurs. Je trépigne. Je me fatigue à analyser les maigres informations à disposition afin de me préparer à cet entretien. Elle sera méfiante, la guêpe, et à juste titre. Je soupçonne également, au vu des sourires extatiques du public au sortir de la représentation, qu’elle est dotée d’un talent inné pour l'éloquence et, par extension, pour la manipulation. Moi, je n’ai à disposition que ma bonne foi et l’espoir, l’espoir que ses buts convergent vers les miens.

J’ai pénétré la loge avec, sur les traits, mon sempiternel masque de froideur, fruit de ma morosité. A défaut d’être avenant, il a le mérite d’être authentique puisque la comédienne, à ce stade de notre entretien, n’est qu’une étrangère à peine vêtue d’un peignoir mal noué. Elle n’est pas destinée à devenir ma meilleure amie non plus. Je n’aspire à rien de plus que les dix minutes que sa témérité m’accorde, si bien que je la salue, par courtoisie, d’un hochement de la tête. Le désordre ? Je n’en ai cure. Mes pupilles ne s’égarent que sur la beauté atypique qu’est cette jeune femme, celle-là même qui me détaille en retour. Nous nous jaugeons, nous évaluons et, si je me complais dans le silence, c’est de l’estimer de rigueur. Je suis l’invité sur son territoire et la bienséance exige de ne pas l’assaillir d’indiscrétions sans avoir au préalable obtenu voix au chapitre. « Je ne suis pas photogénique. » lui ai-je répliqué passablement amusé par son audace. Mon visage s’est d’ailleurs fendu d’un sourire intègre alors qu’elle complimente, éhontément, au risque de m’indisposer. J’imagine que le processus est normal, qu’il contribue à parachever le portrait ébauché par le résultat de ses recherches. Au moins eut-elle la décence de s’en retourner à ses occupations avant de frôler la vulgarité. Moi, ne sachant où poser les pieds, je me suis adossé sur le mur jouxtant le chambranle de la porte d’entrée. Je ne l’ai pas barrée de mon corps de crainte d’adresser le mauvais message, mais je n’ai pas bougé d’un iota. Je n’ai pas prononcé le moindre mot supplémentaire non plus. Je l’ai observée, prétendument qualifiée de trop raffinée pour Mitchell – à se demander ce qu’elle put lui trouver – et j’ai patienté jusqu’à ce qu’enfin, elle se tourne à nouveau dans ma direction. « Amos Taylor de Kilcoy vit en réalité sur la marina de Brisbane. » ai-je précisé par souci d’honnêteté. À quoi bon alimenter les erreurs ? Et pour quel avantage ? On n’approche pas une potentielle alliée avec des mensonges pleins la bouche. Aucune mouche n’a jamais attiré par l’odeur âcre du vinaigre. « Et, dix minutes, ce sera bien assez. » À condition que je me décide rapidement sur la meilleure manière de présenter les choses. Récemment, j’ai constaté que c’était tout, sauf mon point fort. « Ma fille. Sofia. Installée à Brisbane pour ses études. En proie avec le Club. Elle a été retrouvée morte, nue, étranglée, une seringue dans le bras. » ai-je craché sans une once d’émotion. Les années en tant qu’officier de l’armée m’auront au moins appris ça : le détachement. « Toutes les informations que j’ai récoltées m’ont mené vers un point : le Club. Mitchell. Je les ai approchés et, une chose est sûre, il a des secrets, je veux les connaître. J’en ai besoin pour que son empire tombe. » Et, par conséquent, que brûle son trône. « Et j’ai la nette impression que vous en savez assez pour m’aider… » Je me suis permis une pause, une longue inspiration tant je suis submergé par la colère : elle a déformé mes traits, altéré le timbre. « Et votre prix sera le mien. »

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Message(#)amos + man on a mission EmptyJeu 14 Mai - 21:17

Un rictus amusé flirta avec le bout de ses lèvres l’espace d’une seconde. Amos avait cette verve premier degré et brut de décoffrage qu’elle avait toujours trouvé aussi distrayante que agréablement franche. Cela était signe que l’homme ne lui ferait pas perdre son temps, et Lou appréciait particulièrement ce détail. A dire vrai, elle trouvait intéressante la prestance du spécimen. Elle avait cette sensation, cette intuition, que dans un autre contexte, dans d’autres conditions, ils auraient volontiers ri autour d’une bière le temps d’une soirée. Mais la lumière tamisée de la loge instaurait la parfaite ambiance des négociations à venir, et la fervente adoratrice de polars en noir et blanc qu’elle était ne pouvait en être plus ravie. Une fois démaquillée et bien assise, la jeune femme lança les hostilités sans tarder. Pour avoir l’air sérieux, il fallait avoir l’air pressé. Bien entendu, Lou avait fait ses recherches sur Amos avant qu’il n'honore leur rendez-vous. Un peu de google par ici, un peu de dark web par là, quelques billets sous la table d’un employé de mairie, et la voici toute rencardée sur ce qu’il y avait à savoir au sujet de son invité. A exception faite de l’adresse, qu’il corrigea avec bonne foi. “De garçon de ferme à homme de la mer.” commenta Lou, amusée, tandis qu’elle attrapait le paquet de cigarettes sur la coiffeuse et brûlait l’extrémité de la barrette de tabac au bord de ses lèvres. Les comédiens désactivaient l’alarme incendie au disjoncteur dès leur arrivée tous les soirs. “Le titre de vos futures mémoires, c’est cadeau.” L’histoire d’un père en quête de vengeance pour sa fille auprès de la mafia australienne, qui ne voudrait pas lire cela ? Le tableau dépeint par Amos était presque surréaliste pour un non-initié à cet univers. Pour Lou, qui écoutait attentivement, ce n’était rien de nouveau sous le soleil. Des gens mourraient tous les jours, et les chances augmentaient s’ils étaient liés au Club. Une adolescente, c’était triste, mais elle ne s’en émouvait pas. Ce n’était ni la première, ni la dernière. “Quelqu’un n’a pas fait son job, on dirait.” murmura-t-elle à propos de ce qui ressemblait à un meurtre couvert en une banale overdose. Il y avait toujours au moins un garde du corps pour assurer la sécurité des escorts, et celui en poste de soir-là avait visiblement cligné des yeux trop longtemps. Lou se sentait désolée pour Amos, mais cela non plus elle n’en fit pas part. Se montrer sentimentale lui ferait perdre l’ascendant. Mais ne pas l’être lui donna également l’impression d’abandonner un énième petit morceau de son humanité. Une bouffée de tabac lui brûla le fond de la gorge. A ce train, elle cesserait bientôt de ressentir cela également. Ce qui l’intrigua dans le récit d’Amos fut sa prétendue approche du Club. Le gang n’était pas exactement aussi ouvert qu’un moulin et un homme de la campagne ayant servi son pays dans l’armée n’était pas le profil le plus recherché pour grossir leurs rangs. L’homme semblait également particulièrement déterminé à faire tomber Strange, ce qui ravit Lou. Cependant, elle n’avait pas la moindre intention de céder le privilège de lui coller une balle entre les deux yeux à qui que ce soit. C’était Amos qui l’aiderait à cela, et non l’inverse. C’était peut-être une belle opportunité qui était adossée au mur de sa loge. “Mon prix ?” répéta-t-elle avec un rire franc. “Quelque chose me dit que “mon prix” n’est pas dans vos moyens, Amos de Kilcoy, mais nous parlerons échange de bons procédés plus tard.” Après tout, si le brun avait quelque chose d’intéressant à mettre sur la table en échange de ses services, Lou s’avérerait en mesure de songer à un paiement en faveurs -et il n’était pas bon de lui être redevable dernièrement. “Il y a bien trop de zones d’ombre dans votre histoire pour que je puisse déterminer si j’ai envie de vous aider ou pas, elle reprit en tapotant son index au bout de sa cigarette afin d’en faire tomber l’excédent de cendres au fond d’un vieux verre d’eau. Il va me falloir bien plus que ça. Je veux tous les détails, et ne me faites pas perdre mon temps à les réclamer à nouveau. Vous avez approché le Club, donc. Dites m’en plus.”
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Message(#)amos + man on a mission EmptyVen 22 Mai - 21:16




Man on a mission
Il n’est pas rare que je compare ma vendetta à une partie d’échec. Pour que le roi tombe, il m’aura fallu étudier, me transfigurer en stratège, anticiper les coups de l’adversaire et veiller d’avoir un coup d’avance, toujours. Or, ce soir, dans cette loge désordonnée, je suis de l’autre côté de la barrière. Chaque mot de Lou essaime une information à mon sujet et la sensation d’être un livre ouvert est pour le moins étrange. Elle ne se traduit pas par un goût amer dans l’arrière-gorge. Elle n’est pas âpre ou râpeuse tel un vin bon marché. Elle est au contraire aussi revigorante que rassurante. Qu’elle se soit renseignée signifie à mes yeux qu’elle n’a rien d’une amatrice, qu’elle tire les ficelles d’un réseau cadenassé autour de sa sécurité et, non négligeable, qu’elle m’a pris au sérieux. Elle n’a pas abordé cet entretien avec outrecuidance. Elle semble animée par la curiosité et si elle a tout de la calculatrice chevronnée, j’ai l’intime conviction que le faux-semblant ne me vaudra rien. Dans les faits, c’est parfait. Je suis plus habile avec la franchise qu’avec son pendant inverse. Mon hypocrisie se borne aux frontières de mon intérêt et, sans prétention aucune, je suis assez perspicace pour le pressentir, ici-même, au cœur de cette pièce. Il est si proche, si palpable que j’ai la sensation de l’effleurer du bout des doigts. Et, cette dernière, tient à peu de chose : une phrase, une seule, preuve qu’elle maîtrise les rouages du Club. « C’est-à-dire ? Qui a fait une erreur ? » me suis-je enquis, la tête penchée vers mon épaule. Mes sourcils froncés ne la toisent pas. Mes pupilles ne sont pas inquisitrices non plus. Elles forment plutôt des points d’interrogation que je lui renvoie au visage. Au Club, je suis maintenu à l’écart des faits de prostitution. Mitchell s’y intéresse de près. Il se méfie et, depuis son retour, il cloisonne tout autour de moi. Si Lou est bel et bien la gardienne de ses plus sombres secrets, elle représente à présent un incontournable pour la réussite de ma vengeance plus personnelle. La chute de Strange, c’est le bonus, le retour sur investissement et, afin d’obtenir satisfaction, je m’engage à en payer le prix. Lequel ? Celui qui l’agréera et, tandis qu’elle tique, je lui souris avec gravité. « Disons que ma tête est peut-être moins vide que mes poches. » Et que c’est bon à savoir…C’est aussi important que de lever le voile sur mon « J’entends. Dans ce cas, éclairons-les. Que voulez-vous savoir ? » L’interrogation est presque vaine. Ce qui l’intrigue, Magenta, c’est comment un type comme moi, un gars sans histoire ayant grandi dans une ferme, a réussi à l’exploit de percer les défenses de Mitchell Strange. «J’ai remonté la piste en fouinant auprès des amies de ma fille. Un homme, dans sa vie, apparaissait de façon plus récurrente. Il était lié à Strange. J’ai remonté le filon à l’aide d’une amie, ancienne militaire, flic de son état. » Presque une sœur. Je ne dissimule pas l’existence d’Olivia par choix. C’est un risque, mais jusqu’où s’étendent-elles, les tentacules de la comédienne ? Je préfère qu’elle me refuse mon aide par crainte de mes associations que par la faute d’un non-dit. « On s’est rapidement rappelé que le hasard n’existe pas quand on a les bons dossiers et des accès aux photos. » Nouvelles références aux différents parjures de Liv. « Strange apparaissait sur beaucoup d’entre elles dont une plus significative que les autres. » Elle en recevrait copie si elle le souhaitait. J’en gardais une dans mon téléphone. « La suite est une histoire classique. Je suis parti du principe qu’il me serait toujours plus facile d’approcher son associée que lui. Un indic de mon amie, la policière, m’a approché d’un fournisseur de drogues qui côtoient le Club. Je me suis fait engager et j’ai fait en sorte d’être remarqué par Raelyn Blackwell. C’est elle qui m’a introduit. Depuis, je grapille les informations là où je peux. Je suis discret. J’observe. J’entends. Et je vois surtout.» Je côtoie de près les faiblesses d’un homme qui à dérober sa place. « Je sais que Mitchell s’essouffle. Je sais qu’il serait facile de l’envoyer en prison, mais que je ne suis pas certain que ça soit là que j’ai envie de le voir finir. Je sais que des gamines, comme ma fille, il y en a beaucoup, mais que je ne suis pas là pour les sauver. Je sais qu’il n’est pas remis des récents événements et qu’il me manque peu de chose pour pouvoir frapper et frapper fort. » L’abattre littérairement d’un coup de bâton dans la nuque. « Autre chose ? » Je n’ai pas grand-chose à cacher. N’en sait-elle pas plus que moi ?

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Message(#)amos + man on a mission EmptySam 6 Juin - 19:29

Qui avait fait une erreur ? Toi, pour commencer, se retint de rétorquer Lou à Amos. Lui, dans son rôle de père, avait visiblement fait une sacré erreur quelque part pour que sa fille termine entre les mains du Club et connaisse le sort qu’il lui avait narré. Cependant, la jeune femme tint sa langue, ravalant son venin dans une bouffée de tabac. Amos était bien assez mortifié par le décès de son enfant pour qu’elle en rajoute une couche, et si l’australienne ne se montrait pas follement compatissante concernant son deuil, elle n’avait pas la cruauté de tourner le couteau dans la plaie. Cela ne serait pas stratégique de sa part vis-à-vis d’un allié potentiel. “Le garde du corps. Le type en charge de la sécurité des filles.” elle répondit donc, tapotant l'excédent de cendres dans son réceptacle improvisé. “On laisse pas une bande de minettes sans surveillance au milieu des rues de Brisbane. Il y a toujours une voiture ou un van pas loin avec quelqu’un pour garder un oeil sur elles. Il s’assure qu’elles se fassent pas emmerder, qu’elles cherchent des clients, et si la police approche, elles sauvent dans le véhicule pour détaler.” C’était une machine bien huilée. Lou n’avait jamais eu à se prostituer pour le Club, elle s’y était opposée farouchement. L’ironie voulait qu’elle s’y retrouve forcée pour survivre après que sa prétendue trahison l’ait envoyée vivre dans la rue, loin de toute les mesures de sécurité prises par Strange pour ses filles. “Soit la personne en question n’a pas été attentive, soit le pimp n’en a pas envoyé un.” Manque de personnel, coupures budgétaires ; les excuses qui justifiaient ce genre d’embrouilles étaient souvent communes entre les grandes entreprises et la pègre -l’un et l’autre revenaient au même pour Lou. L’apport de Lou dans l’enquête du décès de la fille d’Amos s’arrêtait néanmoins là. Elle ne pouvait pas plus s’avancer sur ce qui avait pu se passer.

Si elle commençait à douter que l’homme était venu jusqu’à elle pour la tuer, la jeune femme préféra lever tout doute possible en forçant Amos à étaler toute son histoire. Plus il avançait dans son récit, plus elle le croyait ; après tout, s’il avait été envoyé pour l’éliminer, il ne se serait pas encombré de toute cette narration élaborée et lui aurait collé une balle depuis quelques minutes désormais. Et le Club ne faisait pas dans les grands jeux d’échecs qui nécessitaient de la patience, Mitchell était trop brut de décoffrage pour mettre au point tout un piège de ce genre. Amos lui apparut donc, si pas digne de confiance, au moins digne d’intérêt. “Ca tient debout.” elle conclut, sa cigarette arrivant également à sa fin. Sa petite tête, elle, terminait d’assimiler toutes les informations qui venaient de couler à flot hors de la bouche du brun. “Raelyn, hm ?” reprit-elle avec un petit sourire, revoyant le délicieux souvenir de sa silhouette s’écrasant sur le sol du restaurant, tordue de couleur. Est-ce que son genou allait bien ? Et sa fierté ? Lou scruta l’expression sur le visage d’Amos. “Elle vous a introduit dans le Club, puis vous êtes introduit dans… ?” Un clin d’oeil salace fit office de fin de phrase. Elle spéculait sans que la vérité ne l’intéresse vraiment ; c’était le plaisir de provoquer qui la motivait à titiller l’ancien militaire. “Vous blâmez pas, vous seriez pas le premier.” Elle pensait notamment à Tobias, lui et sa grande gueule une fois le pantalon baissé. L'australienne aurait certainement pu continuer à opérer discrètement, dans l’ombre, si le Doherty n’avait pas livré l’identité de la dirigeante de la Ruche à son sac à foutre occasionnel. “Mais je suis assez impressionnée par votre détermination. Je connais pas des masses de pères qui feraient ce que vous faites, le mien en premier. Un vrai Liam Neeson en puissance.” Excepté que la fille de son personnage dans Taken pouvait encore être sauvée de ses ravisseurs, tandis qu’Amos se réveillait beaucoup trop tard.

Lou quitta sa chaise et fit quelques pas dans la loge en direction d’une pile de vêtements. Elle n’avait pas l’intention de rester en peignoir indéfiniment, et si la présence de son invité devait durer plus de dix minutes, alors autant se rendre un rien plus présentable. “Tournez-vous.” qu’elle ordonna quasiment, plus pour lui que pour elle, très loin de se formaliser du regard de qui que ce soit sur sa silhouette nue. Elle préférait ne pas donner la fausse impression d’être intéressée et disponible en le laissant la regarder se changer. “J’imagine que c’est au Club que vous avez entendu parler de moi. Est-ce que vous avez entendu parler de la Ruche ? Je suppose que ni Mitchell ni Raelyn sont très bavard à ce sujet.” Elle ouvrit le peignoir, le jeta sur un bout de portant libre, et empoigna la robe cache-coeur à motif fleuri qu’elle portait à son arrivée au théâtre en fin d’après-midi. S’emprisonnant très rarement dans un soutien-gorge, elle se contenta de passer les manches et nouer le vêtement à sa taille. Elle se débarrassa de ses jarretelles de scène. Après avoir passé une main dans ses cheveux, elle était pour ainsi dire rhabillée. “C’est bon.” signala-t-elle à Amos, libre de lui faire face à nouveau. Ses bras étaient croisés sous sa poitrine tandis qu’elle poursuivait son exposé entre deux parenthèses. “J’ai fondé la Ruche avec un plan bien précis. Attaquer le Club au portefeuille en volant du territoire, entacher la confiance des lieutenants de Mitchell qui a laissé l’ennemie numéro un devenir la concurrence numéro un, et ainsi l’isoler.” Elle le récitait par coeur, son plan. Il n’était pas parfait, il avait ses failles, et elle en improvisait des bouts un peu tous les jours. Cependant, elle n’en livrait jamais la totalité à qui que ce soit. Les détails, elle les gardait pour elle. “La plus grande faiblesse du Club, c’est cette histoire à deux balles qu’ils servent à qui veut l’entendre, comme quoi ils sont une grande famille. Mais si le chef de famille n’assure pas son rôle, tout se divise et s’effondre.” Amos était certainement bien placé pour comprendre l’amalgame, et donc, la logique de Lou. Dans son projet, elle n’avait jamais songé à avoir un agent à l’intérieur des tranchées ennemies, jusqu’à ce que le parfait espion se présente à elle. Elle pouvait lui trouver une utilité. “Je sais pas quelles infos vous voulez, Amos, mais j’en ai à propos de Raelyn. C’est assez gros pour qu’elle tourne définitivement le dos à Strange. Sans elle, toute la partie drogues du château de cartes s’effondre, et c’est la porte ouverte pour la Ruche.” Bien entendu, les substances illicites n’étaient une partie du Club et loin d’être son unique source de revenus ou d’influence. De même, Lou ne se contenterait pas uniquement de ce commerce pour sa propre organisation. Cela n’était qu’une première bataille, mais une défaite ferait trembler Mitchell et le Club tout entier. “Je sais qu’elle refusera de me voir si je le suggère moi-même, continua Lou à propos de Raelyn, et elle risque de ne pas croire un mot de ce que je dirais, mais vu que vous êtes si… proches, peut-être qu’elle vous écoutera.” Encore fallait-il qu'Amos soit prêt à se salir les mains lui-même, au risque de griller sa couverture.
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Message(#)amos + man on a mission EmptyDim 7 Juin - 14:32




Man on a mission
Ainsi contribue-t-elle à éclairer les zones d’ombre de mon investigation. Le mec dans la camionnette sur le parking de l’hôtel, celle dont Sofia est sortie pour rejoindre son bourreau, il était chargé de la sécurité de mon bébé et il a échoué. Sur la vidéo des caméras de surveillance, il quitte le véhicule durant de longues heures et, plus tard, il s’enfuit, seul, sans ma fille. Le phénomène constaté interloqua Olivia. Aujourd’hui je détiens un élément de réponse qui aiguisera son sens de la déduction et je devine, pour bien la connaître, ce qu’elle soulignera : c’est différent. Le bât a blessé par endroit puisque la méthode brossée par la comédienne ne correspond pas aux faits observés et, ensemble, nous supposerons que le client du Club a acheté sa discrétion. Nulle question pour lui de ramasser une âme en peine tapinant son bout de trottoir. Il l’a choisie sur le volet et, cette information, elle affinera les critères de recherches de ma partenaire. Les miennes aussi. Mon œil assertif s’ouvrira autrement et il suffira. Il devra suffire vu que je me borne à ne jamais fourrer mon nez dans les affaires de prostitution. Ça me démange depuis le jour, mais ma couverture m’interdit toute indiscrétion qui la grillerait ; Mitchell me tient dans son viseur. Lou, à sa manière, me dévoile une information qui lui vaut un remerciement couplé à un hochement de tête.

Tandis que je déroule de la bobine le fil d’Ariane qui m’a conduit jusqu’au Club – à l’intérieur – je perçois chez mon interlocutrice un regain d’intérêt notoire qui me gorge d’espoir. Je maintiens qu’elle est la clé de voûte de mon projet ou, tout du moins, un facilitateur de réussite et je m’arme de franchise. Je ne dissimule rien, même si le cavalier du roi de mon échiquier est un flic, une policière qui se parjure, qui jette aux orties son sens de l’éthique, pour moi. Je ne cache aucun élément. Pas une expression proche de l’étonnement dès lors que Lou me présume charnellement lié à Raelyn. Elle a du flair, la petite. Elle aime également chatouiller les Hommes là où leur faiblesse les rend susceptibles. Ma jalousie s’insurge qu’elle m’assimile à un quidam de plus sur la liste des amants de ma maîtresse. Sauf que je ne cille pas. Je demeure impavide quand j’aurais volontiers esquissé un sourire superflu, inconvenant et maladroit. Il aurait trahi mon penchant pour la petite blonde et je sais, de source sûre, que l’Aberline est sa Nemesis. Elle la déteste pour ce qu’elle renferme en secret sur Mitchell et sur son organisation criminelle. Elle est l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête, une menace pour son confort, sa routine et sa tranquillité. Et Lou ? Qu’en pense-t-elle ? Que ressent-elle à l’égard de cette rivale ? Raelyn l’incommode-t-elle autant qu’une piqûre de moustique ou qu’une morsure d’araignée ? Je ne m’avance pas, mais j’argue que contrairement à ce que prétend la guêpe en face de moi, elle est fort peu impressionnable et elles peuvent, toutes deux, se donner la main. « Je le fais moins pour elle que pour moi. Ça me distingue assez de Liam Neeson. Il n’y a plus personne à sauver dans mon histoire. » Si ce n’est moi et mon amante, ai-je songé désormais en tête à tête avec le mur de la loge.

J’aurais tout aussi pu sortir pendant qu’elle se vêt, Lou. Ç’aurait été moins déplaisant que d’avoir le son sans les images. Le langage non verbal en dit souvent plus long que les mots et j’en conclus qu’elle assez fine pour verser dans la manœuvre volontaire. Souhaiterait-elle tester la solidité de mes reins qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. Combien d’hommes, sensibles aux charmes féminins, aurait-elle désarçonnés du cheval de leur objectif à peindre dans leur esprit licencieux l’ébauche du tableau de sa silhouette nue dans leur dos ? Trop. Beaucoup trop. Mais, ce n’est pas ces formes que je désire miennes - je suis pourvu - mais ce qu’elle sait, ce qu’elle garde jalousement et ce qu’elle cajole tendrement en souvenirs contre son sein, souvenir qui motive sa vengeance ; c’est pour elle qu’elle a créé la Ruche. « Jamais entendu parler en effet, en tout cas, pas directement. » ai-je admis en emboîtant les pièces du puzzle. Raelyn tracassée par un concurrent. Raelyn qui rassemble ses sbires en quête d’une piste, d’un angle d’attaque. Moi, qui me pavane sur le bastion adverse. Quelle ironie. Autant dire que ma place n’est pas plus enviable qu’hier. Je sens poindre les arguments à la faveur de l’une et au détriment de l’autre, sauf que le conflit d’intérêts est l’invention de mon cœur épris. Il n’a pas la verve pour éteindre ma soif de justice et je ne les entends pas, mes sentiments. Et ils ne sont pas plus bruyants sous prétexte que je devine, maintenant que j’observe à nouveau Magenta dans ses apparats du quotidien, qu’elle jubile de sa comparaison. J’ai été ce père de famille défaillant et, si j’en baisse la tête, je lui cède ce point, je bâillonne mon ego, j’écoute et j’analyse.

J’écoute et j’évalue de qui elle cherche à se venger. Mitchell ? Raelyn ? Les contours sont encore un peu flous pour me permettre de statuer malheureusement. « La plus grande faiblesse du Club, c’est Mitchell. Il joue les gangsters, mais il ne dirige pas, il ne dirige plus. Raelyn Blackwell porte ses couilles en colifichets autour du cou. Elles ne valent rien de plus. » Que des bijoux de pacotilles, pas même du contre-plaqué couvert de feuilles d’or. Du toc. Du factice. Rien. « Et elle s’en rend à peine compte tant elle est aveuglée par sa loyauté. » Fruit gâté de sa reconnaissance. « Mais elle n’est pas ma cible. » Je ne participerai pas à la détruire gratuitement pour céder aux caprices de cette jeune femme. Si elle souhaite rencontrer Raelyn, il va falloir qu’elle m’en dise plus. « Et, si je ne suis pas contre de la détourner des Strange. » Au contraire, j’en rêve, même si je dois lui dévoiler mes projets et prendre le risque de la perdre, même si je serai forcé de travailler d’arrache-pied pour la ramener vers moi, rien ne me satisferait davantage que d’amputer Mitchell de cet attribut. « Il va falloir m’en dire un peu plus à leur sujet. » Autrement dit, tout, et ce, pour le bien de cette association qui se profile lentement, mais quasi certainement. « Et qu’on se mette d’accord sur le moment idéal où il faudra frapper. » La précipitation est le bras de l’échec et la patience, mère de sûreté. Ces seuls principes peuvent nous apporter la victoire et, réfléchissant, j’ai sorti mon paquet de cigarettes de ma poche, je me suis approché pour le tendre à l’artiste et j’en ai allumé sans attendre l’autorisation. La loge embaume toujours le parfum de la nicotine. « D’autant que si elle ne croit pas un mot de ce que vous lui direz, peut-être que je suis assez proche et assez bien entouré pour vous appuyer. Alors, je vous écoute. » À condition qu’elle le souhaite. Au contraire, j’appellerai Olivia à l’aide et je répondrai enfin aux SOS de mon intuition attendu que «Il s'agit, d'Aaron. N'est-ce pas ?» ai-je renchéri alors que de la pierre de mon briquet apparaît une flamme qui embrasse ma cigarette.


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Message(#)amos + man on a mission EmptyLun 29 Juin - 20:28

Malgré les années, Lou se félicitait de savoir anticiper les réactions et les actions du Club comme si elle avait été jetée hors de leur rang la veille. Elle avait aisément deviné que Mitchell et Raelyn s’étaient gardés d’ébruiter l'existence d’un gang rival mené par leur fameuse traîtresse, dans l’espoir vain d’étouffer l’affaire dans l’oeuf avant que la Ruche ne fasse trop de vagues et que les manquements du boss éclatent au grand jour. Ils ne faisaient que gagner du temps, temporiser l’inévitable. Car Lou ne comptait pas se faire taire, et bientôt, son organisation ferait assez de bruit pour secouer les rangs du Club. Ses ambitions, elle les détaillait à Amos qui avait su détourner la méfiance de la brune hors de sa quête personnelle. Leurs objectifs divergeaient dans un sens où elle n’en avait rien à craindre, mais convergeaient au point où l’alliance de leurs forces pouvait bénéficier à leurs deux plans. Elle était disposée à l’aider, s’il se montrait utile également. Jusqu’à présent, il se méprenait sur la stratégie de Lou, tout en lui laissant accès, entre les lignes, à de précieuses informations qu’elle notait dans un coin de son crâne. Si l’homme n’était pas épris de Raelyn, au moins en était-il assez admiratif pour s’attarder à son sujet. Son affection envers elle devenait limpide lorsqu’il tenta d’ôter la cible sur son front et confessa espérer l’arracher à Mitchell. Lou eut un rictus amusé au coin des lèvres ; Amos en était presque touchant, si son dévolu n’avait pas été jeté sur la sorcière Blackwell. Elle devait être sa cible au même titre que tous les autres d’après la jeune femme, mais elle se tut. Il mentionna Aaron, et tout devint limpide. “Donc vous êtes proches à ce point.” commenta Lou, bras croisés. Raelyn n’aurait pas partagé les mésaventures de son coeur brisé à n’importe qui. Amos se révélait à la fois atout majeur et facteur incertain de part son lien avec la bimbo. “Oui, c’est à propos d’Aaron.”

En débutant son récit, la jeune femme se rassit devant la coiffeuse de la loge. Elle alluma la seconde cigarette de cette entretien, précédemment proposée avec galanterie par Amos. “Quand j’étais encore au Club, j’ai entendu les frères Strange se prendre le bec à propos de quelque chose. Vous connaissez sûrement Alec. Lui et Raelyn, ils sont comme cul et chemise. Bref, Alec n’avait toujours pas digéré quelque chose que Mitchell avait fait.” Il fallait dire que le cadet Strange était bien plus droit dans ses bottes que l’aîné. Il s’était laissé embarquer par son frère dans tout ceci, lui-même tenu en laisse par Mavis, à l’époque. Lou connaissait toute la genèse de leur arrivée à Brisbane par coeur. Las Vegas, Hogan, la voiture dans le lac, la mort de leur père, le Nouveau-Mexique, tout. Si ce n’était pas pour son frère, Alec n’aurait pas mis les pieds dans la pègre. Mais il y avait comme une dette de l’un envers l’autre, un contrat sans date d’expiration. Alec faisait un bon bras droit, jugeait Lou. Il avait toujours été le parfait complément de Mitchell, alors les disputes et désaccords n’étaient pas si rares. Le jour en question, Alec était remonté comme rarement. Son frère avait commis l’impensable. “C’est lui qui a rencardé la police sur Aaron.” dévoila Lou dans une volute de fumée grise. “La mort d’Aaron reste un accident, je suis assez sûre que Strange était sincère quand il disait que tout ce bordel n’était pas prévu. Il voulait juste lui faire peur. Mais ça n’empêche que c’est Mitchell qui envoyé les flics chez lui, et le résultat, on le connaît.” Aaron mort. Raelyn dévastée. Tournée de kleenex. “Et après c’est moi qu’on traite de traîtresse, hm ?” L’ironie était trop grande pour ne pas être soulignée. Mitchell était le plus grand traître de son propre camp. Il était capable d’envoyer la police sur ses propres hommes. Et pourtant, incapable de tuer une ancienne dealeuse d’un mètre cinquante-cinq pour vingt kilos toute mouillée. “Enfin, vous comprenez pourquoi Raelyn risque de tourner les talons sec loin du Club si elle apprend ça.” Encore fallait-il parvenir à l’approcher. Amos pouvait délivrer le message, mais une partie de Lou voulait voir l’expression sur le visage de cette chère Raelyn lorsqu’elle lui apprendrait que depuis tout ce temps elle travaillait pour celui qui avait tué son grand amour. “Vous méprenez pas, elle a beau être la reine des casse-couilles, je m’en tamponne comme de ma première couche. J’ai besoin d’elle bien vivante, pour le symbole. J’ai besoin que tout le Club la voit tourner le dos à Mitchell et perdre complètement foi en lui. Ils doivent savoir que ce taré ne sert que ses propres intérêts et qu’ils ne peuvent pas se fier à lui. Si elle le lâche, des tonnes d’autres suivront.” Cela allait laisser une blessure béante. Une blessure qui s’infecterait, se gangrènerait, et suinterait d'immondices. Et c’était tout ce que Mitchell méritait.
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Message(#)amos + man on a mission EmptyLun 6 Juil - 23:49




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Et je deviens l’animal malade de la meute à la simple évocation de Raelyn. Ce n’est pas la première fois que je me fais la réflexion qu’une fois qu’elle entre en jeu, je sors les crocs ou je ne réfléchis plus tactique avec la tête, mais sentiment avec le cœur. Alors, je m’effare à peine que Lou tire à nouveau cette conclusion sur nos acoquinements et, si je m’en agace, c’est autant par ma faute que parce qu’elle insiste, la comédienne. Sous quel prétexte, alors que j’ai déjà éludé sa question, serais-je soudainement plus éloquent ? Pour quelle raison mon association s’éclairerait au milieu de cette loge ? Pour satisfaire sa curiosité ? Parce qu’elle aspire à propulser mon amante dans la chute de Mitchell ? D’instinct, je me méfie, sans doute au même titre que mon interlocutrice. Notre objectif diverge en un point, ce qui sous-entend que l’un de nous deux devra arrondir les angles. De mon point de vue, le sacrifice incombera à celui qui aura le moins à perdre, soit elle, puisque je joue mon bien-être dans cette histoire, je joue tapis sur ce bonheur fraîchement retrouvé et avec lequel je renoue peu à peu. Je réalise mieux encore le risque à l’instant où elle a confirmé qu’Aaron est le centre des secrets les plus honteux de Mitchell Strange.

Suspendu à ses lèvres, je ne l’écoute pas, Lou. Je bois ses paroles et à mesure qu’avance le récit, j’oscille sur un large panel d’émotions paradoxales. D’abord, la possessivité : J’ai bougonné intérieurement d’être confronté à la complicité d’Alec et Raelyn, mais je n’ai pas bronché. Je me suis contenu quand je fus pourtant tenté de commenter d’un “moins maintenant“ ou d’un “c’est un pauvre type.“ J’ai réprimé toute remarque pour ne pas ajouter d’eau au moulin des hypothèses de Lou. Par la suite, de la fierté : mon instinct ne m’a pas trompé. Ce besoin de surprotéger son associée, de l’éloigner de moi en usant d’une bassesse sans précédent n’avait rien de sain ou de normal. Je lui ai au préalable prêté des sentiments amoureux avant de reconnaître dans son regard l’éclat de cette vieille amie qu’est la culpabilité. Le tout était de trouver la source à laquelle elle s’abreuve. Je la détiens aujourd’hui. Lou la partage, en partie ou dans son entièreté, mais qu’importe ? A sa place, je me serais gardé la plus belle part du gâteau moi aussi. « Vous étiez proches à ce point-là, donc ? Au point de lui trouver des circonstances atténuantes ? » Je lui renvoie la balle un sourire non pas narquois, mais amusé rehaussant mes lèvres. Dans l’absolu, je me moque de savoir si elle a obtenu ces aveux en interceptant une querelle ou à même l’oreiller. Pour moi, ça ne change pas grand-chose. Elle n’est pas plus traîtresse que je ne le suis ou que l’est Mitchell. La différence, c’est que ma faim de vengeance est le fruit d’une cause noble et cette dernière justifie à elle-seule mon déploiement de moyen. Ainsi survient mon dernier émoi à l’égard de cette narration : j’ai mal pour Raelyn.

Mon cœur amoureux se pince d’être destiné à la désillusionner sur ceux qu’elle considère comme ses seuls amis, ceux qu’elle entrevoit comme une espèce de famille adoptive, ceux en qui elle dévoue une loyauté indéfectible. Ne s’en sentira-t-elle pas abandonnée ? Me croira-t-elle seulement si je le lui rapportais avant Lou, défalquant cette dernière du plaisir de rouvrir la cicatrice de mon amante ? Ai-je envie de ça ? Sur l’instant, je ne suis tout à Sofia et je songe oui. Je m’en convaincs, mais demain ? Quand je la tiendrai entre mes bras ? Quand elle s’allongera à mes côtés ? Qu’elle soit casse-couille – je n’ai pu m’empêcher de sourire d’ailleurs devant cette vérité énoncée par la comédienne et de secouer la tête – ne légitime en rien que je lui plante un tel poignard dans le dos. Sauf que ma haine pour Mitch m’aveugle et je ploie. Le roseau de mes sentiments se plie sous le vent de ma haine envers Mitchell, celle que Lou réveille en évoquant sa perte avec fracas si nous levions le pan de ce mystère de concert. « En admettant que je vous l’amène… puisque c’est ce que vous souhaitez, n’est-ce pas ? » La question est rhétorique et la supposition n’en est pas tout à fait une : je n’ai pas définitivement tranché, mais je jauge, j’évalue et l’occasion est si belle. « Elle se barre.» Si tant est qu’elle ne s’essaie pas à tuer ses seuls amis de ses mains. « Le Club se disloquera. Vous récupérerez le territoire et sans doute une grosse partie du marché. Mais, il respirera toujours. Il redeviendra une menace. » Parce qu’attaqué, il ripostera, fatalement. « Et son organisation ne disparaîtra pas, elle périclitera. Sans compter qu’il lui restera sans doute un apôtre qui s’agenouillera à ses pieds. » Et, dans ces conditions, j’ai du mal à saisir ce qui j’y gagnerai puisque Mitch ne sera pas le seul à qui Raelyn montrera ses talons plutôt que ses pointes. Qu’adviendra-t-il d’elle ? Que deviendra-t-elle dans cette débâcle ? Un animal blessé et esseulé ? Une anonyme ? Et nous deux ? Je n’en mènerai pas large, moi non plus, de nous avoir sacrifiés pour une victoire imparfaite. « Vous gagnez, il survit et je perds. » “Nous perdons“ serait somme toute plus juste. « Je ne suis pas super-héros. Je me moque de sauver la veuve et orphelin. Je le veux lui, pas le Club, mais lui… où ça n’en vaut pas la peine. » ai-je conclu d’une voix blanche, dénuée d’avertissement. Je ne dépose sur cette table qu’un fait… rien d’autre.


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Message(#)amos + man on a mission EmptyMar 4 Aoû - 19:20

Dans ce cache-cache, ce chat-souris auquel Lou et Mitchell s’adonnaient, ils étaient à la fois Némésis et point faible l’un de l’autre. Si le caractère de son lien avec le patron du Club ne regardait qu’elle et lui, la jeune femme ne pouvait nier qu’elle n’avait jamais cessé de trouver des excuses à son comportement et ses décisions. Aveuglée à la fois par son admiration pour lui et ses ambitions personnelles au sein du gang, Lou avait cru dur comme fer aux beaux discours de Strange. Le refuge, la famille, la patrie sans frontières. Même ce fameux jour où elle comprit que celui-ci n’avait pas hésité à trahir l’un des siens, sa loyauté ne fut pas entachée. Et c’était peut-être le plus ironique, dans l’histoire ; à quel point elle se serait vidée sang et eau pour lui pour finalement être labellisée comme paria par un homme qui n’avait de loyauté qu’envers lui-même. Aujourd’hui encore, elle ne pouvait s’empêcher de se raccrocher à cette petite lueur qu’elle avait un jour vu en lui. Elle existait encore, à l’époque. Elle s’était tue à petit feu avec le temps, affaiblie par la prison, abandonnée dans un coin de la cellule. Au cours des dernières années, les rencontres entre Lou et Strange avaient répété la même dynamique, encore et encore. Elle voulait lui faire entendre raison, elle voulait qu’il la pardonne, qu’il la reprenne ; elle tentait désespérément d’en appeler à ce bon fond. S’était-elle bercée d’illusions tout ce temps ? Son regard naïf n’avait-il simplement jamais vu que son sauveur était un homme cruel et dangereux ? Ou comme toutes les femmes, s’était-elle persuadée qu’elle finirait par le changer, ne serait-ce qu’un peu. Désormais, la brune s’était donnée pour mission de le mettre hors d’état de nuire. Elle savait qu’elle n’était pas seule à souhaiter laver les rues de l’emprise du Club et de son despote, la présence d’Amos en était la preuve. Elle lui avait livré le plus grand secret de Mitchell, l’as dans sa manche, en signe de bonne foi. Sans rien demander. Sans rien exiger. Et elle se sentit presque sotte lorsque la seule réaction de l’ancien militaire fut d’insinuer que rien de tout ceci ne servait son petit intérêt personnel. Le visage de Lou se ferma, son regard se fit glacial. “Si je gagne, vous gagnez.” dit-elle. Fini les jeux, terminées les minauderies. Le petit fermier semblait oublier qu’il n’était que novice dans cet univers, un intrus qui n’y avait pas sa place. Sa mignonne mission d’infiltration ne lui conférait pas le monopole de l’esprit stratège. Sa vision était si petite, si autocentrée. Il ne voyait pas sur le long terme, l’ensemble du paysage, du champ de bataille. Croyait-il vouloir Mitchell plus qu’elle ? Souhait-il vraiment jouer de qui la vengeance était le plus puissant moteur ? Lou tirait furieusement sur sa cigarette. Elle n’était pas grande de taille, mais qu’est-ce que les hommes étaient petits. “Si la Ruche grossit et que Mitchell se retrouve de plus en plus seul, il sera plus facile à atteindre. Mais on ne peut pas griller les étapes.” reprit-elle dans une volute de fumée. La jeune femme ne pensait pas avoir besoin de l’expliquer. Cependant, Mitchell et son Club étaient des humains, et par définition, imprévisibles. La seule chose sur laquelle Lou se reposait, c’était son savoir concernant l’un et l’autre, et son instinct. Faute de boule de cristal, il ne lui était pas permis de deviner la suite des événements, seulement les anticiper. C’était une partie d’échecs afin d’atteindre le roi sans être vu. Elle plaçait ses pions, et adaptait la stratégie aux réactions de l’adversaire. Raelyn était un élément indispensable de ce plan, et la seule utilité que la jeune femme avait trouvé pour Amos était d’être son bouclier humain jusqu’à elle. C’était bien peu, en comparaison à la fin accélérée d’un empire qu’elle se proposait de lui offrir sur un plateau, et sur lequel il osait cracher. “Que vous m’ameniez Raelyn ou que vous lui parliez vous-même, je m’en fous. Le résultat sera le même, mais dans le second cas, vous n’aurez pas à être le méchant.” Elle, ce rôle, elle l’endossait tous les soirs, dans ce théâtre même. Elle avait gagné sa croûte ainsi. Et blesser la blonde en plein coeur ne pouvait que lui procurer un vif plaisir contrairement à son Roméo ici présent. Jusqu’au bout, elle lui enlevait une épine du pied, au bel ingrat. Lou n’avait pourtant jamais eu de réelle raison de haïr Raelyn -elle n’en avait toujours pas. Elles étaient différentes, aux antipodes, mais contrairement à la blonde, l’australienne n’avait jamais reproché à celle-ci son existence même. A dire vrai, si elle l’avait pu, si elle avait été bâtie ainsi, Lou aurait aimé avoir un peu plus de Raelyn dans son caractère. Elle savait ce qu’elle voulait, elle était indépendante, forte, déterminée. Elle avait du panache, de la répartie, et cette incroyable, implacable, certitude dans le regard de sa propre valeur. De l’autre côté, la brune s’était longtemps résumée à la fille de riche incapable d’accepter qu’on lui dise non, une poupée sans volonté propre qui s’ennuyait en haut du piédestal sur lequel ses parents auraient voulu la mettre -si elle les avait laissés faire. Elle était capricieuse, en manque d’attention et prête à tout pour en avoir. Raelyn n’avait pas besoin de subterfuges ; elle était la seule personne que l’on remarquait lorsqu’elle entrait dans une pièce. Elle claquait des doigts et obtenait ce qu’elle souhaitait, car c’était ce qu’elle inspirait, ce mélange de respect, de fascination et de crainte. La manière dont cette présence s’imposait aux autres avait toujours été un mystère aux yeux de Lou qui, à l’époque, rêvait d’être un tant soit peu capable du même effet. Ce n’était pas pour rien, que Raelyn était où elle était désormais, et comment Lou avait manqué de détruire le Club. Elle s’était montrée naïve, manipulable, si aisément attirée par la moindre tentation. La blonde avait pu en faire l’expérience dès l’arrivée de Lou dans le gang, et celle-ci ne doutait pas que cette unique altercation avait marqué cette mauvaise impression au fer rouge dans l’esprit de la jeune femme. Elle l’avait prise en grippe dès lors. On ne pouvait lui retirer le fait qu’elle s’était aperçue, dès le départ, que la nouvelle recrue de Mitchell était une mauvaise graine. Si ce qu’Amos disait était vrai et que pendant les vagabondages du boss, Raelyn avait pris la relève et ne l’avait jamais vraiment perdue, alors il était certain que sa défection était la clé de voûte de l’opération. “Après ça, on regardera les dominos qui tombent, et on avisera de la marche à suivre.” ajouta Lou. Son interlocuteur n’était pas en position de protester ou négocier, et elle n’en avait de toute manière pas l’intention. Elle avait montré patte blanche et dévoilé son jeu. Amos avait le rôle le plus facile dans l’histoire. “Vos dix minutes sont passées.” conclut-elle. Mieux valait pour lui qu’il ne lui ait pas fait perdre son temps.
@Amos Taylor
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Message(#)amos + man on a mission EmptyDim 30 Aoû - 19:48




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Ne serais-je pas épris du bras de droit de Mitchell que je me serai gardé de la question du bénéfice. Le seul comptant étant la chute de Michell, sauf qu’il ne tombera pas en solitaire. Le destituer impliquera des conséquences désastreuses sur Raelyn. Que fera-t-elle de sa vie ? M’autorisera-t-elle à en faire partie ? N’est-il pas trop tard pour me poser la question ? Lorsqu’elle m’a traversé l’esprit, je l’ai chassée, balayée d’un revers invisible de la main. Au contraire, je ne serais pas dans cette loge à tergiverser avec mon sens moral. Je n’aurais pas observé Lou Abberline d’un œil intéressé et inquisiteur, histoire de distinguer le vrai du faux éventuel qui chargerait son discours. Tout m’a semblé cohérent, juste, honnête. Elle a brillé de par son intégrité, Magenta, et j’ai regretté mes doutes. J’ai regretté de m’être arrêté un instant pour contempler la situation avec les lunettes de l’homme amoureux et non belliqueux. J’ai regretté de l’avoir éventuellement blessée et, a fortiori insultée par mon scepticisme. Dès lors, je ne pipe mot. Je me contente de signifier qu’elle a raison d’un hochement de tête et d’un haussement d’épaules. Qu’ajouter ? Qu’elle est clairvoyante ? Que son jugement est et sera toujours plus rationnel que le mien ? Elle l’a deviné. Elle a perçu dans mon attitude que j’en pinçais pour son ennemie. Elle a pressenti dans mon déni qu’il ne s’agissait pas que d’une aventure. À ce stade, je n’ai plus d’autres choix que de polir sa première impression maintenant que je l’ai ternie. Elle était plutôt bonne : elle m’a révélé son jeu. À mon tour, à présent, de montrer patte blanche et de lui concéder la vérité. « Je le serai de toute façon. » Le loup dans la bergerie, le monstre d’égoïsme qui l’aura sacrifiée au profit d’une enfant décédée il y a longtemps. « Et…c’est pour elle que j’aurais aimé une autre solution. » Une qui n’impliquerait pas de détruire le quotidien de Rae dans sa globalité. « Je suppose que ça ne sert plus à rien de le cacher. » ai-je conclu, le regard dans le vague une seconde avant de reporter mon attention sur mon interlocutrice. « Mais, chaque chose en son temps en effet. Je ne suis pas sans ressources. » J’en ai probablement plus que notre victime puisque ses principaux alliés, ceux dont la loyauté lui était toute dévouée. Dans un geste machinal, j’ai écrasé ma cigarette et mes lèvres se sont étirées d’un sourire par anticipation. Il n’est plus question de territoire désormais. J’imagine, comme elle l’évoque, une pile de dominos qui s’abattent les uns après les autres et je jubile. Je m’en satisfais quoique ma créativité aura défalqué le tout premier, le seul qui est de prime importance à mon sens. « Très bien, Lou. Je vous la conduirai. » ai-je conclu, sorti de ma torpeur par la voix cristalline de l’artiste. « Quand ce sera le moment. » Lorsque je serai certain que Raelyn pourra se confronter à Mitch. Je guiderai ma dulcinée vers ce bourreau en jupons quand les Strange s’y attendront le moins, que ça fasse mal, que ça les blesse ardemment et que leur amie, celle qu’ils ont trahie, leur lancera au visage des couteaux tranchants et maculés de venin. « Je vous tiendrai au courant. » Avant de me lever, j’ai écrasé ma cigarette. Puis, je l’ai saluée, mitigé entre la joie d’avoir avancé et la peur de meurtrir le cœur de mon amant. « Merci, Magenta. Et à bientôt. » Plus vite qu’elle ne se l’imagine par ailleurs. En attendant ce jour, je tourne les talons pour rentrer chez moi, aux côtés de celle qui a élu domicile ans mon cœur.
Sujet clôturé


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